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Dictionnaire des idées et méthodes
J
Jaïnisme. - Bien que d'abord associé à une pratique religieuse, le jaïnisme englobe également une riche philosophie qui offre des perspectives uniques sur la nature de l'existence, la morale et la libération spirituelle. Au cœur de la philosophie jaïniste se trouve la notion de jiva, l'âme individuelle ou la conscience individuelle. Chaque être vivant possède une âme, et cette âme est éternelle et immuable. Le jaïnisme reconnaît l'existence de l'ajiva, qui englobe tout ce qui n'est pas une âme individuelle (la matière, le temps, l'espace et diverses forces physiques). Le jaïnisme partage avec l'hindouisme et le bouddhisme la notion de karma, mais avec quelques distinctions : selon le jaïnisme, le karma est une substance matérielle qui colle à l'âme en raison des actions passées.  L'ahimsa, ou non-violence, est l'un des principes fondamentaux du jaïnisme. Il va au-delà de simplement éviter de nuire physiquement à d'autres êtres vivants. Les jaïns cherchent à minimiser tout type de violence, même verbale ou mentale. Le jaïnisme promeut la doctrine de l'anekantavada, qui affirme que la vérité peut être perçue de différentes manières et que la réalité est complexe. Il encourage la reconnaissance et la compréhension des perspectives multiples et la recherche de la vérité à travers la compréhension approfondie des différentes perspectives. La philosophie jaïniste met l'accent sur l'ascétisme et le renoncement matériel comme moyen de se libérer du cycle de la réincarnation (samsara).  La libération (moksha) est le but ultime, et elle est atteinte lorsque l'âme est complètement affranchie du karma, atteignant un état d'éveil et de béatitude éternelle.

Jalousie  (de Jaloux, du latin populaire zelosum, de zelus = zèle, envie, devenu jelos, jalos, jalous, jaloux). - La jalousie et l'envie sont deux passions voisines, deux sentiments presque également douloureux et malveillants, qui ont ceci de commun, de nous faire souffrir des avantages d'autrui. Au fond de l'un et de l'autre est l'esprit de rivalité, le désir de primer, désir alarmé par la crainte ou meurtri par la conscience d'une infériorité apparente. A en croire Buffon, la mimique est analogue dans les deux cas :

« Les sourcils descendent et se froncent, les paupières s'élèvent et s'abaissent. » 
Il y a pourtant une différence capitale : 
« La jalousie, dit La Rochefoucauld, est en quelque manière juste et raisonnable, puisqu'elle ne tend qu'à conserver un bien qui nous appartient; au lieu que l'envie est une fureur qui ne peut souffrir le bien des autres. » 
En effet, la jalousie, au sens étroit, c'est la crainte de nous voir ravir l'amour d'une personne que nous aimons, et c'est la douleur que nous avons quand cet amour nous est ravi; sentiment toujours touchant, et légitime dans la mesure où nous avons droit à l'affection qui nous échappe. L'envie, au contraire, est un mouvement de haine et de chagrin que nous cause le mérite ou le succès des autres, comme si nous perdions tout ce qu'ils gagnent : sentiment essentiellement injuste et mauvais conseiller, dont la bassesse n'a d'égale que l'amertume, qui inspire à tout le monde un profond mépris et qui en inspirerait encore davantage si le mal qu'il fait à ceux qui en sont l'objet n'était expié en partie par la torture de ceux qui l'éprouvent. (H. M.).

Jansénisme. - Mouvement théologique et philosophique qui a émergé au XVIIe siècle, principalement au sein de l'Église catholique. Il tire son nom du théologien hollandais Cornelius Jansen, dont les idées ont été développées et défendues par ses disciples, en particulier en France. Le jansénisme mettait l'accent sur la prédestination, une doctrine théologique liée à la souveraineté divine dans le salut des âmes. Les jansénistes soutenaient l'idée que Dieu prédestine certaines âmes au salut éternel et d'autres à la damnation, indépendamment des mérites ou des actions humaines. Les jansénistes étaient souvent associés à une morale rigide, car très attachés à la rigueur et à la discipline dans la vie spirituelle. Le jansénisme a également exercé une influence sur la littérature, en particulier à travers des œuvres comme Les Provinciales de  Pascal.  Les idées jansénistes ont aussi fait l'objet de controverses de condamnations de la part de l'Église catholique. En 1653, le pape Innocent X a publié la bulle papale Cum occasione, condamnant certaines propositions jansénistes. Plus tard, en 1713, la bulle Unigenitus Dei Filius émise par le pape Clément XI a condamné le jansénisme en France.

Japonaise.(philosophie). - La philosophie japonaise englobe une grande variété de courants de pensée et de thèmes philosophiques. Les premières influences philosophiques au Japon ont été le shintoïsme indigène et le bouddhisme importé de Chine et de Corée. Ces traditions ont coexisté et interagi, formant la base de la pensée religieuse et philosophique au Japon. À partir de la période médiévale, le néo-confucianisme, venu de Chine, a joué un rôle central dans la formation de la philosophie japonaise. Des penseurs tels que Fujiwara Seika ont contribué à développer et à adapter le néo-confucianisme pour répondre aux besoins intellectuels du Japon. Au cours de l'ère Meiji (1868-1912), le Japon a entrepris des réformes majeures, s'ouvrant davantage aux influences occidentales. Des penseurs japonais ont étudié la philosophie européenne et américaine, contribuant à l'émergence de nouvelles idées. De là est sortie l'École de Kyōto, dont Nishida Kitarō a été l'initiateur. Ce mouvement a développé une philosophie originale combinant des éléments de la pensée occidentale et des influences du bouddhisme zen japonais. La philosophie de la réalité pure de Nishida en est l'une des contributions majeures. Après la Seconde Guerre mondiale, la philosophie japonaise a continué d'évoluer, souvent en suivant la vioie ouverte par l'École de Kyōto,avec un intérêt croissant pour la phénoménologie, l'existentialisme et la pensée critique. Des philosophes tels que Nishitani Keiji ont abordé des thèmes existentiels et ont réfléchi aux implications de la technologie moderne. La philosophie féministe a également gagné en importance au Japon, remettant en question les normes de genre et envisageant des questions liées à l'identité, à la sexualité et à la société. Certains penseurs japonais, enfin, ont contribué à la philosophie analytique. Des discussions sur la logique, la linguistique et la métaphysique analytique ont trouvé leur place dans la philosophie japonaise contemporaine. Mentionnons quelques philosophes japonais parmi les plus influents :

Kūkai (774–835), également connu sous le nom de Kōbō-Daishi, était un moine bouddhiste et le fondateur de l'école Shingon du bouddhisme ésotérique. Il a joué un rôle crucial dans l'introduction et le développement du bouddhisme ésotérique au Japon.

Dōgen (1200–1253), fondateur de l'école Sōtō du bouddhisme zen, est un philosophe bouddhiste japonais célèbre pour ses écrits, en particulier le Shōbōgenzō. Il a influencé la compréhension du zen et de la méditation au Japon.

Période médiévale :
 Shinran (1173–1262), fondateur de l'école Jōdo Shinshū du bouddhisme, a développé des idées importantes sur la grâce et la foi, influençant le bouddhisme au Japon.

Yoshida Kenkō (1283–1352), auteur des célèbres Essais de l'oreiller, a offert des réflexions sur la nature éphémère de la vie et la beauté de l'évanescence.

  École de Kyoto  et période contemporaine :
Nishida Kitarō (1870–1945), fondateur de l'Ecole de Kyoto, est souvent considéré comme le premier philosophe japonais à avoir développé une philosophie systématique originale. Sa philosophie de la réalité pure a eu une influence majeure.

Tanabe Hajime (1885–1962), également associé à l'école de Kyoto,  a étendu les idées de Nishida, en abordant des thèmes éthiques et métaphysiques, notamment à travers le prime bouddhiste.

Nishitani Keiji (1900–1990), existentialiste influencé par la phénoménologie et la pensée chrétienne, a contribué à l'Ecole de Kyoto en développant des idées sur l'existence, la technologie et la spiritualité.

Watsuji Tetsurō (1889–1960) a abordé des questions d'éthique, de culture et de subjectivité. Son concept de Fūdo ( = climat) a été influent.
Jardin. - a) Le Jardin d'Épicure, nom donné parfois à l'école l'école philosophique d'Épicure, parce que celui -ci avait créé une communauté d'amis et de disciples dans un jardin à Athènes, où ils discutaient de philosophie, de plaisirs simples et de la recherche du bonheur. - b) "Cultiver son jardin" est une citation de la fin du Candide de Voltaire. Dans le contexte de cette oeuvre, la phrase est souvent interprétée comme un appel à se concentrer sur les aspects pratiques de la vie quotidienne plutôt que de s'engager dans des spéculations intellectuelles ou de se préoccuper des grandes questions métaphysiques. La citation complète provient de la conclusion du conte où le personnage principal, Candide, et ses compagnons reviennent enfin en Europe après avoir connu une série d'aventures et de catastrophes. Voltaire termine son conte en suggérant que face aux difficultés et aux incertitudes du monde, il est sage de se retirer et de se consacrer à des activités pratiques et utiles. L'idée de "cultiver son jardin" peut en fait être comprise de différentes manières, mais elle véhicule l'idée de se concentrer sur les aspects concrets de la vie quotidienne, de travailler dur, et de prendre soin de ses propres affaires plutôt que de se laisser distraire par des préoccupations excessivement philosophiques ou par des rêves idéalistes. L'expression a également été interprétée de manière plus large dans le contexte de la philosophie et de la vie quotidienne, suggérant l'importance de prendre soin de ses propres responsabilités, de contribuer positivement à son environnement immédiat, et de trouver la paix et la satisfaction dans des activités pratiques et significatives. Cela peut être vu comme un appel à l'action et à la responsabilité individuelle, mettant l'accent sur la capacité de chacun à influencer positivement son propre petit coin du monde.

Je. - Terme utilisé pour se référer à la subjectivité, à la conscience individuelle et à l'expérience personnelle. Les philosophes utilisent le plus souvent les mots je et moi de façon interchangeable. Mais ceux qui les distinguent utilisent le mot je plutôt en référence à des actions ou à des états, toujours en référence au monde extérieur, et utilisent le mot moi pour envisager seulement l'intériorité de l'individu. - La question du "je" touche à des questions sur la nature de l'identité, de la conscience, de l'existence et de la subjectivité.  Socrate : Socrate a introduit la célèbre maxime « Connais-toi toi-même », soulignant l'importance de la connaissance de soi dans la philosophie. Il a encouragé l'analyse de la nature du "je" par la réflexion et la recherche intérieure. Dans ses dialogues, Platon étudie la nature de l'âme et la distinction entre le corps matériel et l'âme immatérielle. L'idée de l'âme en tant que siège du "je" est présente dans ses travaux. Aristote a développé la notion de l'âme comme la forme organisatrice du corps. Il a abordé la relation entre l'âme et le corps, soulignant l'unité de l'être humain. Descartes avec son « Cogito, ergo sum » (Je pense, donc je suis) a mis l'accent sur la conscience et la pensée comme fondements indubitables de l'existence individuelle. Locke a proposé la notion de l'identité personnelle basée sur la continuité de la conscience à travers le temps. Il a étudié comment les expériences contribuent à la construction du "je" au fil du temps. Sartre a affirmé que l'existence précède l'essence, soulignant la responsabilité individuelle et la liberté radicale. Le "je" est conçu comme une liberté de choix constant. Camus a abordé le "je" dans le contexte de l'absurde, s'interrogeant sur la recherche de sens dans un monde dépourvu d'une signification intrinsèque. Des philosophes tels que Maurice Merleau-Ponty, ont continué à étudier la nature de la conscience et du "je" à travers des perspectives phénoménologiques. Les philosophes contemporains étudient également la nature de l'identité personnelle, la construction sociale du "je" et la manière dont les individus se définissent dans des contextes variés.

Jeu (de Jocum = plaisanterie, jeu). - Dépense d'activité dont le but (jouir d'elle-même) est en fait perdu de vue.Schiller, dans ses Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme, a élaboré une esthétique du jeu. Il considérait le jeu comme une activité libre, spontanée et créative qui permet à l'individu de s'élever au-dessus des contraintes de la réalité quotidienne. Nietzsche a abordé le jeu dans le contexte de son affirmation de la vie. Il considérait le jeu comme une expression de la créativité, de la spontanéité et de la vitalité humaine, soulignant son rôle dans la recherche de la joie et du sens de la vie. Johan Huizinga dans son Homo Ludens ( = l'homme qui joue) a considéré le jeu comme une activité culturelle fondamentale, soulignant son rôle dans la formation de la culture et de la société. Roger Caillois (Les jeux et les hommes) a classé les jeux en différentes catégories, notamment le jeu d'agon (compétition), le jeu d'aléa (hasard), le jeu de mimétisme (simulation) et le jeu d'alea (vertige) et  s'est intéressé aux aspects sociologiques et anthropologiques du jeu. Sartre (L'Être et le Néant) a utilisé la notion de jeu pour illustrer sa conception de la liberté et de la responsabilité. Il a montré comment les individus s'engagent dans le jeu de la vie en faisant des choix et en assumant la responsabilité de leurs actions. Albert Camus a abordé le jeu dans le contexte de l'absurdité de l'existence. Jouer le jeu de la vie peut impliquer la création de sens malgré l'absence de sens intrinsèque. 

Jeux (Théorie des). - C'est la branche des mathématiques qui traite de l'analyse des situations conflictuelles dont l'issue dépend des stratégies adoptées par les participants. Elle trouve ses  applications dans les entreprises, les relations personnelles, les stratégies dmilitaires et dautres domaines pour lesquels des décisions doivent être prises. Les premier travaux sur ces questions remontent à Emile Borel, qui a exposé en 1911 une théorie sur ces jeux de stratégie, mais c'est John von Neuman et Oskar Morgenstern qui on développé et popularisé cette théorie dans leur ouvrage : Theory of Games and Economic Behavior (1944).

Joie (du latin populaire gaudia, pluriel neutre de gaudium employé comme féminin singulier) : émotion agréable et profonde. (Bonheur).

Joli (pour Jolif, jolive, dérivé d'un radical jol, qu'on a rapproché de l'ancien norois hajol = fête solennelle) : le joli c'est le beau, avec moins l'ampleur.

Juive (philosophie). - La philosophie juive englobe la réflexion intellectuelle des penseurs juifs sur des questions philosophiques, théologiques et éthiques. Elle s'est développée au fil des siècles, intégrant au fil du temps des éléments de la pensée juive, de la philosophie grecque, et d'autres traditions philosophiques. La pensée juive trouve ses racines dans la Bible hébraïque (l'Ancien Testament pour les chrétiens). Les écrits de la Torah, des Prophètes et des Écrits saints présentent la conception juive du Dieu unique, les lois morales et rituelles, et l'histoire du peuple d'Israël.  Après la destruction du Second Temple à Jérusalem en l'an 70 de notre ère, la pensée juive s'est développée dans les discussions rabbiniques enregistrées dans le Talmud. Les rabbins ont élaboré des interprétations des lois, des enseignements éthiques et des discussions sur la vie quotidienne.Au Moyen Âge, des penseurs tels que Saadia Gaon, Maïmonide (Moïse Maïmonide) et Juda Halevi ont fusionné la philosophie grecque, en particulier l'aristotélisme, avec la pensée juive. Maïmonide, par exemple, a écrit le Guide des égarés, qui analyse la conciliation entre la foi et la raison. La Cabale, une tradition mystique juive, a aussi émergé au Moyen Âge. Elle propose des interprétations ésotériques des textes sacrés, s'interroge sur la nature divine et offre des méthodes pour la contemplation mystique. Des figures comme Moïse de León et Isaac Louria ont influencé cette tradition.  On peut encore mentionner Moses Mendelssohn (1729–1786), une figure centrale du mouvement Haskalah ( = Lumières juives), qui visait à moderniser et éduquer la communauté juive. Il a défendu l'idée de l'émancipation des Juifs et a contribué à l'idée que la philosophie et la foi juive pouvaient coexister. Au XXe siècle, Franz Rosenzweig a joué un rôle important dans le renouveau de la pensée juive. Son oeuvre majeure, L'Étoile de la Rédemption, est consacré aux relations entre Dieu, l'homme et le monde. Rosenzweig a également abordé la question de l'engagement religieux dans le monde moderne.

Jugement (de Juger, de judicare, d'où judgar, jugier, juger). - Acte par lequel l'esprit compose ou divise deux idées ou deux termes. Juger, c'est affirmer une chose d'une autre. Le jugement exprimé devient la proposition. Les trois termes constitutifs de la proposition et par conséquent du jugement sont : le sujet (idée de substance), le verbe (affirmation), et l'attribut (idée de qualité).

Le jugement est essentiellement un acte intellectuel, mais la volonté y intervient pour fixer l'attention sur les idées dont il se compose il dépend souvent de nous de suspendre notre jugement et c'est, selon Descartes, tout l'art d'éviter l'erreur. Il faut remarquer que le mot jugement se dit à la fois de l'opération de l'esprit qui juge et du résultat de cette opération.

La division la plus complète des jugements a été proposée par Kant et répond exactement au tableau des catégories. Kant classe les jugements au quadruple point de vue de la quantité (ou de l'extension du sujet), de la qualité (ou de la compréhension du sujet), de la relation (ou du rapport mutuel des idées unies), et de la modalité (ou du rapport du jugement avec la faculté de connaître). Une distinction importante qui date de Kant est celle des jugements analytiques (dont l'attribut est inclus dans le sujet, en fait partie essentielle) et des jugements synthétiques (dans lesquels l'attribut est surajouté au sujet dont il ne fait pas partie essentielle). (A.Bertrand).

Jugements de valeur : les Pragmatistes appellent ainsi les jugements qui se rapportent aux moyens à prendre pour atteindre une fin obligatoire ou souhaitable.

Juridiction (Jurisdictio = action de rendre la justice, de jus =droit; dicere = dire ) : pouvoir de gouverner et de décider en matière juridique. 

Jurisconsulte, Juriste (du latin scolastique Jurista. - Jurisconsultus, de jus = droit, consultus = délibéré, de consultum, supin de consulere = siéger ensemble, délibérer, de consul, de cum-sedere = siéger ensemble) : celui qui donne son avis ou écrit sur les questions du droit.

Jurisprudence (Jurisprudentia = science du droit, de jus = droit; prudentia  = prévision, science) : science qui applique la loi à un cas donné.

Juste (Justus, juste, régulier, de jus = droit) : a) Par rapport aux choses : ce qui est conforme à un droit strict. Dans ce sens, il se distingue de ce qui n'est qu'équitable. - S'oppose à injuste. - De l'idée de juste, régulier, on est passé à celle d'exact, précis, rigoureux. Le substantif correspondant est alors justesse. - b) Par rapport aux personnes : celui qui possède un jugement droit et y conforme sa conduite.

Juste milieu. - Idée de trouver un équilibre ou une modération entre des extrêmes opposés, souvent associée à la sagesse, à la prudence et à la recherche d'harmonie dans la prise de décision et la conduite de sa vie. Dans la philosophie d'Aristote, la vertu morale est souvent présentée comme un juste milieu entre deux extrêmes vices. Par exemple, le courage est un juste milieu entre la lâcheté et la témérité. Le Bouddha a enseigné la Voie du Milieu (Majjhimā paṭipadā) comme une approche équilibrée pour atteindre l'éveil. Ce qui signifie éviter les extrêmes de l'ascétisme excessif et de l'indulgence sensorielle. Confucius a souligné l'importance de la modération et de l'équilibre dans la vie. La Doctrine du Juste Milieu propose de trouver l'harmonie entre des pôles opposés, évitant l'excès et le défaut. Le Coran parle de la communauté du milieu (Ummatan Wasatan), à comprendre comme un encouragement à être une communauté équilibrée et modérée, évitant l'extrémisme. Dans la tradition chrétienne, la vertu (virtus) est souvent présentée comme un équilibre entre des extrêmes opposés. Par exemple, la tempérance est une vertu liée à la modération et à l'équilibre. Le taoïsme enseigne le principe du Wu Wei ( = Non-agir), souvent compris comme agir naturellement sans effort excessif, en suivant le cours naturel des choses, dans un équilibre entre l'action et la non-action. Certains philosophes contemporains, dans la tradition de l'éthique de la vertu, mettent l'accent sur l'importance de développer des caractères équilibrés plutôt que de simplement suivre des règles morales strictes.

Justice (Justitia, de Justus, de jus = droit) : Rendre à chacun ce qui lui est dû, c'est la définition ordinaire de la justice. S'oppose à injustice. - La formule des devoirs de justice est : Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît à toimême. Du droit naturel naissent les devoirs de justice; du droit écrit naît l'équité, qui est en quelque sorte une justice conventionnelle.

Aristote a distingué une justice distributive, qui consiste dans l'égalité proportionnelle (par exemple, la distribution proportionnelle de mérite, des honneurs, du travail, des richesses, etc.), et une justice commutative, dont la règle est l'égalité pure et simple (par exemple, les échanges, les achats où l'on ne tient aucunement compte de la qualité des personnes, mais seulement de la valeur des choses achetées ou échangées).

Dans la langue platonicienne, le mot justice ne désignait pas seulement une vertu sociale, mais aussi une vertu individuelle : l'accord des trois parties de l'âme ou leur harmonie. Ces trois parties sont la raison (qui a pour vertu la science), le coeur (qui a pour vertu le courage) et l'appétit (qui a pour vertu la tempérance). De là une division parallèle de l'État en philosophes, guerriers et artisans : la justice règne dans l'État quand ces trois classes d'hommes remplissent leurs fonctions et vivent en harmonie.

Leibniz a défini la justice comme lacharité du sage, c'est-à-dire l'amour d'autrui réglé par la connaissance exacte de ce que nous devons à nos semblables. (A.Bertrand).

Jusnaturalisme. - On qualifie ainsi un des courants de pensée qui adoptent la doctrine du droit naturel, mais qui n'adoptent pas l'assimilation du droit divin au droit naturel, même s'ils peuvent éventuellent coïncider sur certains points. Parmi les représentants du Jusnaturalisme on peut mentionner : Suarez, Bodin, Hobbes, Pufendorf. On trouve fréquemment la marque d'un Jusnaturalisme dans les différentes doctrines du contrat social.

Justification. - Fourniture de raisons, d'arguments ou de preuves en appui à une affirmation, une croyance, une action ou une décision. La justification est souvent liée à la rationalité et à la capacité de donner des raisons cohérentes pour justifier une position particulière. Dans le contexte de la méthode scientifique, la justification concerne la validation empirique des théories. La démonstration empirique à travers l'observation et l'expérimentation est une forme de justification scientifique. Certains philosophes de la science, comme Popper, ont mis en avant la réfutabilité comme critère de justification. Une théorie est considérée comme plus justifiée si elle peut être réfutée par des preuves observables. L'épistémologie contemporaine s'intéresse à la justification des croyances en s'interrogeant sur la manière dont nous pouvons justifier ce que nous croyons être vrai, que ce soit par des preuves empiriques, des arguments logiques, ou d'autres méthodes (Fondationnalisme et cohérentisme). En éthique, la justification concerne la fourniture de raisons valables pour des actions morales spécifiques. Les philosophes moraux s'interrogent sur la manière de justifier des principes moraux ou des décisions éthiques. La déontologie met l'accent sur le respect des devoirs, le conséquentialisme sur les résultats, et l'éthique de la vertu sur le développement de caractères moraux. En philosophie politique, la justification concerne la légitimation des institutions, des lois et des pratiques politiques. Les théoriciens politiques s'interrogent sur la manière dont les gouvernements peuvent être justifiés et légitimes. Certains philosophes politiques, comme John Rawls, ont développé des théories du contrat social pour justifier les principes de justice dans une société.

Justificationisme. - C'est une forme d'administration de la preuve propre au rationnalisme et à l'empirisme. S'oppose au Scepticisme. - En épistémologie, c'est une approche qui considère que la connaissance ou la rationalité repose sur la capacité à fournir des justifications solides ou des raisons pour soutenir nos croyances. Le justificationisme s'oppose souvent à d'autres approches qui mettent davantage l'accent sur d'autres aspects du processus cognitif, comme la croyance fondée sur la perception ou l'intuition.

Juxtaposer, Juxtaposition (de juxta = auprès, poser, position, de ponere, positum= placer) : placer une chose à côté d'une autre. - Dans l'association il y a simple juxtaposition d'idées.

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