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Dictionnaire des idées et méthodes
A
A. - En logique classique, la lettre A désigne les propositions universelles affirmatives; asserit A, ... verum, generaliter... Ex. : Tout vicieux est esclave (Logique de Port-Royal, partie II, chap. III). 

Dans les propositions complexes modales, A marque à la fois l'affirmation du mode et l'affirmation de la proposition (Ibid., part. II, chap. VIII). (H. M.).

(A renversé). - Quantificateur logique : c'est le quatificateur universel, et signifie "pour tout...", "quel que soit...". x ="pour tout  x"; (x,y) = "quels que soient x et y".

A = A : cette formule sert quelquefois à exprimer le principe d'identité. Le signe = indique non l'égalité mathématique, mais l'égalité logique, c'està-dire l'identité.

Ab antecedente (Antecedere = devancer) : principe de la 1re figure du syllogisme.

Abaque (Abacus =  tablette). - Outil traditionnel de calcul, utilisé pour faciliter les opérations arithmétiques. L'abaque est généralement constitué d'une surface plane sur laquelle sont disposées des marques ou des lignes représentant les différentes positions des chiffres dans un système numérique donné (par exemple, le système décimal). - L'abaque de Stanley Jevons (Pure logic, 1890) est un outil logique, qui se présente comme une sorte de tableau pour combiner certaines idées. 

Abdère (Ecole d'). - Les auteurs anciens désignent parfois sous ce nom les successeurs de Démocrite, natif de la ville d'Abdère, c'est-à-dire les Atomistes antiques. Une appellation qui est une source de confusion, puisque ces philosophes n'avaient aucun lien avec Abdère. Leucippe, par exemple, était natif de Milet. A leur époque (que l'on appelle d'ailleurs la période Attique), le lieu privilégié de l'activité philosophique était plutôt Athènes. Par ailleurs, Protagoras et Anaxarque, bien que nés à Abdère, ne font pas partie de cette "école".
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Abduction (Abductio, de abductum, supin de ab-ducere = détourner) : Aristote appelle abduction (apagôgè) le syllogisme dont la majeure est certaine et dont la mineure n'est que probable. La conclusion n'aura qu'une probabilité égale à celle de la mineure. L'attention se detourne de la conclusion pour se porter sur la mineure dont on cherchera une démonstration. Pa exemple : Tout ce qui s'enseigne est science. Or il paraît que la justice s'enseigne. Donc il paraît que la justice est science. (Premiers Analytiques, L. II, ch. XXVII).

Abélien. - Terme utilisé en mathématiques pour qualifier un groupe muni d'une opération commutative. Le mot dérive de celui du mathématicien Niels Abel. Synonyme : Commutatif. Par convention de langage, onn parle aussi de groupe additif, quand la loi de composition est notée + et est appelée somme ou addition.

Aberration (Aberratio, de aberratum, supin de ab-errare = s'écarter du chemin) ce mot signifie a) scientifiquement : anomalie d'une fonction qui l'empêche d'atteindre sa fin ; b) vulgairement : trouble mental qui se manifeste par une erreur ou un oubli graves, mais transitoires.. - Parmi les faits privilégiés, Bacon met les instantiae deviantes ou faits aberrants.

Ab exemplo (de Exemplum, supin de eximere = ex-emere = tirer de) : principe de la 3e figure du syllogisme.

Abnégation (Abnegatio, de abnegatum, supin de ab-negare = refuser). - Oubli et sacrifice volontaires de soi-même. L'abnégation est le contraire de l'égoïsme. Les positivistes ont donné le nom d'altruisme à cette forme supérieure de la sympathie ou du désintéressement : vivre pour autrui.

Aboulie de a privatif; boulè = ce que l'on veut) : elle

« consiste essentiellement dans une altération de tous les phénomènes qui dépendent de la volonté, les résolutions, les actes volontaires, les efforts d'attention. ». (Pierre Janet, Aboulie, dans le Dictionnaire de Physiologie de Ch. Richet, 1895). 
a) Aboulie motrice : qui, sans présenter de paralysie, se manifeste par une incapacité absolue d'agir ou par des hésitations. C'est l'initiative qui est supprimée. - b) Incapacité de résister à une idée impulsive. - c) Aboulie intellectuelle, qui se manifeste par l'incapacité de faire attention.

Abscisse (mathématiques). - Première composante de la paire ordonnée de nombres (x, y) qui détermine un point du plan dans un système de coordonnées cartésien rectangulaire. Les abscisses sont représentées sur l'axe horizontal : axe X ou axe des abscisses. Par exemple, le  point P (7,3)  a 7 pour  abscisse; le second nombre (3) est l'ordonnée.

Absolu (Absolutus, participe passé de ab-solvere, absolutum = délier et, par extension, achever, parfaire)-: a) Ce qui est libre et sans lien, c'est-à-dire sans relation ni dépendance; ce qui est indépendant de toute condition, sans exception,sans condition, sans comparaison, etc.  - b) Ce qui ne comporte aucune restriction (ex. : le pouvoir absolu). - c) terme absolu, par opposition au terme relatif; celui, qui par lui-même, exprime une notion complète (ex. femme; mère, fille sont des termes relatifs). L'être est absolu, si on lui compare les différents modes. La substance et l'essence sont absolues, si on leur compare les accidents qui s'y ajoutent. La qualité et la quantité sont absolues, si on leur compare les autres accidents, qui affectent la substance d'une manière relative. L'universel est absolu si on lui compare le particulier. Le relatif suppose l'absolu. On ne peut nier celui-ci sans affirmer par là même qu'on en a quelque connaissance. Pour la philosophie théiste,  l'absolu sans restriction se nomme Dieu, à quoi tout se rapporte, sans être soi-même subordonné à rien.

Absolue (valeur). - En mathématiques, c'est la distance d'un nombre par rapport à zéro, sans prendre en compte sa positivité ou négativité. La valeur absolue d'un nombre x, généralement notée |x|, est définie comme suit : |x| = x si x ≥ 0; |x| = - x si x < 0. Ainsi, la valeur absolue de x est toujours positive ou nulle.

Absolutisme. - Système de gouvernement dans lequel le souverain n'est soumis à aucun contrôle ni contre-pouvoirs constitutionnels, législatif ou judiciaire. L'absolutisme a émergé en Europe à partir du XVIe siècle, atteignant son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les rois absolutistes revendiquaient souvent leur pouvoir en se basant sur la théorie du droit divin, selon laquelle leur autorité était dérivée de Dieu et donc incontestable. Les monarques absolutistes exerçaient un contrôle total sur tous les aspects de la vie politique, économique et sociale de leur royaume. Ils nommaient les fonctionnaires, promulgaient les lois, contrôlaient l'armée et percevaient les impôts sans avoir de comptes à rendre à personne. La volonté du monarque était considérée comme la loi suprême. L'absolutisme était souvent accompagné d'une centralisation du pouvoir, où le monarque cherchait à affaiblir les institutions locales et régionales au profit d'une autorité centralisée. Les monarques absolutistes investissaient également dans l'armée et la bureaucratie pour renforcer leur pouvoir et maintenir le contrôle sur leur territoire. Cependant, l'absolutisme a également été critiqué pour son manque de responsabilité et sa tendance à favoriser les intérêts du monarque au détriment du bien-être du peuple. Les abus de pouvoir et les politiques oppressives des monarques absolutistes ont souvent conduit à des mouvements de contestation et à des révolutions, notamment la Révolution française à la fin du XVIIIe siècle.

Absorption (Absorptio, de absorptum, supin de ab-sorbere =  avaler, prendre entièrement : a) Etat de l'esprit complètement saisi par une pensée. Herbart l'oppose à la réflexion. - b) En logique, propriété de l'addition et de la multiplication.

Abstraction (Abstractio, de abstractum, supin de abs-trahere = enlever, tirer de côté, isoler) : acte par lequel l'esprit  tire l'universel du particulier, pour considérer la chose sans ses notes individuantes.; autreement dit, il considère à part un élément d'une représentation en négligeant les autres. L'analyse, au contraire, considère tous les éléments de la représentation analysée. On peut distinguer : a) l'abstraction métaphysique, celle qui consiste faire abstraction de toute matière, pour ne retenir que les notions d'essence, de substance, etc. - b) l'abstraction mathématique, celle qui consiste à laisser les qualités sensibles pour ne retenir que la quantité et ce qui s'y rapporte, nombres, figures, etc. - c) l'abstraction qu'on pourrait appeler physique, plutôt des sciences physiques, qui consiste seulement à généraliser les qualités sensibles. Mais ou peut entendre aussi par abstraction physique une simple attention, qui fait considérer une chose sans celles qui lui sont unies, par exemple la tête d'une statue sans le reste du corps. Les sens exercent une abstraction analogue; car ils perçoivent dans bjet la qualité qui leur est propre, sans les autres : par exemple la vue perçoit la couleur sans la saveur, etc. Axiome :  Il n'y a pas de mensonge dans l'abstraction (Abstrahentium non est mendacium). c'est-à-dire que les idées ne sont pas fausses par elles-mêmes; il n'y a pas d'erreur à considérer une chose sans l'autre, mais seulement à affirmer ou à nier l'une de l'autre.

Abstraction extensive. - Méthode de conceptualisation et de pensée qui vise à considérer un large éventail de situations, de concepts ou d'éléments pour pour identifier des schémas, des lois ou des principes universels afin d'en tirer des généralisations et des idées plus larges.

Abstractive (Connaissance). -  Dans la langue scolastique, on appelait connaissance abstractive la connaissance rationnelle d'une chose par l'intermédiaire d'une autre chose qui en est l'image, l'expression, le symbole : la cause est connue par l'effet, Dieu par la nature.

Quand l'objet est intelligible sans aucun intermédiaire, la connaissance est dite intuitive; et quand il est connu non seulement en lui-même, mais encore dans toutes ses qualités intelligibles, la connaissance devient compréhensive.

La philosophie n'emploie plus guère que l'expression de connaissance intuitive et les deux autres sont tombées en  désuétude.

Abstractivement, abstraitement : le premier mot indique une action connaissance obtenue par abstraction; le second marque un état : résultat de l'abstraction.

Abstrait (Abstractus, isolé de, participe passé de abs-trahere, abstractum = tirer de côté) : c'est le résultat de l'abstraction. Se dit de toute notion que l'on considère séparément de la représentation où elle est donnée (ex. : l'humanité). - S'oppose à concret, qui se dit, soit d'une représentation complète avec tous les éléments qui la composent (ex. : l''idée d'homme); soit de ce qui existe dans l'ordre réel avec tous ses éléments (ex. Julie). - Pour Hegel, qui change le sens usuel du mot, l'abstrait c'est ce qui est connu en dehors de ses relations avec le reste (ex. : le particulier est un abstrait, en tant que la perception sensible l'isole de l'universel; de même l'universel, en tant que la réflexion l'isole du particulier. Le concret c'est ce qui est complètement déterminé par tout l'ensemble de ses relations (ex. : l'esprit).

Abstrait-concret. - Herbert Spencer donne arbitrairement le nom d'abstraites-concrètes à certaines sciences (mécanique, physique, chimie) moins élevées que les mathématiques (dites sciences abstraites), mais plus générales que l'astronomie, la géologie, la biologie (dites sciences concrètes). En réalité, toutes les sciences sont abstraites, mais elles le sont à des degrés divers.

Abstraites (Sciences) : on a appelé ainsi les science qui emploient les abstractions les plus élevées : métaphysique, mathématiques.

Abstrus (abstrusus = enfoncé, caché). Difficile à pénétrer, à entendre, très abstrait. - Les idées les plus abstraites sont à la fois les plus simples, et, à certains égards, les plus abstruses; car, si les idées les plus générales paraissent les premières, elles s'éclaircissent les dernières.

Absurde (Ab-surdus = qui résonne confusément, discordant; surdus = sourd) : ce qui est contraire à la raison; ce qui est contradictoire, ce qui ne se conçoit pas, ce qui ne s'entend pas : par exemple un cercle carré. - Dans les sciences pures, en logique, en métaphysique, il n'y a pas de milieu entre l'absurde et le vrai; mais en histoire et dans tout ce qui s'y rapporte, le faux n'est pas toujours absurde. De l'absurde on peut tout déduire (Ab absurdo sequitur quodlibet). Démontrer ou raisonner ab absurdo, c'est partir d'un principe contradictoire à celui que on veut établir et chercher à en tirer des conséquences inadmissibles.

Absurdisme. - Courant philosophique et littéraire, rangé parmi les philosophies de l'existence, et qui gfait le constat de l'absurdité fondamentale de l'existence humaine

Absurde (réduction à l'Reductio ad absurdum.

Académie. - Ecole philosophique fondée par Platon, vers 387 av. J.-C. Elle était située à Athènes, dans un bâtiment nommé le "Jardin d'Académos" (d'où le terme "académie"), près du fleuve Céphise. Platon a établi cette école pour offrir un environnement où les philosophes pouvaient discuter, débattre et enseigner leurs idées. L'Académie était une institution d'enseignement supérieur où la philosophie, les mathématiques, la politique, l'éthique et d'autres sujets étaient abordés. Après la mort de Platon, l'Académie a continué à fonctionner pendant plusieurs siècles sous la direction de divers successeurs. Les philosophes de l'Académie sont  les disciples de Platon comme ceux du Lycée sont les disciples d'Aristote. 

Les historiens distinguent l'ancienne, la moyenne et la nouvelle Académie.

• L'ancienne Académie est proprement l'école de Platon et de ses successeurs immédiats, Speusippe son neveu et Xénocrate de Chalcedoine, qui eurent pour tendance de ramener le platonisme à ses origines pythagoriciennes.

• La moyenne Académie, avec Arcésilas et Carnéade, introduit le probabilisme et le scepticisme dans la philosophie des successeurs de Platon.

• La nouvelle Académie, avec PhiIon de Larisse et Antiochus d'Ascalon, à l'époque où le Stoïcisme exerce une grande influence, réagit contre le Scepticisme et revient au supra-sensible, c'est-à-dire aux idées platoniciennes. Philon et Antiochus furent les maîtres de Cicéron.

Il ne faut pas confondre la nouvelle Académie avec le néo-platonisme : cette dernière expression
désigne l'école d'Alexandrie représentée par Ammonius Saccas, Plotin, Porphyre, etc.

Académies. - Sociétés de gens de lettres de savants et d'artistes créées sur le modèle de l'Académie platonicienne.

Académie florentine. - Cercle intellectuel et culturel actif à Florence au XVIe siècle. Fondée en 1540 par Cosme Ier de Médicis, le grand-duc de Toscane, cette académie avait pour objectif de raviver et de promouvoir les idéaux classiques de l'Antiquité, en particulier ceux de la Grèce ancienne. Les membres de l'Académie florentine étudiaient et discutaient de divers sujets, dont la philosophie, la poésie, la littérature, l'histoire, les sciences et les arts. Ils s'intéressaient également aux œuvres de Platon et d'autres philosophes anciens. La figure principale associée à l'Académie florentine était Marsile Ficin, qui était d'ailleurs un interprète majeur de Platon à cette époque. L'Académie florentine a joué un rôle important dans la promotion des arts, des sciences, de la littérature et de la philosophie pendant la Renaissance italienne.

Acatalepsie (a privatif et katalèsia, de kata-lèpsis = compréhension) signifie impossibilité de comprendre. 

a) Ce mot appartient à la langue de la moyenne Académie et des Sceptiques, disciples de Pyrrhon, qui se disaient acataleptiques. 

L'acatalepsie se fonde sur les époques ou raisons de douter et de suspendre son jugement; elle se réduit donc à cette thèse sceptique que la raison humaine est impuissante à atteindre la vérité ou à cette thèse probabiliste que nous ne pouvons connaître que des vraisemblances.

 b) Pour Bacon, c'est le doute définitif, par opposition au doute méthodique (Novum Organum, I, § 126).

Accélération. - en physique, l'accélération est une quantité vectorielle, qui mesure le taux de variation d'une vitesse au cours du temps. Elle correspond par suite à la dérivée seconde de l'espace parcouru en fonction du temps.

Accident. (Accidere = ad-cadere = tomber auprès survenir s'ajouter). - Un des universaux désignant un attribut non essentiel :  a) Accident logique ou Prédicable : ce qui s'ajoute d'une façon contingente à  l'essence et au propre. - b) Accident catégorique ou Prédicament : ce qui existe dans un autre. S'oppose non seulement à Substance, mais à Essence.

Accident (Par) ou, comme dit Aristote kata symbebèkos : c'est ce qu'un être fait ou ce qui lui survient indépendamment de son essence et de ses attributs essentiels (ex. : un juge fait de la musique par accident, parce qu'il n'en fait pas en tant que juge).

Accidentel (du latin scolastique Accidenialis, de accidere = tomber auprès, survenir). Par opposition à essentiel : a) Ce qui appartient aux accidents d'un être. - b) Ce qui lui arrive d'une manière contingente ou fortuite.

Achille (Argument de l'). - Nom donné à un argument sophistique par lequel Zénon d'Elée voulait démontrer l'impossibilité du mouvement. Soit un coureur, Achille, «- aux pieds légers » lancé à la poursuite d'une tortue : jamais il ne l'atteindra. Car il ne parviendra au point d'où elle est partie, que lorsqu'elle aura pris quelque avance, et ainsi de suite à l'infini en ajoutant toujours aux espaces précédents l'espace nouveau et moindre parcouru par la tortue. (Aristote, Physique, VI, 9).

A consequente : principe de la deuxième figure du syllogisme.

Acosmisme (a privatif et kosmos = monde) : l'acosmisme est la négation du monde , comme l'athéisme est la négation de Dieu. L'athée ne voit plus que le monde et il nie Dieu : l'acosmiste ne voit plus que Dieu et il nie le monde; le premier ramène Dieu au monde, ce qui est détruire la divinité; le second ramène le monde à Dieu et l'y absorbe, ce qui est supprimer le monde et dénaturer Dieu. C'est pourquoi Hegel a nommé le système de Spinoza un acosmisme plutôt qu'un athéisme. Cependant, en refusant au monde une substantialité propre pour l'absorber en Dieu, Spinoza modifie complètement la notion de Dieu, c'est pourquoi il a été qualifié d'athée par certains auteurs attachés au dogme chrétien.

Acoustique. - Branche de la physique qui étudie les phénomènes sonores.

Acrasie. - Etat de faiblesse de volonté où une personne agit contre son propre jugement rationnel. L'acrasie se produit ainsi lorsqu'une personne sait ce qu'elle doit faire ou croit savoir ce qui est moralement juste, mais elle ne parvient pas à agir conformément à cette connaissance ou croyance. C'est une forme de contradiction entre la connaissance et l'action, où la personne est en proie à des désirs ou impulsions contraires à son jugement moral. Le concept d'acrasie a été abordé notamment par Platon et Aristote. Ce dernier, dans son Éthique à Nicomaque, a souligné à ce sujet l'importance de la maîtrise de soi pour surmonter l'acrasie. La maîtrise de soi implique la capacité de contrôler ses désirs et impulsions pour agir conformément à la raison et aux principes moraux.

Acroamatiques (du grec acroaomai, étendre, écouter, et, par suite, être le disciple de quelqu'un) : a) Se dit spécialement de l'enseignement oral d'Aristote. - b) Se dit aussi des doctrines secrètes (ex. : chez les Pythagoriciens ou même, a-t-on prétendu, d'Aristote lui-même) qui n'étaient transmises qu'oralement à un petit nombre d'initiés, parce qu'on les jugeait inaccessibles ou dangereuses au vulgaire. Alexandre prit part à l'enseignement secret et supérieur que l'on appelait acroamatique et époptique, et, dans la Lettre d'Alexandre à Aristole, Plutarque lui fait dire : "Tu as eu tort de publier tes traités acroamatiques. " On aurait donc appelé enseignement acroamatique celui qui ne pouvait être recueilli que de la bouche du maître, et, par suite, traités ou livres acroamatiques ceux dans lesquels cet enseignement aurait été ultérieurement publié. Acroamatique est le synonyme d'ésotérique (enseignement intérieur de l'école) et le contraire d'exotérique (enseignement extérieur et public). (B-e.).

Acte (Actus, de actum, supin de agere = pousser, mouvoir) : a) Mouvement coordonné chez un être vivant vers une fin. Ce mot s'applique spécialement aux volitions ou à leur exécution (ex. : faire acte de volonté). Pour indiquer les autres actes, ou ajoute une épithète (ex. : actes instinctifs, réflexes, involontaires). - b) En Éthique : opération libre qui implique la responsabilité de l'agent (ex. : acte bon, acte mauvais). - c) En métaphysique, c'est l'être en tant qu'être, c'est la perfection de, l'être. On l'oppose à la puissance , qui implique une imperfection, un manque de complément.

Acte gratuit. - Expression popularisée par André Gide (Les Caves du Vatican, les Faux-Monnayeurs, le Prométhée mal enchaîné) qui désigne un acte posé sans motivation apparente, sans intérêt personnel évident, et souvent contraire à l'intérêt immédiat de la personne qui le pose. C'est un geste ou une actio n désintéressée, réalisé sans attente de récompense, de gain personnel ou de retour. Les existentialistes ont inscrit la notion d'acte gratuit dans leur réflexion sur la liberté. Pour eux, un acte gratuit est un acte accompli sans motif objectif ou justification préalable. C'est un acte totalement libre, dépourvu de contraintes externes ou de déterminismes. L'individu choisit de manière absolue et sans raison apparente. En exécutant des actes gratuits, l'individu prend pleinement conscience de sa liberté et assume la responsabilité totale de ses actions. Cela implique également l'idée d'authenticité, où l'individu est authentique lorsqu'il agit en accord avec sa liberté, plutôt que de suivre des normes sociales préétablies ou des attentes externes.

Acte pur : a) Aristote (Métaphysique, L. Xl, ch. VII) caractérise ainsi Dieu, chez qui tout est en acte. - b) Bacon (dans le Novum Organum, II, §§ 2, 17) appelle Actus purus le mouvement mécanique dont la puissance de transformation est réalisée tout entière à chaque moment du temps.

Actif (Activus, de action, supin de agere = pousser, agir) : a) En train d'accomplir une, action. S'oppose à Inactif, Inerte et encore à Passif. - b) Capable d'accomplir une action. S'oppose à Passif.

Actif (Intellect) : traduction du Nous apathès d'Aristote (De Anima, L. III, ch. v) ; et du Nous poietikos, de ses commentateurs (Alexandre d'Aphrodisie, par exemple). S'oppose à Nous pathetikos.

Action (Actio, de actum, supin de agere = pousser, agir) : a) en philosophie, c'est l'accident en vertu duquel la cause est productrice de quelque chose. S'oppose aussi à Passion, Inaction, Réaction. - Dans la philosophie d'Aristote, la catégorie de l'action concerne les activités ou les réalisations spécifiques entreprises par un agent. La sous-catégorie associée à la catégorie de l'action est accomplissement, qui se réfère à la réalisation d'une action particulière. - Dans la scolastique, l'action en tant que catégorie, est l'accident en vertu duquel la cause est formellement et actuellement telle.  L'action implique une relation : elle est opposée à la passion. - Distinctions : L'action immanente (actio immanens) et l'action transitive (actio transiens). La première est celle dont le terme est dans le sujet qui agit : par exemple la pensée, tout acte vital. La seconde est celle qui a son terme au dehors : ainsi le travail corporel, du moins en tant que mécanique. D'une manière générale, agir implique quelque action immanente; faire, une action transitive. - Axiomes scolastiques : L'action est du sujet (Actiones sunt suppositorum), c'est-à-dire qu'on attribue au sujet, à la personne l'action dont ils sont les principes, plutôt qu'à la nature. Par exemple, c'est l'homme qui voit, qui entend, qui raisonne, qui travaille, plutôt que l'oeil ou l'oreille ou l'esprit ou la main. - Tout se fait dans la nature par les voies les plus courtes, avec la moindre dépense de temps et de force. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui le principe de moindre action (V. ci-dessous). Il répond à l'axiome scolastique : La nature ne fait rien en vain. - Pas d'action à distance, c'est-à-dire que l'agent doit être présent par lui-même ou par un instrument. - b) en physique, l'action est une fonction de la quantité totale d'énergie impliquée dans un processus mécanique.

Action (Philosophie de l'). - 1) Branche  ou thématique de la philosophie qui se concentre sur l'étude de l'action humaine, de son intentionnalité, de ses motivations, de ses conséquences et de sa signification. Elle étudie les questions liées au libre arbitre, à la moralité, à la responsabilité, à la causalité et à d'autres aspects qui entourent l'agir humain. Elle se penche sur les motivations et les intentions qui sous-tendent nos actions. Quelles sont les raisons qui nous poussent à agir d'une certaine manière? Comment nos intentions influent-elles sur le caractère moral de nos actes? Cela débouche sur la question de la responsabilité morale. Comment sommes-nous responsables de nos actions? Dans quelles conditions pouvons-nous être tenus responsables de nos actes? Quelles sont les conséquences de l'absence de responsabilité? Il s'ensuit un questionnement sur les normes et les valeurs qui guident nos actions. Comment déterminons-nous ce qui est moralement bon, mauvais, permis ou interdit? Comment les normes sociales influent-elles sur notre conduite? Comment, encore, les événements extérieurs influent-ils sur nos actions? Dans quelle mesure sommes-nous déterminés par des facteurs externes? - 2) Nom qu'on donne quelquefois à la théorie de Maurice Blondel (L'Action, 1893) et L. Laberthonnière, à cause du rôle prépondérant qu'ils accordent à l'action, entendue dans un sens très spécial et assez fuyant  :

« J'entends par action ce qui enveloppe l'intelligence, la précédant et la préparant, la suivant et la dépassant ; ce qui, par conséquent, dans la pensée est synthèse interne plutôt que représentation objective. » (Blondel, Bulletin de la Société française de Philosophie, juillet 1902).
Action (Principe de la moindre) : Tel que l'entendent Malebranche et Leibniz, ce principe stipule que la nature ne fait rien en vain; que la nature agit par les chemins les plus courts (Natura nihil facit frustra. Natura agit per vias brevissimas).  Malebranche a formulé une conception préliminaire de ce principe dans son ouvrage De la Recherche de la Vérité (1674-1675). Il y avance  l'idée que Dieu agit toujours de la manière la plus simple et la plus économique possible. Selon lui, Dieu crée et maintient l'ordre du monde en agissant de manière à minimiser l'effort et la dépense d'énergie. Leibniz, quant à lui, a élaboré davantage le concept de moindre action en introduisant la notion de "principe du meilleur". Selon lui, Dieu, en tant que créateur du monde, a choisi de créer l'univers de la manière la plus parfaite et optimale possible. Ce choix implique que l'univers réalisera toujours la meilleure combinaison possible de quantité d'action et de perfection. Ainsi, l'action réelle dans le monde est celle qui réalise le maximum de perfection avec le minimum d'effort. Les problématiques dans lesquelles s'incrivaient Malebranche et Leibniz étaient donc axées seulement sur la métaphysique, la théologie et la conception du monde. En investissant le domaine de la physique, le principe de moindre action s'est ensuite inscrit dans une perspective tout autre. 

Action réciproque (= action mutuelle). - Expression qui renvoie à la troisième loi de la dynamique selon laquelle, chaque action entraîne une réaction égale et opposée : lorsqu'un objet exerce une force sur un autre objet, l'autre objet exerce une force égale et opposée sur le premier objet.

Activité (Activitas, de activus, actif : se dit : 

a) de la force ou faculté qui produit les phénomènes actifs (ex. : volonté); c'est le pouvoir de produire des actes. L'activité est spontanéité ou volonté réfléchie. 

b) de l'ensemble des phénomènes actifs  (ex.-: l'activité psychologique); 

c) de l'état de l'être qui fait un acte.

On dit que l'activité est l'essence de l'esprit ou de l'âme, pour exprimer que son action est continuelle et permanente et que les facultés qu'on lui attribue ne sont que les formes multiples de cette activité essentielle.

Activité offre donc un sens plus large que volonté : dans l'instinct, dans les inclinations, dans les passions (malgré l'étymologie de ce dernier mot qui vient de pati = souffrir, être passif), il y a de l'activité, mais une activité spontanée, et non volontaire. Dans les faits purement passifs, l'âme qui semble ne pas agir réagit; sans quelque action, il n'y aurait ni sentiment ni connaissance. L'esprit est actif, les corps sont inertes, mais il se peut que l'inertie elle-même soit une activité immanente.

Aristote distinguait un entendement passif qui ne fait que refléter l'extérieur et un enten-dement actif ou créateur qui transforme les données de sens en idées générales et en connaissances universelles.

C'est Leibniz qui a le mieux mis en évidence l'importance de la notion d'activité : sa monade est une activité essentielle, une énergie ou une appétition, en un mot une force; mais c'est une activité immanente qui n'a aucune action sur le dehors et même sur le corps propre. Maine de Biran attribue à l'âme une causalité effective, une activité transitive qui se révèle dans l' effort musculaire. Activité, qui était synonyme de force, devient synonyme d'effort et de volonté.

Actualisme. - Position métaphysique qui affirme que seules les entités existantes actuellement sont réelles ou ont une existence réelle. Selon l'actualisme, seul le présent réel est considéré comme étant réel, tandis que le passé et le futur sont considérés comme dépourvus d'existence réelle. L'actualisme repose sur l'idée que l'existence se limite à ce qui est actuellement observé ou expérimenté. Les événements passés sont considérés comme faisant partie de l'histoire ou de la mémoire, mais ils n'ont pas de réalité ontologique indépendante. De même, les événements futurs sont considérés comme des possibilités ou des anticipations, mais ils n'ont pas d'existence réelle tant qu'ils ne sont pas actualisés dans le présent. Cette perspective actualiste est souvent opposée à l'idéalisme, qui affirme que la réalité dépend de la conscience ou de l'esprit, ainsi qu'à des positions philosophiques telles que le réalisme temporel, qui soutient que le passé, le présent et le futur ont tous une existence réelle.

Actuation (du latin scolastique Actuatio, de actus = acte) : passage de la puissance à l'acte.

Actuel (Actualis, de actus = acte : 

a) Actuel se dit de ce qui est en acte, par opposition à ce qui est potentiel ou en puissance la statue actuelle n'était que potentielle ou en puissance dans le bloc de marbre.

b) Actuel, dans un sens un peu différent, s'oppose à habituel : actuel dit plus que réel et moins qu'habituel, puisque l'actuel est le réel lui-même en tant que manifesté et présent à l'esprit, et que l'habituel c'est l'actuel en tant que durable, permanent, d'un mot, tourne en habitude.

c) On sait que, dans le langage ordinaire, actuel signifie simplement ce qui est présent, sens qui se rattache aisément au précédent et en dérive, car rien n'est présent pour nous que ce qui nous est révélé par un acte ou par un fait.

Actuer. -  Traduction littérale et rarement usitée du terme scolastique actuare (de actus = acte) qui signifie : faire passer à l'acte, donner la forme à la matière. Actuation signifie donc passage de la puissance à l'acte et un philosophe scolastique dirait que la forme actue la matière.

Adaptation (Adapter, de adaptare = ajuster) : a) Modification ordinairement lente d'un organe ou d'une fonction, qui aboutit à les accorder avec leur milieu (les physiologistes disent plutôt accommodation). - b) Etat résultant de cette modification.  -c) On entend par la loi d'adaptation celle en vertu de laquelle les organismes se mettent peu à peu en harmonie avec le milieu, et  changent même de nature (Doctrines transformistes).

Addition( (Additio, de additum, supin de addere, ad-do = ajouter). - a) En arithmétique, c'est l'opération qui consiste à effectuer la somme de deux nombres. L'opération d'addition est représentée par le signe +. - b) Addition logique  : opération logique applicable aux concepts et aux propositions; ainsi dans un ensemble E, on nommera additiontoutes les applications E x E-> E telles que pour chaque couple (a, b) appartenant à E x E corresponde un élément noté (a + b).

Adénologie, du grec aden, glande, et logos, science. - Partie de l'anatomie qui étudie les glandes. 

Adéquat, Adéquation (Adaequatus, Adaequatia, de adaequatum, supin de. - ad-aequare, égaler) a) Se dit; en général, d'une idée qui représente complètement un objet, qui l'égale. . - b) Pour Spinoza l'idée adéquate est celle qui a toutes les propriétés intrinsèques de l'idée vraie. - c) Pour Leibniz, c'est une idée claire et distincte dont tous les éléments se résolvent en idées simples.

Adiaphorie (Adiaphonia = indifférence) : état d'esprit qui ne fait entre les choses aucune différence de valeur et conséquemment ne peut être ému par rien : c'est pour Pyrrhon le souverain bien.

Admiration (Admiratio, de admirateur, supin de ad-mirari, s'étonner) : a) ce mot a d'abord signifié étonnement  : l'admiration, avec la curiosité qui en naît, est le principe de la science, selon Aristote. Descartes en fait une sorte de passion fondamentale, qui éveille l'âme et fait qu'elle s'applique à certains objets. - b) Ravissement en présence du beau. 

Adscriptivisme. - Concept qui renvoit à la manière dont les mots et les expressions sont utilisés dans un contexte social et culturel donné pour créer des significations. Cette approche met en avant le rôle des normes sociales et des usages linguistiques dans la compréhension à un moment donné du sens d'un mot ou d'une expression, qui ne sont donc pas pas déterminés de manière fixe ou absolue.  L'adscriptivisme met ainsi l'accent sur la souplesse et l'adaptabilité du langage en fonction des interactions sociales et des normes linguistiques en cours et considère par là  que la signification d'un mot peut être sujette à négociation dans un dialogue social.

Adventice (Adventitius, de adventum, supin de ad-venire, advenir) : idées qui nous viennent du dehors par les sens. Descartes les oppose aux idées innées et aux idées factices.

Affectif (Affectivus de affectum, supin de afficere = ad-facere = agir sur) : caractère commun des phénomènes de sensibilité (plaisir, douleur, émotion), distincts des inclinations ou des passions. Affectif ajoute à Passif l'idée qu'il ne s'agit pas d'un état représentatif, et l'existence d'une réaction de la part du sujet sentant. Les modernes entendent par affectif tout ce qui rentre dans le domaine de la sensibilité s'accompagne naturellement de plaisir ou de douleur. Affectif se dit par opposition à représentatif.

Affection (Affectio, de affectum, supin de afficere = ad-facere = agir sur) : modification interne provoquée par une cause extérieure. - Dans un sens plus restreint que celui de modification, on entend par affection les manières d'être qui sont senties par le sujet. Dans la philosophie écossaise, les affections sont sentiments de bienveillance ou autres que l'on éprouve pour ses semblables. 

Affectivité. - L'affectivité fait référence à la dimension émotionnelle et affective de l'expérience humaine. Elle englobe les sentiments, les émotions, les humeurs et les réactions émotionnelles qui influencent notre état mental et notre comportement. L'affectivité joue un rôle fondamental dans notre prise de décision, notre motivation, notre cognition et notre comportement social. 

Affinité (Affinitas = voisinage, parenté par alliance, de affinis = voisin, de ad = près; finis = limite) : affinité logique, psychologique : propriété qu'ont les phénomènes psychologiques de s'attirer l'un l'autre par l'association des idées.

Affirmation (de firmare ad, rendre certain ) est un terme de logique, qui désigne l'acte de l'esprit qui juge qu'une chose est ou n'est pas, qu'elle est de telle manière ou ne telle autre. Le ciel est bleu, il pleut, un triangle a trois côtés, voilà des affirmations. Cet acte est tantôt libre, tantôt nécessaire. Il est libre, quand l'esprit affirme ce qui peut lui offrir encore quelque doute; nécessaire, quand l'esprit affirme ce qu'il conçoit avec  évidence. L'affirmation, considérée comme opération intellectuelle, n'est pas autre chose qu'un jugement; si on l'envisage dans le langage qui l'exprime, c'est une proposition. (M.).

A fortiori. - A plus forte raison. Cette expression adverbiale marque que l'on conclut du plus au moins, ce qui fortifie la raison alléguée. Ex. : Si je dois aimer mes ennemis, à plus forte raison mes amis.

Agathodicée. -  Alors que la théodicée concerne la justification de la bonté de Dieu malgré l'existence du mal dans le monde. L'agathodicée, du préfixe "agathos" (qui signifie "bon" en grec) et "dicée" (qui signifie "dire" ou "argumenter"), pourrait être interprétée comme la justification ou l'argumentation de la bonté divine. 

Agathologie. - Etude ou la philosophie du bien. C'est un domaine qui se concentre sur la nature du bien, les principes éthiques, la moralité, et les notions de ce qui est considéré comme bon dans diverses perspectives philosophiques.

Agent (Agens, agentis; participe présent de agere = pousser; faire, agir) : tout être considéré comme agissant. S'oppose à Patient.  Cause efficiente. Distinctions : L'agent naturel et l'agent libre. Le premier agit par nature, sans délibération, sans choix; le second est soustrait à la nécessité. - L'agent est dit univoque ou équivoque, ou analogue, selon qu'il produit un effet de même nature que lui (ainsi la mère par rapport à sa fille) ou de nature différente (ainsi l'artiste par rapport à son oeuvre), ou de nature analogue (ainsi Dieu par rapport aux créatures). Axiomes scolastiques : Tout être agit en tant qu'il est en acte (Agens omne agit in quantum est actu). - L'agent comme tel, change pas, il est immuable. Car l'agent, comme tel, ne souffre pas, ne subit aucun changement. - L'agent n'agit pas sur son semblable (Agens non agit in simile). De deux semblablables en tant que tels, l'un ne peut agir sur l'autre. - L'agent communique sa ressemblance (Agens agit simile sibi) car il n'agit qu'autant qu'il est et par conséquent comme il est.

Agnosie (Agnôsia, de a privatif et de gnôsis = connaissance) : absence d'une connaissance particulière, qui fait défaut à la suite de certains accidents nerveux.

Agnosticisme (dérivé de Agnostique) : ce mot, créé par Huxley, désigne surtout l'ensemble des systèmes philosophiques qui considèrent que certaines réalités sont inconnaissables par nature? Les agnostiques sont donc des sceptiques qui bornent leur doute à la métaphysique. L'agnosticisme est une sorte de positivisme; mais, tandis que le positivisme français, celui de Comte, de Littré, affecte d'ignorer la métaphysique, l'agnosticisme anglais, par exemple l'Evolutionnisme de de H. Spencer, essaie d'expliqner cette ignorance et de établir positivement. (Voir aussi le-: Relativisme de Hume, de Hamilton, etc.).

Agnostique (Agnôstos, de a privatif et gnôstos = connu) : celui qui pense que certaines réalités sont inconnaissables par nature.

Agonisme (du grec agon = compétition, lutte). - Concept associé à la théorie politique de Chantal Mouffe, et qui s'oppose à celui de consensus. L'agonisme considère que le conflit est une réalité constitutive et inévitable des relations sociales et politiques. Il valorise la diversité des opinions et des perspectives dans une société démocratique et considère que les désaccords et les débats sont essentiels pour maintenir une société démocratique dynamique. L'agonisme est ainsi souvent associé à la démocratie radicale, qui défend l'implication active des citoyens dans les débats et la prise de décision, encouragent la participation politique en tant que moyen de résoudre les conflits et de façonner la politique de manière démocratique.

Agrégat (de Aggregatum, participe passé de aggregare = réunir, de ad = vers; grex = troupeau) : réunion de parties juxtaposées qui ne forment pas un tout essentiel (unum per se), mais un tout accidentel (unum per accidens). Cf. Leibniz, Monadologie, § 2. - Les Atomistes expliquent les corps comme un agrégat d'atomes ayant entre eux une certaine cohésion.

Aire. - a) portion d'une surface; b) nombre qui mesure cette portion.

Alchimie*. - Ensemble de pratiques et de spéculations mêlant opération chimiques et doctrines mystiques.

Aleph () - Cantor a introduit ce symbole (lettre de l'alphapet hébraïque) muni d'un indice, pour désigner le cardinal des ensembles infinis. Ainsi 0 (lire : aleph-zéro) est le cardinal de l'ensemble des nombres entiers naturels; 1 (aleph-1), celui des nombres réels.

Alètheia (ἀλήθεια = ce qui est dévoilé). - Terme traduit ordinairement par vérité et particulièrement associé à la pensée de Parménide et de Héraclite. Pour Parménide, l'alétheia représentait la vérité en tant que réalité immuable et éternelle, le changement et la pluralité n'étant que des illusions. Héraclite considérait pour sa part que l'alétheia était liée au changement perpétuel et au devenir. Il croyait que tout était en flux constant, et que la vérité résidait dans la compréhension de ce changement. 

Aléthique  (du grec ancien aletheia = vérité). - Etude philosophique de la vérité, de sa nature, de son concept, et des questions liées à la vérité. Elle cherche à comprendre comment nous pouvons définir la vérité, comment nous pouvons la reconnaître, et quelles sont les implications philosophiques de la vérité dans divers domaines de la pensée.

Aléthologie. - Etude scientifique ou philosophique de la vérité, souvent en relation avec la cognition, la perception, la logique, l'épistémologie et la philosophie de l'esprit. L'aléthologie peut également être appliquée dans des domaines tels que la sémiotique, l'étude des signes et des symboles, pour comprendre comment la vérité est exprimée et interprétée.

Alexandrie (Ecoles d'). - A l'époque ptolémaïque, Alexandrie a été un centre intellectuel de première importance. Plusieurs écoles y ont fleuri. Citons :  l'école philosophique d'Alexandrie; l'école mathématique et astronomique d'Alexandrie; l'école de médecine d'Alexandrie. L'influence culturelle, philosophique et intellectuelle de ces écoles, ajoutée à celle de la ville d'Alexandrie elle-même, avec son mélange de cultures, de langues et de traditions, avec aussi sa biblithèque, permet de définir expression culturelle ou civilisationnelle parfois qualifiée d'Alexandrisme (à distinguer de celui évoqué dans la notice suivante). Cet L'alexandrisme était caractérisé par un esprit d'érudition, d'étude approfondie et de recherche rigoureuse, marqué par l'étude et l'analyse des oeuvres philosophiques et scientifiques.

Alexandrisme. - Au Moyen âge, ce nom était donné aux doctrines d'Alexandre d'Aphrodisie, philosophe du IIe siècle de notre ère, commentateur  des oeuvres d'Aristote, qui a  insisté sur l'unité et la cohérence de la pensée d'Aristote. Alexandre d'Aphrodisie a consacré une partie importante de ses écrits à l'étude de l'âme, de l'intellect et de la perception, s'inspirant fortement des enseignements d'Aristote sur ces sujets. Dans sa méthode d'interprétation, il  a adopté une approche analytique, cherchant à décomposer les textes d'Aristote en éléments plus petits et compréhensibles, ce qui facilite leur étude et leur compréhension.

Algèbre. (du nom du mathématicien arabe du IXe siècle  Al-Khowarizmi, qui introduisit la numération décimale en Europe) : partie des mathématiques qui étudie les relations et  les lois entre entités diverses (ensembles, nombres, etc.), pour en dégager des structures générales (groupes, anneaux, corps, etc.). Autrefois le terme d'algèbre s'appliquait seulement à l'étude des équations dites algébriques, c'est-à-dire où les nombres sont représentés, au moins en partie, par des lettres (par exemple : 3x² + 5x - 1 = 0). Le calcul littéral remplaçant ainsi le calcul numérique.

Algèbre (Structure d'). - Extension des structures d'anneau et d'espace vectoriel. Un ensemble E a une structure d'algèbre sur un corps C lorsqu'il est muni de deux lois de composition interne (‡, *) et d'une loi de composition externe (•),  telles que :

1°  E muni des lois ‡ et • est un espace vectoriel sur C.

2° La loi * est distributive par rapport à ‡.

3° Pour tout couple (a,b) d'éléments de C et tout couple (x,y) d'éléments de E, on a : (a•x)*(b•y) = (a*b)•(x*y).

Algèbre (théorème fondamental de l') . - Ce théorème énonce que tout polynôme à coefficients réels ou complexes, de degré n (n ≥  1), a au moins une racine dans le corps  des nombres complexes.

Algorithme (de Al-Khowarizmi) : a) Originairement, système de numération décimale, . - b) Par extension, ensemble de procédés de calcul propres à l'arithmétiques. - c) Liste des procédures et règles  qui spécifie une séquence d'opérations à effectuer pour résoudre un problème particulier ou accomplir une tâche spécifique (ex. : algorithme informatique).  Chaque étape doit être précise et non ambiguë. Un algorithme doit être conçu pour être exécuté de manière effective : il peut être mis en Å“uvre dans un langage de programmation ou exécuté manuellement, et chaque étape doit être réalisable dans le monde réel. Certains types d'algorithmes, tels que les machines de Turing, sont considérés comme universels dans le sens où ils peuvent simuler n'importe quel algorithme, pour autant que suffisamment de ressources soient disponibles.

Algorithmicité. - Qualité ou caractéristique d'être lié à un algorithme. L'algorithmicité est donc associée à la capacité d'exprimer un processus de manière algorithmique, selon une procédure bien définie qui spécifie clairement les étapes à suivre pour accomplir une tâche donnée. L'algorithmicité sous-tend le développement de logiciels, la conception d'algorithmes efficaces, et la résolution de problèmes complexes dans divers domaines.

Algorithmique (Logique)  : a) synonyme de logistique, autrement dit cette partie de la logique formelle qui cherche à exprimer les idées et leurs rapports au moyen de notations et symboles semblables ou analogues à ceux de l'algèbre. On dit aussi algèbre de la logique. - b) la sciences des algorithmes de calcul.

Aliénation. - Etat dans lequel un individu ou un groupe se sent étranger, isolé, ou éloigné de quelque chose qui devrait normalement lui être familier, qu'il s'agisse de soi-même, de la société ou du travail. L'aliénation de soi (autoaliénation) se produit lorsque l'individu se sent éloigné de sa propre essence, de ses désirs, de ses besoins ou de sa propre humanité en raison de divers facteurs sociaux, culturels ou psychologiques. L'aliénation sociale se produit lorsque les individus se sentent séparés ou étrangers à la société dans laquelle ils vivent, souvent en raison de l'isolement, de la marginalisation, de la discrimination ou d'autres facteurs sociaux. Aliénation au travail se produit lorsque les travailleurs se sentent déconnectés ou étrangers à leur propre travail, souvent en raison de conditions de travail déshumanisantes, de la division du travail, de l'absence de contrôle sur le processus de travail ou de l'exploitation. Marx, à ce sujet, a soutenu que le travailleur moderne est aliéné de sa propre essence humaine en raison de l'exploitation capitaliste. L'aliénation dans les relations humaines peut se produire lorsque les individus se sentent éloignés ou étrangers par rapport aux autres, souvent à cause de l'isolement social, du manque de compréhension ou de communication insuffisante. L'aliénation économique peut se produire lorsque les individus se sentent déconnectés ou éloignés des moyens de production et du produit de leur travail, souvent en raison de systèmes économiques qui créent des inégalités ou des conditions oppressives.

Altération (alteratio, de alteratum, supin de alterare = rendre autre, changer, de alter = autre). - Changement de qualité. Se dit des corps et d'un changement de bien en mal. L'altération n'est par elle-même qu'une transformation accidentelle, tandis que la génération et la corruption sont des transformations substantielles. Les Scolastiques appellent altération toute transformation accidentelle, bonne ou mauvaise, qui rend un sujet autre qu'il était. Aristote emploie le mot alloiôsis, de différent. C'est un changement qui affecte la catégorie de la qualité.

Altérité (alteritas, de alter = autre) . - C'est le fait d'être autre. a) Ce concept qui fait référence à la reconnaissance et à l'acceptation de l'autre, de ce qui est différent de soi, sur le plan culturel, social, individuel ou philosophique. C'est la considération et l'appréciation de l'autre en tant qu'entité distincte, avec sa propre perspective, identité, valeurs et expérience du monde. Le thème de l'altérité, en tant qu'il souligne l'importance de reconnaître et de comprendre l'expérience et la perspective des autres en dehors de notre propre point de vue, est devenu central dans la pensée contemporaine. La prise en compte de l'altérité nous rappelle que chaque personne a son propre contexte, sa propre histoire et ses propres croyances, ce qui contribue à une mosaïque complexe de perspectives dans le monde. On est alors conduit à remettre en question les stéréotypes, les préjugés et les généralisations simplistes sur les autres. Elle invite à une réflexion critique et à un dépassement des jugements basés sur des caractéristiques superficielles. Reconnaître l'altérité implique une responsabilité envers les autres, notamment l'obligation de défendre les droits humains, de lutter contre l'injustice et l'inégalité, et de travailler vers un monde où chacun est respecté et traité équitablement. Comprendre l'altérité implique de s'efforcer de voir le monde à travers les yeux de l'autre, de ressentir ce qu'il ressent et de comprendre sa réalité. Cela encourage l'empathie, la tolérance et la bienveillance envers ceux qui sont différents de nous. - b) Dans la logique moderne négation de la relation d'identité.

Alternative (féminin de Alternatif, de alterner, de alterne, de alternus, de alter = autre) . - 1) Option, possibilité ou choix qui désigne une solution ou une possibilité différente, souvent offerte comme remplacement ou substitut à quelque chose d'existant ou de courant. Les alternatives  émergent de la volonté de penser différemment et d'étudier des options non conventionnelles. Avoir des alternatives permet de faire des choix éclairés en évaluant les avantages, les inconvénients et les conséquences potentielles de chaque option. Cela encourage la prise de décision informée. - 2) Affirmation qu'entre deux propositions contradictoires, si l'une est vraie, l'autre est fausse. -

Alterne. - Se dit, en géométrie, lorsque deux droites parallèles sont coupées par une troisième, des angles placés de côtés différents de la sécante. Angles alterne internes, angles situés en de dans des deux parallèles d'un côté différent de la sécante. Angles al ternes externes, angles situé en dehors des deux parallèle d'un côté différent de la sé cante. (Angles alternes internes sont égaux entre eux, les angles alternes externes le sont aussi).

Altermondialisme. - Mouvement politique, social et culturel qui vise à remettre en question les formes de mondialisation économique, politique et culturelle dominantes, et à promouvoir des alternatives aux modèles économiques néolibéraux et à diverses institutions internationales(FMI, Banque mondiale, OMC). Les altermondialistes s'opposent à la concentration du pouvoir entre les mains de grandes entreprises et de gouvernements puissants. Ils défendent des idées telles que la justice sociale, l'équité économique, le respect de l'environnement, les droits humains et la diversité culturelle. Le terme altermondialisme est parfois utilisé de manière interchangeable avec d'autres termes tels que antiglobalisation ou mouvement altermondialiste

Altruisme (de Autrui sous l'influence de alter = autre) : a) Disposition psychique qui porte à rechercher l'intérêt des autres et non le sien propre. Inclinations altruistes. - S'oppose à Égoïsme.  b) En Morale (terme créé par A. Comte), l'altruisme c'est l'amour d'autrui : ce n'est pas autre chose que la sympathie, et s'il est opposé à l'égoïsme, il faut alors donner à ce mot le sens d'amour naturel de soi. Le nom d'altruisme est aussi donné par les Positivistes à la doctrine qui donne pour but à la conduite le bien, l'intérêt des autres. - S'oppose alors à Utilitarisme, Hédonisme.

Ambiguïté. - Double sens d'un mot ou d'une expression.

Ambiguïté (Sophisme de l'). - Le sophisme dit de d'ambiguïté des termes consiste à prendre un même mot en deux sens différents  : le rat ronge, rat est une syllabe; donc une syllabe ronge.

Ambition. - Passion caractérisée par le désir d'obtenir un résultat auquel est attribuée une valeur supérieure.

Ame (en latin Anima, en grec anemos = souffle) : pour la philosophie classique, c'est le principe de la vie et de la pensée (ou de l'une ou l'autre), considéré comme réellement distinct du corps. Aristote en donne cette définition générale : l'âme est l'acte premier du corps naturel organique qui a la vie en puissance. L'âme est la forme substantielle du corps, disent les Scolastiques, c'est-à-dire qu'elle donne à la matière d'être corps humain et qu'elle est le premier principe essentiel de toutes les opérations dans l'humain. Aujourd'hui, l'âme est un concept qui n'appartient plus du tout au champ des sciences et n'intersses plus que les religions et la philosophie religieuse. 

Ame du monde. - Ce concept peut avoir un sens religieux ou philosophique. Pour s'en tenir à la philosophie, deux conceptions peuvent être relevées : celle du platonisme qui considère l'âme du monde comme une entité divine et éternelle qui anime et gouverne le cosmos; et celle du stoïcime qui y voit la source de toute création et de toutes les lois naturelles.

Ame (facultés de l'). -  Capacités supposées par certains philosophes classiques appartenir à l'âme ou à l'esprit et susceptibles d'expliquer la nature humaine.  Dans la tradition platonicienne et aristotélicienne, on nomme la raison, la volonté et la passion 

Amitié (Amicilia, de Amicus = ami, de amare = aimer)-: inclination élective réciproque entre deux personnes.  L'amitié est basée sur la confiance, la compréhension mutuelle, l'affection, le soutien émotionnel, et souvent des intérêts et des valeurs partagés. Elle est caractérisée par un attachement sincère et une connexion émotionnelle entre les individus, qui vont au-delà des relations superficielles.

Amoral (de a privatif; moralis = moral) : ce qui n'a aucun caractère moral, ce qui est indifférent en soi. 

Amoralisme. - 1) Doctrine philosophique qui déploie une conception de la vie dans laquelle n'entre aucune considération morale. 2) Position philosophique qui consiste à nier le caractère absolu de toute morale. Les amoralistes soutiennent que les notions de bien et de mal, de devoirs moraux et de valeurs sont arbitraires et subjectives. Pour eux, la morale n'est pas une réalité objective inhérente à l'univers, mais plutôt une construction sociale ou individuelle basée sur des préférences personnelles, des conventions culturelles ou des intérêts personnels. Ils rejettent l'idée qu'il existe des principes moraux universels qui s'appliquent à tous les individus dans toutes les situations. L''amoralisme se distingue de l'immoralisme, en ce sens que l'immoralisme reconnaît l'existence d'une morale mais choisit délibérément d'agir en violation de celle-ci.

Amour (Amor, de Amare = aimer) : a) Sens général, commun à toutes les inclinations : tendance qui porte à s'attacher aux choses. Bossuet ramène toutes les passions à l'amour. - b) Tendance opposée à l'égoïsme. - c) Affection entre personnes de sexe différent.

Amour de soi. - Sentiment vis à vis de soi-même qui rend compte de la conscience (exacte et sans exagération ni amoindrissement) que l'on a de sa propre valeur. 

Amour platonique. - On désigne habituellement ainsi l'amour contemplatif, l'amour qui n'aspire pas à la possession et à la jouissance de l'objet aimé; c'est à tort : Platon, partout où il a parlé de l'amour, le montre accompagné du désir. Il le dit expressément dans le Dialogue qu'il a consacré à l'amour (le Banquet), et sa pensée, sous les symboles dont il l'enveloppe, n'est pas moins claire, lorsque, dans le Phèdre, il représente les ailes de l'âme faisant effort pour percer, et l'emporter vers la région des idées, toutes les fois que, dans un bel objet, elle aperçoit le reflet de la beauté idéale et céleste. Que faudrait-il donc entendre au juste par amour platonique? L'amour et tout à la fois le désir de la beauté idéale, amour qui ne s'attache momentanément aux beautés terrestres que comme l'oiseau s'attache à la terre pour prendre son vol. Dans la pensée de Platon, l'amour doit être pur, non de tout désir, mais de tout désir sensuel. En l'idéalisant à l'excès, et toutefois en permettant, en conseillant même de commencer par la contemplation de la beauté matérielle, peur se familiariser peu à peu avec la beauté idéale, Platon ne s'est pas aperçu qu'il entrait dans une voie où beaucoup ne le suivraient pas jusqu'au terme. (B-E.).

Amphibolie (du grec amphi-balléin, jeter autour), terme de logique employé par Kant dans sa Critique de la raison pure, pour signifier une forme particulière d'équivoque qui vient de ce que l'on confond l'objet propre et distinct de deux facultés différentes, et que l'on donne à l'un de ces objets les qualités de l'autre. Quand on veut juger par la raison de ce qui est du ressort de l'expérience, ou percevoir comme fait d'observation ce qui, ne peut être conçu que par l'entendement, ou bien si on confond les idées purement logiques avec les conceptions métaphysiques, on fait des amphibolies. Ainsi, la notion d'identité est une notion a priori; si on en fait une qualité perçue par l'expérience et simplement généralisée, on rapporte à une faculté ce qui est du ressort d'une autre faculté. Kant observe avec raison que de là naissent une multitude d'erreurs en philosophie. (B-n.).

Amphibologie (Amphibologia, du grec amphibolos = ambigu) : élocution ou proposition à double sens. L'équivoque est un sophisme composé de propositions amphibologique.

Amplitude (géométrie). - Grandeur d'un arc, ou distance qui sépare ses deux points extrêmes. L'amplitude d'oscillation d'un pendule est l'angle formé par les deux directions extrêmes qu'il prend à chaque oscillation. L'amplitude de jet d'un projectile est la distance qui sépare son point de départ de son point d'arrivée.

Anagogique (Anagogicus, de Anagôgikos, de Anagôgè = induction) : a) Sens de l'Ecriture Sainte, qui consiste dans un symbole figurant les choses de l'ordre surnaturel et divin. - b) Leibniz emploie ce mot pour indiquer ce qui se rapporte à l'Induction (ex.  : Essai anagogique dans la recherche des causes). 

Analogie (Analogia,  du grec Ana-logos = proportionnel, analogue); identité de relation entre idées ou objets de nature différente. Le rapport analogique  n'implique pas similitude ni encore moins l'égalité, mais permet cependant de raisonner par comparaison. Il y a, par exemple, analogie entre l'animal et la plante, entre l'aile de l'oiseau et la nageoire du poisson. - Distinctions : les scolastiques distinguent avec soin ce qui est analogue de ce qui est équivoque et de ce qui est univoque. Un nom univoque s'applique dans le même sens à plusieurs : tel est le nom d'homme. Un nom équivoque s'applique dans divers sens à plu sieurs objets, qui peuvent ainsi n'avoir rien de commun entre eux : ainsi le nom de Pierre, attribué à tel homme et à tel minéral. Mais on distingue l'équivoque de pur hasard (a casu) de l'équivoque intentionnel, voulu (a consilio). Celle-ci renferme quelque analogie et elle s'étend à toutes les métaphores; à toutes les comparaisons, sans lesquelles il n'y a pas de style ni de pensée. Ainsi, dans l'exemple cité, saint Pierre a été ainsi nommé par rapport à la pierre fondamentale de l'édifice ecclésiastique. - Or l'analogie est de deux sortes : d'attribution ou de proportion. Celle-ci est de proportion simplement ou de proportionnalité.

Analogies de l'expérience : Kant entend par là les principes a priori de l'entendement pur, qui ont trait aux catégories de la relation et reposent eus-mêmes sur ce principe : 

« L'expérience n'est possible que par la représentation d'une une liaison nécessaire des perceptions. »
Analyse( (Analysis, du grec ana-lyein = décomposer) : sens général fondamental : décomposition, résolution. - a) Décomposition du tout en ses parties, d'une chose en ses principes. A proprement parler, l'analyse va du composé au simple, des effets aux causes; elle répond à l'induction. La synthèse est le procédé inverse ; elle répond à la déduction. - Distinctions : Analyse compréhensive, analyse extensive. La première est l'analyse proprement dite, c'est la recherche des parties d'un tout réel ou des éléments d'une idée. L'analyse extensive (ces deux mots se heurtent), est la recherche des objets auxquels s'applique une idée. C'est ainsi qu'on peut analyser l'idée d'être et y trouver la substance, l'accident, la vérité etc. - b) en mathémathiques, on donne  le nom d'analyse à la méthode basée sur la réduction des problèmes en équations, ou encore la branche des mathématiques qui étudie les fonctions et les procédures de calcul en général. Les thèmes ou questions étudiées par l'analyse concernent souvent les infinitésimaux (analyse infinitésimale) ou l'infini : ainsi le passage à la limite, la sommation des séries infinies, etc.

Analytique (de Analyticus = qui résout), a) comme adjectif, qui procède par analyse;  ex : méthode analytique. - b) pris substantivement : pour Aristote, l'analytique est la logique formelle qui soumet à l'analyse les formes des jugements et des raisonnements. - Pour Kant, l'analytique en général est la science des formes de l'entendement, et l'analytique transcendantale est la science des formes a priori de l'entendement pur.

Analytique (philosophie). - Vaste branche de la philosophie contemporaine, riche de nombreuses écoles fortement impantées dans les pays de tradition anglo-saxonne. Les philosophes analytiques se montrent toujours préoccupés de clarté, précision et de rigueur logique dans l'analyse des problèmes philosophiques et abordent les questions métaphysiques, épistémologiques, éthiques, de philosophie du langage, de philosophie de l'esprit, et d'autres domaines philosophiques à l'aide d'outils logiques et linguistiques (Philosophie analytique du langage). Ils réfutent les idées métaphysiques spéculatives jugées peu claires ou non fondées empiriquement. 

Analytique révisée (philosophie). - La philosophie analytique révisée est une évolution, au XXIe siècle de la philosophie analytique qui a cherché à s'adapter aux enjeux, aux découvertes et aux défis contemporains. Cette révision se caractérise par une ouverture accrue à l'interdisciplinarité, aux nouvelles technologies, aux questions de diversité et d'inclusion, et à la reconsidération critique des méthodologies traditionnelles. Deux noms associés à cette révision :

• Timothy Williamson, spécialisé dans l'épistémologie et la philosophie du langage, a travaillé sur la connaissance, la vérité, le langage et la logique.

ʉۢ David Chalmers, connu pour ses travaux en philosophie de l'esprit et de la conscience, a formul̩ le probl̬me difficile de la concience (hard problem of consciousness) et d̩fendu des id̩es sur la nature de l'esprit et de la r̩alit̩.

Analytique (psychologie) . - Ecole psychanalytique de Zurich, fondée par le psychiatre Carl Gustav Jung  (1875-1961) . Elle représente une approche distincte de la psychanalyse freudienne traditionnelle. Jung a initialement collaboré avec Freud. Cependant, des différences théoriques et conceptuelles ont émergé entre eux, conduisant Jung à développer sa propre approche psychanalytique. Jung a ainsi établi l'Institut C.G. Jung à Zurich en 1948, qui est devenu un centre important pour l'étude de la psychologie analytique. Cette approche s'intéresse à l'étude de l'inconscient collectif, en plus de l'inconscient personnel, comme élément clé du développement psychologique. L'inconscient collectif comprend des éléments archétypaux universels qui se manifestent à travers des symboles et des images, souvent manifestés dans les rêves. Le concept d'individuation est également central dans la psychologie analytique. Il correspond au processus de développement et de réalisation de soi, où l'individu travaille vers l'intégration et l'harmonisation des différents aspects (conscients et inconscients) de sa personnalité. La psychothérapie analytique de Jung, souvent appelée thérapie analytique, se concentre sur l'analyse des rêves, des fantasmes et des symboles. Le thérapeute encourage le patient à examiner les contenus de l'inconscient pour faciliter le processus d'individuation. Les idées de Jung ont influencé non seulement la psychologie, mais aussi la littérature, la religion comparative, l'art et d'autres domaines culturels. 

Anarchie (Anarchia, de a privatif; archè = principe, commandement). - Absence d'autorité ou d'organisation.

Anarchisme (de Anarchie). - Doctrine morale et politique, affirmant l'équivalence absolue de tous les êtres raisonnables, opposant la fraternité à la force, avant comme but l'indépendance complète à l'égard de toute espèce d'organisation et prenant comme programme d'action la destruction de toute
inégalité et de toute contrainte.

Anatomie. - Branche de la biologie qui étudie la constitution des organismes en en distinguant les diverses parties. (Anatomie artistique, A. descriptive, A. pathologique).

Âne de Buridan. - Expression qui tire son origine d'une parabole philosophique liée au philosophe  Jean Buridan (qui, en fait, se référait à un chiern plutôt qu'à un âne). Cette parabole est souvent utilisée pour illustrer le dilemme du choix et la notion de libre arbitre. L'histoire de l'Âne de Buridan met en scène un âne affamé placé exactement au milieu de deux bottes de foin également appétissantes et équidistantes l'une de l'autre. L'âne ne peut choisir laquelle des deux bottes de foin il va manger, car elles semblent identiques et sont également attirantes. Incapable de prendre une décision, l'âne finit par mourir de faim sans avoir fait de choix.

Anéantissement (de Anéantir de à et néant) : passage de l'être au non-être. Se dit par opposition au simple changement. S'oppose à Création. 

Angiologie. - Etude anatomique des vaisseaux.

Angle. - a) figure géométrique formée de deux lignes ou de deux surface qui se coupent. - b) espace située entre ces deux lignes ou ces deux surfaces. On mesure un angle en radians (rad) ou en degrés (°). 

Angoisse. - Concept associée à des états émotionnels et psychologiques de peur, d'appréhension et d'anxiété. Mais Søren Kierkegaard, un des premiers à avoir étudié l'angoisse dans une perspective philosophique, a souligné que l'angoisse est une expérience inhérente à l'existence humaine et découle de la liberté et de la responsabilité de faire des choix dans un monde incertain et souvent absurde.  Kierkegaard distingue aussi une anxiété de l'infini et l'anxiété du fini. La première découle de l'immensité des possibilités et du pouvoir infini de choix, tandis que la seconde est liée à la prise de conscience de nos limites et de notre finitude. Les existentialistes après lui continueront de considérer l'angoisse comme une réaction à la liberté et à la responsabilité de créer sa propre essence et sa propre réalité. Faire des choix authentiques et assumer la responsabilité de ces choix peut engendrer de l'angoisse car ils façonnent notre existence. Albert Camus a lié l'angoisse à l'absurdité de la vie humaine. L'absurdité, explique-t-il, émerge du contraste entre le désir naturel de l'humain de chercher un sens à la vie et l'apparente indifférence de l'univers à fournir un sens. Cette prise de conscience de l'absurdité peut engendrer de l'angoisse. Martin Heidegger a, quant à lui, abordé l'angoisse existentielle en relation avec la temporalité et la conscience de notre propre mortalité. L'angoisse surgit lorsque nous reconnaissons la finitude de notre existence et l'incertitude du futur.

Animaux (droits des). - Notion selon laquelle les animaux ont des droits moraux qui devraient être reconnus et protégés de manière similaire aux droits des êtres humains (droit à la vie, à la liberté, à ne pas subir de cruauté ou de traitements inhumains, etc.). Le mouvement pour les droits des animaux cherche à remettre en question les pratiques qui exploitent ou maltraitent les animaux, que ce soit dans le domaine de l'élevage industriel, de la recherche scientifique, du divertissement, etc.

Animisme (de Anima = âme) : a) conception du vivant dans laquelle l'âme est le principe vital,  le premier principe de vie dans l'humain. C'est, à proprement parler, la doctrine de ceux qui ont regardé l'âme comme principe tout à la fois de la vie sensible et de la pensée, sans cesser de la tenir pour spirituelle et immortelle. Cet animisme est celui d'Aristote et de la plupart des spiritualistes modernes (Stahl). - b) désignation des religions qui croient à la présence d'âmes ou d'esprits habitant tous les êtres de la nature.

Anneau. - Structure algébrique qui élargit la notion de groupe en munissant un ensemble cette fois de deux lois de composition. Soit E (†, *) l'ensemble E muni des lois de composition interne  † et *(cela peut-être, par exemple, l'addition + et la multiplication x), E (†, *) est un anneau si et seulement si : 

1° la première opération (†) dote l'ensemble E d'une structure de groupe abélien. 

2° la loi de composition * est associative; 

3° la loi de composition * est distributive sur la loi de composition †.

On parle d'anneau unitaire s'il existe dans E un élément neutre pour la loi *. Cet élément est appelé unité de l'anneau.
Annexionnisme ou Annexionisme. - Théorie politique en vertu de laquelle on prétend réunir les petits États aux plus grands, leurs voisins, sous prétexte d'affinité de langage, d'intérêts, etc.

Annihilation (Annihilation, de annihilatum, supin de annihilare; ad = vers; nihil = rien) : retour au néant.

Anomalie (Anomolia = inégalité, irrégularité, de a privatif et de omalos = égal, régulier) : indique un écart du type ordinaire d'un phénomène, d'un organe on d'une fonction.

Anomie. - Concept sociologique et philosophique qui fait référence à un état de désintégration ou de déstructuration des normes sociales, des valeurs et des repères dans une société donnée. Il s'agit d'une condition où les règles et les attentes habituelles qui régissent le comportement des individus semblent affaiblies ou absentes. Ce concept a été développé par Émile Durkheim au XIXe siècle, qui  a initialement utilisé le terme d'anomie pour décrire une situation sociale où les règles et les valeurs de la société sont affaiblies ou rompues, souvent en période de changement social rapide ou de crises.

Anselme (argument de saint). - On nomme argument de saint Anselme la prétendue preuve de l'existence de Dieu fondée sur ce que l'être le plus grand que nous puissions concevoir existe nécessairement et dans la pensée et dans la réalité; car s'il n'existait que dans la pensée, il y aurait contradiction à dire qu'il est l'être le plus grand que nous puissions concevoir. C'est l'argument ontologique retrouvé par Descartes, perfectionné par Leibniz, discuté et rejeté par Kant.

Antagonisme (Antagônisma = lutte, de anti = contre; agônizomai = lutter) : ce mot indique, en anatomie, l'opposition des muscles qui, en se contractant successivement, produisent des mouvements inverses. Par analogie, on appelle antagonisme l'opposition d'idées et de motifs qui poussent à des déterminations contraires.

Antécédent (de Ante-cedere = marcher devant) : a) Tout phénomènequi en précède un autre. Ce mot s'oppose à Conséquent. L'antécédent et le conséquent sont les deux termes d'un rapport logique ou métaphysique; ils sont entre eux comme le principe et la conclusion ou la cause et l'effet. Les positivistes préfèrent le mot d'antécédent à celui de cause, parce qu'il n'exprime que l'antériorité et qu'ils assimilent les causes à de simples conditions. - b) Antécédent d'un jugement hypothétique : la proposition qui énonce la condition. Conséquent : celle qui énonce le conditionné. - c) antécédents : ensemble de faits, individuels ou héréditaires, qui expliquent certaines conduites. 

Antériorité (de Anterior, de ante = avant) : on distingue l'antériorité : a) logique, qui est une priorité de nature (ex. : la cause est logiquement antérieure à l'effet); - b) chronologique, qui est une priorité de temps.

Anthropique (principe). - Principe énoncé en 1974 par le physicien Brandon Carter, et selon lequel les lois de la physqiue doivent s'ajuster (par le biais des constantes fondamentales notamment) pour être compatibles avec la présence des humains dans l'univers.

Anthropocentrisme. - Perspective ou une attitude qui place les êtres humains au centre de l'univers ou qui considère les intérêts humains comme étant d'une importance supérieure par rapport aux autres formes de vie et à l'environnement. C'est une vision du monde qui interprète et évalue tout en fonction de son impact sur les êtres humains, en reléguant souvent les autres espèces et la nature à un rôle subordonné.

Anthropologie (de Anthrôpos = homme; logos = discours) : a) Au sens philosophique, ce mot indique la science de la nature humaine ; elle comprend la psychologie et y ajoute une étude spéciale du corps humain (par ex. l'anthropologie de Maine de Biran). - b) Les philosophes allemands, surtout depuis Kant, ont donné ce nom à toute science qui intéresse l'humain l'âme ou le corps, l'individu ou l'espèce, la conscience ou l'histoire. De cette manière la psychologie est comprise dans l'anthropologie. Kant, en particulier, assigne à l'anthropologie un triple objet : c'est la connaissance 1°) de l'humain et de ses facultés; 2°) de l'humain en vue de diriger la conduite de la vie d'après les principes de la métaphysique des moeurs; 3°) de l'homme en vue d'accroître son habileté. - c) Au sens des naturalistes, c'est l'histoire naturelle de l'espèce humaine (anthropologie physique). - d) au sens des sciences sociales, c'est l'étude des institutions, des techniques des valeurs de des sociétés humaine (anthropologie sociale, culturelle); est parfois pris comme synonyme d'ethnologie.

Anthropomorphisme (de Anthrôpos = homme; morphè = forme) : a) Tendance qui porte à prêter à aux êtres, aux choses des réactions  humaines. - b) Opinion de ceux qui attribuaient à Dieu une forme humaine ou du moins des passions et des sentiments humains.

Anticipation (Anticipatio, de anticipatum, supin de anticipare = ante-capere= prendre d'avance) : a) d'après les Stoïciens, c'est la pensée du général en tant qu'elle surgit spontanément de la perception du particulier. - b) D'après Epicure, l'anticipation (prolepsis) est une sorte de généralisation de l'expérience sensible qui sert à prévoir les choses, les faits, et d'anticiper ainsi sur l'expérience.  Les anticipations épicuriennes cependant ne sont pas innées, mais le fruit d'expériences antérieures qui ont été organisées. - c) D'après Kant, les anticipations de l'expérience ou de la perception sont des jugements a priori qui sont applicables à toute l'expérience future; par exemple :  « Dans tous les phénomènes, le réel a une grandeur intensive, c'est-à-dire un degré ». - d) En général, anticiper sur l'expérience, c'est se représenter a priori ce qui sera ensuite connu a posteriori ainsi l'hypothèse est une anticipation de l'expérience.

Antilogie (Antilogia = contradiction ; de anti = contre; logos = discours, parole) : les Sceptiques prétendent qu'à chaque jugement on peut opposer un jugement contradictoire d'égale valeur (égale valeur des raisons pour et contre). Cela remet en question la possibilité de parvenir à des conclusions définitives ou à une certitude absolue dans la connaissance.

Antinomie (Antinomia, de anti = contre et nomos = loi)-: a) en général, c'est une contradiction entre deux lois ou principes, quand on les applique à un cass particulier. - b) Dans la philosophie de Kant, une antinomie est une contradiction inévitable dans laquelle tombenotre raison, toutes les fois que nous voulons savoir quelque chose de l'absolu. C'est ainsi que la raison pure soutiendrait avec une égale probabilité que le monde a commencé dans temps et qu'il a des limites dans l'espace (thèse), ou qu'il n'a ni commencement dans la durée ni limites dans l'espace (an tithèse); qu'il est composé de parties simples et qu'il n'y pas de divisibilité indéfinie (thèse), ou qu'il n'existe absolument rien de simple dans le monde (antithèse); qu'il y a une première cause libre (thèse), ou que tout est soumis au déterminisme (antithèse); qu'il y a un être nécessaire (thèse), ou qu'il n'y a que des êtres contingents. Telles sont les quatre antinomies de la raison pure. Kant en signale une cinquième dans la raison son pratique ou la morale : d'une part l'harmonie de la vertu et du bonheur nous paraît nécessaire (thèse), et, d'autre part, cette harmonie est impossible en ce monde (antithèse).

Antipathie (Antipathia, de anti = contre et pathos = passion). -  Aversion instinctive ou acquise qui nous éloigne des personnes ou des choses. L'antipathie est la disposition opposée à la sympathie et, comme elle, peut naître naturellement ou dériver de nos idées acquises et de notre volonté consciente. Locke explique la plupart de nos sympathies et de nos antipathies par l'association des idées.

Antisymétrie. - Propriété d'une relation binaire R sur un ensemble E. Elle signifie que si un élément a est en relation avec un élément b (aRb) et que a n'est pas égal à b (a ≠ b), alors l'élément b ne peut pas être en relation avec a (bRa). En d'autres termes, si aRb et a ≠ b, alors il ne peut pas être vrai que bRa. Un exemple courant de relation antisymétrique est la relation "plus petit ou égal" (≤) sur les nombres réels.

Antithèse (de anti = contre et thésis = position) : opposition de sens entre deux termes on deux propositions dont l'affirmative est appelée thèse, et la négative, antithèse. On nomme synthèse la proposition dans laquelle se résout leur opposition, quand la conciliation est possible. - Antithèses a) dans les antinomies kantiennes; - b) dans la philosophie allemande (et plus spécialement chez Hegel) : l'antithèse marque le second mouvement de l'esprit qui, après avoir affirmé (thèse), puis nié (antithèse), concilie, compose l'affirmation et la négation (synthèse).

Antitypie (Antitypia = résistance, de anti = contre; racine typ = idée de frapper) : mot employé par Leibniz pour signifier que naturellement deux corps ne peuvent occuper simultanément la même portion de l'espace. (Attributum per quod materia est in spatio). Cette impossibilité provient de la résistance que chaque corps oppose. Il en concluait contre Descartes que l'étendue étant inerte ne suffit pas à expliquer l'essence des corps.

Aoristie (du grec aoristia, indétermination), terme de philosophie ancienne, d'ailleurs rarement employé, et qui s'applique soit à l'état de l'intellect dans lequel on ne peut rien affirmer ou nier d'une manière positive, soit aux notions vagues et indécises qui en résultent. Ainsi l'aoristie est le principe du scepticisme. H. Estienne cite un passage de saint Denys l'Aréopagite où ce mot est employé comme synonyme de mal. (B-E.).

Apagogie (Apagôgè = action d'amener) : on nomme raisonnement apagagique soit : a) la réduction d'un problème à un autre, d'après Aristote; b) la démonstration par la réduction à l'absurde; c) le raisonnement qui consiste à prouver une proposition par la réfutation de toutes les autres alternatives : c'est le modus tollenda ponens du syllogisme disjonctif.

A pari. - Semblablement; par la même raison. Cette expre ssion latine signifie que l'on conclut d'un cas donné à un cas semblable. Reste à savoir ensuite si cette induction est juste.

A parte ante, A parte post : locutions scolastiques qui signifient par avant. par après (ex. : l'éternité est sans fin et dans le passé (a parte ante) et dans l'avenir (a parte post), tandis que le temps est sans fin seulement a parte post.

A parte rei : locution scolastique signifiant qu'une considération est prise de la nature de la chose et non de la nature de l'esprit qui la connaît.

Apathie (Apathia, de a privatif ; pathos = passion) . a) Aristote (De Anima, L. III, ch. IV, §5) distingue l'indifférence de l'esprit (nous) que rien n'affecte, et l'insensibilité du sens (aisthètikon) qui, par suite d'une excitation excessive d'un sensible, s'émousse et devient incapable d'être affecté par un autre sensible; - b) les Mégariques, les Stoïciens et les Sceptiques entendent par là l'état d'une âme, indifférente, insensible aux mobiles sensibles, même à la douleur qu'elle méprise on ne ressent plus. Dans l'apatheia, le sage n'éprouve aucun sentiment (Cf. Cicéron, Academ. L. Il. ch. XLII, à propos de Pyrrhon); dans l'ataraxie n'en est pas troublé. A l'apathie on peut rapporter l'indolence épicurienne.

Apeiron (= illimité, infini ou indéfini, en grec ancien). - Terme introduit par Anaximandre pour désigner l'élément d'où tout provient et vers lequel tout retourne. C'est une substance indéfinie, indéterminée et inaltérée qui engendre toutes choses. L'Apeiron est caractérisé par son absence de limites, d'où son nom. Il n'a pas de frontières, de forme spécifique ou de qualités déterminées.

Aperception, Apperception (de Apercevoir, de à et percevoir) : a) créateur du mot, Leibniz, entend par là une perception consciente, distincte, réfléchie.  b) Kant distingue une aperception : 1°) empirique, qui résulte dans la conscience empirique de l'union de toutes nos représentations; 2°) pure c'est l'acte fondamental par lequel la pensée rattache au « je pense » toutes les représentations de la conscience empirique pour les ramener à l'unité du sujet pensant; mais cette aperception s'arrête au phénomène de la pensée sans pouvoir atteindre notre être en soi, le noumène qu'on exprime par ces mots « Je suis ».  Il y a ainsi chez une grande différence avec la doctrines de Leibniz pour qui l'aperception nous informe des perceptions qui nous représentent le monde extérieur; suivant Kant, l'aperception, en nous instruisant de nos pensées, de nos jugements, nous montre seulement des phénomènes qui ne représentent en rien les réalités, mais, qui sont de pures formes de l'entendement; si l'entendement était autrement conformé, il verrait peut-être les choses d'une autre manière. - c) Victor Cousin appelle aperception pure la vue spontanée des choses, qu'il oppose à la connaissance réfléchie. (M.).

Aphorisme (aph pour apo, marquant séparation, et orizô = je borne). Sentence renfermant un grand sens en peu de mots. On dit les aphorismes d'Hippocrate, par exemple « L'art est long, la vie est courte». Le mot d'Héraclite :  « On ne passe pas deux fois le même fleuve » est un aphorisme. Bacon aime a formuler sa pensée par aphorismes « L'antiquité des temps est la jeunesse du monde », etc.

Apocatastase, c.-à-d. rétablissement, mot que les philosophes grecs employaient, avec Antipéristase, pour désigner le mouvement général de la nature et l'action des forces qui y entretiennent la régularité, l'harmonie et l'unité. Dans les Actes des Apôtres (III, 21 ), Apocatastase signifie le retour à la perfection primitive ou l'accomplissement final des promesses de Dieu. Au XVIIIe siècle, on appela discussions apocastastiques les querelles soulevées par Petersen, qui soutenait qu'après un laps quelconque de temps il y aurait apocatastatse, c.-à-d. que les choses reviendraient au point où elles se trouvaient avant l'introduction du péché dans le monde.

Apodictique (Apodicticus, de Apo-deitikos, de apodeisis = démonstration) : a) pour Aristote, c'est une proposition démontrée : ou les propositions apodictiques servent de principes à la démonstration (axiomes), ou elles en sont le résultat, et, dans l'un et l'autre cas, ils expriment des vérités-nécessaires. b) Kant utilise ce mot pour désigner  les jugementsdont la vérité ne peut être contredite et est nécessaire. Il distingue, au point de vue de la moralité, les jugements apodictiques, des jugements assertoriques, qui affirment ou nient simplement le réel, et des jugements problématiques qui n'affirment que le possible. Les propositions apodictiques sont celles « qui sont liées à la conscience de leur nécessité » ; elles ont une valeur nécessaire, absolue, qu'on ne peut contredire. c) les logiciens ont aussi appliqué le mot apodictique à l'évidence ou à la certitude démonstrative, en la distinguant de l'évidence de fait qui s'attache aux vérités contingentes. Mais ces distinctions, qui sont réelles, n'atteignent pas le caractère de la certitude ni celui de l'évidence, qui est toujours la même, quel que soit l'ordre de vérités que l'on considère. (B-D.).

Apollonienne (mathématiques). - On appelle quelquefois l'hyperbole et la parabole du second degré hyperbole apollonienne, parabole apollonienne quand il y a lieu de les distinguer des courbes des degrés supérieurs que l'on appelle aussi hyperboles et paraboles.

Apophantique. - Terme qui désigne pour Aristote les énoncés dont il peut être dit s'ils sont vrais ou faux. L'affirmation d'un fait peut ainsi être qualifiée d'énoncé apophantique, alors que l'expression d'un souhait, par exemple, n'est pas un énoncé apophantique.

Aporétique (du grec aporein, hésiter, douter), nom donné à la doctrine sceptique de Pyrrhon et à quiconque en faisait profession.

« Cette philosophie, dit Diogène Laërce (Vies des philosophes, art. Pyrrhon), est appelée  aporétique, parce que ceux qui en font profession hésitent à se ranger parmi les dogmatiques. »
A quoi il ajoute encore expressément que les disciples de Pyrrhon, appelés Pyrrhoniens du nom de leur maître, 
« étaient aussi nommés, eu égard au principe qu'ils suivaient, aporétiques, sceptiques, éphectiques (c.-à-d. qui retient son jugement) et rechercheurs. » 
Aporie. - c'est d'abord une figure de rhétorique, synonyme de dubitation. C'est ensuite une mise en parallèle de deux affirmations oppposées et également argumentées, mais dont on ne sait dire laquelle on doit prendre pour vraie. Les Eléates, Socrate, Platon ont illustré cette manière d'argumenter.

A posteriori (sous-entendu parte, de posterus = qui est après, de Post) : désigne les connaissances qui proviennent de l'expérience ou en dépendant.  A posteriori marque, que l'on  remonte des effets aux causes, des faits aux lois, etc. S'oppose à A priori. 

Apothème (géométrie). - On appelle apothème d'un polygone régulier la perpendiculaire abaissée du centre sur l'un des côtés; c'est, si l'on veut, le rayon du cercle inscrit.

Apparence. - Ce mot s'emploie quelquefois comme synonyme de phénomène, qui signifie ce qui apparaît. Si l'être en soi nous échappe, nous ne connaissons que ses apparences, que la surface ou superficie des choses dont le fond reste caché, voilé qu'il est par ces apparences mêmes Kant en conclut que nous n'atteignons jamais que les phénomènes et que les noumènes sont inaccessibles.

Platon enseigne dans l'allégorie de la caverne que la connaissance sensible n'est qu'une apparence la réalité appartient non aux objets perçus par les sens, mais aux idées conçues par l'esprit.

Appellation, appellatif. - En philosophie, l'appellation se réfère à l'action de nommer ou d'attribuer un nom à quelque chose. L'appellation peut influencer notre compréhension et notre interprétation de ce qui est nommé. Le terme d'appellatif pour sa part se rapporte à un type de nom ou de terme qui représente une catégorie générale ou une classe d'êtres ou d'objets. Dans l'analyse du langage, on distingue souvent entre les noms propres (qui identifient spécifiquement quelque chose) et les noms communs (ou appellatifs) qui font référence à des catégories générales. 

Appétit (Appetitus, de appetitum, supin de appetere = ad-petere = tendre vers) : inclination ayant pour objet un besoin soit organique, soit intellectuel, soit moral à satisfaire. - Aristote et les scolastiques réunissent sous ce nom et sans les confondre la volonté et le mouvement passionnel. La première est dite apppétit raisonnable ou supérieur ; le second, appétit sensible. Ces deux appétits répondent à la connaissance sensible et à connaissance intellectuelle, qui les précèdent. L'appétit sensible se divise ensuite en irascible et en concupiscible. - On entend aussi sous le nom d'appétit naturel (appetitus naturalis, conatus, intentio) toute tendance naturelle des êtres créés. Toutes nos facultés tendent de cette manière à agir, chacune selon la nature. - Dans la philosophie écossaise, les appétits sont des inclinations naturelles qui se rapportent au corps et ont pour caractère de renaître périodiquement après avoir été satisfaites. 

Appétition : - Principe du changement dans la monade leibnizienne, tendance de toute monade, même inférieure, à l'action, sorte de volonté germe. A l'appétition Leibniz joignait la représentation la perception (V. aperception).  Les changements naturels de la monade viennent nécessairement d'un principe interne,

« puisqu'une cause externe ne saurait influer dans son intérieur [...] L'action du principe interne, qui fait le changement ou le passage d'une perception à une autre, peut être appelée appétition. » (Monadologie., 11, 15).
Il est aussi question de l'appétition comme d'un des attributs primordiaux de la substance chez certains précurseurs de Leibniz (ex. Glisson), mais c'est dans un sens différent . (H. M.).

Application (Applicatio, de applicatum, supin de applicare = ad-plicare = approcher, attacher) :  a) en philosophie, c'est une forme de l'attention ou un mode de l'expérience selon Bacon. - b) en mathématiques, c'est une correspondance, notée f, qui fait correspondre à chaque élément x appartenant à un ensemble E (appelé ensemble de départ, source, domaine) au plus un élément y appartenant à un ensemble F (appelé ensemble d'arrivée, but, image). L'application f de E vers F pourra s'écrire  f :  E → F. Notes : 1° on peut avoir des applications d'un ensemble sur lui-même (E=F); 2° à un élément de l'ensemble d'arrivée peuvent être liés plusieurs éléments de l'ensemble de départ. 2° Lorsqu'une application agit sur des nombres elle prend le nom de fonction.

Appréciation (de Apprécier, de appretiare = évaluer, de ad = à l'égard de, et pretium = prix) : jugement sur la valeur d'une chose ou d'uneidée, c'est-à-dire leur degré de perfection relativement à une fin donnée. - Les sciences dites normatives étudient les jugements appréciatifs.

Appréhension (Apprehensio, de apprehensum, supin de apprehendere = ad-prehendere =  saisir) : a) d'après les Scolastiques, Port-Royal, c'est la première et la plus simple des opérations de l'esprit; la première idée qu'on prend d'une chose, idée qu'on prend avant le jugement et qui lui sert d'élément. Cependant le mot d'appréhension marque plutôt l'action de prendre une idée que l'idée elle-même. - b) Signifie, chez les Pyschologues anglais, la connaissance de l'individuel. c) de façon générale, ce mot ou ses équivalents (Représentation) désignent, avec quelques nuances dans le sens, suivant qu'il s'agit d'une notion absolument simple, ou d'une notion complexe, le fait de penser à une chose, sans réunir cette pensée à une autre par une affirmation, ni la faire entrer dans un jugement. Il n'y a pas de différence appréciable entre la simple appréhension ainsi entendue et ce que des logiciens plus modernes désignent plus volontiers sous le nom de conception, comme la première des opérations de l'esprit. Il y a aussi du rapport entre la simple appréhension des anciens logiciens, et l'élément de la connaissance que Kant appelle begriff, mot que ses traducteurs ont rendu par concept. (B-e.).

A priori (sous-entendu parte; de prior = premier, de pro = devant) : a) Sens philosophique : ce qui est indépendant de l'expérience, c'est-à-dire que l'expérience ne suffit pas à expliquer. Un raisonnement a priori s''appuie seulement sur les principes absolus de la raison, sur la cause, l'essence, l'idée, etc. Ce mot indique une antériorité logique. - b) Sens scientifique : les chercheurs appellent a priori toute connaissance antérieure à telle expérience spéciale; pour Claude Bernard, l'hypothèse est une idée a priori.

Apriorique : qui est a priori. Se dit par opposition à empirique ou du moins à expérimental.

Apriorisme. - 1) Emploi des notions a priori. - 2) Approche philosophique qui soutient que certaines connaissances sont innées ou existent indépendamment de l'expérience sensorielle. Ces connaissances sont considérées comme comme immuables, universelles et valables en tout temps et en tout lieu. Elles sont valables pour tout esprit rationnel. Ainsi, selon l'apriorisme, certaines vérités fondamentales et universelles sont présentes dans l'esprit humain dès la naissance, sans dépendre de l'expérience. Ces connaissances sont considérées comme incontestables et nécessaires. L'apriorisme privilégie dès lors la raison et la déduction logique comme moyen de parvenir à la connaissance. Il affirme que la vérité peut être établie par le raisonnement déductif à partir de principes évidents. Les philosophes rationalistes, tels que René Descartes, Gottfried Wilhelm Leibniz et Emmanuel Kant, ont souvent adopté de telles positions aprioriques. Kant en particulier a distingué entre le phénoménal (ce que nous percevons) et le nouménal (le monde en soi) et a argumenté que certaines structures aprioriques de l'esprit, telles que le temps et l'espace, influencent la façon dont nous percevons le monde. Les philosophes empiristes ont contesté l'idée que des connaissances fondamentales puissent être totalement indépendantes de l'expérience sensorielle.

Approximation (mathématiques). -  Calcul de valeurs proches de la valeur exacte. On parle d'approximation par défaut quand la valeur calculée est inférrieure à la valeur exacte et d'approximation par excès quand elle lui est supérieure. L'information sur l'erreur subie est fournie par l'erreur absolue et relative.

Arbitraire (Arbitrarius, de arbiter qui juge à l'amiable) : a) sens favorable : ce qui dépend du libre arbitre, d'une décision individuelle ; - b) sens péjoratif : ce qui ne dépend que du caprice et du bon plaisir (ex. :  pouvoir arbitraire). Le pouvoir absolu conduit facilement à l'arbitraire et à la tyrannie; cependant il n'implique pas l'idée d'arbitraire, mais celle de pouvoir sans limite ni contrôle.

Arbitre (Libre-). - Le libre arbitre ou liberté morale est le pouvoir de se déterminer sans contrainte extérieure, sans autre cause que la volonté même. On disait aussi franc arbitre et, dans le sens opposé de déterminisme, prédestination, fatalisme, serf arbitre.

« Un homme qui n'a pas l'esprit gâté, a dit Bossuet, n'a pas besoin qu'on lui prouve son franc arbitre, car il le sent. »
Arbitre (Serf) (de Servus = esclave) : expression de Luther, qui prétend que la volonté est comme nécessitée par la grâce et que, sans son aide, elle est condamnée au mal.

Arbre. - En topologie, c'est un graphe fini connexe et sans cycles. Un graphe connexe simple qui a n noeuds est un arbre avec n-1 arrêtes. 

Arbre de Porphyre. - Tableau dressé par Porphyre, pour expliquer la coordination des genres et des espèces. Il prend pour base ou pour tige la substance, qui se divise en corporelle et spirituelle. La substance corporelle ou le corps est organique ou inorganique. Le corps organique ou vivant est sensible ou insensible. Le corps sensible ou l'animal est raisonnable ou non raisonnable. L'animal raisonnable ou l'humain comprend tous les individus humains : Paul, Virginie, etc.

Arc. - Portion d'une courbe définie comme une partie continue de cette courbe, et  qui en relie deux points spécifiques .

Archée (du grec archè, puissance ou principe), nom que Paracelse donne à l'esprit vital qui, selon lui, préside à la nutrition et à la conservation des êtres vivants. Il en fait, non pas un être spirituel, mais un corps astral, émané de la substance des astres, et le place dans l'estomac. Van Helmont appelle Archée le principe actif dans les corps; ce principe ne préside pas seulement aux fonctions de la vie, il donne aux corps et à chaque organe la forme qui leur est propre; il y a autant d'archées que d'organes. Stahl a modifié à son tour la doctrine de Van Helmont, en attribuant à l'âme le rôle des archées. (Animisme).

Archéologie. - Branche de l'histoire qui étudie les documents non-écrits (monuments, ustensiles, etc.)

Archétype( (Archetypus, de archetypos, de archè = principe; typos = forme). -  a) Type suprême, idéal des choses (par exemple les Idées, selon Platon). - b) Chez les Scolastiques : idées de toutes choses telles qu'elles existent dans la pensée divine, qui en est la cause exemplaire. - c) On trouve un sens analogue chez : Berkeley, Dialogue d'Hylas et de Philonoüs,; dans le sensualisme de Locke (Essais, L. II, ch. XXXI), l'archétype est une idée toute subjective. d) Chez Jung, les archétypes sont des images symboliques innées et universelles présentes dans l'inconscient collectif. Il  a identifié des archétypes tels que l'ombre, l'anima et l'animus, le héros, etc. Ces archétypes jouent, selon lui, un rôle crucial dans la compréhension des dynamiques psychologiques et de la croissance personnelle.

Architectonique (Architectonicus = relatif à l'architecture) : a) Aristote nomme science architectonique par rapport à une autre, celle qui se subordonne les fins de la seconde; par exemple, la politique par rapport à la stratégique. Ã‰thique à Nicomaque, L. I, ch. I, § 4. L. VI, ch. VIII, § 2. - b) Leibniz emploie ce mot adjectivement dans le sens d'organisateur, d'inventeur. Il l'emploie aussi pour caractériser les lois de l'univers qui découlent du principe de raison et, par suite, dépendent de la volonté du Créateur; par exemple, les principes de la conservation de la force, de continuité, de la moindre action. Essai apagogique dans la recherche des causes. - c)  Kant l'emploie substantivement pour désigner « l'art des systèmes », c'est-à-dire cette partie de la logique qui fait la théorie de ce qu'il y a de scientifique dans la connaissance générale. Critique de la raison pure : Méthodologie, ch. III.

Arétologie (de aretè = vertu; logos = discours). - Science de la vertu et de la moralité. D'après Kant, elle n'a rien de commun avec l'eudémonologie ou science du bonheur.

Argument (Argumentum, de arguere = éclaircir. argos = blanc, clair) : a) en général : raisonnement qui vise à prouver une proposition déterminée ou à la réfuter. - L'argument est l'expression verbale du raisonnement. - C'est un assemblage de propositions qui forment ou semblent former un raisonnement et fournir une preuve. On fait cette restriction, parce qu'il y a des arguments captieux (Sophisme), aussi bien que des arguments solides et vraiment démonstratifs. Les arguments les plus usités sont le syllogisme et ses dérivés (prosyllogisme, enthymème, épichérème, dilemme, sorite, etc.). (Argumentation). La rhétorique les emprunte à la logique classique, et y ajoute l'induction, l'analogie, l'exemple, et l'argument personnel ou ad hominem, qui consiste à mettre une personne en contradiction avec elle-même, dans ses paroles ou dans ses actions. 

Argument circulaire  : argument illusoire qui, tournant comme dans un cercle, revient à son point de départ et arrive à conclure l'hypothèse qui servait de majeure. - Arguments dialectiques : ce sont, dans le langage de la philosophie de Kant, les arguments purement probables, qui ne reposent que sur des faits contingents, par opposition aux arguments apodictiques, qui reposent sur des vérités nécessaires et produisent la certitude. - En rhétorique on évoque des arguments tels que l'argument ad hominem  (valable seulement contre celui que l'on combat); ad ignorantiam (où l'on profite de l'ignorance de l'adversaire pour le réduire au silence); ad judicium(où l'on en appelle au sens commun); Ad populum (qui exploite les passions et préjugés populaires); ad verecundiam (où l'on se réfère à une autorité respectée), etc - On entend aussi par argument le sommaire d'un chapitre, d'un discours, etc., c'est-à-dire la suite et l'enchaînement des idées principales. - b) en mathématiques, l'argument est l'angle entre un vecteur et l'axe d'origine, il se mesure dans le sens trigonométrique (inverse du sens des aiguilles d'une montre). (B-E.).

Argument du menteur (logique). - Ce sophisme, qui vient de Zénon d'Elée, a été conservé par Cicéron (Académiques) sous la forme suivante :

Si tu dis que tu mens et si tu dis vrai, tu mens; mais tu dis que tu mens et tu dis vrai, tu mens donc. Mais si tu mens, tu ne dis donc pas vrai; il n'est donc pas vrai que tu mentes.
Cet énoncé peut sembler vrai à première vue, mais si nous le considérons de plus près, nous pouvons voir qu'il crée une contradiction. Si la phrase "Je mens" est vraie, cela signifie que je suis en train de mentir, donc la phrase est fausse. D'un autre côté, si la phrase "Je mens" est fausse, cela signifie que je ne mens pas, donc la phrase est vraie.

L'Antiquité avait mis ce sophisme sous le nom d'Epiménide le Crétois. Quelques mots suffisent pour le résoudre. La conséquence naturelle de l'argumentation serait qu'une même proposition peut être à la fois vraie et fausse; conséquence absurde en soi, mais qui peut être ici regardée comme vraie, en ce sens que la proposition je mens, employée isolément, est absolument dépourvue de sens. 

Quant à l'usage qu'on devait faire d'un pareil argument, dit Renouvier, nous croyons qu'il consistait montrer les difficultés attachées à certaines relations dans une école qui les niait toutes, et à soulever d'inextricables querelles sur la nature de la vérité et du mensonge.
Argumentation (Argumentatio, de argumentatum, supin de argumentare = raisonner) : a) Suite d'arguments visant à établir une même conclusion. - b) C'est l'art d'enchaîner les arguments. - L'argumentation est l'emploi des moyens de preuve qu'on appelle arguments et qui sont nécessaires pour soutenir une opinion. Elle diffère du raisonnement en ce que celui-ci peut être naturel, tandis qu'elle est toujours artificielle et qu'elle suppose une thèse à soutenir entre deux adversaires. Elle peut conduire au sophisme, en prêtant à l'esprit le secours de formules vides qui troublent l'intelligence au lieu de l'éclairer; mais elle devient très utile, quand elle aide à bien définir et à préciser le langage et par conséquent la pensée elle-même. L'argumentation peut, à la rigueur, se prêter à un système d'exposition et de démonstration non contradictoire : cependant, en général, elle suppose une discussion entre plusieurs adversaires. L'usage, dans un certain nombre d'épreuves universitaires, est de faire argumenter les candidats, soit entre eux, soit contre les juges qui leur présentent des objections. L'épreuve elle-même prend alors le nom d'argumentation. (R.).

Argumentum baculinum (de Baculus = bâton) : a) Procédé qui consiste à frapper la terre du bâton pour prouver la réalité du monde extérieur. - b) On l'entend aussi de l'argument qui consiste à frapper les gens pour les convaincre;  (par ex. : frapper un sceptique pour le convaincre de l'existence des autres : Sganarelle bat le pyrrhonien Marphurius pour réfuter son scepticisme.  Molière, Le mariage forcé, scène VIII).

Aristocratie (Aristokrateia, de aristos = le meilleur; kratos = puissance) : a) Forme de gouvernement où le pouvoir est entre les mains de ceux qui sont considérés comme les meilleurs pour l'exercer. - b) La classe sociale qui exerce cette forme de gouvernement. - c) Par extension, une classe qui est considérée comme supérieure, sous un rapport ou sous un autre, à la masse des citoyens.

Aristotéliciens ou Péripatéticiens, c.-à-d. Promeneurs, disciples d'Aristote, ainsi nommés parce qu'ils se réunissaient pour entendre leur maître dans les salles ou promenoirs (peripatoi) du Lycée. Les principaux péripatéticiens sont : Théophraste, Straton, Lycon, Hiéronyme de Rhodes, Ariston de Céos, Critolaüs, Diodore de Tyr, Andronicus de Rhodes, Démétrius de Phalère, Nicolas de Damas, Ammonius d'Alexandrie, Alexandre d'Aphrodisie, Alexandre d'Eges, Simplicius, Mamert Claudien, Boèce, Cassiodore. Au Moyen âge, le Péripatétisme fit le fond de la philosophie scolastique; il domina sans partage jusqu'au XVIe siècle, mais depuis cette époque, il fut sans cesse battu en brèche, notamment par Ramus, Patrizzi, Bacon, Descartes, et par une foule d'autres philosophes.

Aristotélisme (de Aristote) ou Péripatétisme. -  Ensemble des doctrines d'Aristote (384-322 av. J.-C.) et  tradition de pensée issue de cette philosophie. L'aristotélisme repose sur une vision holistique de la réalité et cherche à comprendre le monde à travers une combinaison de raisonnement logique et d'observation empirique.  L'aristotélisme a eu une influence durable sur la philosophie, la science et la théologie occidentales. Pendant des siècles, les oeuvres d'Aristote ont été étudiées et commentées, en particulier pendant la période médiévale où elles ont été intégrées dans la philosophie scolastique. 

Aristote croyait en une réalité objective et en une hiérarchie naturelle qui guidait le fonctionnement de l'univers. Dans sa métaphysique, il a développé la notion d'acte et de puissance, selon laquelle toutes les choses sont en devenir et ont le potentiel de devenir ce qu'elles sont destinées à être. Il a également formulé une distinction entre la matière et la forme, affirmant que chaque substance est composée d'une matière spécifique qui est organisée et structurée par une forme essentielle. Aristote a, par ailleurs, développé sa célèbre éthique de la vertu, qui met l'accent sur la l'effort porté sur les qualités morales et les vertus pour atteindre le bonheur et le bien-être. Il a également élaboré une théorie de la politique dans laquelle il soutient que l'humain est un être politique par nature et que le bien commun doit être poursuivi par la communauté. En logique, Aristote est connu pour ses travaux sur le syllogisme, une forme de raisonnement déductif qui utilise des prémisses pour arriver à une conclusion.

Arithmétique. - Branche des mathématiques consacrée à l'étude des nombres et des opérations entre les nombres. L'arithmétique élémentaire comprend les opérations de base telles que l'addition (combinaison de nombres pour obtenir une somme), la soustraction (soustraire un nombre d'un autre), la multiplication (combinaison répétée d'un nombre pour obtenir un produit) et la division (répartition équitable d'un nombre en groupes égaux). En plus des opérations de base, l'arithmétique traite également des concepts tels que les nombres entiers, les nombres décimaux, les fractions, les nombres négatifs, les nombres premiers et les nombres rationnels et irrationnels. Elle traite également de sujets tels que la factorisation, les multiples et les diviseurs, les nombres premiers et composés, et les propriétés des opérations mathématiques. L'arithmétique fournit une base essentielle pour d'autres branches des mathématiques, telles que l'algèbre, la géométrie, la trigonométrie et le calcul. 

Arnstein (échelle d') = échelle de participation citoyenne d'Arnstein. - Modèle conceptuel élaboré par la planificatrice américaine Sherry R. Arnstein dans les années 1960 pour évaluer le degré de participation citoyenne dans les processus de prise de décision. L'échelle d'Arnstein est divisée en huit niveaux, représentant différents degrés de participation : 1) Les individus ou groupes sont utilisés pour légitimer des décisions déjà prises par d'autres. 2)  Les individus ou groupes sont informés, mais la décision finale reste entre les mains des experts. 3) Les individus ou groupes reçoivent des informations sur les décisions déjà prises par d'autres, mais ils n'ont pas d'influence réelle sur ces décisions. 4) Les individus ou groupes sont consultés pour obtenir des commentaires ou des avis, mais leur influence réelle sur la décision est limitée. 5) Les individus ou groupes ont un rôle consultatif plus actif, mais la décision finale reste entre les mains des décideurs. 6) Les individus ou groupes collaborent avec les décideurs dès le début du processus, mais ces derniers conservent la responsabilité de la décision finale.7) Les individus ou groupes sont pleinement impliqués dans le processus de prise de décision et partagent le pouvoir de décider avec les autorités. 8) les individus ou groupes ont un contrôle complet sur le processus de prise de décision.

Arrhepsie (Arrepsia = équilibre) : les Pyrroniens qualifiaient ainsi l'état de l'esprit hésitant entre l'affirmation et la négation.

Ars combinatoria  ( = art des combinaisons, en latin)". - Concept philosophique et mathématique souvent associée à la philosophie et aux travaux de Leibniz et qui traite de la théorie des combinaisons, des permutations et des arrangements, ainsi que de l'analyse de structures complexes à partir d'éléments plus simples. Leibniz a cherché à créer sous cette appellation un langage universel basé sur la combinaison de concepts simples permettant de représenter toutes les connaissances humaines. Il a conçu des notations et des combinaisons de symboles qui pourraient décrire toutes les idées possibles, similaires à un langage mathématique formel.

Art (Ars, de arô = adapter, disposer) : a) Sens général : ensemble de règles et de procédés visant à produire un résultat déterminé. En ce sens, l'art s'oppose : 1°) à la science. qui est une connaissance déintéressée, indépendante des applications; - 2°) à la nature, en tant qu'elle produit sans réflexion. - b) art, au sens esthétique : toute expression sensible de la beauté par un être intelligent. 

Articulus (histoire des mathématiques). - Mot qui, dans la géométrie du Pseudo-Boèce, désigne tous les nombres entiers multiples de 10, par opposition aux digiti, nombres de 1 à 9. Les autres nombres étaient dits composés, les articuli et les digitiétant considérés comme incomposés. Cette nomenclature a subsisté pendant tout le Moyen âge. (T.).

Ascétisme (Askètès = celui qui s'exerce; de askeô = s'occuper, s'exercer) : l'ascétisme, en général, est un genre de vie austère, qui a pour but de soumettre la sensibilité à la raison.  Il y a un ascétisme des Stoïciens, des Hindous, des chrétiens, etc.  - Les Stoïciens recommandent l'ascétisme : Abstine. - L'ascète chrétien se mortifie non seulement pour arriver à la maîtrise de soi-même, mais
encore pour expier et réparer ses fautes et celles des autres. Les positivistes s'élèvent contre cette conception.

Aséité (Aseitas, latin scolastique, de a se esse = être de soi) : perfection d'un être qui a en soi-même la raison de sa propre existence (a se) et qui partant est nécessaire (V. perséité). - Les Scolastiques l'opposent au mot Abalietas, indiquant un être dont l'existence dépend d'un autre comme cause efficiente (ab alio esse). 

Assentiment (de Assentir, de assentire = ad-sentire = approuver) : approbation que l'esprit donne à une proposition. C'est un acte d'intelligence, tandis que le consentement est un acte de volonté. - L'adhésion ou assentiment de l'esprit se trouve, à des degrés divers, dans l'opinion et dans la certitude. - Les Stoïciens appelaient assentiment l'activité de l'âme qui rapporte la représentation sensible à un objet .

Assertion (Assertio, de assertum, supin de asserere = ad-serere = attribuer, assigner) : ce terme n'est pas synonyme d'affirmation, car il peut s'appliquer à l'énoncé d'un jugement négatif.

Assertoriques (jugements), nom que donne Kant aux jugements dont l'affirmation ou la négation est considérée comme réelle ou porte sur un objet réel (Réalité), mais dont l'existence n'est ni démontréeni nécessaire. Le jugement est alors une simple assertion (du latin asserere). Kant oppose ces jugements aux jugements démonstratifs ou apodictiques, et aux jugements problématiques, qui affirment ou nient quelque chose comme simplement possible. Ainsi le jugement assertorique tient le milieu entre le jugement apodictique et le jugement problématique; il forme avec eux une catégorie, la catégorie de modalité. (B-D.).

Assimilation (Assimilatio, de assimilatum, supin de assimilare = imiter, feindre, rendre semblable = ad-similare, ad-simulare, de similis = pareil); a) Transformation qui va du différent au semblable. S'oppose à Différenciation. - b) Théorie scolastique de la connaissance :  cette connaissance se fait par cela même que le sujet connaissant s'assimile, c'est-à-dire se rend semblable à l'objet connu, qui agit sur lui. - c) Certains psychologues, comme James Sully, appellent assimilation l'acte réflexif, par lequel l'esprit reconnaît une ressemblance entre des choses numériquement différentes.

Association (de Associer, de associare = ad-sociare = réunir) : a) Sens psychologique : 1°) Propriété que les phénomènes psychiques ont de s'attirer entre eux. - 2°) Groupe qui résulte de cette propriété. - b) Sens sociologique : état de vie sociale en tant qu'il est reconnu par ceux qui y adhèrent.

Association des idées. - Liaison naturelle que les idées ont entre elles, qui fait que l'une ramène les autres. Cette association est purement sensible, ou bien intellectuelle et logique. - Suivant les philosophes anglais, trois lois régissent les associations d'idées : celle de contiguïté (dans l'espace et dans le temps), celle de ressemblance et celle de contraste.

Associationisme  (de Association). -  L'école de l'association ou associationiste explique tout le mécanisme intellectuel de l'humain par l'association des idées : c'est une sorte d'atomisme psychologique ou d'attraction universelle appliquée à l'esprit. Les principes premiers sont regardés comme des associations inséparables, nées de l'habitude et transmises par l'hérédité.

Ce mode d'explication date de David Hume et a surtout été employé par divers philosophes anglais : J. Stuart Mill, J. Sully, Al. Bain.

Associativité, associatif (de Associatum, supin de associare = ad-sociare = réunir) . -  On appelle ainsi, en mathématiques, la propriété de laisser le résultat d'une opération inchangé, même si le regroupement de ses éléments est modifié. Ainsi l'opération notée * sera dite associative si pour tous les éléments a, b et c d'une ensemble donné on a : (a * b) * c = a * (b * c). C'est le cas, par exemple, des opérations d'addition et de multiplication, qui sont associatives pour tous les éléments des ensembles de nombres naturels, entiers ou rationnels.

Assomption (Assumptio, de assumptum, supin de assumere = ad-sumere = assumer, prendre en sus, ajouter) : se dit de toute proposition, admise comme vraie, qu'on prend pour en démontrer une autre.

Astronomie. - Science générale des astres. - L'astrométrie est la branche de l'astronomie qui mesure diverses grandeurs propres aux astres (en premier lieu-: leur position et leur vitesse, leurs dimensions, etc.). L'astrophysique est la branche de l'astronomie qui étudie des astres à l'aide des outils de la physique. - L'astrosismologie est la branche de l'astronomie qui étudie les phénomènes sismiques affectant les  astres. - La planétologie est la branche de l'astronomie qui étudie les planètes. - La mécanique céleste est la branche de l'astronomie qui étudie le mouvement des astres et leurs trajectoires.

Asymptote (mathématiques). - C'est une ligne tangente à une courbe dont le point de contact s'éloigne à l'infini. Une courbe ne peut avoir une asymptote que si elle comporte une ou plusieurs branches infinies, telles que l'hyperbole.

Ataraxie (Ataraxia, de aprivatif et tarassô, taraxô = troubler), tranquillité d'âme qui, d'après Démocrite, Epicure et les Stoïciens, résulte de la modération dans les désirs. Idéal du sage d'après les Stoïciens.

Athéisme. - Doctrine niant l'existence de Dieu ou des dieux. On comprend que l'accusation d'athéisme soit souvent très vague et plutôt une injure qu'une conviction-: Descartes, qui avait donné de nouvelles preuves de l'existence de Dieu, fut accusé d'athéisme. On a souvent qualifié d'athéisme le panthéisme de Spinoza qui fut « un sage enivré de Dieu ».

Certains philosophes nient la personnalité divine et remplacent même le nom de Dieu par ces expressions, l'idéal, le divin : sont-ils des athées?

Il ne faut pas prodiguer cette accusation comme le père Mersenne qui comptait cinquante mille athées à Paris, c'est-à-dire sans doute cinquante mille personnes qui n'avaient pas absolument les mêmes opinions que lui sur la divinité.

Athènes (Ecole d'). - Nom donné aux philosophes néoplatoniciens, qui ont vécu à Athènes à la fin du Ve siècle de notre ère, et au  début du VIe : Plutarque d'Athènes; Syrianus; Proclus; Marinus; Damascius; Simplicius; etc.

Atome (atomos, de a privatif et temnô = couper). Autrefois, l'atome était considéré comme la dernière particule de la matière. Quelques philosophes ont regardé les atomes comme des points simples; mais ils méritent le nom de dynamistes plutôt que celui d'atomistes. La conception scientifique de l'atome s'est développée à partir du début du XIXe siècle avec les travaux de Dalton.

Atomisme, Atomistique (Philosophie) (de Atome, qui vient de atomes) : doctrine d'après laquelle la matière est constituée, en dernière analyse, d'atomes, c'est-à-dire de parties insécables et irréductibles.

C'était le système de Démocrite, d'Épicure et de Lucrèce qui expliquaient toutes choses par le concours des atomes. Selon ce dernier, les atomes tombent éternellement dans le vide infini et peu vent décliner, c'est-à-dire dévier de la ligne verticale pour se rencontrer et former des agrégats qui sont les mondes et les corps : cette faculté de déclinaison est le clinamen.

On disait quelquefois, au XVIIe siècle, philosophie corpusculaire pour désigner l'atomisme. Il avait été remis en faveur par Gassendi, contemporain et adversaire de Descartes.

Atomisme logique. - On nomme ainsi les considérations développées à partir de 1918 par Bertrand Russell, inspirées en partie par les idées de Ludwig Wittgenstein, et selon lesquels ils convient de bâtir les mathématiques à partir du langage fourni par la logique formelle.

Attention (Attentio, de attentum, supin de attendere = ad-tendere = tendre vers) concentration de l'activité intellectuelle sur un ou plusieurs objets, qui sans cela n'occuperaient qu'une partie du champ de la conscience.

Attitude. - Manière dont une personne  se positionne mentalement et émotionnellement par rapport à quelque chose, comment elle oriente sa pensée, ses émotions et son comportement vis-à-vis d'une idée, d'une croyance, d'une personne, d'un groupe social, ou même de la réalité en général. Les attitudes se forment à partir de nos valeurs, nos croyances, nos émotions et nos expériences. Elles peuvent être influencées par l'éducation, la culture, la société, les médias et d'autres facteurs environnementaux. La question est ensuite de savoir dans quelle mesure nous sommes capables de de changer notre attitude vis-à-vis de tel ou tel sujet, et donc de notre réesponsabilité.

Attribut, Attribution (Attributum, Attributio, de attributum, supin de attribuere = ad-tribuere = assigner)-: a) Sens logique : qualité affirmée ou niée d'un sujet. Terme d'une proposition. b) Sens métaphysique : caractère essentiel d'une substance; ce qui est propre à quelqu'un ou quelque chose. L'attribut diffère donc du simple accident, qui n'est pas une propriété et peut convenir ou ne pas convenir à une chose. En grammaire, l'attribut est, avec le verbe, dont il ne se sépare pas, le terme formel de la proposition. En logique, l'attribut est ce qu'on affirme du sujet. Aristote a déterminé les attributs les plus généraux, qui sont les catégories ou prédicaments. - La philosophie théiste a distingué en Dieu,  les attributs métaphysiques (immensité, éternité, etc.) et les attributs moraux (intelligence, bonté, etc.).

Augustinisme. - Ecole philosophique inspirée par Saint Augustin (354-430). L'augustinisme a eu une influence majeure sur la pensée occidentale, en particulier sur la philosophie médiévale et la théologie catholique. Les concepts et les idées développés par Augustin continuent d'être étudiés et discutés  jusqu'à aujourd'hui. Augustin a développé une théorie de l'esprit qui affirme que l'esprit humain est immatériel et distinct du corps. Il a souligné le rôle de l'introspection et de la conscience dans la compréhension de soi. Il est considéré comme l'un des pères de l'Église chrétienne et a profondément influencé la théologie chrétienne. Il a abordé des questions telles que la nature de Dieu, la grâce divine, le péché originel et la prédestination. Augustin a également réfléchi à la nature de la connaissance et a soutenu que la véritable connaissance vient de la révélation divine et de l'illumination intérieure par l'Esprit Saint. Il a développé une éthique centrée sur l'amour de Dieu et du prochain. Il a souligné l'importance de la grâce divine et de la transformation intérieure pour vivre une vie morale. Enfin, Augustin a réfléchi à la nature du temps et à son rapport à l'éternité. Il a également proposé une vision théologique de l'histoire, où il voyait l'histoire comme le déroulement du plan divin de salut.

Austromarxisme. - Courant marxiste apparu en Autriche au début du XXe siècle. Les philosophes qui s'y rattachent se groupés dans un cercle appelé' Zukunft  (= Futur). Les principaux sont Max et Felix Adler, R. Hilferding, Otto Bauer. Ils ont accordé une importance spéciale à la philosophie kantienne et néo-kantienne.

Autarcie. - Etat d'indépendance ou d'autosuffisance complète, où un individu, une communauté ou un État est capable de subvenir à tous ses besoins sans dépendre de ressources ou d'aide extérieure.

Authentique, authenticité. - Concept et idéal philosophique qui concerne l'individualité, l'identité personnelle et la manière dont une personne vit en accord avec ses propres valeurs, croyances et principes, son intégrité. L'authenticité implique d'être vrai envers soi-même , c'est-à-dire d'être fidèle à soi-même, de prendre des décisions et d'agir de manière congruente avec ce que l'on est véritablement, plutôt que d'agir conformément aux attentes ou aux normes externes. Selon Sartre, être authentique signifie prendre la responsabilité totale de ses actions et de ses choix, reconnaissant ainsi la liberté fondamentale de choisir et de donner un sens à sa propre existence. Pour Heidegger, l'authenticité implique de reconnaître sa propre mortalité et d'affronter la réalité de la finitude humaine. Vivre authentiquement signifie être conscient de la temporalité de l'existence et devenir pleinement soi-même dans cette compréhension.

Autogénie ou Autogénèse. - Doctrine dont les théories, proches de celles de la génération spontanée, admettaient la formation d'un élément anatomique dans un milieu liquide, sans préexistence d'aucun autre élément anatomique. L'autogénèse servait, autrefois, pour expliquer l'apparition des ovules, des épithéliums, etc. On a montré que ces éléments proviennent de la segmentation d'éléments préexistants.

Autolâtrie (du grec autos, soi-même, et latreia, culte), culte de soi-même. C'est l'égoïsme à son plus haut degré et la vanité portée à son comble. Celle-ci alors va jusqu'à une adoration de la personne humaine par elle-même, et elle cherche à imposer aux autres cette adoration. C'est la dernière conséquence de l'orgueil. L'ambitieux veut le pouvoir, sans doute pour régner, mais aussi pour recevoir les hommages des autres humains. L'artiste, le poète, le héros, le bienfaiteur de l'humanité lui-même, si leur désir n'est ni pacifié ni réglé, recherchent sans doute l'estime, la gloire, l'amour, la reconnaissance des autres, mais, avant tout cela, des hommages et un culte, et, après les statues, l'autel. A une certaine hauteur, la tête tourne aux plus sages. Dans la Bible, Nabuchodonosor est le type de cette folie, qui finit par transformer l'humain en bête, en lui faisant perdre le sens et la raison. Il est étonnant combien facilement l'humain se prosterne devant l'humain, et combien l'humain croit naïvement à sa propre divinité. Alexandre,César, Auguste, tous les empereurs romains se sont fait adorer, et plusieurs ont cru à leur divinité. La philosophie ancienne avait, dans ses plus purs organes, déjà reconnu cette vérité morale et l'avait enseignée : c'est aussi le sens du Connais-toi toi-même de Socrate. La morale substitue au culte du moi le culte désintéressé du bien et de la vertu. (B-a.).

Automate, Automatisme (Automatos = spontané, qui agit spontanément) : caractère des mouvements ou phénomènes dont, la cause est intérieure à l'être qui les ressent et dont le développement est soumis à des lois fixes. Automate signifie proprement qui se meut soi-même.

L'idée de machine ou de mécanisme, inerte par soi-même, prédomine quelquefois sur l'idée de spontanéité.

L'automatisme des bêtes désigne une théorie cartésienne d'après laquelle les bêtes ne sont que des automates ou des machines incapables non seulement de penser, mais encore d'éprouver du plaisir ou de la douleur.

On a nommé automatisme psychologique une activité qui semble purement machinale, bien qu'un rudiment de conscience puisse s'y joindre.

L'acte automatique s'oppose donc à l'acte délibéré : ce n'est pourtant pas le simple acte réflexe, car il suppose une association de réflexes qui semblent impliquer intelligence sans qu'il y ait toutefois conscience et délibération.

Automorphisme (mathématiques ) : Isomorphisme d'un groupe sur lui-même.

Autonome, Autonomie ( Autonomia = indépendance, de autos = soi-même; nomos = loi, nemô = gouverner) : a) En général : droit de la personne sur elle-même excluant le droit d'une autre personne sur elle. Dans la philosophie de Kant, souveraineté qu'il attribue à la raison en matière de morale. En vertu de cette autonomie, l'humain devient son propre législateur. - b) En Sociologie, l'autonomie est le pouvoir de s'organiser et de s'administrer eux-mêmes dont jouissent, sous certaines conditions, les groupes politiques ou sociaux (par ex. autonomie provinciale. - S'oppose à Hétéronomie, qui comprend les lois de la nature extérieure, les exigences des passions et des besoins.

Autoréférence. - Dans son sens le plus général, désigne une situation où une chose se réfère ou fait référence à elle-même d'une manière directe ou indirecte.  L'autoréférence peut se produire dans le langage lorsqu'un mot, une phrase ou un discours fait référence à lui-même. Cela peut être utilisé dans la création de jeux de mots, de paradoxes linguistiques ou de métaphores autoréférentielles. En philosophie, l'autoréférence est souvent associée à des paradoxes et à des situations paradoxales, où une proposition se réfère à elle-même d'une manière qui peut aboutir à des contradictions ou à des problèmes logiques. Par exemple, le paradoxe du menteur est un exemple classique d'autoréférence dans la logique. En mathématiques, l'autoréférence peut se manifester dans des suites récursives, des ensembles définis de manière récursive ou des fonctions qui font référence à elles-mêmes dans leur propre définition. En informatique, l'autoréférence peut être observée dans des programmes ou des algorithmes qui s'appellent eux-mêmes ou qui manipulent leur propre structure ou code. Dans la théorie des systèmes, l'autoréférence correspond à la capacité d'un système à se réorganiser et à s'adapter à partir de sa propre expérience ou de son propre comportement antérieur. Cela est souvent associé à l'auto-organisation et à l'autorégulation des systèmes.

Autorité (Auctoritas, de auctor, de auctum, supin de augere, augmenter). - La croyance fondée sur le témoignage d'autrui et acceptée passivement, l'état d'esprit qui consiste à jurer sur la parole du maître. 

Pascal oppose la raison à l'autorité : 

dans « les sujets qui tombent sous le sens ou le raisonnement, dit-il, l'autorité est inutile; la raison seule a lieu d'en connaître-».
L'antithèse est bien marquée dans cette phrase qui est de de Bonald : 
« La raison ne peut céder qu'à l'autorité de l'évidence ou à l'évidence de l'autorité. »
L'autorité de la loi morale consiste en ce qu'elle ordonne sans contraindre et oblige sans nécessiter.

Autotélie (Autos = soi-même; telos = fin) : pouvoir de déterminer la fin de ses actions.

Autothétique(Autos = soi-même; tithèmi = je place) : c'est le nom donné par Kant à la science des apparences du monde sensible, la seule à laquelle, d'après lui, l'humain puisse atteindre.

Autre (de Alterum, devenu altre en vieux français) : s'oppose à identique, le même.

Autrui. - Terme utilisé en philosophie pour désigner les autres individus en tant qu'êtres conscients et dotés de subjectivité, distincts de soi-même. 

Avatar. - Dans l'Hindouisme, ce terme désigne les diverses incarnations de Vishnu. Depuis le milieu du XIXe siècle, il est entré dans la langue courante pour désigner une métamorphose, une transformation. De nous jour, l'usage le plus courant de ce mot appartient au domaine de la technologie, où il fait référence à une représentation numérique d'un utilisateur. Par exemple, dans les jeux en ligne, les forums, ou les réseaux sociaux, un avatar peut être une image, un personnage ou une icône que l'utilisateur utilise pour se représenter visuellement. Ce mode de présentation de soi (image, icône), qui est une forme ou un complément du pseudonymat, suscite de nombreuses questions qui intéressent la philosophie. La création d'un avatar en ligne interroge sur la nature de l'identité numérique. Dans quelle mesure l'avatar représente-t-il l'identité réelle de l'utilisateur, et dans quelle mesure peut-il être une extension ou une altération de cette identité (Post-identité)? L'utilisation d'avatars offre aux individus la possibilité de s'exprimer de manière créative et symbolique. Comment cette liberté d'expression se manifeste-t-elle à travers la conception et l'utilisation d'avatars? Peut-elle être considérée comme une extension de la liberté artistique et expressive? L'avatar permet souvent à l'utilisateur de rester anonyme en ligne. Cela soulève des questions sur la responsabilité et l'éthique. Dans quelle mesure l'anonymat devrait-il être protégé, et dans quelle mesure peut-il être utilisé de manière irresponsable? Dans les environnements de réalité virtuelle, les avatars peuvent être perçus comme des extensions de soi dans des mondes numériques. Cela soulève une autre série de questions sur la nature de l'expérience et de la réalité, notamment sur la façon dont l'interaction avec un avatar influence notre compréhension de soi et du monde. Dans certains environnements de réalité virtuelle, la frontière entre le corps réel et l'avatar peut s'estomper. En quoi la perception de soi est-elle alors changée? Comment nous identifions-nous à nos avatars, et que signifie la   la réalité dans ces contextes. Les avatars peuvent aussi être utilisés pour représenter différentes cultures, identités de genre, et formes d'expression. Comment les avatars contribuent-ils à la représentation culturelle en ligne, et dans quelle mesure reflètent-ils ou modifient-ils les normes culturelles? Enfin, qui contrôle la création et la représentation des avatars dans le cyberespace? Comment le pouvoir de contrôler et de manipuler les avatars peut-il influencer les dynamiques sociales et les relations en ligne?

Averroïsme. - Doctrine du philosophe arabe Averroès.  (1126-1198). L'averroïsme s'est développé principalement dans le contexte de la philosophie musulman, bien qu'il ait également eu une influence significative sur la pensée médiévale européenne.  Ses idées ont été largement discutées et débattues, et ont suscité des réactions tant positives que négatives. Certains ont soutenu les idées de l'averroïsme, tandis que d'autres les ont rejetées, en particulier en raison de leurs implications potentiellement controversées pour la foi et la théologie.

L'un des principes centraux de l'averroïsme est la thèse de la double vérité. Selon cette idée, il peut y avoir des vérités différentes et contradictoires dans la philosophie et la religion, et ces vérités peuvent coexister sans conflit. Ainsi, la philosophie et la religion peuvent traiter de questions différentes et utiliser des méthodes différentes pour parvenir à la vérité. Averroès a également développé la notion d'intellect agent qui est considéré comme une entité intellectuelle séparée et universelle qui permet l'accès à la vérité et à la connaissance. Il est considéré comme une partie de l'âme humaine qui est commune à tous les individus. L'averroïsme soutient Ãpar ailleurs le concept de monopsychisme, qui affirme qu'il existe une seule âme intellectuelle universelle qui est partagée par tous les êtres humains. Selon cette vision, les individus ont accès à cette âme intellectuelle commune, ce qui permet une compréhension universelle de la vérité. Enfin, l'averroïsme souligne l'importance de la raison et de la philosophie dans la recherche de la vérité. Il encourage l'examen critique et la réflexion rationnelle sur les questions philosophiques et religieuses, tout en reconnaissant l'importance de la religion pour la vie spirituelle et morale.

Aversion (du latin avertere, écarter, repousser), passion qui se caractérise par les traits suivants. A la suite d'une peine morale ou d'une souffrance physique, le sujet réagissant sur la cause de cette souffrance, la prend en haine (ce qui est le premier degré de la passion), et fait effort pour se soustraire à son influence, en l'écartant, ou, ce qui revient au même, en s'en éloignant. C'est là le second degré de la passion ou l'aversion.

L'aversion est donc à la haine ce que le désir est à l'amour. L'activité, à peu près nulle au point de départ; dans la sensation, se prononce de plus en plus à mesure qu'on passe de la souffrance à la haine et de le haine à l'aversion. A ce dernier stade, sans être devenue libre, elle acquiert souvent une énergie extraordinaire. 

Nous prenons ici le mot aversion dans un sens précis que ne lui donne pas habituellement le langage ordinaire, où il est à peu près synonyme de répugnance, d'antipathie, etc., et désigne plutôt un degré inférieur de la haine; à tort, selon nous, puisqu'en réalité et d'après l'étymologie repousser est plus que haïr, et que la haine, comme l'amour, est susceptible de demeurer à l'état contemplatif, tandis que l'aversion suppose toujours un effort décisif pour se débarrasser de la sensation importune. (B-e.).

Avicénisme. - Doctrine du philosophe et médecin arabe Avicenne (980-1037).  L'avicénisme s'est développé dans le contexte de la philosophie musulmane et a eu une influence significative sur la philosophie et la pensée médiévales, tant dans le monde islamique qu'en Europe. Les idées d'Avicenne ont été étudiées et débattues par de nombreux penseurs, et ont contribué au développement de la philosophie et de la science médiévales. L'avicénisme a également laissé une marque durable sur la tradition de la médecine, en particulier avec son ouvrage médical majeur, le "Canon de la médecine".

L'avicénisme soutient un dualisme entre l'âme et le corps. Selon Avicenne, l'âme humaine est immatérielle et distincte du corps physique. L'âme humaine est composée de différentes couches ou niveaux. 
Le philosophe a aussi développé une théorie de la connaissance qui met l'accent sur la faculté de l'intellect et la capacité humaine à accéder à la vérité par la raison. Il a soutenu que la connaissance rationnelle et philosophique peut mener à la vérité ultime et à la compréhension des réalités métaphysiques. Enfin, l'avicénisme aborde des questions métaphysiques telles que l'existence de Dieu, la nature de l'être et de la réalité. Avicenne a soutenu l'existence d'un Être nécessaire, qu'il identifiait à Dieu, et a élaboré une théorie de la causalité et de l'existence des substances.

Axe. - En géométrie on appelle axe une ligne droite autour de laquelle tourne une figure plane pour produire ou engendrer une surface ou un solide de révolution. C'est ainsi qu'on suppose la sphère engendrée par la révolution d'un cercle autour de l'un de ses diamètres, le cône par la révolution d'un trianglerectangle autour de l'un des côtés de l'angle droit, etc. 

D'une manière plus spéciale et par extension on appelle axe d'un cercle ou d'une sphère une ligne passant par le centre du cercle ou de la sphère et venant se terminer à deux points de la circonférence du cercle ou de la surface de la sphère; axe d'un cône, d'une pyramide... la ligne qui va de leur sommet au centre de leur base; axe d'un cylindre ou d'un prisme, la ligne qui joint les centres de leurs bases

Dans l'ellipse et l'hyperbole, l'axe principal est une ligne qui passe par les deux foyers; l'axe conjugué est perpendiculaire sur le milieu du premier; l'axe de symétrie d'une figure est une ligne autour de laquelle tout est symétrique dans cette figure, c'est-à-dire telle que, si d'un point quelconque de la figure on mène sur l'axe une ligne d'une direction déterminée, et qu'on la prolonge au-delà de l'axe d'une quantité égale à elle-même, l'extrémité de cette ligne prolongée appartiendra à la même figure. Tels sont les diamètres du cercle on de la sphère.

Axiologie. - Branche de la philosophie qui étudie la nature de la valeur et des jugements de valeur. Elle examine les questions relatives aux valeurs, aux critères d'évaluation, à l'éthique, à l'esthétique et aux questions liées à la signification et à la portée des valeurs dans différents domaines de la vie humaine. L'axiologie étudie ainsi la distinction entre les valeurs morales (ce qui est bien ou mal), les valeurs esthétiques (ce qui est beau ou laid) et les valeurs épistémiques (ce qui est vrai ou faux). Elle examine également la manière dont les valeurs sont formées, justifiées, hiérarchisées et appliquées. L'axiologie se penche ainsi sur les fondements métaphysiques, épistémologiques ou culturels des valeurs. Elle s'occupe des différentes théories qui cherchent à expliquer l'origine et la nature des valeurs, qu'elles soient basées sur la raison, l'émotion, la culture, la tradition ou d'autres facteurs. L'axiologie examine également la manière dont les valeurs s'articulent en systèmes de croyances et de principes. Elle s'intéresse à la cohérence et la compatibilité entre les différentes valeurs et les hiérarchies de valeurs qui peuvent exister. L'axiologie s'intéresse aussi aux processus d'évaluation et aux critères utilisés pour émettre des jugements de valeur. Elle examine comment les individus et les sociétés évaluent et attribuent de la valeur aux objets, aux actions, aux personnes et aux idées. Enfin, l'axiologie étudie les domaines spécifiques de l'éthique (la morale) et de l'esthétique (l'art et la beauté). Elle étudie les théories éthiques qui cherchent à déterminer ce qui est moralement juste ou bon, ainsi que les théories esthétiques qui cherchent à comprendre ce qui est artistiquement ou esthétiquement valable.

Axiomatique. - 1) Adjectif utilisé  pour désigner ce qui est relatif aux axiomes ou axiomes fondamentaux d'un système, d'une théorie ou d'une discipline. 2) En tant que discipline particulière, l'axiomatique vise à décrire les principes de base, les postulats ou les axiomes fondamentaux sur lesquels repose un système ou une une théorie. En philosophie, l'axiomatique peut être utilisée pour énoncer les principes fondamentaux d'une éthique, d'une métaphysique ou d'une épistémologie. 

Axiome  (Axiôma = doctrine, proposition, de axioô = juger digne, juste, vrai). - Enoncé ou proposition qui est considéré comme évident, auto-justifié et non nécessitant de preuve. Ces axiomes servent de fondations à partir desquelles d'autres propositions ou théorèmes sont dérivés. -  a) Aristote entendit par ce mot tous les principes universels évidents par eux-mêmes et qui relèvent tous du principe de contradiction. - b) Les Stoïciens, et plus tard Bacon, ont entendu par axiome toute proposition générale, en matière nécessaire ou en matière contingente.  c) Kant appelle axiomes de l'intuition, les principes a priori de l'entendement pur, qui se rapportent à la quantité et qu'il résume dans cette formule : 

« Toutes les intuitions sont des grandeurs extensives. »
Kant range parmi les axiomes les jugements synthétiques a priori. - d) En mathématiques, un axiome est un principe ou un énoncé énoncé accepté sans démonstration. Pour qu'un ensemble d'axiomes soit valide, il est nécessaire qu'ils n'aboutissent pas à des affirmations contradictoires.
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