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Dictionnaire des idées et méthodes
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Sage (de Sapere = avoir de la saveur, du goût, du sens, de la raison) : a) Celui qui sait ce qui est, ce qu'il faut faire (ex. :  les Sept Sages de la Grèce). - b) Celui qui réalise un idéal moral.

Sagesse (de Sage) : a) Dans l'Antiquité grecque, la sagesse signifiait, science, et ce fut le premier nom de la philosophie. - b) Chez les moralistes anciens, ce mot désigne la première des quatre vertus fondamentales et s'appelle aussi prudence : c'est la vertu de l'intelligence, autrement dit, la science, et particulièrement la science des choses par leurs causes. - c) Plus tard, on l'entendit de la vertu : vertu morale qui dispose l'intelligence à discerner ce qu'on doit faire et éviter dans la conduite de la vie.

Saint-simonisme. - Doctrine, système de Saint-Simon et. dos disciples de Saint-Simon. D'après les saint-simoniens, à l'injustice, à l'isolement de la société actuelle doivent succéder la justice et l'association, mais il faut avant tout renverser le principe de la propriété héréditaire, d'ailleurs de plus en plus ébranlé, et hiérarchiser l'humanité suivant le principe : 

« A chacun selon sa capacité, à chaque capacité selon ses oeuvres ». 
Dans l'histoire de la société, on distingue des états organiques et des états critiques, suivant que domine le principe de l'association ou celui d'antagonisnme. L'antagonisme social doit disparaître et céder la place à l'association universelle. Le christianisme a déterminé la première pacification de l'humanité; il faut faire cesser totalement l'exploitation de l'humain par l'humain, dont les trois phases sont marquées par l'esclavage, le servage et le prolétariat.

L'Etat, et non plus la famille, héritera des richesses accumulées et répartira les instruments de travail suivant les besoins et les capacités. Une banque centrale, avec des banques spéciales, organisera la production méthodique sans disette ni encombrement.

Il faut une religion plus puissante que les religions antérieures, réhabilitant la matière actuellement sacrifiée à l'esprit; les prêtres coordonneront les efforts des savants et des industriels; c'est vers une théocratie nouvelle que s'acheminera la société; l'enseignement exercera l'activité matérielle de l'enfant pour l'industrie, la faculté rationnelle pour la science, la sympathie pour les beaux-arts. (NLI).

Salamanque (Ecole de). - Groupe de théologiens et de juristes espagnols du XVIe siècle qui ont essayé de concilier les enseignements de l'Église avec les idées de la philosophie antique et de la Renaissance. Principaux représentants : 

• Francisco de Vitoria, considéré comme le fondateur de l'école de Salamanque. Ses travaux ont influencé les théories modernes de la souveraineté et du droit international.

• Domingo de Soto a contribué au développement de la théologie morale et de la philosophie politique. 

• Luis de Molina a travaillé sur la théorie de la grâce et du libre arbitre

• Francisco Suárez a développé des théories sur la loi naturelle et la souveraineté.

Ces penseurs ont contribué à la formation de la doctrine catholique sur la guerre juste, en développant des théories sur la propriété, le commerce et les relations internationales. Ils ont aussi été une importante source d'inspiration pour les penseurs européens des XVIIe et XVIIIe siècles, qui ont adopté et adapté leurs idées dans le cadre du mouvement des Lumières.

Sanction (Sanctio, de sanctum, supin de sancire = établir par un acte religieux, établir par une loi, régler, sanctionner) : a) Acte d'établir une loi; peine établie par une loi pour réprimer les infractions aux prescriptions légales. - b) Puis, peine ou récompense jointes à un ordre pour en assurer l'observation. - c) Par extension, toute peine, ou avantage qui résulte, soit du cours naturel des choses, soit de la façon d'agir.

Sânkhya. -  Un des six grands systèmes de la philosophie indienne, ou Darçanas, dont on attribue l'invention au sage Kapila.

Saut. - Métaphore de Kierkegaard (La maladie jusqu'à la mort, 1843) pour caractériser le mouvement de l'existence, chez  lui distinct du devenir logico-métaphysique de Hegel. Le saut porte l'idée que la foi authentique n'est pas simplement une adhésion intellectuelle, mais plutôt une démarche qui engage l'ensemble de l'individu, y compris ses émotions et sa volonté. Le saut ne se réfère pas à un acte irrationnel, mais plutôt à une décision profonde et subjective de faire confiance à quelque chose de transcendant, même sans preuves objectives. C'est une idée centrale dans la réflexion de Kierkegaard sur la foi chrétienne.

Savoir (de Sapere = avoir de la saveur, avoir du sens) : a) Ce que l'on sait : la philosophie est le «savoir complètement unifié» (Spencer). b) Savoir s'emploie comme synonyme de Science. 

Scepticisme (du latin scolastique Scepticismus, de skeptiko = qui examine, skeptomai = examiner. Racine skep = voir). 

a) Doctrine d'après laquelle la certitude de la vérité spéculative est plus ou moins inaccessible à l'esprit humain. - Le scepticisme examine sans conclure : il consiste à soutenir que rien n'est certain, que tout est douteux et laisse l'esprit en suspens. Les Sophistes, qui prétendaient avec Protagoras que l'humain est la mesure de toutes choses, étaient des Sceptiques. Pyrrhon systématisa toutes les objections élevées contre les sens et la raison : pyrrhonisme est synonyme de scepticisme.

Les dix époques ou raisons de suspendre son jugement sont réduites par Agrippa aux cinq suivantes :

1° contradiction des jugements humains; 

2° relativité de nos conceptions; 

3° progrès a l'infini dans la démonstration; 

4° caractère hypothétique de la raison qui ne peut réussir à prouver sa propre légitimité;

5° cercle vicieux inévitable ou diallèle, parce que le démontré s'appuie toujours sur l'indémontrable.

La forme moderne du  Scepticisme est la relativité de la connaissance humaine : les sciences ont fait trop de progrès pour que les contradictions des jugements humains puissent servir d'arguments contre la certitude, mais la métaphysique n'a jamais été plus attaquée sous prétexte que nous connaissons nécessairement avec nos facultés (subjectives) de connaître, et que les choses en soi nous échappent par leur définition même, puisque, dès qu'elles se manifesteraient, elles deviendraient des phénomènes d'elles-mêmes (Relativisme, Criticisme).

 b) Tournure d'esprit qui porte à nier.

Schématisme (de Schème) : d'après Kant, les catégories de l'entendement sont des fonctions unificatrices de l'esprit, qui par elles-mêmes ne sont pas applicables aux données de l'expérience. D'autre part, les données de l'expérience ou impressions empiriques participent à l'étendue et à la durée au moyen des intuitions pitres ou formes a priori de la sensibilité, l'espace et le temps. Pour que les impressions sensibles, ainsi élaborées, apparaissent à la conscience comme phénomène, c'est-à-dire comme objet, il faut que les catégories de l'entendement leur soient appliquées. Le but du Schématisme transcendantal est précisément, de montrer comment s'opère cette application. Voir Schème, 4°. - Le mécanisme de cette application est si arbitraire et si compliqué qu'il est abandonné même par les partisans du Kantisme.

Schéma, Schème, Schématisme (Schema = manière d'être, figure, esquisse ).

1°) Tracé figurant, par les proportions et relations de certaines lignes, les lois de variation de certains ordres de phénomènes en physique, en mécanique, en statistique. 

2°) Figure simplifiée d'un objet réduit aux traits essentiels (ex. :. tracé figurant la disposition d'un organe). 

3°) En philosophie : 

a) C'est la forme sous laquelle on se représente un concept.

b) On entend aussi par schème une sorte d'image vague, peu déterminée (par exemple,  on se représente le cheval, le chien, le lion, etc., sous le schème de quadrupède. C'est alors l'image composite.

4°) Un schème, dans la langue de Kant, est une forme qui rend applicables aux phénomènes les concepts purs de l'entendement. Le schème est fourni par l'imagination et sert d'intermédiaire entre les concepts purs et les intuitions empiriques : on dira, par exemple, que la succession est le schème de la causalité parce que, lors même que la cause et l'effet sont simultanés, nous attribuons à la cause une sorte d'antériorité par rapport à l'effet. De même la permanence serait le schème de la substance.

Kant donne le nom de schématisme de l'entendement pur au procédé par lequel nous nous servons
du schème pour appliquer les concepts aux objets ou plutôt aux intuitions : la pure pensée ne s'applique aux choses que par l'intermédiaire des images individuelles et des images généralisées ou schèmes. Les schèmes transcendantaux correspondent aux catégories : ce sont, par exemple, pour la catégorie de la quantité, l'unité, la pluralité, la totalité.

Scholie, scolie (scholion = explication, commentaire, note, de scholè = loisir consacré à l'étude, école) : remarque sur un théorème pour en compléter ou limiter l'application.

Science (Scientia, de sciens, participe présent de scire = savoir) : a) C'est un synonyme de savoir. - b) Subjectivement : sens péripatéticien et scolastique connaissance des choses par leurs causes; - c) Objectivement : ensemble d'énoncés sur le monde reliés entre eux par une méthode. Savoir, a dit Kepler, c'est mesurer; la quantité seule peut être mesurée exactement; toute science est donc un système de connaissances quantitatives.

On distingue quelquefois les sciences spéculatives et les sciences pratiques, mais toute science est de sa nature spéculative ou théorique, et quand elle devient pratique, c'est qu'elle se transforme en art, en technique.

On a essayé bien des fois de donner une classification des sciences. Celle qui a régné le plus longtemps est celle du Moyen âge. Toutes les sciences étaient réparties dans le quadrivium et le trivium. Mais cette classification n'a aucune importance philosophique. Les plus célèbres, dans les temps modernes, sont celles de Bacon, d'Ampère et de Comte.

Bacon classe les sciences d'après les facultés qui les engendrent. La raison donne les sciences philosophiques et théologiques, l'imagination les sciences poétiques, la mémoire les sciences historiques (histoire proprement dite et histoire naturelle). On voit assez l'insuffisance et l'arbitraire de cette classification mise en honneur par d'Alembert dans la préface de l'Encyclopédie : d'abord toutes nos facultés concourent, bien loin que chacune d'elles agisse isolément, dans tel ou tel ordre de sciences; ensuite ces facultés elles-mêmes sont énumérées arbitrairement; enfin l'esprit est choqué de trouver dans un même groupe l'histoire civile et politique et l'histoire naturelle.

La classification d'Ampère, fondée non plus sur les facultés du sujet, mais sur les différences des objets, est tout autrement complète et rigoureuse. Qu'il suffise d'indiquer les grandes divisions, sciences cosmologiques (de la matière) et noologiques (de l'esprit), subdivisées, les premières, en cosmologiques proprement dites ou de la matière inorganique, et physiologiques ou de la matière organisée, etc. Il poursuit cette division avec une rigueur systématique et obtient cent vingt-huit sciences. C'est un des plus grands efforts de l'esprit philosophique et encyclopédique au XIXe siècle : cependant cette classification compliquée est généralement abandonnée.

Auguste Comte range les sciences : 1° dans l'ordre où elles s'inipliquent théoriquement; 2° dans l'ordre où elles se sont développées historiquement, et cet ordre est le même que le précédent. Il obtient ainsi la série suivante : 1° mathématiques; 2° astrononmie; 3°physique; 4° chimie ; 5° biologie; 6° sociologie. Pour Comte, la psychologie rentre dans la biologie, et la logique, omise également, n'est que la méthodologie de chaque science. Herbert Spencer a critiqué et, sur certains points, amélioré et complété la classification positiviste, mais sans beaucoup modifier ses traits essentiels.

La philosophie actuelle de la science est moins tournée vers des questions de classifications que sur l'examen des fondements, des méthodes, de l'épistémologie et lde l'ontologie des sciences, ainsi que vers des sujets tels que le réalisme scientifique, le réductionnisme, le paradigme et la structure théorique.

Scientisme. - Croyance selon laquelle les résultats des sciences se placent au-dessus de toute critique philosophique. Cet acte de foi-paradoxal, qui au nom de la raison nie la raison, conduit notamment à affirmer que les questions philosophiques (voire les questions relevant des diverses sciences sociales) peuvent se résoudre par le seul chemin des sciences de la nature. C'est alors une forme extrémiste du réductionnisme, autrement dit un dévoiement d'une démarche méthodologique, qui se trouve ainsi érigée en mysticisme, au nom d'un prétendu rationalisme, qui est justement tout le contraire d'un rationalisme bien compris.

Le scientisme a eu son heure de gloire à la fin du XIXe siècle. Renan, Marcelin Berthelot  furent les pontifes de ce qu'on a nommé la « Nouvelle Idole ». A cette époque, "LA science" (expression sublimée des sciences) devait être en mesure, croyait-on, la réponse ultime à toutes les interrogations, elle devait satisfaire tous les besoins intellectuels et moraux de l'humain. 

Les scientifiques sont aujourd'hui dans leur immense majorité beaucoup plus prudents quant à la capacité des sciences à produire des vérités ultimes. Quelques scientistes subsistent encore. On en rencontre surtout parmi les chercheurs en sciences de la nature (de la cosmologie à la biologie, donc). Des sectateurs fanatiques, que l'on remarque d'autant plus aisément qu'ils peuvent mieux que les autres compter sur relais de médias de masse, toujours avides d'idées simplistes, à défaut d'être honnêtes. 

Scolarque. - C'était un titre particulier attribué aux dirigeants des écoles philosophiques dans l'Antiquité grecque. Les écoles philosophiques étaient des centres d'enseignement et de réflexion philosophique, où les étudiants se rassemblaient pour étudier et discuter des idées philosophiques. Le scolarque était le chef ou le directeur de l'école, chargé de l'enseignement et de la gestion de l'école. Parmi les scolarques les plus célèbres, on peut citer Platon, qui était le scolarque de l'Académie de Platon, et Aristote, qui a dirigé son propre établissement appelé le Lycée.

Scolastique (La) (Scholasticus, scolasticus = qui a du loisir, qui consacre son loisir à l'étude, relatif à l'étude, à l'école, de schola, scola = loisir, lieu d'étude, école) : indique la philosophie de l' « École », c'est-à-dire l'ensemble des doctrines professées dans les Écoles et Universités catholiques depuis le Xe siècle.

Scolastique (philosophie) (Philosophia scholastica, puis Scholastica, tout court). - Philosophie du Moyen âge fondée sur la tradition péripatéticienne et sur l'autorité de l'Eglise. Thomas d'Aquin, l'ange de l'école, l'a résumée et systématisée dans sa Somme.

La soumission plus ou moins complète de la philosophie au dogme, de la raison à la foi (la philosophie est la servante de la théologie), l'usage excessif de la déduction et du syllogisme, l'extrême subtilité des analyses, trop souvent verbales, la tendance à réaliser les abstractions et à créer des entités explicatives qui n'expliquent rien : tels ont été les abus de la scolastique, dont le règne ne finit qu'avec Bacon et Descartes.

Mais elle a rendu de grands services à l'esprit humain en maintenant le goût de la philosophie et la passion de la dialectique, en créant un langage technique d'une rigoureuse logique, sur lequel nous vivons encore et qui a contribué largement à donner à la langue française sa clarté et sa précision.

Il faut donc se garder de mépriser « le fatras scolastique », et faire comme Leibniz, qui puisait largement dans cet arsenal de mots et d'idées.

Scotisme. - Ce mot désigne d'une manière générale la philosophie de Duns Scot et d'une manière particulière, qui est la plus fréquente, l'opposition de cette philosophie avec celle de saint Thomas, le thomisme, sur le point particulier de la liberté en Dieu. Duns Scot, pénétré de l'idée que l'âme est une, critiquait et condamnait toute théorie qui considère les facultés comme ayant une existence distincte et séparée de l'âme elle-même. En Dieu il plaçait l'attribut volonté avant l'attribut intelligence : Dieu est une liberté infinie qui n'est point déterminée par les lois des intelligences, mais qui pose ces lois pour elle-même et pour tous les esprits. Sur la primauté de la liberté en Dieu par rapport à l'intelligence, Descartes a repris la tradition du scotisme : Dieu, selon lui, établit librement les vérités nécessaires comme un roi établit des lois en son royaume. Leibniz a au contraire repris la tradition du thomisme : les principes pensés par l'intelligence divine s'imposent à la volonté de Dieu, qui est nécessité moralement à choisir le meilleur.

Ajoutons que les Scotistes ont enseigné, contrairement aux Thomistes, que la matière des corps terrestres et des corps célestes est identique. Ils ont vivement combattu la prémotion ou prédétermination physique. Le principe d'individuation est, selon eux, une entité surajoutée à l'essence des êtres, qu'ils nomment Eccéité.

Enfin, Scot restreint la pluralité des formes aux êtres vivants ; beaucoup de ses disciples l'attribuent à tous les êtres de la nature. Il a imaginé, ou du moins ses disciples, une distinction formelle, qui a beaucoup nui au Scotisme. Cette distinction, en effet, n'étant de l'aveu même des Scotistes, ni réelle, ni de raison, est inconcevable, parce qu'il n'y a pas place punir une distinction intermédiaire. 

Sécant, sécante (mathématiques). - Cette expression a plusieurs sens, qui cependant, malgré leurs différences apparentes, dérivent tous de la même idée. Comme l'indique l'étymologie, une figure sécante veut dire qui coupe, qui rencontre. Par exemple, par rapport à une surface, un plan sécant est un plan qui rencontre cette surface. Une droite est sécante on extérieure à un cercle tracé dans un plan qui contient cette droite,suivant qu'elle le coupe ou non; si elle le touche en un seul point, elleest tangente; de même, des droites parallèles, dans un mêmeplan, mi des plans parallèles dans l'espace, sont coupés par une sécante, si cette dernière droite n'est pas elle-même parallèle aux droites ou aux plans donnés. Toutes ces figures se prêtent à de nombreuses propositions classiques de géométrie sur lesquelles il n'y a pas lieu d'insister ici.

En trigonométrie, dans la définition élémentaire des fonctions circulaires, on appelle sécante d'un arc AM le segment de droite OT qui part du centre du cercle trigonométrique et qui aboutit au point de rencontre du rayon OM prolongé avec la tangente AT à l'origine de l'arc AM.

Secte (Secta, voie qu'on suit, manière d'agir, école, secte, de sequor = secutus sum = suivre) : a) Groupe d'individus professant une même doctrine : ex. : la secte épicurienne. - b) Sens péjoratif : groupe d'individus passionnément attachés à une doctrine et par suite, intransigeants à l'égard des autres.

Section (du latin sectio; de secare = couper). - Action de couper : coupe, endroit où une chose est coupée, tranchée.

En géométrie, onn nomme en général section d'une surface la ligne déterminée sur elle par la rencontre d'une autre surface définie. Les sections planes sont naturellement celles qu'on étudie d'abord. C'est en coupant les surfaces simples par des plans que les géomètres grecs s'élevèrent d'abord à la conception de courbes plus compliquées que le cercle. Les sections coniques, dans lesquelles rentrent les sections cylindriques, furent les premières qui se présentèrent à leurs recherches.

Si le plan sécant rencontre toutes les génératrices d'une nême nappe du cône, la section est une ellipse. Si le plan sécant rencontre les génératrices des deux nappes, la section est une hyperbole. Si le plan sécant est parallèle à une génératrice, la section est une parabole. 

Section antiparallèle du cône oblique : Les Anciens nommaient cône oblique un cône ayant encore pour directrice la circonférence d'un cercle, mais son sommet situé hors de l'axe de ce cercle; c'est pour nous un cône du second degré. Les sections planes d'un cône du second degré sont encore des courbes du second degré. Mais, parmi ces sections, il en est de remarquables, il existe un premier système de sections circulaires : ce sont les sections du cône par des plans parallèles à la directrice. Les sections circulaires du second système sont fournies par des plans perpendiculaires au plan de symétrie ou principal du cône, qi coupent ce plan principal Suivant des droites inclinées sur les génératrices principales comme les traces des sections circulaires du premier système, mais de façon que les angles égaux ne correspondent pas aux mêmes génératrices C'est en raison de cette dis position qu'on a donné le nom d'antiparallèles aux sections du second système.

Secundum quid : expression scolastique signifiant : sous un certain rapport, dans une certaine mesure (ex. : telle affirmation est vraie secundum quid). S'oppose à Simpliciter

Séismologie. - Branche de la géophysique qui étudie les séismes ou tremblements de terre.

Sémantique (Sèmantikos = qui signifie, de sèmainô = marquer d'un signe, expliquer, signifier, de sèma = signe). -  Etude des éléments du langage considérés du point de vue de leurs significations. Ce mot  a été proposé par Michel Bréal. Telle que la définit Bréal, la sémantique ne se réduit pas à l'étude des changements de sens subis par les mots : elle embrasse tous les phénomènes du langage, en tant qu'ils sont des manifestations de l'intelligence humaine. La sémantique n'est donc pas une partie distincte de la grammaire. Phonétique, étymologie, morphologie, syntaxe peuvent être étudiées soit à un point de vue purement formel, soit au point de vue sémantique. Sémantique est donc synonyme de « psychologie du langage ». C'est la sémantique, par exemple, qui rend compte des phénomènes d'analogie, c'est-à-dire des irrégularités phonétignes ou morphologiques dues à l'association des idées. Les changements réguliers dans les formes ou les constructions relèvent également de la sémantique, ainsi que la création des néologismes, etc.

Semblable (de Sembler, de similare = être semblable, rendre semblable, de similis = semblable) : a) En général, ce qui présente avec un autre objet une grande ressemblance : ex. : nous appelons les autres humains nos semblables. - b) En un sens large, semblable équivaut à analogue, c'est-à-dire à ce qui a, avec d'autres, quelque chose d'identique et quelque chose de différent.

Sémiologie. - Discipline qui étudie les systèmes de signes et de symboles qui composent les langages, les représentations culturelles et les pratiques sociales, en cherchant à décrire comment ces signes fonctionnent et comment ils créent du sens.

Sémiotique. - Processus par lequel les signes et les symboles sont utilisés dans divers contextes pour créer du sens et communiquer des idées, des concepts et des significations entre les individus ou à l'intérieur d'une culture donnée. La sémiotique implique trois éléments clés :

• Le signe (ou le symbole), qui est l'unité de base de la sémiotique. Celui-ci est composé d'un signifiant (la forme perçue du signe, comme un mot écrit ou un geste) et d'un signifié (la signification ou le concept associé au signifiant).

• L'interprète qui est l'individu ou le groupe qui reçoit et interprète le signe en fonction de son contexte culturel, social et individuel.

• Le contexte (linguistique, culturel, social, historique, etc.) dans lequel le signe est utilisé et interprété. 

Sens (Sensum, de sensum, supin de sentire = percevoir par les sens, sentir, penser) : ce qu'un mot ou tout autre signe disent à l'esprit. - Sens : a) usuel; b) arbitraire. - Sens composé et sens divisé : une expression est prise, comme disent les Scolastiques, in Sensu composito, quand ses éléments doivent être pris ensemble connue formant un tout solidaire. Elle est prise in Sensu diviso, quand certains de ses éléments doivent être entendus indépendamment des autres.

Sens (géométrie). - : Orientation particulière le long d'une direction. Le sens indique, par exemple, si un objet se déplace vers la gauche ou vers la droite, vers le haut ou vers le bas, ou dans une autre orientation par rapport à la direction donnée.

Sens: a) Faculté d'éprouver une catégorie de sensations. - b) Faculté de Connaître d'une manière immédiate, intuitive : sens intime; sens moral, sens du vrai, du beau. - c) D'où, intelligence spontanée, facile, droite.

Les sens et leurs organes sont les divers moyens par lesquels nous entrons en relation avec le monde extérieur : le toucher (sens intellectuel), la vue, l'ouïe (sens esthétiques), le goût et l'odorat (sens chimiques).

Quelques psychologues ont admis autrefois aussi un sens vital qui nous renseigne sur les modifications de notre propre corps, et un sens musculaire spécialement affecté aux mouvements que nous imprimons aux muscles par l'intermédiaire des nerfs.

Outre les sens externes, les Scolastiques admettaient des sens internes, sans organes extérieurs le sens commun (qui réunit les impressions et nous fait rapporter, par exemple, à un objet unique, la chaleur, la lumière, les crépitements de la flamme); l'imagination (qu'ils distinguaient quelquefois en imagination proprement dite et fantaisie) ; l'estimative (analogue à l'instinct) ; la mémoire (en tant qu'elle a pour objet le sensible, non l'intelligible).

Aujourd'hui on appelle encore quelquefois la conscience psychologique sens intime ou sens interne.

Sens (bon) : a) Capacité naturelle de bien juger et d'apprécier les choses à leur valeur. - b) Synonyme de raison chez Descartes.

Sens commun. - Cette expression, qui traduit deux expressions latines, sensus communis et sensorium commune, ne désigne plus le sensorium (ou lieu cérébral de convergence des impressions sensibles, organe du sens commun), mais les vérités communes ou soi-disant communes à tous les hommes. C'est donc un nom populaire de la raison.

L'école écossaise aimait à invoquer les vérités du sens commun qu'elle appelait encore des préjugés légitimes.

Dans le sens de criterium de la vérité, le sens commun se confond avec le consentement général.

Quelquefois enfin, cette expression s'entend du bon sens, de la rectitude de jugement, et c'est ce qui a fait dire que le sens commun n'est pas si commun qu'on pense.

Sens (données des). - Le réalisme naïf accepte généralement que les données des sens nous donnent une connaissance directe du monde. Les objets que nous percevons existent indépendamment de notre perception. Les empiristes (Locke, Berkeley, Hume) soutiennent que la connaissance provient principalement, voire exclusivement, de l'expérience sensorielle. Selon cette perspective, l'esprit est initialement une table rase ou une page blanche qui est façonnée par les impressions sensorielles que nous recevons du monde extérieur. Certains philosophes, comme Berkeley, ont développé le phénoménalisme, une position selon laquelle tout ce que nous pouvons connaître est lié à nos expériences sensorielles. Selon Berkeley, l'existence des objets dépend de leur perception. Les rationalistes (par exemple, Descartes), en revanche, accordent une plus grande importance à la raison et à l'intellect dans la formation de la connaissance. Pour eux, certaines connaissances sont innées et ne dépendent pas nécessairement de l'expérience sensorielle. Quant aux sceptiques, depuis Pyrrhon d'Élis, ils remettent en question la fiabilité des données des sens et ont souligné les limites de la connaissance humaine. Ils mettent en doute la capacité des sens à fournir une connaissance certaine et remettent en question la validité des croyances basées sur l'expérience. Les avancées en neurosciences et en psychologie cognitive contribuuent aujourd'hui à enrichir cette discussion en apportant des éléments à la compréhension de la manière dont nous percevons et interprétons le monde à travers nos sens.

Sens intime / Sens interne. - Intuition personnelle ou un sentiment intérieur profond, qui peut concerner des convictions, des sentiments ou des impressions, ressentis de manière subjective sans nécessairement pouvoir les expliquer rationnellement. On peut également parler du sens intime d'un concept, d'une expérience ou d'un symbole. Dans ce cas, cela renvoie à la signification personnelle et subjective qu'une personne attribue à quelque chose en fonction de son vécu, de ses émotions et de ses expériences individuelles. Dans certains contextes, sens intime peut également être utilisé pour décrire une compréhension profonde et intuitive d'un sujet ou d'une situation,  au-delà de la simple connaissance rationnelle, et qui implique une compréhension intérieure plus subtile. - Bien que Descartes ait mis l'accent sur la clarté et la distinction des idées, il a également reconnu l'importance de l'intuition intellectuelle comme un moyen direct d'accéder à la vérité. Cette intuition peut bien être considérée comme un sens intime dans le sens où elle implique une compréhension immédiate et interne qui va au-delà de la simple analyse rationnelle. Maine de Biran, de son côté, a élaboré une philosophie de la vie intérieure et de l'effort volontaire. Il a accordé une attention particulière à la conscience de soi et à l'expérience interne. Dans son Å“uvre, on peut percevoir l'idée d'un sens intime à travers son analyse de la vie intérieure, des sensations, des émotions et de la volonté. Son concept de sentiment intime de l'existence exprime l'idée qu'il y a une connaissance profonde de soi qui émerge de notre expérience intérieure directe.

Sens moral. - Capacité innée ou acquise d'une personne à discerner entre le bien et le mal, le juste et l'injuste,, et/ou à ressentir et à agir en accord avec des principes éthiques. C'est une dimension de la conscience morale qui guide le comportement moral d'un individu. Le sens moral est lié à la conscience morale, qui est la voix intérieure qui nous guide dans nos décisions morales. C'est la prise de conscience personnelle des implications éthiques de nos actions. Le sens moral n'est pas statique. Il se développe et évolue au fil du temps, souvent influencé par des expériences, des enseignements, et des réflexions. Le psychologue Lawrence Kohlberg, par exemple, a proposé une théorie du développement moral en plusieurs étapes.

Sens propre : a) Sens propre des mots : ce qu'ils signifient à proprement parler. S'oppose à sens figuré : ce qu'ils signifient par métaphore. - b) Attache excessive à sa façon particulière de voir et de juger.

Sensation (de Sensus = action de s'apercevoir, sensation) :  phénomène psychique, agréable ou pénible, qui a pour antécédent une stimulation nerveuse transmise au cerveau. .La sensation, ou acte de sentir, diffère à la fois de l'impression qui la précède et de la perception qui la suit.

Les psychologues admettent des sensations agréables, désagréables et indifférentes. Ils réservent le nom de sentiment aux états affectifs non localisés, et qui ont pour antécédent une idée plutôt qu'une impression des corps extérieurs.

La sensation a un double caractère : elle est affective en tant que pénible ou agréable, et elle est représentative en tant qu'elle détermine la perception et nous renseigne sur l'objet qui la produit. On dit quelquefois que le caractère affectif et le caractère représentatif des sensations sont en raison inverse l'un de l'autre. 

L'expression sensations spécifiques indique la différence d'espèce des sensations visuelles, auditives, tactiles, odorantes, gustatives.

La localisation des sensations consiste à leur assigner un siège dans les parties superficielles ou profondes de notre corps.

Sensation transformée. - On appelle système de la sensation transformée la théorie de Condillac qui explique toutes nos idées par la sensation : comme représentative, elle se transforme en attention, comparaison, jugement; comme affective, elle se transforme en désir et volonté. La volonté n'est elle-même que le désir qui l'emporte sur les autres, comme l'attention n'est que la sensation dominante : la sensation explique donc tout l'humain intellectuel et moral selon Condillac et les idéologues (Sensualisrne).

A ce système ingénieux manque l'idée d'activité ou l'idée d'effort que Maine de Biran devait restaurer en philosophie : si tout est sensation ou sensation transformée, qu'est-ce qui transforme la sensation, sinon un principe d'activité, une énergie que l'on retrouve dans l'exercice de tous nos sens, puisque la langue même nous force à distinguer, voir et regarder, entendre et écouter, toucher et palper, goûter et savourer, odorer et flairer?

Sensibilité (Sensibilitas, de sentire = apercevoir par les sens, sentir) : 

a) Faculté d'éprouver et de produire des phénomènes ayant un caractère affectif,  d'éprouver le plaisir et la douleur, les sensations et les sentiments. Elle comprend aussi les inclinations et les passions.

On la divise quelquefois en sensibilité physique (sensation) et sensibilité morale (sentiments).

Y a-t-il des faits sensibles indifférents, c'est-à-dire ni agréables ni douloureux, c'est une question débattue en psychologie. Biran admettait l'existence d'états affectifs inconscients, non sentis. 

 b) Ensemble des phénomènes affectifs.

c) Tendance à s'émouvoir facilement, à éprouver de la sympathie pour les autres. 

d) Subtilité, délicatesse des sens.

Sensible (Sensibilis, de sentire = apercevoir par les sens, sentir) : ce qui se rapporte à la sensibilité, soit au sens actif, soit au sens passif.

Sensorium ou Sensorium commune  (en grec aisthétérion). - Cette dénomination paraît avoir sa première origine dans la philosophie d'Aristote, d'où elle est passée dans la scolastique et la philosophie moderne. Aristote, eneffet, distingue,d'une part, les sens propres ou particuliers, tels que la vue, l'ouïe, etc., qui ne nous font connaître chacun qu'une propriété spéciale des objets extérieurs, et un sens commun, qui centralise et réunit les données des précédents de manière à nous faire connaître les objets extérieurs dans la réalité concrète, c.-à-d. avec, l'ensemble de leurs propriétés

Les sens propres ont des organes externes, oeil, oreille, etc. ; l'organe du sens commun devait être nécessairement interne : c'étaitla région du cerveau où viennent aboutir et se rencontrer les prolongements des organes externes affectés aux différents sens particuliers. Cet organe supposé était proprement le sensorium commune, centre cérébral où les sensations sont rapprochées, combinées entre elles, fusionnées avec des images, des souvenirs, etc., en un mot, transformées en perceptions.  C'était, en général, cet organe que l'on considérait comme le siège de l'âme elle-même; de sorte que, sur l'un ou sur l'autre sujet, les hypothèses philosophiques ont subi à peu près les mêmes variations. 

Après qu'on ait abandonné l'idée d''un "organe du sens commun" le mot de sensorium a continué d'être employé par les physiologisqtes du XIXe siècle pour désigner, en dehors de toute hypothèse, la partie du cerveau, quelle qu'elle soit d'ailleurs, où se font la comparaison consciente des sensations et l'élaboration de la pensée.

Sensualisme( (de Sensualis, relatif aux sens, de sensus, action de percevoir par les sens, de sentine = sentir). -  Mot très défectueux par lequel on désigne toute doctrine qui fait dériver toute la connaissance de la sensation. Il est de tradition, dans l'école éclectique, de désigner ainsi, en particulier, le système de la sensation transformée de Condillac et de ses disciples. Il a le grand inconvénient d'insinuer une idée défavorable et de présenter une nuance très fausse par sa parenté avec sensuel, sensualité. (On a proposé de dire plutôt sensationisme, puisque, d'après ce système, toutes nos idées viennent de la sensation, rien n'est dans l'esprit qui n'ait été auparavant dans les sens. Mais le rapprochement de ce mot avec celui de sensationnalisme ne rend pas ce choix plus heureux). Sensisme s'emploie quelquefois comme synonyme de Sensualisme. 

Comme affective, la sensation produit, selon Condillac, le désir de la volonté, toutes nos facultés actives; comme représentative, elle engendre l'attention (sensation la plus forte), la comparaison (double attention) et le jugement; bref, toutes nos opérations intellectuelles. La difficulté du système consiste a passer de la sensation, état passif, à l'attention, état astif, et du désir qui est fatal â la volonté qui est libre ( Sensation transformée).

Sentiment (de Sentir). - a) Phénomène psychique, agréable ou pénible, qui a pour antécédent un autre phénomène psychique. Le sentiment diffère de la sensation en ce qu'il a pour antécédent une idée (claire ou confuse) et qu'il ne se localise pas dans telle ou telle région du corps. La joie et la tristesse sont des sentiments, la faim et la soif sont des sensations.

b) Dans la langue du XVIIe siècle, sentiment signifie acte de sentir en général et la distinction précédente n'est pas usitée : Malebranche dit que nous connaissons l'âme par sentiment.

c) Ensemble d'émotions ayant pour causes des inclinations sociales ou altruistes. 

d) Connaissance immédiate, ordinairement vague. 

e) Opinion, avis  ('ex. : tel est mon sentiment).

Sept Sages . - Groupe de sages et de philosophes de l'Antiquité grecque, réputés pour leur sagesse et leurs maximes éthiques. La liste exacte des membres peut varier selon les sources, mais voici une liste courante des Sept Sages :  Thalès de Milet (624-546 av. JC),  Pittacos de Mytilène (640-568 av. JC), Bias de Priène (vers 570-500 av. JC), Solon d'Athènes (vers 640-558 av. JC), Cleobulus de Lindos (vers 600 av. JC),  Chilon de Sparte (vers 600 av. JC), Periandre de Corinthe (env. 668-585 av. JC), Ces Sages ont laissé un héritage important dans l'histoire de la philosophie, mais les informations sur eux sont souvent entourées de légendes et de traditions orales, ce qui rend parfois difficile la séparation des faits historiques de la mythologie.

Séquence (Sequentia = suite, de sequens, sequentis, participe présent de sequire = suivre) : les philosophes anglais emploient ce mot dans le sens de succession (ex. : loi de séquence des phénomènes).

Série (Series = rangée, suite, enchaînement, de serere = lier, enchaîner). 

a) Suite ordonnée de termes variant d'après un ou plusieurs caractères déterminants.

b) En mathématiques, on appelle série, dans un sens qui découle du précédent, une suite de termes en nombre infini, qui se succèdent et se, forment d'après une loi donnée, en sorte que le terme de rang n puisse s'écrire dès que l'on tonnait le nombre n. Les séries comprennent deux catégories bien distinctes : 

1° les séries convergentes dont la somme des n premiers termes tend vers une limite finie quand le nombre n croit indéfiniment;

2° les séries divergentes dans lesquelles la somme des n premiers termes ne tend vers aucune limite quand n croît indéfiniment ou tend vers plusieurs limites, suivant la manière dont n croît.

Les progressions géométriques dont la raison a un module inférieur à l'unité sont les séries convergentes les plus simples. Les progressions arithmétiques sont des séries divergentes; les progressions géométriques dont la raison a un module supérieur à un sont également divergentes.

c) Auguste Comte emploie ce mot pour signifier les différentes classes de faits sociaux : moraux, religieux, économiques, etc. 

Sexisme. - Forme de discrimination ou de préjugé basée sur le genre, qui se manifeste par des attitudes, des croyances, des comportements ou des pratiques qui favorisent  un genre (généralement masculin) par rapport à l'autre (généralement féminin) ou simplement  essentialisent les individus d'un genres ou d'une autre. Le sexisme peut prendre de nombreuses formes et peut être explicite ou implicite. Il existe un sexisme prétendument bienveillant (il se manifeste par exemple dans la galanterie), un sexisme hostile (pouvant conduire à des insultes ou des agressions sexuelles, etc.), un sexisme systémique, c'est-à-dire intégré dans les structures et les institutions de la société, créant ainsi des inégalités de genre systémiques (disparités salariales entre les hommes et les femmes,  sous-représentation des femmes dans certaines professions, etc.), ou encore un microsexisme, qui consiste en comportements ou commentaires subtils qui contribuent à la discrimination de genreet qui peuvent avoir un impact cumulatif sur les individus.

Sheffer (barre de). - La barre de Sheffer, ou barre NAND, est un connecteur logique qui représente l'opération logique, noté ↑ ou |. C'est l'opérateur NON-ET (NAND = NOT AND), qui produit une sortie vraie sauf lorsque toutes les entrées sont vraies : 

A↑B = ¬(AɅB)

La barre de Sheffer peut être utilisée pour construire toutes les opérations logique. Elle est dite universelle. 

Sigillographie (du latin sigillum = sceau, et du grec graphein = décrire). -  Branche de l'archéologie et de la diplomatique, qui a pour objet l'étude des sceaux.

Signe (Signum = signe, marque). -  Un signe est un phénomène dont la présence éveille ou suggère la pensée d'un autre phénomène. Les signes physiognomiques révèlent nos émotions et même nos pensées.

Dans la théorie du langage, on a coutume de distinguer les signes naturels et les signes artificiels ou de convention : un cri est le signe naturel de la douleur; un mot est le signe artificiel d'une idée.

Saussure a développé le concept de signe linguistique, composé d'un signifiant (la forme acoustique ou visuelle) et d'un signifié (le concept ou l'idée associée). 

Il est assez généralement reconnu que nous ne pouvons penser sans signes, non plus que sans images : toutefois il faut remarquer que logiquement, sinon chronologiquement, l'idée précède le signe et peut seule lui donner un sens en tant que signe.

Signe (mathématiques). - Bien que le terme général de signes puisse s'appliquer aux divers symboles de l'analyse, on l'emploie en mathématiques plus particulièrement en l'appliquant aux deux signes +, -, qui symbolisent l'addition et la soustraction. C'est la généralisation de l'usage du signe - qui a conduit à la théorie des quantités négatives. Les applications de cette théorie sont innombrables dans toutes les mathématiques, et nous n'en pouvons même ici donner des exemples. 

Il nous paraît plus utile d'insister sur l'extension de ces notions à la géométrie. Dès que l'on considère des segments portés sur une même droite on sur des droites parallèles, il est indispensable, si l'on veut arriver à une conception un peu précise et complète des faits géométriques, d'affecter chaque segment d'un signe qui exprime son sens, le sens positif étant d'ailleurs arbitraire et fixé par convention. Les angles ne peuvent non plus entrer dans le calcul sans être affectés d'un signe. De même, par voie de conséquence, les aires des figures planes doivent, elles aussi, être affectées d'un signe, qui correspond au sens de circulation, suivant lequel le périmètre est supposé parcouru. II est enfin possible de donner éga-lement un signe au volume d'un tétraèdre.

C'est grâce à l'introduction des signes qu'on a sur une droite, entre trois segments AB, BC, CA, la relation AB + BC + CA = 0 qui existe toujours, quelles que soient les positions des points A, B. C sur la droite. Il y a lieu de remarquer aussi la relation : (OAB) + (OBC) + (OCA) = (ABC) entre les aires des quatre triangles OAB,... sur un même plan, relation qui est toujours vraie, si l'on tient compte des signes, pour quatre points arbitraires du plan. (C.-A. Laisant).

Signification (Significatio, de signi-ficare = faire signe, signifier) : a) Ce qu'un signe représente. - b) Propriété qu'a un signe de suggérer l'idée d'un autre fait. 

Signifiant, Signifié. - Ces termes ont été développés par Ferdinand de Saussure dans son Cours de linguistique générale. - Le signifiant est la partie matérielle ou sensorielle du signe linguistique, c'est-à-dire le son, l'image, le mot écrit, etc., qui représente quelque chose. Par exemple, dans le mot "arbre", le signifiant est le son que nous entendons ou la séquence de lettres que nous voyons. - Le signifié est la partie conceptuelle ou mentale du signe linguistique, c'est-à-dire l'idée, le concept ou la représentation mentale associée au signifiant. Dans le cas du mot "arbre", le signifié est l'idée ou la représentation mentale de ce type d'organisme végétal. - Le signifiant et le signifié sont étroitement liés dans la constitution d'un signe linguistique. La relation entre le signifiant et le signifié est arbitraire : il n'y a pas de lien intrinsèque entre le son ou l'image (signifiant) et la chose ou l'idée (signifié) qu'ils représentent. 

Similarité. - Qualité ou état d'être similaire, c'est-à-dire le fait de partager des caractéristiques communes ou d'avoir une ressemblance. En mathématiques, la  notion de similarité est utilisée pour décrire la relation entre des figures géométriques qui ont la même forme mais pas nécessairement la même taille. La similarité est une relation qui implique une homothétie (une dilatation ou une contraction), suivie ou non d'une translation ou d'une rotation. Les figures qui peuvent être superposées par des transformations similaires sont considérées comme similaires. Si deux figures géométriques sont similaires, leurs angles correspondants sont égaux, et les longueurs de leurs côtés sont proportionnelles. 

On utilise le symbole "~" pour indiquer la similarité entre deux figures. Par exemple, si les triangles ABC et DEF sont similaires, on écrirait : △ABC∼△DEF.
Simple. - En métaphysique, le concept de simplicité est souvent associé à l'idée d'entités ou de principes fondamentaux qui ne sont pas composés ou divisés. Par exemple, dans la philosophie platonicienne, les Formes pures et immuables sont considérées comme simples par opposition aux objets du monde sensible qui sont complexes et sujets au changement. Dans le contexte de l'épistémologie, la simplicité peut être liée à la préférence pour des explications simples ou des théories simples lorsqu'on évalue différentes hypothèses. Le principe de simplicité est souvent formulé comme le rasoir d'Occam, qui recommande de ne pas multiplier les entités sans nécessité. Dans la tradition analytique, la simplicité est souvent valorisée dans la formulation des théories et des concepts. La clarté et la précision sont considérées comme des vertus dans l'expression des idées philosophiques.

Simulacre. - Représentation ou copie qui ne correspond pas à une réalité authentique mais qui est acceptée et considérée comme réelle dans la société contemporaine. Ce concept est souvent associée à la postmodernité.

Sinéquisme. - Concept développé par Alexandre Marc au début du XXe siècle, et qui fonde une philosophie politique cerchant à créer une société harmonieuse et équilibrée en réconciliant les forces opposées de la société. Le sinéquisme repose sur trois principes fondamentaux : l'unité, la diversité et la liberté. L'unité est considérée comme un principe supérieur qui permet de concilier les différences et de créer une société harmonieuse. La diversité est considérée comme une richesse, qui permet de valoriser les différentes cultures, langues et traditions. La liberté est considérée comme un droit fondamental, qui doit être protégé et préservé. Selon le sinéquisme, la société doit être organisée autour de trois piliers : la famille, la corporation et la cité. La famille est considérée comme la cellule de base de la société, tandis que la corporation est une communauté de travailleurs ou d'artisans qui partagent des intérêts communs. La cité est considérée comme la communauté politique de base, qui permet aux citoyens de participer à la vie publique et de prendre des décisions collectives.

Singularité technologique = la Singularité. - Concept issu du transhumanisme et de la réflexion sur le futur de la technologie et de l'intelligence artificielle. La Singularité est un point hypothétique dans le futur au-delà duquel le progrès technologique serait devenu si rapide et exponentiel que les changements qui en auraient résulté seraient difficiles, voire impossibles, à prédire ou à comprendre pour les humains. Des changements radicaux dans la société, dans la manière dont nous vivons et interagissons, et même dans notre compréhension de l'existence pourraient survenir. 

La singularité technologique est un sujet de débat et de spéculations au sein de la communauté scientifique et de la technologie. Certains considèrent cette notion comme hautement probable, tandis que d'autres la voient comme improbable ou incertaine. On pense souvent que la singularité sera déclenchée par le développement d'une intelligence artificielle superintelligente capable de s'auto-améliorer et de dépasser les capacités humaines dans presque tous les domaines. Certains prévoient que cette intelligence artificielle superintelligente pourrait contribuer à résoudre des problèmes majeurs comme les maladies, la pauvreté et le changement climatique, mais elle pourrait aussi poser des défis existentiels pour l'humanité. 

L'idée de la singularité technologique a été popularisée par le futurologue et ingénieur Ray Kurzweil, qui soutient que cette singularité se produira d'ici quelques décennies. D'autres personnalités du domaine de l'intelligence artificielle et du transhumanisme, comme Vernor Vinge et Eliezer Yudkowsky, ont également contribué à développer et discuter de ce concept.  Ils ont aussi soulevé des questions éthiques et de sécurité importantes concernant l'impact potentiellement considérable de ces avancées technologiques sur l'humanité.

• Vernor Vinge est un écrivain de science-fiction et un mathématicien connu notamment pour avoir popularisé le concept de la singularité technologique dans un article de 1993 intitulé The Coming Technological Singularity: How to Survive in the Post-Human Era. Il a soutenu que la technologie progressera à un tel rythme qu'elle atteindra un point où les changements deviendront inimaginables et imprévisibles pour les humains. Il a influencé de nombreux penseurs transhumanistes et futurologues par ses idées novatrices.
• Eliezer Yudkowsky est un chercheur en intelligence artificielle, écrivain et le cofondateur et chercheur principal de l'Institut de recherche en intelligence artificielle (Machine Intelligence Research Institute - MIRI). Il est un défenseur actif de la sécurité liée à l'intelligence artificielle et a contribué de manière significative à la réflexion sur la Singularité et les risques existentiels.
Singulier. - Terme  qui signifie quelque chose qui est unique, inhabituel ou exceptionnel, individuel ou  particulier, par opposition à quelque chose de général ou d'universel. -  En philosophie, le singulier est souvent associé à l'individu unique, distinct des généralités ou des universaux. La philosophie existentialiste, par exemple, accorde une attention particulière à l'expérience individuelle et à la singularité de chaque être humain. Dans la phénoménologie, le singulier renvoit à la notion de conscience individuelle et à la manière dont chaque sujet expérimente le monde d'une manière unique. - En linguistique, terme utilisé pour décrire une forme grammaticale qui indique une seule entité ou un seul élément, par opposition au pluriel qui est associé à plusieurs éléments. - En mathématiques, le mot singulier est utilisé de manière spécifique. Ainsi, une matrice est dite singulière si elle n'est pas inversible, c'est-à-dire si son déterminant est égal à zéro. (Une matrice singulière n'a pas de matrice inverse). Les points singuliers d'une fonction ou d'une équation sont des points où la fonction n'est pas différentiable ou où elle présente des caractéristiques particulières.

Sinus (trigonométrie). - Si, dans un cercle de rayon un, appelé cercle trigonométrique, on considère un angle AOM, correspondant à l'arc AM, et si l'on abaisse la perpendiculaire MP sur OA, le segment PM est dit le sinus de l'angle, ou de l'arc. L'angle et l'arc sont évidemment mesurés par le même nombre, et le sinus est lui-même mesuré par un nombre, positif ou négatif, compris entre les limites - 1 et +1. 

Dans la même figure, on appelait jadis sinus-verse le segment PA ; cette appellation a été depuis totalement abandonnée.
Situation. - Dans un sens général, une situation peut faire référence à la position ou au lieu particulier où quelque chose se trouve. Par exemple, la situation géographique d'une ville ou la situation d'un objet dans un espace. Le mot peut aussi être utilisé pour décrire le contexte ou l'ensemble de circonstances entourant un événement ou une action particulière. Par exemple, on pourrait parler de la situation économique d'un pays ou de la situation politique d'une région. Il peut également servir à décrire un problème ou un défi particulier auquel une personne ou une organisation est confrontée. Par exemple, on pourrait parler de la situation d'une entreprise en difficulté. En philosophie ou en psychologie, le mot "situation" peut être utilisé pour décrire le contexte ou les conditions dans lesquels une action ou un événement se produit, souvent lié à la théorie de la situation dans l'éthique ou à la psychologie de la situation.

Situationnisme. - Courant intellectuel et artistique actif dans les années 1950 et 1960, principalement associé au mouvement de l'Internationale situationniste. Les situationnistes étaient un groupe d'intellectuels, d'artistes et de théoriciens sociaux qui critiquaient la société de consommation, la bureaucratisation, et promouvaient des idées radicales en faveur de la création d'une société plus libre et participative. Guy Debord, l'un des principaux théoriciens situationnistes, a développé la notion de société du spectacle dans son livre éponyme. Selon Debord, la société moderne était devenue une société où les relations sociales étaient médiatisées par des images et des représentations, entraînant une aliénation et une dépossession de l'expérience directe. Les situationnistes ont élaboré une critique radicale de la vie quotidienne, soulignant l'aliénation, la banalisation et l'ennui dans la vie moderne. Ils ont cherché des moyens de transcender ces aspects négatifs en encourageant une participation créative et spontanée à la vie. Par exemple en promouveant le concept de dérive. La dérive est une déambulation sans but à travers les environnements urbains, guidée par l'inconscient et les impulsions du moment. L'idée est de rompre avec les schémas habituels de déplacement dans la ville pour découvrir de nouveaux territoires et expérimenter une approche différente de l'espace urbain. Les situationnistes ont produit des oeuvres artistiques, des écrits théoriques, et ont également participé à des actions politiques.  Ils ont organisé des événements provocateurs et ont cherché à perturber les normes établies. Les idées situationnistes ont également trouvé des échos dans des mouvements tels que les manifestations de Mai 1968 en France et ont continué à inspirer des penseurs critiques et des artistes contemporains.

Situation (éthique de la). - Approche qui met l'accent sur le contexte spécifique dans lequel se trouve une personne au moment de prendre une décision morale. Elle s'oppose souvent à des théories éthiques plus générales ou abstraites. L'éthique de la situation soutient que les décisions morales doivent être évaluées en tenant compte du contexte particulier dans lequel elles sont prises. Les facteurs contextuels (relations sociales, conséquences spécifiques et  circonstances), sont considérés comme cruciaux pour déterminer la moralité d'une action. Contrairement à certaines théories universalistes qui cherchent à établir des règles morales générales applicables en tout temps et en tout lieu, l'éthique de la situation met en avant que les situations morales sont souvent trop complexes pour être réduites à des principes universels rigides. Les relations interpersonnelles et les dynamiques sociales sont considérées comme cruciales pour comprendre la nature morale d'une action. Dans une éthique de la situation, la prise de décision morale est envisagée comme un processus qui nécessite une compréhension approfondie du contexte spécifique. Les valeurs morales peuvent être négociées et ajustées en fonction des circonstances. Jean-Paul Sartre, Emmanuel Levinas et certaines approches de l'éthique féministe peuvent se revendiquer de l'éthique de la situation. 

Skolem-Löwenheim (théorème de). - Ce théorème, démontré indépendamment par Thoralf Skolem et Leopold Löwenheim au début du XXe s., énonce que toute théorie du premier ordre qui a un modèle infini a aussi un modèle dénombrable  (un modèle dont le domaine est un ensemble dénombrable, c'est-à-dire un ensemble dont les éléments peuvent être mis en correspondance avec les nombres naturels).  Le théorème de Skolem-Löwenheim s'inscrit dans le contexte de la question de l'indépendance des axiomes liés à l'infini dans les systèmes logiques. Il met en évidence que, d'un point de vue strictement logique du premier ordre, l'infini n'est pas catégoriquement distinct du dénombrable.

Social (Socialis = fait pour vivre en société, de sociare = rendre commun) : 

a) Social s'oppose à Individuel et signifie tout phénomène de relation entre les individus formant un groupe, une société. 

b) Social, pris strictement, s'oppose à politique. Est politique tout ce qui se rapporte à la souveraineté. Est social tout ce qui a trait à la constitution de la société, tout ce qui est relatif aux intérêts collectifs des individus considérés dans leurs rapports mutuels, spécialement les rapports des classes de la société, en tant qu'elles ont des intérêts distincts ou opposés.

Socialisme (de Social) : Nom commun des théories qui subordonnent à des degrés divers l'individu à l'État et la propriété individuelle à la propriété collective.

1°) Ce mot a été employé par Pierre Leroux, par opposition à Individualisme. Il entend par là :

« l'exagération de l'idée d'association ou de société » (De l'Individualisme et du Socialisme, 1847). 
Il se donne comme l'inventeur de ce mot. Quoique ce mot ait été employé avant lui, il peut se faire qu'il n'en ait pas eu connaissance. 

2°) En général, le Socialisme est la doctrine qui réclame « certains modes d'ingérence de l'État dans les relations entre producteurs ou entre producteurs et consommateurs ». 

Il prend les noms de communisme, collectivisme, socialisme d'État, coopératisme, etc., selon ses tendances. Le Saint-simonisme est une forme du socialisme ou du communisme.

Platon, qui admettait la communauté des biens, des femmes, des enfants, était communiste.

On voit que les formes du socialisme sont trop multiples pour qu'on puisse donner de cette doctrine une définition rigoureuse.

L'anéantissement complet de l'individu au profit du corps social est énergiquement exprimé dans cette formule hégélienne : l'État est la substance des individus.

Socialiste (système). - Mode de gouvernement dans lequel la production et la distribution de biens sont planifiés et contrôlés par un gouvernement central qui, théoriquement, vise à une plus juste et plus équitable distribution des biens et du travail. En pratique, ce système (qu'on ne doit pas confondre avec la doctrine socialiste), qui a été, celui de l'URSS et de ses satellites, ainsi que celui de la Chine populaire, a glissé chaque fois vers une forme de totalitarisme : la plupart des gouvernements socialistes se sont mués en régimes autoritaires, où le pouvoir était concentré dans les mains d'une petite élite (parti unique).

Société (Societas = réunion, de socius = compagnon) : sens général : union de personnes tendant à une même fin par des moyens communs.

Socinianisme. - Forme de pensée théologique et religieuse qui trouve ses origines au XVIe siècle, principalement associée aux idées des frères italiens Fausto Sozzini (ou Faustus Socinus) et Laelius Sozzini. Le socinianisme est souvent considéré comme un mouvement hétérodoxe à l'intérieur du protestantisme. Ce courant a trouvé un certain écho en Pologne, où il a été plus largement accepté et a influencé certains cercles intellectuels unitariens. La ville de Raków est devenue un centre important du socinianisme au XVIIe siècle. Les sociniens attachaênt de l'importance à la raison humaine dans l'interprétation et rejetaient l'autorité des dogmes théologiques non explicitement soutenus par les textes bibliques. 

Sociologie. - (socius = membre d'une société; logos = science). Mot hybride (formé de la juxtaposition  d'un mot latin et d'un mot grec) qui désigne la science qui étudie les sociétés humaines.

Ce mot, forgé par Auguste Comte, a d'abord servi à désigner la science sociale telle que la conçoit la philosophie positive. Pour le Positivisme de Comte, la sociologie est la dernière et la plus complexe de toutes les sciences : telle que Comte la conçoit, elle comprend l'histoire, l'économie politique, la politique. C'est une théorie de la statique sociale (ordre) et de la dynamique sociale progrès).

Sociologisme (de Sociologie) : doctrine de l'École sociologique qui prétend expliquer les principaux faits religieux et résoudre les problèmes philosophiques par l'influx social.

Sociologique (Morale) : système pour lequel la vraie morale est celle qui est réclamée par l'état social du temps (Durkheim, Lévy-Brühl).

Sociotype. - Terme qui peut s'entendre comme une référence à la construction sociale de l'identité, des rôles, des comportements et des caractéristiques attribuées à un individu en fonction de son environnement social et culturel. Le sociotype prend en considération l'influence de la société, des normes, des valeurs, des croyances et des expériences sociales sur la perception de soi et le comportement d'un individu.

Socratique (Philosophie). - La révolution socratique, comme toute révolution philosophique, porte surtout sur la méthode : Socrate ramena la pensée, des spéculations cosmogoniques où elle se perdait, à l'étude de l'humain, « du ciel sur la terre ». La méthode socratique comprenait deux procédés essentiels, l'ironie, pour réfuter les Sophistes, et la maïeutique, pour la découverte du vrai. Socrate recommandait et pratiquait l'induction comme moyen de passer des cas particuliers aux concepts généraux, et la définition comme moyen de fixer avec précision le sens des mots et la compréhension des idées générales. 

A l'école socratique, dont le plus célèbre représentant fut Platon, il faut joindre les demi-socratiques : Aristippe, qui professa la morale du plaisir; Antisthène, le chef de l'école cynique, et Euclide de Mégare, chef de l'école éristique.

Solidarisme (de Solidaire) : doctrine qui donne la solidarité comme le principe de la morale, de la politique et de la science économique.

Solide (Solidus = tout d'une pièce, solide, de l'archaïque sollus = tout entier). - En géométrie, c'est un objet tri-dimensionnel délimité par des surfaces.

Solide de révolution. - On appelle solides de révolution les solides qui sont engendrés par une figure plane tournant autour d'un axe. Cet axe doit être dans le même plan que la surface tournante, et ne doit pas la couper. Les lignes de la surface tournante engendrent des surfaces de révolution. Ces lignes mobiles sont des génératrices; chacun de leurs points décrit une circonférence appelée parallèle; les plans menés par l'axe coupent la surface de révolution suivant des lignes que l'on nomme méridiens. Tous les méridiens d'une même figure sont égaux, et chacun d'eux peut être regardé comme la génératrice de la surface de révolution. Le méridien, principal est le méridien parallèle au plan sur lequel on représente le corps considéré. Les solides de révolution les plus importants sont : le cylindre, le cône et la sphère.

Solipsisme (de Solus = seul; ipse = moi-même) : a) Subjectivisme théorique, d'après lequel on ne peut rigoureusement démontrer l'existence du monde extérieur et des autres hommes. - b) Kant emploie ce mot dans le sens d'égoïsme.

Solution (Solutio = action de délier, relâchement, de solutum, supin de solvere = disjoindre). - La solution d'un problème est la réponse à la question posée dans l'énoncéde ce problème. Lorsque l'on résout un problème parl'algèbre, on trouve souvent des solutions qui ne répondent pas à la question posée dans l'énoncé, et il ne faut pas s'en étonner, car il y a toujours dans la mise en équation d'un problème quelque chose de sous-entendu. Quand on dit soit x, une inconnue, elle satisfait à telle condition, il n'en résulte pas que tout a qui satisfera à cette condition sera un x. S'agit-il, par exemple, de trouver sur un cercle  les points d'où l'on peut mener des tangentes égales à deux cercles donnés A, B, ces points se trouveront à l'intersection du cercle e avec l'axe radical des cercles A, B. Or, le calcul fournit des points qui, quoique souvent réels et au nombre de deux, peuvent ne pas convenir à la question s'ils se trouvent sur la partie de l'axe radical intérieure à A et B. Si, par exemple, on a pris -pour inconnue x le distance du point cherché au centre du cercle c, on a sous-entendu que six satisfait à la question, il satisfera aussi à l'équa-tion du problème, mais la réciproque n'est pas vraie. Il faudra donc toujours dans toute question résolue par l'algèbre s'assurer à posteriori que les solutions conviennent à la question. (H. Laurent).

Somme. - On donne le nom de somme, ou total, en arithmétique, au résultat d'une addition. Cette dénomination s'étend à toutes les généralisations de l'addition. C'est ainsi par exemple qu'on parle souvent de sommes géométriques (sommes de vecteurs) on de sommes de quantités complexes quelconques.

Sommet. - Ce mot s'emploie dans plusieurs sens. Lorsqu'il s'agit d'un polygone, c'est le point d'intersection de deux côtés consécutifs. Dans un angle polyèdre, c'est le pointcommun aux faces qui le composent : dans un polyèdre, les sommetsdu polyèdre sont les points communs à trois ou à unplus grand nombre de faces, c.-à-d. ceux des angles polyèdresque le solide présente, Le sommet d'un cône est le point commun à toutes ses génératrices. On appelle plus spécialement sommet d'une pyramide celui qui est opposé à la base. Dans la théorie des courbes planes, on appelle sommet un point de L courbe par lequel la courbure passe par un maximun ou un minimum. Lorsqu'il s'agit des coniques, il s'ensui que pour un sommet la normale à la courbe est un diamètre, et qu'on a cette nouvelle définition : les sommet sont les points où les axes de symétrie rencontrent la courbe La recherche des sommets se ramène donc à celle des axes On considère aussi, avec la même définition, les sommet d'une quadrique, qui se trouvent être en même temps ceux des sections principales de la surface. (C.-A. Laisant).

Sophisme (Sophisma = adresse, invention ingénieuse, sophisme, de sophizô = rendre habile, de habile. Racine soph = avoir de la saveur, du sens. sapere, sapiens) :

a) Argument non concluant, mais valide en apparence, qui a pour but d'induire en erreur. 

b) Argument composé de prémisses vraies ou jugées telles, qui vise à créer un embarras logique en aboutissant à une conclusion manifestement inadmissible.

Quelques-uns veulent que le sophisme soit faux quant à la matière, et le paralogisme quant à la forme; mais, dans l'acception générale, le sophisme ne diffère du paralogisme que par l'intention de tromper.

On distingue des sophismes de grammaire (ambiguïté des mots), et des sophismes de logique (cercle vicieux, pétition de principe, etc.); parmi ceux-ci on distingue encore des sophismes de déduction et d'induction.

Voici, d'après la Logique de Port-Royal, l'énumération et les noms usités des principaux sophismes :

1° Prouver autre chose que ce qui est en question (ignoratio elenchi, ou ignorance du sujet);

2° Supposer vrai ce qui est en question (pétition de principe ou cercle vicieux);

3° Prendre pour cause ce qui n'est pas cause (succession ou simultanéité transformée en causalité, non causa pro causa, post hoc, ergo propter hoc);

4° Dénombrement imparfait (sophisme d'induction reposant sur des faits insuffisants);

5° Juger d'une chose par ce qui ne lui convient que par accident (illusion de l'accident, fallacia accidentis);

6° Passer du sens divisé au sens composé, ou du sens composé au sens divisé (fallacia compositionis, divisionis, illusion de composition, de division);

7° Passer de ce qui est vrai à quelques égards à ce qui est vrai simplement (a dicta secundum quid ad dictum simpliciter).

Il faut remarquer que les noms traditionnels latins sont encore assez souvent employés; c'est pour cela qu'ils sont donnés ici.

Jeremy Bentham a nommé sophismes parlementaires :

1° Le sophisme d'autorité (abuser de l'autorité qu'on s'est acquise dans un ordre spécial de questions pour s'arroger la même autorité dans une question toute différente et enlever une décision).

2° Le sophisme de péril (agiter le drapeau rouge ou le drapeau blanc, évoquer le spectre de la guerre civile ou de la guerre étrangère, de la submersion migratoire, etc.).

3° Le sophisme de dilation (accepter une mesure proposée en la renvoyant aux calendes grecques : d'ici là, le roi, l'âne ou moi nous mourrons).

4° Le sophisme de confusion (confondre sciemment les questions. Scipion sommé de rendre des comptes s'écrie : « A pareil jour nous avons vaincu les Carthaginois; allons au Capitole remercier les dieux ».

Sophistes (Sophistès = habile en quelque chose, de rendre habile, de sophos = habile, sage) : 
a) Celui qui est habile ou savant. 

 b) Celui qui fait profession d'enseigner l'habileté et la science.

c) A partir de Platon celui qui recourt habituellement aux sophismes (ex. : les Sophistes grecs). 

L'école des Sophistes, dont les principaux sont Gorgias et Protagoras, Prodicos, Hippias, était une école de rhéteurs et de sceptiques qui professaient la relativité de la connaissance et surtout la relativité, c'est-à-dire, au fond, l'inanité de toute morale. Ils opposaient le bien selon la nature et le bien selon la loi : la loi n'était à leurs yeux qu'un artifice des faibles pour se défendre contre les forts qui ont, de par leur force même, tous les droits.

Les Sophistes ont néanmoins le mérite d'avoir préparé Socrate qui les combattit, parce qu'avant lui ils ramenèrent la philosophie « du ciel sur la terre », c'est-à-dire des spéculations cosmologiques aux problèmes de la morale et de la politique et à l'étude systématique de l'humain.

Leur art, c'est-à-dire l'argumentation captieuse et spécieuse, est la sophistique.

Sophistique. - a) Art de rendre le; humains meilleurs c'est-à-dire supérieurs à ce qu'ils étaient (Cf. Platon, Protagoras). - b) Art de soutenir le pour et le contre, de donner à l'erreur un faux air de vérité, de rendre une thèse vraisemblable ou absurde selon l'intérêt du moment (Sophisme). C'est l'attitude commune aux Sophistes grecs.

Sorite (Sorites, sôreitès = mis en monceau, de sôreuô = entasser, sôros =  tas). 

a) Primitivement, le sorite fut l'argument du tas, qu'on peut faire à l'occasion de tout ce qui offre une transition graduelle. Exemples :

1) Tas de blé : si l'on ajoute un grain de blé à un grain de blé, on n'a pas un tras de blé, alors si on ajoute un grain de blé de plus, on n'aura jamais de tas. Il s'ensuit que si l'on répète l'opération indéfiniment, il n'y aura jamais de tas. 

2) Cheveux de la tête : on démontrait qu'en enlevant un à un tous les cheveux de la tête d'un homme, on ne le rend pas chauve, parce qu'on ne petit dire à quel moment précis la calvitie commence.

Les Sceptiques et les philosophes de l'Académie maniaient volontiers cet argument sophistique. 

b) Aujourd'hui, le Sorite est un argument correct, formé d'un enchaînement de syllogismes arrangés de telle sorte que l'attribut d'une proposition est toujours le sujet de la suivante et que toutes les majeures manquent, excepte la première, et toutes les conclusions, excepté la dernière.

On peut citer le sorite du Renard, de Montaigne : « Ce qui fait bruit remue, ce qui remue est liquide... Donc cette rivière ne peut me porter. »

Source. - L'origine est le premier commencement des choses qui ont une suite; la source est le principe ou la cause qui produit une succession des choses. L'origine met au jour ce qui n'y était point; la source répand au dehors ce qu'elle renfermait dans son sein. Les choses prennent naissance à leur origine; elles tiennent leur existence de leur leur source. L'origine nous apprend dans quel temps, en quel lieu de quelle manière les objets out paru au jour. La source nous découvre le principe fécond d'où les choses découlent, procèdent, émanent avec plus ou moins de continuité ou d'abondance.

Sous-multiple. - Expression synonyme de diviseur ou partie aliquote. Il est tout à fait regrettable de rencontrer ainsi des termes divers pour représenter la même chose, et il est à désirer qu'on arrive enfin, surtout dans l'enseignement, à se débarrasser de ces mots surannés et parasites qui servent, en fait, à jeter de la confusion dans les idées. Ici, le mot « diviseur » semble le mieux approprié. Il est vrai de dire qu'on fait en outre un usage spécial du mot sous-multiple, dans le système des mesures, pour indiquer les unités dérivées de l'unité principale, plus petites qu'elle et contenues dans cette unité principale un nombre exact de fois; c'est ainsi qu'on dit que le décimètre, le centimètre, etc., sont des sous-multiples du mètre. Mais, même dans ce domaine restreint, l'emploi de ce vocable ne présente effectivement pas d'avantages sérieux. (C.-A. L.).

La soustraction est l'opération inverse de l'addition. Si A + B = C représente le symbole d'une addition et son résultat, on appellera soustraction l'opération qui a pour objet de trouver A, connaissant C et B, ou de trouver B, connaissant C et A. Cette définition se prête à toutes les généralisations possibles de l'opération addition, étendue même à d'autres éléments que les quantitésalgébriques ordinaires. Mais il faut bien remarquer que, si l'addition cesse d'être commutative, la soustraction n'est plus uniformément définie et que le reste ou la différence (on appelle ainsi le résultat de l'opération) n'a de sens précis qu'autant qu'on désigne expressément, si l'on doit opérer sur le premier ou le second des éléments qui composent la somme. On le comprend en remarquant que de A + B = C, B+ A = C', ou déduit C - A = B, C' - B = A, en opérant par rapport au premier élément; et C - B = A, C' - A=B, en opérant par rapport au second; si bien qu'il y a en réalité deux soustractions différentes. Ceci ne se présente du reste, ni dans les opérations sur les quantités algébriques, réelles ou imaginaires, ni dans celles qui concernent les vecteurs ou les quaternions. Mais dans la soustraction sphérique, définie comme opération inverse de l'addition sphérique, cette non-uniformité de la soustraction apparaîtrait. (C.-A. Laisant).

Souvenirs. - Expériences passées, moments vécus ou  informations stockées dans la mémoire d'une personne, parties intégrantes de son identité et de sa perception du monde, et qui reviennent à la conscience, éventuellement déclenchés déclenchés par divers stimuli et rappelés volontairement ou non. On distingue divers types de souvenirs :

• Les souvenirs épisodiques sont liés à des événements spécifiques de notre vie vie.

• Les souvenirs sémantiques sont des connaissances générales stockées dans votre mémoire ' des faits, des concepts ou des informations apprises au fil du temps). 

• Les souvenirs sensoriels sont associés à des sensations  comme le goût, l'odeur, la vue, le toucher ou l'ouïe.

• Les souvenirs émotionnels sont ceux qui sont associés à des moments heureux, tristes, effrayants ou excitants, et ancrés dans notre mémoire en raison de l'émotion intense ressentie à ce moment-là.

 â€¢ Les souvenirs traumatiques sont d liés à des expériences traumatisantes, et ils peuvent être sources de détresse émotionnelle. 

Les souvenirs peuvent être déformés, oubliés ou influencés par divers facteurs, tels que la suggestion, le temps qui passe ou des événements ultérieurs. 

Souverain (du latin populaire superanum, de super = au-dessus, ancien comparatif de sub, qui, avec l'accusatif, signifie : en s'élevant vers) : ce au-dessus de quoi ou celui au-dessus de qui il n'y a rien de plus élevé (le souverain bien, le peuple souverain).

Spécieuse, Spécieux (Qui a belle apparence, de species = aspect, forme, de specere = regarder) : 

a) « Spécieuse générale ou universelle » : c'est le nom donnéé à l'algèbre logique que Leibniz essaya de constituer. 

b) Argument spécieux celui qui paraît probant et ne l'est pas.

Spécification (du latin scolastique Specificatio, de specificatum, supin de specificare, spécifier, de species = aspect, forme, et facere = faire) : opération par laquelle : 
a) On distingue les espèces d'un même genre. 

b) On distingue une notion ou un fait, par un caractère particulier, des notions ou faits qui leur ressemblent. 

c) Axiome scolastique : Actus specificantur ab objectis; c'est-à-dire la nature des actes est déterminée par leurs objets.

Spécisme. - Terme qui a été introduit pour faire référence à une forme de discrimination ou de préjugé envers les animaux, similaire au racisme ou au sexisme. Le spécisme repose sur la croyance que les intérêts des êtres humains prévalent sur ceux des autres espèces animales, et il se traduit par des pratiques et des attitudes qui favorisent ou justifient l'exploitation, la souffrance et la mise à mort des animaux non humains pour des bénéfices humains, que ce soit pour la nourriture, le divertissement, la recherche scientifique, ou d'autres raisons.

Le concept de spécisme a été popularisé par l'éthologue et philosophe Peter Singer dans son ouvrage La Libération animale (1975). Singer a plaidé en faveur de la considération éthique des intérêts des animaux non humains et a critiqué l'élevage intensif, l'expérimentation animale, la chasse sportive, et d'autres formes d'utilisation des animaux qui peuvent entraîner des souffrances inutiles.

Les partisans du mouvement pour les droits des animaux s'opposent au spécisme et militent pour la reconnaissance des droits et de la considération éthique envers les animaux non humains. Ils préconisent des changements dans la manière dont les animaux sont traités et utilisés dans divers domaines de la société, et certains défendent l'idée que les animaux devraient avoir le droit à la vie, à la liberté et à l'absence de souffrance inutile.

Spéculatif, spéculation (Speculativus, de speculatum, supin de speculari = épier, de specere = regarder), se dit des recherches et des études entreprises pour le seul plaisir de savoir et sans arrière-pensée d'utilité pratique. Les sciences, suivant la nature des questions dont elles s'occupent, présentent un caractère plus ou moins spéculatif : ainsi la philosophie, dans son ensemble, est une science plus spéculative que la physique; et entre les parties de la philosophie, la psychologie et la métaphysique sont plus spéculatives que la logique ou que la morale, qui, sans se résoudre entièrement dans l'art de penser ou de se conduire, ont un coté pratique que la métaphysique ne présente pas, et que la psychologie n'offre qu'indirectement. (B-E.).

Sphère. - Une sphère est un solide dont tous les points de la surface sont à égale distance d'un point appelé son centre.

Sphère personnelle. - Zone de la vie d'un individu qui n'est pas accessible aux autres. Elle inclut les pensées, les émotions, les rêves, les croyances, les valeurs, et les expériences personnelles qui ne sont pas nécessairement partagées avec autrui.

Spinozisme. - Nom donné à la doctrine de Spinoza. Il s'agit d'un panthéisme d'immanence, par opposition au panthéisme d'émanation qui est celui des Alexandrins. La substance est immanente aux choses; les attributs de la substance, ceux du moins qui nous sont connus, sont la pensée et l'étendue; les modes des attributs constituent les esprits et les corps.

Ce panthéisme est fataliste parce que la liberté humaine n'est pas autre chose que l'ignorance des motifs qui toujours nous déterminent fatalement; il est acosmiste, et non pas athéistique, parce que le monde ou nature naturée n'a de réalité qu'en Dieu et par Dieu, nature naturante.

La forme du système est déductive et même purement géométrique : Spinoza, dans son Ethique, procède par axiomes, définitions, démonstrations, corollaires, comme les géomètres, ou comme il pense que procèdent les géomètres.

Il aboutit à l'amour intellectuel de Dieu comme au souverain bien de l'humain qui, par les idées adéquates, est non seulement immortel, mais éternel.

Spirale (Géométrie). - On donne en général le nom de spirales à des courbes planes fui décrivent autour d'un point fixedes circonvolutions à l'infini. Ce point fixe est habituellement appelé pôle de la spirale. Quelquefois, la courbe passe par ce pôle; quelquefois aussi, elle s'en rapproche indéfiniment sans l'atteindre jamais, c.-à-d. que le pôle est un point asymptotique. On peut imaginer des spirales à l'infini; l'étude analytique en est faite surtout en coordonnées polaires, par la nature même des choses. Les spirales les plus connues et les plus étudiées sont : la spirale d'Archimède, où le rayon vecteur issu du pôle est proportionnel à l'angle polaire du point correspondant; la spirale hyperbolique, où le rayon est inversement proportionnel à l'angle polaire; la spirale logarithmique, qui coupe sous un même angle constant tous les rayons vecteurs, et qui présente une foule de propriétés remarquables. On peut considérer aussi la développante de cercle, et plus généralement la développante de toute courbe fermée convexe, comme une véritable spirale. (C.-A. L.).

Spiritualisme (de Spiritualis = mû par l'air, spirituel, de spiritus = souffle, esprit). - Toute doctrine qui admet l'existence de deux substances essentiellement distinctes : l'esprit caractérisé par la pensée et la liberté; la matière caractérisée par l'étendue et la communication mécanique du mouvement. Elle affirme conséquemment l'immatérialité et l'immortalité de l'âme. - Ce mot a son sens précis dans la doctrine cartésienne où l'âme, substance pensante, s'oppose au corps, substance étendue.

Il est quelquefois fort difficile de décider si une doctrine moniste est spiritualiste ou matérialiste, puisqu'elle admet l'unité de la substance et que la substance unique peut être l'esprit aussi bien que la matière.

L'accusation de matérialisme est donc souvent une accusation banale et un simple procès de tendances.

Les spiritualistes admettent généralement la liberté de l'humain, mais ils peuvent aussi la définir de telle sorte que l'humain devient un automate spirituel. Ils admettent également l'existence de Dieu, mais les uns lui accordent l'existence personnelle, les autres en font un simple idéal de la raison.

On voit par là, que le spiritualisme est une tendance plutôt qu'une doctrine : c'est la tendance à expliquer l'inférieur par le supérieur et à faire prédominer l'esprit de synthèse sur l'esprit d'analyse.

Spiritualité (du latin scolastique Spiritualitas, de spiritualis, de spiritus = souffle, esprit) : a) Caractère de ce qui est spirituel. - b) Doctrine concernant la vie spirituelle, surnaturelle de l'esprit (ex. : les Exercices spirituels d'Ignace de Loyola). 

Spirituel (Spiritualis, de spiritus = souffle, esprit) : ce qui est opposé a) à matériel; - b) à charnel, naturel; - c) à temporel.

Spontané (Spontaneus, de spons, spontis = volonté libre, initiative, de spondere = s'engager) : 

a) Ce qui est dû à l'initiative propre de l'agent et non à une cause extérieure. S'oppose alors à Provoqué, Réceptif. Par exemple, l'observation, par opposition à l'expérimentation qui est une observation provoquée. 

b) Ce qui prévient la réflexion, se fait sans examen préalable. S'oppose à réfléchi.

Spontanéité (de Spontané) : se prend dans les deux sens de Spontané. 

Initiative du mouvement. La spontanéité s'oppose à la réflexion. Notre activité est fatale, si, comme dit Malebranche, nous sommes agis; elle est spontanée dans l'instinct, libre dans la volonté.

D'après Kant, l'entendement est « la spontanéité de la connaissance ou la faculté que nous avons de produire nous-mêmes des représentations », tandis que la sensation est une réceptivité.

Stable, Stabilité (Stabilis, stabilitas = solide, solidité, de statum, supin de stare = se tenir debout) : stabilité des lois de la nature. - Fondement de l'induction d'après Reid, Dugald-Stewart, Royer-Collard.

Stade (Stadium, Stadion) : a) Période ou moment d'un développement, d'une démonstration. - b) Argument de Zénon d'Elée contre le mouvement.

Standard. - En général, un standard peut être une norme, une règle ou un critère établi qui sert de référence pour évaluer ou mesurer quelque chose. Par exemple, les normes de qualité dans l'industrie, les standards éthiques dans la conduite professionnelle, etc. En philosophie morale, ce terme  peut se référer aux normes morales ou éthiques qui guident le comportement humain. Dans la philosophie de la connaissance et de la vérité, le concept de standard peut être lié aux critères permettant d'évaluer la véracité d'une proposition ou d'une affirmation. Certains philosophes discutent des standards de rationalité, c'est-à-dire des critères qui définissent la pensée ou l'action rationnelle.

Statique (Statikos = propre à arrêter, à peser, qui concerne l'équilibre des corps. Racine : Sta = placer debout, d'où, avec redoublement, sistèmi, istèmi) :

a) La Statique est la partie de la mécanique qui étudie les conditions de l'équilibre.

b) Statique de l'esprit (Herbart). - Loi statique de la pensée. - Statique sociale (Comte).

c) Considération d'un objet dans un état donné et abstraction faite de ses changements.

Statistique (de Status = station, état, situation, de statum, supin de stare = se tenir debout) : science qui consiste à recueillir et coordonner des faits nombreux relatifs à un ensemble d'objets ou d'êtres de même espèce dans le but de découvrir la loi qui les régit.

Statue de Condillac (la). - Illustration philosophique utilisée par Condillac dans son Traité des sensations pour examiner les questions liées à la perception, à la cognition et à la manière dont les différentes modalités sensorielles contribuent à la formation de nos idées et de nos connaissances. Le philosophe reprend et développe le problème de Molyneux pour étudier davantage la manière dont nos sens interagissent. Dans son traitement du problème, Condillac imagine une statue inanimée à laquelle tous les sens, à l'exception de la vue, sont progressivement donnés. Initialement, la statue n'a que le sens du toucher. À travers une série d'étapes, Condillac introduit un à un les autres sens - l'odorat, le goût, l'ouïe. Il démontre comment, avec l'ajout progressif de chaque sens, la statue développerait une compréhension plus riche et complexe du monde qui l'entoure. L'étape cruciale est quand la statue reçoit le sens de la vue. Condillac pose alors la question de savoir si la statue, qui avait déjà acquis la connaissance du monde par les autres sens, pourrait immédiatement reconnaître et comprendre les objets visuels. Il développe ainsi une réflexion sur l'interrelation entre les sens, la manière dont les sens influencent notre compréhension et la possibilité d'acquérir des connaissances par la vue sans expérience préalable.

Statut social (Statutum = décret, statut, de statutus = participe passif de statuere = placer, établir) : 

a) Ensemble des rapports légaux qui s'établissent entre les humain par le fait seul de la situation qu'ils occupent dans la société (politique, familiale, professionnelle) dont ils font partie. S'oppose à contrat qui requiert un acte de volonté

b) Ensemble de règles relatives à un groupement d'individus; ex. : statut de la presse.

Stéréotype - Croyance simplifiée, souvent figée et souvent erronée, que l'on attribue à un groupe de personnes en fonction de caractéristiques partagées telles que l'origine ethnique, le genre, la nationalité, la profession, l'apparence physique, ou d'autres traits. Ces stéréotypes peuvent être basés sur des généralisations et des préjugés, et ils ne reflètent souvent pas la diversité et la complexité réelle des individus au sein de ces groupes.

Stoïcisme (stoa = portique : le Poecile, portique d'Athènes, où se tenaient les premiers Stoïciens). -  Ecole fondée par Zénon de Cittium. On connaît surtout des Stoïciens la morale rigide, les paradoxes qui se résumaient dans la maxime que la douleur n'est pas un mal. Leur philosophie était un panthéisme naturaliste.

Ils considéraient le monde comme un vaste animal : les corps en étaient les membres, Dieu en était l'âme ou le principe actif, la force interne, ou, comme ils disaient encore, la raison séminale. Obéir à cette raison qui est hors de nous, c'est-à-dire aux lois de la nature qui la manifestent, c'est obéir à notre raison qui lui est  identique, c'est n'obéir qu'a nous-mêmes, puisque la raison est la partie maîtresse ou directrice de l'âme : c'est rester libre en dépit ou plutôt à cause de la fatalité universelle.

Stoïque n'est nullement synonyme de Stoïcisme : ce dernier mot désigne un système, le premier une qualité, qui consiste dans la fermeté, l'imperturbabilité à l'épreuve de la douleur; on peut être stoïque sans être stoïcien. De même on peut être épicurien sans admettre la doctrine d'Épicure

Structuralisme. - Courant intellectuel qui s'est développée au cours du XXe siècle et qui analyse les phénomènes (linguistiques, culturels, anthropologiques, etc.) en identifiant les structures sous-jacentes, cherchant à dégager des schémas et des relations systématiques.Son attention portée aux structures plutôt qu'aux individus a fait qu'on lui a reproché son universalisme et son manque d'intérêt pour les aspects dynamiques et contingents des phénomènes étudiés.

Structuration (théorie de la). - Théorie associée au sociologue  Anthony Giddens, qui propose une perspective originale sur la relation entre l'individu et la société en tentant de transcender la dichotomie traditionnelle entre l'individu et la société. Cette approche holistique a émergé dans les années 1970 et 1980 en réaction aux limites perçues du structuralisme et de l'individualisme méthodologique. Giddens soutient que la structure et l'agentivité (= faculté d'action, capacité à agir son environnement; agency en anglais) ne devraient pas être considérées comme des entités séparées, mais plutôt comme interdépendantes. La dualité de la structure signifie que les actions individuelles contribuent à la reproduction et à la transformation des structures sociales, tandis que ces structures fournissent le contexte et les ressources qui influent sur les actions individuelles. Le sociologue distingue entre les structures sociales, qui sont des schémas de règles et de ressources, et les systèmes sociaux, qui sont les pratiques concrètes à travers lesquelles ces structures sont reproduites. Les structures sont conceptuelles, tandis que les systèmes sont observables et empiriques..

Sturm (théorème de). - Le théorème de Sturm permet de determiner, beaucoup plus simplement que par la méthode de Lagrange, le nombre des racines réelles d'une équation numérique donnée comprises entre deux limites données et il a rendu de grands services à la physique mathématique. Il s'énonce ainsi :

Si l'on appelle x le premier nombre d'une équation algébrique à coefficients réels, x1 la dérivée de ce premier nombre, x2 le reste changé de signe de la division de x par x1 poussée aussi loin que possible, x3 le reste changé de signe de la division de x1 par x2 poussée également le plus loin possible, x4, x5,... les polynômes successifs obtenus en poursuivant les opérations de la même façon, enfin xr, le plus grand commun diviseur de x et x1 ou le reste de la dernière division  si, ensuite, dans la série des polynômes x, x1, x2,... xn - 1, xn, xn+1..., xr, on substitue successivement à x deux nombres quelconques, a et b, le nombre des racines réelles de x = 0 comprises entre a et b sera donné par la différence des nombres de variations que présenteront les deux suites de résultats, sans que, d'ailleurs, les racines multiples soient annoncées, quel que soit l'ordre de leur multiplicité, autrement que par la perte d'une seule variation.
Subalternes (propositions). (Subalternus, de sub= sous, et alternus = alternatif, de alter = l'un des deux, de la forme archaïque alis = autre). -  Des propositions subalternes sont des propositions formées avec le même sujet et le même attribut; opposées en quantité, l'une universelle, l'autre particulière; et de même qualité, toutes deux affirmatives ou toutes deux négatives. 

Telle est la nature de leurs rapports, que la vérité des propositions universelles entraîne celle des propositions particulières : Si tout homme est animal, quelque homme est animal; et Si nul homme n'est parfait, quelque homme n'est pas parfait. Mais la vérité des particulières n'entraîne pas celle des universelles.

En revanche, la fausseté des universelles n'empêche pas nécessairement la vérité des particulières; quoiqu'il ne soit pas vrai que tout nombre soit exactement divisible, il est vrai que certains nombres sont exactement divisibles (Logique de Port-Royal, 2e partie, ch. IV). (B-E.).

Subalternité. - Concept selon lequel, dans une société, certaines voix et expériences sont marginalisées ou subordonnées, en raison de facteurs tels que l'origine, le genre, la classe sociale, etc.

Subconscience, Subconscient (Sub = au-dessous, un peu; conscientia = conscience) : ce mot signifie selon le sens qu'on attache à sub : a) un phénomène inconscient (sub = au-dessous de la conscience) ; tels les faits physiologiques, ; b) un phénomène de faible conscience (sub = un peu) ; tels certains faits psychologiques. - Dans le premier sens, le terme est  utilisé comme synonyme de concept freudien d'inconscient (Psychanalyse). Dans le second sens, on fait du subconscient une couche supplémentaire de l'apparail psychique, située entre l'inconscient et le préconscient. Selon ce point de vue il renferme donc des contenus moins accessibles que le préconscient (qui inclut les pensées et les souvenirs accessibles avec un effort), mais plus accessibles que ceux enfouis dans l'inconscient profond. Le subconscient peut jouer un rôle dans la résolution de problèmes, l'accès à des souvenirs non immédiatement disponibles à la conscience et l'influence sur les rêves. C'est aussi là que se forment les compromis, c'est à dire la modification des désirs refoulés afin de les rendre acceptables.

Subjectif (Subjectivus, de subjectum, supin de subjicere = jacere, mettre sous, soumettre) : a) Celui qui juge des choses, sans tenir compte de leur obiectivité, d'après ses impressions personnelles ; on dira c'est un subjectif. - b) Ce qui se rapporte au sujet pensant (ex. : la philosophie subjective). - c) Ce qui appartient au sujet pensant par opposition au monde physique (ex. : qualités secondes de la matière). - d) Ce qui est apparent, illusoire (ex. : sensation subjective, celle qui n'a pas de cause externe (ex. : dans l'hallucination) . - e) Ce qui appartient à la pensée humaine par opposition aux choses en soi (ex. : l'espace et le temps, d'après Kant). - S'oppose à Objectif.

Subjectivisme' (de Subjectif). - Doctrine philosophique qui tend à ramener à des phénomènes de conscience individuelle les jugements de valeur ou de réalité. Elle revêt divers aspects, selon qu'elle s'applique à la psychologie, à la logique, à la morale, à l'esthétique ou à la métaphysique. Elle prend aussi différents noms : relativisme, idéalisme. - On parle aussi d'idéalisme subjectif ou même simplement idéalisme). Il est douteux cependant que le subjectivisme ait jamais été professé d'une façon absolument systématique : il paraît moins être un système qu'une certaine tendance ou orientation générale de la spéculation métaphysique, celle qui consiste à subordonner ou à ramener toute autre réalité à celle du sujet pensant. En ce sens, Berkeley, Fichte, Stuart Mill, Ferrier, etc., sont subjectivistes à des degrés divers. Le subjectivisme absolu, qui n'a sans doute été professé dans toute sa rigueur par aucun philosophe, consisterait à n'admettre d'autre réalité que celle du moi individuel : c'est ce qu'on a quelquefois appelé l'égotisme.

Subjectivité. - Manière dont les expériences et les perceptions sont liées à la perspective individuelle. Kant  et d'autres ont abordé cette question en soulignant que notre compréhension du monde est influencée par notre propre cadre de référence.

Sublimation (Sublimatio = action d'élever, de sublimatum, supin de sublimare = élever, de sublimis = haut, de sub-levare = soulever) :  Terme employé par Freud pour signifier la transformation « de certains instincts ou sentiments inférieurs en instincts ou sentiments supérieurs ». 

Sublime (Sublimis = haut, élevé, en l'air, de sub-levare = soulever). - Kant a montré qu'il diffère de la beauté, surtout par son caractère d'illimitation et par le plaisir mêlé de douleur qu'il nous procure en nous attirant et nous repoussant tour à tour. Il distingue deux sortes de sublime le sublime mathématique ou de grandeur (le ciel étoilé), et le sublime dynamique ou de puissance (un orage sur mer).

Subsomption (du latin scolastique subsumptio, de sub = dessous, et sumptio = action de prendre, de sumptum, supin de sumere = prendre) : 

a) D'une façon générale, c'est penser un individu comme compris dans une espèce, ou une espèce comme comprise dans un genre. 

b) Chez les Scolastiques, subsumer c'est, dans une argumentation, prouver que la distinction, apportée à la majeure ou à la mineure d'un syllogisme par le défendant d'une thèse, est sans valeur. 

c) Chez Kant, c'est appliquer l'une des catégories de l'entendement aux intuitions de la sensibilité par l'intermédiaire des schèmes.

Substance (Substantia, de sub-stare = se tenir dessous) : 
a) D'une façon générale : ce qui reste permanent dans les choses qui changent. - S'oppose à accident.

b) La substance est ce qui existe en soi et supporte ou soutient les qualités; c'est, comme on dit encore, leur suppôt ou sujet d'inhérence. 

Dans la philosophie d'Aristote, la substance (ousia en grec) est l'une des dix catégories fondamentales qu'il a élaborées pour classer les différents types de prédicats et de concepts. Selon lui, c'est ce qui existe indépendamment en soi, et c'est la réalité sous-jacente qui donne son identité et son individualité à un objet. La substance peut être divisée en deux sous-catégories principales : 
• La substance première (ousia protè) correspond à l'individu concret, particulier, et unique. Chaque substance première est une entité distincte et autonome. Par exemple, un arbre particulier, un cheval particulier, ou un être humain particulier. La substance première est caractérisée par sa singularité et son existence individuelle. Elle est également sujette au changement et à la corruption.

• La substance seconde (ousia deutera) est l'essence générale d'une classe d'individus. C'est la nature commune à tous les membres d'une même espèce. Par exemple, l'humanité commune à tous les hommes, la chienitude commune à tous les chiens, etc. Cette substance seconde est immuable et éternelle, car elle transcende les individus particuliers. Aristote croyait en une réalité objective et universelle derrière chaque catégorie d'êtres.

Dans le système de Descartes, substance pensante et substance étendue sont des expressions qui désignent respectivement l'âme et la matière 

Pour Spinoza, la substance universelle' est le Dieu immanent.

Substantialisme, Substantialiste (de Substantialis, de substantia) : Doctrine qui admet l'existence d'une substance ou de substances. - Hamilton classe les théories sur le monde extérieur en

a) Réalisme ou Substantialisme, qui admet la réalité substantielle du monde extérieur (ex. : Théorie de l'inférence de Descartes). 

c) Nihilisme ou Non-substantialisme, qui la rejette (ex. : Immatérialisme de Berkeley). 

Substrat, Substratum (Substrat c'est le mot latin substratum francisé. Substratum vient de sub = sous, et de stratum = tendu, participe passif de sternere, stratum = étendre par terre) : 
a) Signifie ce qui, dans une chose, est distinct de ses manières d'être; en ce sens il est synonyme de substance. 

b) S'emploie, au lieu de sujet ou de substance, pour désigner ce sans quoi quelque chose ne pourrait exister ou se produire : c'est un point d'appui : par exemple,le cerveau est le substrat de la pensée.

Suicide. - Action de se donner soi-même la mort. Le sujet est abordé indirectement par Platon dans le Phédon. Socrate, sur le point d'être exécuté, discute de la question de la mort, et, bien que le suicide ne soit pas directement envisagé de front, il souligne l'idée que la vie et la mort sont des réalités mystérieuses et que la mort ne doit pas être crainte. Aristote, dans son Éthique à Nicomaque, considère le suicide comme contraire à la vertu. Il soutient que la personne vertueuse ne se tuerait pas, car cela serait incompatible avec l'idée d'une vie conforme à la raison et à la nature. Épicure a soutenu que la crainte de la mort et du suicide était souvent basée sur des croyances irrationnelles et que la mort elle-même ne constituait pas un mal. Cependant, il encourageait à éviter le suicide pour préserver le plaisir de la vie. Sénèque a abordé le sujet du suicide dans ses écrits, notamment dans la lettre De la brièveté de la vie. Il considère que le suicide peut être justifié dans certaines circonstances, notamment lorsque la qualité de vie est gravement compromise ou lorsque la liberté personnelle est menacée. Cicéron a, lui, critiqué le suicide dans son traité Sur la divination. Il considère le suicide comme un acte de lâcheté, affirmant que la vie était un don divin qui ne devait pas être volontairement abandonné. Pyrrhon d'Élis a adopté une attitude plus nuancée. Il a souligné l'importance du doute et a suggéré que la question du suicide devrait être examinée avec prudence et modération. La philosophie chrétienne a longtemps étouffé la réflexion sur cette thématique. Il faut attendre Schopenhauer, qui aborde le concept de suicide, au travers de celui de la volonté de vivre dans Le Monde comme volonté et comme représentation. Bien que pessimiste quant à la nature humaine, Schopenhauer considère le suicide comme un acte extrême pour échapper à la souffrance, mais il ne le recommande pas comme solution. Søren Kierkegaard a, pour sa part, discuté du désespoir dans son ouvrage Le Concept de l'angoisse. Le désespoir, dit-il, peut mener au suicide, mais il est également possible de surmonter le désespoir par la foi. Kierkegaard souligne la liberté de choix de l'individu dans la décision de vivre ou de mourir. Emile Durkheim a étudié le suicide d'un point de vue sociologique dans Le Suicide. Il a identifié quatre types de suicide : altruiste, égoïste, anomique et fataliste. Durkheim a analysé comment les structures sociales, les normes et les valeurs influent sur les taux de suicide au sein d'une société. Sartre a examiné le suicide à travers le prisme de la liberté individuelle et de la responsabilité dans L'Existentialisme est un humanisme. Pour Sartre, la liberté engendre la responsabilité, et chaque acte, y compris le suicide, est un choix que l'individu fait en toute liberté. Camus a réfléchi sur le suicide dans Le Mythe de Sisyphe. Il aborde l'absurdité de la vie et la question du sens. Face à l'absurdité, le suicide est une option, mais Camus propose également la révolte, la création de son propre sens dans un monde apparemment dépourvu de sens. Enfin, le psychiatre et philosophe Thomas Szasz a critiqué la façon dont la société considère le suicide comme une pathologie mentale. Il a remis en question la médicalisation du suicide, plaidant pour une approche plus centrée sur la liberté individuelle.

Suite (du latin populaire sequita, substantif participe de sequere = suivre, forme populaire pour sequi) :

a) Ce qui succède à autre chose : ex. :. la nuit succède au jour. 

b) Ensemble de termes ou d'objets qui se succèdent : ex. : une suite de faits dans un récit. C'est aussi le sens que prend le mot suite en mathématiques :  termes qui se succèdent en suivant une certaine loi (ex. : la suite des nombres premiers).

c) Ce qui résulte d'autre chose comme conséquence ou effet : ex. : la conclusion d'un raisonnement est la suite logique des prémisses.

Sujet (Subjectum = ce qui est mis dessous, participe passif pris substantivement de subjiceresub-jacere = mettre sous) :
a) En logique : l'être auquel est attribué le prédicat, - et, par suite, l'être réel en tant qu'il a des qualités ou exerce une action.Ainsi, le sujet ou premier terme de la proposition désigne l'idée d'être ou de substance dont l'attribut est affirmé par le jugement.

b) en psychologie, on appelle sujet l'esprit, qui connaît, par rapport à l'objet qui est connu. Le moi est le sujet des phénomènes. C'est depuis Kant que sujet s'emploie pour signifier le moi un et identique, en tant qu'on l'oppose soit à la multiplicité et à la variété des phénomènes psychologiques, soit à l'objet de la pensée.

 c) En sociologie : celui qui est soumis à une autorité souveraine : les sujets du roi.

 S'oppose à Objet.

Superstructure. - Dans le contexte de la théorie marxiste, la superstructure fait référence à la partie d'une société qui englobe les institutions idéologiques, culturelles et politiques. Ces éléments sont considérés comme résultant des conditions économiques de base, appelées infrastructure. La superstructure comprend des aspects tels que la religion, la politique, l'éducation, l'art, la culture, etc. Selon Marx, la base économique d'une société (l'infrastructure) influence la forme de la superstructure. La philosophie marxiste, associe par ailleurs ce concept à la manière dont les idées, les croyances et les institutions idéologiques émergent des conditions économiques sous-jacentes. 

Supposition (Suppositio, de suppositum, supin de supponere = sub-ponere, placer dessous, supposer) :

 a) S'emploie à la place de hypothèse, avec un sens peut-être moins technique.

b) Les Scolastiques donnent un sens particulier à supposition. Comme les mots ne sont que des signes tenant la place des choses (Signo sunt rerum suppositiva), ils entendent par supp osition, en général, l'usage d'un terme à la place d'une chose : Suppositio est usus termini pro re aliqua. Elle comporte un grand nombre d'espèces.

Surface. - Partie extérieure, dehors d'un corps. En mathématiques toute figure nous apparaît limitée par une surface qui, à nos yeux, détermine sa forme extérieure et la sépare de l'espace environnant. Néanmoins, une fois cette notion première acquise, on fait abstraction de son origine expérimentale et géométriquement on conçoit la surface indépendamment de la matière. Parfois, dans le langage usuel, on confond la surface et l'aire d'une figure. Mais, à vrai dire, on doit les distinguer. Tandis que le terme « surface » rappelle en même temps la forme et l'étendue de la figure considérée, le mot « aire » s'applique exclusivement au nombre qui mesure cette étendue.

En géométrie analytique, on définit généralement une surface comme le lieu des positions d'une courbe (la génératrice) qui se déplace et se déforme dans l'espace suivant une loi donnée. La surface de révolution est engendrée par une ligne qui tourne autour d'une droite fixe (l'axe) à laquelle elle reste invariablement liée. Les surfaces réglées, qu'engendre le mouvement d'une ligne droite, se divisent en deux grandes classes : 

1° les surfaces développables, qui peuvent par déformation s'étendre sur un plan sans déchirure, ni duplicature (ex. : le cylindre et le cône);

 2° les surfaces gauches, dans lesquelles deux positions de la génératrice infiniment rapprochées ne se trouvent jamais sur le même plan.

Lorsque la détermination d'une surface ne dépend que d'un paramètre arbitraire, si l'on considère deux positions très voisines de cette surface, elles ont, en général, une courbe d'intersection qui tend vers une position limitée. Le lieu géométrique de ces courbes pour toutes les surfaces représentées par l'équation proposée se nomme l'enveloppe de la surface mobile et chacune des surfaces mobiles s'appelle surface enveloppée. (NLI).

Surhomme (de Sur = au-dessus, et homme). - Mot créé pour traduire l'expression allemande correspondante chez Nietzsche : Uebermensch) : celui qui se met au-dessus « du bien et du mal » et ramène tout à la force et au succès. Cette déification de l'individu a été imaginée par Nietzsche.

Surjection. - Application (fonction) dans laquelle chaque élément de l'ensemble de destination est atteint par au moins un élément de l'ensemble source, ce qui signifie qu'il n'y a aucun élément dans l'ensemble de destination qui ne soit pas l'image d'un élément de l'ensemble source. Cette propriété est nommée surjectivité.

Suspension (Suspensio = action d'être suspendu, action de suspendre, de suspensum, supin de suspendere = sub-pendere = attacher en haut, suspendre). - Acte ou état d'esprit du philosophe pyrrhonien, qui consiste à s'abstenir de juger. 

Syllogisme (Syllogismus, Syllogismos = calcul, raisonnement, de syllogizomai = assembler par la pensée, d'où calculer, raisonner, de syllogos= rassemblement, de syllegô = syn-legô = unir avec, rassembler) : argument composé de prémisses telles que la conclusion en découle nécessairement. 

Le syllogisme, type du raisonnement déductif, est constitué par trois propositions telles que, les deux premières (les prémisses) étant posées, la troisième (la conclusion) s'ensuit nécessairement. Les deux prémisses s'appellent : la première la majeure, la seconde la mineure. Il y a trois termes dans le syllogisme, chacun répété deux fois : le grand terme qui a le plus d'extension, le petit terme qui en a le moins, et le moyen terme qui en a plus que le petit et moins que le grand. Le moyen terme est toujours éliminé de la conclusion.

Les règles du syllogisme sont au nombre de huit, dont quatre regardent les termes et quatre les propositions. Les figures du syllogisme sont au nombre de quatre et se distinguent entre elles par la place du moyen terme dans les prémisses. Ces quatre figures donnent, en combinant la quantité et la qualité des trois propositions, soixante-quatre modes dont dix seulement sont concluants. 

Les modes sont représentés par les mots techniques barbara, celarent, etc. Ils peuvent se transformer quelquefois les uns dans les autres par la conversion des propositions.

Les Scolastiques employaient, pour se rappeler plus aisément la distinction des figures, ce vers technique :

Sub prae, tum prae prae,
tum sub sub, denique prae sub...
dans lequel sub est l''abréviation de sujet (subjectum), et prae celle de prédicat ou attribut :
Première figure: le moyen terme est sujet dans la majeure, attribut dans la mineure;

Deuxième figure : le moyen terme est attribut dans la majeure et dans la mineure;

Troisième figure : le moyen terme est sujet dans la majeure et dans la mineure;

Quatrième figure: le moyen terme est attribut dans la majeure, sujet dans la mineure.

Voici, en quelques mots, les règles du syllogisme que l'on résumait en huit vers latins :

Termes :

Nombre : qu'il n'y ait que trois termes, le grand, le petit et le moyen;

Moyen : que la conclusion ne contienne jamais le moyen et qu'il soit pris au moins une fois dans toute son étendue;

Extrêmes : que les extrêmes n'aient pas plus d'extension dans la conclusion que dans les prémisses.

Propositions :
Qualité : Deux affirmatives ne peuvent donner une conclusion négative; et de deux négatives on ne peut rien conclure.

Quantité : De deux propositions particulières ne suit aucune conclusion;

Quantité et qualité : La conclusion est négative si une des prémisses est négative, particulière si une des prémisses est particulière.

Toutes ces règles se réduisent à une seule : il faut que la majeure contienne la conclusion et que la mineure fasse voir que la conclusion est réellement contenue dans la majeure.

On nomme arguments syllogistiques des syllogismes irréguliers ou combinaisons de syllogismes l'enthymème, l'épicherème, le prosyllogisme, le dilemme, le sorite.

Le syllogisme, qui a tant exercé la sagacité et la subtilité des scolastiques, est surtout un bon exercice logique, un instrument de contrôle ou d'exposition, non un moyen d'invention ou un instrument de découverte scientifique.

Syllogisme (modes du). - On nomme modes du syllogisme les dispositions particulières qui résultent, dans le syllogisme, de l'emploi et des différentes combinaisons des quatre espèces de propositions à titre de prémisses

Les combinaisons possibles sont au nombre de 16 dans chaque figure; mais toutes ne donnent pas de conclusions, et, soit en vertu des règles généralesdu syllogisme, par exemple, lorsqu'il s'agit de deux propositions particulièresou de deux négatives dont on sait que le rapprochement ne conduità aucune conclusion, soit en vertu de convenances modes concluants, les seuls dont on s'occupe, n'est que de 19, savoir : 4 dans la première figure, 4 dans la deuxième, 6 dans la troisième, et 5 dans la quatrième. 

Ce sont ces modes que l'on désigne par les notations innémoniques : Barbara, Celarent, etc. (B-E.).

Symbole (Symbolum, Symbolon =  marque, signe de reconnaissance, de symballô = syn-ballô = jeter, mettre ensemble) : ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance analogique.

Symbolique (de Symbolikos = qui explique à l'aide d'un signe, de symbolè = rapprochement) : a) Ce qui emploie des symboles (écriture symbolique, logique symbolique). - b) Ce qui constitue un symbole (ex. : la balance est symbolique de la justice).

Symbolique (La) (de Symbole) : a) C'est la théorie des symboles. - b) La Symbolique, au sens de Leibniz, c'est la Caractéristique universelle ou ce que l'on appelle aujourd'hui la logique formelle.

Symbolisme (de Symbole) : a) Système de symboles (ex. : le symbolisme algébrique). - b) Méthode qui consiste à interpréter les croyances mythogiques des Anciens en leur attribuant une valeur allégorique. Elle fut employée par les Néo-Platoniciens. - c) Symbolisme dans la littérature et dans l'art.

Symétrie (pour Symmétrie, de symmetria =  réduction à une commune mesure, symétrie, de syn = avec, metron = mesure) : Disposition de parties semblables, semblablement disposées dans un ensemble. C'est un concept fondamental en mathématiques, en physique, en arts visuels (où la symétrie désigne une juste proportion, ou la correspondance régulière qu'ont entre elles les parties d'un tout), en biologie et dans de nombreux autres domaines. Elle joue un rôle crucial dans l'étude des structures, des motifs et des phénomènes récurrents, permettant de simplifier et d'analyser des problèmes complexes. 

En mathématiques la symétrie est une propriété qui caractérise une correspondance ou une relation entre des objets tels que des points, des figures géométriques ou des fonctions, lorsque ces objets conservent une configuration ou une apparence similaire après une transformation spécifique.

• En géométrie, une symétrie correspond à la disposition de deux figures dont tous les points sont deux à deux, à égale distance d'un point, d'une ligne droite ou d'un plan. 
+ La symétrie axiale (ou symétrie miroir)  se produit lorsqu'une figure ou une forme peut être divisée en deux parties égales par une ligne appelée axe de symétrie. Chaque point de la figure a un point correspondant situé à la même distance de l'axe de symétrie. Exemple : Un triangle isocèle a un axe de symétrie au milieu de sa base.

+ La symétrie centrale se produit lorsqu'une figure a un centre de symétrie, à partir duquel tous les points de la figure sont équidistants et ont des points correspondants opposés. Ex. : Un cercle a une symétrie centrale, où le centre du cercle est le centre de symétrie.

+ La symétrie de rotation se produit lorsque la figure peut être tournée autour d'un point central (appelé centre de rotation) d'un certain angle et conserve son apparence. Ex. : Un cercle possède une symétrie rotative, car il peut être tourné autour de son centre à n'importe quel angle et apparaît identique.

+ La symétrie de translation se produit lorsque la figure peut être déplacée sans rotation ou changement de forme, conservant ainsi son apparence initiale. Ex. : Un rectangle a une symétrie de translation, car il peut être déplacé horizontalement ou verticalement tout en conservant sa forme.

• En algèbre on parle de symétrie ou de fonction symétrique pour désigner une fonction de plusieurs variables telles qu'on peut permuter deux quelconques d'entre elles sans que la fonction change.
Symétrique (relation). - Relation binaire sur un ensemble dans laquelle chaque paire d'éléments possède un symétrique. Formellement, une relation R sur un ensemble E est dite symétrique si, pour chaque paire d'éléments (a, b) appartenant à E, la paire correspondante (b, a) est également dans la relation R.

Sympathie (Sympathia, sympatheia = participation à la souffrance, compassion, puis, en général, communauté de sentiments, de sympathès = qui éprouve de la sympathie, de syn = avec, pathos = ce que l'on éprouve) : phénomène en vertu duquel un être reproduit les modifications subies par un autre être.

On appelle morale de la sympathie la morale d'Adam Smith, qui donne pour criterium de la moralité des actes le degré de sympathie qu'ils font naître chez autrui. Mais la sympathie est un sentiment, et, comme tel, variable d'une personne à une autre et même dans le même individu dans les divers temps. Adam Smith est donc obligé de recourir à un spectateur impartial, témoin idéal de nos actes et dont la sympathie les jugerait. Ce témoin pourrait bien être la conscience morale appelée d'un autre nom, la loi morale, seule vraiment impartiale et impassible.

Symptose (arc de) (géométrie). . - C'est la corde commune réelle de deux coniques qui se coupent en des points imaginaires.

Syncatégorématique (du latin scolastique Syncategorematicus, de syn = avec, katègorèma = accusation, qualité attribuée à un objet, de katègoreô = accuser, énoncer, de kata agoremô = parler en public, de agora = assemblée, de ageirô = réunir) : l'infini en puissance ou indéfini est appelé syncatégorématique, parce qu'il ne contient pas actuellement toutes ses parties, mais peut être augmenté indéfiniment, par opposition à l'infini en acte qui est dit catégorématique. - Un terme syncatégorématique est celui qui, pour avoir une signification, doit être adjoint à d'autres termes. - S'oppose à catégorématique.

Syncrétisme (Synkrètismos, littéralement réunion à la manière des Crétois, dont toutes les villes se liguaient contre l'ennemi commun, de syn = avec, krètizô =  agir en Crétois) .  - Se dit, par analogie :

a) De toute tentative pour réunir vaille que vaille en une seule plusieurs doctrines différentes. 

 b) Du rapprochement plus ou moins forcé de ces doctrines.  Le Syncrétisme est la tendance de l'École d'Alexandrie. A Alexandrie, le syncrétisme philosophique se montra en particulier avec Philon le Juif, Potamon, Numénius et d'autres. A la Renaissance, on vit un syncrétisme à la fois philosophique et religieux dans les tentatives de Pic de la Mirandole, de Reuchlin, de Marsile Ficin et de plusieurs autres, qui essayèrent de concilier les dogmes du christianisme, les uns avec Platon et la Cabbale, les autres avec les doctrines d'Alexandrie, de Pythagore et du Stoïcisme. Le nom de Syncrétistes fut donné, au XVIIe siècle, aux partisans de l'Allemand Georges Calixte ou Callisen, qui voulait réunir dans un même symbole les catholiques et les protestants.

 c) Syncrétisme s'emploie encore pour signifier : Vue d'ensemble confuse d'un tout complexe.

Le syncrétisme diffère de l'éclectisme en ce qu'il n'est qu'un mélange sans choix et sans critique de doctrines opposées, et souvent inconciliables.

Synchronique (approche). - Perspective qui se concentre sur l'observation et l'analyse d'un phénomène à un moment donné, sans tenir compte de son évolution ou de son histoire à travers le temps. L'approche ou analyse synchronique permet d'examiner des relations et des caractéristiques sans les distorsions que l'évolution temporelle pourrait introduire. Elle est souvent mise en contraste avec l'approche diachronique, qui se concentre sur l'évolution et le changement à travers le temps. On rencontre l'approche synchronique dans divers domaines : en linguistique, elle se concentre sur l'étude d'une langue à un moment donné, en analysant sa structure, sa grammaire, son vocabulaire et sa syntaxe sans tenir compte de son évolution historique; en anthropologie et en sociologie, elle consiste à étudier une société ou une culture à un moment spécifique, en examinant ses coutumes, ses institutions, ses croyances, ses pratiques et sa structure sociale à un moment précis sans tenir compte de son évolution historique.

Synchronisme (du grec syn = avec, ensemble, et chronos = temps), rapprochement de personnes qui ont vécu à une même époque, ou d'événements qui sont arrivés simultanément dans divers pays. Des Tableaux synchroniques ont été dressés par Lamp, Bredow, Vater, Blair, Leclerc, Buret de Longchamps. On en trouve aussi dans les Atlas de Gueudeville, de Bucy de Mornas, de Kruse, de Lesage, etc.

Syndérèse (de syntèrèsis = conservation, observation, de syntèreô= conserver, observer; le changement de t en d proviendrait de la façon de prononcer le grec au Moyen Age. D'après Ueberweg, ce mot proviendrait d'une faute de copiste dans un texte de S. Jérôme, où il faudrait lire syneidèsis. Ceux qui écrivent syntérèse, prétendent qu'il faut lire, dans le même texte syntèrèsis)- :

a) Ce mot signifie dans la langue scolastique :
1°) la connaissance habituelle des principes constitutifs de la loi morale;

2°) la conscience morale.

b) Dans un sens plus restreint, il signifie remords (Bossuet, De la connaissance de Dieu, Ch I, § VII).
Synéchisme (de l'anglais Synechism : mot par lequel C. S. Peirce désigne  sa doctrine épistémologique, qui accorde une importance capitale à l'idée de continuité en philosophie. 

Synergie, Synergique (Synergia = coopération, de synergos = qui prête son concours, fait le même travail, de syn = avec, ergon = travail) : c'est le concours de plusieurs activités pour remplir une même fonction.

Syngénèse, Syngénésie(de syn = avec, genos = naissance, genesis = origine; Racine gen = engendrer, naître) : système qui suppose que les premiers individus de chaque espèce contiennent en germe tous leurs descendants. Malebranche soutient cette hypothèse que rien ne vient fonder (Entretiens sur la Métaphysique et sur la Religion, Xe, § 3-5).

Syntagme. - Unité syntaxique qui exprime une idée et qui est formée par la combinaison structurée d'éléments (mots) ou de groupes d'éléments dans une phrase. Ces éléments peuvent être des mots, des groupes de mots ou des phrases. - Un syntagme nominal (SN) est un groupe de mots centré autour d'un nom (substantif) qui fonctionne comme un seul élément dans la phrase. Par exemple, dans la phrase "un grand chien noir", "un grand chien noir" est un syntagme nominal. - Un syntagme verbal (SV) est un groupe de mots centré autour d'un verbe qui fonctionne comme un seul élément dans la phrase. Par exemple, dans la phrase "mange une pomme", "mange une pomme" est un syntagme verbal. - Un syntagme adjectival (SA) est un groupe de mots centré autour d'un adjectif qui fonctionne comme un seul élément dans la phrase. Par exemple, dans la phrase "une robe rouge", "une robe rouge" est un syntagme adjectival. - Un syntagme prépositionnel (SP) est un groupe de mots centré autour d'une préposition. Il consiste en une préposition suivie d'un groupe nominal. Par exemple, dans la phrase "sur la table", "sur la table" est un syntagme prépositionnel. - Un syntagme Adverbial (SAdv) est un groupe de mots centré autour d'un adverbe qui fonctionne comme un seul élément dans la phrase. Par exemple, dans la phrase "très lentement", "très lentement" est un syntagme adverbial. - Un syntagme interrogatif est un groupe de mots utilisé pour poser une question. Par exemple, dans la phrase "où vas-tu ?", "où vas-tu" est un syntagme interrogatif. - Un syntagme de coordination est un groupe de mots formé par la coordination de deux éléments ou plus de même nature grammaticale. Par exemple, dans la phrase "il aime nager et courir", "nager et courir" est un syntagme de coordination.

Syntagmatique. -  Terme qui sert à définir les relations entre des éléments linguistiques qui se produisent séquentiellement dans une phrase ou un énoncé. Le syntagmatique, notion développée par Saussure, se rapporte à la combinaison séquentielle des éléments dans une structure linéaire, telle qu'une phrase ou une séquence de mots dans une phrase. Par exemple, dans la phrase "le chat noir dort", les mots sont disposés de manière syntagmatique pour former une unité de sens. Saussure a également introduit l'opposition syntagmatique / paradigmatique. Alors que le syntagmatique concerne la combinaison séquentielle, le paradigmatique concerne les relations de substitution ou d'association entre des éléments qui pourraient occuper la même position dans la séquence. Par exemple, dans la phrase "le chat noir ou blanc dort", "noir ou blanc" représente une relation paradigmatique, car ces deux termes peuvent être substitués l'un à l'autre dans la même position syntaxique. L'analyse syntagmatique est utilisée dans les approches structurales pour comprendre la manière dont les éléments individuels se combinent pour créer une signification. 

Syntaxe. - Branche de la linguistique qui étudie la structure, l'ordre et les relations entre les mots dans les phrases et les énoncés d'une langue. Elle examine comment les mots et les phrases sont combinés pour former des unités de sens grammaticalement correctes. Les constituants syntaxiques sont des groupes de mots qui fonctionnent comme une unité dans une phrase. Ils sont souvent constitués d'un noyau (un mot principal) et de modificateurs qui ajoutent des détails. Par exemple, dans la phrase "Le chat noir dort paisiblement sur le canapé", "Le chat noir" et "sur le canapé" sont des constituants syntaxiques. La syntaxe attribue des fonctions grammaticales aux mots dans une phrase en fonction de leur rôle syntaxique (sujet, verbe, objet,  compléments, modificateurs, etc). La syntaxe concerne aussi l'ordre des mots dans une phrase, car il peut avoir un impact significatif sur la signification. Par exemple, en français, l'ordre typique des mots dans une phrase affirmative est sujet-verbe-objet (SVO), comme dans "Le chat (sujet) mange (verbe) la souris (objet)". 

Synthèse  (Synthesis = action de mettre ensemble, de syn- tithèmi = rassembler) : La synthèse, opération inverse de l'analyse, consiste à reconstituer le tout au moyen de ses éléments. C'est la méthode qui procède du simple au composé, des éléments au tout. Elle est logique et mathématique ou bien expérimentale.

a) Sens général : action de réunir divers éléments jusque-là donnés séparément.

b) Marche de l'esprit allant des notions simples aux composées, ou de propositions certaines à d'autres qui en résultent nécessairement. 

c) Vue générale qui résulte de la comparaison d'un ensemble de détails : par exemple, synthèse historique : 

« Pour un jour de synthèse, il faut des années d'analyse. » (Fustel de Coulanges, Histoire des Institutions politiques de l'Ancienne France, T. 1, Introduction, p. XIII, Paris, 1891). 
d) Acte de l'esprit qui forme un tout de diverses représentations, sentiments ou tendances. La synthèse mentale, qui coordonne des faits nouveaux, est une opération distincte de l'association des idées qui reproduit des groupes de phénomènes formés autrefois
Synthétique (synthetikos = qui concerne l'arrangement, de synthetos = composé, formé de parties réunies, de syntithèmi = rassembler) : ce qui constitue une synthèse aux sens divers de ce mot ou ce qui résulte d'une synthèse. 

Jugement synthétique :

a) a posteriori; 

b) a priori. 

S'oppose à analytique.

Syrie (Ecole de). - Mouvement philosophique et théologique qui s'est développé en Syrie au VIIIe siècle. Il était principalement représenté par des penseurs chrétiens qui cherchaient à élaborer une théologie qui soit à la fois fidèle à la tradition chrétienne et ouverte à la pensée grecque et arabe. Principaux représentants : Jean Damascène, Théodore Abu Qurrah et Théodore Bar Koni. Ces penseurs ont joué un rôle important dans la diffusion de la pensée grecque et arabe en Occident, notamment en ce qui concerne la philosophie et la théologie. L'école de Syrie a contribué à la naissance de la théologie syriaque, qui est une tradition théologique propre à la région syrienne. Cette tradition a influencé la théologie chrétienne dans son ensemble, et en particulier la théologie de l'Église orthodoxe syriaque et de l'Église catholique syriaque. L'école de Syrie a également été influencée par la pensée d'autres traditions philosophiques et religieuses, notamment la philosophie grecque, la philosophie arabe et le mysticisme musulman.

Systèmes (théorie des). - Cadre conceptuel qui fournit des outils et des concepts pour étudier la structure, le fonctionnement, les interactions et les dynamiques des systèmes complexes, qu'ils soient naturels ou artificiels.. Elle est appliquée dans divers domaines tels que la biologie, la sociologie, la psychologie, la gestion, l'informatique et l'ingénierie. - Un système est défini comme un ensemble d'éléments interconnectés qui travaillent ensemble pour atteindre un objectif commun. Les éléments peuvent être des entités physiques, des concepts, des processus, des personnes, etc. Les systèmes sont composés d'éléments, de relations entre ces éléments, et d'un objectif ou d'une finalité. Les éléments peuvent être subdivisés en sous-systèmes, et les relations peuvent inclure des flux d'information, d'énergie, de matière, etc. Les systèmes peuvent être organisés en niveaux hiérarchiques. Un système peut être un sous-système d'un système plus vaste, et peut aussi comprendre ses propres sous-systèmes. Cette hiérarchie permet de comprendre la complexité des interactions à différentes échelles. Les systèmes reçoivent des entrées (E), les traitent via des processus (P) internes, et produisent des sorties (S). Cette perspective met l'accent sur la transformation d'informations, d'énergie ou de matière au sein du système. La rétroaction est un mécanisme par lequel les résultats d'un processus affectent à nouveau ce processus. Elle peut être positive (amplificatrice) ou négative (stabilisatrice) et influe sur la stabilité et l'adaptation du système. Un système ouvert échange de l'énergie ou de la matière avec son environnement, tandis qu'un système fermé n'a pas d'échanges avec l'extérieur. La plupart des systèmes réels sont ouverts. L'émergence se produit lorsque des propriétés ou des comportements nouveaux émergent au niveau global du système et ne peuvent pas être expliqués entièrement par l'analyse des parties individuelles du système. Les systèmes ont la capacité de s'adapter à leur environnement, de se développer et d'évoluer au fil du temps. Cette capacité d'adaptation est cruciale pour la survie et la durabilité des systèmes.

Systématique (Systèmatikos = qui forme un tout, repose sur un ensemble de principes, de systèma = ensemble) : ce mot se prend :

 a) En bonne part (ex. : un esprit systématique, c'est un esprit capable de réaliser une puissante synthèse). 

 b) En mauvaise part : (ex. : un esprit systématique, c'est un esprit étroit et entêté qui ramène tout, de force, à une idée dominante préconçue). - L'opposition systématique aux actes d'un gouvernement est l'attitude de ceux qui en critiquent tous les actes, qu'ils soient bons ou mauvais. C'est une opposition de parti pris.

Systématique (La): c'est, dans une science, la partie qui fait la classification des objets étudiés, par exemple en zoologie, en botanique.

Système (Systema =  réunion en un corps de plusieurs objets, ensemble, ensemble de doctrines, de syn-istèmi = placer ensemble, rassembler, de syn = avec et de la racine sta = se tenir debout). Système a la même étymologie que synthèse : un système est donc une synthèse d'idées et de vérités se rapportant à un même sujet.

 a) Le mot système implique l'idée de coordination de matières scientifiques, philosophiques, etc.

b) Un système philosophique est, une synthèse d'idées se rapportant, à un même objet (ex. : système du doute méthodique de Descartes).

c) Système s'emploie encore pour signifier un ensemble d'éléments qui forment par leur dépendance mutuelle un tout organisé; ex. : un système planétaire.

L'esprit de système désigne souvent le trop grand attachement à des idées préconçues, et il est certain qu'il y a beaucoup de systèmes arbitraires et artificiels, mais l'esprit de système n'est nullement antiscientifique, puisque la nature est elle-même systématique dans toutes ses productions. Seulement nos systèmes n'épuisent jamais la nature; elle s'en affranchit et les déborde de toutes parts  : c'est ce qui a fait dire à Leibniz que les systèmes sont vrais par ce qu'ils affirment et faux par ce qu'ils nient.

C'est aussi ce qui a donné l'idée de substituer aux systèmes particuliers l'éclectisme qui choisit dans tous les systèmes, et la conciliation qui les éclaire et les complète l'un par l'autre en montrant leur accord dans un système supérieur : mais l'éclectisme, s'il choisit sans discernement, n'est qu'un syncrétisme aveugle, s'il choisit avec discernement, implique une règle de choix, c'est-à-dire un système particulier; et la conciliation, de l'aveu même de ceux qui la préconisent, applique systématiquement la formule leibnizienne citée plus haut. Toute philosophie est donc systématique.

Système dynamique. - Abstraction mathématique utilisée pour décrire l'évolution d'un système au fil du temps. Il est composé d'un ensemble de règles ou d'équations qui déterminent comment l'état du système évolue à partir de conditions initiales données. Un système dynamique peut être continu, dans lequel le temps est un paramètre continu, ou discret, dans lequel le temps est discrétisé en pas réguliers. Les systèmes dynamiques peuvent être déterministes, c'est-à-dire que l'évolution future du système est entièrement déterminée par son état présent, ou stochastiques, dans lesquels des éléments aléatoires ou probabilistes sont incorporés. Un aspect important de l'étude des systèmes dynamiques est l'identification des comportements caractéristiques du système, tels que les points d'équilibre, les cycles, les trajectoires périodiques, les comportements chaotiques, les attracteurs, etc. Ces caractéristiques permettent de comprendre la stabilité, la variabilité et les propriétés globales du système.

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Dictionnaire Idées et méthodes
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