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Dictionnaire des idées et méthodes
N
. - En mathématiques,  désigne l'ensemble des nombres entiers naturels, c'est-à-dire tous les nombres entiers non négatifs. C'est un ensemble infini qui commence généralement à partir de zéro (0) et s'étend indéfiniment :  = {0,1,2,3,4,…}. On note * , l'ensemble des entiers naturels auquel on a ôté le nombre zéo. Les entiers naturels sont utilisés couramment en mathématiques pour compter ou ordonner des éléments. - La théorie des ensembles fournit le cadre conceptuel pour définir et comprendre l'ensemble des entiers naturels. Ceux-ci peuvent être vus comme des ensembles bien ordonnés ou comme des objets au sein d'un univers ensembliste. - Les axiomes de Peano sont  cinq axiomes qui définissent les entiers naturels de manière axiomatique. Ils établissent les propriétés fondamentales des entiers naturels, telles que l'existence du zéro (en tant qu'élément de départ de l'ensemble des entiers naturels.), la notion de successeur (que chaque éntier naturel a un successeur qui est également un nombre naturel), l'induction mathématique (qui permet de démontrer des propriétés pour tous les nombres naturels en démontrant qu'elles valent pour zéro, puis en montrant que si elles valent pour un nombre naturel donné, elles valent également pour son successeur), etc.

Nationalisme. - Idéologie politique qui met l'accent sur l'intérêt, la préservation et le développement d'un groupe de personnes supposées constituer une nation, et qui partageant une culture, une histoire, une langue ou d'autres caractéristiques communes. Le nationalisme met en avant l'identité culturelle et sociale unique de ladite nation, souvent en opposition à d'autres cultures et identités. Cette idéologie peut ainsi conduire à des attitudes ethnocentriques, à l'exclusion des autres groupes, au conflit et à la discrimination, en particulier lorsque des formes extrémistes sont adoptées.

Nativisme, Nativiste (de Nativus = donné par la nature, inné, de nascor, natus sum = naître) : est dite nativiste toute doctrine enseignant qu'une fonction, un caractère ou une idée sont innés ou congénitaux. Le mot  nativisme employé comme synonyme d'innéisme s'oppose alors à empirisme. Nativisme et empirisme désignent plus particulièrement deux opinions sur la perception primitive de l'étendue : les nativistes soutiennent que nous localisons naturellement dans l'espace ambiant les causes externes de nos sensations; les empiristes prétendent que la notion d'étendue est acquise et dérivée et que nous apprenons peu à peu à situer dans l'espace les objets extérieurs.

Natura naturans et natura naturata. - Expressions  qui trouvent leur origine chez  Spinoza (Éthique, 1677).  Pour Spinoza, la Natura naturans (= nature naturante) est la nature en tant que substance infinie et créatrice. C'est la nature en tant que principe actif, cause première, ou Dieu, selon la terminologie qu'il emploie. C'est la réalité dynamique et infinie qui est à l'origine de tout ce qui existe. La Natura naturata (= nature naturée), est, quant à elle, la nature en tant que résultat, en tant que ce qui est produit par la nature créatrice. C'est la somme totale de toutes les choses particulières qui existent dans le monde (individus,  objets, événements, etc.). Spinoza utilise ces expressions pour articuler la relation dynamique entre la cause première (la nature créatrice) et les effets concrets dans le monde (ce qui est produit par cette nature).

Naturalisme (de Naturalis = naturel, relatif à la naissance, naturel, de nascor, natus sum = naître) : le naturalisme doctrinal a produit deux systèmes principaux : 

a) l'un confond la nature avec Dieu ; c'est le Panthéisme; 

b) l'autre affirme que l'ensemble des facultés natives de l'humain suffisent à assurer son perfectionnement, sa destinée et son bonheur : il rejette la révélation et l'ordre surnaturel. 

Nature (Natura, de nascor, natus sum = naître) : principaux sens :
a) La nature est le principe de l'activité ; c'est le sens scolastique ;

b) La nature est l'ensemble des caractères essentiels d'un être, d'une science, d'une institution, etc.;

c) La nature se dit par opposition: 1°) à la civilisation : état de nature (Rousseau); 2°) au surnaturel, c'est-à-dire à ce qui est au-dessus des exigences de la nature. 3°) à l'art qui l'imite ou s'en inspire et aux autres productions issus de la technique.

d) La nature est la personnification factice et purement verbale du système des lois qui régissent les phénomènes et n'implique aucune conception métaphysique de leur substratum.

Les natures, dans l'ancienne langue philosophique, étaient les essences des êtres considérés comme principes d'action : l'analyse, selon Descartes, s'efforce d'atteindre les natures simples. Dans le panthéisme spinoziste, nature naturante et nature naturée désignaient également Dieu ou la substance principe de tout, mais la substance considérée tantôt comme cause, tantôt comme effet, ou plutôt manifestation d'elle-même dans ce que nous appelons la nature au sens ordinaire du mot : c'est, pour ainsi dire, la source du fleuve et le fleuve lui-même.

On cite souvent ces anciennes formules : « La nature ne fait rien en vain; la nature ne fait pas de sauts. » La première signifie que la nature agit toujours par les voies les plus simples et semble obtenir le maximum d'effet avec le minimum d'efforts; la seconde, qu'elle procède dans la production des êtres par gradations insensibles, de manière à ne jamais laisser d'intervalle ou de hiatus dans leur hiérarchie.

La nature désigne, dans la langue de Jean-Jacques Rousseau, ce qui est spontané et ne porte pas la marque ou plutôt le stigmate de la tyrannie humaine et des institutions sociales.

Seconde nature : a) coutume; b) habitude.

Nature (état de). - Dans la langue de Jean-Jacques Rousseau, l'état de nature est antérieur à l'état social, fondé artificiellement sur les lois ou conventions humaines, dont la première est le contrat social qui donne naissance à l'État. Mais, à vrai dire, Rousseau ne se tient nullement à cette conception un peu naïve d'un âge d'or qui aurait précédé les sociétés, et son état de nature doit plutôt être défini par l'ensemble des instincts qui appartiennent à l'humain et lui sont inhérents, qu'il vive ou ne vive pas en société.

L'état de nature existe donc plus ou moins latent et dissimulé sous l'état social plutôt qu'il n'est antérieur à l'état social : l'humain de la nature est celui qui s'est délivré du joug des conventions arbitraires.

Naturel. - Naturel signifie souvent inné et s'oppose à acquis l'instinct est naturel, l'habitude est acquise. Par l'expression loi naturelle, on désigne quelquefois la loi morale qui ordonne de faire le bien et d'éviter le mal.

Nausée. - Sensation de dégoût. Pour Sartre (La Nausée, 1938), la nausée ne se réfère pas simplement à un malaise physique, mais plutôt à une expérience existentielle profonde. Le protagoniste de son roman éprouve un sentiment de dégoût et de malaise face à l'absurdité de l'existence humaine. Il est confronté à une prise de conscience radicale de la réalité, où les objets et les événements perdent leur signification habituelle, et il est submergé par une sorte de désespoir existentiel. La nausée dans le contexte existentialiste  peut ainsi être interprétée comme une réaction à la liberté absolue de l'individu et à la responsabilité qui en découle.

Navire de Thésée (ou de Jason). - Expérience de pensée que l'on rencontre chez Plutarque et qui destinée à soulever des questions sur l'identité et le changement au fil du temps : imaginons un bateau (le navire de Thésée). Au fil des années, chaque pièce du bateau est remplacée progressivement par une nouvelle pièce. Finalement, chaque partie du navire est remplacée. La question est maintenant la suivante : est-ce toujours le navire de Thésée, bien qu'aucune de ses parties d'origine ne soit présente? Est-ce que l'identité du navire réside dans ses parties individuelles ou dans une forme d'ensemble qui persévère? (Méréologie) Ce questionnement peut également conduire à des discussions sur la nature de l'identité personnelle, de l'identité des objets en général, et de continuité dans le temps.

Néant (peut-être de Nec-entem, latin scolastique, non-être). - Privation ou négation de l'être. Le néant est cependant distingué du non-être et de la pure puissance, mais cette distinction extrêmement subtile ne peut être saisie que lorsqu'on approfondit les doctrines de Platon et d'Aristote.

Rien ne vient de rien; rien ne retourne à rien est un principe qui remonte à Démocrite : il contient à la fois, mais obscurément, le principe de causalité et le principe de la conservation de la force.

Nécessitarisme. - Position philosophique selon laquelle tout événement, y compris les actions humaines, est déterminé par des causes antérieures de telle sorte qu'il ne pouvait pas se produire autrement. En ce sens, le nécessitarisme peut être vu comme un fatalisme. Mais il s'en distingue dans la mesure où il insiste davantage sur la notion de déterminisme, en soutenant que tout ce qui se produit est nécessairement déterminé par les conditions qui le précèdent, et il n'y a pas de véritable contingence ou possibilité réelle d'alternative. Cette perspective soulève des questions concernant la liberté individuelle, la responsabilité morale et la possibilité du libre arbitre. Si tout est déterminé par des causes antérieures, comment savoir si les individus ont une véritable liberté de choix, ou si leurs actions sont inévitables en raison de forces causales qui les dépassent? Certains philosophes admettent une certaine marge de liberté dans le cadre du déterminisme, tandis que d'autres soutiennent un déterminisme strict sans place pour le libre arbitre. 

Nécessaire  (Necessarius, de necesse = nécessaire) . - On appelle nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être ni être autrement qu'il n'est. Ce mot a pour opposé contingent, ce qui peut ne pas être ou être autrement.

Les vérités nécessaires sont les principes de la raison.

Nécessité (Necessitas, de necessarius = nécessaire).

a) Caractère de ce, qui est nécessaire;

b) Contrainte exercée sur l'humain par l'enchaînement inévitable des principes et des conséquences, des effets et des causes. Destin.

Négation  (Negativus, negatio, de negatum, supin de negare = dire non, nier, de ne = ne pas).  - Proposition contraire ou opposée d'une affirmation, action de l'esprit déclarant fausse une relation proposée. La négation peut être comprise à la fois comme un concept formel ou comme un processus plus large dans lequel des idées, des thèses ou des propositions peuvent être remises en question, contestées ou opposées. - En logique propositionnelle, la négation est une opération logique qui inverse la vérité de la proposition; elle est représentée par le symbole ¬ (si A est une proposition, ¬A est sa négation).  - En logique des prédicats, qui étend la logique propositionnelle pour traiter des quantificateurs et des variables, la négation s'applique également aux prédicats et aux propositions complexes. Elle est  notée ¬ ou ~. - Au-delà de la logique formelle, la négation est également un concept important dans la pensée philosophique. Par exemple, la dialectique hégélienne utilise la négation comme un processus dynamique dans lequel une idée ou une thèse est confrontée à sa négation, l'antithèse, conduisant finalement à une synthèse. Dans la pensée existentialiste de Sartre, la néantisation ou négation s'entend dans le contexte de la liberté et de la responsabilité. Pour Sartre, l'existence humaine implique la négation des choses telles qu'elles sont en faveur de ce qu'elles pourraient être.

Négligeable. - L'expression négligeable est constamment employée en mathématiques, et surtout dans le calcul des approximations, pour exprimer une erreur qu'on commet, sachant qu'on la commet, et n'en tenant pas compte. Dans toutes les mathématiques appliquées, le discernement des éléments négligeables et de ceux qui doivent être conservés est une des questions les plus délicates, et il serait difficile de formuler à cet égard des règles présentant quelque fixité. Suivant la nature des problèmes, on doit avoir recours, soit aux principes du calcul des approximations, soit au simple bon sens aidé d'une sagacité toute personnelle. 

Aux débuts du calcul infinitésimal, quelques auteurs tentèrent d'en édifier la philosophie en le représentant comme fondé sur la suppression de quantités négligeables en face de celles que l'on conservait. C'était une vue fausse, en ce qu'elle tendait à faire prendre une méthode rigoureuse pour un calcul d'approximation. Cependant, pour la commodité et la rapidité du langage, on dit souvent encore qu'un infiniment petit d'ordre supérieur est négligeable par rapport à un infiniment petit d'ordre moindre, et cela n'a pas d'inconvénient, à la condition de bien comprendre la portée véritable de l'expression qu'on emploie. (C.-A. L.).

Néo-criticisme (de Neos = nouveau; kritikos =, capable de juger, de krinô = juger, décider). - Le criticisme des disciples de Kant (V. néo-kantisme, ci-dessous) et, particulièrement, le criticisme français de Renouvier.

Néo-existentialisme. - Réinterprétation de l'existentialisme, via un intérêt particulier porté aux questions éthiques, politiques, technologiques et environnementales actuelles.  Les penseurs néo-existentialistes se concentrent sur les responsabilités éthiques des individus dans un monde globalisé. Ils s'intéressent également aux effets de la technologie sur la perception de soi, les relations humaines, l'aliénation, l'authenticité et la déshumanisation.

Néo-kantisme. - Mouvement philosophique apparu à la fin du XIXe siècle et qui a cherché à revitaliser les idées fondamentales de Kant.  Les Néo-kantiens se sont efforcés de réinterpréter les idées de Kant, en mettant l'accent sur des aspects particuliers de sa philosophie, tels que l'importance de la subjectivité, la structure de l'expérience, la morale et l'épistémologie.

Néo-malthusianisme. - Mouvement qui s'inspire des idées de Malthus (1766-1834). Les néo-malthusiens estiment que la croissance démographique rapide et incontrôlée peut entraîner des problèmes environnementaux et économiques. Ils préconisent souvent des politiques de contrôle de la population. Ils soutiennent également la réduction de la consommation de ressources naturelles, la protection de l'environnement et le développement durable. Le mouvement néo-malthusien est apparu au XIXe siècle, mais il a connu une résurgence dans les années 1950 et 1960 avec la publication du livre de William Vogt, The Road to Survival en 1948 et du rapport du Club de Rome, The Limits to Growth, en 1972. Ces publications ont ont contribué à alimenter le mouvement environnementaliste et le débat sur le développement durable.

Néo-marxisme. - Courant philosophique et politique apparu dans la seconde moitié du XXe siècle, renouvelant et revisitant les idées du marxisme classique. Le néo-marxisme conserve certains concepts fondamentaux du marxisme tels que la critique de l'économie capitaliste, l'analyse des rapports de classe, la lutte des classes et la nécessité d'un changement révolutionnaire, tout en se voulant une réponse aux transformations socio-économiques, culturelles et politiques qui ont eu lieu depuis l'époque de Marx

Néo-phénoménologie. - Prolongement contemporain de la phénoménologie classique. Elle  est engagée dans le dialogue interdisciplinaire et interphilosophique, intégrant des idées provenant d'autres traditions philosophiques comme l'existentialisme, la philosophie analytique ou le pragmatisme

Néo-Platonisme. - L'école d'Alexandrie, éclectique, panthéistique et mystique dont Plotin est le principal représentant.

Néo-scolastique (Philosophie) : nom pris par certains philosophes à partir de la fin, du XIXe siècle, notamment par les professeurs de l'Université de Louvain, lesquels publient la Revue Néo-Scolastique pour répandre la philosophie de saint Thomas et des grands Scolastiques.

Néo-thomisme. - Nom donné aux philosophies scolastiques qui se recommandent de Thomas d'Aquin et s'efforcent d'adapter la doctrine thomiste aux besoins modernes. Thomisme.

Neurophilosophie. - Domaine interdisciplinaire qui vise à intégrer les avancées et les connaissances provenant de la neurobiologie, de la neuroscience cognitive et des sciences connexes avec les questions philosophiques traditionnelles liées à la nature de l'esprit, à l'expérience vécue, à la cognition, à l'identité (compréhension de l'identité personnelle, du soi et de la continuité de l'individu à travers le temps) et de la conscience (sa nature, ses fondements neuronaux, l'intégration des informations dans le cerveau). Une des interrogations fondamentales pour la neurophilosophie concerne la question de savoir si les phénomènes mentaux peuvent être réduits à des phénomènes neurobiologiques ou s'ils possèdent une irréductibilité épistémique ou ontologique.Autres thématiques : les implications éthiques des découvertes en neuroscience et les questions soulevées par l'utilisation de la technologie neurologique, telles que la modification cognitive, l'amélioration humaine et la vie artificielle; la nature de la liberté et du déterminisme à la lumière des découvertes neuroscientifiques sur la nature du cerveau.

Neutralisme.- Position qui soutient que certaines questions ou débats sont insolubles ou sans importance, et donc qu'il est préférable de ne pas prendre de position ou de rester neutre sur ces questions. En éthique, le neutralisme affirme qu'il n'existe pas de normes morales objectives ou universelles. En métaphysique, le neutralisme peut s'appliquer aux questions de l'existence de Dieu ou de l'âme. En épistémologie, le neutralisme soutient que la connaissance absolue ou objective est impossible à atteindre, et que les croyances et les connaissances sont toujours influencées par des facteurs tels que la culture, le langage et l'expérience individuelle.

Neutralité. - Caractère de ce qui ne prend pas parti pour une option plutôt qu'une autre, de choisit pas entre plusieurs options possibles. La neutralité n'est pas toujours considérée comme une position réalisable ou même souhaitable dans tous les domaines. Certains philosophes contestent la possibilité d'une neutralité totale, soulignant que toute perspective est susceptible d'être influencée par des présupposés ou des valeurs sous-jacents. 

Nihil est in intellectu quod prius non fuerit in sensu ( = rien n'est dans l'intellect ou l'entendement, qui n'ait été d'abord dans les sens, en latin). - Propositiont attribuée à  Locke et qui exprime le point de vue empiriste selon lequel toute connaissance provient de l'expérience sensorielle. Selon les empiristes, l'esprit humain à la naissance est une tabula rasa (une  table rase) dépourvue d'idées innées. Les idées émergent à partir de l'expérience sensorielle, soit directement par la perception des objets par les sens, soit indirectement par la réflexion sur ces perceptions. Cette idée a influencé des penseurs ultérieurs dans la tradition empiriste, à commencer par Hume.

Nihilisme (de Nihil, rien, de ni, pour ne, ne pas et hilum = petite raie noire au haut de la fève, par extension un rien, d'où nihilum, nihil = rien) : Négation universelle.

a) En philosophie, c'est : 

1°) La doctrine phénoméniste qui prétend qu'aucune réalité substantielle ne répond aux perceptions sensibles. L'univers est une fantasmagorie d'apparences et le moi à une collection de phénomènes. L'expression est de Hamilton (Lectures on Metaphysics, T. I, Lect. XVI, 1877). 

2°) La doctrine qui prétend qu'il n'y a pas de vérité .

b) En politique, c'est est une théorie apologétique de l'anarchie. Cette doctrine qui ne veut rien (nihil) laisser debout de l'état social actuel, par exemple les Nihilistes russes au XIXe siècle.

Nirvana (signifie littéralement extinction) : ce mot, dans la doctrine bouddhiste; signifie la destruction du moi, mais non de l'être. Le souverain bonheur consiste dans cet anéantissement de l'existence personnelle qui se fond dans l'existence universelle. Le Bouddhisme n'admet donc qu'une sorte d'immortalité de la substance.

Noème. - Manière dont un objet est compris, interprété ou saisi par la pensée. Pour la phénoménologie auquel ce terme appartient, le noème est ce qui est intentionnel dans l'acte de conscience, c'est-à-dire l'objet tel qu'il apparaît à la conscience, avec toutes ses caractéristiques et ses significations.

Noématique. -  Branche de la phénoménologie qui étudie les structures intentionnelles de la conscience, c'est-à-dire l'analyse des noèmes. La noématique analyse la manière dont les objets sont appréhendés, structurés et compris dans l'expérience subjective. C'est une approche tournée vers la description des contenus de la conscience et vers la manière dont ils sont organisés.

Noésis.(en grec ancien νόησις ). - Pour Platon, c'est la connaissance intellectuelle intuitive. - Dans la philosophie de l'esprit et  la phénoménologie, ce concept renvoie à la description de l'acte de la pensée ou de la cognition :  la noésis est le processus par lequel nous acquérons la connaissance ou la compréhension de quelque chose. C'est un concept important pour la compréhension de la conscience, de la perception, de l'intentionnalité et d'autres aspects de la philosophie de l'esprit. La philosophie de l'esprit oppose souvent la noésis à la noèse. La noèse représente le sujet pensant ou l'esprit, tandis que la noésis est l'acte de penser ou de la cognition elle-même. En phénoménologie, la noésis est liée à la façon dont nous percevons, pensons et comprenons le monde qui nous entoure.

Nolonté (de Nolo = ne pas vouloir, par analogie avec volonté) : mot forgé par Renouvier pour désigner le pouvoir suspensif de la volonté.

Nom (Nomen, de noscere = connaître. Racine gnoco-gno-scere, cognomen) mot par lequel on désigne quelqu'un ou quelque chose. - L'idée générale est pour le Nominalisme un nom commun.

Nombre (Numerus nomè = partage, de nemô = partager) : Collection d'unités ayant quelque chose de commun. - Le nombre mathématique est une quantité discrète qui a pour élément l'unité. Les nombres étaient, selon Pythagore, les principes des choses les pythagoriciens ne disaient pas seulement que toutes choses étaient faites selon les nombres, c'est-à-dire avec ordre et proportion, mais que les choses étaient réellement les mélanges des nombres.

Nominalisme (de Nominalis, de nomen = nom). - Système d'après lequel il n'existe pas d'idées générales, mais des signes généraux. Les Nominaliste nient la réalité des universaux (ou idées générales) et ne voient en eux que des mots et des noms.

Au nominalisme s'oppose le réalisme, qui admet la réalité, c'est-à-dire l'existence objective des universaux.

Le conceptualisme, qui en fait des idées ou concepts de l'esprit, ne paraît être qu'une forme atténuée du nominalisme.

Si l'on remarque que les universaux ou idées générales sont avant tout des conceptions de notre esprit, on pourra supposer, soit qu'elles répondent à quelque chose hors de nous, soit qu'elles ne sont que des produits absolument artificiels de notre faculté de penser. Les réalistes, dont la thèse semble d'abord la plus difficile à défendre, remarquent avec raison que les espèces et les genres demeurent alors que les individus disparaissent : quand tous les hommes qui composent aujourd'hui le genre humain seront morts, l'humanité continuera d'exister, et dès lors il semble que l'humanité ait plus de réalité que l'individu et même que l'individu lui emprunte sa réalité éphémère.

Nominalisme méthodologique. - Approche (associée à la philosophie analytique et aux travaux de Quine) qui consiste à traiter les entités abstraites, telles que les universaux, les classes, ou les concepts généraux, comme de simples constructions linguistiques ou des outils pratiques plutôt que comme des entités réelles ayant une existence indépendante. Cette forme particulière de nominalisme est est souvent opposée au réalisme ontologique, qui affirme l'existence réelle d'entités abstraites, indépendamment de leur existence dans l'esprit humain ou du langage. Le nominalisme méthodologique ne nie pas nécessairement l'utilité des entités abstraites dans le langage ou la pensée, mais il soutient que leur statut ontologique est fondamentalement différent de celui des objets concrets. Certains philosophes utilisent le nominalisme méthodologique comme un moyen de simplifier l'ontologie, en évitant de postuler l'existence d'entités abstraites en dehors de leur utilisation dans le langage ou la pensée. 

Nomologie (de nomos = loi, en grec).- Etude des lois naturelles ou des principes généraux qui régissent les phénomènes dans le monde. C'est une branche de la philosophie des sciences qui s'intéresse à la formulation, à la compréhension et à l'application des lois générales qui décrivent le fonctionnement de la nature.

Nomotétique. - En relation avec l'idée de recherche des lois générales, des principes ou des modèles qui peuvent fournir une compréhension plus large et plus générale des phénomènes étudiés. - Dans les sciences de la nature, c'est l'approche qui vise à identifier des  régularités dans la nature. Les sciences nomotétiques cherchent à formuler des lois, des principes et des modèles qui peuvent rendre compte de manière générale de différents phénomènes observables. -  En psychologie, le terme désigne une approche qui cherche à établir des lois générales du comportement humain. - En philosophie, le terme est souvent utilisé dans le contexte de la distinction entre le nomothétique et l'idéographique. Le nomothétique se réfère à l'étude des lois générales, universelles, et de la recherche de modèles explicatifs qui peuvent s'appliquer à un large éventail de phénomènes, alors que l'idéographique se concentre sur la description détaillée et spécifique d'événements singuliers.

Non-action (Wu Wei, en chinois). - Concept essentiel au taoïsme, qui ne correspond pas à l'inaction au sens de l'apathie, mais plutôt de l'idée de vivre en harmonie avec le Tao, de suivre le cours naturel des choses et de ne pas résister inutilement. Les choses doivent être faites de manière spontanée et fluide, sans effort excessif.

Non causa pro causa. - Littéralement, prendre pour cause ce qui n'est pas cause. C'est donc un sophisme que l'on désigne par cette expression, par exemple le sophisme qui consiste à prendre pour cause véritable une simple condition accidentelle ou bien une coïncidence plus ou moins constante. C'est ainsi que Jean-Jacques Rousseau a prétendu prouver que les sciences et les arts sont la cause de tous nos vices.

Non-moi : tout ce qui est distinct du sujet pensant et sentant. Le non-moi est la limite du moi (Fichte). - S'oppose à Moi.

Noologie, Noologique (Noos, Nous = esprit, racine gnô = connaître; logos = discours). - Ampère appelait noologiques  les sciences qui ont pour objet les esprits, leurs productions et leur histoire, et les divisait en sciences noologiques proprement dites et sciences sociales. Les sciences qui ont pour objet les corps étaient appelées cosmologiques. La noologie est l'analyse et la classification des différents types d'esprit.

Normativité. - Qualité de ce qui est conforme à des normes ou à des règles établies. C'est un concept multidimensionnel qui revêt une signification particulière selon le contexte dans lequel il est utilisé (société, morale, droit, éthique, linguistique, etc.).  Dans le domaine de la sociologie, la normativité se rapporte à la manière dont les comportements, les attitudes et les actions des individus sont conformes ou non conformes aux normes établies par la société. Ces normes peuvent être explicites (lois) ou implicites (conventions sociales). La normativité dans le domaine du droit se rapporte à l'observation et à l'application des lois et des règles juridiques. Dans le contexte de la morale et de l'éthique, la normativité concerne la conformité des actions et des décisions à des principes moraux ou éthiques. Par exemple, une action est jugée comme étant conforme à une norme morale si elle est considérée comme bien ou juste selon ces normes.  En linguistique, la normativité concerne la manière dont les langues sont réglementées et standardisées, définissant ce qui est considéré comme correct dans l'usage linguistique, que ce soit en termes de grammaire, de syntaxe, de vocabulaire, ou d'autres aspects linguistiques.

Norme (norma = règle). - Règle, principe ou modèle qui établit ce qui est considéré comme typique, approprié, acceptable ou conforme dans une société, une organisation, un groupe social ou un domaine spécifique. Les normes sont des références qui guident ou forgent le comportement, les attentes et les interactions des individus en fournissant des standards ou des répères pour évaluer les actions et les choix. Les normes peuvent évoluer avec le temps en réponse aux changements sociaux, culturels, économiques et technologiques. A un moment donné, les normes jouent un rôle crucial dans la structuration de la société et dans la création d'ordre et de cohérence. Elles influent sur la manière dont les individus interagissent, prennent des décisions, forment des groupes sociaux et maintiennent la stabilité dans divers domaines de la vie.

Quelques mots sur trois types de normes : 

• Les normes sociales sont des règles, des conventions et des attentes qui sont partagées et acceptées par un groupe, une communauté ou une société. Elles influent sur le comportement et les interactions sociales des individus. Ces normes peuvent être explicites (codifiées dans les lois et les règlements) ou implicites (non écrites mais largement comprises). 

• Les normes culturelles sont des règles et des valeurs spécifiques à une culture particulière. Elles déterminent les comportements, les traditions, les rituels, les relations et les expressions artistiques d'autres aspects de la vie quotidienne dans cette culture (ex. : normes alimentaires, vestimentaires et les fêtes spécifiques). Ces normes sont transmises de génération en génération et évoluent au fil du temps. 

• Les normes personnelles  sont les règles, les principes et les valeurs que chaque individu adopte et internalise en fonction de ses propres croyances, expériences, éducation et convictions. Elles guident le comportement individuel et les choix de vie, sachant qu'en pratique, les individus naviguent souvent entre leurs normes personnelles, celles de leur société et celles de leur culture, cherchant un équilibre entre l'adaptation sociale et l'expression de leur identité personnelle. 

Notion (Notio = action de connaître, connaissance, idée, de notum, supin de noscere = chercher à connaître) : 
a) Connaissance d'une chose. 

b) Idée, en tant qu'objective, représentative d'un objet. 

Ce terme, plus vague et plus général que le mot idée, offre à peu près le même sens : il signifie littéralement connaissance. Cependant Berkeley non seulement distingue la notion et l'idée, mais les oppose : la notion devient l'objet propre de l'entendement, et l'idée l'objet connu par les sens ou représenté par l'imagination.

On appelle notions premières les idées fondamentales et intuitives, et quelquefois notions secondes les idées ou connaissances dérivées. Les notions premières sont les éléments des vérités premières ou principes premiers : les notions ou idées premières sont de simples conceptions (l'idée d'infini, de cause première, etc.); les vérités prelitières sont des jugements (principe de causalité, de raison suffisante, etc.).

Notions communes. - Dans un sens général, connaissances ou idées largement partagées au sein d'une société ou d'un groupe donné. Il s'agit des idées, des croyances ou des concepts qui sont généralement acceptés ou compris par un grand nombre de personnes. - Chrysippe et les autres Stoïciens ont accordé une grande importance aux notions communes (koinai ennoiai en grec), qui jouaient un rôle central dans la manière dont ils comprenaient la nature de la vertu, du devoir moral et de la vie en accord avec la nature. Les notions communes (justice, bienfaisance, modération, reconaissance de l'harmonie de la nature, etc.) étaient pour eux des concepts naturellement inscrits dans l'esprit de chaque personne. Elles étaient des principes directeurs et rationnels qui, lorsqu'ils étaient correctement compris et suivis, guidaient vers une vie vertueuse et en accord avec la nature.

Nouménal. -  Qui concerne le noumène ou dérive du noumène : liberté nouménale, c'est-à-dire liberté qui réside essentiellement dans un acte suprasensible, intemporel ou hors du temps par lequel nous nous faisons bons ou mauvais, de notre  propre initiative et volontairement, bien que tous les actes de notre vie doivent s'enchaîner dans la suite selon les lois d'un rigoureux déterminisme.

Noumène (noumenon = connu par le nous = la raison pure). Le noumène s'oppose au phénomène, comme ce qui est à ce qui apparaît.

Selon Kant qui a forgé ce mot, les noumènes, essences des choses, sont inaccessibles parce que, pour être connus, ils devraient nous apparaître, et dès qu'ils nous apparaîtraient ils deviendraient phénomènes. Le noumène peut donc être objet de foi, non de science.

Kant les conserve pour servir de refuge à la liberté et d'asile à la morale : les néo-criticistes croient pouvoir s'en passer et se contentent des phénomènes, tout en sauvegardant la morale.

Le noumène ou « chose en soi », précisément parce qu'il échappe à la science et à ses lois rigides, permet à Kant de concilier la science et la conscience, la nécessité inflexible des faits observés et la liberté qui est un postulat de la loi morale : la liberté sera donc nouménale et, par un acte intemporel, nous nous ferons bons on méchants librement, dominant ainsi par cet unique acte libre toute la série des phénomènes qui remplissent notre vie en constituant notre caractère empirirque.

On voit que le mot noumène offre deux sens assez différents, l'un négatif, l'autre positif : 1° au sens négatif, il signifie ce qui ne peut être que pensé sans pouvoir devenir objet d'intuition sensible; ce qui est au fond des phénomènes, derrière les phénomènes, mais demeure caché par eux, affirmé seulement par la pensée et non pas connu. - 2° au sens positif, il désigne ce qui est au delà de l'expérience, le suprasensible, ce qui est objet non d'intuition sensible, mais peut être d'intuition intellectuelle ou bien de croyance, morale.

Noûs (= l'intellect, en grec). - Pour les philosophes grecs, avec des variantes, la notion de noûs renvoyait à la capacité de comprendre des vérités intellectuelles et métaphysiques. Anaxagore fait du noûs, le principe moteur dans l'ordonnancement du monde. - Platon lie le concept de noûs au monde des Formes ou des Idées. Celui-ci est considéré comme l'aspect de l'âme humaine qui est capable de connaître les réalités éternelles et immuables des Formes. Il est distingué des parties irrationnelles de l'âme. - Aristote utilise également le terme noûs pour décrire la partie de l'âme humaine qui est impliquée dans la pensée et la compréhension intellectuelle. Il distingue le noûs poietikos, principe de l'intellect actif dans la production de pensées, de concepts et d'abstractions, et le noûs théorétique,  avantage lié à la contemplation et à la compréhension des réalités intellectuelles et métaphysiques. - Dans la philosophie néoplatonicienne (chez Plotin, en particulier),  le noûs est compris comme une réalité supérieure et divine, parfois associée à l'Un. Il est considéré comme la source de l'intellect et de la connaissance dans l'univers.

Nouveaux philosophes. - Courant intellectuel actif en France dans les années 1970 et 1980, en réaction au marxisme et au structuralisme. Les figures principales de ce mouvement étaient des intellectuels et philosophes, souvent jeunes à l'époque, qui se sont fait connaître par leur engagement dans des débats politiques et philosophiques  du moment et leurs écrits critiques, médiatiques et provocateurs.

Nouveauté. - Caractère de ce qui est nouveau, de ce qui a) apparaît pour la première fois ou qui b) vient d'apparaître. - La question de savoir si l'histoire humaine présente une véritable nouveauté ou si elle suit des cycles prévisibles est un sujet de débat. Certains pensent que l'histoire humaine est caractérisée par des événements véritablement nouveaux, tandis que d'autres soutiennent que les schémas se répètent. - Dans la phénoménologie, la nouveauté peut être abordée en relation avec l'idée d'épochè, c'est-à-dire la mise entre parenthèses de nos préjugés pour appréhender le monde de manière plus directe. En suspendant nos préconceptions, la phénoménologie s'efforce d'appréhender la nouveauté de chaque expérience. - Dans la philosophie de la science, la question de la nouveauté est liée à la découverte et à l'innovation. Comment de nouvelles idées émergent-elles? Comment de nouvelles théories scientifiques sont-elles développées? - En éthique et politique, la nouveauté peut être liée à des concepts tels que le progrès, le changement social et la transformation. 

Numérateur. - Une fraction ordinaire, en arithmétique, se définit par une collection de parties égales de l'unité, celle-ci ayant été divisée en un certain nombre de parties égales. Le nombre de ces parties égales que l'on prend pour former la fraction s'appelle le numérateur de cette dernière; et le nombre des parties en lesquelles on a divisé l'unité s'appelle le dénominateur. Le numérateur s'écrit au-dessus et le dénominateur au-dessous, les deux étant séparés par un trait; si l'on utilise un trait oblique comme ici, le numérateur s'écrit en premier. La fraction cinq septièmes, par exemple, s'écrira  5/7, et 5 est le numérateur. De même, dans une fraction algébrique a/b, a est le numérateur.

Numération. - Processus de représentation des nombres à l'aide de symboles ou de chiffres. Il existe plusieurs systèmes de numération . Le système décimal (ou base 10) est le plus courant; il recourt à 10 symboles pour représenter tous les nombres. En informatique et en électronique, on utilise aussi le système binaire (base 2), le système octal (base 8) et le système hexadécimal (base 16).

Numérique (de Numerus = nombre) : relatif au nombre. 

Numérique (différence). - C'est pour les Scolastiques, la différence qui sépare deux individus de la même espèce : ex. : Paul et Virginie. - S'oppose à différences générique et spécifique.

Numismatique (de Numisma = tout ce qui est établi par l'usage, coutume, monnaie, de nomizô = avoir en usage, de nomos = usage, usage ayant force de loi) : sciences des monnaies et médailles.

Nyâya. - Système de philosophie indiennefondé par Gotama. Cette doctrine, qui a d'abord une visée logique et dialectique, véhicule également une cosmologie et une métaphysique.

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Dictionnaire Idées et méthodes
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