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La
démocratie
(du grec démos = peuple, et
cratos = force,
autorité, pouvoir) est une forme de gouvernement
dans laquelle le peuple possède et exerce la souveraineté. Le gouvernement
démocratique implique l'égalité civile et politique de tous les citoyens,
et l'absence de tout privilège; c'est le nombre qui y fait loi. La démocratie
est donc essentiellement
républicaine, mais
les monarchies dites parlementaires peuvent
également être authentiquement démocratiques, de même qu'il y a des
républiques dont le caractère démocratique est discutable.
Un gouvernement n'est
pas démocratique parce que le peuple entier, consulté à cet effet, aura
remis l'autorité entre les mains d'un seul individu ou de plusieurs; il
a de cette façon une origine démocratique; mais la délégation ayant
été définitive, la forme politique qui en résulte ne peut être qu'une
monarchie plus ou moins tempérée, ou une oligarchie.
Le gouvernement démocratique,
au dire de ses partisans, est le plus rationnel et le plus parfait des
gouvernements; il laisse à l'individu la plus grande somme de liberté,
puisque cette liberté n'a d'autres limites que les droits égaux des autres
citoyens, et que les lois votées par le
peuple ne peuvent, ni devenir un instrument d'oppression, ni sanctionner
aucuns privilèges au profit d'une famille, d'une caste ou d'une personne.
Mobile et flexible par son essence, il permet de mettre en pratique toutes
les améliorations reconnues nécessaires, et cela sans secousses, sans
révolutions, puisque les pouvoirs publics n'ont d'autre force, d'autres
moyens d'action que ceux qu'ils tirent du peuple même, et que rien ne
saurait résister à la volonté de la majorité.
La démocratie
athénienne.
Succédant à des
périodes pendant lesquelles ont prévalu des systèmes monarchiques,
oligarchiques
et tyranniques, la démocratie s'est constituée
par étapes dans les colonies d'Asie Mineure
et à Athènes, d'abord, où elle a pris
son plus grand développement et a servi de modèle au système politique
de la plupart des autres Cités grecques. C'est à l'époque de Périclès
et sous son impulsion qu'Athènes s'est dotée des institutions politiques
démocratiques les plus achevées. L'autorité fut mise alors entre les
mains du peuple souverain, c'est-Ã -dire de l'ensemble des citoyens. Si
nous laissons de côté les esclaves dont il sera question plus loin, il
ne suffisait pas d'habiter l'Attique
pour être citoyen.
Les étrangers ou
métèques ne jouissaient pas des droits politiques; ils payaient les impôts
et 12 drachmes par an de taxe spéciale; ils servaient à l'armée, sauf
dans la cavalerie; mais ils ne pouvaient être propriétaires fonciers:
c'est pourquoi la plupart se livraient au commerce et à l'industrie. Ils
devaient prendre parmi les citoyens un patron ou répondant.
N'avaient pas non
plus de droits politiques les affranchis,
ni les enfants naturels. On assimilait à ces derniers ceux dont le père
ou la mère était de naissance étrangère.
On n'obtenait le
droit
de cité qu'avec des difficultés très grandes. Il était interdit
de créer Athénien quinconque ne l'avait point mérité par des services
exceptionnels rendus à l'Etat. Le décret du peuple
conférant le titre de citoyen était. gravé sur une stèle de pierre
et déposé à l'Acropole.
-
Les citoyens
d'Athènes
Les citoyens sont
l'ensemble des personnes nées de parents athéniens, âgées de plus de
21 ans, inscrites sur les listes de dèmes et jouissant de tous les droits
civils et politiques. Les citoyens ne sont pas très nonmbreux; au Ve siècle
ils sont 120.000 sur 600.000 habitants; leur nombre ne fit que décroître;
à la fin du IVe siècle, il n'y en avait guère plus de 80.000. Cela s'explique
non seulement par la diminution du nombre des naissances dans les familles
athéniennes, mais encore par ce fait que l'on pouvait fort bien perdre
le titre de citoyen d'une manière définitive et même héréditairement
alors que le droit de cité était rarement conféré.
Les inégalités
sociales entre les citoyens sont moins grandes à Athènes que dans le
reste des villes grecques; ce sont d'ailleurs uniquement des différences
de fortune et s'il y a quelques citoyens très riches à Athènes, on peut
dire qu'il n'y en a pas de très pauvres, les Grecs étant très sobres
et la vie fort bon marché. Dans la suite des temps l'inégalité de fortune
s'accroîtra mais sans jamais amener de luttes sociales vraiment vives
entre les citoyens athéniens; les luttes politiques suffisaient à les
occuper. |
Dans chaque dème,
on révisait les listes civiques : les citoyens rayés pouvaient en appeler
aux tribunaux. Une des peines que les tribunaux prodiguaient le plus était
la privation des droits civiques ou « atimie » (indignité). Elle était
définitive ou temporaire selon le délit.
Il advint de toutes
ces restrictions de naissance, de condition ou d'accident que le nombre
des citoyens tomba à un chiffre dérisoire au regard de la population
totale. On comptait à Athènes environ 20.000
citoyens sur 500.000 habitants. Renan voit à juste titre dans ce fait
une des causes de la chute de la république ancienne.
Tous les citoyens
se réunissaient à l'Assemblée du peuple. Ils tiraient au sort le conseil
chargé de préparer les lois et les tribunaux judiciaires. Les poètes
comiques, et surtout Aristophane, n'ont pas
tari de verve pour railler ses délibérations :
« Au milieu
du tumulte, des cris, des applaudissements et des sifflets, tout en mangeant
et en buvant, au point que les archers chargés de la police sont obligés
d'emporter parfois les plus tapageurs, les Athéniens écoutent les orateurs,
prêts à suivre celui qui saura le mieux les prendre par l'endroit sensible.
» (Couat).
Mais le gouvernement
direct se heurtait à un gros écueil, la fréquence des assemblées. Elles
se multiplièrent tellement que le devoir du citoyen devint une lourde
charge. Ajoutons que, le plus souvent, il n'avait ni compétence, ni préparation
suffisante pour délibérer en connaissance de cause. L'éducation pour
ainsi dire technique du citoyen, qui est à faire presque de toutes pièces
aujourd'hui, n'était même pas en question à cette époque. Dans de telles
conditions, l'esprit de parti tenait lieu de conviction et les délibérations
prenaient une allure ou confuse ou mécanique qu'exploitait à merveille
l'à -propos des habiles. Il en résulta que les Athéniens se blasèrent
assez vite sur la pratique de leurs devoirs civiques à l'Assemblée. Aussi,
dès le IVe siècle, fut-on obligé de
les attirer par mille moyens variés; il fallut même un beau jour les
payer.
Avant Périclès,
les membres du Conseil touchaient seuls 1 drachme par jour d'indemnité.
Périclès étendit cette indemnité aux fonctions de juge. L'autorité
du peuple débordait ci, effet dans le prétoire. Tout citoyen pouvait
rendre la justice;
il suffisait d'avoir trente ans; nulle condition de naissance ni d'instruction
n'était requise. Le sort décidait dans chaque tribu; il y avait ainsi
environ 6000 juges, 10 tribunaux présidés par les archontes.
Le principal tribunal
était celui des héliastes, il comptait 500 membres parfois plus, jusqu'Ã
2000! C'était vraiment trop. On juge des abus, dans une cité dominée
par les partis politiques.
Périclès les accrût
encore par une mesure qui le montre vraiment trop enclin à courtiser la
faveur populaire. Mais la pente du peuple athénien était de décider
de tout par soi-même; le faible de Périclès était d'y céder. Chaque
juge recevait 1 obole par séance; la porte était ouverte aux surenchères.
Après Périclès, le démagogue Cléon en accorda
trois.
Aristophane,
dans les Guêpes ,
a mis en scène un citoyen atteint de la manie de juger :
La maladie
de mon maître, c'est la philhéliasthie. Juger est sa passion, et il gémit
s'il ne siège pas sur le premier banc... L'habitude qu'il a de tenir les
suffrages (petits cailloux qui servaient à voter) fait qu'il se réveille
en serrant ses trois doigtscomme celui qui offre de l'encens aux dieux
à la nouvelle lune [...] Aussitôt après souper, il demande à grands
cris ses chaussures, il court au tribunal avant le jour et s'endort, collé
comme nue huître à la colonne [...]. Dans la crainte de manquer de cailloux
pour les suffrages, il a chez lui tout un banc de gravier pour pouvoir
voter...
Le Conseil des Cinq-Cents,
fondé par Clisthène, préparait les projets
de loi. Les membres étaient élus pour un
an et par le sort. Leurs séances étaient publiques et précédées d'une
invocation religieuse. Ils formaient 10 collèges de chacun 50 prytanes,
chargés de veiller, à tour de rôle, à l'entretien du feu sacré dans
le Prytanée ou sanctuaire, où les étrangers de marque et les citoyens
célèbres par leurs grandes actions étaient reçus et traités aux frais
de l'État. C'était un prytane qui présidait le
Conseil et l'Assemblée; il ne gardait ses fonctions qu'un jour.
Tous les autres magistrats,
stratèges, receveurs d'impôts, officiers de police, etc., étaient choisis
également au sort et pour un an. Les sorts étaient des fèves blanches
ou noires et les adversaires de la démocratie s'égayaient fort de ces
magistrats auxquels un petit légume avait subitement donné lumières
et compétences.
Du moins ils étaient
responsables et devaient des comptes à leur sortie de charge.
Tout émanait donc
du peuple et tout y revenait. Il n'y avait point de parlementaires interposés.
L'amour ombrageux de la liberté faisait répugner aux intermédiaires.
Euripide,
dans sa tragédie les Suppliantes, a exalté ainsi le gouvernement
libre :
« La tyrannie
est le pire fléau des États. Ett d'abord, ce n'est plus alors la loi
qui règne sur tous les citoyens; le tyran en dispose à son gré; il est
seul maître; l'égalité n'existe plus. Au contraire, sous l'empire de
la loi, le pauvre et le riche ont des droits égaux; il est permis au plus
humble de répondre au passant qui l'insulte et le petit l'emporte sur
le grand, s'il a pour lui la justice. Un peuple est libre quand on demande
aux citoyens Qui a quelque chose à dire pour le bien de la République
? »
Tableau grandiose, mais
tableau de rêve, quand on le compare à la réalité de la République
Athénienne. Elle était condamnée, par les causes que nous énoncions
plus haut à propos des assemblées, à rester une mineure et à subir
indistinctement la tutelle des hommes les plus habiles et des intrigants,
trop heureuse quand elle tombait aux mains d'un Périclès
qui fut: comme la suprême raison dégagée de toutes ces raisons frustes,
à demi-éclairées et éparses!
Le Moyen âge
et temps modernes.
Il n'y a pas eu
en Europe ,
au Moyen âge ,
et il y a à peine dans les Temps modernes, de gouvernement qu'on puisse
qualifier de démocratie, en tout cas de démocratie au sens où l'on entendait
ce mot dans la Grèce ancienne .
Aussi les écrivains ont-ils donné au mot un sens plus large et plus vague,
désignant l'ensemble des aspirations populaires; on parle d'art démocratique,
de littérature démocratique; on étudie les rapports de la morale
et de la démocratie ; lorsqu'on parle de la démocratie en France
ou en Europe, au Moyen âge, on veut simplement s'occuper des classes populaires,
de leur place dans la société. Surtout on considère beaucoup plus l'état
social que l'état politique, et on qualifie de démocratique une organisation
qui donne l'égalité de droits à tous les citoyens, sans chercher Ã
réaliser le gouvernement du peuple par lui-même; en résumé, on appelle
démocratie non plus un organisme politique, mais un état social.
Nous ne traiterons ici que du point de vue exclusivement
politique.
La société européenne
du Moyen âge
est issue de Ia combinaison des populations de l'ancien empire romain
avec les populations du Nord, Germains ou Slaves principalement. Le gouvernement
et la société de l'Empire seront décrits à ce mot; quant au monde barbare,
nous y trouvons plusieurs exemples de démocraties rurales qui sont un
des types rudimentaires de l'Etat, c.-Ã -d. les
communautés où les hommes libres assemblés délibèrent sur les intérêts
communs, s'administrant et se gouvernant eux-mêmes, sans fonctionnaires
ni magistrats ou du moins avec un minimum d'agents.
Nous constaterons
seulement ici que la société germanique telle que la montre
Tacite
n'est pas une démocratie; l'égalité sociale n'y existe pas; il y a plusieurs
classes et, sans parler des esclaves et des lites, une noblesse et souvent
un roi superposés au peuple; la classe privilégiée a une composition
ou wergeld plus considérable; cependant le noble n'a aucune prérogative
politique; à défaut d'égalité sociale, les Germains ont l'égalité
politique et leurs assemblées du peuple ont un caractère démocratique;
on y délibère sur les intérêts généraux, la paix ou la guerre, les
principales affaires judiciaires les assemblées populaires de canton et
de commune ont un rôle analogue; mais toujours le chef les dirige. Cette
organisation rudimentaire laisse beaucoup de place à la liberté, mais
est fort éloignée d'une véritable démocratie.
Le type le plus persistant
des démocraties rurales dont nous venons de parler a été fourni par
les Frisons. Aujourd'hui encore la tradition
égalitaire, n'admettant nulle différence de dignité entre le salarié
et le capitaliste, le riche et le pauvre, est plus développé dans les
pays scandinaves, spécialement en Norvège ,
que nulle part ailleurs, exception faite, peut-être, pour les Etats-Unis .
Le Moyen âge où
le besoin de protection l'emportait sur le besoin d'autonomie, où tout
individu était embrigadé, n'a pas connu de démocratie. Le mouvement
communal eut pour but et pour résultat de faire à la bourgeoisie urbaine
une place dans la société
féodale. Dans
un certain nombre de communautés urbaines, il se fit une évolution démocratique
comparable à celles des républiques grecques, par exemple à Florence;
mais nulle part la démocratie ne put prévaloir définitivement au milieu
de nations organisées sur un autre principe. Il y a en effet une différence
complète entre les sociétés antiques et les nôtres; les Grecs
étaient d'abord citoyens, les hommes du Moyen âge
sont d'abord membre de la communauté chrétienne; issue de l'unité romaine,
cette société est dominée par l'Empire et l'Eglise.
On trouve à peu près les mêmes classes sociales répandues dans toute
l'Europe .
Même les unités politiques sont plus compréhensives, très vastes.
On ne peut comparer
la cité antique à la nation moderne; celle-ci est infiniment plus vaste,
comprend des population beaucoup plus nombreuses; les solutions d'autrefois
ne sont plus applicables; la patrie, l'Etat étaient concrets alors; aujourd'hui
ce sont des abstractions; nulle relation personnelle entre la généralité
des citoyens. Le système représentatif
est devenu une nécessité, et il est difficile de le concilier avec la
démocratie proprement dite, c'est-à -dire la démocratie directe.
La politique joue dans la vie des citoyens
contemporains un rôle bien moindre que dans celle des citoyens anciens.
Même après l'établissement général de l'égalité sociale, n'est qu'une
première étape de l'évolution démocratique. De nos jours, les démocraties
sont des démocraties représentatives. La question restant de savoir ce
que représentent réellement ceux qui ont la charge de cette représentation.
Il y a de nombreuses manières de concevoir le «-peuple
», la « volonté générale », voire
l'« opinion » , etc.
Comme exemples extrêmes,
on pourrait citer les démocraties populaires, qui se sont établies pendant
plusieurs décennies au XXe siècle en
Europe de l'Est, et aujourd'hui encore en Chine ,
ou, cette forme de « démocratie » si particulière qu'est la République
islamique d'Iran .
Ce sont des exemples de régimes où l'on vote, où l'on élit des représentants,
mais où la réalité du pouvoir est très différente de celle qui prévaut
dans les démocraties pluralistes. En Iran, qui est plutôt d'une théocratie,
le pouvoir réel reste entre les mains du clergé; dans les démocraties
populaires, il est entre les mains des dirigeants du parti unique (parti
communiste). Dans les démocraties pluralistes, même si de nos jours elles
sont celles où les libertés publiques sont le mieux assurées, de nombreux
facteurs interviennent, qui peuvent conduire ici aussi à questionner la
réalité de la représentativité des élus, et inciter à considérer
la démocratie, en même temps que l'égalité des droits qu'elle suppose,
davantage comme un idéal que comme un fait acquis. (A.-M.
B.).
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Jean-Marie
Cotteret, Les
avatars de la volonté générale, Michalon, 2011. - Où
peut-on sentir, cerner et discerner l'idée même de volonté générale,
quand celle-ci semble se situer, en ses derniers avatars, quelque part
entre le Parlement, les micros-trottoirs, la télé et Internet? Des groupes
aux intérêts singuliers, voire un citoyen seul, peuvent aujourd'hui faire
plier la volonté générale du plus grand nombre, et renverser ainsi les
bases de notre République. Contester la volonté générale, à l'origine
du système représentatif, c'est rejeter le fonctionnement même de la
démocratie. L'auteur, poursuivant une longue réflexion sur ce sujet fondateur
de notre État de
droit, retrace l'histoire philosophique
de la volonté générale, analyse ses dangereuses métamorphoses à l'ère
"multimédiatique", et propose une refonte totale du Parlement.
Paul
Brousse, Le
suffrage universel et le problème de la souveraineté du peuple,
Le Flibustier, 2010. - Le Suffrage universel et le
problème de la souveraineté du peuple, publié par Paul Brousse en 1874,
propose une critique radicale de la démocratie représentative en dénonçant
la réduction de la souveraineté populaire au droit de vote accordé Ã
tous. On prétend, nous dit-il, que puisque le peuple a le droit de voter,
il est souverain. Certes, il ne gouverne pas lui-même, mais il désigne
par les urnes ceux qui le représenteront et accompliront sa volonté.
Mais qu'est-ce que "la volonté du peuple", demande Paul Brousse? Que recouvre
ce mot sur lequel se hissent les gouvernements? Un peuple est toujours
constitué de volontés individuelles, et celle que dégage le suffrage
n'est jamais, au mieux, que la volonté d'une majorité ponctuelle. Aussi
la représentation électorale du peuple, fondement de nos démocraties,
est-elle une illusion. Mais cette illusion, poursuit-il, est en outre un
piège pour le peuple. Car si le principe du suffrage contraint certes
la minorité dirigeante à composer avec les électeurs, il forme aussi
pour elle un garde-fou efficace qui la prévient des révolutions. C'est
d'ailleurs pour cela que Paul Brousse condamne a priori tout effort de
se constituer en parti d'opposition. L'opposition parlementaire, même
sincère, nourrit inéluctablement le parti au pouvoir. Elle l'avertit
des risques de soulèvements et offre au mécontentement populaire un exutoire
inoffensif. Si l'on souhaite réellement que le peuple se gouverne, alors
laissons-le agir. Laissons les individus s'organiser seuls, en associations,
en corps de métiers, et ne leur imposons pas une démocratie creuse où
leur souveraineté se résume simplement à déposer un bulletin de vote.
Cette remise en cause de la représentation populaire par les urnes, on
le voit, est plus que jamais d'actualité. Car depuis plus d'un siècle
et demi que le suffrage universel a été instauré en France, il ne semble
pas que le peuple soit tellement représenté. (couv.).
Albert
Ogien, Pourquoi
désobéir en démocratie? Editions La Découverte, 2010. -
Les
raisons de se révolter ne manquent pas. Mais on ne se révolte pas n'importe
comment : en démocratie, s'engager dans un combat contre l'injustice,
l'inégalité ou la domination est un geste qui doit s'exprimer sous une
forme d'action politique acceptable. Parmi ces formes se trouve la désobéissance
civile, héritière de la célèbre « révolte solitaire » du philosophe
et écrivain américain Henry David Thoreau :
elle consiste, pour le citoyen, à refuser, de façon non-violente, collective
et publique, de remplir une obligation légale ou réglementaire parce
qu'il la juge indigne ou illégitime, et parce qu'il ne s'y reconnaît
pas. Cette forme d'action est souvent considérée avec méfiance : pour
certains, elle ne serait que la réaction sans lendemain d'une conscience
froissée puisqu'elle n'est pas articulée à un projet de changement politique;
pour d'autres, à l'inverse, elle mettrait la démocratie en danger en
rendant légitime un type d'action dont l'objet pourrait être d'en finir
avec l'Etat de droit. Ce livre original, écrit par un sociologue et une
philosophe, analyse le sens politique de la désobéissance, en l'articulant
à une analyse approfondie des actes de désobéissance civile qui prolifèrent
dans la France d'aujourd'hui, à l'école, à l'hôpital, à l'université,
dans des entreprises, etc. Il montre comment ces actes s'ancrent avant
tout dans un refus de la logique du résultat et de la performance qui
s'impose aujourd'hui comme un mode de gouvernement. A la dépossession
qui le menace, dépossession de son métier, de sa langue, de sa voix,
le citoyen ne peut alors répondre que par la désobéissance, dont le
sens politique doit être pensé. (couv.).
Collectif,La
démocratie d'apparence, François-Xavier de Guibert, 2009.
- "La démocratie d'apparence" ou comment
faire participer utilement les individus à la vie politique
: ce petit livre rassemble les Actes du colloque sur " La participation
individuelle à la vie politique " du 19 avril 2007, au Palais
du Luxembourg. Grande utopie moderne à l'usage
des foules, la démocratie ne va généralement pas plus loin qu'une incantation
politico-médiatique dont se prévalent des gouvernants et les "décideurs".
D'un point de vue concret, elle n'est le plus souvent qu'une démocratie
d'apparence aux mains d'oligarchies partisanes
et de groupes de pressions puissants et organisés.
Pourtant,
au-delà des représentations imaginaires, se pose la question bien réelle
et tout à fait actuelle, essentielle pour l'avenir de nos sociétés,
de la participation effective des individus à la vie politique. Cette
participation est difficile à organiser, mais, dans certaines conditions,
elle peut, et doit, être mise en oeuvre utilement. Les auteurs examinent,
loin de tout esprit partisan, les mécanismes qui permettraient au citoyen
de participer réellement à la gestion de la vie publique pour devenir
un acteur véritable de la politique et non plus un simple sujet / enjeu
du marketing politique.
Une
des conclusions de ce colloque était précisément de constater que le
vote blanc et l'abstention sont, le plus souvent, les seules possibilités
laissées à l'électeur pour échapper au piège de " l'apparence " et
de l'instrumentalisation. (couv.).
Myriam
Revault D'allonnes, Pourquoi
nous n'aimons pas la démocratie, Seuil, 2010.
Luciano
Canfora, La
démocratie, histoire d'une idéologie, Seuil, 2006. - Voici
un livre qui ne manquera pas de soulever des controverses. La Grèce,
dit-on, a inventé la démocratie. Lieu commun, répond Luciano Canfora,
et qui ignore totalement le fait qu'aucun auteur athénien ne célèbre
la démocratie... Dès lors, le lecteur est guidé dans un parcours de
l'histoire européenne qui, de l'Antiquité
à l'ère des révolutions, de la Troisième
République à la révolution russe,
de l'ère du fascisme à la chute du mur
de Berlin, ne cesse d'interroger la démocratie, ses masques et ses
dérives : le suffrage universel est-il aussi démocratique qu'on le croit?
Qui détient vraiment le pouvoir dans les démocraties? Enfin, à l'ère
des médias, n'est-il pas temps d'inventer une nouvelle forme de démocratie?
(couv.).
Jacqueline
de Romilly, Actualité
de la démocratie athénienne, Marabout, 2007.
9782501054119
B.
Dewiel, Démocratie,
une histoire des idées, Presses de l'université de Laval,
2005.
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