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La Renaissance
Aperçu Les lettres et les arts L'histoire politique
Le terme de Renaissance s'applique particulièrement à la période de l'histoire européenne qui suivit la prise de Constantinople par les Ottomans (1453), et qu'on appela plus tard le siècle de Léon X. A peu près les mêmes questions que celles qui se posaient à propos de l'existence du Moyen âge en tant que période bien définie pourraite se poser à propos de la Renaissance. On peut aussi se demander si l'appellation consacrée est bien apropriée. On se contentera ici simplement de la commodité offerte par le terme de Renaissance pour désigner, en Europe occidentale, une période qui s'étend en gros depuis la deuxièmemoitié du XVe siècle (le Quattrocento italien) jusqu'à la fin du XVIe siècle (1600).
Dates clés :
1312 - Divine Comédie de Dante.

ca. 1450 - Invention de l'imprimerie; disparition de l'empire Byzantin.

1473 - De Revolutionibus de Copernic.

1492 - Disparition du royaume musulman de Grenade; Colomb en Amérique.

1519-20 - Luther rompt avec Rome. Début de la Réforme.

1519-21- Circumnavigation de l'expédition Magellan.

1544 - Apogée de de la puissance de Charles-Quint.

1562 - Guerres de religion en France.

1572 - Massacres de la Saint-Barthélémy.

1598 - Promulgation de l'édit de Nantes, fin des guerres de religion.

Arts, lettres, sciences : le retour de la curiosité.
Les arts et les lettres, qui semblaient ankylosés depuis le naufrage que la société romaine, parurent retrouver une nouvelle énergie, et, après dix siècles de sommeil relatif, briller d'un nouvel éclat : de là, comme s'ils eussent en effet reparu tout à coup à la lumière, le nom de Renaissance, choisi pour caractériser un événement qui avait été pourtant préparé dès le Moyen âge. Cette effervescence nouvelle, qui pour l'essentiel dure de la seconde moitié du XVe siècle à la fin XVIe, est due à trois causes : 1° à la découverte de l'imprimerie, qui répandit les oeuvres des anciens et permit à tous de les étudier; 2° à la découverte des nombreux manuscrits retrouvés dans les couvents et publiés par les érudits 3° à l'arrivée en Italie de savants Grecs, chassés de Constantinople par la conquête ottomane, tels que Constantin et Jean Lascaris, le cardinal Bessarion, Chalcondyle, le premier éditeur d'Homère. Ce goût de l'Antiquité poussa les souverains à protéger les savants, à fonder des académies, des de nouvelles universités, des bibliothèques.

Un premier réveil des esprits avait eu lieu sous Charlemagne : mais les malheurs qui suivirent sa mort éteignirent ce faible rayon de politesse naissante, que l'on a parfois appelé improprement la Renaissance carolingienne, et reculèrent de trois siècles la restauration véritable des lettres. L'époque de Louis IX vit un nouvel essor des esprits, plus vigoureux cette fois et plus durable : alors naquirent ou se multiplièrent, en France, en Angleterre, en Espagne, en Italie, les Universités, qui tirèrent l'activité intellectuelle, en quelque sorte, de la prison des cloîtres et la sécularisèrent. 

Des guerres étrangères et des divisions intestines retardèrent eu Espagne, en Angleterre et en France le mouvement intellectuel; mais en Italie, même au milieu des discordes civiles, l'action bienfaisante de Dante, de Pétrarque et de Boccace lui imprima au contraire un plus vif élan. Ce ne fut pas seulement par leurs propres oeuvres que ces grands génies exercèrent une puissante influence sur les esprits; ils mirent aussi leur gloire à étudier et à répandre les écrivains de l'Antiquité, dont on s'efforçait de retrouver les écrits. Ainsi, par exemple, le Pogge qui découvrit, à Saint-Gall : Quintilien, Columelle, Vitruve, le poème Sur la Nature de Lucrèce, des comédies de Plaute, des discours de Cicéron.

La Renaissance ne fut pas seulement un mouvement littéraire et artistique. En dévelopant l'esprit d'examen,  elle fit progresser le droit, la politique, les sciences et la philosophie.  Dans le droit, le jurisconsulte Alciat fonde l'école de Bourges; Cujas approfondit le droit romain; Hotman et Bodin s'occupent surtout de politique. En médecine, Vésale crée l'anatomie et Ambroise Paré est le père de la chirurgie. En mathématiques, Viète applique l'algèbre à la géométrie. En astronomie, Nicolas Copernic propose un système héliocentrique, dans lequel le Soleil est mis à la place de la Terre, au centre de l'univers. C'est le point de départ  d'une nouvelle vision du monde, qui va pouvoir s'épanouir complètement après la découverte de l'Amérique, par les équipages de Christophe Colomb.

En philosophie et en théologie, Ramus oppose les idées de Platon aux théories scolastiques; Reuchlin, Ulric de Hutten préparent les voies à Luther et à Calvin. Mais ils sont tous dépassés par Érasme et par Rabelais. Erasme, dans l'Éloge de la Folie, fit la satire des conditions humaines, blâma les désordres des prélats catholiques, mais condamna en même temps les violences de Luther. Rabelais alla plus loin : il se moqua des érudits lourdauds par une obscurité comique; il sut être éloquent, en paraissant fantaisiste. Il indiqua, comme en se jouant, les grandes réformes de l'avenir.

Les arrière-plans politiques de la Renaissance.
A la fin du XVe siècle, la France s'étendait de la source de l'Escaut et de la Meuse moyenne aux Pyrénées (mais elle ne possédait pas le Roussillon), de la Manche aux Alpes (mais elle ne possédait ni la Franche-Comté ni la Savoie); ses rois, Charles VIII et Louis XII, avaient imprudemment porté leur ambition en Italie; ils y avaient trouvé des succès et des revers et ils en avaient ce mouvement d'idées qui signale l'époque. La péninsule Ibérique ne formait plus en réalité, malgré quelques protestations, que les deux royaumes d'Espagne et de Portugal, et l'Espagne qui, grâce à Christophe Colomb, se rendait maîtresse du Nouveau-Monde, devenait une des grandes puissances de l'Europe. L'Italie était plus divisée; cependant les États de l'Église, le royaume de Naples, le grand-duché de Toscane, les républiques de Venise et de Gênes, le duché de Milan, l'emportaient en puissance sur les autres principautés.

En Allemagne, la couronne impériale était fixée depuis le XIVe siècle dans la maison de Habsbourg, mais l'autorité de l'empereur, malgré le prestige qui s' attachait à sa dignité, était faible sur les très nombreux États, duchés, principautés, évêchés, abbayes, villes libres, etc., qui composaient l'empire germanique et parmi lesquels primaient les sept électeurs archevêques de Mayence, Trèves et Cologne, roi de Bohème, comte palatin du Rhin, électeur de Saxe, margrave de Brandebourg. Cependant, lorsqu'on 1590 la couronne impériale fut placée sur la tête d'un Habsbourg, Charles-Quint, qui était déjà roi des Espagnes, maître des Pays-Bas et de la Franche-Comté et qui bientôt devint le dominateur de l'Italie et le vainqueur François Ier, put prétendre à le domination politique et religieuse de l'Europe. 

Au Sud-Est de l'Allemagne, le royaume de Hongrie, occupant le bassin moyen du Danube et la Transylvanie, n'opposait pas aux invasions asiatiques une barrière toujours infranchissable; en 1241, il avait subi une terrible invasion mongole et, en 1526, une défaite qui allait le placer sous le joug des Turcs. Au Nord-Est de l'Allemagne, le royaume de Pologne s'étendait sur le bassin de la Vistule et sur une partie de celui de l'Oder; il était flanqué lui-même à l'Est du grand-duché de Lituanie qui occupait les bassins du Dniepr et du Niémen; des Khans, Cosaques ou Tatars (Les Turks), gouvernaient les plaines du Don et de la basse Volga; Ivan III, le vrai fondateur de la puissance moscovite, venait de mourir (1505) et le grand-duché de Moscou s'étendait sur la plaine orientale de Moscou et de Novgorod à l'océan Glacial.

Cependant les bords de la Baltique, au Sud du golfe de Finlande, appartenaient à l'ordre des Chevaliers Porte-Glaives et Teutoniques, qui avaient conquis et christianisé le pays; ils devaient, avant la fin du siècle, devenir des luthériens et des seigneurs laïques. Au Nord du golfe, la Finlande était une province suédoise. La Suède, qui supportait mal l'union de Calmar (1397), allait définitivement s'en affranchir avec Gustave Vasa (1523) et adopter la réforme luthérienne. Le Danemark conservait la Norvège.

Au XVIe siècle, l'Espagne, enrichie par les trésors du Nouveau-Monde, devint la puissance prépondérante de l'Europe, lorsque son roi, héritier des Habsbourg, eut été élu empereur d'Allemagne sous le nom de Charles-Quint (1519). C'est alors que, maître de l'Espagne, d'une partie de l'Italie, de l'Allemagne, de la Franche-Comté et des Pays-Bas, Charles-Quint enserrait de tous les côtés la France qui lutta pour ne pas se laisser étouffer; sa lutte et celle de Philippe II contre François Il, et contre Henri II dura jusqu'au traité de Cateau-Cambrésis (1559), et la France ne fut complètement délivrée des ambitions de l'Espagne qu'après l'avènement de Henri IV (1598). Contre Charles-Quint qui pressait sa frontière au Sud, au Nord et à l'Est, François Ier  n'avait pas craint, malgré la force des idées religieuses, de s'allier au sultan des Turcs (Les Capitulations), de manière à presser, lui aussi, son adversaire entre ses armées et celles de son allié.

Si l'on veut caractériser cette période, on pourra donc sans doute relever, sur le plan politique, les contre-coups de la disparition de l'empire Byzantin et la la menace ottomane dont l'empire atteint son apogée (Le siècle de Soliman), la puissance de l'Espagne et celle de Charles-Quint et, secondairement, la confrontation de celui-ci avec François Ier,  mais surtout, il apparaît que ce temps se signale bien davantage par des faits de civilisation que par des faits politiques. D'ailleurs le qualificatif de "nouvelle effervescence culturelle" lui conviendrait sans doute mieux que celui de Renaissance. Déjà vivace en Italie dès le XIVe siècle (période connue sous le nom de Trecento), ce mouvement est accentué après la chute de Constantinople par l'arrivée en Europe Occidentale d'une une foule de littérateurs grecs qui reçurent, notamment à la cour de Cosme de Médicis, seigneur de Florence, une hospitalité éclairée, puis se propage en se consolidant dans le reste de l'Europe. Le développement de l'imprimerie favorise la propagation des idées, de l'instruction, des controverses, et aussi de la contestation de ce qui avait été le premier pouvoir pendant tout le Moyen Âge, celui de la Papauté. Au XVIe siècle, Martin Luther, Ulrich Zwingli, Philip Mélanchthon, Jean Calvin et d'autres, ne craignent plus de se confronter directement aux abus de l'Église et inaugurent ce qu'on appellera la Réforme, mouvement religieux d'ampleur qui gagnera une grande partie de l'Europe, mais au prix de nombreuses Guerres de religion entre catholiques et protestants. 



Anne Kraatz, Luxe et luxure à la cour des papes de la Renaissance, Belles Lettres, 2010.
2251338330.
J. Hale, Dictionnaire de la Renaissance italienne, Thames and Hudson, 2006. --Fascinant panorama d'une des plus importantes périodes de l'histoire occidentale, le Dictionnaire de la Renaissance italienne, sous la direction de J. R. Hale, présente plus de 700 entrées consacrées aux domaines suivants : peinture, scuplture, architecture, littérature, musique, science, religion, érudition et philosophie, centres historiques, histoire et politique, histoire sociale et économique, voyages et découvertes.Rédigé par de grands spécialistes et illustré de nombreuses reproductions d'oeuvres majeures ainsi que de cartes, d'arbres généalogiques et d'un tableau chronologique, cet ouvrage constitue un précieux et indispensable outil de référence. (couv.).
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