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Dieu

Au singulier et avec une majuscule, Dieu est l'être suprême, le créateur et le conservateur de l'univers. Son empire et sa puissance étant sans limites, son affirmation même est une affirmation de son unicité. Il y apparaît ainsi en premier lieu comme une figure de l'absolu, de la transcendance, et mieux encore de la transcendance absolue. A ce titre, il appartient autant à la réflexion philosophique que théologique. Mais il est également considéré - avec des modalités différentes selon les religions et même les époques - comme une personne. Il est alors le principe du bien : il est le juge du monde et des humains, avec qui il a une relation privilégiée.

Les grandes religions monothéistes sont le Judaïsme (Ancien Testament, Moïse, Talmud), le Christianisme (Nouveau Testament, Jésus) et l'Islam (Coran, Mahomet), auxquelles on ajoute parfois le Mazdéisme. Il existe également de nombreuses formes de monothéisme tempéré (où l'affirmation de l'unicité divine n'est pas aussi ferme). C'est le cas, par exemple, chez les Dogon, où Amma, dieu suprême, et même unique, n'est cependant pas le principal agent surnaturel. Cela a aussi été le cas, chez les Grecs, pendant la période hellénistique, où Zeus (autrement dit Theos, Dios, ou Dieu) a été largement investi des caractères d'un dieu unique. Et l'on pourrait encore dire la même chose de Brahma, le dieu suprême de la religion la plus polythéiste qui soit - l'Hindouisme - lorsqu'il est envisagé d'un point de vue philosophique. A l'opposé, les religions monothéistes ne s'affranchissent pas complètement de la multiplicité des entités surnaturelles : que l'on pense aux anges, au Diable (principe du mal qui s'oppose pour ainsi dire à jeu égal avec le principe du bien qu'est Dieu), et même, dans un registre différent, à la Vierge et aux saints des Chrétiens.

Les attributs de Dieu.
La raison humaine ne saurait avoir de la suprême perfection qu'elle suppose à Dieu une science adéquate. Mais il ne s'ensuit pas, pour cela, qu'elle n'en puisse rien connaître.

« Il m'est impossible d'embrasser une montagne, disait Descartes, mais je puis la toucher. »
La philosophie spiritualiste distingue en Dieu des attributs métaphysiques et des attributs moraux. Voici, brièvement, quels sont les principaux et sur quelles raisons elle
en établit l'existence et la nécessité.

1° Attributs métaphysiques.

1. Unité. Il ne peut y avoir deux êtres infiniment parfaits. Les raisons qui convainquent le croyant qu'il y en a un ne lui prouvent pas qu'il y en ait plus d'un. Deux, d'ailleurs, ne feraient pas plus qu'un. Le vrai infini épuise tout l'être et ne laisse rien pour la multiplication. Enfin, la conception de deux êtres parfaits implique contradiction : ces deux prétendus infinis seraient la borne l'un de l'autre et ne seraient donc pas infinis; de plus, chacun d'eux serait moins qu'un seul qui n'aurait point d'égal (pour les systèmes opposés Dualisme, Polythéisme).

2. Simplicité

« Les compositions, dit Fénelon, sont des assemblages de bornes ». 
L'être parfait ne peut avoir ni parties, ni divisions. 
« Tout ce qui est plus d'un est infiniment moins qu'un. »
Par conséquent, toutes les perfections de Dieu n'en font qu'une; si nous les multiplions, c'est par la faiblesse de notre esprit. Nous supposons en Dieu des distinctions qui n'existent que dans nos pensées.

3. Immutabilité. Celui qui est par soi ne peut changer, parce qu'il a toujours la même raison d'être, qui est son essence. Celui qui est infiniment parfait ne peut rien acquérir, puisqu'il possède tout; rien perdre, puisqu'il ne peut déchoir. Il est essentiellement immuable, car il est toujours égal à lui-même, ne pouvant jamais avoir ni plus, ni moins.

4. L'éternité est la conséquence de l'immutabilité. Le temps est la mesure du changement. Il n'y a pas de temps en Dieu, parce qu'il n'a pas de succession. Il n'y a en lui ni passé, ni avenir, mais un seul présent qui embrasse tout son être dans sa simplicité immuable.

5. Immensité. Il ne saurait exister pour l'être parfait aucune distinction de lieu. Il n'est point ici, il n'est point là. Dire qu'il remplit tout, c'est s'accommoder à l'insuffisance de la parole humaine. Dieu est l'être par excellence, ou, mieux encore, il est.

2° Attributs moraux.
1. L'intelligence étant ce qu'il y a de plus noble dans le monde, Dieu est certainement intelligent. Mais les procédés de l'intelligence humaine, à qui ses limites mêmes les imposent, ne peuvent convenir à l'intelligence divine; comme l'être divin persiste au lieu de s'écouler, comme Dieu possède dans un même acte la plénitude de son être, tout ce qui le constitue est également présent. Il ne peut donc ni se souvenir, ni abstraire, ni généraliser, ni raisonner. Etant la vérité, il a conscience de la vérité par une vue simple et infinie.

2. La science. Dieu connaît tout : il se connaît lui-même d'une connaissance adéquate. Il connaît tous les possibles. Il connaît ses oeuvres, dont il renferme en lui-même le plan éternel. Dieu connaît même par avance les actions libres des hommes ; il a ce que nous appelons la prescience. Mais, en réalité, ce mot est impropre, car la connaissance n'est pas en Dieu une prévision. Le présent, le passé et l'avenir sont des relations qui existent entre les êtres successifs mais non pour Dieu, qui saisit tout d'un seul et même regard (Libre-arbitre).

3. La sagesse, c'est-à-dire l'art d'approprier les moyens à leur fin, frappe d'autant plus en Dieu que ses oeuvres sont mieux connues. La sagesse divine se manifeste par deux caractères qui lui sont propres : la grandeur des fins et la simplicité des moyens.

4. La toute puissance est un attribut divin qui découle de la notion de la cause première. L'être nécessaire et parfait, qui est l'origine de tout, possède évidemment une puissance qui n'a pas de limites. Il peut réaliser tous les possibles, sans qu'on ait besoin d'excepter l'absurde, puisque l'absurde est impossible, irréalisable par essence.

5. La liberté ne saurait manquer à Dieu, puisqu'elle est une qualité ou, comme on dit en théodicée, une perfection. Mais, dès qu'il faut définir la liberté divine, la difficulté commence. Il ne peut être question ici de choix entre le bien ou le mal, ou même de délibération, d'hésitation ou de réflexion. Dieu fait éternellement le bien sans être soumis à aucune condition. Mais, entre plusieurs possibles, comment se détermine le choix de Dieu? Est-il astreint à choisir le plus parfait? (Optimisme).

6. La personnalité absolue et parfaite de Dieu. Fichte avait objecté que Dieu ne peut être personnel, parce qu'il n'est pas limité et que l'essence de la personnalité, c'est la limitation du moi par le non-moi. Les spiritualistes lui répondent que la limite est la marque de l'imperfection dans les personnes contingentes, mais non le propre de la personnalité. Etre personnel, c'est pouvoir s'affirmer à soi-même, se poser comme la cause consciente de ses propres actes. Or, qu'y a-t-il de plus divin? Dieu se dit à lui-même en exprimant la personnalité à son plus haut degré :

« Je suis celui qui suis. » 
(Pour l'opinion contraire Panthéisme. En ce qui regarde la doctrine chrétienne des trois personnes divines Trinité).

7. La providence est l'attribut, ou plutôt l'ensemble des attributs par lesquels Dieu gouverne le monde moral, c'est-à-dire la sainteté, la justice, la bonté et l'amour (Providence). (NLI / B.).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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