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Le mysticisme

Le caractère le plus général du mysticisme est la prétention de s'élever jusqu'à Dieu, et de le voir en quelque sorte face à face, sans le secours de la raison. Les causes qui lui donnent naissance sont nombreuses; de là différentes sortes de mysticisme; mais tous, quelle que soit leur origine, ont un principe commun, la faiblesse et l'impuissance de l'homme. S'ils peuvent être distingués, c'est uniquement par les conséquences qu'ils tirent de leur principe fondamental. Les uns, admettant l'incapacité de la raison pour saisir la vérité, et l'impuissance de la volonté pour aimer et pratiquer le bien, ont un caractère essentiellement moral ou religieux, et aboutissent à une religion positive; les autres, plus philosophiques, après avoir épuisé toutes les forces de la raison pour résoudre le problème de la connaissance, se réfugient, comme par désespoir, dans la doctrine de l'union avec Dieu par l'extase. 

Le christianisme fournit les plus frappants exemples de la première sorte de mysticisme; on le trouve exposé dans les livres du Pseudo-Denys l'Aréopagite, Hiérarchie céleste, les Noms divins, la Théologie mystique, où se montre le chrétien et le philosophe alexandrin; dans les écrits de Hugues de St-Victor, et surtout de Richard, son disciple, principalement dans le Benjamin minor, De gratta contemplationis, occasione accepta ab arca Moysis; dans quelques ouvrages de St Bonventure : Reductio artium ad theologiam, Itinerarium mentis ad Deum; dans ceux des mystiques allemands du XIVe siècle; dans ceux de Joachim, abbé de Flores, au XIIe dans l'Imitation de Jésus-Christ; chez Gerson, Theologia mystica; chez l'Anglais  Pordage, Metaphysica vera et divina, Theologia mystica; chez les mystiques espagnols, à la tête desquels se placent Ste Thérèse, Jean de la Croix, J. de Jesus-Maria; chez Jacob Boehme; dans le Quiétisme de Mme Guyon, et une foule d'écrits où le mysticisme est plus ou moins prononcé, tels que chez Fénelon, Malebranche, etc. 

La seconde sorte de mysticisme trouve sa réalisation la plus complète dans l'école d'Alexandrie. Le procédé est scientifique, la marche est graduelle, et ce n'est qu'après avoir passé par l'opinion et la dialectique, que l'âme s'élève à Dieu sur les ailes de l'extase; c'est ce qu'on voit chez Plotin, Porphyre, Jamblique et leurs successeurs jusqu'à Proclus, mais à des degrés différents. Quelques mystiques mêlèrent la science au sentiment religieux; tels furent Marsile Ficin et les Pic de La Mirandole, qui se rattachent à l'école d'Alexandrie; Agrippa, R. Fludd, Jérôme Cardan, Van Helmont et son fils Mercurius Van Helmont, Swedenborg, Martinez - Pasqualis, et Saint-Martin. (R.).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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