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Dictionnaire des idées et méthodes
U
Ubiété (de Ubi = où) : ce mot, chez les Scolastiques, indique la catégorie, de lieu. - Ils distinguent trois manières d'être dans un lieu : 
1°) Circonscriptive, circonscrite : cette manière est propre aux corps. En effet, un corps occupe l'espace de façons que chacune de ses parties corresponde aux parties des autres corps qui l'entourent et le circonscrivent. 

2°) Définie : c'est-à-dire qu'une chose est ici, et non ailleurs, de sorte que le lieu qu'elle occupe est défini, limité. Cette seconde manière, qui convient aux esprits, s'oppose à la troisième, qui n'appartient qu'à Dieu. 

3°) Réplétive : c'est l'ubiquité : Dieu est présent partout par son essence et par son opération.

Ubiquité (du latin scolastique Ubiquitas, de ubique = partout, de ubi = où) l'ubiquité est la présence en tout lieu. Pour les Scolastiques, c'est un attribut qui n'appartient qu'à Dieu et découle de son immensité.

Uchronie (du grec u = non, et chronos = temps). - concept qui relève d'abord du domaine de la littérature et de la fiction spéculative (Science-fiction), qui consiste à inventer une histoire alternative en modifiant un événement du passé et en imaginant les conséquences de ce changement sur le cours ultérieur de l'histoire. L'idée sous-jacente est de remettre en question les déterminismes historiques, c'est-à-dire l'idée que l'histoire suit un cours inévitable dicté par des forces immuables. En introduisant une modification dans le passé, l'uchronie en mettant au jour des possibilités alternatives remet en question notre compréhension linéaire de l'histoire. Bien que l'uchronie soit principalement un concept littéraire, elle peut également être un outil de réflexion philosophique. L'examen de scénarios uchroniques permet d'interroger les notions de contingence et de nécessité, de discuter des limites de la causalité historique, et de remettre en question les idées préconçues sur la nature inéluctable des événements historiques. - Charles Renouvier, partisan du libre arbitre et opposé aux idées déterministes de son époque, a utilisé  le terme uchronie d'une manière spécifique et distincte pour illustrer la liberté humaine et la capacité de choisir des voies alternatives. Pour lui, l'uchronie est liée à sa réflexion sur la liberté et le libre arbitre. Il a introduit ce terme  pour décrire la possibilité d'un non-avenu ou d'un non-arrivé. Il s'agissait d'une idée selon laquelle un événement pourrait ne pas avoir lieu malgré les conditions préalables à sa réalisation. L'uchronie représente ainsi, chez Renouvier, une sorte de non-contrainte, une brèche dans le déterminisme où une personne, en tant qu'agent libre, pourrait choisir un autre cours d'action que celui qui semblait inévitable. C'est donc un concept lié à la volonté humaine et à la possibilité de choix authentiques. 

Ultime (Ultimus =  le plus reculé, le dernier, superlatif de ulter, qui est le comparatif de l'archaïque uls = au delà). - Ce mot s'emploie quelquefois dans les expressions fait ultime, principe ultime, pour désigner le fait qui est irréductible, et qui marque le dernier terme de l'analyse ou le principe au delà duquel il est impossible de s'élever et d'où dérive tout principe secondaire et toute démonstration.

Ultramontanisme (du latin ultra montes  = au-delà des montagnes). -  Terme utilisé au XIXe siècle pour décrire la position de ceux qui étaient favorables à l'autorité papale, située au-delà des Alpes, c'est-à-dire à Rome, par opposition à ceux qui favorisaient une plus grande autonomie des autorités ecclésiastiques locales. L'ultramontanisme a été associé à des mouvements conservateurs au sein de l'Église catholique, promouvant la suprématie du pape sur les questions de foi et de doctrine. Sur le plan philosophique, l'ultramontanisme peut être lié à des discussions plus larges sur l'autorité, la hiérarchie, la liberté individuelle et la relation entre l'Église et l'État. Certains aspects de la pensée ultramontane ont également été influencés par des préoccupations théologiques et philosophiques, notamment en ce qui concerne la nature de l'autorité religieuse et la relation entre la foi et la raison.

Un (Unum) : comme adjectif, se dit : a) De l'individu en tant qu'il fait partie d'une multiplicité. - b) De ce qui est unique. " Il n'y a qu'un Dieu et ce Dieu suffit. " Leibniz, Monadologie § 39). - c) De ce qui est indivisé en soi : c'est une propriété transcendantale de l'être. - S'oppose à Multiple, à Divisible.

Un (Unum) comme substantif. Au sens des doctrines grecques, l'Un est ce qui, étant étranger au nombre et sans multiplicité interne, est la source du divers et du multiple, par exemple chez Plotin.

Unanime, Unanimité (Unanimus, Unanimitas, de unus  = un; animus = âme) : plein accord de pensées, de sentiments. 

Unicité (de Unique, de unicus, de unus = un). - Etat ou à la qualité d'être unique, c'est-à-dire à l'absence de répétition ou de duplication. - Dans la philosophie, le concept d'unicité peut être lié à des discussions sur l'existence, l'identité, et la singularité. Par exemple, certaines philosophies s'intéressent à la question de l'unicité de chaque individu ou de certaines entités métaphysiques. Dans la philosophie scolastique,  l'unicité est la négation de la ressemblance dans un genre donné. - En mathématiques, on parle d'unicité en référence à l'existence d'une solution unique à un problème donné.

Unification (de Unifier, du latin scolastique unificare, de unus = un; facere = faire) : l'unification des états de conscience exige un principe d'unité. - La philosophie est l'unification des sciences (Comte, Spencer). - Unification des représentations par les trois idées transcendantales (Kant).

Uniformisme. - Principe qui postule que les processus géologiques actuels qui modèlent la Terre sont essentiellement les mêmes que ceux qui ont eu lieu dans le passé lointain de la planète. Ce principe a été développé en contraste avec le catastrophisme, une idée qui suggère que des événements soudains et violents ont eu un impact majeur sur la structure de la Terre. Le concept d'uniformisme a été particulièrement associé à James Hutton, au XVIIIe siècle, qui a formulé l'idée que les processus géologiques observés aujourd'hui, tels que l'érosion, la sédimentation et la formation des roches, étaient les mêmes au fil du temps géologique. Il a popularisé la phrase célèbre : "Le présent est la clé du passé". Cette conception a eu un impact significatif sur le développement de la géologie en tant que science. Elle a conduit à une compréhension plus approfondie des processus géologiques et à la reconnaissance de la grande ancienneté de la Terre. Charles Lyell, autre géologue du XIXe siècle, a étendu et popularisé les idées uniformitaristes de Hutton dans ses Principes de géologie. Le terme d'uniformisme a pu également être employé pour décrire le principe selon lequel les processus évolutifs et écologiques actuels sont les mêmes que ceux qui ont façonné la vie sur Terre au fil du temps.

Uniformité (Uniformitas, de uniforrnis = uniforme, de unus = un; forma = forme, figure) : uniforme se dit proprement des objets ou êtres qui ont une forme identique, et par suite d'un tout dont les parties ont quelque chose d'identique (ex. : mouvement uniforme, c'est-à-dire dont la vitesse est constante). 

Union (Unio, de unus = un) : a) Liaison de plusieurs êtres différents qui forment un seul tout sous quelque rapport. - b) Acte par lequel l'union s'établit : l'autorité est un principe d'union. -  c) Groupe de personnes associées pour réaliser une fin déterminées. - d) Concorde d'idées et de sentiments.

Unique (de Unicus, de unus = un) : a) Ce qui est singulier, individuel, seul de son espèce. Un objet peut être considéré comme unique. Une caractéristique unique est une qualité qui distingue quelque chose des autres en la rendant spéciale et distincte. Chaque personne est unique, avec ses propres caractéristiques, expériences et traits distinctifs. Dans la philosophie de la phénoménologie, l'expérience individuelle est souvent considérée comme unique et constitue le point de départ pour comprendre la réalité. Les phénoménologues insistent sur l'importance de prendre en compte la subjectivité et l'unicité de chaque expérience individuelle. - b) Ce qui est excellent, incomparable. Une expérience peut être qualifiée d'unique si elle est exceptionnelle, rare ou inédite; une occasion unique est une opportunité qui ne se présente qu'une fois ou très rarement.

Unité (Unitas, de unus = un). - Caractère de ce qui est un, dans les sens divers de ce mot. L'un, c'est l'être en tant qu'il ne comporte aucune division et se distingue de tout autre être. L'unité en métaphysique n'est donc ni l'harmonie, le concert ou le concours, comme dans la langue ordinaire (ce tableau manque d'unité), ni l'unité abstraite des mathématiciens, ni ce qu'on a appelé quelquefois l'unicité (quand on dit : cette montagne n'a qu'un sommet, cela signifie que ce sommet est unique).

Les platoniciens appelaient Dieu l'Un ou le Bien. Cette dénomination est surtout usitée chez les Alexandrins.

On dit que l'âme est une malgré la multiplicité des facultés et que l'idée d'unité nous vient de la conscience. Le corps, au contraire, est  multiple par ses éléments et par ses fonctions. Unité signifie donc indivisibilité et s'oppose à pluralité ou multiplicité.

Dans la langue de Kant, l'unité est une des catégories de la quantité : les deux autres sont la pluralité et la totalité.

Unitéisme. - Fourier désigne sous ce nom, auquel il donne pour synonyme le nom d'harmonisme, la passion de l'unité qui est, selon lui, le pivot de toutes les autres et qu'il appelle, pour cette raison, la passion pivotale. Il se superpose, dans la psychologie fouriériste, aux douze passions simples ou radicales dont cinq sont sensitives et correspondent aux cinq sens, quatre affectives, l'amitié, l'amour, le familisme et l'ambition, trois distributives, la cabaliste, la papillonne ou alternante et la composite. Elle est formée 

« des sept affectives et distributives, comme le blanc est formé des sept couleurs ou rayons». Bien qu'elle soit «la passion de tout le monde», même « du paysan qui voudrait régler à son goût les affaires de son village », 
on la remarque surtout chez les conquérants et les philosophes. 
« Les conquérants rêvent l'unité forcée par terreur et asservissement universel. Les philosophes rêvent l'unité directe et spontanée, la philanthropie universelle ou fraternité de tous les peuples. »
Univers  (Universum, de unus, un; versus. vers) : c'est l'ensemble de tout ce qui existe dans l'espace et dans le temps, uniersae res. Les Épicuriens, admettant l'existence de plusieurs mondes, opposaient univers à monde. Au XVIIe siècle, univers était employé comme synonyme de monde visible, de la Terre. Cet emploi est rare aujourd'hui.

Univers du discours. - Ensemble des éléments qui sont pertinents dans un contexte de communication donné. Il se réfère à l'environnement sémantique et pragmatique dans lequel des énoncés spécifiques acquièrent leur signification. L'univers du discours englobe les personnes, les lieux, les objets, les événements, les concepts, et tout autre élément qui est évoqué ou qui peut être pertinent pour comprendre un acte de langage particulier. Il ne se limite pas seulement aux éléments présents physiquement, mais inclut également des entités abstraites et des références culturelles qui peuvent être partagées par les locuteurs. Ce concept est important dans la compréhension des actes de langage, de la pragmatique linguistique, et de la manière dont la signification est construite et interprétée dans des situations communicatives réelles. 

Universalisation (de Universaliser, de universalis, universel) : passage du particulier à l'universel. - L'universalisation d'un acte est le signe qui montre qu'il est moral.

Universalisme (de Universalis, universel). - a) Croyance d'après laquelle tous les humains sont appelés au salut (Leibniz, Théodicée, P. I, § 80). - b) Concept philosophique et éthique qui se réfère à l'idée que certaines valeurs, principes ou normes ont une validité universelle et sont applicables de manière égale à tous les individus, quel que soit leur contexte culturel, social, ethnique ou géographique. Cela signifie que ces valeurs sont considérées comme intrinsèquement justes et valables pour toute l'humanité, indépendamment de ses différences et de ses particularités.  L'universalisme considère en particulier que certains principes fondamentaux, tels que les droits humains, la liberté, l'égalité, la justice, la dignité humaine, la non-discrimination et la tolérance, sont valables pour tous les êtres humains. Chaque individu devrait avoir les mêmes droits, opportunités et protections, indépendamment de son origine, de son sexe, de sa religion, de son statut socio-économique ou de tout autre aspect qui peut le distinguer.  Les principes universalistes s'appliquent à toutes les sphères de la vie (politique, économie, droit, éducation, santé, culture, etc.), cherchant à garantir des normes minimales de traitement équitable et de dignité pour tous. Ainsi, l'universalisme vise-t-il à établir une harmonie sociale en construisant des sociétés plus inclusives, où sont minimisés les conflits résultant de discriminations, d'injustices et d'inégalités, et en favorisant la compréhension mutuelle.  Il peut cependant rencontrer des défis liés à la diversité culturelle et aux droits individuels, rendant difficile l'équilibre entre la préservation des identités et l'adhésion à des normes communes.

Universalité. - Ce mot s'emploie quelquefois pour désigner la totalité, la somme complète de faits ou des êtres, mais plus souvent pour exprimer le caractère de ce qui est universel, c'est-à-dire de ce qui convient à tous les êtres. On dira, par exemple, qu'un des caractères de la loi morale est l'universalité parce qu'elle s'applique à tous les humains; que les principes premiers sont universels parce qu'ils se retrouvent dans tous les esprits et dirigent toutes nos recherches scientifiques. Universalité dit donc plus que généralité.

Universaux  (c'est le pluriel de Universal, ancienne forme de universel, universale : unum versus alia, employé substantivement = termes universaux) . - Entités ou à des propriétés qui existent indépendamment des objets particuliers.

a) L'universel, c'est ce qui a un caractère d'universalité logique. 

b) Est universel, ce qui est exprimé par un terme général. 

c) Ce terme général lui-même, pour les Nominalistes. 

La question des universaux a été au Moyen Âge un sujet de débat majeur dans la métaphysique et la philosophie de la connaissance, et elle  reste pertinente dans la philosophie contemporaine. Les principales positions philosophiques concernant les universaux sont le réalisme et le nominalisme; le conceptualisme est une tentative de conciliation entre ces deux extrêmes.

Pour les scolastiques, les universaux sont des notions et des réalités générales qui conviennent suivant la même définition à plusieurs sujets. A chacun d'eux s'applique cette définition scolastique : Unum aptum inesse pluribus. Ils sont au nombre de cinq : le genre, l'espèce, la différence, le propre et l'accident. Au-dessus des universaux proprement dits il y a les notions transcen dantes, qui ne s'appliquent à leurs objets que d'une manière, analogue. 

Distinctions : Universel avant la chose, dans la chose, après la chose (ante rem, in re, post rem). Les universaux ante res sont les idées types suivant lesquelles les chose ont été créées; tel est encore l'idéal de l'artiste par rapport à l'oeuvre dont il est l'auteur. Les universaux in rebus sont le universaux réalisés-: par exemple l'humanité en Pierre. Les universaux post res sont les universaux pris formellement, ce sont les idées que notre esprit se forme sous l'action des choses .

Axiomes : Les universaux sont partout et toujours (Universalia sunt ubique et semper), c'est-à-dire qu'ils ne sont limi tés ni par l'espace ni par le temps, c'est-à-dire encore qu'ils sont comme les essences, éternels, etc. - Ce qui est plus uni versel se compare à ce qui l'est moins comme le tout à la parti et comme la partie au tout : c'est-à-dire, par exemple, que le genre contient l'espèce sous le rapport de l'extension et qui l'espèce contient le genre sous le rapport de la compréhension.

Universaux linguistiques. - Motifs, caractéristiques ou structures communes que l'on trouve dans les langues du monde. Ce sont des similitudes ou des tendances récurrentes qui transcendent les différences culturelles et géographiques.  Par exemple, certains sons sont présents dans la plupart des langues du monde, même si leur utilisation et leur prononciation précises peuvent varier. (Toutes les langues semblent avoir des voyelles et des consonnes). Il existe des tendances générales dans la manière dont les langues organisent la grammaire. (Presque toutes les langues ont des moyens pour former des questions, des négations, et des affirmations). La plupart des langues distinguent entre noms et verbes, et beaucoup ont des distinctions pour le singulier et le pluriel, le masculin et le féminin, etc. Les langues tendent à avoir des pronoms pour représenter les participants à la communication (comme "je", "tu", "il/elle", etc.). La plupart des langues ont une structure de base dans la construction des phrases, souvent exprimée comme sujet-verbe-objet (SVO), sujet-objet-verbe (SOV), ou verbe-sujet-objet (VSO).

Universel (Universalis) : a) Ce qui s'étend à l'univers entier (ex. : la gravitation universelle). - b) Ce qui convient à tout l'ensemble de ce que l'on considère, êtres ou idées. 

Universel (Consentement). Pour démontrer certaines thèses de philosophie, par exemple l'existence de Dieu et la liberté de l'humain, on a invoqué quelquefois l'argument spécieux du consentement universel, c'est-à-dire de l'opinion unanime du genre humain. C'est un appel au sens commun, une sorte de confirmation du témoignage de la conscience individuelle.

Mais, outre que l'unanimité n'est jamais facile à obtenir ou à démontrer, le sens commun ne doit pas être invoqué légèrement par le philosophe, accoutumé, comme parle Descartes, à « se repaître de vérités » et non d'apparences, comme le vulgaire. Kant dit très bien-: 

« Un ciseau et un maillet peuvent servir à travailler le bois, mais pour graver, il faut un burin. »
Il faut toujours recourir, en fait de preuves, à la raison guidée par la méthode. (A. B.).

Univoque (Unus = un; vox = voix, parole) : a) Terme univoque : celui qui, appliqué à plusieurs, exprime chez tous le même objet formel  (ex.  homme). - b) Relation univoque : celle dans laquelle de chaque antécédent résulte un seul conséquent (ex. : chaque nombre et son carré).

Upsala (Ecole d'). - Une des écoles positivistes du début du XXe siècle. A rapprocher du groupe d'Oslo, du Cercle de Vienne et de celui de Varsovie.

Usage (du vieux francais Us, de usum, supin de uti = se servir) : a) Action d'appliquer une chose à tel ou tel besoin. Dans la phénoménologie, le terme usage peut être lié à l'expérience pratique et à l'interaction avec le monde. Edmund Husserl a étudié la manière dont nous utilisons et donnons un sens aux objets et aux situations dans notre vie quotidienne. En philosophie du langage, le terme usage est  lié à la signification des mots et à la manière dont ils sont utilisés dans des contextes spécifiques. Ludwig Wittgenstein s'est intéressé à la relation entre le langage et son utilisation pratique dans la vie quotidienne. Dans la tradition pragmatiste, initiée par Peirce et développée par William James et John Dewey, l'accent est mis sur l'utilité et l'efficacité des idées, des concepts ou des croyances. Le "principe de l'usage" suggère que la signification réelle d'une idée réside dans son utilité pratique ou dans les conséquences qu'elle a dans l'expérience. - b) Pratique consacrée. Certains philosophes ont défendu l'idée que l'éthique et la morale devraient être basées sur des principes d'usage ou d'application pratique plutôt que sur des règles abstraites. Cette perspective est parfois associée à l'éthique pragmatique. - S'oppose à Abus.

Utile (Utilis = qui sert à, propre à, de utor = se servir) : a) Ce qui a de valeur non en soi, mais comme moyen pour atteindre une fin jugée avantageuse. - b) En Economie politique : ce qui est propre à satisfaire un désir ou un besoin : la richesse est l'ensemble des choses utiles.

Utilitaire (de Utilité, de utilitas) : a) Ce qui concerne l'utile. - b) Celui qui est attaché à l'utilité (ex. : esprit utilitaire). - c) Celui qui professe ou ce qui regarde la doctrine philosophique de l'Utilitarisme (Voir ce mot, b).

Utilitarisme, Utilitariste (de Utilitaire) :

a) Esprit utilitaire, au sens de b). 

b) Doctrine qui fait de l'utile le principe de toutes les valeurs, spécialement des valeurs morales  (ex. : morales fondées sur l'intérêt : 1° Epicure ; 2° Bentham; 3° Suart Mill; 4° Spencer; 5° Durkheim; 6° L. Bourgeois).

L'utilitarisme ou morale utilitaire est le système qui place dans l'intérêt particulier ou général le seul motif et la seule règle de nos actions.

Il se distingue de la morale du plaisir en ce qu'il nous propose pour but de la vie un plaisir calculé, le maximum des plaisirs avec le minimum des peines; c'est une arithmétique des plaisirs où l'on tient compte de leur nombre, de leur intensité, de leur certitude, de leur pureté.

Si la morale utilitaire passe assez aisément de l'intérêt individuel à l'intérêt général (ce qui pourtant n'est pas sans difficulté dans certains cas), elle ne rend pas compte suflisamment de l'obligation morale, et quand elle distingue dans les plaisirs, outre leur quantité, leur qualité mesurée par la dignité des facultés qui les font naître, il semble bien qu'elle ne se rapproche de la morale du bien ou de l'obligation qu'en devenant infidèle à ses propres principes.

Utilité (Utilitas, de utilis, de uti, se servir). - C'est le caractère de ce qui est utile, aux sens divers de ce mot. - Utilité sociale : fondement du droit d'après Stuart Mill et H. Spencer. 

« La croyance qui accepte comme fondement de la morale l'utilité, ou le principe du plus gland bonheur possible, soutient que les actions sont bonnes en proportion de leur tendance à développer le bonheur, mauvaises dans la mesure de leur tendance à produire le contraire du bonheur. Par le bonheur elle entend la plaisir et l'absence de peine : par malheur, la peine et l'absence de plaisir. » (J. Stuart Mill, Utilitarisme).
Utopie (du latin Utopia, nom d'une île imaginaire. Ce mot, tiré par Thomas More de ou = non; topos = lieu, est le nom  d'un pays imaginaire où tout est réglé pour le mieux, qui figure dans son livre, plein de conceptions aventureuses et irréalisables : De optimo reipublicae statu de que nova insula Utopia, Bâle, 1518) : l'utopie est la conception imaginaire d'un gouvernement  ou d'un projet quelconque idéal . 

Aujourd'hui le sens du mot a changé :  l'utopie ne désigne plus l'idéal. Ce serait  plutôt un faux idéal, un idéal non conforme à la raison et surtout irréalisable.

Renouvier a forgé sur le même type le mot uchronie qui
signifie : ce qui n'a eu d'existence en aucun temps, ce qui aurait pu avoir lieu, mais ne s'est pas passé réellement; en d'autres termes, l'histoire imaginaire de ce qui serait advenu si par hypothèse tel ou tel grand événement historique qui a laissé des traces profondes était supprimé ou modifié. (La Science-fiction)

Utopique (de Utopie) : ce qui constitue une utopie ou ce qui procède par utopie. Friedrich Engels a introduit la distinction entre le socialisme utopique et le socialisme scientifique dans son Socialisme utopique et socialisme scientifique (1880). Il utilise le terme socialisme utopique pour décrire les premiers penseurs socialistes qui avaient élaboré des visions idéalistes de sociétés idéales, souvent déconnectées de l'analyse économique et des réalités concrètes de leur époque (par exemple, Henri de Saint-Simon, Charles Fourier ou Robert Owen, qui ont proposé des modèles de communautés idéales basées sur la coopération et l'égalité, mais souvent sans élaborer de stratégies concrètes pour atteindre ces objectifs). Engels (partisan du socialisme scientifique qui repose sur une analyse matérialiste de la société et de l'histoire et portant une attention particulière à l'éconime politique) critique le socialisme utopique en soulignant son manque de fondement scientifique et sa tendance à formuler des solutions abstraites et idéalistes.

Utopiste (de Utopie) : celui qui aime l'utopie ou qui fait des utopies. 

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