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Dictionnaire des idées et méthodes
D
En logique la lettre D, initiale du mode darii de la première figure du syllogisme, est donnée pour initiale aux noms des modes des autres figures qui doivent se modeler sur le mode darii, quand on veut les ramener à la première figure.

En mathématiques, c'est le signe de la différenciation. En chiffres romains, D vaut 500.

désigne l'ensemble des nombres décimaux.

Dabitis : mode indirect de la première figure du syllogisme.

Dandysme. - Forme d'élégance où la vanité se mêle à l'originalité.

Darapti : mode de la troisième figure.

Darii : mode de la première figure.

Darsana ou Darçana (दर्शन) =  Vue, vision, point de vue, dans la philosophie indienne. - Nom donné aux différentes écoles de pensée ou systèmes philosophiques qui ont émergé en Inde au fil du temps.  Ces  écoles sont : l'école Mîmânsâ; l'école Nyaya; l'école Sankhya; l'école Vaiçéshika; l'école Védanta; et l'école du yoga.

Darwinisme. - Doctrine philosophique de Darwin, qui s'est attaché àe rendre plausible le transformisme au moyen de ses principes de la lutte pour l'existence, de la sélection naturelle, etc. Le Darwinisme ne désigne pas tant le transformisme, déjà professé par Lamarck, que l'explication des moyens qu'aurait employés la nature pour transformer les espèces.

Darwinisme social. - Idéologie qui a émergé au XIXe siècle et qui tente d'appliquer les concepts de la théorie de l'évolution de Charles Darwin à la société humaine, mais sur la base d'une interprétation simplise et inexacte des idées du naturaliste. Les darwinistes sociaux ont tenté d'appliquer le principe de la sélection naturelle à la société humaine, soutenant que la compétition entre les individus et les groupes conduit à l'amélioration de la société. Ils ont souvent soutenu que les différences sociales et économiques entre les individus étaient le résultat de la sélection naturelle, et que les inégalités étaient donc inévitables et même souhaitables. Les idées darwiniennes sociales ont utilisées pour justifier des politiques et des pratiques discriminatoires, l'exploitation des travailleurs et la négligence en matière de protection sociale. Le darwinisme social a ainsi été invoqué pour justifier le laissez-faire économique ( = a non-ingérence du gouvernement dans les affaires économiques) : la concurrence économique devait être libre et non réglementée pour favoriser la survie des plus aptes. Certaines interprétations extrêmes du darwinisme social ont également conduit à des idées racistes et à la promotion de l'eugénisme, c'est-à-dire la prétendue amélioration de l'espèce humaine par la sélection active des individus les plus aptes.

Dasein (= être-là, en allemand), - Terme souvent associé à l'oeuvre de Martin Heidegger, qu'il développe dans Être et Temps (Sein und Zeit, 1927), et qu'il utilis pour désigner l'existence humaine dans sa singularité et sa complexité. Il a développé sa philosophie en se concentrant sur la compréhension de l'existence humaine et de son rapport au monde. Selon lui, l'existence humaine est caractérisée par la conscience, la temporalité, l'angoisse et l'authenticité. Le Dasein est  l'être-au-monde :  l'existence humaine est toujours contextualisée dans un monde spécifique, où l'individu interagit avec d'autres individus et des objets.  La temporalité est aussi un aspect essentiel du Dasein. Les individus existent dans le temps, avec un passé, un présent et un avenir. La conscience du temps est fondamentale pour notre compréhension de l'existence.

Datisi : mode de la troisième figure du syllogisme.

Datum, data (participe passé de Dare = donner). - Quelques auteurs modernes emploient ces mots latins pour signifier : a) le donné, les données (ex. : les data de l'expérience); b) les principes fondamentaux, qui sont des principes ou des axiomes (les data des mathématiques).

Décidable. - Propriété d'un problème ou d'une question mathématique qui peut être résolu, c'est-à-dire pour lequel il existe un algorithme ou une procédure qui, en utilisant des étapes finies, permet de donner une réponse définitive en un temps fini. Un problème pour lequel il n'existe pas un tel algorithme ou une telle méthode générale est dit indécidable.

Décisif (du latin médiéval Decisivus, de decisio) : ce qui amène à accepter une conclusion ou à prendre un parti; ce qui emporte la décision. - Fait privilégié, chez Bacon.

Décision (Decisio, de decisum, supin de decidere = de-caederee = trancher). - Acte de la volonté prenant un parti. C'est un processus par lequel un individu choisit une option ou une action parmi plusieurs possibles qui implique souvent une réflexion, une évaluation des choix disponibles, une délibération et finalement un engagement envers une option spécifique. 

Déconstruction. - Concept développé par Jacques Derrida, et souvent utilisé dans les domaines de la philosophie, de la littérature, de la critique culturelle et des études sociales. La déconstruction vise à remettre en question et à analyser les structures et les concepts fondamentaux qui sous-tendent la pensée, le langage, les systèmes de pensée et, en somme notre vision du monde. Déconstruire ce n'est donc pas détruire ou nier les concepts existants, mais plutôt à révéler leur complexité et leur diversité de significations. C'est une forme d'analyse du réel qui cherche à ouvrir des espaces pour une pensée plus nuancée. La déconstruction remet en question les idées préconçues et les certitudes. Elle suggère que les concepts que nous considérons comme stables et évidents peuvent être plus complexes et ambigus qu'ils ne le semblent. Ainsi, par exemple,  les dichotomies traditionnelles, telles que bien/mal, homme/femme, nature/culture, relèvent-elles d'oppositions moins claires et nettes qu'on pourrait le croire. Derrida montre que les mots et les concepts ont plusieurs significations et interprétations, et que ces significations peuvent être en conflit. Il met en avant l'idée que les mots ne sont pas simplement des représentations directes de la réalité, mais qu'ils sont liés à un réseau complexe de références et d'associations. La déconstruction insiste dès lors sur l'importance du contexte et de la relativité dans l'interprétation du sens. Elle met en lumière le rôle du contexte culturel, historique et social dans la signification des mots et des idées. Elle implique une analyse critique des textes et des discours, mettant en lumière les contradictions, les lacunes et les ambiguïtés inhérentes aux concepts et aux idées.

De Morgan (lois de). - Règles fondamentales en algèbre de Boole, nommées d'après le mathématicien et logicien  Augustus De Morgan, qui décrivent les relations entre les opérations de négation, de conjonction (ET) et de disjonction (OU) des variables booléennes. 

Première loi de De Morgan (négation de la conjonction) :  ¬(A ∧ B) ≡ (¬A ∨ ¬B). En d'autres termes, la négation d'une conjonction (ET) de deux propositions est équivalente à la disjonction (OU) des négations de ces propositions individuelles.

Deuxième loi de De Morgan (négation de la disjonction) :  ¬(A ∨ B) ≡ (¬A ∧ ¬B). La négation d'une disjonction (OU) de deux propositions est équivalente à la conjonction (ET) des négations de ces propositions individuelles.

Découverte. - Perception ou révélation d'informations, de connaissances, de phénomènes ou d'objets qui étaient soit inconnus, soit partiellement compris auparavant.  En sciences, une découverte est une observation ou une exploration systématique qui conduit à la révélation de nouveaux faits, de nouvelles lois, de nouvelles théories ou de nouvelles entités dans le monde naturel. En ontologie, la question de la découverte concerne la nature de la réalité et la façon dont nous percevons et comprenons les objets et les entités du monde. 

Déduction (Deductio = action de faire sortir, de deductum, supin de de-ducere = faire sortir). -  Opération par laquelle on passe d'une ou plusieurs propositions à une autre proposition qui en résulte nécessairement . C'est un raisonnement qui va du général au particulier, des lois aux phénomènes, des causes aux effets. Est opposé à l'induction.

Déduction transcendantale : Kant nomme ainsi la tentative par laquelle il cherche à justifier cette affirmation : 

« c'est un principe que l'entendement [...] n'emprunte pas à la nature ses lois a priori, il les lui prescrit. » (Prolégomènes à toute métaphysique future). 
Il veut montrer que l'accord des lois de l'entendement avec les lois de la nature vient de ce que l'entendement organise et unifie la nature en lui appliquant ses concepts a priori ou catégories. Bref, c'est la nature qui est rendue conforme à l'entendement par l'entendement lui-même. A la déduction transcendantale s'oppose la déduction empirique, consistant à montrer que c'est l'entendement qui se conforme à la nature : pas la réflexion sur les objets de l'expérience, l'entendement y découvre les lois qu'il applique ensuite à la nature. (Transcendantal).

Déductivisme. - Paradigme selon lequel on suppose que la confirmation découle d'une logique déductive, où les prémisses soutiennent nécessairement la conclusion.

Défaut (ancien français Défaute, de défaillir, mot formé sur le type de faute) : ce mot indique la privation de quelque chose dans un sujet dont la nature en comporte la présence; mais, à la différence du mot faute, il n'implique pas nécessairement que cette privation est due à la culpabilité du sujet (ex. : défaut d'intelligence, de mémoire, de force physique).

Défini (Definitus, de definitum, supin de de-finire = délimiter, de finis = borne, fin) : ce qui est l'objet d'une définition. - Ce qui est limité, par opposition à indéfni. - Fini indique ce qui a des limites; ce dont les limites sont ou peuvent être déterminées. 

Définition (Definitio, de definitum, supin de de-finire = délimiter, de finis = borne, fin) : 

a) Opération qui détermine la compréhension d'une idée. 

b) Objectivement : l'ensemble des termes qui déterminent, expriment la compréhension d'une idée. 

c) Explication de la nature d'une chose ou du sens d'un mot. 

La définition consiste à faire connaître une idée par l'énumération des éléments qui entrent dans cette idée. Pour abréger cette énumération, les logiciens disent qu'il faut définir par le genre prochain et la différence spécifique. La définition est donc une proposition dont l'attribut développe toute la compréhension du sujet.

On distingue les définitions de mots ou nominales (simple explication du sens des mots) et les définitions de choses ou réelles (détermination de leur nature, de la circonscription des idées qui leur correspondent).

On distingue aussi les définitions mathématiques, qui servent de principes à la déduction, et les définitions empiriques, qui résument les caractères des êtres, par exemple dans les sciences naturelles.

Quand on dit qu'une bonne définition doit être réciproque, cela signifie qu'on peut toujours mettre la définition à la place du défini et réciproquement; par exemple : l'humain est un animal raisonnable et, réciproquement, tout animal raisonnable est un humain.

La règle du genre et de la différence indique assez en quoi la définition diffère de la description.

Déictique. -  Elément linguistique (mot, expression) ou gestuel qui dépend du contexte et de la situation pour avoir un sens clair. Les déictiques sont couramment utilisés dans la langue parlée et écrite pour établir des points de référence spatiaux, temporels et sociaux, et pour clarifier la communication. Pa exemple : celui-ci, ici, là-haut, maintenant, demain; ces mots nécessitent  un contexte pour être compris correctement. Leur signification dépend souvent de qui parle, à qui on parle, où, quand et dans quelles circonstances la communication a lieu.

Déisme (de Deus). - Ce mot, inconnu de l'Antiquité et du Moyen âge, désigne le système de ceux qui admettent la divinité et rejettent la révélation. Le déisme est donc une forme du rationalisme. - Distinction : Déisme, théisme. Le théiste admet une religion extérieure et un culte public. D'après Kant (Critique de la raison pure : Dialectique transcendantale, L. II, Ch. III, Sect. VII), le déiste reconnaît l'existence d'un être primitif, qui est une force infinie, inhérente à la matière, mais dont le concept reste transcendantal, indéterminable; le théiste va plus loin : il conçoit cet être primitif comme un être qui, par son entendement et sa liberté, contient en soi le principe premier de toute chose.

Délibération (Deliberatio, de deliberatum, supin de deliberare = peser, examiner, de de et libra = balance). - Processus de réflexion, de discussion et de prise de décision, par lequel les motifs et les mobiles qui sollicitent une adhésion à une idée ou à une action sont examinés. La délibération peut être un processus formel, comme une réunion de conseil d'administration ou un débat parlementaire, ou un processus informel, comme une conversation entre amis pour décider d'un lieu de vacances. Dans certains cas, des principes de délibération peuvent être utilisés pour garantir une réflexion éthique et équitable sur des questions moralement complexes. La délibération est souvent considérée comme un moyen d'atteindre des décisions plus éclairées et plus légitimes, car elle permet de prendre en compte diverses perspectives et de discuter ouvertement des enjeux. Elle est également essentielle dans les systèmes démocratiques, où les citoyens ont la possibilité de délibérer sur des questions publiques et de participer à la prise de décision politique.

Délibérative (philosophie politique). - Champ de la philosophie consacré à la manière dont les citoyens peuvent participer de manière délibérée et réfléchie à la prise de décision politique dans une démocratie. 

Délibéré (Deliberatus, de deliberare, deliberatum = peser, examiner) : l'acte délibéré est un acte libre, fait après examen, en connaissance de cause. - S'oppose à indélibéré.

Démagogie. - Politique fondée sur l'exploitation des passions et des émotions des foules, plutôt que sur la raison de chacun.

Démarcation. - Processus de définition ou de distinction claires les limites ou des frontières conceptuelles entre des domaines de connaissance, des catégories ou des idées. Le problème de la démarcation a été mis en avant par Karl Popper, qui a proposé une approche de la falsifiabilité comme critère de distinction entre la science et la non-science. La notion de démarcation permet de garantir que les théories scientifiques sont empiriquement vérifiables et qu'elles sont ouvertes à la critique et à la remise en question.

Démérite. - C'est la diminution de valeur morale qui est la conséquence de la violation de la loi morale. Il s'oppose à mérite et les deux mots ne doivent pas être confondus avec récompense et punition, quoiqu'ils leur soient intimement liés.

Démiurge (demiourgos = qui travaille pour le public, artisan, de dèmios = du peuple, ergon = oeuvre). Dans la philosophie de Platon  (Timée)  intelligence ordonnatrice des choses, qui ne fait qu'un avec l'Unité suprême et le Bien. - Dans l'école d'Alexandrie, le démiurge se distingue de l'Unité ou Cause première, il est l'âme du monde. - Chez certains gnostiques, le démiurge est une sorte de mauvais génie.

Démocratie. - Système politique dans lequel les citoyens détiennent la souveraineté. Cette souveraineté s'exprime par le choix libre, déterminé par une information ouverte et renouvelé périodiquement, des dirigeants. La démocratie implique aussi la séparation des pouvoirs (indépendance de la justice, notamment) et la garantie des libertés publiques et individuelles (respect de la vie privée, de la liberté d'expression, etc.).

Démocratie participative. - Modèle de gouvernance où les citoyens sont  impliqués dans le processus de prise de décision politique et dans la formulation des politiques publiques. 

Démon (Daimôn = dieu, génie) : Socrate nomme ainsi la divinité intérieure qui, disait-il, l'avertissait de ses devoirs. On doit entendre ce démon comme une métaphore pour la conscience morale et l'autocritique. L'idée derrière le démon de Socrate est que chacun d'entre nous a un une voix intérieure qui agit comme un conseiller moral et nous pousse à réfléchir sur nos actions, nos croyances et nos valeurs. Socrate croyait que l'autoréflexion était essentielle pour la recherche de la sagesse et pour la prise de décisions morales éclairées. Il pensait que cette voix intérieure, ce démon, nous aidait à reconnaître nos propres ignorances et à progresser vers une meilleure compréhension de nous-mêmes et du monde qui nous entoure. 

Démonstratif (genre)  : un des trois genres établis par Aristote dans la Rhétorique, celui dont la matière est le bien ou le beau. Les Grecs l'appelaient Epidictique. Il comprend les discours qui ont pour objet de plaire et d'instruire par une exposition, touchante de la vérité, par les éloges décernés à la vertu et par le blâme infligé au vice. Sa principale fonction étant de louer la vertu, quelques rhéteurs l'appellent laudatif. Démonstratif vient du latin demonstrare, qui signifie "montrer, exposer;" les discours de ce genre offrent une exposition pure et simple de la vérité. Les discours qui appartiennent à ce genre, tant chez les Anciens que chez les Modernes, sont : le Panégyrique, les Généthliaques, l'Épithalame, l'Oraison funèbre, les Discours académiques, la Mercuriale, l'Homélie ou Entretien, le Sermon, la Conférence religieuse, et l'Instruction. (H. D.).

Démonstration (Demonstratio, de demonstratum, supin de de-monstrare = faire voir) . - Raisonnement qui s'appuie sur des principes certains et aboutit à une conclusion certaine. - Distinctions : Démonstration, raisonnement dialectique. Dans la philosophie d'Aristote, la démonstration diffère du raisonnement dialectique en ce que celui-ci ne conclut que d'une manière probable. - Démonstration pour quoi (propter quid), démonstration par ce que (quia). La première s'appuie sur l'ess ence de la chose, sur sa cause nécessaire et prochaine; la seconde sur des effets ou autres indices. - Démonstration par l'absurde, démonstration indirecte, qui se fait montrant que la contradictoire de la proposition à prouver est absurde. - Démonstration circulaire (Demonstratio circularis), c'est le cercle vicieux.

Dénombrement imparfait. - Sophisme qui consiste à prendre la partie pour le tout, ou à tirer d'un fait particulier une conclusion générale. Exemple : "Un médecin est matérialiste; donc tous les médecins sont matérialistes. " Ce sophisme a pour point de départ la devise : Ab une disce omnes; c'est l'arme favorite des partis. On s'en sert tous les jours pour attribuer à un corps tout entier les vices de quelques-uns de ses membres. Une forme ordinaire de ce sophisme est le dilemme; on pose deux alternatives, sans faire attention qu'il en est une troisième par laquelle l'adversaire peut échapper, comme quand on lui dit : "Ou vous voulez, ou vous ne voulez pas," et qu'il répond : "Je veux bien, mais je ne puis pas." Pour réfuter ce sophisme, il suffit de vérifier la légitimité de la conclusion en la comparant à la majeure; s'il prend la forme du dilemme, il faut établir une division plus exacte. (H.D.).

Dénomination (Denominatio, de denominatum, supin de de-nominare = dénommer, de nomen = nom, de noscere = apprendre) : les Scolastiques entendaient par dénomination toute détermination d'un objet qui permet de le désigner de telle ou telle manière. On distingue les dénominations : a) intrinsèques (Leibniz, Monadologie, n. 9), qui correspondent à ce que les Scolastiques appellent les accidents absolus, et même parfois aux propriétés essentielles des êtres; b) extrinsèques, qui correspondent aux accidents relatifs, c'est-à-dire aux relations qu'un objet soutient avec d'autres objets. - Port-Royal, regarde ce terme comme synonyme de ce qui est accidentel :

 « J'appelle manière de chose ou mode, ou attribut, ou qualité, ce qui, étant conçu dans la chose et comme ne pouvant subsister sans elle, la détermine à être d'une certaine façon et la fait nommer telle. » (Logique de Port-Royal, Partie I, Ch. II).
Dénoter, Dénotatif, Dénotation (de De-notare, denotatum = désigner, de nota = marque, note, de noscere = apprendre). - La connotation d'un terme correspond à la compréhension d'un concept; la dénotation, à l'extension; donc la connotation indique certains attributs; la dénotation, un sujet ou classe de sujets. Certains noms, ceux qui désignent un sujet par une de ses qualités sont à la fois connotatifs et dénotatifs : ils connotent un attribut et ils dénotent un sujet. Stuart Mill (Système de Logique déductive et inductive, L. I, Ch. II, § 5) considère cette distinction, empruntée à la Scolastique, « comme une de celles qui entrent le plus avant dans la nature du langage. » - Les noms connotatifs sont aussi appelés dénominatifs (Dénomination).

Densité. - En physique, c'est le rapport entre la masse d'un corps et la masse volumique de l'eau (à 4°C).

Déontique. - Domaine d'étude concernant les devoirs, les obligations, les permissions, les interdictions et les normes. Il est associé à la déontologie, qui est une branche de la philosophie morale se penchant sur la notion de devoir et sur ce qui est moralement obligatoire. Les propositions déontiques expriment des énoncés de la forme "Il est obligatoire de faire X", "Il est interdit de faire Y", "Il est permis de faire Z", et ainsi de suite. Ces énoncés sont utilisés pour discuter de ce qui est moralement ou socialement requis, autorisé ou prohibé dans une situation donnée. Les concepts déontiques sont souvent utilisés pour aborder l'étude des dilemmes moraux, des questions éthiques et des règles qui guident le comportement humain. - La logique déontique est une branche de la logique qui se penche sur les relations formelles entre les propositions déontiques. Elle vise à formaliser les notions de devoir, d'obligation, d'interdiction et de permission, afin d'analyser des raisonnements éthiques et normatifs.

Déontologie (to deon = ce qu'il faut faire, le devoir; logos = discours) : théorie des devoirs relatifs à telle ou telle classe sociale ou à telle ou telle profession. - Bentham (Deontology or the science of morality, Londres, 1834) donnait ce nom à sa théorie du devoir qui est un utilitarisme perfectionné et qui, par conséquent, exclut le devoir comme obligatoire : c'est un calcul, une arithmétique morale dont les préceptes sont d'ailleurs très élevés.

Déontologisme (to deon = ce qu'il faut faire; logos = discours). - Système moral fondé sur la notion du devoir.

Dérivation.- a) En mathématiques, la dérivation est l'opération de calcul  taux de variation instantannée (dérivée) d'une fonction par rapport à sa variable indépendante. Elle mesure à quel point la fonction change à cet endroit précis. Si l'on considère une fonction f tellle que f(x) = y, on note souvent  f' ou dy/dx sa dérivée. - b) En logique mathématique, la dérivation est le processus de déduction logique, où des conclusions sont tirées à partir de prémisses en suivant des règles formelles. - c) En informatique, la dérivation est le processus de génération de nouvelles informations à partir de données existantes, généralement en utilisant des règles ou des algorithmes. - d) En linguistique, la dérivation est le processus de formation de nouveaux mots qui consiste à ajouter des préfixes ou des suffixes à un mot existant. Par exemple, à partir de mot estime on peut construire par dérivation ceux d'estimation, estimatoire, estimatif, estimable, estimer, etc.

Dérivée d'une fonction. - C'est : 1°) la valeur de la limite vers laquelle tend la variation d'une fonction réelle f lorsque la variation h de sa variable x tend vers zéro; autrement dit, si le quotient (f (x + h) -f (x)) / h a une limite lorsque h → 0, la valeur de cette limite reçoit le nom de dérivé de f en x, et est noté f '(x). - 2°) la fonction notée f', qui associe à x cette limite est la fonction dérivée de f. La dérivée d'une fonction en un point donné donne la pente de la tangente à la courbe de la fonction à ce point. Les valeurs pour lesquelles la dérivée s'annule (f'(x) = 0) sont appelées les points critiques. Ces points indiquent des maxima, des minima ou des points d'inflexion sur le graphique de la fonction. La dérivée permet d'étudier le comportement local des fonctions, notamment en identifiant les zones où la fonction est croissante (f'(x) > 0) ou décroissante (f'(x) < 0).

Description. - Enoncé visant à présenter des informations sur un objet, un phénomène, une situation ou un sujet de manière à ce qu'il puisse être compris, identifié ou reconnaissable.

Descriptions (théorie des). - Théorie développée par Bertrand Russell au début du XXe siècle, et conçue pour résoudre certains problèmes liés à l'utilisation du langage naturel, en particulier en ce qui concerne les expressions définies ou les descriptions définies. Cette théorie repose sur l'idée que les expressions définies, telles que "le roi de France", ne désignent pas directement un objet existant, mais plutôt introduisent des variables quantifiées qui, dans certaines conditions, peuvent être satisfaites ou non. Elle propose trois principaux points :

La négation de l'existence. - Russell affirme que lorsque nous utilisons une expression définie comme "le roi de France" dans une phrase négative, comme "Le roi de France n'existe pas", cela ne signifie pas que le roi de France existe et est vide. Au lieu de cela, la phrase devrait être comprise comme affirmant qu'il n'existe pas d'objet unique qui satisfait la description "le roi de France".

 • L'introduction de variables quantifiées. - Russell propose d'introduire des variables quantifiées pour exprimer la signification des descriptions définies. Par exemple, "le roi de France est chauve" serait formulé comme "Il existe un x tel que x est le roi de France et x est chauve." Cette formulation évite les problèmes liés à l'existence d'un roi de France unique.

 •  La restriction de la portée des quantificateurs. - Russell soutient que les quantificateurs (comme "il existe" et "pour tout") ont une portée limitée dans les phrases, et cela permet d'éviter des contradictions et des ambiguïtés.

La théorie des descriptions a contribué à clarifier la structure de certaines phrases du langage naturel et à résoudre des problèmes liés à la référence et à l'existence. Elle a également influencé le développement ultérieur de la sémantique formelle et de la logique (la logique des prédicats). 

Descriptivisme. - a) Approche qui se concentre sur la description et l'analyse objective des phénomènes, concepts ou situations, sans nécessairement chercher à émettre des jugements de valeur ou à prescrire des normes, comme dans le cas du prescriptivisme. En éthique descriptive, cette approche consiste à décriredes faits moraux tels qu'ils sont observés dans différentes cultures et sociétés, sans émettre de jugements sur ce qui devrait être moralement prescrit. En épistémologie, le descriptivisme peut concerner la description des processus cognitifs tels qu'ils se déroulent réellement, sans nécessairement émettre de jugements sur la manière dont les gens devraient penser ou acquérir des connaissances. C'est une approche utilisée dans le cadre de l'observation scientifique et de l'analyse objective. - b) Approche linguistique qui soutient que les mots réfèrent à des objets en vertu de descriptions spécifiques, ou, plus précisément que les expressions linguistiques et les concepts ont leur signification ou leur contenu déterminé par des descriptions, des caractéristiques, ou des contenus mentaux associés à ces expressions. (Le descriptivisme peut aussi s'entendre en lingusitique comme une approche qui cherche à décrire les langues telles qu'elles sont réellement parlées, plutôt que de prescrire comment elles devraient être parlées).

Désignation. - Processus qui établit un lien entre le langage et le monde réel et par lequel les mots ou les expressions linguistiques sont utilisés pour identifier ou faire référence à des objets, des personnes, des entités ou des concepts dans le monde. 

Désintégration (integer = complet). - C'est l'action qui détruit l'intégrité du tout. Ce mot est employé par Herbert Spencer comme l'opposé d'intégration. L'intégration et la désintégration sont les conditions du progrès ou de l'évolution qui fait passer les êtres de l'homogène à l'hétérogène.

Désir (substantif verbal de Désirer, de desiderare, de de, particule privative, et sidus, sideris = astre, constater l'absence d'un astre; d'où regretter). - Mouvement  spontané et conscient de l'esprit qui se porte vers un bien qu'il n'a pas. Le désir est donc un appétit et se divise comme celui-ci. 

Distinction : Désir passionnel, désir raisonnable ou délibéré. Le premier n'est pas la volonté, comme l'ont cru  les Sensualistes, mais le simple appétit sensible; le second se distingue de cet appétit, bien qu'il en soit toujours accompagné de quelque manière.
Le désir est la tendance ou l'inclination qui nous porte vers les objets. Il suppose donc une connaissance obscure ou claire de l'objet désiré.

Mais ce mot prend un sens plus profond et plus précis dans la théorie de Spinoza : c'est la tendance fondamentale de tout être à persévérer dans l'être et à accroître son être. A ce titre, Spinoza en fait le principe de toutes les passions : le désir satisfait ou l'accroissement de l'être produit la joie, le désir contrarié ou la diminution de l'être produit la tristesse. Il faut entendre ici le mot « être » dans le sens de perfection et de réalité. Selon cette théorie, nous ne désirons pas une chose parce que nous l'aimons, mais nous l'aimons parce que nous la désirons.

On a quelquefois confondu le désir avec la volonté, mais nous désirons quelquefois ce que nous ne voulons nullement, et quand on admet la liberté, elle fournit un criterium suffisant pour distinguer le sens très différent de ces deux mots désirer et vouloir : la volonté lutte contre les désirs et lors même qu'elle les domine, elle ne les détruit pas toujours, donc elle en diffère. Ce n'est pas un désir plus grand qui fait taire les autres désirs, car il n'y aurait alors aucune moralité et nous serions simplement le théâtre de la lutte nous sommes acteurs et les désirs cèdent devant la volonté autonome.

Désitif (de Desitum supin de de-sinere = s'abstenir, cesser). - L'aspect désitif se rapporte à la fin ou à la cessation d'une action ou d'un état. - Les propositions désitives (ou terminatives) indiquent qu'une chose ou un état a cessé d'être on d'être tel (par ex. : Le français n'est plus la langue diplomatique). - S'oppose à inceptif.

Despotisme (de Despote, de despotès = maître) : autorité oppressive qui viole à son profit les droits de ses subordonnés. 

Destin (substantif verbal de destiner, de destinare, de de et stanare ou stinare = fixer). - Ce mot signifie non seulement la puissance qui fixerait les événements, mais encore l'ensemble des événements fixés par elle qui composeraient la trame de la vie d'un être.

Le destin est la fatalité absolue, supérieure aux dieux chez les plus anciens poètes et philosophes. C'est, chez les Stoïciens, l'enchaînement nécessaire des causes.

Le destin s'appelle fatum en latin, et Leibniz en distingue trois sortes :

• le fatum des Stoïciens ou la nécessité absolue des lois naturelles;

• le fatum des Chrétiens ou la prédestination;

• le fatum « à la turque »  (Islam) qui consiste à dire : c'était écrit.

Destinée (de Destin) : ce mot a d'abord le même sens que destin, puis il indique la finalité d'un être, c'est-à-dire l'avenir en vue duquel il est supposé avoir été fait et qui rend compte de sa nature.

On appelle problème de la destinée humaine la question de la vie future et des récompenses et punitions que la vie future nous réserve.

Déterminatif (de Déterminer, de de-terminare = tracer des limites) : ce qui sert à limiter un terme ou une proposition. - Dans un terme complexe l'addition faite au terme simple est déterminative quand elle précise et restreint le sens du terme simple. Une proposition incidente sera donc déterminative quand elle restreindra le terme auquel elle se rapporte (par ex. :. Les tragédies, qu'a composées Racine, sont des chefs-d'oeuvre). - La proposition incidente est explicative quand elle ne restreint pas le terme auquel elle se rapporte. (Explicatif).

Détermination (Determinatio, de de-terminare, délimiter) : ce mot signifie a) L'acte volontaire qui termine la délibération. - b) L'acte qui fixe la nature on les bornes d'un objet de la pensée (pa ex. : en spécifiant les caractères qui servent à distinguer un concept d'un autre, comme le concept jour et le concept nuit. - c) La relation qui unit tellement deux
éléments de connaissance que, si l'un est posé, l'autre l'est aussi ( telle la relation qui unit le propre à l'essence). - S'oppose à indétermination.

Déterminé (de Déterminer, de de-terminare = délimiter) : a) Ce dont la nature ou les limites sont nettement définies. - b) Indique le terme du passage de la puissance à l'acte (par ex. : quand la volonté pose tel acte, elle passe de l'indétermination à la détermination.

Déterminisme (de Déterminer, de de-terminare = délimiter) : Sens général doctrine philosophique d'après laquelle selon laquelle tout effet est déterminé dans ses causes, physiques ou morales, si bien que tout arriverait nécessairement, autrement dit doctrine pour laquelle tous les événements de l'univers, y compris les actions humaines, sont tellement liés entre eux que les événements postérieurs résultent nécessairement des événements antérieurs et qu'il n'y ait qu'une seule résultante possible. - Ce mot déterminisme semble avoir été forgé en Allemagne vers le premier quart du XIXe siècle. - Distinction : Déterminisme intellectuel, physiologique, mécanique. Le premier admet l'influence irrésistible des motifs; le second, l'influence irré sistible des passions; le troisième explique la vie supérieure par le mécanisme. - Le mot déterminisme est quelquefois synonyme de détermination, d'enchaînement fatal de faits ou de phénomènes.

Développable. - On désigne ainsi, en géométrie, les surface qui peuvent être projetée sans déformation sur un plan. C'est le cas par exemple de la surface d'un cône, mais ce n'est pas le cas de la surface d'une sphère. C'est pourquoi les cartes géographiques déforment à des degrés divers (en fonction de la projection adoptée) les territoires représentés.

Développante (mathématiques).  - On dit qu'une courbe est une développante lorsqu'elle peut être comme décrite par l'une de ses extrémités d'un fil enroulé sur une courbe à laquelle il est fixé par son autre extrémité et que l'on déroule de manière qu'il doit toujours tendu. (Il est évident que tous les points du fil tendu décrivent des courbes qui, d'après la définition précédente, sont des développantes de la courbe sur laquelle il est enroulé). Les développantes d'une circonférence sont des transcendantes toutes égales; elles sont utilisées dans la détermination des profils de dents d'un engrenage cylindrique. Les développantes de l'hélice sont des développpantes de cercle.

Développée. - En mathématiques, on appelle développée d'une courbe plane l'enveloppe de ses normales, ou encore le lieu ces centres de courbure. Un arc quelconque de la développée d'une courbe plane est égal à la différence des rayons de courbure qui aboutissent aux extrémités de l'arc considéré. Il résulte de cette propriété fondamentale que la développée d'une courbe algébrique plane est une courbe algébrique rectifiable.

La développée d'une circonférence est son centre; celle d'une cycloïde est une cycloïde égale; celle d'une épicycycloïde, une épicycloïde semblable.

On ne peut pas étendre directement la définition précédente à double courbure; on démontre, en effet qu'il n'y a pas de courbe qui soit tangente aux normales principales d'une ligne à double courbure.

Par extension, on appelle développée d'une courbe gauche une autre courbe dont les tangentes sont toutes normales à la première . Il résulte de cette définition qu'une courbe gauche a une infinité de développées dont le lieu géométrique est la surface polaire de la courbe. 

Les développées d'une courbe gauche sont toutes des courbes gauches, Si l'on applique aux courbes planes cette nouvelle définition, on trouve qu'elles ont aussi une infinité de développées, parmi lesquelles une seule est plane : c'est celle qui est fournie par la première définition. Les autres sont des hélices.

Développement. - En mathématiques, comme de façon générale, c'est une extension ; développent en série : expression d'une fonction comme la somme d'une série de termes; développement d'une surface : projection sur un plan, etc.

Développement durable. - Concept qui vise à répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. Il s'agit dès lors de créer un équilibre harmonieux entre le progrès humain et la préservation de la planète. Cela implique de repenser les modèles économiques pour les rendre plus équitables, inclusifs et respectueux de l'environnement. Un respect de l'environnement qui englobe la gestion durable des ressources naturelles, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et la préservation de la biodiversité.

Devenir : c'est le progrès, l'évolution. Dans la philosophie de Hegel, ce mot s'oppose à l'être, comme le changeant s'oppose au permanent. Rien n'est, tout devient : le devenir est donc une sorte de moyen terme entre le néant et l'existence.  - Les scolastiques désignaient le devenir par l'expression encore employée quelquefois : in fieri.

Devoir. - Le devoir est l'obligation morale; c'est la première notion de la philosophie pratique, celle qui la fonde : elle ne diffère pas de l'idée de bien manifesté comme loi de la conscience.

Le devoir se distingue du bien qui est le but en ce qu'il est une loi et, comme dit Kant, un impératif catégorique, l'obéissance à la loi par respect pour la loi.

Les moralistes distinguent des devoirs stricts et des devoirs larges rendre un dépôt, c'est un devoir strict; voter, pour le citoyen c'est un devoir large, parce qu'il n'indique pas pour qui l'on doit voter et reste ainsi indéterminé sans en être moins obligatoire.

Ils distinguent encore les devoirs de justice, toujours exigibles, et les devoirs de charité, qui ne le sont pas, car c'est un devoir d'aider, de secourir soit prochain sans que cette aide et ce secours puissent être des droits absolus d'autrui sur nous.

Le mot officium, que l'on traduit par devoir, a un sens plus large et marque l'office, la fonction, plutôt que l'obligation.

On dit la morale du devoir par opposition à la morale du plaisir et de l'intérêt.

Devoir être. - Ce qui devrait être fait, ce qui est considéré comme moralement juste ou éthiquement approprié, indépendamment de ce qui est actuellement ou de ce qui est. Ce concept est étroitement lié à la distinction classique établie par Kant entre le devoir être (impératif catégorique) et le fait (impératif hypothétique). L'impératif catégorique est une règle morale qui s'applique universellement et de manière inconditionnelle, quelle que soit la situation.

Dharma. - Concept partagé par plusieurs traditions spirituelles et religieuses de l'Inde. Il est généralement compris comme une force qui maintient l'ordre et l'harmonie dans l'univers et dans la société.

Diachronique (approche). - Perspective qui examine l'évolution, le changement et le développement d'un phénomène ou d'un sujet à travers le temps, en analysant les variations sur une certaine période.  L'approche ou analyse diachronique sert à mettre en lumière les tendances, les causes et les conséquences des changements à long terme. Elle permet la prise en compte les facteurs historiques et évolutifs qui peuvent influencer un phénomène donné et est souvent mise en contraste avec l'approche synchronique, qui se concentre sur l'étude d'un phénomène à un moment donné indépendamment de son évolution dans le temps. En linguistique, l'approche diachronique consiste à étudier l'évolution et l'histoire des langues (changements phonétiques, grammaticaux, lexicaux et syntaxiques, etc.) au fil du temps. En histoire, l'approche diachronique consiste à examiner les événements, les tendances et les évolutions sur une longue période de temps. Même chose en sociologie, ou l'approche diachronique consiste à étudier les changements dans les structures sociales, les normes, les valeurs et les comportements d'une société au fil du temps. Dans divers domaines scientifiques, l'analyse diachronique peut être aussi utilisée pour étudier l'évolution des systèmes, des populations ou des phénomènes naturels. Par exemple, l'écologie diachronique peut examiner comment le changement dans la durée des écosystèmes.

Diagonale (Géométrie). - Droite qui joint deux sommets non adjacents d'un polygone, ou deux sommets d'un polyèdre n'appartenant pas à une même face. Un polygone de m côtés peut avoir m.(m-3)/2 diagonales.

Les diagonales d'un parallélogramme se coupent toujours en parties égales, de plus, celles du rectangle sont égales et celles du losange perpendiculaires l'une sur l'autre.

Le point de concours des diagonales d'un rectangle est le centre du cercle circonscrit à ce rectangle; de plus, dans le carré, c'est aussi le centre du cercle inscrit dans le polygone.

Les quatre diagonales d'un parallélépipède se coupent toutes en un même point qui partage chacune, d'elles en deux parties égales. Dans un parallélépipède rectangle, ce point est le centre de la sphère circonscrite au polyèdre; dans le cube, c'est à la fois le centre de la sphère circonscrite et de la sphère inscrite.

Diagramme. - Représentation visuelle d'informations, de données ou de concepts. Les diagrammes aident à organiser, clarifier et présenter des informations de manière plus accessible et compréhensible. Quelques exemples :

Le diagramme en barres utilise des barres verticales ou horizontales pour représenter des données numériques. Il est souvent utilisé pour comparer des catégories ou des valeurs.

Le diagramme circulaire ou camembert représente les données sous la forme d'un cercle, où les proportions des différentes parties sont indiquées en pourcentage de l'ensemble. Il est couramment utilisé pour montrer la répartition des parts ou des catégories. Une variante des diagrammes circulaires, le diagramme en secteurs, divise un cercle en secteurs pour représenter des données sous forme de pourcentages d'une catégorie totale. 

Le diagramme en nuage de points utilise des points pour représenter des données en deux dimensions. Il est utile pour montrer la corrélation entre deux ensembles de données.

Le diagramme de Venn est utilisé dans la théorie des ensembles pour représenter les relations entre différents ensembles en utilisant des cercles superposés ou interconnectés.

Le diagramme de Gantt est utilisé en gestion de projet. Il affiche une chronologie des tâches et des activités dans un projet, indiquant les dates de début et de fin.

Le diagramme de flux montre le déroulement des processus, des étapes ou des actions dans un ordre séquentiel.

Le diagramme de réseau est tilisé pour représenter des connexions et des relations entre des éléments ou des noeuds dans un graphe.

Le diagramme de classe est utilisé en génie logiciel pour représenter la structure des classes et des objets dans un système.

Le diagramme de l'arbre de décision  est couramment utilisé en informatique pour représenter les étapes de décision dans un algorithme.

Le diagramme de séquence est utilisé pour modéliser l'interaction entre les objets dans un système, en montrant comment les messages sont échangés séquentiellement.

En philosophie, des diagrammes (cartes conceptuelles) sont parfois utilisés pour clarifier des concepts abstraits, visualiser des structures de pensée, représenter des relations complexes et faciliter la communication des idées. Charles Sanders Peirce, qui a contribué à la philosophie de la sémiotique, a utilisé des diagrammes pour représenter des relations sémiotiques entre signes, objets et interprètes. Les diagrammes de Peirce (ex. : diagrammes logiques, échelles de l'abduction), sont des outils visuels qui aident à illustrer les concepts sémiotiques et la logique. Gilles Deleuze et Félix Guattari ont, pour leur part, utilisé le terme diagramme dans leur ouvrage commun Mille Plateaux (1980) pour décrire des schémas conceptuels qui représentent des relations non linéaires entre des éléments. Les diagrammes de Deleuze et Guattari sont des outils pour étudier des concepts philosophiques, notamment dans le contexte de la philosophie du rhizome.

Dialectique (la) (Dialectica Arsè Dialektikè Technè, de dia-legô = converser, discuter). - Concept développé par de nombreux penseurs à travers l'histoire, mais  le plus souvent associé à la philosophie de grecque antique, en particulier à la pensée de Socrate, de Platon et d'Aristote. C'est une méthode de raisonnement et d'argumentation qui repose sur le dialogue et la discussion. Les personnages dialoguent pour débattre, confronter des idées opposées, et éventuellement aboutir à une résolution ou à une conclusion philosophique. (Dianoétique).

Dialectique (Dialektikos = qui concerne la discussion, de dialegô = converser) -  a) Syllogisme dialectique : celui dont les prémisses ne sont que probables.
Aristote l'oppose au syllogisme apodictique ou démonstratif (Topiques, I, Ch. I, § 4, 5). b) Aristote (Ibidem, Ch. III, § 2) distingue quatre attributs dialectiques : définition, genre, propre, accident, dont Porphyre a fait les prédicables

Dialectiques (arguments). - Ce sont, dans le langage de la philosophie de Kant, les arguments purement probables, qui ne reposent que sur des faits contingents, par opposition aux arguments apodictiques, qui reposent sur des vérités nécessaires et produisent la certitude.

Diallèle (diallèla = l'un par l'autre). - Le diallèle est l'argument par lequel les sceptiquesespèrent prouver que l'esprit est incapable de saisir la vérité. On l'appelle diallèle parce qu'il réduit l'esprit à revenir s'appuyer sur ce qui est en question pour établir la légitimité de ses opérations. Voici donc cet argument. Le sceptique demande au dogmatique de prouver la puissance qu'aurait, d'après lui, l'intelligence pour atteindre la vérité. Quel que soit le principe d'où essayera de partir le dogmatique, le sceptique lui dira :

« Tenez-vous ce principe pour assuré? - Sans doute. - Mais d'où le tenez-vous? N'est-ce pas de votre esprit? - Oui. - Mais qu'est-ce qui était en question? N'était-ce pas la véracité de l'esprit? Et en admettant ce principe comme assuré, ne montrez-vous pas que vous vous appuyez sur cette véracité même de l'intelligence que cependant il s'agissait de démontrer? Et ainsi tout votre raisonnement se réduit à dire :  L'esprit peut atteindre la vérité, parce qu'il atteint la vérité. » 
C'est ce que Montaigne appelait mettre le dogmatique « au rouet ». Le sceptique réduit donc toute démonstration du principe dogmatique à n'être qu'une pétition de principe. Mais la pétition de principe est un sophisme. Toute opinion soutenue par un sophisme est fausse, donc le dogmatisme est faux et par suite le scepticisme est vrai. Voilà les conséquences que le scepticisme tire du diallèle. Elles sont peut-être rapides et prématurées, car de ce qu'une opinion est mal soutenue et même à l'aide d'un sophisme, il ne s'ensuit rien par rapport à la vérité intrinsèque de cette opinion; le scepticisme prouve simplement que le principe du dogmatisme n'est pas susceptible d'une démonstration discursive, il ne prouve pas du tout que le dogmatisme soit faux. Il lui suffirait, pour être vrai, de s'appuyer sur une évidence intuitive antérieure et supérieure à toute démonstration.

Dialogue. - Au sens premier, un dialogue est une conversation entre deux ou plusieurs personnes au cours de laquelle elles échangent des idées, des opinions, des informations ou des points de vue. Il peut se dérouler de manière informelle, telle qu'une discussion entre amis, ou de manière plus formelle, comme une conversation entre un enseignant et un élève. On parle de dialogue interne pour qualifer la conversation ou à la réflexion intérieure d'une personne avec elle-même. Cela peut correspondre à une auto-analyse, à l'examen de ses propres idées ou à la prise de décisions personnelles. - En philosophie, le dialogue désigne un genre littéraire  dans lequel il peut prendre des formes variées (narrative, dramatique, didactiques ou allégorique), ainsi qu'une méthode de communication philosophique utilisée pour développer des idées, des arguments et des concepts. Les dialogues philosophiques sont des conversations fictives ou réelles entre deux ou plusieurs personnages, où les participants discutent afin de résoudre des problèmes conceptuels, à clarifier des idées philosophiques et des concepts, ou encore pour exposer les arguments en faveur et contre une thèse particulière. Platon utilise le dialogue comme principal moyen d'expression philosophique (La République, Le Banquet, Phédon, etc.); les personnages, souvent dirigés par Socrate, y engagent des discussions sur divers thèmes philosophiques (la justice, la connaissance, la vertu; la politique, etc.). Après Platon, d'autres philosophes (Cicéron, Galilée, Leibniz et Voltaire, etc.) ont également employé cette approche pour exposer leurs idées des idées philosophiques.

Diamètre. - Segment de droite passant par le centre d'un cercle (ou d'une sphère) et dont les extrémités appartiennent à la circonférence de ce cercle (ou de cette sphère). Le diamètre vaut deux fois le rayon du cercle (ou de la sphère).

Dianoétique. - Chez Platon, capacité de reconnaître et de comprendre les principes universels et abstraits qui sous-tendent la réalité. Elle constitue une étape essentielle dans le cheminement vers la connaissance philosophique, en particulier la connaissance des Formes ou des Idées. Avec la dialectique, la dianoétique joue pour le philosophe un rôle central dans la théorie de la connaissance. La dialectique concerne les raisonnements et les discussions, tandis que la dianoétique concerne la connaissance basée sur la réflexion et la compréhension des principes universels.

Platon soutenait que la connaissance se trouvait à différents niveaux de sophistication. Du plus bas au plus élevé, il distinguait la perception sensible (les informations que nous obtenons par nos sens), la croyance (les opinions et les hypothèses), la dianoia (la pensée discursive ou la réflexion) et la noésis (la connaissance intellectuelle intuitive). La dianoétique se situe donc au niveau de la dianoia et implique la capacité de reconnaître des formes abstraites et des idées universelles qui sont les réalités qui sous-tendent le monde sensible. 

La dialectique et la dianoétique sont des méthodes complémentaires pour atteindre la connaissance philosophique. La dialectique se concentre sur les discussions argumentatives pour arriver à des conclusions, tandis que la dianoétique se concentre sur la contemplation, la réflexion et l'introspection pour accéder à la connaissance des formes.

Dianoia = réflexion, pensée discursive. - Ce concept  trouve son origine dans la philosophie grecque antique, en particulier dans la philosophie de Platon, pour qui c'est un des niveaux de connaissance ou de pensée. C'est le niveau de connaissance où l'âme commence à saisir les formes ou les idées, qui sont des réalités abstraites et universelles. La dianoia n'atteint pas la connaissance des formes de manière directe et intuitive, comme le fait la noésis, mais elle y parvient par un processus de raisonnement et de déduction. Elle est donc associée à la pensée rationnelle et à la capacité de réfléchir de manière logique et discursive.

Diatribe. - Discours ou tirade passionnée, généralement critique, agressive ou véhémente, souvent dirigée contre une personne, un groupe, une idée ou une institution. En philosophie, le terme  est généralement associé à une forme particulière de discours, moins nuancée et constructive que la discussion philosophique, et  dans laquelle un philosophe critique vivement les idées, les croyances ou les arguments d'autres philosophes, écoles de pensée ou courants philosophiques. L'utilisation de la diatribe en philosophie n'est pas nécessairement négative. Elle peut être un moyen d'engager un débat philosophique, de mettre en lumière des incohérences ou des contradictions dans le discours philosophique, ou de stimuler la réflexion critique. 

Dichotomie (Dichotomia, de dichotomos = coupé en deux; dicha = en deux parties; tomè =, coupure) : distribution de chaque genre en deux parties contradictoires. - Les Anciens appelaient ainsi l'un des arguments de Zénon d'Élée. Cet argument a été aussi appelé l'Achille, parce que Zénon prenait comme
exemple Achille aux pieds légers poursuivant une tortue. 

« Un mobile plus lent ne peut être rejoint par un plus rapide, car celui qui poursuit doit toujours arriver au point occupé par celui qui est poursuivi et où celui-ci n'est plus [quand l'autre y parvient] ; de sorte que le premier conserve toujours une avance sur le second. » (Aristote, Physique, L. VI, Ch. IX, § 3).
Dichotomique (méthode)-(botanique). - On désigne sous ce nom une méthode destinée à la détermination des espèces et où chaque groupe se subdivise uniquement en deux groupes subordonnés, de manière à ce que l'investigateur n'ait jamais à choisir qu'entre deux caractères pour reconnaître l'espèce qu'il étudie. Lamarck, dans sa Flore française, a donné un exemple célèbre de méthode dichotomique du règne végétal.

Dictamen (mot latin de dictare = dicter, suggérer). - Se dit quelquefois en parlant de la voix de la conscience, de ce qu'elle ordonne ou défend.

Dictature. - Ce terme qui fait référence à une institution romaine, s'applique à un régime politique où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d'un seul individu ou d'un groupe restreint d'individus (assemblée, classe sociale).

Dictum de omni, dictum de nullo. - Principe du syllogisme ainsi formulé par Aristote : « Tout ce qui est affirmé du prédicat, peut être affirmé du sujet. » (Catégories, Ch. II, § 3). Forme négative : Tout ce qui est nié du prédicat petit être nié du sujet. Les Scolastiques ont interprété la formule d'Aristote du point de vue de l'extension. Ils désignent ainsi deux principes très généraux du syllogisme, qui reposent eux-mêmes sur le principe d'identité. Le premier est celui-ci : Tout ce qui est affirmé d'un sujet universel, genre ou espèce, est affirmé de toutes les individualités qui y sont comprises (Quidquid de omnibus valet, valet etiam de quibusdam et singulis). Le deuxième : Tout ce qui est nié d'un sujet universel est nié de tous les individus qui y sont compris (Quidquid de nullo valet, nec de quibusdam et singulis valet).

Dieu. - Pour le Déisme, le Panthéisme et le Théisme, c'est le nom de la cause première, de l'Être par essence, l'acte pur. Le Déisme s'en tient là. Le Panthéisme et le Théisme importent de la religion, des attributs de Dieu. Pour le Panthéisme, Dieu est la cause intrinsèque du monde, qui peut se confondre  avec l'être en général,. Pour le Théisme, qui est la philosophie religieuse proprement dite, c'est une cause extrinsèque, transcendante. Pour les Acataleptiques, Dieu est le nom de l'inconnaissable. Pour les Athées, c'est le nom de rien. Pour les Agnostiques, dont le nom signifie qu'ils pensent sans référence à une religion, Dieu peut être beaucoup de choses différentes, selon qu'ils s'inscrivent dans une forme de Déisme, d'Acatalepsie ou d'Athéisme. Au fond, on pourrait dire qu'il y a au moins autant de conceptions de Dieu que de philosophies et de philosophes. 

Différence (Differentia, de differre = dis-ferre = disperser, séparer) : relation d'altérité.  - En général, tout caractère permettant de distinguer une chose d'une autre, une idée d'une autre. C'est l'un des cinq Universaux des Scolastiques; attribut essentiel (Propre) de l'espèce et qui la distingue des autres espèces du même genre. Ainsi, le corps et l'esprit étant deux espèces de la substance, l'attribut différentiel du corps est l'étendue, et l'attribut différentiel de l'esprit est la pensée. Le triangle rectangle se distingue de tout autre triangle, parce qu'il a un angle droit. La différence se rapporte donc d'une part au genre, qu'elle divise et partage de l'autre à l'espèce, qu'elle sert à constituer; ce qui fait qu'on l'appelle aussi différence spécifique. De cette façon, l'espèce peut être nommée ou d'un seul nom, comme esprit et corps, ou de deux mots exprimant le genre et la différence joints ensemble, comme substance pensante, substance étendue, ce qui forme une définition. - Distinctions : a) Différence essentielle, différence accidentelle. La première est celle que nous venons de signaler; la seconde est un accident : ainsi Pierre diffère de Paul;  la différence numérique est aussi une différence accidentelle, qui distingue un individu d'un autre . - b) Différence spécifique : ce qui distingue une espèce des autres espèces contenues dans le même genre. - c) Pour parler strictement, il ne faut pas confondre : 1°) différence, qui se rapporte aux espèces d'un même genre; 2°) diversité, qui s'applique aux genres comparés entre eux; 3°) distinction, qui se dit des individus d'une même espèce. - Axiome scolastique : La différence est plus noble que le genre (Differentia nobilior est genere); car la différence se compare genre comme l'acte à la puissance, la forme à la matière. (B-E).

Différence (méthode de). - Méthode destinée à  établir des relations causales ou des conclusions fondées sur la différence entre deux situations ou états de fait. Cette méthode est couramment associée à la philosophie empiriste, en particulier à John Stuart Mill, qui a élaboré une version spécifique de cette méthode pour établir des lois de la nature. Elle repose sur le principe suivant : Si une cause ou un facteur particulier est le seul élément différent entre deux situations, et que l'effet est différent dans ces deux situations, alors il est possible de conclure que la cause ou le facteur est responsable de la différence d'effet. (Méthode de concordance et de différence).

Différencier, différentiation (de Differentiare, latin scolastique, différencier, de differentia). -  Chez les Scolastiques, ce terne signifiait distinction par la différence et s'opposait aussi à multiplication : l'espèce humaine se multiplie par voie de génération et en même temps elle se différencie d'une manière accidentelle en formant des individus distincts. 

Chez Spencer : « Passage de l'homogène à l'hétérogène », c'est-à-dire transformation d'éléments semblables en éléments différents. C'est une loi que les êtres corporels progressent en se différenciant, en passant de l'homogène à l'hétérogène. 

Différentiel (calcul) (de Différence). - Branche des mathématiques qui se concentre sur l'étude des taux de variation et des dérivées des fonctions. Il repose sur l'introduction de quantités infiniment petites dans l'analyse mathématique. 

Différentielle. - Variation d'une fonction rapportée à une variation infiniment petite d'une des variables de la fonction.

Différentielle (équation). - Equation mathématique qui relie une fonction inconnue à ses dérivées (ou différentielles) par rapport à une ou plusieurs variables indépendantes.

Dignité. - Valeur intrinsèque et à la qualité inhérente de chaque être humain, indépendamment de son sexe, de son origine, de ses opinions, de son âge ou de tout autre facteur. La dignité humaine est souvent considérée comme une caractéristique essentielle de chaque individu et est est inhérente à notre nature en tant que membres de l'espèce humaine. Elle ne peut donc pas être enlevée, altérée ou perdue, même en cas de mauvaise conduite ou de conditions de vie difficiles. Tous les êtres humains, indépendamment de leurs différences, sont considérés comme égaux en dignité. Chaque personne mérite le même respect et les mêmes droits fondamentaux. Le concept est ainsi étroitement lié aux droits humains, qui visent à garantir que les individus puissent vivre (et aussi mourir) dans la dignité, la liberté et l'égalité. La dignité inclut l'intégrité physique et morale des individus. Autrement dit, le respect de la dignité signifie que personne ne devrait être soumis à des traitements cruels, inhumains ou dégradants; les individus ont le droit d'être protégés contre la torture, la violence ou toute autre forme de maltraitance.

Dilemme (du grec dis, deux fois, et lambanéin, prendre), argument composé, dans lequel, après avoir divisé un tout en ses parties, on conclut affirmativement ou négativement du tout ce qu'on a conclu de chaque partie. Ainsi, pour prouver qu'on ne saurait prendre plaisir au jeu, on dira qu'il ne peut en résulter que du gain ou de la perte, ce qui est une manière de diviser le jeu; et l'on continuera : "Le gain n'a pas d'attraits pour moi; la perte me chagrine donc le jeu ne saurait me plaire." On a employé contre le scepticisme le dilemme suivant : "Les sceptiques sont certains de leur doute, ou ils ne le sont pas; s'ils en sont certains, ils croient donc à quelque chose; s'ils n'en sont pas certains, ils n'admettent pas leur propre système. Dans les deux cas, que devient leur doctrine?

La règle principale du dilemme est qu'il n'y ait pas de milieu entre les partis offerts à ceux qui argumentent. Une autre règle est que, si l'on propose à ses adversaires deux ou plusieurs partis à choisir, ces partis soient nécessaires. "Il faut mépriser les richesses; car, si nous en possédons, ou nous craindrons de les perdre, ou nous en ferons un mauvais emploi.

Aucune de ces deux suppositions n'est admissible, car les humains riches peuvent faire un bon usage de leurs biens, et encore ils peuvent ne pas être tourmentés par la crainte d'en être dépouillé. Le dilemme est un argument d'une grande force : dans les écoles de philosophie, on l'appelait autrefois argumentum cornutum, "argument cornu", comme pour dire que ceux qui l'employaient frappaient leurs adversaires des deux côtés à la fois. (M.).

Dilettante, Dilettantisme (de l'italien Dilettante = qui se délecte, amateur). - Le Dilettantisme philosophique est une forme du Scepticisme : le dilettante s'intéresse au mouvement des idées et des doctrines en se désintéressant de leur vérité ou fausseté.

Dimension (Dimensio, de dimensum, supin de di-metiri = mesurer dans tous les sens) : grandeur réelle qui seule ou avec d'autres détermine la grandeur d'une figure mesurable (ex. : Figures à deux ou trois dimensions).

Diplomatique. - Branche de la paléographie qui étudie les chartes, les diplômes, etc, pour en déterminer l'authenticité ou la valeur.

Direct. - Se dit par opposition à indirect quelquefois par opposition à réfléchi. On oppose, par exemple, la démonstration directe à la démonstration indirecte, par l'absurde.

Direct (sens) - Sens contraire des aiguilles d'une montre. Aussi appelé sens trigonométrique, en référence au sens utilisé en géométrie pour mesurer les angles. S'oppose au sens rétrograde. On appelle ainsi le mouvement propre d'une planète, qui s'effectue et qui paraît s'effectuer d'occident en orient. Ce mouvement a toujours lieu pour les planètes supérieures excepté vers leur opposition au Soleil, temps auquel ces planètes paraissent rétrogrades. De même ce mouvement à toujours lieu pour les planètes inférieures, excepté vers le temps de leur conjonction inférieure où elles paraissent rétrogrades. (Libes).

Direction. - C'est en mathématiques l'ensemble des droites parallèles à une droite particulière. - En astronomie, comme dans d'autres disciplines, certaines de ces droites de référence sont utilisées pour définir des axes à partir desquels on construira des systèmes de coordonnées. Chaque direction possède deux sens. par ex : Nord, Sud, etc.

Disamis. - Terme de logique qui désigne un mode de la troisième figure du syllogisme, où la majeure est particulière affirmative (I), la mineure universelle affirmative (A), et la conclusion particulière affirmative (I). Exemple : Il y a des méchants qui font les plus grandes fortunes; - tous les méchants sont misérables; - donc il y a des misérables dans les plus grandes fortunes. La lettre D indique que, pour être prouvé, ce mode doit être ramené à un darii de la première figure; la lettre S deux fois répétée signifie que cette opération doit se faire en convertissant simplement la majeure et la conclusion, et la lettre M indique qu'il faut alors transposer les deux premières, de façon que la majeure devienne la mineure et vice versa.

Discernement. - Capacité de percevoir, de juger et de distinguer de manière claire et avisée entre différentes options, situations, idées ou choix. Le discernement est lié à la pensée critique, qui implique d'analyser de manière approfondie les informations, de détecter les biais cognitifs et de tirer des conclusions basées sur des preuves solides plutôt que sur des croyances non fondées.  En philosophie, le discernement est lié à la capacité de distinguer la vérité de la fausseté, de discerner les arguments valides des arguments invalides et de juger de la validité des positions philosophiques.

Discontinu (du latin scolastique Discontinuus, du préfixe privatif dis et de continuus, de continere = cum-tenere = tenir fortement, être joint); quantité discontinue, c'est-à-dire dont les parties sont séparées. - S'oppose à Continu.

Discours. - Mode de communication des idées, des informations, des opinions ou des arguments de manière organisée et structurée. Les discours sont souvent utilisés en philosophie comme une méthode de communication et d'argumentation. Ils peuvent prendre la forme de textes écrits, de dialogues, de traités, d'essais, de conférences, etc. 

Discret (Discretus, participe passé de dis-cernere, discretum = séparer, de cernere, cretum = tamiser, diviser) : quantité discrète. Ce terme s'emploie quelquefois comme synonyme de discontinu.

Discrétif (de Discretum, supin de dis-cernere = séparer) : la proposition discrétive est une proposition composée, qui renferme deux assertions exprimant une distinction on une opposition (ex. : L'humain est intelligent, la pierre ne l'est pas; je perdrai la vie, non l'honneur).

Discrétion (Discretio = séparation, de discretum, supin de dis-cernere= séparer) les Néocriticistes opposent au déterminisme universel, comme une loi cosmologique, la loi de discrétion des phénomènes. Ils ont remarqué, en effet, que l'addition ou la soustraction d'une unité suffit pour modifier, d'une façon subite et absolue, les quantités discrètes, tandis que les quantités continues varient d'une façon insensible et relative.

Discrétionnaire (de Discrétion) : un pouvoir discrétionnaire est un pouvoir, non déterminé par la lui, mais laissé au discernement de celui qui en use de là vient qu'on emploie parfois ce mot dans le sens de pouvoir arbitraire.

Discrimination (de Discriminatum, supin de dis-criminare = distinguer, de dis-crimen = intervalle, différence, instant décisif) : ce terme, d'importation anglaise, indique l'acte par lequel l'esprit discerne les uns des autres les objets concrets de la pensée.

Discursif (du latin scolastique Discursivus, de dis-currere = courir çà et là) : une faculté ou une opération est discursive quand elle n'atteint son but qu'en se servant d'intermédiaires. - Le raisonnement est une opération discursive. -  Se dit, en logique, de toute opération où l'esprit est obligé de parcourir un certain nombre d'idées en passant de l'une à l'autre, soit pour les réunir, soit pour en tirer des conclusions. Ainsi, la généralisation, la comparaison, le raisonnement, sont des opérations discursives; la perception immédiate des phénomènes et la conception intuitive des vérités a priori ne présentent pas ce caractère. Les connaissances produites par les opérations discursives sont dites également discursives, ainsi que le genre de certitude qui les accompagne. La méthode de déduction peut s'appeler aussi méthode discursive. - En termes de mystique, l'état discursif se dit de l'état de l'esprit qui raisonne, par opposition à l'état contemplatif, où l'esprit cesse de discourir.

Discussion. - Quand on résout une question de mathématiques, on est souvent obligé de soumettre les quantités où les figures sur lesquelles on raisonne à certaines hypothèses restrictives; lorsque l'on a trouvé la solution de la question, il faut alors examiner les cas particuliers laissés de côté à la suite de ces hypothèses. L'examen de ces cas porte le nom de discussion de la question. 

La discussion consiste aussi dans l'étude des remarques importantes auxquelles peut donner lieu l'examen de la question considérée sous ses diverses faces.

Disjonction (Disjunctio, de disjunctum, supin de dis-jungere = détacher) : caractère d'une alternative, dans laquelle plusieurs attributs possibles, mais s'excluant mutuellement, sont rapportés à un même sujet (ex. : Pierre est debout, ou assis ou couché). - La disjonction est complète quand elle énonce toutes les alternatives possibles.

Disjonctive (proposition) (Disjunctivus, de disjunctum, supin de dis-jungere = détacher). - Une proposition disjonctive est une proposition composée dont les différentes parties sont unies ou séparées par une disjonctive; ce qui revient à dire, au point de vue logique, que le sujet y est divisé suivant les attributs opposés qui, tout en s'excluant réciproquement, conviennent ou répugnent séparément à ses différentes parties. Ex. : Toute action est bonne ou mauvaise; l'homme n'est ni ange ni bête.

Kant, avec sa phraséologie toujours un peu nébuleuse, exprime la même idée en définissant, dans sa Critique de la raison pure, le jugement disjonctif : 

"celui qui contient le rapport de deux ou plusieurs propositions entre elles, par un rapport d'opposition logique, en tant que la sphère de l'une est exclue par la sphère de l'autre."
Le type de la proposition disjonctive est la division proprement dite. Des propositions et des jugements, ce nom s'étend aux raisonnements; ainsi, on appelle le dilemme' argument ou syllogisme disjonctif, parce qu'il a pour majeure une proposition disjonctive. (La Logique de Port-Royal, 2e partie, ch. IX). (B-E.).

Disparate (Disparates, participe passé de dis-parare = séparer, diversifier, de dis-par = dissemblable) : les idées disparates sont celles qui ne sont unies ni par le rapport de genre à espèce, ni par le rapport d'espèce à espèce dans le même genre.

Dispersion. - Répartition ou distribution irrégulière de quelque chose, que ce soit des objets, des particules, des données, des individus, ou d'autres éléments, dans un espace donné. Les mathématiques offrent divers outils pour analyser et décrire la dispersion de différentes manières, en particulier pour rendre compte de dont les données étudiées sont étalées ou réparties autour de la moyenne. Par xemple :

L'étendue est simplement la différence entre la plus grande et la plus petite valeur d'un ensemble de données. C'est une mesure simple de la dispersion, mais elle ne prend pas en compte la distribution des valeurs entre les extrêmes.

La variance est l'une des mesures les plus courantes de la dispersion. Elle mesure la moyenne des carrés des écarts entre chaque valeur de données et la moyenne. Une variance élevée indique une dispersion plus importante des données.

L'écart type est la racine carrée de la variance. Il fournit une mesure de la dispersion qui est exprimée dans les mêmes unités que les données originales. Plus l'écart type est grand, plus la dispersion des données est importante.
Disposition (Dispositio, de dispositum, supin de dis-ponere = placer de çà et là, distribuer) : manière d'être naturelle qui rend propre à faire quelque chose. - Qualité moins déterminée que l'habitude à laquelle elle sert de genre.

Dissociation (Dissociatio, de dissociatum, supin de dis-sociare = séparer, de socius = joint, uni) : opération par laquelle l'esprit isole les uns des autres des éléments qui étaient primitivement agrégés dans un tout. - Dissociation des idées. - Il faut distinguer la dissociation de l'abstraction, opération par laquelle l'esprit considère à part dans un objet un élément qui n'en est pas séparable.

Dissolution (Dissolutio, de dissolutum, supin de dis-solvo [dissoluo] = dissoudre, défaire) : ce terme signifie, en général, la décomposition d'un agrégat et le retour des éléments agrégés à l'indépendance. - Chez Spencer, s'oppose à évolution, qui implique une marche progressive par différenciation et intégration.

Dissonance cognitive. - Concept issu de la psychologie sociale, formulé par Leon Festinger dans les années 1950, et qui désigne la tension ou le conflit interne qui survient lorsqu'une personne détient des croyances, attitudes ou valeurs contradictoires, ou lorsqu'il y a un écart entre ce qu'elle croit et ses actions. La théorie de la dissonance cognitive repose sur l'idée que les individus cherchent naturellement à maintenir la cohérence entre leurs croyances, attitudes et comportements. Lorsqu'il y a un désaccord entre ces éléments, cela crée un état de tension psychologique, la dissonance cognitive. Les individus sont alors motivés à réduire cette dissonance cognitive, soit en changeant leurs croyances ou attitudes, soit en modifiant leurs comportements pour les rendre cohérents.

Dissociation entre l'identité et l'individualité. - Thématique centrée sur la relation entre ce qui nous définit en tant qu'individu (individualité) unique et ce qui nous lie à des groupes, des cultures, des idéologies ou des normes (identité), et qui soulève des questions essentielles sur la nature humaine, l'autonomie, la liberté individuelle, la conformité sociale et les dynamiques qui façonnent nos identités. La dissociation entre l'identité et l'individualité peut être comprise comme une séparation ou un écart entre deux concepts liés à la notion de soi et à la définition de l'individu. L'identité correspond à la manière dont une personne se définit en fonction de divers facteurs (croyances, valeurs, expériences,  rôles sociaux, etc). Elles est une construction sociale et personnelle basée sur des affiliations et des caractéristiques partagées avec des groupes spécifiques. L'individualité, quant à elle, répond à la notion d'unicité et à de singularité de chaque personne en tant qu'individu distinct. C'est ce qui rend chaque personne unique en termes de traits de personnalité, de pensées, de comportements, de parcours de vie et d'autres caractéristiques propres. La dissociation devient problématique lorsque l'individu se sent en conflit entre les attentes sociales liées à son identité (affiliations culturelles, sociales, etc.) et son désir de s'exprimer en tant qu'individu unique. Dans certains cas, une personne peut sentir qu'elle doit supprimer ou nier des aspects de sa singularité pour se conformer aux normes et aux valeurs du groupe auquel elle appartient. La dissociation peut également être une étape dans la redéfinition de son identité individuelle en fonction des expériences de vie, des changements personnels ou des remises en question de la conformité sociale.

Distance, distant (Distancia, distans, de dis-stare = être éloigné) : position relative de deux points dans l'espace; longueur de l'intervalle qui sépare une chose d'une autre dans l'espace. En mathématiques on appelle distance entre deux points x et y (x et y appartenant à un sous-ensemble de ) toute fonction d telle que : 

1) x=y équivaut à d(x,y) = 0; 

2) d(x,y) = d(y,x); 

3) x, y, z appartenant au même sous-ensemble de nombres réels, d(x,z)--d(x,y)+d(y,z). 

Un exemple de fonction distance est la fonction telle que (x) = |x-y|.

Distinct (Distinctus, de distinctum, supin de di-stinguere = séparer par des points, isoler, distinguer, de dis, préfixe séparatif et stinguere = piquer) : a) Ce qui est tenu pour autre par l'esprit. b) Ce qui est réellement autre. c) Ce qui est différent de tout autre chose : telle est la connaissance distincte selon Descartes (Principes, Part. I, § 45). - Idée et terme distincts. - Dans l'ordre de la connaissance, distinct est opposé à confus; dans l'ordre réel, à identique.

Distinction (Distinctio, de distinctum, supin de dis-tinguere = séparer par des points, isoler, distinguer). - a) opération ou acte par lequel l'esprit reconnaît qu'une chose diffère d'une autre ; b) caractère qui distingue un objet d'un autre; c) propriété qu'ont deux ou plusieurs objets d'être distincts : c'est l'absence d'unité. - Distinction réelle : absence d'unité entre plusieurs choses. - Distinction logique on de raison : absence d'unité entre plusieurs concepts d'une même chose. Elle est double: 1°) Distinction sans fondement dans la chose. - 2°) Distinction avec fondement dans la chose ou virtuelle. - En termes de scolastique, ce par quoi une chose n'est pas une autre. C'est la négation de l'identité. Les logiciens ont distingué à tort les idées claires d'avec les distinctes; toute idée claire est distincte, et réciproquement. La clarté est l'antithèse de l'obscurité, et la distinction celle de la confusion.

Distributif (Distributivus, de distributum, supin de dis-tribuere, distribuer, répartir, de tribuere = répartir par tribus) : 

a) En logique, ce terme désigne indifféremment tous et chacun des individus compris dans l'extension d'un genre ou d'un groupe; il s'oppose à colllectif.

b) Propriété de certaines opérations mathématiques.

b) En morale, ce mot s'emploie surtout dans l'expression justice distributive : la justice est, selon Aristote, distributive ou proportionnelle dans l'inégale distribution des biens et des honneurs; commutative ou compensative dans les transactions et les échanges, dans la réparation on la compensation des dommages. La règle de la première est la proportion; celle de la seconde l'égalité.

Distributivité (mathématiques). - Propriété d'une opération mathématique par rapport à une seconde telle que, si l'on représente par # et £ ces deux opérations :
(a £ b) # c = (a # c) £ (b # c) 
ou bien 
a # (b £ c) = (a # b) £ (a # c)
Dans le premier cas, # est distributive par rapport à son premier terme, et dans l'autre par rapport à son second terme. Ces deux définitions de la distributivité coïncident, si l'opération # est commutative. Par exemple, la multiplication est distributive, relativement à l'addition d'une manière complète, car :
(a + b) X c = (a X c) + (b X c), et a X (b + c) = (a X b)+(a X c).
L'élévation aux puissances est distributive relativement à la multiplication, mais seulement par rapport à son premier terme, car on a :
(a X b)c = ac X bc, et non pas abXc = ab X ac.
Divers, Diversité (Diversus, diversitas, de diversum, supin de divertere = dis-vertere = se détourner, différer) : ces mots : a) signifient, en général, ce qui s'oppose à l'identité. Ils ont pour synonymes Autre (l'heteros d'Aristote) et Altérité ; b) indiquent, dans un sens restreint, une différence qualitative.

Divisé (de Diviser, du latin populaire divisare tiré, par le supin divisum de di-videre = partager, de dis, préfixe séparatif et racine vid, d'où viduus= privé de). - Le sens divisé (sensus divisus) est un concept introduit par Descartes pour expliquer que nos sens (la vue, l'ouïe, le toucher, etc.) peuvent nous tromper. Selon lui, nos sens sont parfois trompeurs et ne fournissent pas toujours des informations précises sur le monde extérieur. Par exemple, un bâton partiellement immergé dans l'eau peut sembler plié en raison de la réfraction de la lumière, bien que nous sachions que le bâton est en réalité droit. Soppose à sens composé.

Diviseur. - Nombre par lequel on divise un autre nombre, appelé dividende, et plus spécialement nombre entier par lequel on peut diviser un autre nombre entier tel que le résultat soit aussi un nombre entier. 

Divisibilité (de Divisible, de Divisibilis = qui peut être divisé, de divisum, supin de di-videre = partager). - La divisibilité est la propriété de ce qui peut être décomposé en parties de même nature. On distingue la divisibilité : a) mathématique : qui, s'appliquant à l'étendue abstraite, est indéfinie; b) physique qui, s'appliquant à l'étendue réelle des corps existants, est limitée. Descartes a prêté à l'étendue concrète la propriété de divisibilité à l'infini, qui ne convient qu'à l'étendue abstraite.

Division (Divisio, de divisium, supin de di-videre, partager, de la racine vid, d'où viduus = privé de). - Distribution d'un tout en ses parties, d'un genre en ses espèces, etc. La division succède à la définition. 

 La division doit être complète ou adéquate (c'est-à-dire que les parties réunies doivent reconstituer exactement le tout), et distincte, c'est-à-dire que les différentes parties ne doivent pas rentrer les unes dans les autres.

La division logique est une proposition dont l'attribut développe toute l'extension du sujet.

On appelle, en économie politique, loi de division du travail celle qui consiste à distribuer les différentes opérations d'un même travail à différents individus, de telle sorte que chacun faisant toujours la même besogne la fasse mieux et plus vite. En divisant ainsi le travail on multiplie les spécialités.

Division (sophisme de). - Sophisme consistant à affirmer séparément des choses jointes ensemble ce qui n'est vrai que dans le sens composé.

Docte ignorance. - Concept associé à Nicolas de Cues (ou Nicolaus Cusanus), un théologien, philosophe et mathématicien du XVe siècle, qui a intitulé son ouvrage majeur De docta ignorantia ( = La docte ignorance). La docte ignorance repose sur l'idée que la connaissance humaine est limitée et imparfaite. Cues soutient que l'humain ne peut pas connaître Dieu complètement ou parfaitement en raison de la finitude de son intellect. La connaissance de Dieu est au-delà de la compréhension humaine, mais il est néanmoins possible de s'efforcer de s'approcher de cette connaissance par un acte de reconnaissance de son ignorance. Ainsi, l'ignorance devient une forme de connaissance, une docte ignorance... Ce n'est donc pas une simple ignorance ou un manque de connaissance, mais une reconnaissance consciente des limites de la connaissance humaine. Elle implique une humilité intellectuelle et Cues affirme qu'elle peut être une voie vers une forme de connaissance supérieure, une connaissance mystique ou intuitive de Dieu.

Doctrinaires. - Groupe  formé sous la Restauration de philosophes influencés par Montesquieu. Ils prônaient la modération politique et la préservation de la monarchie constitutionnelle en France.

Doctrine. - Mot qui, dans un sens aujourd'hui vieilli, a signifié science, savoir, et qui ne s'entend plus que d'un ensemble de dogmes religieux ou d'opinions adoptées par une école. Il n'est pas synonyme de système, mot par lequel, on désigne un enchaînement d'idées sur un ordre de faits quelconques; pour qu'un système soit une doctrine, il faut qu'il ait pour but les grandes questions de la morale, celles de la fin actuelle de l'humain ou de sa destinée future. On dira, par exemple, le système, et non la doctrine, de Newton, de Linné, de Cuvier, parce que les études de ces savants sur les astres, les végétaux, les fossiles, n'ont pas trait au monde moral; mais on dit des doctrines religieuses, morales, physiologiques, sociales, etc.

Dogmatisme (de Dogmatiser, du latin ecclésiastique dogmatizare = établir une doctrine). -  a) Ce mot signifie, en général, toute philosophie qui, croyant à la valeur de la raison humaine, affirme pouvoir en tirer certaines vérités. On l'oppose au Scepticisme, qui révoque toute affirmation en doute. On a remarqué que l'excès du dogmatisme jette dans le scepticisme et réciproquement. -b) Depuis Kant, ce mot a souvent un sens défavorable, parce qu'il oppose le Dogmatisme au Criticisme. Le Dogmatisme consiste pour lui à s'appuyer en métaphysique sur les principes dont la raison se sert depuis longtemps, sans en avoir fait, au préalable, la critique, c'est-à-dire sans avoir montré que l'usage qu'elle en fait est légitime (Critique de la Raison pure, préface de la seconde édition).

Dogmatisme médical. - Cette doctrine est celle de l'une des premières écoles de médecine de l'Antiquité. Elle a été initiée par les disciples directs d'Hippocrate, qui ont vite commencéà abandonner la voie de l'observation et de l'expérience que celui-ci avait inaugurée, pour celle des hypothèses. Ainsi, dès le commencement du IVe siècle avant notre ère, Thessalus et Polybe, celui-ci gendre et celui-là fils d'Hippocrate lui-même, fondent cette secte dite des Dogmatiques (Dogmatisme), ainsi appelés parce qu'ils s'occupaient particulièrement à rechercher par le raisonnement l'essence même des maladies et leurs causes occultes.  Cette école faisait dépendre l'état de santé et celui de maladie de l'équilibre ou du non-équilibre des quatre humeurs cardinales du corps humain, à savoir : le sang, la pituite, la bile jaune et l'atrabile. Par compensation et en vertu même de ses idées, elle recommandait étude de l'anatomie. Les Dogmatiques étaient aussi nommés Hippocratiques (Hippocrate et les Hippocratistes), parce qu'ils se rattachaient aux livres d'Hippocrate lui-même, où l'on trouve en effet le germe de cette doctrine. Les opinions du dogmatisme médical régnèrent exclusivement dans les écoles jusqu'à l'apparition, à Alexandrie, de la secte des Empiriques (L'Ecole médicale d'Alexandrie).

Dogmatisme moral : c'est le nom qu'on donne à la philosophie qui cherche à justifier la certitude par «-l'action ». Se dit par opposition au dogmatisme intellectuel. 

« Spéculativement, le dogmatisme moral c'est l'explication de la certitude par l'action : pour connaître l'être et pour y croire, il faut coopérer à se donner l'être à soi-même. Pratiquement, c'est la mise en oeuvre de la méthode critique et de la méthode ascétique pour se dépouiller de toute relativité dans sa manière d'être et dans sa manière de penser. Il se distingue nettement du scepticisme, d'après lequel nous sommes invinciblement enfoncés dans le relatif, et du dogmatisme illusoire, d'après lequel il suffit de penser et d'avoir des idées pour être dans l'absolu » (M. Blondel et L. Laberthonnière, dans Bulletin de la Société française de Philosophie, août 1904). 
Dogme (Dogma = ce qui paraît bon, doctrine, croyance; cf. dokein = juger bon) : a) En philosophie, ce mot signifie un point de doctrine regardé comme fondamental dans une école et accepté par ses membres. - b) En théologie, c'est l'ensemble des affirmations auquelles les membres d'une religion sont tenus de donner leur adhésion.

Dominant (argument). - L'argument le plus fort, le plus convaincant ou le plus influent dans un débat, une discussion, un discours ou un texte argumentatif. C'est celui qui est le plus susceptible de persuader l'auditoire ou de soutenir la thèse ou la position défendue. Il est souvent considéré comme la pierre angulaire de l'argumentation, car sa force et sa validité influencent grandement la pertinence globale de l'argument. 

Donné (Substantif participe de Donner, de donare = gratifier, de donum = présent, don). - On entend par donné ce qui est immédiat et présent dans l'esprit avant toute élaboration. Ce concept est lié à la question de la perception, de la subjectivité, et de la manière dont nous pouvons connaître le monde. Il questionne la nature de la réalité, la relation entre le sujet et l'objet, et la validité de nos expériences subjectives en tant que sources de connaissance. Certains philosophes considèrent le donné comme la base de toute connaissance, tandis que d'autres soulignent les limites de la conscience immédiate et la nécessité d'une réflexion critique pour parvenir à une compréhension plus profonde du monde.

« Une philosophie qui commence par la psychologie, prend pour base le donné » : c'est la « Philosophie du donné ». «  J'emploie ce mot comme synonyme d'immédiat, de premier, de conscient. La donné s'oppose à l'inféré, au construit, à l'hypothétique, donc à tout objet en tant qu'objet à tout non-moi, à l'espace en tant que construit, à l'avenir en tant qu'hypothétique. » (V. Egger, dans Bulletin de la Société française de Philosophie, août 1905, p. 213).
La notion de donné est souvent associée aux idées de l'empirisme, de la phénoménologie et de la philosophie de la perception. Le donné est en contraste avec les idées de médiation, qui impliquent des processus mentaux, des concepts, des catégories ou des théories. Husserl a cherché à analyser et à décrire la structure du donné dans l'expérience phénoménale qui, pour lui, est le point de départ de toute recherche philosophique, car elle est la base à partir de laquelle nous pouvons aborder la nature de la conscience et de la réalité.

Donnée. - Terme de mathématiques. Nom général que l'on donne à ce que l'on suppose connu. Par exemple, une ligne donnée, est une ligne dont on connaît la longueur : un angle donné, et un angle dont on connaît la grandeur, etc. En général, une donnée est une connaissance que l'on suppose acquise.

Données (participe passé employé substantivement pour quantités données) : les données d'un problème sont les éléments connus qui servent à déterminer une inconnue. Les Anciens les appelaient hypotheseis = les hypothèses. - Données d'une science : ensemble des principes et des faits sur lesquels s'appuient ses recherches et raisonnements. On parle de : données de la conscience; de données des sens : a) primitives; b) acquises.

Douleur (de Dolorem, de dolere = souffrir). - Définition causale : émotion pénible qui résulte de l'activité contrariée. -  La douleur peut être vue comme un aspect de l'existence humaine, ce qui soulève des questions métaphysiques sur la nature de la souffrance et son rôle dans notre expérience de la réalité. Les philosophes de la conscience s'intéressent à la manière dont la douleur est intégrée dans notre expérience mentale et comment elle influe sur notre perception du monde. Elle s'inscrit aussi dans les discussions sur les dilemmes, comme par exemple dans le le problème de la souffrance et de l'éthique de l'euthanasie. La douleur est ainsi au coeur de nombreuses questions. En vrac : la douleur est-elle une réalité objective ou une expérience subjective? Quelle est sa signification et ses implications éthiques? Peut-on la mesurer ou la comprendre de manière objective? Comment percevons-nous la douleur? Est-elle une expérience sensorielle directe ou une construction mentale basée sur des signaux corporels? Comment justifier la réduction de la douleur d'autrui, et quel rôle la compassion et l'empathie jouent-ils dans notre réponse à la douleur?

Doute( (Substantif verbal de Douter, de dubitare, de dubius = flottant, irrésolu, de duo = deux).

a) Etat de l'esprit incertain, qui ne sait s'il faut affirmer ou nier. Le doute envisagé comme l'état définitif de l'esprit humain, « un mot oreiller pour une tête bien faite-», est le Scepticisme.

b) Suspension du jugement en présence d'assertions opposées. Le scepticisme provisoire de Descartes est ainsi un doute momentané employé comme moyen d'arriver à la science. Descartes appelle son doute hyperbolique, c'est-à-dire exagéré, poussé a ses dernières limites.

Douteux (de Doute) : a) subjectivement : état d'incertitude de l'esprit : conscience douteuse; b) objectivement : chose ou proposition incertaine.

Doxa. - Opinion, la croyance ou la connaissance commune qui est largement répandue au sein d'une société ou d'une culture donnée. Dans les dialogues de Platon, la doxa est souvent opposée à la connaissance véritable (épistémè). Platon cherchait à distinguer les opinions changeantes et relatives (doxa) de la vérité absolue et éternelle (épistémè). La doxa peut découler de la tradition, de la coutume, de la culture ou d'autres facteurs sociaux. Cela signifie que ce qui est considéré comme de la doxa peut varier d'une culture à l'autre. Si bien qu'une réflexion sur la doxa peut aider à révéler les préjugés, les stéréotypes et les idées préconçues, notamment en politique.

Droit( (du latin populaire drectum = directum = mené droit, participe passé de dirigere = dis-regere = aligner, guider). - Ce terme est dérivé d'une métaphore géométrique : ce qui est tracé droit ; d'où ce qui est conforme à une règle, regula, de regere, conduire. La racine est la même dans regula et di-rectum. Donc être dans son droit, c'est être d'accord avec la règle. L'opposé de droit est exprimé par une métaphore contraire : le tort, de tortum, tordu, participe passé de torquere = faire tourner, tordre. - Le droit c'est le pouvoir moral de faire, de jouir de, ou d'exiger quelque chose, etc. Le droit peut être divisé en plusieurs branches selon le domaine auquel il s'applique ou selon le fondement qu'on lui donne. On parlera ainsi de droit civil, droit commun, droit coutumier, droit criminel, droit pénal, droit divin, droit naturel, droit administratif, droit industriel, droit commercial, droit constitutionnel, droit public, droit international, droit maritime, etc.

Droit commun se dit du sroit général par opposition au Droit particulier, au Droit local. La disposition de Droit commun est celle qui s'applique à tous les cas, à toutes les circonstances, à moins qu'il n'y ait une exception formellement prévue par une loi positive. (B.).

Droit divin. - C'est un principe suivant lequel, tout pouvoir est supposé venir de Dieu; le dépositaire de la puissance devient dès lors sacré, et n'a de compte à rendre de sa conduite qu'à Dieu même. Les rois disent tenir leurs droits de Dieu, et voilà ce qui fait leur légitimité aux partisans de la monarchie' absolue. Cette théorie politique a pour contraire celle de la souveraineté du peuple. Ses conséquences rigoureuses sont l'obéissance passive, la condamnation de toute espèce de révolte contre l'autorité, l'impossibilité de restreindre le pouvoir souverain sans le détruire : l'humain, politiquement parlant, n'a pas de droits, il n'a que des devoirs. Les partisans du Droit divin trouvent que ce sont là des inconvénients moindres que ceux qui sont attachés aux autres formes de gouvernement. La foi au Droit divin de l'autorité n'a pas été pas propre seulement aux sociétés où domine le christianisme: dans les sociétés antiques, toute transmission du pouvoir était consacrée par l'intervention de la religion, et l'on ne pensait pas qu'un fait si considérable se pût accomplir sans la volonté des dieux. Mais il est très vrai que le christianisme a donné au principe du Droit divin une force nouvelle :.

Il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, dit Saint Paul; et les puissances qui subsistent. ont été établies de Dieu. C'est pourquoi celui qui s'oppose à la puissance s'oppose à l'ordre que Dieu a établi. 
Est-ce à dire qu'il faille, aux yeux de la religion, enlever aux humains le droit de se gouverner eux-mêmes et favoriser le despotisme? On a pu le prétendre pour en faire une objection contre le catholicisme : mais, dans le langage de la théologie, le Droit divin signifie tout simplement que le pouvoir, comme moyen d'ordre, étant nécessaire à l'existence de la société, est, dès lors, voulu de Dieu, ou d'institution divine, de la même manière que la société elle-même. (B.).

Droit industriel. - On peut donner la dénomination de droit industriel à l'ensemble des dispositions législatives réglant les rapports de l'industrie avec les particuliers ou avec l'Etat, et ayant pour but d'apporter des dérogations à la liberté du travail en organisant des monopoles ou en conférant à l'autorité publique le droit d'intervenir pour autoriser ou pour surveiller l'exercice d'une industrie. Ainsi l'on fait entrer dans le droit industriel les lois sur les différentes branches de la propriété industrielle (brevets d'invention, dessins et modèles de fabrique, marques de fabrique et de commerce), les lois sur l'apprentissage, sur les conditions de travail, sur les syndicats professionnels, etc. On peut ainsi comprendre dans le droit industriel la législation du travail ou ensemble des lois concernant la condition des salariés et leurs rapports avec les employeurs. Cette branche du Droit est surtout distinguée des autres par les économistes. Les juristes ont l'habitude de répartir les matières du droit industriel soit dans le Droit administratif et le Droit du travail, soit dans le Droit commercial (brevets d'invention, marques de fabrique et de commerce, etc.). (Ch. Lyon-Caen).

Droits de coutume. - On a appelé ainsi les redevances qui étaient payées, dans certains pays, au seigneur, pour toutes les denrées, blés, vins, bestiaux, qui étaient vendus dans sa seigneurie. Il y avait la grande et la petite coutume; elles différaient uniquement quant au tarif : la grande coutume était de quatre deniers par boeuf, et la petite de un denier seulement.

Les droits de coutume ont été abolis par la loi des 15-28 mars 1790.

Dans quelques provinces, l'expression droit de coutume désignait une espèce de revenu annuel, ou de rente foncière qui se payait en blé, seigle ou avoine, par les possesseurs de rotures : ceux-ci étaient dits alors «-preneurs d'héritage en coutume ». 

On disait aussi quelquefois droit de levage, par exemple dans la Coutume du Maine, article 10. (P. Girodon).

Droite et gauche (philosophie politique). - La distinction entre la droite et la gauche en philosophie politique est une manière de classifier différentes positions et idéologies politiques en fonction de leurs croyances, valeurs et objectifs. Ces termes ont émergé pendant la Révolution française, à la fin du au XVIIIe siècle, lorsque les partisans de différentes positions politiques étaient physiquement séparés dans l'Assemblée nationale en fonction de leurs points de vue sur les questions clés de l'époque. 

La droite est un concept attaché à celui de conservatisme. Elle tend à soutenir des valeurs traditionnelles, l'ordre établi et la préservation des institutions existantes. Elle met souvent l'accent sur l'autorité et la hiérarchie sociale. Elle favorise généralement des politiques économiques libérales, axées sur la réduction de l'intervention de l'État dans l'économie et la promotion de la liberté individuelle dans le domaine des affaires. 
La gauche est un concept attaché à celui de progressisme. Elle tend à chercher l'égalité, la justice économique et sociale et l'amélioration des conditions de vie pour tous. Elle met souvent l'accent sur l'égalité des chances, les droits humains. Elle voit dans l'intervention de l'État un moyen de réduire les inégalités et fournir des services publics essentiels tels que la santé, l'éducation et les programmes de sécurité sociale. La gauche soutient souvent les réformes sociales favorisant la diversité, l'inclusion et la protection de l'environnement.
La classification en droite et gauche peut cependant varier selon les contextes culturels et historiques. Les catégories de droite et de gauche ne sont pas des idées fixes ou monolithiques, mais plutôt des tendances et des généralisations. Ainsi, de nombreux systèmes politiques modernes intègrent-ils des éléments de la droite et de la gauche dans leurs programmes, cherchant un équilibre entre le marché libre et l'intervention de l'État pour répondre aux besoins de la société. De la même façon, dans la pratique, la politique est souvent multidimensionnelle; les individus et les partis politiques peuvent avoir des positions différentes sur diverses questions, ne se conformant pas strictement à un spectre gauche-droite.

Droite (idéologies de). - Ensemble de croyances, de valeurs et de principes politiques qui mettent l'accent sur la préservation de l'ordre social existant et la défense du libéralisme économique. Les idéologies de ceux qui se disent partisans de la droite varient considérablement en fonction du pays, de la culture, de l'époque et des contextes politiques spécifiques. Deux traits représentatifs ressortent toutefois : 

Les partisans de la droite sont généralement des conservateurs sociaux. Ils défendent les valeurs traditionnelles et morales, comme la famille nucléaire, leur religion, le respect de l'autorité et l'ordre social établi. Les respects de l'autorité et de la hiérarchie, en particulier, sont ressentis comme des éléments essentiels pour maintenir l'ordre et la stabilité dans la société. Ils insistent dès lors sur la nécessité d'un maintien de l'ordre efficace. Leur souci la préservation de leur culture et de leurs valeurs leur fait souvent mettre en avant l'importance de la souveraineté nationale, de l'identité nationale et de la protection des frontières. 

Les partisans de la droite sont aussi généralement en faveur d'une économie de marché où les individus et les entreprises ont une grande autonomie. Ils prônent un rôle limité de l'État, avec moins de réglementations et d'intervention dans la vie économique et sociale. Les conservateurs de droite soutiennent des politiques favorables aux entreprises et défendent la propriété privée, et en même temps cherchent souvent à réduire les programmes sociaux et à limiter l'aide de l'État aux citoyens.

Droits humains. - Droits universels inhérents à tous les êtres humains,  qui font partie intégrante de la dignité humaine et sont considérés comme inaliénables.

Dualisme '(de Dualis = composé de deux, de duo = deux). Se dit en deux sens très différents :

1° D'un système philosophique et religieux d'après Lequel le monde serait l'oeuvre de deux principes opposes et coéternels, l'un bon et l'autre mauvais; c'était, par exemple, l'opinion des Manichéens.

2° Des théories qui posent en principe la distinction, la dualité de la pensée et de l'étendue comme essences des esprits, d'une part, des corps, de l'autre; par exemple, le système cartésien. Ce mot s'oppose à monisme : le monisme admet un principe unique et désigne spécialement : un système analogue au Spinozisme d'après lequel toute réalité serait à la fois matérielle et spirituelle, tout élément matériel étant doué d'activité psychique.

Duhem-Quine (thèse de) = Thèse Duhem-Quine de la sous-détermination de la théorie par les faits - La thèse de Duhem-Quine est une idée fondamentale en philosophie des sciences qui remonte aux travaux de de Pierre Duhem et de W. V. Quine. Selon cette thèse, la notion traditionnelle de tests cruciaux et de réfutation directe des théories scientifiques est insuffisante. Ces théories doivent évaluées dans un contexte plus global, et sont rarement complètement réfutées par des expériences isolées, car lorsqu'une expérience produit un résultat inattendu, il peut être difficile de déterminer si le problème réside dans la théorie elle-même, dans les hypothèses auxiliaires qui l'entourent  (et qui sont souvent implicites dans la formulation de la théorie), ou dans l'instrumentation et les mesures utilisées. 

Durée (de Durer, de durare = durcir, d'où persister) . - Permanence du lien qui unit entre eux les moments du devenir, permanence dans l'être, avec succession ou sans succession. S'il y a succession, c'est le temps; sinon, c'est l'éternité. - Pour Bergson, la durée est un aspect fondamental de l'expérience humaine, c'est une qualité propre aux états psychiques qui se succèdent en s'interpénétrant. Cela le conduit à distinguer entre deux formes de durée : la durée quantitative (mesurée par les sciences et les horloges) et la durée qualitative (l'expérience vécue de la temporalité). Grâce à cette distinction, Bergson peut soutenir que le libre arbitre et le déterminisme ne sont pas contradictoires, mais plutôt des aspects complémentaires de notre expérience humaine. Le temps réel et vécu offre un espace pour le libre arbitre, tandis que le temps mesuré et quantifié est plus lié au déterminisme.

Dynamique (la) (Dynamikè = puissante, de dynamis = force; sous-entendu technè =art). - C'est une branche de la physique, et plus spécialement de la mécanique, qui se divise en : a) statique, qui traite des conditions d'équilibre ; b) cinématique, qui s'occupe du mouvement en lui-même et non des causes qui le déterminent; c) dynamique, qui étudie les forces dont l'action modie l'état de mouvement des corps. - Par analogie, Herbart a parlé de la dynamique des états de conscience, c'est-à-dire de leurs transformations, et A. Comte et H. Spencer parlent de dynamique sociale.

Dynamique (Dynamikos = puissant, efficace). - Terme qui peut être utilisé à la fois pour décrire le processus de changement et d'évolution (devenir) et l'activité ou l'efficacité dans la réalisation d'un but (finalité), ces deux aspects étant interconnectés, car le changement et le mouvement sont souvent associés à des forces, des énergies et des processus qui conduisent à des résultats spécifiques. -  a)  La dynamique comme le principe du devenir se réfère au fait que tout dans l'univers est en constante évolution et changement (cela s'oppose à la statique, qui se réfère à l'immobilité ou à l'absence de changement). En ce sens, la dynamique concerne les processus de transformation, le développement, la croissance et le changement en tant que caractéristiques fondamentales de la réalité. - b) La dynamique comme activité et finalité se réfère à la capacité d'un système ou d'un processus à générer un mouvement, une action ou un changement dans le but d'atteindre un objectif ou une fin spécifique. Cela demande de comprendre les forces, les énergies et les interactions qui sous-tendent les phénomènes observés.

Dynamisme, Dynamique (Philosophie) (de Dynamis = puissance). - On donne ce nom aux systèmes philosophiques qui admettent l'existence de forces comme principe des choses. 

a) Dynamisme interne, chez Newton, Leibniz, opposé au mécanisme de Descartes; 

b) Dynamisme externe, chez Boscovich ou Palmieri. 

Admettre dans les choses qui se manifestent ou se développent un principe interne de développement, une force immanente qui en est en quelque sorte le ressort intérieur, c'est être dynamiste; admettre que les choses sont naturellement inertes, qu'elles ne peuvent être modifiées que par une force extérieure qui est l'ouvrière de leurs transformations, c'est être mécaniste.

Ces deux systèmes se montrent dès l'origine de la philosophie, mais c'est surtout chez Descartes et chez Leibniz que leur opposition est bien marquée : Descartes explique tout par la matière et le mouvement, mais le mouvement vient du dehors, c'est Dieu qui donne « la première chiquenaude », comme dit Pascal.

Leibniz explique tout par ses monades, forces simples qui se développent spontanément et portent en elles-mêmes cette loi de la série de leurs opérations que Leibniz appelle appétition.

Une comparaison familière fera sentir la différence du mécanisme et du dynamisme : un meuble est construit mécaniquement par un ébéniste, un gland devient dynamiquement un chêne par une force interne et naturelle.

Distinctions : Monodynamisme, duodynamisme, tridynamisme, polydynamisme : 

• le monodynamisme ou animisme consiste à regarder l'âme comme le seul premier principe de la pensée, de la sensation et de la vie organique dans l'humain;

• le duodynamisme ou vitalisme admet deux premiers principes associés entre eux-: l'âme intelligente et le principe de la vie organique; 

• le tridynamisme admettait trois âmes;

• le polydynamisme les multipliait, comme les organes, sous le nom d'archées. On l'a ramené parfois au  polypsychisme.

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