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Dictionnaire des idées et méthodes
M
M. - En logique classique, dans les mots qui servent à désigner les figures du syllogisme, la lettre M (abrégé du mot mutatio, largement), placée après une voyelle, indique qu'il faut changer la majeure en mineure et la mineure en majeure pour ramener ce mode à un des modes de la première figure. (G. F.).

Machiavélisme. - Concept qui tire son nom de Niccolò Machiavel, qui, dans son ouvrage Le Prince, décrit une approche politique ou éthique qui privilégie la ruse, la manipulation et la poursuite du pouvoir à tout prix. Le machiavélisme n'est pas à proprement parler une doctrine. Le but de Machiavel n'est pas d'en proposer une, mais plutôt d'analyser, selon une vision réaliste et cynique de la politique, comment se déploie et se maintient le pouvoir dans l'Italie de la Renaissance.  Selon Machiavel, les dirigeants doivent être prêts à utiliser des moyens moralement douteux pour maintenir le pouvoir et assurer la stabilité de l'État. Une expression souvent associée au machiavélisme est "la fin justifie les moyens". Du point de vue machiavélique, les actions immorales peuvent être justifiées si elles conduisent à un résultat souhaité, comme la consolidation du pouvoir. Le machiavélisme encourage l'utilisation de la ruse et de la tromperie pour atteindre des objectifs politiques. Cela peut inclure la dissimulation des intentions, la manipulation des informations et la création d'alliances temporaires. Cette conception considère la consolidation et le maintien du pouvoir comme des objectifs primordiaux. Machiavel a également affirmé  que les dirigeants doivent comprendre la réalité de la nature humaine, y compris ses aspects égoïstes et potentiellement violents, pour gouverner efficacement. - Le machiavélisme en tant que concept ne se limite pas à l'approche politique. Il a également été étudié dans le domaine de la psychologie, notamment dans le cadre de la personnalité machiavélique, qui est caractérisée par des traits tels que la manipulation, la ruse, et la préoccupation principale pour l'avancement personnel,  au détriment des autres.

Machine de la pensée. - Expérience de pensée proposée par  Alan Turing dans un article de 1950, Calculable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem  ( = problème de la décision). Turing imagine une machine hypothétique capable de résoudre n'importe quel problème mathématique et démontre que certaines questions mathématiques ne peuvent pas être résolues par une telle machine. Cette expérience de pensée a été utilisée pour étudier des questions fondamentales sur la nature de la calculabilité et de la machine de Turing.

Machines logiques. - Dispositifs ou des modèles qui manipulent l'information de manière logique. Le terme est souvent utilisé dans le contexte de l'informatique, où les machines logiques sont des composants fondamentaux des systèmes informatiques et de la théorie de la computation. Il y a eu aussi, au cours de l'histoire, des idées philosophiques qui partagent des similitudes conceptuelles avec les machines logiques modernes, en particulier en ce qui concerne la logique formelle et le raisonnement. Au XVIIe siècle, par exemple, Leibniz a anticipé certaines idées liées aux machines logiques avec son concept de Calculus Ratiocinator, qui visait à créer un langage symbolique universel pour représenter toutes les connaissances humaines de manière mathématique. Au XXe siècle, des philosophes tels que Rudolf Carnap et Alfred Ayer ont tenté de créer un langage logique qui pourrait être utilisé pour analyser et clarifier les propositions philosophiques. Bien que leur travail ne soit pas directement lié aux machines logiques électroniques, il partage des similitudes dans la formalisation du langage. Les contributions d'Alan Turing, généralement associées à l'informatique, ont également des implications philosophiques profondes en établissant un lien entre logique mathématique et la philosophie de l'esprit..La machine de Turing, développée dans les années 1930, est un modèle théorique de calcul qui a influencé la compréhension de la nature de la pensée et de la computation. 

Macrocosme (makros = long, grand; kosmos = monde). - L'univers, le grand monde, par opposition à l'humain qui est un petit monde, un microcosme, parce qu'il résume en lui toute la nature et en contient comme un abrégé.

Madrid (Ecole de). - Groupe philosophique espagnol du XXe siècle influencé par les philosophies orientales, en même temps que par l'existentialisme et la phénoménologie. Leurs travaux ont porté sur des sujets tels que la conscience, la liberté, la spiritualité, la raison, la nature humaine et la relation entre l'humain et le monde. Bien qu'ils ne soient pas représentatifs d'un courant philosophie unifié,  ils ont partagé des intérêts et des préoccupations similaires et contribué au développement de la philosophie en Espagne à cette époque.

• María Zambrano (1904-1991) s'est intéressée à la phénoménologie, à la métaphysique et à la pensée existentielle. Elle a également abordé des questions liées à la poésie et à la mystique.

• José Gaos (1900-1969) a joué un rôle important dans la diffusion de la pensée phénoménologique et existentialiste en Espagne. Il a également contribué à la compréhension de la philosophie allemande.

• Manuel García Morente (1886-1942) influencé par la pensée de Kant et par le vitalisme, a également été intéressé par la philosophie de l'esprit et la métaphysique.

• Eugenio d'Ors (1882-1954) a été associé au mouvement du noucentisme en Espagne, qui prônait une esthétique basée sur la recherche d'un style espagnol moderne.

• Xavier Zubiri (1898-1983) s'est intéressé à la métaphysique et à la philosophie de la religion. Il a également développé sa propre philosophie, connue sous le nom de réalisme radical.

• Francisco Ayala (1906-2009) s'est intéressé à la littérature, à la sociologie et à la philosophie. Il a également abordé des questions éthiques et politiques.

• Luis Recaséns Siches (1903-1977) a contribué à la philosophie du droit et à la théorie juridique. Il a également été un penseur important dans le contexte de la pensée ibéro-américaine.


Magie. - La magie a eu une place particulière dans la philosophie pendant la Renaissance. Elle était alors associée à une quête de connaissance ésotérique, spirituelle et mystique. Elle reflétait un mélange de traditions héritées de l'Antiquité classique, du Moyen Âge et des influences orientales. Giordano Bruno a joué un rôle important dans la promotion de la magie et des idées ésotériques à cette époque. Par la suite, des philosophes se sont intéressés à la magie vue comme une forme particulière de langage symbolique utilisée pour communiquer avec des réalités transcendantes ou pour influencer la réalité quotidienne. Certains philosophes contemporains et psychologues ont étudié la croyance en la magie en relation avec la psyché humaine, y voyant une expression des désirs, des peurs et des besoins psychologiques.

Magiques (figures). - Ce sont des agencements de nombres qui ont des propriétés mathématiques intéressantes. Exemples :

+ Le carré magique, une matrice carrée remplie de nombres distincts, où la somme de chaque ligne, colonne et diagonale principale est égale à la même constante. Les carrés magiques ont été étudiés depuis l'Antiquité, et ont des propriétés intéressantes en mathématiques et en théorie des nombres.

+ Le cube magique, une extension du carré magique à trois dimensions, où la somme des nombres sur chaque ligne, colonne et diagonale de chaque face du cube est égale à la même constante. Les cubes magiques ont également été étudiés depuis l'Antiquité.

+ La pyramide magique, une figure tridimensionnelle où les nombres sont disposés en pyramide, et où la somme des nombres sur chaque ligne de la pyramide est égale à la même constante.

+ Le triangle de Pascal, une figure qui affiche les coefficients binomiaux dans un motif triangulaire. Les coefficients binomiaux sont utilisés dans la théorie des probabilités et dans la formule du binôme de Newton, et le triangle de Pascal est souvent utilisé pour calculer rapidement les coefficients binomiaux.

Magnanimité. - Une des quatre vertus fondamentales des Anciens (synonyme de force et grandeur d'âme). Cicéron la définit, d'après les Stoïciens, comme la vertu luttant pour l'équité.

Maïeutique : la Maïeutique est la partie positive de la méthode socratique : c'est l'art d'accoucher les esprits. Socrate, s'imaginant que la science est innée en chaque humain, s'efforçait par des interrogations bien conduites d'amener son interlocuteur à prendre conscience des vérités qu'il était censé renfermer en lui-même. Platon expose la Maïeutique dans le Théétète. - L'Ironie est la partie négative de la méthode socratique.

Majeure, l'une des prémisses du syllogisme, ainsi nommée parce, qu'elle contient l'énonciation du rapport du grand terme (major terminus) avec le moyen terme. La Majeure s'énonce ordinairement avant la Mineure; mais cela n'a lieu ni toujours ni nécessairement, et ce serait un moyen peu sûr de les distinguer que de se fier à leur ordre matériel. (B-e.).

Mal  (Malum = ce qui est, mauvais). - Le mal est la limitation ou la négation du bien. Le mal physique peut être envisagé sous bien des aspects, fléaux, cataclysmes, lutte de l'humain contre la nature, qui tous peuvent se ramener à la douleur ou à la souffrance; le mal métaphysique consiste dans l'imperfection des créatures, limitées dans toutes leurs facultés; le mal moral est la faute ou le péché, et la liberté du bien implique la liberté du mal. On dit qu'il n'y a pas de mal absolu parce que celui-ci serait le néant : il y a toujours du bien dans l'être.

Les Scolastiques distinguaient dans le mal moral le mal de la coulpe et le mat de la faute (distinction. conservée par Leihniz dans sa Théodicée) : le premier est la faute même, le second en est la conséquence et consiste dans le châtiment.

Un système qui admet la prédominance du mal sur le bien dans le monde est pessimiste.

Malebranchisme. - Système philosophique de Malebranche. Sa position philosophique la plus distinctive est l'occasionalisme. Selon cette théorie, chaque événement ou phénomène dans le monde, y compris les actions humaines, est causé directement par Dieu. Les créatures n'ont pas de pouvoir causal intrinsèque; Dieu intervient de manière constante pour coordonner les événements. L'occasionalisme apparaît ainsi comme une alternative à la conception cartésienne de l'interaction directe entre l'âme et le corps. Malebranche a également développé la notion de vision en Dieu, qui est une idée selon laquelle l'âme humaine ne peut pas avoir une connaissance directe des choses matérielles, mais elle peut connaître Dieu de manière intuitive. Ainsi, toute vraie connaissance provient de la vision en Dieu, où l'âme contemple les idées éternelles dans l'esprit divin. Malebranche a abordé la question du mal dans le monde. Il a cherché à expliquer comment un Dieu bon et omnipotent pouvait permettre l'existence du mal. Pour Malebranche, le mal était une conséquence nécessaire de la liberté humaine et de l'ignorance des créatures par rapport à la véritable nature divine.

Malheur (de Mal, adjectif au sens de mauvais, malus; heur, qui signifie chance bonne ou mauvaise, de augurium = présage). - Evénement funeste. 

Malin génie (Le). - Expérience de pensée proposée par René Descartes (Méditations métaphysiques) pour illustrer sa notion du doute méthodique et inviter à  chercher une base solide pour la connaissance indubitable : imaginez un malin génie, tout-puissant et trompeur, qui fait tout en son pouvoir pour vous tromper en vous faisant croire en de fausses choses. Quelle fiabilité ont alors nos sens et nos croyances? En soumettant tout à un doute radical, Descartes espérait parvenir à une base de connaissance solide et indiscutable. Finalement, Descartes conclut que, même si un malin génie peut potentiellement nous tromper sur les perceptions sensorielles et les croyances empiriques, il y a au moins une vérité indubitable qu'il ne peut pas remettre en question : le fait que je pense, donc je suis (cogito, ergo sum). Cette affirmation, selon Descartes, est indéniable, car même pour douter de tout, il faut penser, et donc exister.

Malthusianisme. - Théorie économique et démographique développée par Thomas Malthus (1766-1834),  qui a écrit un essai intitulé Essai sur le principe de population, en 1798. Selon lui, la croissance de la population humaine est exponentielle, tandis que la croissance des ressources est arithmétique. Il en résulte que la population augmentera plus rapidement que les ressources disponibles pour la soutenir, ce qui entraînera inévitablement la pauvreté, la famine et les guerres. Malthus en a déduit que la croissance de la population devait être limitée pour éviter ces catastrophes, et a proposé plusieurs solutions, notamment la limitation de la taille des familles, la restriction de l'immigration, et l'encouragement de la prudence sexuelle. Aujourd'hui, le terme malthusianisme est souvent utilisé pour décrire les politiques ou les attitudes qui prônent la limitation de la croissance de la population pour préserver l'environnement et éviter les problèmes écologiques.

Manichéisme. - Le manichéisme (de Manès ou Manichée, prêtre qui mêla son christianisme d'idées orientales) est un dualisme admettant deux principes coéternels, l'un bon, l'autre mauvais, le principe du bien et le principe du mal. C'est du moins le sens que l'usage a donné à ce mot, car la doctrine des manichéens n'est nullement réduite à cet unique dogme.

Maoïsme. - Doctrine développée en Chine dans les années 1960 par Mao Zedong (Mao Tsé-Toung), et inspirée du Marxisme ou du Marxisme-Léninisme. C'est essentiellement un nationalisme collectiviste.

Marbourg (Ecole de). - Mouvement philosophique néo-kantien qui a émergé à l'Université de Marbourg au début du XXe siècle. L'école, qui représente la tendence la plus rationaliste et conceptualisme du néo-kantisme, a été fondée par Hermann Cohen et a eu pour autres représentants, notamment, Paul Natorp et, un temps, Ernst Cassirer. Ceux-ci ont cherché à développer  une philosophie qui réconcilierait les idées de la tradition philosophique allemande avec les avancées de la logique et de la science moderne. Leur travail a été influencé par les idées non seulement de Kant, mais aussi par celles de Hegel et de Husserl.

• Hermann Cohen (1842-1918), fondateur de l'École de Marbourg,a développé une interprétation du kantisme qui mettait l'accent sur la logique et l'éthique. Son travail a jeté les bases de la philosophie néokantienne dans la première moitié du XXe siècle.

• Paul Natorp (1854-1924),  disciple de Cohen, a contribué à étendre les idées de l'école à l'épistémologie et à la philosophie de l'éducation, notamment. 

• Ernst Cassirer (1874-1945), bien qu'initialement associé à l'École de Marbourg, a développé sa propre perspective philosophique distincte par la suite. Il était particulièrement connu pour ses travaux sur la philosophie de la culture, l'anthropologie philosophique et la symbolique.

Marginalisme. - Théorie philosophique, qui a émergé à la fin du XIXe siècle et qui met l'accent sur le rôle de l'individu en tant qu'agent moral et social. Cette théorie peut être considéré comme une réaction contre les théories holistiques et collectives qui avaient dominé la philosophie auparavant. On y rattache des penseurs aussi différents que Max Stirner, Friedrich Nietzsche, ou  Michel Foucault. Ceux-ci ont mis l'accent sur l'importance des actions individuelles et de la liberté individuelle, tout en reconnaissant que ces actions sont liées à des facteurs sociaux et culturels plus larges. Ils ont cherché à comprendre comment les individus font des choix et prennent des décisions en fonction de leur propre compréhension du monde. Ils ont également mis en avant l'importance de la subjectivité et de la diversité dans la pensée et l'action humaines.

Marxisme. - Doctrine de Karl Marx et Friedrich Engels. Ce dernier parle de matérialisme historique pour caractériser la partie de ce système, d'inspiration socialiste, qui regarde les faits économiques comme la cause des événements historiques et sociaux. Le terme de matérialisme dialectique s'applique à la dimension philosophique du Marxisme, qui est d'inspiration hégelienne.

Mary (la chambre de). - Expérience de pensée proposée par Frank Jackson (1982) visant à soulever des questions sur la nature de la conscience, la connaissance et l'expérience subjective : imaginez Mary, une neuroscientifique qui a grandi dans une pièce entièrement en noir et blanc et n'a jamais vu de couleurs. Cependant, elle connaît tout ce qu'il y a à savoir sur le fonctionnement du cerveau et la science des couleurs. Un jour, elle est libérée de la pièce et voit pour la première fois les couleurs. La question est de savoir si Mary apprend quelque chose de nouveau sur l'expérience de voir des couleurs. 

Masse (de massa = amas de choses) : En physique, on appelle masse d'un corps le rapport constant qui existe pour ce corps entre les forces qui y sont appliquées et les accélérations correspondantes.

Matérialisme( (de Materia = matière dont une chose est faite). - Système qui réduit tout ce qui existe à l'unité de la matière et, dans un sens restreint, négation de la spiritualité de l'âme. L'atomisme des Anciens est un système matérialiste. Ceux qui font de l'houmain une machine (La Mettrie), ou qui soutiennent que la pensée est une sécrétion du cerveau (Cabanis), émettent des thèses matérialistes.

Le matérialisme ou la tendance matérialiste consiste essentiellement, comme l'a dit Ravaisson, à expliquer le supérieur par l'inférieur, la pensée par la vie, la vie par la mécanique, etc.

Matérialisme dialectique. - Philosophie qui a émergé dans le contexte du marxisme, développée principalement par Karl Marx et Friedrich Engels. Il s'agit d'une manière spécifique de comprendre la réalité, basée sur l'idée que les processus matériels et sociaux sont fondamentaux pour la compréhension du monde. Le matérialisme dialectique, approche plus large que le matérialisme historique (ci-dessous) s'étend au-delà de l'histoire sociale et  se concentre sur les processus dynamiques et en évolution constante dans tous les domaines de la réalité, de la nature à la pensée humaine. Une loi fondamentale du matérialisme dialectique est la loi de l'unité et de la lutte des contraires : chaque phénomène contient des contradictions internes qui génèrent des mouvements et des changements. Le principe de la dialectique permet d'envisager les contradictions internes dans les phénomènes et comment ces contradictions conduisent au changement. Le matérialisme dialectique peut être appliqué à tous les domaines, à l'histoire sociale, comme à la nature, à la pensée, la science, etc.

Matérialisme historique. - Approche théorique développée par Marx et Engels, et composante centrale de la philosophie du marxisme. Elle vise à expliquer les changements sociaux et historiques en termes de relations matérielles de production et de conflits de classe. Versant du matérialisme dialectique (V. ci-dessus) tourné vers l'analyse des structures sociales et économiques à travers l'histoire, le matérialisme historique cherche à comprendre comment les modes de production influencent le développement social et historique. Une caractéristique clé du matérialisme historique est la division qu'il fait de l'histoire en différentes époques caractérisées par des modes de production spécifiques (esclavage, féodalisme, capitalisme, etc.). Chaque mode de production a ses propres relations de production et forces productives. Le matérialisme insiste sur le rôle des classes sociales dans le processus historique. Les luttes de classes, en particulier entre la bourgeoisie et le prolétariat dans le contexte capitaliste, sont considérées comme le moteur des changements sociaux. Selon le matérialisme historique, les contradictions de classe inhérentes à un mode de production donné conduisent inévitablement à des conflits et à des révolutions sociales. Ces révolutions transforment les structures sociales, ouvrant la voie à un nouveau mode de production.

Matérialisme spéculatif. - Approche philosophique dérivée réalisme spéculatif et qui en reprend les fondamentaux (ontologie robuste, pluralisme ontologique, non-anthropocentrisme), mais qui a en vue de repenser les fondements métaphysiques du matérialisme à la lumière des avancées contemporaines en sciences et en philosophie. Il propose une métaphysique qui tente d'articuler la nature de la réalité, en insistant sur les aspects matériels et non humains du cosmos. Ainsi, comme le réalisme spéculatif, le matérialisme spéculatif reconnaît un pluralisme ontologique, mais il met davantage l'accent sur les objets matériels et les phénomènes liés à la matière comme centraux dans l'étude de la réalité. Il  reconnait non seulement l'existence de multiples types d'objets, mais aussi de multiples niveaux d'organisation dans le cosmos. 

Plusieurs philosophes contemporains sont associés au développement et à l'élaboration du matérialisme spéculatif, chacun y ayant apporté des nuances et des développements distincts :

• Graham Harman,  l'un des fondateurs du du réalisme spéculatif, propose une métaphysique axée sur l'objet et défend l'idée que les objets sont fondamentaux et ont une réalité indépendante.

• Levi Bryant, lui auss l'un des premiers penseurs du réalisme spéculatif met en avant l'idée d'un pluralisme ontologique et d'une réalité composée d'entités diverses.

• Quentin Meillassoux :est l'auteur de Après la finitude, Essai sur la nécessité de la contingence (2006), où il développe la notion de corrélationnisme et propose des arguments pour un réalisme spéculatif basé sur une contingence radicale.

• Ray Brassier est reconnu pour son travail sur l'ontologie, la philosophie de l'esprit et la philosophie de la science.

• Ian Bogost  a contribué à la popularisation du matérialisme spéculatif dans le domaine des études médiatiques. Il met en avant l'idée d'une ontologie plate qui accorde une importance égale aux entités matérielles et immatérielles.

 â€¢ Manuel DeLanda a développé des idées liées au matérialisme, à la complexité et aux structures émergentes dans son ouvrage A New Philosophy of Society : assemblage theory and social complexity (2006).

Mathématiques  (Mathematicus, Mathematikos = qui concerne l'étude, de mathèma = connaissance, science)  : c'est la science des nombres et des figures (on dirait aujourd'hui des structures abstraites).  Divisions : Selon l'usage :  a) mathématiques pures; b) mathématiques appliquées. Selon les objets étudiés : arithmétique, algèbre, analyse, géométrie.

Mathématisme (de Mathèma = étude, connaissance, de apprendre. Racine : math = savoir) : ce mot désigne l'opinion des philosophes qui appliquent la méthode mathématique à la philosophie.

Mathesis universalis ( = mathématiques universelles). - Expression utilisée par plusieurs philosophes et mathématiciens pour décrire une idée ou une quête intellectuelle visant à développer un système de connaissances mathématiques fondamentales qui pourrait être appliqué de manière universelle à différentes disciplines. Cette idée remonte à l'Antiquité grecque, où les mathématiques étaient considérées comme une discipline fondamentale qui sous-tendait l'ensemble de la connaissance. Au XVIIe siècle, Descartes a utilisé l'expression mathesis universalis pour décrire un système de connaissances mathématiques qui pourrait servir de base pour résoudre tous les problèmes philosophiques. Il croyait en la puissance des mathématiques pour atteindre la certitude et la clarté dans la pensée. Vers la même époque, Leibniz a également développé l'idée de la mathesis universalis. Il a cherché à créer un langage symbolique universel basé sur des concepts mathématiques pour résoudre des problèmes philosophiques et scientifiques. Bien que Kant ait critiqué certaines des prétentions excessives de Leibniz en matière de mathesis universalis, il a reconnu l'importance des mathématiques comme base de la connaissance. Cependant, il a également souligné la nécessité d'autres formes de connaissances, telles que l'expérience empirique.

Matière* (Materia, matière dont une chose est faite). - Dans un sens général, on appelle matière ce dont une chose est faite : ce mot s'oppose alors au mot forme. Les Scolastiques distinguaient une matière
première, c'est-à-dire sans forme, nue, sans rien de ce qui détermine l'être, et une matière seconde déjà
déterminée, mais susceptible de prendre de nouvelles déterminations. Dans un sens restreint, la matière est ce qui tombe sous les sens.

Le mécanisme cartésien réduisait la matière à l'étendue (« ...La matière, dont la nature consiste en cela seul qu'elle est une chose étendue », Principes, Part. Il, § 22); le dynamisme leibnizien la ramenait à la force.

On distingue les qualités premières et les qualités secondes de la matière; celles-là sont essentielles à la matière qui ne peut exister sans elles, mais les philosophes n'on jamais été d'accord sur leur nombre : l'impénétrabilité, l'étendue, la divisibilité, l'inertie,
la pesanteur sont rangées par plusieurs philosophes parmi les qualités premières; les qualités secondes sont celles qui ne constituent pas essentiellement
la matière, qui pourrait être conçue sans elles; elles sont connues par l'observation : ce sont l'élasticité, l'électricité, le magnétisme, etc.

On a quelquefois donné le nom de propriétés organoleptiques à celles qui produisent les sensations
en agissant sur nos organes. On dit que les corps sont colorés, sonores, sapides, odorants, mais le monde des corps est en lui-même obscur et silencieux : les couleurs, les sons, les saveurs, les odeurs ne naissent que dans l'acte commun du sentant et du senti.

Quelle est l'essence de la matière? Systèmes divers : a) Mécanisme atomistique (Épicure, Gassendi); b) Mécanisme géométrique (Descrates); c) Atomisme dynamique (Tongiorgi); d) Dynarnisme interne (Leibniz); e) Hylémorphisme (Aristote, Scolastiques); f) Dynamisme externe (Boscovich, Palmieri).

Mauvaise foi . - Dans un sens général, qualificatif d'une parole ou action déloyale, malhonnête, justifiée par de mauvaises raisons. Sartre utilise cette expression dans un sens particulier. Pour lui, la mauvaise foi c'est ce qui survient lorsque l'individu refuse de prendre la pleine responsabilité de sa liberté en éludant la véritable nature de sa situation. Cela peut se produire de différentes manières, mais l'une des formes les plus courantes de mauvaise foi est le déni de la liberté, en prétendant que les choix sont imposés par des circonstances extérieures ou des normes sociales. Un exemple classique de mauvaise foi chez Sartre est celui du serveur dans un café. Le serveur peut adopter une attitude servile et robotique pour échapper à la pleine responsabilité de sa liberté. En agissant comme s'il était simplement une partie du décor, le serveur nie sa liberté de choisir son comportement.

Maximum (pour Mag-simum, superlatif neutre de magnus = grand, de magis = plus. Racine mag, meg = être grand).  S'oppose à Minimum. - Les mathématiciens désignent sous les noms de maxima et de minima les plus grandes et les plus petites valeurs d'une fonction de quantités variables, et les procédés à l'aide desquels on détermine ces valeurs forment la méthode des maximis et minimis. Cependant par ces termes maxima et minima il ne faut pas entendre la plus grande ou la plus petite valeur absolue d'une quantité variable, mais simplement les valeurs qu'elle a au moment où elle cesse de croître et commence à décroître, et vice versa. En conséquence, une quantité variable peut avoir plusieurs maxima et minima : tel est le cas des coordonnées de la cycloïde où ce nombre est infini. La théorie des maxima et minima est due à Fermat. Cet illustre géomètre était ainsi sur la voie du calcul différentiel, que cependant il ne découvrit pas, car fallait encore soumettre la méthode à un algorithme de calcul régulier. L'exposition de cette importante méthode se trouve dans tous les traités de calcul différentiel.

MÄyÄ. - Généralement, c'est le voile d'illusion ou d'ignorance qui empêche la compréhension de la réalité ultime. Mais ce concept, qui appartient à la philosophie indienne, est associé à l'illusion et à la nature éphémère de la réalité de manière quelque peu différente selon les traditions. Selon l'Advaita VedÄnta (une école de pensée hindouiste non-duelle fondée par Adi Shankara), la mÄyÄ est le pouvoir cosmique qui voile la réalité ultime etcrée l'illusion de la diversité dans le monde manifesté. La réalité ultime est considérée comme étant sans forme et transcendantale, tandis que le monde phénoménal est le résultat de l'ignorance (avidyÄ). Dans la philosophie Samkhya, une des écoles orthodoxes de la pensée indienne, la mÄyÄ est comprise comme la force créatrice qui donne naissance au monde manifesté, celui-ci n'étant pas considéré comme purement illusoire, mais plutôt comme une réalité conditionnée et changeante. Dans certaines traditions vaishnavites, qui vénèrent Vishnu comme la divinité suprême, la mÄyÄ est interprétée comme l'énergie illusoire de Vishnu qui crée et maintient l'univers manifesté. Les âmes individuelles sont souvent considérées comme étant liées par la mÄyÄ tant qu'elles n'ont pas réalisé leur nature divine. Le bouddhisme ne parle pas beaucoup de mÄyÄ  mais recour à des idées similaires : dans les enseignements bouddhistes, l'insaisissable nature de la réalité est soulignée, et l'attachement à des phénomènes transitoires est considéré comme une source de souffrance. Le bouddhisme insiste également sur la réalité du vide (śūnyatÄ) plutôt que sur l'idée d'un principe suprême.

Mécanicisme (de Mécanique, de mecanicus, mèchanikos = habile à travailler, de mèchanè = invention ingénieuse, machine) : synonyme de latromécanisme

Mécanique (la) (Mechanica = l'art de construire une , machine, de mèchanè = invention ingénieuse, machine)- : science des lois du mouvement. Elle se divise en cinématique, qui étudie le mouvement indépendament des forces qui le produisent, et en dynamique, qui étude le rôle des forces dans le mouvement.

Mécanique céleste. - Etude du mouvement des astres, et plus spécialement des corps du Système solaire.

Mécanique (Philosophie). - On connaît la philosphie mécanique ou mécanisme-: a) atomistique d'Épicure; b) géométrique de Descartes.  Tout se fait mathématiquement, disait Descartes. Cette formule est la définition du mécanisme, car les lois du mouvement relèvent des mathématiques et Descartes ne demandait, pour construire le monde, que de la matière (c'est-à-dire de l'étendue) et du mouvement. Au mécanisme s'oppose le dynamisme.

Médiat (tiré de Immédiat, de in, négatif; mediatum, supin de mediare = être au milieu, s'interposer, de medius = qui est au milieu) : ce qui suppose un intermédiaire (ex. : perception médiate, jugement médiat, déduction médiate, certitude et évidence médiates).

Mélange . -  Terme qui revêt une importance particulière dans les théories cosmologiques d'Empédocle et d'Anaxagore. - Empédocle est connu pour sa théorie des quatre éléments (terre, eau, air, feu) et pour son concept des "forces d'amour" (philía) et de "forces de haine" (neîkos). Pour lui, le monde est en constante transformation à travers le processus de mélange et de séparation des éléments. C'est ce mélange qui est la clé de la diversité des choses observées dans le monde.Quant aux forces d'amour et de haine, elles sont sont les principes dynamiques qui régissent le mélange et la séparation des éléments. L'amour tend à rassembler les éléments, favorisant le mélange, tandis que la haine les sépare. - Anaxagore est, lui, connu pour son concept de nous (νοῦς), souvent traduit par esprit ou intelligence cosmique. Le monde, explique-t-il, est composé d'une infinité de particules indivisibles appelées homéoméries et ces particules sont en constante agitation et mélange. L'intelligence cosmique, le nous intervient pour apporter de l'ordre à ce mélange, permettant la formation d'entités distinctes.

Mégarique (Ecole). - École de Mégare qui eut pour fondateur Euclide de Mégare, disciple, de Socrate. Ce fut une école de raisonneurs et de dialecticiens subtils : aussi l'appelle-t-on quelquefois éristique ou disputeuse.

Méliorisme (de Melior = meilleur ; c'est le comparatif d'un adjectif perdu. Cf. adverbe = tout à fait, fort, dont le comparatif mallon = malion correspond à melius) : ce terme indique un perfectionnement progressif que certains Positivistes assignent comme l'unique loi de la morale. - Ce mot s'oppose à Optimisme et Pessimisme absolus pour caractériser la doctrine d'après laquelle le monde peut être rendu meilleur par les efforts de la volonté humaine. Il est synonyme d'Optimisme relatif.

Mémoire (Memoria, de memor = qui se souvient, probablement pour me-mn-or. Cf. memini = je me souviens, et mnèmon = qui se souvient. Racine men d'où mnè. Cf. en latin Men = action de se souvenir et d'imaginer, d'où mens = esprit). -  La mémoire est la faculté de conservation et de reproduction des idées antérieurement acquises. Le mot reproduction suffirait, car on ne sait rien de la manière dont les idées se conservent quand nous n'y pensons pas actuellement pour les produire ou les reproduire.

La mémoire a ses conditions organiques dans le cerveau. Elle est tantôt volontaire, tantôt involontaire, et le langage ordinaire exprime bien cette distinction on dit je me rappelle et il me souvient

Le souvenir complet se compose de réminiscence
(reproduction, réviviscence) et de reconnaissance (acte qui consiste à identifier la connaissance actuelle avec la connaissance antérieure et par conséquent à la localiser dans le temps); il implique l'idée du temps, l'identité personnelle, la permanence du moi.

On distingue diverses sortes de mémoires qui peuvent se ramener à deux types : mémoire sensible et mémoire intellectuelle.

La mémoire imaginative est un autre nom de l'imagination reproductrice.

Mental (Mentalis, de mens, mentis = esprit) : qui concerne l'esprit. Ce mot équivaut soit à intellectuel, soit à psychologique, psychique.

Mentalisme. - Théorie qui soutient que les états mentaux sont fondamentaux et que les états physiques sont dérivés des états mentaux. Cette théorie peut également être appelée idéalisme mental ou phénoménalisme. Le mentalisme considère que les expériences subjectives, telles que les sensations, les émotions et les pensées, sont la base de toute réalité et que les objets physiques ne sont que des constructions mentales. Ainsi, selon cette théorie, tout ce qui existe est réductible à des états mentaux. Parmi les philosophes qui ont adopté une perspective mentaliste, on peut citer George Berkeley, qui a affirmé que les objets matériels n'existent que parce qu'ils sont perçus, et David Chalmers, qui a avancé l'idée que la conscience est une réalité fondamentale qui ne peut être expliquée en termes physiques.

Mentalité (de Mental). Etat d'esprit d'un individu, d'une époque.

Menteur (argument ou paradoxe du)Argument du menteur.

Mention (distinction entre usage et). - L'usage et la mention sont des concepts qui interviennent dans la sémantique et la philosophie du langage. Ces termes sont utilisés pour décrire comment les expressions linguistiques réfèrent à des objets ou à des idées. - La mention d'une expression linguistique se produit lorsque l'on fait référence à l'expression elle-même, plutôt qu'à ce à quoi l'expression réfère. C'est comme dire le mot ou écrire le symbole sans nécessairement utiliser le contenu sémantique de l'expression. (exemples de mention :  "Le mot 'chat' a quatre lettres.";  "Dans la phrase 'La lune est belle ce soir', 'lune' est un nom."). -  L'usage d'une expression linguistique se produit lorsque l'on emploie l'expression pour se référer à ce à quoi elle renvoie dans le monde réel. C'est l'utilisation normale de l'expression pour transmettre une signification ou référence. (Exemples d'usages :   "J'ai un chat à la maison" (ici, l'expression "chat" est utilisée pour se référer à un animal réel dans le monde); "Dans 'Le Chat Botté', le mot 'chat' se réfère à un félin").  - La distinction entre usage et mention est souvent illustrée par des constructions linguistiques comme celle-ci : "Le mot 'chaise' est difficile à prononcer". Dans cette phrase : "Le mot 'chaise'" est une mention de l'expression elle-même (on ne parle pas de chaises réelles, mais de la difficulté de prononcer l'expression); "est difficile à prononcer" est l'usage de l'expression "chaise" (ici, on parle de la difficulté de prononcer le mot lui-même).

Méréologie (du grec meros = partie). - Branche de la philosophie qui étudie les relations entre les parties et le tout, la manière dont les parties composent un tout,   la manière dont les parties contribuent à la nature du tout. La relation de composition concerne la manière dont les parties sont reliées au tout. Il existe différentes théories sur la nature de cette relation, notamment la théorie de la fusion (quand les parties fusionnent pour former un tout, les parties individuelles ne subsistant pas indépendamment), la théorie de la somme (lorsqu'on considère que les objets complexes sont simplement la somme de leurs parties), la théorie des ensemvles (quand les objets complexes, comme en mathématiques, sont des ensembles d'éléments, avec des relations spécifiques déterminant quelles parties sont incluses dans l'ensemble), et d'autres approches. La question de savoir si la relation de composition est transitive est également un point de débat. Certains estiment que si A est une partie de B, et B est une partie de C, alors A est également une partie de C. D'autres remettent en question cette transitivité. La méréologie interroge aussi l'identité des parties et comment elles contribuent à l'identité du tout. Cela peut inclure des discussions sur la manière dont le changement des parties affecte l'identité de l'ensemble (exemple : le navire Argo, après qu'on est remplacé à l'identique chacune des pièces qui le compôsent est-il encore le navire Argo?). 

Mérite. - Les moralistes emploient ce mot pour désigner l'accroissement ou l'augmentation de valeur morale ou de perfection : c'est avant tout la bonne volonté.

Mertoniens ou Calculatores Mertonenses. - Groupe de penseurs qui étaient associés à Merton College, à l'université d'Oxford, au XIVe siècle. Il comprenait des philosophes, des logiciens et des mathématiciens. Les membres du groupe ont contribué à des discussions sur les obligations (questions de logique pratique), les sophismes et d'autres sujets de la logique. Certains membres se sont intéressés à la philosophie naturelle (science). Ils ont abordé des questions liées à la physique, à la métaphysique et à la théologie naturelle. D'autres  ont contribué au domaine des mathématiques, en travaillant sur des problèmes liés aux proportions, aux mouvements, etc. Leur importance réside surtout dans le fait qu'ils ont participé au développement et à la transmission des idées philosophiques et scientifiques pendant le Moyen Âge. Parmi eux, on mentionnera :

• Thomas Bradwardine (1290-1349) théologien, mathématicien et philosophe,  a développé des idées sur la nature de la causalité et a contribué au champ des mathématiques, en particulier dans le domaine des proportions.

• William Heytesbury (1313-1372), logicien et un philosophe naturel, a fait des contributions importantes à la logique médiévale, en particulier dans le domaine de la théorie des sophismes.

• Richard Swineshead (fl. 1340-1354), philosophe et mathématicien, a également travaillé sur des questions liées à la logique et à la physique.

• John Dumbleton (ca. 1310-1349), philosophe et un logicien, a contribué à la théorie des obligations, qui était un sujet de la logique médiévale.

Merveilleux (de Merveille, du latin populaire merabilia, pour mirabilia = choses admirables, pluriel neutre employé substantivement comme nominatif féminin, de mirari = s'étonner) : c'est un terme générique pour désigner les faits qui dépassent les forces humaines.

Mesure. -  Ce mot, entendu dans un sens général, se réfère à l'évaluation de la quantité, de la qualité ou de la valeur d'un objet, d'une action ou d'un concept. Par exemple, on peut parler de mesurer la performance d'une entreprise, la pertinence d'une décision politique, ou encore la pertinence d'une théorie scientifique. Dans le domaine de la physique, la mesure est souvent utilisée pour quantifier des grandeurs telles que la longueur, le temps, la masse, la température, la vitesse, etc. Dans le domaine des sciences sociales, la mesure est souvent utilisée pour quantifier des phénomènes tels que l'opinion publique, l'attitude, la satisfaction, la qualité de vie, etc.  Dans tous les cas, la mesure peut être comprise comme la quantification d'une grandeur physique ou conceptuelle, en comparaison à une référence ou un standard.

Messianisme. - Concept complexe qui a des implications à la fois religieuses et philosophiques. Il se réfère généralement à l'attente ou à la croyance en un messie ou un libérateur qui doit venir pour accomplir un certain destin, apporter la rédemption, ou instaurer un ordre nouveau.  Certains philosophes ont abordé le concept de messianisme dans leurs Å“uvres. Par exemple, Walter Benjamin (l'Ecole de Francfort) a élaboré une vision messianique de l'histoire, suggérant qu'une interruption messianique pourrait transformer le cours de l'histoire vers la justice. Le messianisme correspond aussi à un mouvement philosophique particulier qui a émergé en Pologne au XIXe siècle. Il a été développé par des penseurs tels que Adam Mickiewicz (son  poème épique Pan Tadeusz) et Juliusz SÅ‚owacki (son  poème Anhelli). Ces intellectuels ont proposé une vision particulière du rôle de la Pologne dans l'histoire mondiale, souvent teintée de messianisme et d'idées romantiques. Ils ont développé l'idée d'un Christ national associé à la souffrance et à la résurrection de la Pologne. Cela faisait écho à l'idée du Christ souffrant et rédempteur dans la tradition chrétienne, mais appliquée au contexte polonais.

Métacognition. - Capacité de réfléchir sur ses propres processus cognitifs, de comprendre comment on pense, apprend et résout les problèmes. C'est la connaissance et la prise de conscience de ses propres stratégies mentales, de ses compétences et de ses limites dans le domaine de la cognition.

Méta-connaissance = connaissance de la connaissance = connaissance réflexive. -  Forme de connaissance qui vise à comprendre comment nous acquérons, organisons, validons et utilisons la connaissance. Elle repose sur la compréhension des processus, des limites, des méthodes et des fondements de la connaissance elle-même. Il s'agit de savoir ce que signifie savoir quelque chose. La connaissance de la connaissance implique de se poser un certain nombre de questions : D'où provient notre connaissance, - de l'expérience directe, de l'autorité, de la logique, ou d'autres sources? Quelles sont le  formes de connaissance - connaissance empirique, connaissance a priori, connaissance tacite, etc. - et quelle place leur donner? Comment déterminons-nous  si une information est vraie, valide ou fiable (cela implique de comprendre les méthodes de vérification, de validation et de justification des connaissances)? Quelles sont les limites et les domaines de validité de nos connaissances. (cela peut inclure des considérations sur l'incertitude, l'ignorance, les paradoxes et les questions non résolues)? La méta-connaissance concerne également la compréhension des stratégies et des techniques d'apprentissage efficaces, telles que la métacognition (la réflexion consciente sur son propre processus de pensée) et la planification d'étude. Elle implique également la capacité à évaluer et à réguler sa propre connaissance et son propre apprentissage (réflexion sur ses propres  lacunes en matière de connaissance).

Méta-éthique. - Branche de la philosophie morale qui se penche sur la nature, la signification et les conditions de vérité des énoncés éthiques. Ces énoncés sont-ils vrais ou faux? La moralité a-t-elle une base objective ou subjective? Contrairement à l'éthique normative qui traite des questions morales concrètes et des normes de conduite, la méta-éthique est plus abstraite et se concentre sur la structure du langage moral, les concepts moraux et la nature de la moralité elle-même. Les méta-éthiciens s'interrogent sur le réalisme moral, qui soutient qu'il existe des faits moraux objectifs indépendants des croyances humaines, par opposition à l'anti-réalisme moral, qui nie l'existence d'une réalité morale objective. Ils travaiellent par ailleurs à la question de savoir si les énoncés moraux expriment des croyances (cognitivisme) ou simplement des émotions, des attitudes ou des prescriptions (non-cognitivisme). Les cognitivistes affirment que les énoncés moraux ont une composante de vérité ou de fausseté, tandis que les non-cognitivistes soutiennent qu'ils n'expriment que des états émotionnels ou des prescriptions. Le projetivisme est une position méta-éthique qui combine des éléments du cognitivisme et du non-cognitivisme. Il suggère que les énoncés moraux projettent les attitudes morales des individus, tout en ayant une signification cognitive. Les expressivistes, pour leur part, affirment que les énoncés moraux expriment les émotions, les attitudes ou les prescriptions des locuteurs, mais ne prétendent pas avoir une vérité objective. Les énoncés moraux sont plutôt des expressions d'approbation, de désapprobation, etc. Certains méta-éthiciens s'intéressent aussi aux origines évolutives de la moralité et se demandent dans quelle mesure les normes morales peuvent être comprises en termes de sélection naturelle et d'avantages évolutifs.Autre question de méta-éthique  : la relation entre les faits et les valeurs. Comment les faits peuvent-ils soutenir ou justifier des normes morales, et quel est le statut ontologique des valeurs morales?

Métagéométrie (de Meta = après; geômetria, de gè = Terre; metreôn = mesurer) : nom donné autrefois aux géométries non-euclidiennes, qui étudient des espaces ayant plus de trois dimensions. En fait, il s'agit toujours de géométrie.

Métahistoire. - Approche réflexive de l'écriture de l'histoire qui analyse les choix narratifs et linguistiques des historiens et soulignant le caractère interprétatif et constructif de la représentation historique. La métahistoire examine les structures narratives, les motifs et les cadres conceptuels qui sous-tendent la construction des récits historiques. Elle peut également être considérée comme une histoire de l'histoire, car elle s'intéresse à l'évolution des méthodes historiques, des approches narratives, et des conceptions de l'histoire à travers le temps. Ce concept a été introduit par Hayden White dans son ouvrage Metahistory: The Historical Imagination in Nineteenth-Century Europe (1973). La métahistoire  étudie comment les histoires sont construites, les motifs récurrents, et comment les historiens donnent un sens aux événements à travers la narration. White a identifié plusieurs formes narratives fondamentales, dont la tragédie, la comédie, le romantisme et l'ironie, qui sont utilisées pour donner forme à l'histoire. La métahistoire examine le rôle de la langue dans la construction des récits historiques (comment le choix des mots, la syntaxe, et le style influencent-ils la manière dont l'histoire est interprétée?). Egalement du domaine de la métahistoire, l'étude de l'imagination historique, c'est-à-dire la manière dont les historiens utilisent leur créativité pour donner forme au passé. La métahistoire implique donc une critique des récits historiques traditionnels. Elle remet en question la prétention à l'objectivité et examine comment les biais culturels et idéologiques influencent la manière dont l'histoire est écrite. Sa mise en lumière de la multiplicité des perspectives et des voix qui composent l'histoire, la métahistoire a également été associée à la déconstruction des grandes narrations historiques universelles.

Métalangage. - Langage utilisé pour discuter, analyser, décrire la structure, la grammaire, et d'autres aspects d'une langue. La notion de métalangage est pertinente notamment en logique (pour définir des concepts et des règles formelles), en mathématiques (pour définir formellement les concepts mathématiques et énoncer les axiomes), en informatique (pour décrire la syntaxe et la sémantique des langages de programmation), en sémiotique (pour discuter des structures symboliques et de leur signification), en philosophie et dans la communication quotidienne (pour préciser et clarifier les concepts, ou pour expliquer ou clarifier le sens des mots ou des expressions.

Métalogique (de Meta = après, logikos = qui concerne le raisonnement). - Théorie des principes premiers et des fondements de la logique par opposition à l'étude des règles logiques telles qu'elles sont appliquées dans un raisonnement correct. - Jean de Salisbury a publié, sous le titre de Metalogicus, un plaidoyer pour la logique.

Métamathématique. - Branche de la logique mathématique qui s'occupe de l'étude des fondements et de la structure des mathématiques. Contrairement à la mathématique traditionnelle, qui s'occupe de démontrer des énoncés mathématiques, la métamathématique s'intéresse aux notions de preuve, de démonstration, et aux  limites des systèmes logiques. La métamathématique implique la formalisation des systèmes logiques. Cela signifie définir précisément les règles et les axiomes qui gouvernent un certain domaine mathématique et les décrire formellement. Elle analyse les systèmes de preuve, les relations de consistance, et d'autres aspects liés à la formalisation logique. La question de la définissabilité est aussi centrale : comment peut-on définir des concepts mathématiques dans un système formel? Quels sont les limites de cette définition et comment les concepts sont-ils interprétés? Ainsi, par exemple, relèvent de la métamathématique les théorèmes d'incomplétude démontrés en 1931 par Kurt Gödel. (Ces théorèmes énoncent que dans tout système mathématique suffisamment puissant pour contenir l'arithmétique, il existe des énoncés qui sont vrais mais qui ne peuvent pas être démontrés à l'intérieur du système). Certains aspects de la métamathématique abordent les défis liés à la réflexivité et à l'autoréférence, notamment dans le contexte des paradoxes, tels que le paradoxe du menteur. 

Métamorale (de Meta = après; moralis = moral, de mos, moris = usage, manière d'être ou d'agir, moeurs). - Quelques philosophes nomment ainsi la métaphysique des moeurs. C'est la théorie des principes premiers et des fondements de la morale par opposition à l'étude des règles morales telles qu'elles sont appliquées dans les cas particuliers.

Métaphilosophie. - Domaine de la philosophie qui se concentre sur l'analyse des méthodes, des concepts, des objectifs et des fondements de la philosophie elle-même. C'est une forme de philosophie réflexive qui examine les questions philosophiques sur la nature et la pratique de la philosophie. Elle examine en profondeur les concepts philosophiques fondamentaux tels que la vérité, la réalité, la connaissance, la justice, l'éthique, la liberté, etc., afin de clarifier leur signification, leur utilisation et leur validité. Elle évalue les différentes méthodes utilisées en philosophie, telles que l'analyse conceptuelle, l'argumentation, l'expérience de pensée, l'induction, la déduction, etc., et s'interroge sur leur efficacité, leurs avantages et leurs limites. Elle cherche à comprendre la nature des problèmes philosophiques, leur formulation et leur résolution potentielle, et évalue si certains problèmes sont intrinsèquement insolubles ou simplement mal posés. La métaphilosophie traite également des questions épistémologiques, notamment la nature et les critères de la connaissance philosophique, la relation entre croyance et connaissance, les formes de justification philosophique, etc. Elle étudie les différentes écoles de pensée philosophique, leurs présuppositions, leurs influences et leurs méthodes, et cherche à évaluer comment ces facteurs ont façonné la philosophie. Enfin, la métaphilosophie questionne le rôle de la philosophie dans la société, ses contributions, son influence et sa pertinence, ainsi que les relations entre la philosophie et d'autres domaines de la pensée et de l'action humaines.

Métaphysique (de Meta ta physika, après la physique; en latin scolastique Metaphysica, sous-entendu pars = partie) . - Partie de la philosophie qui a pour objet l'être réel, les réalités supérieures, les premiers principes et des premières causes. La métaphysique contemporaine s'intéresse plus particulièrement à des questions concernant la réalité, l'existence, la causalité, la nature de l'espace et du temps, et la relation entre l'esprit et le corps.

Métaphore. - Figure de style  courante en langage ordinaire, qui consiste en un transfert de sens par substitution analogique, et qui soulève des questions sur la manière dont nous utilisons le langage pour exprimer des idées et des concepts. Ainsi, la métaphore interroge-t-elle sur la relation entre le langage et la pensée. Comment les métaphores influencent-elles notre manière de penser et de comprendre le monde? Comment les métaphores peuvent-elles avoir un pouvoir explicatif ou révélateur, en élargissant notre compréhension d'un sujet? La métaphore soulève également des questions ontologiques sur la nature de la réalité. Comment les métaphores influent-elles sur notre conception de ce qui existe? Peuvent-elles créer de nouvelles perspectives ontologiques? En philosophie du langage, la métaphore est étudiée pour comprendre comment les métaphores transmetten des idées de manière suggestive ou évocatrice. Le linguiste George Lakoff et le philosophe Mark Johnson ont introduit la notion de métaphore conceptuelle pour exprimer le fait que les métaphores ne sont pas seulement des expressions linguistiques, mais qu'elles structurent également nos pensées et notre compréhension du monde. Les métaphores conceptuelles sont des schémas mentaux qui utilisent des expériences sensorielles ou concrètes pour comprendre des concepts abstraits. Certains philosophes se sont interrogés sur la relation entre la métaphore et la vérité. Les métaphores peuvent-elles être vraies ou fausses? Comment évaluer la validité d'une métaphore? Les métaphores peuvent également être utilisées pour exprimer des vérités qui ne peuvent pas être facilement encapsulées dans un langage strictement littéral. Enfin, Jacques Derrida a mis en oeuvre la déconstruction des métaphores pour mettre au jour les structures cachées du langage et les préjugés implicites dans la pensée.

Métaphorétique (philosophie, philologie). - Se dit d'une définition qui est vicieuse parce qu'elle peut s'appliquer à autre chose qu'à l'objet défini. Par exemple : Le lion est un animal.

Métascience = Recherche sur la recherche. - Discipline qui se consacre à l'étude des méthodes scientifiques elles-mêmes. Elle vise à comprendre comment la science est pratiquée, évaluée, et améliorée. Tandis que la philosophie des sciences, qui examine les fondements, la logique et la nature de la connaissance scientifique., la métascience étudie les processus, les normes, les biais,  la conception des études, la collecte des données, la reproductibilité des résultats,  l'analyse statistique, les pratiques de publication et d'autres aspects de la recherche scientifique. Des initiatives telles que l'Open Science et les mouvements en faveur de la science ouverte reposent sur les résultats de la métascience et font partie des efforts visant à améliorer la pratique scientifique.

Métempirique (de Meta = après ; empirique, de empiricus, empeirikos = qui se dirige d'après l'expérience, de empeiros = qui a l'expérience de en = dans; peira = essai. Racine per = aller à travers) : mot fait, à l'image de métaphysique, pour signifier ce qui est au delà de toute expérience possible.

Météorologie. - La météorologie est la science qui étudie les phénomènes atmosphériques et les conditions météorologiques, c'est-à-dire les changements qui se produisent dans l'atmosphère, tels que la température, la pression, l'humidité, les précipitations, la nébulosité, les vents, les phénomènes extrêmes tels que les tempêtes, les cyclones, les ouragans, les tornades, les orages, les vagues de chaleur, les vagues de froid, etc.

Méthode (Methodos = poursuite, recherche; de meta = vers; hodos = chemin). - La méthode est l'ensemble des procédés les plus courts et les plus sûrs pour arriver à la vérité. Tout système implique une méthode : on dira donc méthode cartésienne, kantienne, etc., et, dans un sens plus général, méthode inductive, méthode déductive, du nom du procédé fondamental des sciences d'observation, l'induction, et des sciences mathématiques, la déduction.

N'admettre comme critérium du vrai que l'évidence; diviser les difficultés pour les mieux résoudre; conduire par ordre ses pensées en commençant par les objets les plus simples pour s'élever par degrés aux plus complexes; faire des dénombrements entiers et des revues générales pour ne rien omettre : telles sont les quatre règles essentielles données par Descartes dans son Discours de la méthode.

Méthodisme médical. - Cette doctrine est apparue en médecine après celle des Hippocratistes ou Dogmatiques et celle des Empiristes de l'école de Médecine d'Alexandrie. C'est Asclépiade de Bithyniequi fut le fondateur du Méthodisme, et cette approche fut systématisée d'une façon plus régulière par son disciple Thémison de Laodicée, vers le milieu du Ier siècle de l'ère chrétienne (La médecine à Rome). 

Les Méthodistes prétendaient que la connaissance des causes est absolument indifférente à l'art de guérir ; ils dédaignaient également les études anatomiques et physiologiques, et s'en tenaient à l'observation de quelques symptômes généraux. Suivant eux,le plus grand nombre des maladies dépendaient du resserrement ou du relâchement des tissus, du sirictum ou du laxum. Dans le premier cas, les excrétions sont trop abondantes; elles sont trop rares dans le second. En conséquence, la méthodeunique de guérison consiste à relâcher ou à resserrer les pores des tissus: delà le nom donné à cette secte. 

Toutefois, comme certaines maladies se refusaient absolument à entrer dans l'une ou l'autre de ces deux classes, les Méthodistes avaient bien voulu en créer une troisième pour ces affections malencontreuses; c'était le mixtum. Cette école simplifiait tellement l'art médical, qu'elle ne pouvait manquer d'avoir une multitude de partisans; c'est ce qui eut lieu en effet. Au reste, elle mit la saignée en honneur, et l'on attribue à Thémison l'introduction de l'usage des sangsues.

Méthodologie (de Methodos = méthode; logos = discours). - Partie de la logique qui s'occupe des méthodes. Chez Kant, ce mot désigne la théorie des principes et de la forme générale de toute science : c'est la technique de la logique et elle contient en outre les méthodes particulières de chaque science.

Métrique (système) ou Système international d'unités (SI). - Système d'unités de mesure créé en France en 1795 et est basé sur des unités de mesure fondamentales, telles que le mètre pour la longueur, le kilogramme pour la masse, la seconde pour le temps, l'ampère pour l'intensité électrique, le kelvin pour la température, la mole pour la quantité de matière et la candela pour l'intensité lumineuse. Le système métrique est basé sur un système décimal.

Microcosme (de mikros = petit, et kosmos =, monde) : l'humain, abrégé du monde, petit monde  (Macrocosme). - Dans les doctrines théosophiques, qui admettent une correspondance entre chaque partie du corps humain et chaque partie constitutive de l'univers, celui-ci est appelé macrocosme, et l'humain, par rapport à lui, microcosme (Fludd). La monade de Leibniz est un microcosme en ce sens qu'elle exprime l'univers par ses perceptions ou modifications, internes.

Milan (Groupe de) ou École de Milan en sémiotique. - Courant philosophique interdisciplinaire qui a oeuvré à Milan dans les années 1960 et 1970, autour de Umberto Eco et Paolo Fabbri, notamment. Ce groupe a joué un rôle significatif dans le développement de la sémiotique. Les sémioticiens de Milan affirment que la signification est construite par le contexte social, culturel et historique dans lequel les signes sont utilisés. Ils ont développé une approche particulière appelée la sémiotique de l'énonciation, qui se concentre sur l'acte de communication lui-même, en mettant l'accent sur le locuteur, l'auditeur et le contexte de la communication. L'École de Milan a également développé des approches sémiotiques de la narration, examinant comment les récits sont construits et interprétés en utilisant des signes. En plus de la sémiotique du langage, elle s'est intéressée à la sémiotique visuelle, étudiant comment les images, les gestes, et d'autres signes visuels portent du sens. Les membres de l'École de Milan ont aussi travaillé sur la théorie des codes sémiotiques, analysant les systèmes de signes qui organisent et structurent la communication. Certains se sont également penchés sur l'analyse des médias, montrant comment les messages médiatiques sont construits et reçus. Enfin, l'École de Milan a établi des liens avec la linguistique structurale et la sémiotique linguistique, tout en élargissant son champ d'application pour inclure d'autres formes de communication symbolique.

• Umberto Eco (1932-2016), sémioticien, philosophe, écrivain et linguiste, a été l'une des figures clés du Groupe de Milan.Il a contribué à la théorie des actes de langage. Cette théorie examine comment le langage est utilisé pour accomplir des actions au-delà de la simple transmission d'informations.

• Algirdas Julien Greimas (1917-1992) a été associé au Groupe de Milan. Il était un sémioticien important, connu pour son développement de la sémiotique structurale et de la grammaire narrative.

• Paolo Fabbri (1939-2020) a contribué à la sémiotique de l'énonciation et à l'analyse sémiotique de la culture.

• Ugo Volli (né en 1948), sémioticien et philosophe, a contribué à des travaux sur la sémiotique et la communication visuelle.

Milet (Ecole de) ou Ecole ionienne. - Mouvement philosophique,  qui a pris naissance dans la ville de Milet, en Ionie au VIe siècle av. JC. C'est la première à s'être concentrée sur l'explication rationnelle et la compréhension de l'univers sans faire appel aux dieux ou aux mythes. Ses principaux représentants étaient : Thalès, Anaximandre et Anaximène, qui sont considérés comme les premiers penseurs présocratiques. L'école de Milet a posé les bases de la philosophie occidentale en proposant des théories sur la nature de l'univers et de la réalité. Ses idées ont influencé de nombreux penseurs grecs et ont conduit à l'émergence de nouvelles écoles de pensée, telles que l'école pythagoricienne et l'école d'Élée. 

Milieu. - Terme qui peut s'entendre comme le centre de quelque chose, ou comme l'environnement ou le contexte dans lequel  quelque chose se situe. - C'est dans le premier sens que s'endend, par exemple, l'expression de juste milieu, qui chez Aristote, est la définition de la vertu, qui se trouve toujours entre deux extrêmes opposés, l'économie, par exemple, entre l'avarice et la prodigalité, le courage entre la lâcheté et la témérité. On parle aussi de Principe du milieu ou moyen exclu : une chose est ou n'est pas. - Dans le second sens, on parlera par exemple de milieu social (environnement social dans lequel les individus vivent), de milieu dans le contexte de l'écologie. 

MÄ«mÄá¹sÄ :  nom sous lequel on comprend les deux systèmes réputés orthodoxes de la philosophie indienne, appelés Pourva et VédÄnta. Ces deux systèmes, conformes à la doctrine des Védas, forment une philosophie spiritualiste, opposée au sensualisme du SÄnkhya, oeuvre du philosophe Kapila. Le VédÄnta (en sanscrit, conclusion des Védas) a été principalement exposé par le célèbre Sankara Atcharya.

Minarchie. - Forme de gouvernement minimal défendue par certains libertariens. Dans une minarchie, le rôle du gouvernement est réduit au strict nécessaire. La minarchie est centrée sur la protection des droits individuels (droits à la vie, à la liberté et à la propriété) et le gouvernement y est considéré comme ayant pour principale mission la garantie de ces droits. Le gouvernement minarchique intervient pour maintenir l'ordre public, empêcher les violations des droits individuels et résoudre les conflits. Cependant, son intervention est limitée à ces fonctions essentielles. Une minarchie peut maintenir des forces armées pour assurer la sécurité nationale, mais leur rôle est généralement restreint à la défense contre les menaces extérieures. Le système judiciaire dans une minarchie vise à résoudre les litiges civils et criminels, assurant une justice équitable tout en respectant les droits individuels. Le gouvernement minarchique intervient en outre pour protéger l'exécution des contrats, assurant le respect des accords privés entre les individus. Certains partisans de la minarchie soutiennent que le gouvernement peut jouer un rôle dans l'émission de la monnaie pour garantir la stabilité économique, bien que cette idée puisse varier.

Minéralogie, du français minéral, et du grec logos = science. - On nomme ainsi la science qui étudie les minéraux, ou corps bruts naturels; elle ne comprend pas toutes les matières inorganiques, mais seulernent celles que l'on rencontre en étudiant le sol terrestre et ses dépendances immédiates, ou  les météorites et les échantillons de roches étudiés sur d'autres corps du Système solaire (Lune, Mars).

Mineure. - La deuxième proposition du syllogisme (Majeure).

Minimalisme. - Idée de simplification et de réduction à l'essentiel. En philosophie, cela peut se traduire par la recherche de la simplicité et la concentration sur ce qui est vraiment important dans la vie, en éliminant le superflu. C'est un mode de vie qui met l'accent sur l'expérience et les relations plutôt que sur la possession de biens matériels. Dans le contexte économique, le minimalisme est associé à une approche de la consommation plus consciente et responsable. Ce qui signifie acheter moins, mais mieux, en privilégiant la qualité sur la quantité. Un importance particulière est également accordée à la simplicité financière (élimination des dettes, épargne et investissements judicieux, etc.). Certains minimalistes économiques cherchent également à réduire leur empreinte écologique en limitant leur consommation de ressources. Le minimalisme propose ainsi une alternative à la culture de la surconsommation en encourageant la réflexion sur nos choix de vie et en cherchant à simplifier pour atteindre une forme de bonheur plus authentique.

Minute (terme de géométrie). - On appelle minute la soixantième partie d'un degré. La minute se subdivise aussi en 60 parties égales, appellées secondes. Minute (division du temps) : c'est la soixantième partie d'une heure, laquelle soixantième partie se subdivise encore en 60 autres parties égales, appelées secondes. Les minutes prises dans l'une et l'autre signification, se marquent par un petit trait, placé un peu plus haut que le chiffre qui en exprime le nombre : ainsi, lorsqu'on lit 15', cela signifie 15 minutes. (Brisson, 1780).

Misanthropie (Misanthrôpia, de misos = haine; anthrôpos = humain) : haine du genre humain. - Inclination malveillante.

Misologue (de Misos = haine; logos = raison). - Ennemi de la raison : se dit de ceux qui refusent à la raison humaine le pouvoir de nous faire connaître le vrai, le beau, le bien. Par extension, détracteur des sciences, des lettres et des arts. Tels furent les Cornificiens, qui dénigraient toute culture intellectuelle. Ils furent combattus par Jean de Salisbury uni aux Maîtres de l'École de Chartres. 

Misonéisme (de Misos = haine; neos = nouveau). - Haine des nouveautés. Les ennemis de Socrate l'accusèrent de répandre dans la jeunesse des nouveautés dangereuses.

Mixte (Mixtus = mêlé, participe passé de miscere, mixtum = mêler). - Chez les Scolastiques, les corps mixtes étaient les corps composés, c'est-à-dire formés de plusieurs, réunis en une même substance, sous une même forme substantielle. Dans le mixte les composants persistent, mais virtuellement, sous une autre forme, capable de ramener plus ou moins facilement les formes disparues. 

a) Les Thomistes soutiennent en général que dans le mixte, inorganique ou vivant, il y a unicité de forme. 

b) D'autres Scolastiquess admettent dans le vivant et l'inorganique une forme substantielle unique se subsumant les formes inférieures physico-chimiques sans détruire leur réalité. 

c) D'autres enfin ne voient dans le mixte qu'un agrégat sans unité stricte. 

Mobile (mobilis = qu'on peut mouvoir, de movere = mouvoir) : signifie : 
a) le corps en tant qu'il est sujet du mouvement. Le premier mobile était, pour les anciens philosophes, le plus élevé des cieux, celui qui imprimait le mouvement aux autres (Moteur). 

b) Dans l'ordre moral, le mobile se dit de toute raison d'agir, de tout principe de conduite. Il correspond auxs phénomènes affectifs qui précèdent la volition. 

Distinction : mobile, motif. Le mobile se dit particulièrement des raisons tirées de l'ordre sensible : ainsi l'antipathie, la vengeance, l'ennui. Le motif désigne plutôt les raisons d'agir tirées de l'ordre intellectuel ainsi le devoir.

Mobilisme (de mobile) : doctrine d'après laquelle le fond des choses est sans cesse en voie de transformation sans lois fixes. Il en résulte que toute organisation rationnelle des choses est impossible. C'est, en somme, la doctrine d'Héraclite, qui assimile l'être au devenir.

Modal (du latin scolastique Modalis, de modus = mesure, manière) : on nomme propositions modales, par opposition aux propositions absolues ou catégoriques dans lesquelles l'attribution est simplement énoncée, celles dont l'attribut est modifié par une des quatre conditions suivantes : possibilité, impossibilité, contingence, nécessité

Suarez a divisé la distinction réelle, celle qui existe dans les choses indépendamment de l'esprit, en distinctions majeure (ut res et res) et mineure (ut res et modus ejus). Cette dernière est appelée distinction modale : ex. : entre une chose et ses qualités, comme la figure.

La théorie des propositions modales, de leurs oppositions, de leurs conversions, et des syllogismes qui en sont formés, au point de vue de l'influence qu'exerce sur la conclusion la modalité des prémisses, a été développée par Aristote dans son traité de l'Interprétation et dans les chapitres 8-22 du premier livre des Premiers Analytiques. ( Rondelet, Théorie logique des propositions modales, 1861). (B-E.).

Modalité (de Modal, de modalis, de modus = manière)-: terme de philosophie scolastique, signifiant le mode ou la manière dont une chose ou un fait existe. En considérant nos jugements par rapport à la modalité, Kant les divisait en jugements problématiques, se rapportant au possible; jugements assertoriques, se rapportant au réel; et jugements apodictiques, se rapportant au nécessaire.

Mode : terme de logique, dont on fait le synonyme d'attribut. S'il y a quelque nuance dans la signification de ces deux mots, il nous paraît que mode désigne la qualité prise dans les choses mêmes, et attribut la qualité envisagée au point de vue logique, l'idée de cette qualité dans un rapport de convenance avec un sujet déterminé.

Modes du syllogisme. - Schémas logiques qui décrivent les différentes façons dont les termes d'un syllogisme peuvent être liés pour produire une conclusion valide. Il y a quatre figures du syllogisme, chacune comprenant des modes spécifiques.

Modèle. - Le concept de modèle implique une certaine forme de représentation ou de simplification de la réalité, qui permet de la comprendre ou de l'expliquer d'une manière spécifique. En épistémologie et en philosphie des sciences, un modèle peut être considéré comme une représentation simplifiée d'un phénomène complexe, qui permet de le comprendre et de le prédire, ou bien comme une hypothèse ou une théorie qui permet de représenter un phénomène ou un système, mais qui peut être révisé ou abandonné si les données empiriques ne le confirment pas. En ontologie, un modèle peut être considéré comme une entité abstraite qui existe indépendamment du monde réel, mais qui permet de le représenter ou de le comprendre.  En philosophie politique, un modèle peut être considéré comme une théorie ou un système politique qui sert de référence pour l'organisation de la société. 

Modèle cosmologique. - Représentation théorique de l'univers qui permet de décrire son évolution et sa structure. Les modèles cosmologiques sont souvent représentés par des équations mathématiques  qui décrivent l'expansion de l'univers, la distribution de la matière et de l'énergie, et la nature de l'espace et du temps. Nombre de modèles cosmologiques basés sur la théorie de la relativité générale d'Albert Einstein ont vu le jour (J. Merleau-Ponty, Cosmologie du XXe siècle, 1965). Le plus couramment accepté est le modèle du Big Bang, qui postule que l'univers a commencé sous forme d'un point chaud et dense il y a environ 13,8 milliards d'années, et qu'il s'est depuis étendu et refroidi.

Modernisme. - Mouvement intellectuel et culturel qui a émergé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle et s'est caractérisé par une remise en question des traditions et des valeurs établies, ainsi que par une ouverture à de nouvelles formes d'expression artistique, philosophique et sociale. Dans les arts, il  mettait l'accent sur l'innovation, la fonctionnalité, la simplicité et le rejet de l'ornement excessif. Dans l'architecture, par exemple, le modernisme a été caractérisé par des lignes épurées, l'utilisation de matériaux industriels comme l'acier et le verre, et une attention particulière à la fonctionnalité. Dans la littérature, le modernisme, représenté notamment par James Joyce, Virginia Woolf et T.S. Eliot, a souvent étudié la fragmentation de la réalité, l'expérimentation avec la forme narrative, et des thèmes liés à l'aliénation, à la désillusion et aux défis de la société moderne. Sur le plan philosophique, le modernisme s'est caractérisé par une critique radicale de la métaphysique traditionnelle et de la certitude absolue. Les philosophes modernistes ont rejeté les systèmes de pensée dogmatiques et ont cherché à élaborer de nouvelles théories qui reflètent la complexité et l'ambiguïté de la condition humaine. Le modernisme, qui se reconnaît comme grands ancêtres Descartes, John Locke,  Newton mais aussi les Lumières, se caractérise par une confiance en la raison, la science, la logique et la quête de la vérité objective. Les philosophes modernistes ont cru en la possibilité de découvrir des lois universelles qui régissent la réalité et en la capacité humaine à parvenir à des connaissances objectives et certaines.

Module. - Ce mot a plusieurs emplois en mathématiques. On appelle, par exemple, module d'un système de logarithmes le coefficient fixe par lequel il faut multiplier les logarithmes d'un système pour avoir les logarithmes correspondants dans un autre système.

Moeurs (de Mores, devenu mors = meurs, moeurs) : habitudes d'un individu ou d'un peuple relatives : a) à l'observation de la loi morale; b) aux usages, à la manière de vivre (sans idée de bien ou de mal).

Moi (Me = moi).  - En philosophie, le moi n'est pas tout l'esprit, mais il est l'esprit en tant que conscient de lui-même. Il est un, simple, identique et libre comme responsable, il constitue la personnalité morale. Les philosophes ont distingué un moi profond et un moi superficiel : celui-ci est constitué ou plutôt se constitue par nos habitudes et tous les événements fortuits qui nous affectent; l'autre est iminuable ou, du moins, peut seul se modifier lui-même. C'est le for intérieur des anciens moralistes. Dans la philosophie moderne, le moi se prend pour la personne ou plutôt pour le principe qui dans la personne est conscient. - Dans certaines traditions de philosophie orientale, comme le bouddhisme, le moi est vu comme une illusion ou une construction mentale qui crée une séparation artificielle entre le soi et le monde. Le détachement du moi est considéré comme un moyen d'atteindre l'illumination ou l'éveil spirituel. - En psychologie, le moi est l'une des trois composantes de la personnalité, telles que définies par Freud dans sa théorie psychanalytique. Le moi représente la réalité, la conscience de soi et la médiation entre les impulsions instinctives du ça et les normes sociales du surmoi. Il agit comme un équilibre entre ces forces, cherchant à satisfaire les besoins et les désirs tout en respectant les contraintes de la société.

Moindre action (principe de) Action.

Moká¹£a ( = libération, affranchissement).  - Terme sanskrit qui trouve son origine dans des traditions philosophiques et religieuses de l'Inde (hindouisme,  jaïnisme). Le bouddhisme utilise le mot nirvana dans un sens similaire. Le moká¹£a représente la réalisation de la libération spirituelle, la fin du cycle de la réincarnation (samsara) et l'union de l'âme individuelle (jiva) avec l'Absolu, le Divin ou l'Ultime (Brahman dans l'hindouisme). Dans l'hindouisme, me moká¹£a est souvent considéré comme l'un des quatre buts de la vie (purusharthas), les autres étant le dharma ( = devoir), l'artha ( = prospérité) et le kama ( = plaisir). Dans le jaïnisme, le moká¹£a est également un objectif central, représentant la libération de l'âme du cycle infini de la naissance, de la mort et de la réincarnation.

Molinisme. - Système de Molina qui cherche à résoudre la tension entre la prédestination divine et la liberté humaine. Le molinisme a émergé dans le contexte des débats théologiques entre les partisans du jansénisme (une doctrine de la prédestatination rigide) et les jésuites. Le molinisme était la réponse des jésuites à la controverse. Le point de départ de Molina est son introduction de  la notion de la connaissance moyenne (scientia media). Dieu possède une connaissance prévisionnelle des choix libres que chaque individu ferait dans des circonstances particulières. Cela signifie que Dieu connaît non seulement ce que chaque personne ferait dans n'importe quelles circonstances, mais aussi ce qu'elle ferait dans toutes les circonstances hypothétiques possibles. Sur la base de cette connaissance moyenne, Dieu peut prédestiner certaines personnes en fonction de la manière dont elles réagiraient librement à la grâce divine dans différentes situations. Ainsi, la prédestination est conditionnelle à la manière dont une personne utiliserait sa liberté. Molina distingue entre le simple ordre de la nature ( = comment les choses se dérouleraient sans l'intervention de la grâce) et l'ordre déterminé de la grâce ( = comment les choses se déroulent avec la grâce divine). Voici quelques noms associés au molinisme, certains historiques et d'autres plus contemporains :

• Luis de Molina (1535-1600), jésuite, est le fondateur du molinisme. Ses travaux, en particulier son ouvrage  La Concordance de la liberté humaine avec les dons de la grâce (Concordia liberi arbitrii cum gratiae donis), ont jeté les bases de cette perspective théologique.

• Francisco Suárez (1548-1617):, autre jésuite espagnol, a contribué à développer et à affiner les idées molinistes. Il a élaboré sur certains points de la théologie moliniste dans ses propres travaux théologiques, qui ont débouché sur le congruisme..

•  Alonso de la Vera Cruz (1504-1584), également connu sous le nom d'Alonso de Zamora, était un autre jésuite espagnol dont les idées ont influencé le développement initial du molinisme.

• Alvin Plantinga (né en 1932), philosophe analytique, a défendu des positions qui partagent des similitudes avec le molinisme dans son exploration de la relation entre la prédestination et la liberté humaine.

•  William Lane Craig (né en 1949),  philosophe et théologien, est également associé à des positions molinistes et a défendu ces idées dans ses travaux sur la théologie philosophique.

• Kenneth Keathley (né en 1958), théologien baptiste, est un partisan du molinisme et a écrit sur ses implications dans le contexte théologique baptiste.

Molyneux (Problème de). - Le problème de Molyneux, mathématicien anglais du XVIIIe siècle, peut se poser ainsi : Un aveugle-né, capable de distinguer les formes et les extures en touchant des objets, devenu subitement clairvoyant par une opération, pourrait-il tout d'abord et sans le secours du toucher distinguer une sphère d'un cube et dire : Voici la sphère et voilà le cube? En d'autres termes, si quelqu'un apprend à reconnaître des objets uniquement par le toucher et acquiert ensuite la vue, serait-il en mesure de faire le lien entre les informations tactiles et les informations visuelles pour reconnaître les objets visuellement? Ce problème soulève des questions complexes sur la nature de la perception et la façon dont nos différents sens interagissent pour former notre compréhension du monde qui nous entoure. Il pointe également vers des questions philosophiques plus larges sur la nature de la connaissance, la relation entre l'esprit et le corps, et les limites de nos sens. Le problème de Molyneux a suscité beaucoup de débats et de discussions parmi les philosophes et les scientifiques au fil des siècles. Les réponses à ce problème varient en fonction des perspectives philosophiques, et il n'existe pas de consensus absolu sur la question. Certaines personnes soutiennent que la capacité de reconnaître des objets par le toucher ne garantit pas nécessairement la reconnaissance visuelle, tandis que d'autres pensent que la reconnaissance des caractéristiques fondamentales des objets pourrait être transférée entre les sens.

Moment (Momentum, pour movimentum = ce qui met en mouvement, poids, moment, de movere = mouvoir) : appliqué : 

a) à une force, par rapport à un point, ce mot indique le produit de cette force par la distance à ce point ; 

b) à la durée : il en indique la plus petite division. 

c) à des points d'arrêt dans le mouvement de la pensée : dans ce dernier cas, il signifie une phase, un stade de la pensée; chez Hegel, par exemple, la pensée passe par trois moments, l'affirmation ou la thèse, la négation ou l'antithèse, et l'absorption ou la synthèse.

Monade. -  Se dit des êtres simples qui, dans le système de Leibniz, composeraient tous les corps, et qui, en devenant conscients, deviendraient de vrais esprits. Le mot apparaît pour la première fois dans Giordano Bruno, qui appelle minima ou monades les éléments des choses; mais l'idée de faire jouer à l'unité le rôle d'élément date de Pythagore.

La monade de Leibniz n'est pas d'ailleurs l'unité abstraite, l'unité mathématique : c'est l'unité métaphysique, l'unité d'une force non composée de parties, c'est-à-dire simple.

Sa qualité distinctive, c'est la représentation : elle exprime l'univers qui se réfléchit en elle et devient ainsi un microcosme ou monde en raccourci. Son essence est l'appétition ou tendance constante à passer d'une perception à une autre.

Il faut distinguer les aperceptions des perceptions : celles-ci ne sont que les modifications internes de la monade, celles-là impliquent de plus la conscience ou la réflexion : elles sont aperçues. Se représenter l'univers et tendre à la perfection, n'est-ce pas le caractère des esprits? La monade est donc une âme ou un esprit et les animaux eux-mêmes, contre l'opinion de Descartes, sont de telles âmes et de tels esprits, mais réduits aux perceptions obscures et aux consécutions d'images qui imitent le raisonnement.

Puisque les monades sont simples, elles sont impérissables ou immortelles, et puisqu'elles font partie d'un même monde parfaitement ordonné, sans pourtant qu'elles agissent les unes sur les autres (elles n'ont pas, dit Leibniz, de fenêtres sur le dehors), il faut qu'il y ait entre elles une harmonie préétablie.

Monadologie. - La monadologie ou monadisme est le système leibnizien des monades. Ce mot désigne aussi l'opuscule dédié au prince Eugène, où Leibniz, en quatre-vingt-dix thèses fort courtes, établit tout son système. Ce systeme renferme comme parties essentielles : la définition des monades et de leurs caractères propres, la perception, l'aperception, l'appétition, la théorie des perceptions obscures appelée aujourd'hui de l'inconscient; la doctrine de l'harmonie préétablie qui régit les rapports des monades entre elles; la preuve leibnizienne de l'existence de Dieu par le principe de raison suffisante; la doctrine de l'optimisme sur les rapports de Dieu avec le monde, fondée a priori sur les perfections divines et justifiée a posteriori par l'examen approfondi (surtout dans la Théodicée) de la nature et de l'origine du mal métaphysique, physique et moral.

L'originalité de Leibniz dans l'école cartésienne a été de reformer l'idée de substance à laquelle il substitua l'idée de force et de surajouter son dynamisme au mécanisme cartésien qu'il admettait en entier, mais qu'il appelait l'antichambre de la vérité.

Monarchie (Monarchia, de monarchos = qui commande seul, de monos = seul ; archô = commander) : gouvernement d'un seul. 

Mondain . - Terme utilisé pour qualifier quelque chose qui est lié à ce monde, à l'opposé de ce qui est spirituel ou transcendant. Cela peut impliquer une orientation vers les préoccupations terrestres, matérielles ou séculières plutôt que vers des réalités ou des valeurs spirituelles. Il est souvent associé à des activités, des plaisirs ou des préoccupations considérés comme typiques de la vie quotidienne et du monde matériel. Ce terme est lié à ceux d'intramondain et de transmondain. - Husserl a utilisé le concept d'intentionalité mondaine pour décrire comment nos actes conscients sont toujours dirigés vers le monde qui nous entoure. 

Monde (Mundus = propre, élégant, d'où le substantif mundus, qui, comme kosmos, signifie l'ordre du monde, le monde). - Originellement ce terme, en particulier dans les traditions religieuses, désigne le cosmos, en tant qu'il est ordonné par des principes divins ou des lois naturelles.  Le langage courant et la philosophie en ont fait vient d'autres usages : - a)  Ensemble des choses d'une même sorte (ex.-: le monde des idées).. - b) l'ensemble de tout ce qui existe, l'univers, la réalité physique dans laquelle nous vivons. Cela inclut l'univers, la planète Terre, et tout ce qui existe matériellement. - c) Dans la phénoménologie,  le monde est l'ensemble des expériences possibles d'un sujet; c'estt ce qui est immédiatement présent à la conscience. - d) Dans d'autres perspectives philosophiques, le monde peut être compris comme un système complexe de relations entre des entités. Cela peut inclure des relations sociales, économiques, politiques, et culturelles.  Le mot peut désigner aussi un contexte culturel ou historique particulier dans lequel les individus vivent et interagissent. - e)  Certains penseurs postmodernes considèrent le monde comme une construction textuelle ou discursive. Ils s'intéressent à la manière dont la réalité est interprétée, narrée, et construite à travers des discours. - f) Dans la philosophie analytique, le monde est parfois vu comme l'ensemble des possibilités qui pourraient être réalisées. Cela peut être lié à des discussions sur la logique modale et les mondes possibles. - g) Le terme monde peut aussi être utilisé pour désigner la sphère morale ou éthique dans laquelle les actions humaines ont des conséquences. Il peut être associé à des concepts tels que la responsabilité sociale et l'impact éthique. - h) Dans la philosophie indienne, en particulier dans l'Advaita Vedanta, le monde est parfois considéré comme une illusion (mÄyÄ) qui masque la réalité ultime. La recherche de la vérité implique de transcender cette illusion.

Monde (conceptions du monde). - Manières dont les philosophes conceptualisent, comprennent et interprètent le monde dans lequel nous vivons. Voici quelques conceptions du monde significatives (lles ne sont pas toutes mutuellement exclusives, et certains philosophes peuvent intégrer des éléments de plusieurs perspectives dans leurs systèmes philosophiques) :

• Le monisme est une conception du monde qui affirme que l'ensemble de la réalité ultime est d'une seule et même nature. Il peut prendre différentes formes, notamment le monisme matérialiste (tout est matière), le monisme idéaliste (tout est esprit ou conscience), et le monisme neutre (il existe une seule substance sous-jacente).

• Le dualisme, à l'opposé du monisme,  propose l'existence de deux substances fondamentales, souvent opposées, comme le corps et l'esprit. Le dualisme peut être cartésien, distinguant entre le corps matériel et l'esprit immatériel.

• L'idéalisme est une conception qui accorde une primauté à la réalité mentale ou spirituelle plutôt qu'à la réalité matérielle. Selon différentes versions, la réalité pourrait être une construction mentale ou une manifestation de l'esprit divin.

• L'idéalisme empirique suggère que la réalité n'est accessible que par l'expérience sensorielle. La réalité est construite à partir de nos perceptions et de nos expériences

• Le matérialisme soutient que la réalité ultime est matérielle ou physique. Il rejette souvent l'existence d'une réalité immatérielle ou spirituelle, considérant que tout peut être expliqué par la matière et ses propriétés.

• Le réalisme soutient que la réalité existe indépendamment de notre perception. Il peut prendre différentes formes, notamment le réalisme métaphysique (l'existence d'entités indépendantes) et le réalisme épistémologique (nous pouvons avoir une connaissance objective de la réalité).

• Le nihilisme, bien qu'il puisse être considéré davantage comme une attitude que comme une véritable conception du monde, nie souvent la valeur intrinsèque de tout, y compris de la réalité elle-même.

• L'existentialisme se concentre sur l'individu et l'existence humaine, soulignant la liberté individuelle, la responsabilité et la création de sens dans un monde parfois perçu comme dépourvu de sens intrinsèque.

• Le panthéisme voit Dieu, l'esprit ou le divin dans tout et identifie la réalité ultime avec l'ensemble de l'existence.

• Le postmodernisme remet en question les notions de réalité objective, de vérité universelle et de narrations cohérentes, soulignant plutôt la diversité des perspectives et des interprétations.

• L'éco-centrisme, associé à des perspectives écologiques et environnementales, reconnaît la valeur intrinsèque de la nature et cherche à intégrer les êtres humains dans un écosystème interconnecté.

• Le phénoménalisme affirme que tout ce qui peut être connu est limité aux phénomènes ou aux expériences directes. Il met en doute l'existence d'une réalité indépendante des perceptions.

• Le pragmatisme insiste sur la fonction pratique de la vérité. Selon cette perspective, la vérité est ce qui fonctionne efficacement dans la pratique plutôt que ce qui correspond à une réalité indépendante.

• L'absolutisme affirme l'existence de vérités et de valeurs absolues qui sont universelles et immuables, indépendamment des perspectives individuelles.

• Le constructivisme propose que la réalité soit construite mentalement par les individus en fonction de leurs interprétations, de leurs expériences et de leurs cadres conceptuels.

• Le cosmopolitisme met l'accent sur une conception du monde qui transcende les frontières nationales, culturelles et sociales, soulignant l'unité et l'interconnexion de l'humanité.

• L'épicurisme considère le plaisir ( = la tranquillité de l'âme et la modération des désirs), comme un objectif central de la vie, influençant la manière dont on perçoit et interagit avec le monde.

• Le stoïcisme met l'accent sur l'acceptation sereine du cours de la nature et la conformité à la raison cosmique. Il propose une conception du monde où l'individu s'aligne avec l'ordre naturel.

• Le spiritualisme soutient que la réalité ultime inclut des aspects spirituels ou immatériels. Il peut se manifester dans des conceptions religieuses ou métaphysiques de la réalité.

• Le taoïsme, basé sur la philosophie chinoise, propose une conception du monde centrée sur le Tao, une force cosmique qui régit l'ensemble de l'existence.

• L'objectivisme, développé par Ayn Rand, soutient que la réalité est objective et que la raison est le seul moyen de la connaître. Il met l'accent sur la réalité objective, la rationalité et l'éthique individualiste.

Mondes possibles. -  Terme utilisé pour désigner les différentes manières dont la réalité aurait pu être. Cette approche permet d'examiner des scénarios alternatifs, des possibilités qui ne sont pas réelles dans notre monde actuel, mais qui sont envisageables d'un point de vue logique ou métaphysique. Ce concept permet d'aborder les question de la nécessité, de la contingence, et des implications de différentes propositions. - a) Thèse de Leibniz selon laquelle il a une infinité de mondes possibles, tous également également cohérents et logiquement permis. Le monde actuel est celui que Dieu, en tant que créateur, a choisi, parmi tous les possibles, pour exister, car il est meilleur d'entre eux pour réaliser la variété la plus riche et la plus harmonieuse. Cette idée s'inscrit chez le philosophe dans sa tentative de concilier la contingence et la nécessité, la diversité individuelle des monades avec l'harmonie préétablie de l'univers, et l'idée d'un monde choisi par Dieu en fonction du principe de la félicité.  - b)  La notion de mondes possibles peut également être abordée au travers de la logique modale, une branche de la logique qui étudieles modalités telles que la nécessité et la possibilité. Les opérateurs modaux comme "nécessairement" (â–¡) et "possiblement" (â—‡) sont utilisés pour exprimer des affirmations sur les mondes possibles. Les propositions peuvent être évaluées en termes de leur nécessité ou de leur contingence dans différents mondes possibles. Ce qui est nécessaire est vrai dans tous les mondes possibles, tandis que ce qui est contingent est vrai seulement dans certains mondes possibles. Dans la théorie de la vérité modale, une proposition est vraie si elle est vraie dans tous les mondes possibles. - c)  Toute la littérature de fiction (et pas seulement de science-fiction),  repose elle aussi sur le concept de mondes possibles. Chaque oeuvre de fiction, en tant qu'elle est une fiction, produit un univers alternatif dans lequel se déploient des scénarios hypothétiques. - d) Quand la littérature exploite de manière implicite la notion de mondes possibles, la philosophie peut le faire de manière explicite. Elle peut s'interroger sur  la modélisation de différents scénarios et réalités potentielles, examinent ce qui aurait pu se produire dans des circonstances différentes, et évaluer les implications de scénarios non réels, en vis-à-vis de l'histoire réelle, etc.

Mondialisation. - Processus caractérisé par l'intégration croissante des économies, des sociétés, des cultures et des technologies à l'échelle mondiale. Elle implique des interactions et des interdépendances accrues entre les différentes parties du monde, favorisées par les avancées technologiques, les moyens de communication et les échanges commerciaux. La mondialisation a ouvert de nombreuses opportunités. Elle a engendré une certaine homogénéisation culturelle à travers la diffusion mondiale de produits culturels (cinéma, musique, mode, etc.), tout en encourageant la reconnaissance et la préservation de la diversité culturelle. Elle pose aussi des défis communs, qui en même temps élargissent la responsabilité de chaque individu, tels que la dégradation environnementale, les pandémies, les inégalités, les conflits, la pauvreté, la violation des droits humains. Ces problèmes transcendent les frontières nationales et nécessitent des solutions et une coopération internationale. Elle soulève par là la question de la gouvernance mondiale et de la nécessité de normes et d'institutions internationales pour réguler et coordonner les activités mondiales. En tant que phénomène complexe, la mondialisation a suscité l'intérêt et l'analyse de divers courants philosophiques. Voici quelques-unes des philosophies qui peuvent lui être associées :

 â€¢ Le cosmopolitisme propose une perspective où l'individu est considéré comme un citoyen du monde au-delà de son identité nationale. Il met l'accent sur les responsabilités et les devoirs envers l'humanité dans son ensemble, encourageant la coopération internationale, les droits humains universels et la justice globale.
 â€¢ Le libéralisme économique favorise la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes à l'échelle mondiale. Il est en faveur de la libéralisation des marchés, de la concurrence et de la réduction des barrières commerciales espérant par là la prospérité des entreprises.

 â€¢ L'altermondialisme représente un mouvement critique envers la mondialisation, mettant en avant la justice sociale, la durabilité, la démocratie participative et le respect des droits humainse. Il cherche à réguler la mondialisation pour la rendre plus équitable et écologiquement viable.

• Le nationalisme n'est pas intrinsèquement une philosophie de la mondialisation, mais, comme d'autres idéologies du repli (communautarisme, identitarisme, racialisme, protectionnisme, etc.) il a gagné en importance en réaction aux changements engendrés par la mondialisation. Il met l'accent sur les intérêts nationaux, la protection des frontières et la préservation de l'identité nationale face à la mondialisation perçue comme une menace.

 â€¢ Le féminisme mondial examine la mondialisation sous l'angle du genre. Il analyse comment la mondialisation affecte les femmes à travers le monde en termes d'inégalités économiques, sociales, culturelles et politiques, et plaide en faveur de l'égalité des genres à l'échelle mondiale.

ʉۢ Le n̩o-marxisme, adaptation du marxisme aux r̩alit̩s de l'̩poque, est une critique de la mondialisation du point de vue des in̩galit̩s ̩conomiques et de l'exploitation. Ces in̩galit̩s mettent en lumi̬re la concentration du pouvoir ̩conomique, les d̩s̩quilibres sociaux et la marginalisation des travailleurs.

 â€¢ L'écologie politique considère la mondialisation à travers le prisme de la durabilité et de l'environnement. Elle analyse les impacts de la mondialisation sur l'écosystème mondial et propose des solutions pour relever les défis environnementaux à l'échelle mondiale.

  • L'éthique de la mondialisation étudie les principes éthiques et les normes morales qui devraient guider les actions et les politiques dans un contexte mondialisé. Elle se penche sur des questions telles que la justice distributive, les droits humains, la responsabilité sociale et les devoirs envers les générations futures.

Monisme (de Monos = seul) : consiste à ramener tous les êtres à une identité fondamentale, soit matérielle, soit spirituelle. Par exemple, le monisme matérialiste de Haeckel. - Doctrine de l'unité de la substance : le panthéisme de Spinoza est une théorie monistique. Monisme se dit par opposition à dualisme : les philosophies de l'identité (Schelling) et du devenir (Hegel) sont monistiques. Descartes était dualiste. Aujourd'hui on entend surtout par monisme la théorie d'après laquelle, dans tout élément de la réalité, il y a a la fois matière corporelle et activité psychique : la matière et l'esprit sont ainsi ramenés à une unité radicale, à une identité fondamentale.

Moral (Moralis, relatif aux moeurs, de mos, moris = usage, manière d'être ou d'agir, moeurs : 

a) Moral, par opposition à physique, indique l'ensemble des faits psychologiques. Physique indique l'ensemble des fonctions organiques. 

b) Moral signifie proprement : ce qui est relatif aux moeurs, à la conduite certitude et évidence morales (ex. : Conscience morale).

Morale (de Moralis, relatif aux moeurs, employé substantivement, de mos, moris = usage, manière d'agir, moeurs). - a) Branche de la philosophie qui étudie les moeurs et les théories du devoir. La morale se divise en morale théorique et morale pratique. - b) système de valeurs propres à déterminer un conduite. Chaque système se différencie par un ensemble de présupposés reposant sur une conception du monde, et par les buts qu'il assigne à l'action humaine. Par exemple : la morale du plaisir, ou hédonisme, la morale de l'intérêt ou utilitarisme les systèmes qui fondent la morale sur la recherche du plaisir ou de l'intérêt; la morale du devoir, qui s'appelle aussi morale de l'honnête ou du bien.

On nomme loi morale la loi universelle et obligatoire qui nous oblige a faire le bien et à éviter le mal; intention morale, le but conscient et choisi par nous qui dirige notre action.

La morale de Kant est quelquefois nommée une morale formelle ou un formalisme moral, parce que la loi commande, selon Kant, par sa forme qui est l'impératif catégorique et non par sa matière qui serait le concept du bien, car un tel concept, dans le système de Kant, n'a rien de réel ou d'objectif.

Ou emploie quelquefois le mot éhique comme synonyme de morale.

Moralisme (de Morale, de Moralis, relatif aux moeurs) : ce terme signifie a) tantôt une doctrine pratique qui ne s'attache qu'à la morale; b) tantôt un système qui fait consister la moralité uniquement dans l'intention et la bonne volonté, sans tenir compte de la matière de l'acte volontaire : tel est le moralisme de Kant.

Moralité (Moralitas, de moralis, relatif aux moeurs) : signifie la valeur morale d'un agent ou d'une action. - Kant oppose moralité et légalité. La moralité consiste dans la conformité subjective de la volonté à la loi par amour du devoir : le caractère moral dépend donc de la forme, c'est-à-dire de l'intention désintéressée, et non de la matière. La légalité consiste dans la conformité objective à la loi pour en retirer quelque avantage l'acte accompli est matériellement conforme à la loi. Un tel acte est légal, mais n'est pas moral, parce que l'intention désintéressée fait défaut.

More geometrico ( = de manière géométrique, en latin). - Expression associée à Spinoza, qui l'utilise dans son Éthique, pour indiquer une approche géométrique dans la présentation de ses idées philosophiques. Dans cet ouvrage, le philosophe adopte une méthode qu'il veut rigoureuse et systématique pour exposer ses propositions. Il structure son argumentation de manière similaire à celle de propositions géométriques, avec des définitions, des axiomes, des propositions, des démonstrations et des corollaires. Cette approche vise à atteindre une clarté maximale et à éviter toute confusion dans la présentation de ses idées. 

Morphologie, du grec morphè, forme, et logos, science. - On désigne par ce mot l'étude descriptive des formes extérieures des êtres vivants ou de leurs organes. Chez les animaux où les organes sont enveloppés dans des cavités intérieures, la morphologie n'a que peu d'importance si elle se borne aux formes extérieures, et se confond avec l'anatomie dès qu'elle s'étend aux organes internes. Mais chez les végétaux où la plus grande partie des organes sont développés extérieurement, la morphologie fournit des caractères de première importance, et, par la comparaison des formes, conduit à reconnaître d'intéressantes analogies entre les organes d'une même plante; aussi constitue-t-elle une partie importante de la botanique.

Mort. - Cessation de la vie, moment de cette fin. Le thème de la mort soulève des questions fondamentales sur la nature de la vie, la signification de l'existence, et la manière dont nous devrions vivre face à notre propre mortalité. Différentes traditions philosophiques et écoles de pensée ont proposé des perspectives variées sur ces sujets. - Selon l'épicurisme, la mort n'est pas à craindre, car elle signifie simplement la fin de la conscience. L'objectif principal de la vie devrait être d'atteindre l'ataraxie, une tranquillité d'esprit, en évitant les peurs, y compris la peur de la mort. - Dans le bouddhisme, la mort est perçue comme une partie naturelle du cycle de la vie et de la renaissance (samsara). L'objectif est d'atteindre le nirvana, un état de libération du cycle de la renaissance. La compréhension de la nature transitoire de la vie est centrale dans la perspective bouddhiste. - Dans la tradition chrétienne, la mort est souvent considérée comme une transition vers une vie éternelle. La résurrection et l'espoir de salut sont des thèmes importants, et la mort physique est vue comme le passage vers une réalité spirituelle. La crainte de la mort peut être atténuée par la croyance en une vie après la mort. - Les philosophies matérialistes, qui considèrent la matière comme la réalité fondamentale,  interprètent la mort comme la cessation de toutes les fonctions biologiques et mentales. Dans cette perspective, la mort est la fin définitive de l'individu. -   La phénoménologie s'intéresse à l'expérience subjective de la mort. Martin Heidegger, par exemple, a analysé la façon dont la conscience de la mort donne une forme particulière à notre existence et influence nos choix et nos actions. - Les existentialistesont abordé le sens de la vie au travers de la confrontation à la mort. Pour Sartre, la conscience de la mort donne une urgence et une authenticité à notre existence. Camus, s'est intéressé à la tension entre le désir humain de sens et le caractère indifférent de l'univers face à la mort.

Mort de Dieu. - Idée est principalement exprimée dans la formule Dieu est mort (Gott ist tot, en allemand) que Nietzsche introduit notamment dans Ainsi parlait Zarathoustra. L'expression Dieu est mort ne doit pas être comprise littéralement. Nietzsche n'affirme pas que Dieu a réellement existé et est maintenant mort, mais plutôt que la croyance en Dieu a perdu sa force et son influence dans la société occidentale. Il souligne le déclin de la croyance religieuse traditionnelle. Pour Nietzsche, cette mort de Dieu a des implications majeures sur la morale. La morale traditionnelle, basée sur des valeurs religieuses, perd sa fondation avec la disparition de la croyance en Dieu. Nietzsche anticipe un vide moral et cherche à explorer comment les valeurs peuvent être redéfinies dans ce contexte. Le philosophe craint que la mort de Dieu ne conduise à l'émergence du nihilisme, une perspective qui nie la validité de toutes les valeurs et croyances. Le nihilisme peut survenir lorsque les anciennes valeurs religieuses sont discréditées mais que de nouvelles valeurs n'ont pas encore émergé pour les remplacer. Quoi qu'il en soit, la mort de Dieu place la responsabilité sur les épaules de l'humanité. Sans la guidance divine, les individus sont appelés à créer leurs propres valeurs et à donner un sens à leur existence. Cela nécessite une affirmation de la volonté de puissance, un concept clé chez Nietzsche, qui envisage ainsi l'avènement du surhumain (Ãœbermensch), un individu capable de créer ses propres valeurs au-delà des anciennes croyances religieuses. Il voit dans cette création de nouvelles valeurs une opportunité d'affirmation de la vie et de dépassement des limites traditionnelles. La philosophie de Nietzsche a influencé les philosophes existentialistes, qui  penseurs ont également étudié les implications de l'absence de Dieu pour la vie humaine.

Motazilisme. - Courant de pensée théologique et philosophique qui s'est développé dans le monde musulman au VIIIe siècle. Les motazilites ont cherché à concilier la foi et la raison, en accordant une importance particulière à la raison humaine dans l'interprétation des textes religieux et la compréhension de la volonté de Dieu. Ils ont donc développé une théologie rationnelle et un système de raisonnement logique pour interpréter les principes de la religion musulmane. Les motazilites ont également adopté une position moraliste, en prônant la vertu, l'éthique et l'importance de la raison dans la vie humaine. Ils ont également défendu l'égalité des hommes et des femmes, ainsi que la liberté religieuse et la tolérance envers les autres croyances.
Ce courant a influencé des penseurs tels que Al-Farabi, Avicenne et Averroès.

Moteur (Motor, de motum, supin de movere = mouvoir)-: ce qui meut, ce qui se rapporte au mouvement; le principe du mouvement. Le moteur est opposé au mobile, c'est-à-dire à ce qui reçoit le mouvement.

Moteur mobile, moteur immobile : Le moteur qui est mobile lui-même, est dit movens motum : ainsi le premier ciel ou premier mobile qui est mû à son tour, au moins en tant qu'être continent, qui a passé de la possibilité à l'existence. Mais il y a un premier moteur qui n'est pas mû lui-même (movens non motum). Ce premier moteur absolu est Dieu. 

Axiomes scolastiques : 

Tout ce qui est mû est mû par un autre (Quidquid movetur, ab alio movetur). Pour que cet axiome soit placé au-dessus de toute équivoque, il suffit de remarquer que toute chose simple qui passe de la puissance à l'acte reçoit l'une autre son mouvement; car le même principe simple ne peut être agent et patient. Et comme toutes les choses se résolvent en des principes simples, il faut arriver à un premier . principe de tout mouvement qui soit un acte pur, premier moteur absolu, c'est-à-dire Dieu. 

L'être meut en tant qu'il est en acte et il est mû en tant qu'il est en puissance ; car mouvoir c'est agir, être mû c'est souffrir. 

Le moteur et le mobile sont ensemble (Movens et motum sunt simul) ; car l'un ne peut agir sur l'autre qu'à cette condition.

Motif (du latin scolastique Motivus = qui pousse à faire quelque chose, employé substantivement) : en termes de philosophie, influence exercée soit sur notre intelligence, soit sur notre volonté. De là la distinction des motifs de jugement et des motifs d'action. Tout jugement prononcé avec certitude a pour motif l'évidence, manifestée par l'un quelconque de nos moyens de connaître; tout jugement conjectural n'a pour motif que la probabilité. En ce qui concerne nos résolutions et nos actions, un motif est un principe raisonné qui les détermine. On s'est armé de l'influence des motifs sur la volonté, pour nier la liberté humaine : mais la liberté ne serait contrainte que si nous n'avions pas la conscience, tout en cédant aux motifs, de pouvoir leur résister, et il arrive souvent que nous nous déterminons sciemment dans un sens contraire aux motifs les meilleurs et les plus puissants.

Mouvement. (de mouvoir, de movere). - Déplacement ou changement de position dans l'espace considéré dans son rapport avec le temps. - Chez les Anciens, mouvement signifie changement et progrès : c'est dans ce sens qu'il faut entendre la preuve dite du premier moteur d'Aristote. Dieu est le moteur immobile, c'est-à-dire qu'il est cause de tous les changements et de tous les progrès qui se réalisent dans la nature et chez l'humain et qu'il les produit a titre de cause finale par la pensée et l'amour qu'il suscite dans les êtres.

Nous ne percevons directement le mouvement que comme le corrélatif de l'effort musculaire en l'imprimant â nos organes par notre activité et notre énergie intime. La translation dans l'espace n'étant qu'un changement des positions relatives des corps n'est pas le mouvement, mais seulement un signe du mouvement et un signe équivoque.

Moyen (de l'adjectif moyen, qui vient de medianum, dérivé de medius = qui est au milieu) : ce qui conduit à une fin. - Moyen terme : a) le terme par lequel, clans un syllogisme, le majeur et le mineur sont mis en rapport; b) milieu entre deux autres termes.

Multiculturalisme. - Ce terme peut servir à qualifier l'état d'une société dans laquelle se côtoie des indvidus qui se réfèrent à des cultures différentes. Il peut également se référer à un domaine de pensée qui, au même titre que la philosophie interculturelle, traite des questions liées à la diversité culturelle, à la coexistence des cultures et à la manière dont les différentes traditions culturelles peuvent interagir et coexister de manière éthique et productive. Né comme réponse à la diversification croissante des sociétés modernes, résultant de la mondialisation, des migrations et des contacts entre cultures, le multiculturalisme en tant qu'idéologie peut se définir comme une approche sociopolitique et philosophique aux nombreuses variantes qui, non seulement,  reconnaît la pluralité des cultures, des valeurs, des croyances et des pratiques au sein d'une société donnée. Mais aussi, célèbre la diversité des cultures présentes, encourage le respect et la compréhension mutuelle entre elles. Le multiculturalisme promeut la tolérance, l'inclusion et le dialogue interculturel. Il défend l'idée que tous les individus, indépendamment de leur origine culturelle, doivent bénéficier des mêmes droits, opportunités et traitements équitables, et vise à créer des sociétés où les membres de divers groupes culturels cohabitent pacifiquement et interagissent de manière constructive, tout en pouvant exprimer leur identité culturelle sans crainte de discrimination ou de marginalisation. Le multiculturalisme encourage la coexistence de différentes perspectives et valeurs. Mais il ne peut exister de cohérence sociale sans l'existence aussi d'un socle large de valeurs communes (respect des droits humains, à commencer par celui du droit des femmes, de la liberté d'expression et d'opinion, etc.), au risque sinon de conduire au communautarisme, à l'identitarisme et aux conflits qui en découlent

Multiplication. - Opération arithmétique qui consiste à répéter un nombre plusieurs fois. Elle est ordinairement représentée par le symbole "x" ou le point ".". C'est une opération commutative, associative et distributive.

Multiplicité. - Terme qui se rapporte à la nature multiple ou à la qualité d'être composé de plusieurs éléments ou instances. Elle s'étend souvent au-delà de la simple diversité pour englober la complexité et la richesse des interactions, des relations et des dynamiques entre ces multiples éléments.

Munich (cercle de) (Münchner Kreis). - Groupe de philosophes, de mathématiciens, de physiciens et de logiciens (Rudolf Carnap, Herbert Feigl, Hans Reichenbach, Moritz Schlick,  Philipp Frank et Kurt Grelling, notamment) qui se réunissaient régulièrement dans les années 1910 et 1920 pour discuter de questions philosophiques et scientifiques. Le cercle était influencé par les travaux de Bertrand Russell et des membres du Cercle de Vienne, et a contribué à développer le mouvement du positivisme logique.  Il a été dissous en 1933 en raison de la montée du nazisme en Allemagne; plusieurs de ses membres ont émigré aux États-Unis. 

Mutation (Mutatio, de mutatum, supin de mutare, fréquentatif pour movitare = déplacer, changer, de movere = mouvoir) : 1°) Sens biologique :a) petits changements morphologiques; b) différences morphologiques que présentent les échantillons provenant de couches successives ; c) transformation brusque et héréditaire d'un type vivant qui se produit dans un espace court, même dans l'espace d'une seule génération (mutation génétique). - 2°) Sens social : changement dans l'organisation de la société.

Mutualité (de Mutuel, de mutuus = réciproque, de mutare = changer, échanger) en sociologie, ce mot désigne les institutions qui ont pour but l'assistance mutuelle.

Mutuel (de Mutuus = réciproque, de mutare = changer, échanger) : ce qui est fondé sur un échange d'actes ou de sentiments qui se répondent. 

Mycologie, du grec mykès = champignon, et logos = science. - On désigne ainsi une partie de la botanique qui s'occupe spécialement de l'étude des champignons. Cette étude ne commença réellement à exister qu'au XVIIe siècle; le XVIIIe siècle a été pour elle une époque de progrès qui ne se sont pas ralentis au siècle suivant.

Mystère (Mystèrion = chose secrète, de myô = être fermé) : a) Sens large: ce qui n'est pas en soi au-dessus des prises dela raison, mais qu'elle n'est pas capable de comprendre dans l'état actuel des connaissances. - b) Sens strict : ce qui est incompréhensible, au-dessus de la raison.

Mysticisme. - En philosophie, se dit généralement des systèmes où la certitude n'est cherchée que dans des communications secrètes avec la divinité : ainsi le mysticisme des Néoplatoniciens

Mythe (Mythos = parole, fable) : en philosophie, c'est l'exposition d'une doctrine profonde sous le voile de l'allégorie. Les mythes de Platon sont célèbres; ex. :  mythe de la caverne. En anthropologie sociale, c'est un récit considéré comme historique dans la société dans laquelle il a été produit, et comme imaginaire, fabuleux, ailleurs.

Mythologie* (Mythologia, de mythologos = fabuleux, de mythos = fable; logos = discours) : a) histoire fabuleuse des dieux et des héros. - b) ensemble des mythes d'une société ou d'une culture.

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Dictionnaire Idées et méthodes
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