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La
science-fiction
correspond à un domaine de l'imaginaire qui s'exprime sous forme
principalement narrative dans la littérature
et le cinéma. On la rencontre aussi dans les supports qui en sont
dérivés (BD, cinéma d'animation, séries de
télévision, jeux vidéos, etc.).
Si le genre
participe effectivement de la fiction, il semble vain de chercher à
le définir à partir de ce que pourrait suggérer son
nom : cette fiction ne recourt à la science qu'accidentellement
- d'ailleurs il plus question ici de progrès technique que de science
- et celle-ci peut être complètement absente. Cela explique
que certains préfèrent n'utiliser que les initiales
SF
(ou S.-F.), une sorte de coquille vide en somme, pour parler du
sujet dont il est question ici.
Quoi qu'il en soit, la meilleure façon
de dire ce qu'est la science-fiction est peut-être d'en risquer un
début de définition extensive, c'est-à-dire d'en énumérer
les grands thèmes. Les principaux sont les suivants : les voyages
dans l'espace et dans le temps, les extraterrestres, les mondes disparus,
cachés ou parallèles, les sociétés futures
ou alternatives (utopies et dystopies), les fins du monde et leurs
suites, l'humain modifié et l'immortalité, les machines
qui pensent et les vies artificielles, l'anticipation technologique,
etc. Ces thèmes se présentent comme autant de procédés
qui permettent de changer le point de vue à partir duquel on observe
le monde, la société ou l'humain. On regarde depuis un ailleurs,
depuis un autre temps, avec les yeux d'une autre espèce, etc.
Dans le vrac des
précurseurs
Si l'on choisit de définir la science-fiction
à partir des thèmes qui en participent, on constate vite
qu'il a existé des oeuvres de science-fiction bien avant que n'existe
le terme qui sert à désigner cette branche de la littérature,
et qui, lui, n'a été introduit qu'en 1929. Quelques thématiques
supplémentaires apparaîtront à partir de la seconde
moitié du XXe siècle, mais
les premiers thèmes abordés, et qui restent d'actualité,
sont les suivants :
Les voyages dans
l'espace.
Ainsi, L'Histoire Véritable ,
écrite au IIe siècle de l'ère
commune par Lucien de Samosate, et qui raconte
un voyage dans l'espace, peut-elle être vue comme un des premiers
romans de science-fiction. L'Histoire Comique des Etats et Empires de
la Lune et du Soleil ,
de Cyrano de Bergerac (1662),
l'Homme dans la Lune (1638) de Francis Godwin, l'Aventure
sans pareille d'un certain Hans Pfaall (1835) d'Edgar
Poe, ou encore De La Terre à la Lune de Jules
Verne (1865) ont donc déjà un lointain ancêtre.
Après la Lune ,
c'est surtout Mars ,
et parfois Vénus ,
qui sont les destination favorites. C'est ce que l'on constate, par exemple,
avec Le prisonnier de la planète
Mars (1908) de Gustave Le Rouge, ou avec La Roue fulgurante (1908),
de Jean de la Hire. Ces auteurs se désintéressent
des difficultés du voyages interplanétaires pour simplement
imaginer des aventures insolites. Par exception, le Voyage à
Vénus (1864) d'Achille Eyraud, évoque la première
fusée, c'est-à-dire le premier véhicule spatial fonctionnant
sur le principe physique de l'action et de la réaction.
Quand le Système
solaire
a semblé trop petit, les auteurs ont pris leur envol vers les étoiles
: ainsi C. I. Defontenay (1819-1856) qui offre, dans son Star
ou Psi de Cassiopée (1854), une incursion dans une culture extraterrestre;
autre exemple David Lindsey qui publie, en 1920, son
Voyage to Arcturus.
Mais pourquoi s'arrêter là? En 1925, J. H. Rosny aîné
publie Les navigateurs de l'infini (1925) : le programme est
dans le titre, et c'est dans cet ouvrage, soit dit en passant, qu'apparaît
pour la première fois le mot
astronautique.
Extraterrestres
et coterrestres.
Depuis Lucien de Samosate, les voyages
dans l'espace n'ont cessé d'être des occasions de rencontres,
souvent avec les habitants d'autres planètes ,
à tous les coups avec des être d'ailleurs ou d'un autre temps.
Dans certains cas, il s'agit d'entités
très exotiques. Kepler, dans le
Songe
(1634), essaie d'ailleurs d'expliquer pourquoi ils doivent êtres
nécessairement très différents de nous. Il imagine
doctement ce que sont les habitants de la Lune, leur biologie, leur moeurs
sont directement et méthodiquement déduits des connaissances
de son temps associées aux principes coperniciens. Le texte est
aride, mais le tableau dressé est très dépaysant.
Faire venir sur Terre
des êtres venus d'ailleurs est une autre manière de décentrer
notre regard. C'est ce que fait magistralement Voltaire,
qui introduit « le point de vue de Sirius » dans son Micromégas
(1752).
Les extraterrestres de Voltaire, contrairement
à ceux de Kepler, nous ressemblent beaucoup. Ils sont, de plus,
philosophes et pacifiques. Tout le contraire en somme des terribles Martiens
imaginées par Herbert George Wells dans
La
Guerre des mondes (1898), un chef-d'oeuvre qui donnera lieu à
une adaptation radiophonique sensationnelle par Orson Welles en 1938.
-
L'arrivée
des Marsiens (sic). Illustration
de
la traduction en français (1906), de
la
Guerre
des mondes (1898) de H.G Wells.
Ils
sont déjà parmi nous (et ils ne nous aiment pas).
L'invasion brutale
n'est qu'un aspect de la question. L'autre concerne ceux que l'on pourrait
appeller d'un néologisme, les coterrestres. ces êtres
sortis d'on ne sait où, mais avec lesquels nous devons cohabiter
à nos risques et périls. Le Horla, (1887), invisible
et inquiétant, de Guy de Maupassant
semble bien appartenir à cette catégorie.
J.-H. Rosny Aîné, dans Les
Xipéhuz (1887), imagine pour sa part des entités minérales
avec lesquelles il est impossible de communiquer sinon au travers d'une
guerre d'extermination sans merci.
Dans la mort
de la Terre (1910), du même auteur, c'est encore une entité
minérale, une sorte de rouille, qui nous dispute la primauté
sur Terre, et même qui dominera la planète après l'extinction
de l'humanité. Rosny Aîné imaginera encore dans Un
autre monde (1895), que l'humanité cohabite avec une espèce
invisible.
Dans Le péril
bleu (1910) de Maurice Renard, une espèce mystérieuse
vivant dans les hauteurs de l'atmosphère terrestre pêche les
humains comme s'ils étaient des poissons.
On peut encore
citer dans la même veine, Jacques Spitz qui voit la Terre envahie
par des insectes mutants (La Guerre des Mouches,1938) et Karel Capek,
avec sa Guerre des Salamandres (1937) où des salamandres,
évoluées et d'abord pacifiques, finissent, au contact de
la bêtise humaine, par instaurer un régime totalitaire.
Utopies, sociétés
alternatives et mondes perdus.
Du thème des coterrestres, on passe
facilement à celui des mondes cachés et des civilisations
inconnues, qui explore des géographies alternatives. C'est ce que
l'on voyait déjà chez Jonathan Swift
dans ses Voyages de Gulliver
(1726), et ce que l'on peut retrouver chez Restif
de la Bretonne (La découverte australe par un homme volant,
1781), chez Henry Rider Haggard (She,
1886), ou encore chez Jorge Luis Borges (1899-1986)
: Tlön, Uqbar, Orbis Tertius , 1940, nouvelle publiée
dans la revue Fictions).
Utopies
et dystopies.
L'intérêt des mondes cachés
ou disparus est d'abord d'offrir un cadre l'invention de sociétés
dotées d'une organisation différente de celles que nous connaissons,
et fondées sur des valeurs elles aussi différentes.
Platon a joué
à ce jeu-là depuis très longtemps en inventant l'Atlantide
( Critias ).
En 1516, Thomas More décrit également
une société alternative dans
son
Utopie ,
dont le titre fournit le nom générique. de toute une série
d'oeuvres. On peut citer, par exemple The Blazing World (1666),
de Margaret Cavendish, qui semble avoir été la première
une utopie féministe.
Les cités
idéales peuvent bien servir à illustrer un programme de philosophie
politique, mais elle sont un thème pauvre pour la littérature
(les gens heureux n'ont pas d'histoire...). Heureusement, les écrivains
ont inventé les dystopies. Les dystopies (anti-utopies ou
contre-utopies) sont, comme le nom l'indique, le contraire des utopies.
Elles présentent des sociétés cauchemardesques ou
parfois simplement dysfonctionnelles. On en trouve un exemple chez Emile
Souvestre, avec son Le monde tel qu'il sera (1846). En 1932, Aldous
Huxley, dans le Meilleur des mondes, décrira une société
très semblable. Dans l'intervalle, on peut mentionner : Wells, Quand
le dormeur s'éveillera (1899), Jack London dans le Talon
de fer (The Iron heel, 1907), et plus tard : Régis Messac
dans Quinzinzinzili (1934), qui décrit une brutale société
d'enfants survivant du cataclysme qui a détruit l'humanité.
On retrouve les mêmes idées dans lesEnfants
de Timpelbach (1937) de Henry Winterfeld et dont Nicolas Barry a tiré
un film en 2008. Dans La cité des asphyxiés
(1937), Messac imaginera encore une société future détestable,
cette fois parce qu'on s'y dispute la moindre molécule d'air.
Les
mondes perdus.
Imaginer des territoires
inexplorés peut aussi n'être qu'un prétexte au divertissement,
comme en offrent tous les romans d'aventures. De cette veine relèvent
: Le voyageur philosophe dans un pays inconnu aux habitants de
la Terre (1761) de Daniel Jost de Villeneuve, le Voyage au
Centre de la Terre (1864) de Jules
Verne, ou encore le Monde perdu
(1912) d'Arthur Conan Doyle, qui sont aussi comme des excursions paléontologiques.
Les dinosaures
ont toujours la cote. Mais ce peut-être une faune bien plus étrange
qu'on offre à notre imagination, comme dans les Aventures d'Arthur
Gordon Pym (1838), d'Edgar Poe.
Les mondes parallèles.
La notion de monde
ou univers parallèle n'appartient pas en propre à la
SF, puisque n'importe quelle production de l'imaginaire peut revendiquer
sa place sous cette rubrique. Certains usages des mondes parallèles
relèvent bien de la SF, en revanche. Par exemple, quand H. -G. Wells,
invente,
en 1923, l'idée des voyages entre univers parallèles dans
son Men like gods (traduit sous le titre de M. Barnstaple chez
les hommes-dieux, 1926). Deux types spéciaux
de narration relèvent aussi de la SF : l'uchronie et la référence
à d'autres dimensions.
L'uchronie.
L'uchronie est un récit qui se
place hors de l'histoire de la même façon que l'utopie se
place hors de la géographie. Elle est un moyen de réécrire
l'histoire : un vieil exemple en est : Napoléon et la conquête
du monde (1836), de Louis Geoffroy, où Napoléon
rentre victorieux de la campagne de Russie
et finit par imposer son règne universel.
Les
autres dimensions.
Pour beaucoup d'auteurs, une autre dimension,
c'est seulement un monde parallèle. Mais quelques-uns s'en tiennent
à la définition géométrique initiale du mot
dimension.
Ainsi, par exemple, Edwin Abbot imagine-t-il dans Flatland (1884)
un monde qui n'aurait que deux dimensions au lieu de trois; alors que,
de son côté, Gaston de Pawlowski, introduit une dimension
d'espace supplémentaire dans son Voyage au pays de la quatrième
dimension (1912).
Le voyage dans
le temps, l'anticipation.
L'anticipation.
Une autre manière de parler de
sociétés alternatives est d'anticiper le futur ou de voyager
dans le temps. Parmi les précurseurs de la littérature d'anticipation,
on note : dès 1770, Louis Sébastien
Mercier, qui propose un roman intitulé
L'an 2440 ou rêve
s'il en fût jamais, Restif de la Bretonne,
qui publie en 1789
L'an 2000 ou la régénération,
ou encore Albert Robida avec son le XXe siècle
(1882), ou bien Emilio Salgari (Italie, 1862-1911), qui imagine les
Merveilles
de l'an 2000 (Le Meraviglie del duemila, 1907).
Le
temps à rebours.
Voyager dans le futur est simple (il suffit
d'attendre). Voyager dans le passé est une autre affaire. Au minimum,
il faut une technologie adaptée comme chez H. G. Wells,
la Machine
à explorer le temps, ou du moins avoir le goût des contrastes
comme Mark Twain avec Un Yankee du Connecticut
à la cour du roi Arthur (1889).
Dans la Belle Valence (1923) de
Théo Varlet et André Blandin, le voyageur temporel intervient
pour modifier le cours de l'histoire. Mais il faudra attendre encore une
décennie, pour qu'on comprenne qu'à agir ainsi on court tout
droit au paradoxe.
Le
temps : un élastique qui peut casser.
Certains auteurs vont jusqu'à imaginer
que le temps se met à couler à l'envers : Henri Cochin (Manuscrit
de monsieur C.A.L. Larsonnier, 1881), Robida (L'Horloge des siècles,
1902). C'est une autre manière de voyager dans le temps. D'autres
(Wells encore, Spitz, Wallace West, etc.) manipulent aussi de diverses
manières le temps : en le ralentissant, en l'accélérant,
à l'arrêtant, voire même en l'anéantissant.
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Paris
en 1950, « un monde embrouillé », illustration de
Robida pour son XXe siècle
(la
Vie électrique).
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Couverture
(1903) du Frank Reade, magazine hebdomadaire, « contenant
des histoires d'aventures sur la terre, la mer et dans les airs ».
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L'homme modifié
et l'homme artificiel.
Les êtres venus d'ailleurs tout
comme les sociétés alternatives offrent des moyens
d'interroger l'humain. Une autre façon d'y parvenir est
de s'interroger sur son évolution biologique comme dans Les chasseurs
d'hommes (1933) de René Thévenin, qui ouvre la voie à
toutes les histoires de mutants et de post-humains. Une autre piste suivie
par les auteurs de science-fiction est celle qui consiste à modifier
artificiellement les humains, quand il ne s'agit pas de les reconstruire
un partie ou même totalement pour leur substituer des machines.
Les
humains modifiés.
Parmi les humains
modifiés, on trouve des humains à la vie prolongée
artificiellement. Certains peuvent même devenir immortels. Edgar
Poe dans La Vérité sur le cas de M. Valdemar (1845),
et Bruno Ruby, Celui qui supprima la mort, 1(920), par exemple
s'engagent dans cette voie. Dans certains cas, l'immortalité est
vécue comme une calamité (Jacques Sadeurs,
La
terre australe, 1676).
On peut augmenter
aussi les capacités des humains en leur greffant, par exemples,
des branchies (Jean de la Hire : L'homme qui peut vivre dans l'eau,
1907; José Moselli,
La guerre des océans; 1928) ou
bien des machines (Maurice Renard,
L'homme truqué, 1921).
On peut même changer leur personnalité à l'aide d'une
drogue : L'Étrange Cas du dr Jekyll et de Mr. Hyde
(1886) de Robert Louis Stevenson. H.G. Wells inventera une transformation
encore plus radicale avec l'Homme invisible
(1897).
Wells, un peu plus
tôt, avait aussi exploré le thème de l'humain
modifié en en inversant les termes : dans L'île du
docteur Moreau (1896), il transforme les animaux pour leur donner des
caractères humains. Maurice Renard quant à lui, s'inspirera
de Wells dans Le docteur Lerne (1908) en traitant des échanges
d'organes entre humains et animaux.
Les
humains reconstruits.
La création d'êtres pensants
artificiels est un très vieux thème lui aussi. La littérature
s'en empare véritablement avec le Frankenstein (1818) de
Mary Shelley, qui, en même temps, fait entrer la science-fiction
dans son âge moderne. Le thème connaît ensuite diverses
variations avec des auteurs tels que Louis Boussenard (Les secrets de
monsieur Synthèse, 1888), Michel Corday (Le mystérieux
Djann-Phinn, 1908), ou encore André Couvreur, Le valseur
phosphorescent, 1923. Karel Capek, dans une pièce
de théâtre intitulée
R.U.R., invente en
1921, des humains de synthèse fabriqués pour servir de main-d'oeuvre
bon marché. Ce sont ce qu'il appelle des robots (du tchèque
roboti
= travailler). Le mot n'a pas encore pris chez cet auteur le sens qu'on
lui donne aujourd'hui de machine humanoïde.
Les
machines pensantes et les humains artificiels.
Dans sa Palingénésie
(1798), Jean-Paul Richter imagine un monde où les machines, afin
de libérer les humains, accomplissent toutes les tâches auxquelles
ils doivent se livrer ordinairement. Bien sûr, en toute logique,
les machines sont appelées un jour à penser à leur
place. L'ouvrage recouvre à peu près toute la thématique
des machines pensantes, seule lui manque l'idée de la révolte
de l'artefact contre son créateur : elle sera explorée par
Didier de Chousy dès 1884, dans Ignis, roman où se
déchaîne le hooliganisme des machines « ivres
d'électricité ». Même les machines à coudre,
aux « mâchoires d'aiguilles » s'y mettent...
Deux innovations
encore, avec Edward Page Mitchell (1852-1927), qui, dans The Ablest
Man in the World (1874), introduit le premier cyborg (humain amélioré
par des prothèses cybernétiques), et Auguste Villiers de
l'Isle-Adam, qui, dans son Ève future (1886), invente le
premier androïde (machine pensante d'apparence humaine).
La fin du monde
et après.
Le thème
de la fin du monde - entendons le plus souvent seulement la fin de l'humanité,
voire seulement celle de la civilisation occidentale - est abordé
dès 1826 par Mary Shelley avec un roman intitulé Le Dernier
Homme (The Last Man). Jack London, sur le même sujet a
écrit
La peste écarlate (1912), Pierre Mac Orlan,
le Rire jaune (1914), Jules Verne, nouvelle l'Eternel Adam
(nouvelle, 1910), Rosny Aîné, La mort de la Terre (1910).
En 1914, H.G. Wells, qui comme toujours a une guerre d'avance, imagine
l'emploi de l'arme nucléaire, plus de quarante ans avant Hiroshima.
Dans l'Agonie du globe (1935), Jacques Spitz, de son côté
imagine une Terre qui se disloque en deux hémisphères; le
même décrit dans les Evadés de l'an 4000 (1936)
un monde en proie à une grande catastrophe climatique. Le thème
de la fin du monde, souvent qualifié d'apocalyptique ou de post-apocalyptique,
sera par la suite une grande spécialité de la SF britannique.
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Les premières
images
Cinéma,
BD, télévision
Le
cinéma. - Le
cinéma de science-fiction est apparu avec le cinéma lui-même,
en tout cas avec les premiers trucages. Premier titre répertorié
: le Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès.
Suivront
Metropolis (1926) et La Femme sur la Lune (1929),
de Fritz Lang; Frankenstein (1931), de James Whale; Dr Jekyll
et Mr Hyde (1932), de Rouben Mamoulian; L'île du Dr Moreau
(1932) de Erle Kenton; King Kong (1933) de Merian Caldwell Cooper
et Ernest Beaumont Schoedsack; Paris qui dort (1923) de René
Clair, et, en Union soviétique : Aelita (1924) de Yakov Protazanov,
qui s'inspire d'une nouvelle de Tolstoï
(1923).
-
Affiche
d'Aelita (1924).
La
bande dessinée. - Les
premières BD (bandes dessinées, romans graphiques) à
relever de la science-fiction sont : Boob McNutt (publié
dans le New York Evening Mail de 1915 à 1934); Buck Rogers
(1929) de Dick Calkins et Philip Francis Nowlan, qui est l'adaptation
du roman de Nowlan (Armageddon 2419 A.D.) paru en 1928; Brick
Bradford (Luc Bradefer en France), de William Ritt et Clarence
Gray en 1933;
Flash Gordon (1934, Guy l'Eclair en France),
d'Alex Raymond; Superman (1938), de Jerry Siegel et Joe Shuster;
Batman
(1939) de Bill Finger et Bob Kane; Wonder Woman, de Charles Moulton
(1941); le Rayon U (1943) de E. P. Jacobs. Très tôt
certaines de ces BD ont été portées au cinéma
sous forme de séries : ainsi Flash Gordon (1936) et Buck
Rogers (1939).
-
Comment
Superman a mis fin à la Guerre (1940). Hitler et Staline sont
conduits à la Société des Nations pour y être
jugés.
Les
séries
TV.
- Il faut bien sûr attendre encore quelque temps pour qu'apparaissent
les premières séries télévisées de science-fiction.
Citons une adaptation de Brick Bradford en 1948;
la Quatrième
dimension (The Twilight Zone, en 1959) de Rod Serling; The
outer limits (1963); Doctor Who (1963) série anglaise
qui après une interruption existe toujours; Star Trek (1966)
de Gene Roddenberry; la série allemande Raumpatrouille (La
Patrouille de l'espace, 1966); les Envahisseurs (1967), de Larry
Cohen, avec Roy Thinnes dans un rôle inoubliable.
-
Les
robots de la Patrouille de l'espace (1966).
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La SF au temps des
pulps
A la fin du XIXe
siècle, et encore au lendemain de la Première
Guerre mondiale, la situation semble assez similaire des deux côtés
de l'Atlantique, mais les trajectoires vont très vite diverger.
Ainsi, en France, des feuilletonistes
publient dans une revue de vulgarisation créée en 1919, Science
et Voyages, où l'on trouve aussi bien des textes d'auteurs confirmés,
à l'instar de J.-H Rosny, que de nouveaux et prolifiques auteurs
: par exemple, José Moselli (La prison de glace; La fin d'Illa),
Léon Groc (Deux mille ans sous la mer). Aux
Etats-Unis,
les feuilletonistes sont également nombreux. En 1869, le magazine
Atlantic
Monthly commence à publier le premier roman d'Edward Everett
Hale intitulé
The brick Moon. Il y est question d'une lune
artificielle (en briques) mise en orbite à fin d'études géodésiques.
Voici donc le premier satellite artificiel, et, qui plus est, la technologie
à laquelle il concourt préfigure le GPS... La série
des
Frank Reade entamé dès 1876 par Harry Enton, et
continuée à partir de 1882 par Luis P. Senarens, est plus
classique : elle rappelle les romans de Jules Verne, avec leurs véhicules
extraordinaires et leurs mondes perdus.
Une première différence entre
la production française et la production américaine tient
à l'état d'esprit. En France règne une méfiance
et un pessimisme vis-à-vis du progrès
(on peut le constater, par exemple, chez Ernest Pérochon dans les
Hommes
frénétiques, 1925 ). Au Etats-Unis, au contraire, s'exprime
le scientisme le plus naïf; on envisage
le progrès avec un optimisme béat.
L'autre grande différence, appelée à perdurer, est
d'ordre économique et tient à la structure du monde de l'édition.
En Europe, le débouché de cette littérature facile
se trouve principalement dans des livres; en Amérique
les supports sont des magazines, et plus spécialement ceux qu'on
appelle les pulps magazines (ou simplement pulps), publications
bon marché, destinées à un public très large
et peu exigeant, telles que celles que publie, par exemple le groupe
Mumsey ( Argosy,
The Cavalier, All-Story, etc.).
Par ailleurs, à la fin des années
1920, on assiste, aux Etats-Unis, à la prise
de conscience que les oeuvres que l'on vient de mentionner, et d'autres
encore, inscrites jusque-là dans le flux de la littérature
générale, pouvaient être rangées dans une
même catégorie, un genre - un genre qui prendra
bientôt le nom de science-fiction.
Les pulps vont devenir un
vivier de nouveaux auteurs de science-fiction, parmi les précurseurs
le plus connu étant Edgar Rice Burroughs, qui est le créateur
de Tarzan, mais surtout, pour ce qui nous intéresse ici, du
cycle de Mars (à partir de 1912), du cycle de Vénus
et du cycle de Pellucidar
(début en 1915, dans les profondeurs
de la Terre, supposée creuse et cependant civilisée) publiés
dans All-Story. On trouve aussi les noms de Murray Leinster (The
Mad planet, 1920), et surtout celui d'Abraham Merritt (Le gouffre
de la Lune, 1918;
La Nef d'Ishtar, 1924), talentueux représentant
de ce qu'on appellera plus tard la fantasy . Ce territoire est ordinairement
placé tout à côté de la science-fiction, en
compagnie du fantastique et du merveilleux.
L'une de ses provinces, la science-fantasy, dont l'origine pourrait
être cherchée chez Edgar Allan Poe,
est même parfois considérée comme un sous-genre
de la science-fiction. Quoi qu'il en soit, dans la fantasy, la magie
remplace la technologie, les sorciers et démons remplacent les extraterrestres
et les robots, si bien que le parallélisme existe bien..
-
Concours
de beauté interplanétaire. Et la gagnante est...
(Illustration
de l'éditorial du numéro de novembre 1939
du
pulp Fantastic Adventures).
Le nom d'un malentendu.
Les premiers pulps publiait des
textes appartenant à toutes sortes de genres (et d'autant plus facilement
que certains de ces genres, comme on l'a vu, n'avaient pas encore de nom).
Mais , dans les années 1920, sont apparus certains pulps
plus spécialisés. C'est le cas de Weird Tales (1923),
par exemple, plutôt orienté vers le fantastique et l'horreur,
et qui donne l'occasion de faire leurs premières armes à
plusieurs auteurs dont le nom s'associera plus tard, à des titres
divers, au domaine qui nous intéresse ici, tels H.-P. Lovecraft
(Je suis d'ailleurs, 1926; La couleur tombée du ciel,
1927), Robert E. Howard, le futur créateur de Conan le Cimmérien
(1932),
Edmund Hamilton ou encore Clark Ashton Smith.
D'autres pulps se dédient
à la vulgarisation scientifique et technique. En 1911, Hugo Gernsback,
l'éditeur d'un de ces magazines, Modern Electric, y publie
en feuilleton un (mauvais) roman, Ralph 124 C 41 +, dont il est
l'auteur et qui, en se projetant dans l'avenir, vante les bienfaits du
progrès technique. Dans le climat scientiste de l'époque,
ce texte suscite des émules. Des lecteurs, devenus soudain auteurs,
commencent à vouloir publier leurs propres textes (généralement
tout aussi mauvais). Il ne connaissent rien aux sciences, mais ils sont
enthousiastes, et leur littérature demande à être séparée
de ce qui était au départ un projet de propagande scientifique.
C'est de l'imagination pure, où ce que les auteurs croient être
de la science, ne sera plus qu'un prétexte de moins en moins sollicité.
C'est ainsi que Gernsback fondera une revue
tout exprès pour les textes produits dans cette veine : Amazing
stories (1926), où les nouveaux auteurs côtoieront des
auteurs plus anciens (J. Verne, Edgar Poe, H. G. Wells, etc.), preuve que,
dès cette époque, l'on reconnaît et assume pleinement
leur héritage. Pour parler du type de littérature que publie
son magazine, Gersnsback invente le mot scientifiction (1926), il
n'adoptera celui de science-fiction que trois ans plus tard dans
une autre revue qu'il créera en 1929, Science Wonders Stories.
Ce terme-là n'est pas de lui. Il est déjà utilisé
sporadiquement depuis le milieu du XIXe
siècle. D'autres revues du même style verront bientôt
le jour, telle Astoundings Stories (1930). Si donc Gernsback n'a
pas inventé la science-fiction, ni même son nom, au moins
a-t-il a inventé une nouveau marché pour l'édition
et, avec lui, un public d'aficionados, le fandom, avec sa
culture et ses codes, avec sa sociologie. On publie des organes de liaison,
les fanzine, on se retrouve entre soi dans des conventions (à partir
de 1937), telles le Worldcon (1939), on créera un peu plus
tard des récompenses, comme le prix Hugo (1953), le prix
Nebula (1966), ou, en France, le prix Apollo (1972-1990).
Identifiée désormais comme
un genre, la science-fiction se reconnaît aussi des sous-genres.
On les définit moins par les thèmes
abordés que par le cadre de la narration et les moyens mis en oeuvre.
Certains existent déjà et n'attendaient qu'un écosystème
favorable pour prospérer : dystopie, uchronie, littérature
post-apocalyptique, space opera, space fantasy, planet opera,
space western, etc.; d'autres devront attendre l'apparition de nouvelles
technologies : cyberpunk (technologies de l'information, réseaux
informatiques), biopunk (ingéniérie génétique,
clonage), etc.
En même temps qu'elle acquiert un
nom, la science-fiction s'entoure aussi d'une image, qui l'a souvent desservie
: celle d'une littérature populaire (ce qui n'est pas infamant)
de mauvaise qualité, réactionnaire, raciste et xénophobe
(ce qui, hélas, est souvent le cas aussi). Mais on oublie qu'il
a existé également dès le temps des pulps des
auteurs très progressistes, à l'image de Nat Schachner (L'homme
dissocié, recueil de nouvelles dont les plus anciennes, publiées
dans Astounding stories, remontent à 1933), et aussi que
la SF, portée par des auteurs de premier plan, a produit,
à toutes les époques, de grandes oeuvres. Comme le souligne
Jacques van Herp :
«
La répartition des oeuvres de S.F. est la même que dans la
littérature classique : quelques chefs-d'oeuvre, un bon noyau de
récits fort honorables, le bataillon des ouvrages honnêtes
et puis, la foule des autres... [...] Pour être un bon écrivain
de S.F. il faut être aussi un bon écrivain tout court. »
Theodore Sturgeon exprimait
la même chose de façon plus lapidaire en remarquant que «
90% de n'importe quoi ne vaut rien »...
Astounding Stories.
Le magazine Astounding
Stories (puis Astounding Science fiction) a été
créé en 1930 et a été dirigée à
partir de 1937 par John Campbell. Cette revue, qui deviendra Analog
Science Fiction and Fact
(de 1960 à aujourd'hui), va être
le creuset de ce que l'on appelé l'âge d'or de la SF. Parmi
les auteurs qui ont fait sa renommée, on peut mentionner : Isaac
Asimov, A.E. Van Vogt, ou encore Robert A. Heinlein. Leurs oeuvres parues
d'abord en feuilleton dans les années 1930 dans la revue seront
ensuite - souvent après la Seconde Guerre mondiale - publiées
sous forme de livres (sauf indicaétion contraire, c'est la date
de cette dernière publication qui sera donnée ici entre parenthèses).
-
Le
numéro d'octobre 1937 d'Astounding
Stories.
Il
inaugure le règne de
J.
Campbell sur la revue.
Robert
Heinlein.
Robert Heinlein
(1907-1988) est connu pour son Histoire du futur, un cycle commencé
en 1939 avec la nouvelle
Ligne de vie : L'homme qui vendit la Lune (1950);
Marionnettes
Humaines
(1951); Route de la gloire (1963). Typiquement, une
oeuvre ancrée dans la Guerre froide : mélange de militarisme,
d'anti-communisme. Avec Starship Troopers (1959, Etoiles, garde
à vous! en France) roman destiné à la jeunesse,
l'auteur renoue encore avec ses penchants militaristes. Le cinéaste
Paul Verhoeven a réalisé une adaptation très
personnelle et heureusement décalée (1997) de cette oeuvre.
Mais Heinlein est aussi l'auteur d'En terre étrangère
(1961), un roman dans lequel s'exprime curieusement une forme de libertarisme
new
age. Suffisant pour assurer le succès de l'oeuvre auprès
de la jeunesse des années 1960...
A.E.
Van Vogt.
A. E. (Alfred Elton)
Van Vogt (1912-2000), avec A la poursuite des Slans, 1940), renouvelle
le thème du mutant persécuté, qui d'une certaine façon
s'inscrit dans le prolongement de la voie ouverte par Mary Shelley. L'ouvrage
est anodin, mais plutôt sympathique. Van Vogt se montre à
la fois plus ambitieux et moins bien inspiré dans l'embrouillé
Monde des non-A, (The World of Null-A, début en
1945). Apparemment, il ignore que le non-A (= non-Aristotélisme)
a gagné la bataille des idées depuis au moins la Renaissance
et mène un combat d'arrière-garde. Un critique a résumé
ainsi l'histoire : « Un homme égaré, Gilbert Gosseyn,
mutant doté d'un double cerveau, ignore qui il est et passe tout
le roman à le chercher-».
N'empêche, l'ouvrage a trouvé son public. Traduit en français
par Boris Vian hilmself, il a été suivi des Joueurs
du non-A (The Pawns of Null-A , 1956) et de La fin du non-A
(Null-A Three, 1985).
Le cycle des Armureries
d'Isher (The Weapon Maker, 1941, Weapon Shops of Isher,
1951, etc.) peut apparaître plus intéressant, au moins du
point de vue de la maîtrise du récit. Le résumé
qu'a fait Jacques Sadoul de cette oeuvre peut donner une idée de
ce à quoi peut s'attendre le lecteur lorsqu'il aborde une roman
de Van Vogt :
«
Cette suite romanesque raconte l'histoire de l'empire d'Isher, situé
dans un avenir lointain. Deux pouvoirs opposés s'y affrontent :
celui - légal - de l'impératrice Innelda et celui - occulte
- de la Guilde des Armuriers. Entre les deux, toujours caché sous
différents pseudonymes, Robert Hedrock, un immortel. A l'insu de
tous, Hedrock fut le fondateur de la Guilde et le premier empereur de la
dynastie d'Isher. On reconnaît bien là la complication des
thèmes vanvogtiens et les coups de théâtre que peut
susciter une situation aussi complexe. Mais cela ne suffit pas à
l'auteur qui va y ajouter une race d'êtres extraterrestres, arachnéides,
menaçant l'empire d'Isher. Là encore le rôle d'Hedrock,
l'immortel, sera déterminant. Les extraterrestres repartiront à
la fin du roman en prononçant la phrase désormais célèbre
: « Nous aurons au moins appris une chose : voici la race qui
va régner sur le sevagram ». Cette phrase a ceci
d'admirable qu"il n'est jamais question un seul instant du "sevagram"
dans le cours du récit. »
Par contre, on trouve
au fil des pages des slogans plus faciles à déchiffrer, tels
que «-Etre
armé, c'est être libre-»,
et que l'on dirait sponsorisés par la NRA (National Rifle association).
Citons encore La
faune de l'espace (The Voyage of the Space Beagle, 1950), recueil
de nouvelles, dans lequel Van Vogt invente une zoologie de cauchemar. Il
y apparaît notamment un monstre nommé Xtl, que l'auteur a
cru reconnaître dans celui que Ridley Scott a su rendre si terrifiant
dans son film Alien (1979).
Au final, Van Vogt
, malgré une idéologie pour le moins discutable, a réussi
a s'imposer par son écriture à la fois lourde, confuse et
hypnotique qui entraîne dans les méandres embrouillés
de ses fantasmes. Ecrivain très défectueux, mais doté
d'une puissance d'imagination rare, il a eu une influence considérable
sur la SF, y compris sur nombre des auteurs qui ont émis à
son sujet les réserves les plus sérieuses.
Lester
del Rey.
Collaborateur régulier et de longue
date d'Astounding, Lester del Rey (1915-1993) est surtout connu
pour son roman
Nerves (Crise en français), paru en
1942 : un accident survient dans une centrale atomique; la moitié
des Etats-Unis sont menacés par une possible explosion; un seul
homme pourrait éviter la castrophe, mais il prisonnier dans les
décombres... gros suspense. Du même auteur : le Onzième
commandement (1962); Psi (1971).
Ray
Cummings.
Ray Cummings (1887-1957) est l'un des
auteurs les plus féconds de l'époque des pulps. Complètement
oublié aujourd'hui, ils se signale par le rôle qu'il a joué
dans l'installation de quelques-unes des thématiques sur lesquelles
s'est construite la SF américaine naissante. Tama of the Light
Country (1930) et Tama, Princess of Mercury (1931), parus
dans Argosy parlent de Vikings et
de la préhistoire et de la planète Mercure .
The
Exile of Time (paru dans Astounding Stories en 1931) évoque
la révolte des robots et les rayons paralysants. Brigands of
the Moon (dans Astounding Stories, 1930), convoque l'antigravité,
les Martiens et les Vénusiens, l'invisibillité; Blood
on the Moon (paru dans Thrilling Wonder Stories en 1936) roule
sur les mêmes thèmes. La grande affaire de Cummings est surtout
le voyage dans le temps : The Time Professor (dans Argosy,
dès 1921), Le maître du temps (The Man Who Mastered
Time, dans Argosy, 1929), La fille fantôme (The Shadow
Girl, dans Argosys 1929), etc.
Nat
Schachner.
L'humanisme militant de Nat Schachner
(1895-1955) pourrait à lui seul faire mentir tous les clichés
que l'on a de la science-fiction à son époque. On lui doit
un roman, Space Lawyer (1953), composé de deux nouvelles
initialement parues dans Astounding en 1941 et cousues ensemble,
et un autre roman, écrit en collaboration avec Arthur Leo Zagat
(1896-1949), Exiles of the Moon (1931), sur l'exploitation de l'homme
par les puissances de l'argent, oeuvre d'inspiration évidemment
socialiste.
Dans sa nouvelle Beyond all Weapons, parue dans Astounding
en 1941, il invente la notion de psycho-histoire qu'Asimov saura faire
fructifier un peu plus tard. On pourra lire cette nouvelle traduite en
français (L'arme suprême) dans l'anthologie consacrée
à Schachner et publiée en 1973 sous le titre de L'homme
dissocié.
Le
space opera.
Dans le space opera, qui peut revendiquer
comme ancêtres Lucien de Samosate et Edgar Rice Burroughs
(avec son cycle de John Carter), l'action se déploie à
travers l'espace sidéral et sur des planètes (planet
opera) où se côtoient sans complexes technologies
avancées et sociétés passéistes.
+ Edward Elmer
« Doc » Smith (1890-1965) installe le space opera
dans la science-fiction américaine moderne en lui procurant ses
codes principaux. Il a commencé a publier de la SF dès 1915.
Son premier roman, La curée des astres, est publié
en 1928 dans Amazing Stories; vient ensuite une série de
textes qui composeront le cycle de Fulgur (Lensman Series,
en anglais), qui se veut un roman policier intersidéral, : Triplanétaire
(1934),
Patrouille Galactique (1937); Le Fulgur Gris (1939);
Le
Surfulgur (1941); Les Enfants du Joyau (1947); Le Premier
Fulgur (1950) .
+ Edmund Hamilton
(1904-1977) a été un des scénaristes de la BD Superman.
Il est aussi l'auteur de plusieurs cycles qui relèvent du space
opera.
Captain Future (de 1940 à 1946) est une série
de courts romans pour la jeunesse dont a été tirée,
à la fin des années 1970, la série animée
japonaise
Capitaine Flam. Le cycle Interstellar Patrol réunit
sept textes publiés de 1928 à 1930. On peut aussi mentionner
: Le Loup des étoiles (1982) , un cycle qui réunit
L'Arme
de nulle part ( 1967), Les Mondes interdits (1968) et La
Planète des loups (1969). Mais Hamilton est surtout
connu pour Les Rois des étoiles (1949), avec sa suite le
Retour
aux étoiles (1967) : le héros en est un obscur
comptable new-yorkais qui échange son esprit avec un prince galactique
et se trouve au coeur d'une grande guerre interstellaire dont l'issue repose
sur ses seules épaules. La revanche des médiocres...
+ Leigh Brackett
(1915-1978),
épouse d'Edmond Hamilton, a souvent été qualifiée
de « reine du space opera ». Son oeuvre, mâtinée
de fantasy, comprend notamment : le cycle du Le Livre de Mars
(L'Épée de Rhiannon, 1953; Le Secret de Sinharat,
1964; Le Peuple du talisman, 1964; Les Terriens arrivent,
1967) et Le Cycle de Skaith (Le Secret de Skaith,1974; Les
Chiens de Skaith, 1974; Les Pillards de Skaith,1976. Brackett
a été également coscénariste de plusieurs films
d'Howard Hawks (Le Grand someil, Rio Bravo, etc..) et même,
peu avant sa mort, d'une première version du scénario de
l'Empire Contre-attaque, deuxième volet de la saga Star
Wars.
+ Jack Williamson (1908-2006) est
plus intéressant. Son sens de l'action et son imagination compensent
une écriture un peu désuette aujourd'hui. Son space opera
le plus connu, La légion de l'espace (quatre romans parus
entre 1934 et 1982 ) ressemble à une version galactique des Trois
Mousquetaires .
Dans La Légion du temps (1938 et 1939), Williamson explore
les futurs alternatifs de la Terre. Williamson peut à l'occasion
quitter le space opera par exemple avec Plus noir que vous ne
pensez (1940) : il y reprend dans un contexte de SF le thème
fantastique des loups-garous (comme Matheson le fera avec celui des vampires
dans Je suis une légende). Dans ses
Humanoïdes,
les robots, à force de prévoyance envers les humains finissent
par les étouffer.
+ Dautres auteurs
de space operas : Charles Harness
(1915-2005) : Vol vers hier
(1953 dans Startling Stories
réédité sous le titre de The Paradox Men);
L'Anneau
de Ritornel (1968). Plus tardif (deuxième génération
d'Astounding), Poul Anderson (1926-2001), écrivain prolifique
qui a aussi donné dans l'heroic fantasy, est l'auteur de
plusieurs space operas, dont La Patrouille du Temps (1960)
et Agent de l'Empire terrien (1965); un de ses autres romans, Les
Croisés du cosmos (The High Crusade, 1964), qui raconte
l'arrivée d'extraterrestres dans l'Europe du XIVe
siècle a été porté à l'écran
par Klaus Knoesel et Holger Neuhäuser (1994).
Un
des lieux communs de l'ancien space opera : La jeune femme en détresse,
à la merci
d'un
affreux monstre étranger, sera finalement sauvée par le héros
invincible...
 |
|
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Couverture
de Wonder stories, l'un
des magazines créés par H. Gernsback. La littérature
populaire exprime les fantasmes racistes de l'Amérique des années
30 par une métaphore transparente : « on ne touche pas à
la femme blanche! » |
Heureusement,
la « femme blanche » peut aussi s'emparer du cliché
pour le détourner à son profit. C'est ce que font les héroïnes
de Catherine L. Moore, à l'image de Shambleau ou, ici, de
Jirel de Joiry dans The black god's kiss (dansWeird
Tales, 1933), |
La
saga Starwars a repris les codes, les poncifs et même
les personnages stéréotypés du space opera.
Leia est le clone de dizaines de princesses de SF, et Han Solo est le calque
parfait de Northwest Smith, personnage récurrent des oeuvres de
C. L. Moore. |
La SF après
l'âge d'or des pulps
Après la Seconde
Guerre mondiale, un nouvel état d'esprit voit le jour, de nouvelles
thématiques s'installent sur le devant de la scène, et les
auteurs qui les portent commencent à se trouver à l'étroit
dans les pulps traditionnels. En fait, dès 1938, le groupe
new yorkais des Futurians avant déjà ouvert la voie. Mais
désormais de nouveaux magazines vont renforcer cette évolution
et devenir à la fois les laboratoires et les promoteurs de
cette nouvelle SF. C'est d'abord New Worlds, en Angleterre,
créé dès 1946. Viennent ensuite The Magazine of
Fantasy and Science Fiction, né aux Etats-Unis en 1949, et
Galaxy
, qui a eu deux époques de parution (1950-1980, 1990-1995).
Après les
attaques sur Hiroshima et Nagasaki, et avec l'enracinement de la Guerre
froide, les vieilles inquiétudes apocalyptiques et post-apocalypiques
deviennent de plus en plus prégnantes. De nombreux auteurs à
envisager la fin de la civilisation actuelle (à la suite d'uneTroisième
guerre mondiale, ou, plus tard sous l'effet d'épidémies,
d'un cataclysme cosmique ou d'un dérèglement écologique)
: R. Barjavel, Bernard Wolfe (1915-1985) dans Limbo (1952),
Ph. K. Dick, R. Matheson, Galouye, etc. Et au cinéma, on a par exemple
Stalnley Kubrick (1928-1999) qui réalise Docteur Folamour (Dr
Strangelove or how I learned to stop Worrying and love the Bomb,
1964), sur ce même thème.
Les Futurians.
Le groupe des Futurians
a été fondé à New York en 1938, par
Donald Wolheim (auteur de la série de Mike Mars) et
n'existera que jusqu'en 1945. Né en réaction contre l'orientation
très conservatrice des magazines de John Campbell, il est constitué
d'auteurs progressistes (la plupart de gauche, voire d'extrême gauche
(F. Pohl, Judith Merril), mais parfois aussi de droite comme J. Blish.
Certains d'entre eux ont commencé à publier dans Astounding,
mais veulent se démarquer de l'esprit des pulps en promouvant
une science-fiction dans laquelle il n'est plus question de chercher un
alibi nécessaire dans les sciences dures (ou les pseudo-sciences
si prisées par Van Vogt et consorts). Pour eux, la SF peut se revendiquer
désormais comme une littérature à part entière,
autonome, indépendante de toute référence scientifique,
même si, à l'occasion, elle est succeptible de questionner
le progrès technique et la place de la science dans la société.
On a parlé de cette science-fiction sociologique pour désigner
cette SF. Et il est à noter au passage que cette approche
nouvelle n'est pas exclusive aux Futurians : ainsi, par exemple,
Jack Vance, auteur étranger à ce groupe, aborde-t-il, dans
des planet operas, la linguistique-fiction dans les Langages
de Pao (1958) et l'ethnologie-fiction dans le cycle de Tschaï
(série de quatre romans, 1968-1970).
Frederik
Pohl et Cyril Kornbluth.
Frederik Pohl (1919-2013) a été
d'abord éditeur de pulps, puis a été à
la tête, à partir de 1961, des magazines
If et Galaxy.
Comme auteur, il est surtout connu pour deux romans écrits en collaboration
avec Cyril Kornbluth (1923-1958) :
Planète à gogos
(1952) qui pourfend avec férocité la société
de consommation, et l'Ere des gladiateurs (1955) qui décrit
un impitoyable futur où les jeux du cirque ont été
rétablis sur fond de paris truqués. Kornbluth a également
écrit avec Judith Merril des romans signés Cyril Judd.
Isaac
Asimov.
Isaac Asimov (1920-1992) publie
en mars 1942 une nouvelle intitulé Runaround (Cercle vicieux)
dans Astounding : il s'agit d'une histoire de robots dans laquelle
Campbell découvre sous forme implicite les trois lois de la robotique,
qu'il énonce pour la première fois et qui auront la
fortune que l'on sait. La même année Asimov publie dans la
même revue le début de ce qui va être
Fondation,
l'histoire d'un empire galactique du futur, avec ses suites Fondation
et Empire (1952) et Seconde Fondation (1953),
qui forment un cycle de romans et de nouvelles auquel l'auteur continuera
de travailler jusqu'à sa mort en 1992. Avec Les Cavernes d'Acier
(1954) et sa suite Face aux feux du Soleil
(1957) Asimov invente
un nouveau type de polar, où l'enquête est menée par
deux policiers, dont l'un est un robot. Dans La Fin de l'éternité
(1955), il décrit un univers sous la coupe de gardiens du temps
et aborde de front la question du paradoxe temporel.
-
Illustration
d'Orban pour
la
nouvelle Cercle vicieux d'Asimov.
James
Blish.
James Blish (1921-1975) , avec son cycle
des Villes nomades (La Terre est une idée, 1955; Aux
hommes les étoiles, 1956; Un coup de cymbales,
1958; Villes nomades, 1962) raconte l'histoire d'une civilisation
qui se déploie dans des cités de l'espace et inaugure une
nouvelle manière d'envisager le space opera. Dans un Cas
de conscience (1958), Blish donne un exemple de théologie-fiction
: sur une planète édénique, un jésuite
s'interroge sur le bien et le mal. Quant à ses Semailles humaines
(1967), il s'agit de récits d'une humanité future transformée
par la technologie (une transhumanité, donc) et capable de vivre
dans les milieux les plus exotiques. Notons enfin que James Blish est l'auteur
entre 1967 et 1975 de plusieurs nouvelles appartenant au monde de la série
TV Star Trek.
Damon
Knight.
Anthologiste (collection Orbit)
et aussi critique littéraire avisé et intransigeant Damon
Knight (1922-2002) est également l'auteur de nombreuses nouvelles.
Un épisode célèbre de la série TV The Twilight
Zone, est l'adaptation de To serve Man (1950), une nouvelle
de Knight : des extraterrestres débarquent, on parvient à
traduire le titre d'un de leurs livres : « Comment servir l'homme
». Mis en confiance, les humains embarquent en masse sur le vaisseau
des visiteurs. La suite de la traduction de l'ouvrage arrive trop tard...
Il s'agissait d'un livre de cuisine. Autres oeuvres : Hell's Pavement
(1955, le Pavé de l'enfer);
Beyond the Barrier (1964,
Passé
la barrière du temps), etc.
-
 |
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Créé
dès 1949, le magazine de Fantasy and Science fiction s'est
d'abord un peu cherché. Mais il est devenu bientôt une référence,
accueillant dans ses pages quelques uns des meilleurs auteurs. Elle a conservé
jusqu'à aujourd'hui une image de grande tenue littéraire. |
Couverture
du premier numéro de Galaxy (octobre 1950). Déjà
au sommaire : Clifford D. Simak, Theodore Sturgeon, Fritz Leiber, Isaac
Asimov... Ce magazine a aussi ouvert ses pages à une réflexion
critique approfondie, ce qui en a fait un des creusets de la science-fiction
d'après guerre.. |
Les héritiers
de Lovecraft.
L'oeuvre de H. P. Lovecraft a influencé
un grand nombre d'écrivains de science-fiction. Sturgeon, Bradbury
et Leiber sont sans doute les plus notables, mais d'autres mériterent
d'être mentionnés, tels Robert Bloch (1917-1994) ou Henry
Kuttner (1915-1958).
Theodore
Sturgeon.
Theodore Sturgeon (1918-1985), écrivain
virtuose et profond, n'en finit pas d'explorer avec une infinie empathie
la question de l'humain à la marge, de l'humain défaillant,
face à la société normée - ou bien (mais cela
revient au même pour lui) de l'enfant condamné, malgré
ses blessures, à devenir un adulte. Sturgeon a surtout écrit
des nouvelles. Cristal qui songe (1950), son premier roman,
raconte l'histoire d'un enfant réfugié dans un cirque et
qui se construit en communiquant avec de mystérieux cristaux intelligents.
Dans les Plus qu'humains (assemblage de trois longues nouvelles
dont la première remonte à 1952), il est encore question
d'enfants. Cette fois, il s'agit de trois enfants, d'un bébé
et d'un idiot qui s'unissent pour développer des pouvoirs extraordinaires.
Ray
Bradbury.
Ray Bradbury (1920-2012) est surtout connu
pour ses Chroniques martiennes (début en 1946), qui sont
une série de textes poétiques et mélancoliques en
diable, au travers desquels est racontée la conquête de Mars
par les Terriens; les Martiens finiront par disparaître ou par ne
plus être que des ombres errantes comme les Indiens en Amérique.
Dans Farenheit 451 (1953), dont François Truffaut tirera
un film en 1966, c'est d'une société future dont il est question,
une société obscurantiste et totalitaire où les pompiers
sont chargés de brûler les livres. mais un jour, un de ces
soldats du feu rencontre la Résistance....
Fritz
Leiber.
Fritz Leiber (1910-1992) a consacré
beaucoup de son temps à l'heroic fantasy avec son cycle des
Epées.
Côté SF, on lui doit plusieurs romans très remarquables
par la qualité de leur écriture et aussi par l'originalité
du traitement de sujets pour le reste classiques. Le Grand jeu du temps
(1958) est comme un space opera qui se jouerait sur la scène
d'une théâtre : quelque chose entre les Perses
d'Eschyle et la Guerre des étoiles,
en somme. Dans Le Vagabond (1964), une planète habitée
venue d'outre-espace fait irruption dans le Système solaire : rencontre
XXL traitée à la manière d'un tableau
cubiste. Et dans le genre uchronique, Leiber propose encore une oeuvre
à part : un Spectre hante le Texas (1969); au menu
: Texans impériaux, hormones de croissance, Mexicains révoltés
et extraterrestres.
Et encore quelques
auteurs remarquables...
Cliford
Simak.
Cliford Simak (1904-1988)
est l'auteur de deux grands textes de la science fiction, tout en poésie
et sensibilité : Demain, les chiens (recueil de nouvelles
sur le même thème inauguré en 1944 avec une nouevlle
intitulé City) : il y a des légendes que l'on se raconte
entre chiens selon lesquelles l'Homme régnait autrefois
sur la Terre. On prétend aussi qu'un jour les chiens devront à
leur tour quitter la planète pour laisser la place aux fourmis.
Way
Station (Au carrefour des étoiles, 1963) : Nous
sommes au fin fond du Middle-West, un certain Enoch Wallace accueille,
dans une sorte de station de transit secrète, les voyageurs venus
de l'espace; la CIA est aux aguets.
-
 |
|
Couverture
de la première édition de City (Demain, les chiens),
de Clifford Simak.
|
L'Univers
en folie de Fredric Brown, à la une de Startling Stories
(septembre 1948).
|
Fredric
Brown.
Fredric Brown (1906-1972) est surtout
un auteur de polars, mais on lui doit aussi deux incursions remarquées
dans la SF : dans l'Univers en folie (1949), une histoire désopilante
d'univers parallèles, il passe au kärcher tous les clichés
de la science-fiction, en tout cas ceux que propagent les pulps.
Dans Martiens go home!, c'est toute l'humanité qui en prend
pour son grade : les Petits hommes verts débarquent, mais comme
ils sont matériellement inconsistants, on s'imagine qu'ils sont
inoffensifs. Grossière erreur : les Martiens disposent d'une arme
de destruction massive : ils disent toujours la vérité...
Robert
Schekley.
C'est l'humour qui nous fait rapprocher
Robert Sheckley (1928-2005) de Fredric Brown. Sheckley
est l'auteur de romans qui semblent plus appréciés pour la
drôlerie de certains de leurs passages que par leur trame. On peut
citer : Echange standard (1965). Mais Schekley est d'abord un auteur
de nouvelles et de textes très courts. On retiendra ainsi deux nouvelles
parues dans Galaxy : Seventh victim (1954,
adapté au cinéma en 1965 par Elio Petri sous le titre de
La
dixième victime), qui décrit une société
où le crime est devenu légal, - on y organise des chasses
à l'homme où l'on tour à tour le chasseur et la proie
-, et The deaths of Ben Baxter (1958), sur le thème du voyage
dans le temps, - peut-on changer le présent en altérant quelques
détails du passé?
Kurt
Vonnegut.
Kurt Vonnegut Jr (1922-2007), toujours
sarcastique et brillant, n'a pas écrit que de la science-fiction,
mais quelques-une de ses meilleures oeuvres appartiennent bien à
ce genre. L'histoire du Pianiste déchaîné se
déroule à Ilium, un monde d'après la Troisième
guerre mondiale, un monde bien réglé où les machines
s'occupent de tout. Dans Les Sirènes de Titan (1959), le
héros disséminé par accident dans l'espace et le temps
devient pratiquement omniscient. Il sait, notamment que sur Titan ,
le satellite de Saturne ,
un extraterrestre en panne de vaisseau attend d'être dépanné
depuis 200 000 ans. Le Berceau du chat (1963), commence comme une
enquête sur la bombe d'Hiroshima et se termine sur une île
soumise à un dictateur et à un gourou, ou alors simplement
à la bêtise humaine.Dans Abattoir 5 (1969), le héros
est ancien prisonnier de guerre, survivant des bombardements de Dresde;
il n'en finit pas de parcourir dans le temps ou l'espace jusqu'à
une lointaine planète. Effets d'un stress post-traumatique
ou voyages réels? Dans
Galapagos (1987)
, des voyageurs échouent aux îles Galapagos
au moment où un virus décime toute l'humanité. L'évolution
des espèces va devoir prendre un tour nouveau.
Alfred
Bester.
Alfred Bester (1913-1987) a reçu
le premier prix Hugo avec L'Homme démoli (1953); l'histoire
: les policiers du XXIVe siècle
disposent de moyens télépathiques qui devraient leur permettre
de résoudre tous les crimes, mais un meutrier parvient à
les tenir en échec. Terminus les étoiles (1956) est,
comme le précédent, un roman complexe et élaboré.
C'est le récit d'une vengeance : le survivant d'une catastrophe
interstellaire n'a pas été secouru par ceux à qui
il demandait de l'aide; finalement sauvé, il va poursuivre
à travers le temps et l'espace ceux qui l'avaient abandonné.
Daniel
Keyes
On doit à Daniel Keyes (1927-2014)
un classique, d'abord paru dans Fantasy & Science Fiction :
Des
fleurs pour Algernon (1966) : Charly est un attardé mental;
un jour il bénéficie d'un traitement qui a rendu Algernon,
une souris, intelligente. Il devient lui aussi supérieurement intelligent.
Mais Algernon perd bientôt ses capacités et meurt. Charly
connaît désormais son destin. Il assiste, impuissant et désemparé,
à son propre retour dans les ténèbres. L'ouvrage a
eu plusieurs adaptations : au cinéma (Charly de Ralph Nelson,
1968), à la télévision et au théâtre.
Richard
Matheson.
Richard Matheson (1926-2013) est surtout
connu pour son roman Je suis une légende (1954), histoire
du dernier humain dans un monde où tous ses congénères
sont devenus des vampires; l'ouvrage à
été porté à l'écran en 1971 Boris Sagal
(Le Survivant) et, avec le titre original, en 2007 par Francis
Lawrence). On doit lui doit aussi l'Homme qui rétrécit
(1956), dont il tirera le scénario d'un film réalisé
par Jack Arnold (1957, même titre). Matheson a également été
le scénariste de certains épisodes des séries TV La
Quatrième dimension et Star Trek.
Marion
Zimmer Bradley.
On doit à
Marion Zimmer Bradley (1930-1999) un gigantesque planet opera étalé
sur 24 romans, la Romance de Ténébreuse (Darkover
series, 1958-1999), cycle auquel s'ajoutent quantité de nouvelles
écrites par d'enthousiastes lecteurs devenus auteurs à leur
tour (près d'une centaine, semble-t-il). L'histoire est celle d'une
vieille colonie terrienne fondée sur une planète lointaine
(l'inhospitalière Ténébreuse), qui a si bien oublié
ses origines qu'elle en est retourné à un âge de la
fantasy,
et qui, deux mille ans plus tard est redécouverte par des Terriens
avec lesquels la confrontation sera inévitable. (Marion Zimmer Bradley
est également connue pour son cycle d'Avalon, une série
de romans néo-arthuriens).
Cordwainer
Smith.
Officier de renseignement de l'armée
américaine dans le civil, Cordwainer Smith (1913-1966) a produit
avec les Seigneurs de l'Instrumentalité une des oeuvres les
plus singulières et envoûtantes de la science-fiction. Ce
cycle, qui comprend un épais romans et 35 nouvelles, contient une
poésie ample, de l'humour, une profonde humanité, un sous-texte
progressiste qui sonne comme un écho au mouvement des droits civiques
qui commence à la même époque à secouer l'Amérique.
Dans son Guide totem de la SF, Lorris Murail écrit :
«
Qui a lu la Planète Shayol, la ballade de C'mell,
les aventures de Rod Mc Ban ou de Casher O'Neill, le Crime et la gloire
du commandant Suzdal, ne rêve que de rencontrer encore dans sa
vie de lecteur semblables merveilles. Car rien de plus cher ne nous a jamais
été donné par la science-fiction. »-
 |
|
La
Ballade de C'mell, de Cordwainer Smith,
sur
la couverture de
Galaxy Magazine (1962).
|
Couverture
de Simulacron-3,
de
Daniel Galouye (1964).
|
Daniel
Galouye.
Daniel Galouye (1920-1976), un autre ancien
militaire (il a été pilote pendant la Seconde Guerre mondiale),
a été un des premiers auteurs à imaginer, dans Simulacron-3
(d'abord
paru dans Galaxy, en 1963), d'installer une aventure dans un univers
de réalité virtuelle. Ce roman a été adapté
pour la télévision allemande par R. W. Fassbinder (Welt
am Draht, 1973) et au cinéma par Josef Rusnak (The Thirteenth
Floor, 1999). Ses idées se retrouvent aussi dans la série
des Matrix (1999-2003) des soeurs Wachowski. On doit également
à Galouye deux romans post-apocalyptiques : dans Le Monde aveugle
(Dark Universe, 1961), les humains, vivant dans une caverne obscure
et devenus aveugles, n'ont plus qu'un but : revenir à la surface
- mais pour découvrir quel monde? Dans Les Seigneurs des sphères
(Lords of Psychon, 1963), Galouye décrit une Terre envahie
par des sphères d'énergie d'origine extraterrestre, qui deviendront
d'autant plus redoutables quand elles comprendront que les humains sont
doués d'intelligence.
Sans
oublier...
+
Sprague
De Camp : Le règne du gorille (en collaboration avec
P. Schuyler Miller, 1941); De peur que les ténèbres
(1949); et divers romans d'heroic fantasy.
+ John
D. McDonald (1916-1986), surtout auteur de polars a donné à
la SF : le Vin des rêveurs (1951); le Bal du cosmos
(1952).
+ Eric
Frank Russell (1905-1978), auteur britannique écrivant aux Etats-Unis
offre, avec Guerre aux invisibles (1943), un roman agréablement
paranoïaque, qui rapelle
Le péril bleu de Maurice Renard.
+ Edgar
Pangborn (1909-1976) : Un miroir pour les observateurs (1954);
Davy
(1964).
+ James
Schmitz ( 1911-1981) : Agent de Véga (1960);
Les Sorcières de Karrès (1966).
+ Wilson
Tucker (né en 1914) : A la poursuite de Lincoln (1958);
l'Année
du soleil calme (1970).
+ Chad
Oliver (1928-1993) : Ombres sur le Soleil (1954); Les Vents
du temps (1957). Un auteur ouvert à l'écologie et à
la diversité culturelle. |
+
Walter
M. Miller (1922 - 1996) : Un cantique pour Leibowitz (début
en 1955) : dans un monde post-atomique où notre civilisation a été
oubliée, la découverte de documents laissés dans un
couvent par un savant d'autrefois ( «saint » Leibowitz), relance
la roue de l'histoire.
+ James
E. Gunn (né en 1923) : Le Monde forteresse (1955); le
Pont sur les étoiles (en collaboration avec Jack Williamson,
1955); Holocauste (1973). Gunn a été très actif dans
la formation à l'écriture des futurs auteurs de SF.
+ Ward
Moore (1903-1978) : Encore un peu de verdure (1947) place son
action dans un monde envahi (dramatiquement) par l'herbe; Autant en
emporte le temps (1953), décrit une Amérique où
la Guerre de sécession a été
gagnée par les Sudistes.
+ Fred
Hoyle (1915-2001), astrophysicien, promoteur de la théorie cosmologique
de l'état stationnaire et inventeur de l'expression
big bang
utilisée pour désigner (et pour la dénigrer) la théorie
concurente. Il a écrit plusieurs romans de SF : le Nuage noir
(1957);
Le
premier octobre il sera trop tard (1966); A comme Andromède
(1962); Inferno (1973). |
Hors des Etats-Unis.
En
Angleterre.
Olaf Stappleton (1886-1950) est un auteur
original. Les derniers et les premiers, 1930; Créateur
d'étoiles, 1937), sont des textes portés par une extraordinaire
fougue métaphysique qui s'affranchissent du schéma narratif
habituel du roman et ne ressemblent à rien d'autre. On lui
doit aussi plusieurs autres romans plus classiques : Rien qu'un surhomme
(1935), Sirius (1944), etc.
Clive S. Lewis (1898-1963) est l'auteur
d'une trilogie (Le silence de la Terre, 1938; Voyage à
Vénus, 1943; Cette hideuse puissance, 1945), qui relève
de la théologie-fiction. On lui doit aussi le cycle de Narnia,
sept romans de fantasy destinés aux plus jeunes.
John Wyndham (1903-1969) est l'auteur de
trois romans cataclysmiques : Les Triffides (1951); le Péril
vient de la mer (1953); les Chrysalides (1955). On lui doit
aussi les Coucous de Midwich (1957), qui donneront lieu à
plusieurs adaptations cinématographiques, notamment par Wolf Rilla
(1960) et par John Carpenter (1995), et intitulées Le Village
des damnés.
John Christopher (né en 1922) est
un autre auteur cataclysmique : Terre brûlée (1956);
l'Hiver
éternel (1962);.
Notons enfin les incursions dans la SF,
au travers de dystopies, de George Orwell (1903-1950), d'Antonny Burgess
(1917-1993) et de Wiliam Golding (1911-1993).
Orwell, avec La Ferme des animaux (1944) et avec 1984 (1949).
Antonny Burgess a publié en 1962
La Folle semence et, la
même année,
Orange mécanique, roman qui sera
adapté par Stanley Kubrick en 1971. William
Golding, pour sa part est l'auteur de Sa Majesté des mouches
(1954), qui a été l'objet de deux adaptations au cinéma,
par Peter Brook en 1963, et par Harry Hook en 1990, et qui reprend le thème
du Quinzinzinzili
de Messac, ou des
Enfants
de Timpelbach de Winterfeld.
En
France.
Des revues Fiction
et Galaxie, versions françaises de Fantasy and Science
Fiction et de Galaxy ont fait connaître la science-fiction
américaine en France. Mais contrairement aux Etats-Unis, comme on
l'a déjà noté, les collections de livres sont plus
importantes en France que les revues. La encore ces collections font d'abord
connaître la production d'outre Atlantique.
-
 |
|
Couverture
du magazine Fiction.
Cette publication, version française du Magazine of Fantasy and
Science Fiction a existé entre 1953 et 1989. Elle a contribué
à faire connaître en France la SF américaine, avant
de s'ouvrir aux jeunes auteurs français, tels qu'Andrevon, Houssin
et Walther.
|
Couverture
du magazine Galaxie,
qui était la version française de la revue américaine
Galaxy.
Cette revue, exclusivement tournée vers la SF anglo-saxonne , a
été publiée entre 1953 et 1959, puis entre 1964
et 1977. A partir de 1967, des numéros spéciaux, intitulés
Galaxie
bis ont formé une collection de romans.
|
Quelques auteurs
français émergent cependant :
•
Francis Carsac (Ceux de nulle part, 1954; Terre en fuite,
1960), Nathalie et Charles Henneberg (An premier, ère spatiale,
1959; La Plaie, 1964), ou Philippe Curval (né en 1929) (Les
fleurs de Vénus, 1960; le Ressac de l'espace, 1962),
Daniel Drode (1932-1984) : Surface de la planète (1959),
Christine Renard (1919-1979) (A contre-temps, 1963) dans la collection
Rayon
Fantastique (1951-1964);
• Stefan
Wul (1922-2003) (Niourk, 1957;
Le Temple du passé,
1957;
Oms en série, 1957, duquel René Laloux et Roland
Topor on tiré un fil d'animation,
La Planète sauvage,
1973), le duo F. Richard-Bessière (Les 7 anneaux de Rhéa,
1963); B.R. Bruss (Apparition des surhommes, 1953), André
Ruellan (sous le pseudonyme de Kurt Steiner, Aux armes d'Ortog,
1960;
Ortog et les ténèbres, 1969), Michel Jeury,
Gérard Klein (sous le pseudonyme de Gilles d'Argyre, plusieurs romans
à partir de 1961) etc. dans la collection Anticipation
du
Fleuve
Noir, créée en 1951;
• Jean Hougron
(le Signe du Chien, 1961), Jean-Pierre Andrevon (né en 1937)
(Les Hommes-machines contre Gandahar, 1969), dans la collection
Présence
du Futur, créée en 1954.
A signaler aussi des
auteurs « hors collections ». Ainsi, René Barjavel (1911-1985)
imagine dans Ravage (1943) un monde dans lequel l'électricité
disparaît soudain; dans Le Voyageur imprudent (1943) il aborde
le voyage dans le temps et le thème du paradoxe temporel; Le
Diable l'emporte (1948), du même auteur, évoque
la Troisième Guerre mondiale.
On peut également
rattacher à la SF le roman de Vercors (1902-1991), les
Animaux dénaturés (1952) : l'ouvrage tourne autour de
la découverte d'une espèce nouvelle, le Paranthropus greamiensis,
intermédaire entre l'humain et les autres singes, et débouche
évidemment sur la question de savoir ce que c'est que d'être
un humain.
Enfin, signalons, la Chute dans le néant,
publié en feuilleton dans Le Figaro (1947), par le journaliste
Marc Wersinger (né en 1909), sur le thème de l'homme modifié.
.
En
Union Soviétique.
Les limites à
la liberté d'expression en Union Soviétique
n'ont pas empêché le développement d'une science fiction
très riche. Dès les années 1920, parmi les auteurs
et les oeuvres les plus connus en Occident, on peut mentionner :
Alexandre Béliaev (L'Homme amphibie, 1927); Eugène
Zamiatine (Nous autres, 1921), Mikhail Boulgakov (Les Oeufs
du destin, 1925).
Plus tard viendront
: Ivan Efremov (La Nébuleuse d'Andromède, 1957), les
frères Arcady et Boris Strougatsky (Il est difficile d'être
un dieu, 1964; les Mutants du brouillard, 1972; Stalker,
1972, adapté au cinéma par Andreï Tarkovski, 1979 ),
Kir Bulytchov qui s'est notamment illustré avec des ouvrages destinés
au plus jeunes ( (série des Alisa Selezneva, 1968-2003; série
des Dr Pavlych, 1970-2009). Le space opera est représenté
par Alexander Kolpakov (Griada,1960) et Sergueï
Snegov (Les Humains en tant que dieux, triologie publiée
entre1966 et 1977).
Nouvelle vague. Nouvelle
génération
Dans le domaine de la
SF, ce que l'on a appelé la Nouvelle vague ne correspond
pas véritablement à une rupture avec la démarche qu'adoptent
les écrivains depuis les années 1950. D'ailleurs, certains
auteurs que l'on a déjà mentionnés (Theodore Sturgeon,
ou Fritz Leiber, par exemple) pourraient aussi être considérés
comme représentants de ce courant. Simplement, désormais,
l'exigence stylistique s'accentue et la recherche de nouvelles formes narratives,
inspirées du Nouveau roman, est plus franche, tandis que
des thématiques nouvelles apparaissent ou se consolident : émancipation
des moeurs, drogues psychotropes (Ph. K. Dick, Jeury), homosexuatité
(Delany, Russ), etc.
La SF n'a jamais
cessé d'être une littérature miroir des aspirations
et des angoisses de son temps, et nous sommes à l'époque
de la Guerre du Vietnam, du mouvement hippie, de la contre-culture. Les
têtes d'affiche de la New wave anglaise (Moorcock, Ballard,
Aldiss) sont à l'avant-garde du mouvement contestataire du moment;
à peu près le même constat peut se faire en Amérique,
où la plupart des représentants de la New wave sont
politiquement engagés à gauche. Mais, comme au temps des
Futurians, il y a quelques exceptions : on rencontre quelques vieux auteurs
conservateurs, formés à l'école des pulps,
tels que le catholique R. A. Lafferty (les Quatrièmes
demeures ,1969), ou même le réactionnaire
Poul Anderson, qui s'accommodent très bien, sur le plan littéraire,
des nouveaux canons de la SF.
A côté
de vrais expérimentateurs (S. Delany, M. Moorcock) on rattache à
la New wave de nombreux auteurs qui donnent une forme plus classique
à leur oeuvre (Robert Silverberg, Roger Zelazny, etc.), même
si leur approche est bien en phase avec les grands fondamentaux politiques
et sociétaux des années 1960-1970.
La
New
wave en Angleterre et aux Etats-Unis : on ne parle plus de science
fiction mais de speculative fiction; ça tombe bien les
initiales sont les mêmes....
 |
|
|
Couverture
de New Worlds (mai 1964). C'est le premier numéro
que dirige Michael Moorcock. Au sommaire : Ballard, Aldiss, Brunner, W
Burroughs... |
England
Swings SF (1968) C'est avec cette anthologie que Judith Merril fait
connaître la Nouvelle vague anglaise aux Etats-Unis. |
Avec
Dangerous
Visions, anthologie en deux volumes (1967-1972), Harlan Ellison
offre un laboratoire à la New wave américaine. |
La New wave
en Angleterre.
Marxistes, postmodernes...
On a donné beaucoup de qualificatifs aux promoteurs de la nouvelle
vague de la science-fiction, qui s'est contituée en Grande-Bretagne
autour du magazine New Worlds. Peut-être parce que sans
cesse ils interpellent la société contemporaine Une chose
est sûre, on assiste alors à la naissance d'une SF tournée
vers l'expérimentation, vers la recherche de nouvelles écritures.
Avec la New wave émerge une littérature marquée plus
que jamais par l'exigence stylistique, et pour laquelle la SF n'est qu'un
langage parmi d'autres.
Michael
Moorcock.
Michael Moorcock (né
en 1939) se signale surtout par le rôle central qu'il a joué
dans cette évolution en tant que directeur du magazine New Worlds
entre 1964-1968. Comme écrivain, il est d'abord un auteur de fantasy
(cycle d'Elric le Nécromancien, commencé en
1961); la SF lui doit :
Le
jeu du sang (The Sundered Worlds, 1965, un space opera);
Voici
l'homme (Behold the Man, 1969); Une chaleur venue d'ailleurs
(1972); Gloriana (Gloriana, or The Unfulfill'd Queen, 1978);
L'affaire
du Bassin des Hivers (The Affair of the Bassin Les Hivers,
2007, un polar). Dans la veine steampunk (voir plus bas), on notera
: Before Armageddon (1975) et
Les aventures uchroniques d'Oswald
Bastable (3 romans, de 1971 à 1981).
John
Brunner.
John Brunner (1935-1995)
s'est fait connaître avec Tous à Zanzibar (Stand
on Zanzibar, 1968, une ville sous dôme et sous contrôle
total en même temps qu'une vision cauchemardesque du XXIe
siècle, écrit à la manière de la trilogie USA
de Dos Passos - au fait, savez-vous que toute la population mondiale contiendrait
sur la surface de l'île de Zanzibar?). On peut encore mentionner
de lui : le Troupeau aveugle (The Sheep Look Up, 1972, une
vision écologique ultra-pessimiste du futur proche, dans la lignée
de Tous à Zanzibar, dont J.-P. Andrevon a dit [encore] :
"un truc à la Dos Passos, si vous voyez ce que je veux dire.
Un roman simultanéiste, foisonnant, à la mesure du foisonnement
du monde".); L'homme total (The Whole Man, 1964,
trois nouvelles cousues ensemble); A l'ouest du temps (Quicksand,
1967, roman entre histoire de surhommes (ou de surfemmes) et anti-psychiatrie);
L'orbite
déchiquetée (The Jagged Orbit, 1969, New York,
2014, sur fond de de guerre raciale et de loi des gangs, dans un hôpital
psychiatrique, un Noir et quelques autres gardent la tête froide...);
Sur
l'onde de choc (The Shockwave Rider, 1975, en 2010, une sorte
d'Internet peut donner accès à n'importe quelle information
depuis un simple téléphone, mais seuls quelques-un y ont
un véritable accès, ne vaudrait-il pas mieux le détruire?);
Le
Creuset du temps (The Crucible of Time, 1983, de la SF à
l'ancienne : sur une planète condamnée, une espèce
végétale intelligente défie le destin). Aujoutons
parmi les oeuvres de Brunner : la série de l'Empire interstellaire
(un space opera composé de deux romans et de diverses
nouvelles, de 1951 à 1965); la série du Passager de la
nuit (Traveller in Black , nouvelles, 1960-1979); série
des Zarathustra Refugee Planets (4 romans et une collection de nouvelles,
de 1962 à 1989).
J.
G Ballard.
James Graham
Ballard (1930-2009), l'autre grande figure de la New wave avec Brunner,
a produit lui aussi une oeuvre très personnelle, qui l'a conduit
à se perdre, quelque temps dans les dédales de l'expérimentation
brute, avec ses exercices d'écriture éclatée. De fait,
pour Ballard, la science-fiction est un outil privilégié,
mais pas exclusif, pour explorer les exacerbations du monde. C'est donc
très naturellement qu'on le voit céder à ce tropisme
tout britannique des romans de la fin du monde (et de ses séquelles),
avec son cycle des quatre apocalypes : Le Vent de Nulle part (The
Wind from Nowhere, 1961), Le Monde englouti ( The Drowned
World, 1962) et Sécheresse (The Drought, 1964)
et la Forêt de cristal (The Crystal World ,1966). Il suit
une autre piste, plus expérimentale, avec son recueil de nouvelles
: La Foire aux atrocités (The Atrocity Exhibition,
1969). Quant à sa trilogie dite du béton (Crash, 1973,
adapté au cinéma par David Cronenberg (1996); l'Île
de béton [Concrete island], 1974, et I.G.H.
[High Rise], 1975), si elle ne peut pas être véritablement
rangée dans la SF, elle reste bien dans la veine de l'auteur. Avec
sa violence crue, l'oeuvre de ballard nous montre à quel point le
monde contemporain peut rendre fou.
Brian
Aldiss.
Brian Aldiss (né
en 1925) a apporté à la SF britannique les principes mis
en oeuvre en France par le Nouveau roman (Butor, Robbe-Grillet).
Parmi ses romans, on remarque-:
Report
on probability A (1968); Barefoot in the head (1969),Croisière
sans escale (Non-stop, 1958), où les survivants d'une
humanité ensauvagée sont emportés dans un voyage sans
fin sur une arche stellaire; L'interprète (Bow Down to
Nul, 1960), un roman (mineur) sur l'impérialisme et ses dérives;
le
Monde vert (Hothouse , 1962), qui nous raconte que dans un lointain
futur, la Terre s'est couverte d'une végétation qui arrive
jusqu'à la Lune et les humains devenus arboricoles y vivent toujours;
Barbe
grise (Greybeard, 1964) se déroule dans un monde où
la radioactivité à rendu les humains stériles et où
un quinquagénaire, benjamin de l'humanité cherche le chemin
d'un futur possible; Frankenstein délivré (Frankenstein
Unbound, 1973) propose encore une manière d'aborder le voyage
dans le temps : il peut y avoir des glissements de temps, comme il y a
des glissements de terrain; Dans
Terrassement (Earthworks,
1965), l'Europe et les Etats-Unis, c'est fini, il reste encore un peu de
technologie en Afrique, mais partout règne la famine; Cryptozoïque
(An age, 1967) hésite entre réflexion sociale et politique
et thème du voyage dans le temps, à moins que ce temps ne
soit une boucle où le passé serait l'avenir...; L'Heure
de quatre-vingts minutes (The Eighty-Minute Hour: A Space Opera
(1974), décrit un monde qui pourrait tourner comme une horloge s'il
n'y avait pas ces déréglements du temps (celui qui passe,
pas celui qu''il fait) : la préhistoire qui s'invite en Californie,
c'est comme une marée noire sur les côtes de Bretagne; L'autre
île du Dr Moreau (Moreau's Other Island, 1980), à
la veille de la Troisième Guerre mondiale des monstres génétiques
sont en préparation; Super-Etat (Super-State, A Novel
of the European Union forty Years hence 2002, 2002), annonce un drôle
d'avenir pour l'Union Européenne où le Brexit n'a pas eu
lieu, mais où bien d'autres choses pourrait bien survenir...; Dans
la trilogie d'Helliconia (de 1982 à 1985), des cycles astronomiques
complexes et interminables rendent les hivers de la planète si longs
qu'il faut à chaque printemps réinventer la civilisation.
Christopher
Priest.
Avec Christopher
Priest (né en 1943), c'est une nouvelle génération
qui émerge, et va montrer qu'on peut encore inventer quand tout
existe déjà. Chaque roman de Priest est comme un tour de
force qui refuserait toute ostentation. Principales
oeuvres : Le rat blanc (Fugue for a Darkening Island,
1972), le destin d'un médiocre, en proie aux peurs d'un monde postcolonial,
sur fond de chaos mondial; Le Monde inverti (Inverted World,
1974), la Cité Terre condamnée, à cause de monstrueuses
altérations de l'espace-temps, à se déplacer sur des
rails jusqu'au jour où elle atteindra l'insaisissable Optimum;
Futur
intérieur (A Dream of Wessex / The Perfect Lover, 1977),
dans les tiroirs d'une sorte de morgue, 39 hommes et femmes rêvent
de ce que pourrait être l'Angleterre divisée en soviets, sauf
le Wessex qui est une île séparée, bientôt leur
rêve devient la seule réalité, à moins qu'un
rêveur n'insinue son rêve dans le rêve collectif...;
La
Fontaine pétrifiante (The Affirmation, 1981), un écrivain
s'attelle à son autobiographie, mais la réalité et
la fiction s'entremêlent et s'interpénètrent de façon
troublante : tous les thèmes priestiens sont là.
Le Don
(The Glamour, 1984), amnésie, invisibilité, le jeu
subtil des apparences; Une femme sans histoires (The Quiet Woman,
1990), une jeune femme s'installe dans la campagne anglaise où,
sous le verni, la vie n'est pas si tranquille. La Séparation
(The Separation, 2005), la réalité a commencé
à diverger en 1941, quand, dans une de ses ramifications, la Seconde
Guerre mondiale a pris fin; dans un autre fil du temps la Guerre a pris
fin en 1945 : depuis ces deux histoires ne cessent de s'entrecroiser...;
L'Adjacent (The Adjacent, 2013), dans la République islamique
de Grande-Bretagne emportée par un déréglement climatique
majeur, un attentat peut causer cent mille morts et laisser au sol un cratère
de forme triangulaire : mais on a déjà vu ça ailleurs
: c'est ce qu'on appelle l'adjacence - encore des rélaités
qui s'entrecroisent.
Le Prestige (1995, adapté au cinéma
par Christopher Nolan, 2006) est l'histoire de la rivalité de deux
familles de prestidigitateurs qui ont découvert les pouvoirs étranges
de la machine de Tesla. Signalons enfin le cycle de L’'Archipel
du Rêve, qui comprend un recueil de nouvelles du même titre
(The Dream Archipelago, 1978-1980), et deux romans : La
fontaine pétrifiante (The Affirmation, 1981) et Les
Insulaires (The Islanders, 2011), - un monde où l'on
vit sur des centaines d'îles, ou peut-être des centaines de
milliers; qui le sait? aucune carte ne peut en être tracée.
Illustration
parue dans le numéro d'août 1969
de
New
Worlds.
Les astronautes d'Apollo 11, Neil
Armstrong
et Buzz Aldrin venaient tout juste
de
poser le pied sur la Lune...
La New wave
aux Etats-Unis.
Samuel
Delany.
Samuel R. Delany (né en 1942) a
été un auteur très précoce. Il s'est révélé
assez brillant pour placer, en quatre romans, la science-fiction américaine
sur une toute nouvelle voie. Ces oeuvres fondatrices sont : Les Joyaux
d'Aptor (The Jewels of Aptor, 1962, entre space opera
post-atomique et heroic fantasy); Babel 17 (1966, space
opera), le langage est une arme maniée par de redoutables envahisseurs
extraterrestres et que seule saura combattre une poétesse, à
bord de son astronef nommé Rimbaud...); l'Intersection
Einstein (The Einstein Intersection, 1967, entre journal intime
et mythe orphique, à travers divers plans de la réalité).
Nova (1968, un autre space opera et une autre sorte de quête,
- cette fois, celle d'un métal précieux enfoui dans un astre
mourant). Après une pause, l'auteur revient en 1975 avec Dhalgren,
un roman hiératique et narcissique, où Delany ne fait plus
que du Delany. Il publiera encore quelques romans, mais se consacrera
surtout à des travaux académiques et à l'enseignement
de la SF. Citons quand même encore : la trilogie de La Chute
des tours (The Fall of the Towers, 1963-1965, space opera
qui se déroule dans un monde post-apocalyptique en proie au chaos
: une confrontation du bien et du mal sur fond d'étoiles dont la
route est coupée).
Philip
K. Dick.
Avec son écriture obsessionnelle
et foisonnante, Philip K. Dick (1928-1982) a quelque chose de Van Vogt
(Loterie solaire (Solar lottery, 1955),
son premier roman, est un hommage assumé au grand ancêtre),
mais d'un Van Vogt capable d'empathie, à l'intelligence plus structurée
aussi, malgré ses dérives paranoïdes. Elles ont certainement
un fond de réalité, mais Dick a su habilement en user pour
se forger une légende d'écrivain maudit. Le monde est friable
et incertain; la réalité problablement n'est-elle qu'une
illusion. Voilà le sens de son oeuvre et en voici quelques repères
:
-
+
Le
Maître du Haut Château (The Man in the High
Castle, 1962), uchronie : les Alliés ont perdu la Guerre en
1947 : les Allemands nazis occupent l'Ouest des Etats-Unis, les Japonais
en occupent l'Est. Et dans le Haut-Château un écrivain de
SF raconte cette folle histoire : les Alliés ont gagné en
1945...
+
La
vérité avant-dernière (The Penultimate
Truth, 1964) : les humains, réfugiés dans des abris atomiques
souterrains après une terrible guerre nucléaire, seulement
informés par une télévision au message truqué,
n'imaginent pas que là haut la guerre est finie depuis longtemps
et qu'un nouveau monde s'est organisé.
+
Le
dieu venu du Centaure (The Three Stigmata of Palmer Eldritch,
1964) : le monde est si invivable que la fuite dans un monde d'hallucination
est devenue le lot commun. Extrapolation de notre société
de consommation et de ses ridicules. Le thème de l'illusion enchâssée
dans l'illusion : c'est une drogue qui fait ça. Comment en sortir..
+
Dr
Bloodmoney (Dr Bloodmoney or How We Got Along After the Bomb,
1965), encore un monde post-apocalyptique. Thème ultra-banal, sauf
quand il est abordé par Dick. |
+
Les
Androïdes rêvent-ils de moutons électriques?
ou Blade Runner (Do Androids Dream of Electric Sheep?,
1968) : dans une Terre post-apocalyptique désertée par la
plupart des humains, dévorée par la "bistouille" (= l'entropie),
un chasseur de primes est engagé pour éliminer des androïdes
infiltrés, simulacres d'humains, aux souvenirs artificiels, dont
il se sentira finalement plus proche que des humains véritables.
+
Ubik
(1969) : l'instabilité du réel, le temps qui part en
lambeaux, les télépathes, les précognitifs, la solitude
et la mort, avec au centre de tout cela (au centre, et partout en même
temps!) se trouve Ubik, une mystérieuse entité. Tout l'univers
foisonnant de l'auteur.
+
Siva
(V.A.L.I.S. / VALISYSTEM, 1980) : l'univers est un hologramme truqué.
Par qui? la solution est peut-être cachée dans un film de
SF découvert par hasard... Un roman entre hallucination et délire
existentiel. Il s'inscrit dans le prolongement de Radio libre Albemuth
(Radio free Albemuth, 1985) et inaugure ce qu'on a appellé
la trilogie divine dont les deux autres titres sont L'Invasion
Divine (Valis regained, 1981) et La Transmigration de Timothy
Archer (The Transmigration of Timothy Archer, 1982). |
Ursula
Le Guin.
Ursula K. Le Guin (1929 - 2018) se signale
par la qualité et l'intelligence de son écriture. La SF lui
doit notamment le cycle de l'Ekumen (Hainish Cycle, sept
romans et une vingtaine de nouvelles, 1966-2000) auquel appartiennent deux
oeuvres majeures : La Main gauche de la nuit (The Left Hand of
Darkness, 1969), où l'envoyé d'une fédération
interplanétaire découvre un monde dont les habitants, sexuellement
neutres, peuvent acquérir le sexe de leur choix selon les circonstances;
Les Dépossédés (The Dispossessed: An Ambiguous
Utopia, 1974), où nous est offert un jeu de miroirs tout en
nuances entre deux mondes (les deux composantes d'une planète double
gravitant autour de Tau Ceti), l'un capitaliste, l'autre anarcho-communiste
: qu'est-ce qui peut conduire à aller de l'un à l'autre...
et inversement? Le Guin nous invite à explorer une utopie jusqu'à
ses
limites. On peut aussi mentionner dans ce cycle : Le monde de Rocannon
(Rocannon's World, 1966), Le nom du monde est forêt
(The Word for World Is Forest,1972) et la nouvelle A la veille
de la révolution (The Day Before the Revolution,
1974).
-
 |
|
Couverture
de La Main gauche de la nuit,
d'Ursula
Le Guin. (Edition de 1991).
|
Pique-nique
au paradis, de Joanna Russ,
dans
la collection
Galaxie bis (1973).
|
Joanna
Russ.
Le féminisme
militant des nombreux essais écrits par Joanna Russ (1937-2011)
se retrouve dans ses nouvelles et ses romans de SF. Certaines de ses principales
oeuvres romanesques sont regroupées dans deux cycles-:
celui d'Alyx (5 nouvelles et un roman, 1967-1974), qui comprend
des titres tels que Pique-nique au paradis (roman, Picnic on
Paradise, 1968 ), la Nouvelle Inquisition (The Second Inquisition,
1970) et le Vlet se joue à deux (A Game of Vlet,1974).
Dans le cycle de Lointemps (Whileaway), on note : Lorsque
tout changea (When It Changed, 1972) et L'autre moitié
de l'homme (The Female Man,1975), utopie lesbienne et bonne
potion contre la phallocratie. Autres romans : And Chaos died (1970);
We
Who Are About To... (1977); The Two of Them (1978).
-
La SF féministe
des années 1950-1970
Jusqu'ici
les auteures que l'on a rencontrées étaient davantage tournées
vers la fantasy (C.L. Moore, L.Brackett, M. Zimmer Bradley), voire
le
gothique (Mary Shelley, Nathalie Henneberg), que vers la SF proprement
dite. Il a fallu attendre les années 1950 pour qu'une nouvelle voie
soit ouverte par Judith Merril, dans quelques-unes de ces nouvelles (Daughters
of Earth, 1952; The Lady Was a Tramp, 1957, etc.), Alice Eleanor
Jones (Life, Incorporated, 1955; The Happy Clown, 1955) et
Shirley Jackson (Just one ordinary day, 1955; The Omen,1958)
ou encore Andre Norton (pseudonyme d'Alice Mary Norton; Star Man's son,
1952).
A partir
des années 1960, Ursula Le Guin et Joanna Russ inaugurent une SF
ouvertement féministe. Dans leur sillage on rencontre : Doris Lessing
(Mémoires d'une survivante, 1974; Canopus dans Argos,
1979-1983); Katherine McLean (Le Disparu, 1975); Kate Wilhelm
(Hier les oiseaux, 1976); Marge Piercy (Woman on the Edge of
Time, 1976); Vonda Mc Intyre (Le Serpent du rêve, 1978);
James Tiptree (de son vrai nom Alice Sheldon,
Par-delà les murs
du monde, 1978), Octavia Butler (Kindred, 1979; Wild Seed,
1980; Fledgling, 2005).
Et
parmi les auteures restées attachées à la fantasy,
mais qui ont également écrit de la science-fiction, on nommera
: AnneMc Caffrey (Le Vaisseau qui chantait, 1961) et Tanith Lee
(Ne mord pas le Soleil, 1976). A l'inverse, Le Guin est aussi
l'auteur d'un cycle de fantasy,
Terremer (1968-2005).
Toutes
ces auteures ne sont pas toujours portées par un féminisme
militant, loin s'en faut. Parfois même, la démarche est à
contre-courant, comme chez la très religieuse Madeleine L'Engle
(cycle de Kairos, 1962-1989). N'emêche le combat féministe
des années 1950-1970 a porté ses fruits, à la fois
par une transformation notable dans la sociologie des écrivains
de SF, que par l'évolution du lectorat, qui pendant très
longtemps a été presque complètement masculin. |
Philip
José Farmer.
Auteur, notamment, d'une biographie de
Tarzan (Tarzan vous salue bien, 1972) où le héros
inventé par Edgar Rice Burroughs devient un cousin éloigné
de Jack l'Eventreur, Philip José Farmer (1918-2009), s'est
amusé, dans une partie de son oeuvre, à récupérer
des personnages inventés par d'autres (Phileas Fogg de Jules Verne,
ou Kilgore Trout de Kurt Vonnegut, par exemple) pour en compléter
l'histoire, comme s'ils avaient été des personnages réels.
Dans un autre volet de son oeuvre, on le voit, à l'inverse, introduire
des personnages ayant réellement existé dans un univers entièrement
fictif. C'est le cas ainsi dans son cycle Le Fleuve de l'éternité
(Riverworld, 1971-1983), quatre romans qui décrivent le retour
le long d'un immense fleuve, après leur mort, de tous les humains
ayant vécu, et où l'on croise, par exemple, Jean
Sans Terre, Cyrano de Bergerac, Mark Twain,
Richard
Burton (l'explorateur, qui est aussi le héros de la série)
et Hermann Göring. On doit aussi à Philip José Farmer
: Les Amants étrangers (1961), une histoire d'amour entre
un humain et une extraterrestre qui produisit son petit effet à
l'époque de sa publication; La Saga des hommes-dieux (1965-1993),
un autre cycle, celui-ci sur le thème des univers parallèles.
Frank
Herbert.
Frank Herbert est l'auteur de Dune,
une sorte de vaste space opera et en même temps une encyclopédie
de son propre univers. Le roman a été adapté au cinéma
par David Lynch et Alessandro Jodorowski. Avec ses suites et sur-suites
lourdingues, Dune s'inscrit dans la tradition des romans encyclopédiques,
à la manière de l'Helliconia de Brian Aldiss ou, dans
le domaine de la fantasy du cycle des Hobbits (1954 et suiv.) de
J. R. R. Tolkien.
Robert
Silverberg.
Robert Silverberg (né en 1935),
comme Ph. K. Dick, a énormément écrit afin simplement
de pouvoir vivre tant bien que mal de sa plume. Auteur trop prolifique,
donc, pour ne pas avoir produit une oeuvre très inégale,
Silverberg a aussi signé d'excellents romans, parmi lesquels ont
relève : l'Homme dans le labyrinthe (The Man in the Maze,
1969), qui raconte l'histoire d'un misanthrope, réfugié sur
une lointaine planète; il est tapi dans un labyrinthe grand comme
une ville; un jour, on vient le chercher car on a besoin de lui pour sauver
la Terre, mais le labyrinthe est truffé de pièges mortels...
Dans les Monades urbaines (The World Inside, 1971), Silverberg
nous propulse en l'an 2381 : il y a sur notre planète
70 milliards d'habitants entassés dans des tours de mille étages,
qui sont de grand clapiers où l'on peut vivre librement sa vie de
lapin; quant aux asociaux, ils sont discrèrtement éliminés.
Enfin, avec Les Ailes de la nuit (Nightwings, 1969)
Silverberg signe un roman en trois parties, correspondant chacune à
une ville emblématique ( Roum, Perris et Jorslem) et qui situe son
action dans un futur très lointain, sombre et mélancolique
: la Terre à l'agonie guette le retour annoncé d'envahisseurs
extraterrestres.
Norman
Spinrad.
Norman Spinrad (né
en 1940) s'est surtout fait connaître par son grand et puissant roman
:
Jack Barron et l'éternité (Bug Jack Barron,
1969). Il y est question des abus de pouvoir de la télévision
et de la politique. Il y a dans cette oeuvre, où d'aucuns n'ont
voulu voir que son obscénité supposé, un hommage à
William Burroughs, et aussi le douloureux constat de la perte d'un âge
d'or, celui de la Beat generation, des hippies de l'ère Kennedy,
et de celui d'un Amérique qui n'a jamais été peut-être
qu'une illusion. Dans Le Printemps russe (Russian Spring,
1991), Spinrad semblera poursuivre un autre mirage : alors que l'Amérique
sombre, l'espoir pourrait venir de l'Europe et de la Russie d'après-perestroïka.
Dans l'intervalle, il aura publié et nombre de nouvelles, parmi
lesquelles figurent les quelques-uns des meilleurs de ses textes, et un
roman qui mérite une mention spéciale : Le Rêve
de fer (The Iron Dream, 1972), où Hitler réfugié
aux Etats-Unis (quel autre pays pouvait l'accueillir?) dans les années
1920 y est devenu un écrivain de SF (quel autre genre littéraire
pouvait mieux lui convenir?), - un missile lancé contre une certaine
tradition militariste et fascisante de la SF américaine.
John
T. Sladek et Thomas M. Dish
John Sladek (1937-2000) et Thomas M. Dish
(1948-2008) ont collaboré l'un et l'autre quelque temps à
New
Worlds, et ont cosigné plusieurs nouvelles. Leurs oeuvres individuelles
ont aussi conservé une certaine parenté, ne serait-ce que
par leur causticité, leur humour distancié, leur pessimisme.
On peut remarquer, de Sladek : Méchasme (The Reproductive
System,1968), qui parle de robots auto-reproducteurs, et L'Effet
Müller-Fokker (The Müller-Fokker Effect, 1970), un
étonnant exercice d'écriture. De Thomas Dish, on mentionnera
: Camp de concentration (Camp Concentration, 1968), un peu
sur le thème de l'Algernon de Keyes, mais dans une Amérique
devenue totalitaire, et 334 (1972), six nouvelles autour de l'enfermement
dans un grand immeuble du futur.
Gene
Wolfe.
Gene Wolfe (né en 1931) n'est peut-être
pas, parmi les auteurs de SF, l'un des plus connus. Ce n'en est pas moins
un styliste consommé, auquel on doit plusieurs bons romans, parmi
lesquels : la Cinquième tête de Cerbère
(The Fifth Head of Cerberus, 1972), qui prend la forme d'une enquête
sur un génocide et sur le peuple disparu d'une planète colonisée
par des Français; et l'Ombre du bourreau
(The Shadow of
the Torturer, 1980), dans un futur lointain, le voyage initiatique
d'un bourreau, une oeuvre qui se situe à mi chemin entre la fantasy
et la SF
Roger
Zelazny.
Roger Zelazny (1937-1995), qui a
composé une oeuvre sympathique, souvent inventive et drôle,
est sans doute l'auteur le plus accessible de la New wave. Ses romans
roulent sur l'immortalité, comme dans Toi l'immortel (This
Immortal, 1966) ou les pouvoir psychiques comme dans le Maître
des rêves (The Dream Master, 1966) ou La Pierre des
étoiles (Doorways in the Sands, 1976). Zelazny s'est
aussi fait une spécialité de se se réapproprier des
vieilles mythologies à la sauce SF : Seigneur de lumière
(Lord of Light, 1967) s'appuie sur la mythologie
hindouiste, Royaumes d'ombre et de lumière (Creatures
of Light and Darkness, 1967), sur la mythologie
égyptienne, L'OEil de chat (Eye of Cat , 1982),
sur la mythologie navajo, etc. Mentionnons encore de cet auteur : L'île
des morts (Isle of the Dead, 1969), dont un critique (Jean-Pierre
Fontana, 1972) a dit qu'il était au space opera ce que le
Bon, la Brute et le Truand est au Western; ou, encore La divertissante
et très recommandable série des Princes d'Ambre, qui
relève plutôt de la fantasy. Avec Roger Zelazny, on
est toujours en bonne compagnie.
Thomas
Pynchon.
Même si des
références scientifiques sont très souvent présentes
dans ses romans, Thomas Pynchon (né en 1937) n'est pas ordinairement
considéré comme un auteur de science-fiction. Il a cependant
écrit au moins deux textes qui appartiennent bien à la SF-:
d'abord le brouillon d'une comédie musicale (peut-être la
première dans le genre), écrite avec Kirkpatrick Sale (Minstrel
Island, 1959) et une nouvelle, Under the Rose (1961, reprise
dans le chapitre 3 de V., 1963), dans laquelle on peut voir un exemple
du type de récit qu'on qualifiera plus tard de steampunk.
En France.
A partir des années 1970, les collections
déjà existantes en France (Rayon fantastique, la collection
Anticipation
du Fleuve Noir (avec notamment de nombreux romans de Pierre Pelot) ajoutent
de nouveaux auteurs à leurs catalogues.
Présence
du futur.
La collection Présence du futur,
déjà mentionnée, prend une importance particulière.
Outre les auteurs anglo-saxons qu'elle continue de proposer, cette collection
fait découvrir des auteurs de langue italienne tels que Lino
Aldani (1926-2009) (Quand les racines, 1977 ->1978) ou Ugo
Malaguti (né en 1945) (Le palais dans le ciel , 1975), et espagnole
: Domingo Santos (né en 1941) (Gabriel : Histoire d'un robot,1962
->1968). Parmi les auteurs français la collection publie :
• Philippe Goy (né en 1941)
: le Père éternel (1974);
le Livre-machine
(1974); Faire le mur (1980).
• Stefan Wul, qui continue, parallèlement,
de publier au Fleuve noir, propose dans cette collection les deux volumes
de Noô en 1977.
• Bernard Villaret (1909-2006) : Deux
soleils pour Artuby (1971), Le chant de la Coquille Kalasaï
(1973), Visa pour l'outre-temps (1973)
• Jean-Marc Ligny (né en 1956) :
Temps
blancs (1979) et Biofeedback (1979).
• Gérard Klein : le temps n'a
pas d'odeur (1963).
• Jacques Sternberg
: La sortie est au fond de l'espace (1956),
• Jean-Pierre Andrevon
(né en 1937), qui publie aussi au Fleuve Noir (souvent sous le pseudonyme
d'Alphonse Brutsche) : Cela se produira bientôt, 1971;
Le
désert du monde, 1977; Le temps des grandes chasses,
1980.
De nouvelles collections voient aussi le jour,
qui vont accompagner une nouvelle génération d'auteurs.
Ailleurs
et demain.
Cela commence par la
collection Ailleurs et demain, des éditions Robert Laffont,
créée par Gérard Klein, en 1969 : outre les meilleurs
auteurs américains et britanniques du moment, on y retrouve, parmi
les Français :
• Michel
Jeury porté par la vague du Nouveau roman (le Temps incertain,
1973, qui déjà place cet auteur au niveau des meilleurs anglo-saxons;
les
Singes du temps, 1974;
Soleil chaud poisson des profondeurs,
1976; le Territoire inhumain, 1979)
• Philippe Curval
(L'homme à Rebours, 1974; Cette chère humanité,
1976).
• Michel Demuth :
Les
années métalliques, 1979;
La maison du cygne
(1978)
• Yves Rémy
(né en 1936) et Ada Rémy (née en 1939); Christian
Léourier (né en 1948) (Les montagnes du soleil, 1972;
La
planète inquiète, 1979).
• Pierre Christin (auteur par ailleurs,
Jean-Claude Mézières, de la série BD Valérian,
agent spatio-temporel) : Les prédateurs enjolivés,
1976 ;
• Pierre-Jean Brouillaud (né en
1927),
Tellur, 1975.
• Pierre Pelot (pseudo : Pierre Suragne
pour Mais si les papillons trichent, 1974) : Transit
(1977); le Sourire des crabes (1977); Les pieds dans la
tête (1982). Klein lui-même publie : Les seigneurs de
la guerre (1970); la Loi du talion (1973);
J'ai
Lu / SF.
La collection de SF dans J'ai Lu a été
créée en 1970 par Jacques Sadoul. De nombreux classiques
américains d'avant-guerre sont traduit, ainsi que plusieurs anthologies
de nouvelles qui font connaître le meilleur de la production parue
dans les pulps d'outre-atantique. Peu d'auteurs français,
mais on remarque :
• Dominique Douay : L'échiquier
de la création (1976).
• Pierre Pelot : Les barreaux de l'Eden
(1977); Delirium Circus (1977).
• Claude Veillot (1925-2008) : Misandra
(1974); La machine de Balmer (1978)
• Michel Demuth (1939-2006) : la
série des Galaxiales (1976-1979).
Mentionnons encore un émanation de
cette collection, la revue-anthologie Univers (30 numéros
entre 1975 et 1990), qu'Yves Frémion a dirigé jusqu'en 1979.
.
 |
|
|
Le
Livre machine (1975), de Philippe Goy. Une sorte d'évangile
drôlatique paru dans la collection Présence du Futur,
et assez révélateur de l'état d'esprit d'une époque
révolue. |
Déjà
presque la fin (1977), un des derniers ouvrages publiés
dans la collection Anticipation du Fleuve Noir, par ceux qui l'avaient
inaugurée : François Richard et Henri Bessière. |
Les
meilleurs récits de Planet Stories (1975). Une des anthologies
de nouvelles parues dans les pulps américains et réunies
par Jacques Sadoul pour les édition J'ai Lu. |
Fiction.
Parmi les auteurs français (ou
francophones) publiés dans les années 1970 dans le magazine
Fiction
on relève les noms de :
Daniel
Walther, Jean-Pierre Andrevon, Michel Demuth, Gérard Torck, Gérard
Klein, B. R. Bruss, pilier du Fleuve Noir, [ici sous le nom deRoger
Blondel ], Pierre Marlson, Serge Nigon , Gabriel Deblander (belge),
Francis carsac, Louis Thirion, Philippe Curval, François Richaudeau,
Pierre Christin, Jean-Pierre Fontana , Jean Demas, Jacques Chambon , Pierre
Versins, Bernard Mathon, Gilbert Michel, Christian Léourier,
Dominique Douay, Micher Jeury, René Barjavel, Pierre Pelot,
René Durand, Joël Houssin, Yves-Olivier Martin, Jean Le Clerc
De La Herverie, Daniel Fondanèche, Katia Alexandre , Christine Renard
, Claude-François Cheinisse Jean-Pierre Hubert , Michel Leriche
, Frédéric Chauvelier , Bernard Villaret, René
Durand , Bernard Cassac , Lorris Murail, Yves Malbec , Jan de Fast , Henry-Luc
Planchat , Yves Rémy et Ada Rémy, Jacques Goimard, Jean-Louis
Bouquet , Yves Malbec, Pierre Bameul, Dominique Blattlin, Pierre Stolze,
Jean-Marc Ligny, Bruno Lecigne , Joëlle Wintrebert, George W.
Barlow, Jean-Louis Bouquet, Cousin, Pierre-Yves Poindron , Emmanuel
Carrère, Pierre Giuliani , Pierre Ziegelmeyer , Daniel Martinange
, Danielle Fernandez, Jean-Pierre Simeon ,
D'autres
auteurs.
Parmi les autres auteurs qui publient
des romans de SF à cette époque on citera encore :
• Robert Merle (1908-2004)
: Un animal doué de raison (1967) sur l'utilisation des dauphins
à des fins militaires; Malevil (1972), dans la veine
post-apocalyptique; Les Hommes protégés (1974), ou
à quoi ressemblerait une dictature matriarcale.;
• Pierre Boulle (1912-1994)
: La Planète des singes (1963) qui donnera lieu à
diverses adaptations cinématographiques, Le jardin de Kanashima
(1964), Les jeux de l'esprit (1971), Le Bon Léviathan
(1978).
Au
cinéma.
Le terme de Nouvelle
vague a été emprunté au cinéma par les
auteurs de SF au cinéma. Brian Aldiss reconaissait d'ailleurs sa
dette envers L'année dernière à Marienbad (1961)
d'Alain Resnais, qui n'est pas un fim de science-fiction, mais qui introduisait
des formes narratives nouvelles. De leur côté, les cinéastes
de la Nouvelle vague ont aussi tenté quelques incursions dans la
SF. Par exemple, François Truffaut avec son Farenheit 451
(1966), adaptation du roman de Ray Bradbury, ou Alain Resnais lui-même
avec Je t'aime, je t'aime (1968), dont le scénario est de
Jacques Sternberg, et qui reprend le thème du voyage dans le temps.
La plus belle réussite
cinématographique de cette époque est à coup sûr
la
Jetée (1962), de Chris Marker (1921-2012). Il s'agit d'un court-métrage
de 28 mn, ou plutôt d'un diaporama (un « photo-roman »,
lit-on au générique), succession d'images fixes, qui raconte
cette fois encore un voyage dans le temps. Après que le monde ait
été détruit et que les survivants se soient réfugiés
dans des souterrains, un prisonnier est envoyé dans le passé,
non pour le changer (« on ne s'évade pas du temps »),
mais pour tenter d'en rapporter des ressources nécessaires à
la survie. Terry Gilliam reprendra et délayera le sujet dans son
Armée
des 12 singes (1995), où le péril nucléaire est
remplacé par celui d'une pandémie.
-
 |
La
Jetée (1962) de Chris Marker.
« Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance.
La scène qui le troubla par sa violence, et dont il ne devait comprendre
que beaucoup plus tard la signification, eut lieu sur la grande Jetée
d'Orly, quelques années avant le début de la Troisième
Guerre mondiale... » |
Un curiosité
maintenant, le film de Jean-Luc Godard : Alphaville, une étrange
aventure de Lemmy Caution (1965). Alphaville, où l'on arrive
et d'où l'on repart, en voiture, « par les boulevards périphériques,
roulant toute la nuit dans l'espace intersidéral », est appelée
à devenir un jour « une cité heureuse, comme Florence,
comme Angoulême-City, comme Tokyorama ». Mais en attendant,
« quelque chose ne [tournait] pas rond dans la capitale de cette
galaxie ». Une intelligence artificielle, Alpha 60, était
aux commandes, et la sentence de mort attendait celui qui agissait de façon
illogique. On a vu dans le héros de ce film une préfiguration
du détective de Blade Runner, sorti 30 ans plus tard.
Hard science
fiction et slipstream.
La
hard science fiction.
On a donné
le nom de hard science fiction à un courant de la SF qui
s'est développé à partir des années 1970 en
réaction à la science fiction - la soft science
fiction... - apparue en Amérique avec les Futurians, qui a dominé
le domaine jusqu'au début des années 1980.
La hard science
fiction renoue avec le rapport traditionnel qu'entretenait au temps
des pulps la science-fiction avec les technologies; elle se préoccupe
de ce qu'elles peuvent devenir et changer pour la société
dans un avenir proche. Mais contrairement à ce qui se faisait autrefois
(Robert Heinlein, Poul Anderson, Joe Haldeman, Stanislas Lem), on est désormais
plus rigoureux en matière scientifique.
De bons exemples
de cette approche se trouvent chez Arthur C. Clarke (les Enfants
d'Icare, 1953; la Cité des astres, 1956),
Isaac Asimov, Michael Crichton, ou Fred Hoyle. Parmi les autres
auteurs dont le nom est attaché à la hard science fiction,
on peut nommer : Ben Bova, Greg Bear, Greg Egan,
Dougal Dixon, Larry Niven, Paul McAuley, Geoffrey A. Landis, David Brin,
Stephen Baxter, Andy Weir, Piers Anthony, Gregory Benford, Hal Clement,
Robert Forward, etc.
Certains auteurs
s'inscrivent entre hard et soft, comme, par exemple,
Katherine
McLean (née en 1925), avec Le Disparu
(1975).
Le
slipstream.
En 1989, Bruce Sterling
introduira le terme de slipstream pour qualifier des oeuvres qui
renvoient à une perception de l'étrangeté du monde,
qu'elles recourent ou non au langage de la science-fiction. Il y a ici
un effacement ou plutôt une dissolution des thématiques habituelles
de la SF. De ce point de vue, on pourrait dire que le slipstream
est extactement le contraire de la hard science fiction. Parmi les
auteurs de SF qui ont pu suivre cette voie, on peut mentionner : Kurt Vonnegut
(Abattoir 5); Philippe Curval (La Forteresse de coton); John
Brunner (La ville est un échiquier, The Squares of the
City, 1965); J. G. Ballard (Crash, 1973, adapté au cinéma
par David Cronenberg, 1995), Kingsley Amis (The Alteration,1976).
On pourrait aussi rattacher au slipstream Substance mort (A scanner
darkly, 1977) de Philip K. Dick, de nombreux textes de Doris
Lessing, etc., ou de la série TV
Le Prisonnier (que Th. Dish
a d'ailleurs transcrite sous forme roman). Et s'ils avaient eu quelque
chose à voir de près ou de loin avec la SF, on aurait peut-être
aussi cité ici les noms de J.-D. Salinger ou de Marcel Camus, comme
pour rappeler que la science-fiction n'est pas un continent isolé
du reste de la littérature.
La
SF après la Guerre des étoiles
La sortie au cinéma
de la trilogie Star Wars (la Guerre des étoiles de
George Lucas, 1977); l'Empire contre-attaque d'Irvin Kershner, 1980;
le
Retour du Jedi de Richard Marquand, 1983) fait date dans l'histoire
de la science-fiction. Ce n'est pas tant que ces films eux-mêmes
apportent beaucoup au genre, ni même qu'ils soient la seule cause
(on y voit plutôt un catalyseur) des transformations qui s'opèrent
au début des années 1980, mais l'immense succès que
ces films ont eu, et donc l'élargissement considérable du
public désormais accessible aux codes de la SF, a changé
la donne. Gernsback avait, en son temps, avait créé un marché
de niche en enfermant la SF dans l'image d'une sous-littérature;
les auteurs d'après-guerre, et surtout des années 1970, l'avait
inscrite, par un brutal retour de balancier, dans une perspective très
élitiste. Lucas donne l'impulsion finale qui fait sortir la science-fiction
de sa marginalité pour l'installer dans la culture de masse.
Le cinéma
(en attendant le règne des jeux vidéos), qui demande de gros
budgets, peut désormais investir le genre et prendre une part notable
dans la production d'oeuvres relevant de la SF. Certes quelques films de
science-fiction avaient précédé la Guerre des étoiles.
On en a cité quelques-uns dans les paragraphes précédents,
auxquels on doit ajouter : Planète interdite (1956) de Fred
McLeod Wilcox, et, surtout 2001, l'Odyssée de l'espace (1968)
de Stanley Kubrick, dont Arthur C. Clarke, qui avait inspiré le
scénario, tirera un roman. Mais on assiste maintenant à un
changement d'échelle.
Les années
1980 sont aussi marquées par un retour de space opera, à
la suite, par exemple, de Carolyn J. Cherryh et des représentants
de la hard science fiction; d'un autre côté, des auteurs
comme Robert Reed, qui semble s'être donné pour programme
de revisiter, en les mettant au goût du jour, tous les anciens thèmes
de la SF, s'attachent, un peu à la manière de Delany en son
temps, avec peut-être moins de brio, mais avec plus de constance,
à une sorte de reformatage et aussi à une forme de réhabilitation
d'une science-fiction, devenue un produit culturel de consommation courante.
Je
ne suis pas un robot : une case à cocher
présente
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La science fiction
face aux nouvelles technologies.
D'autres auteurs,
à l'opposé, s'évertuent à continuer de faire
de la SF l'expression d'une contre-culture. Or, au début des années
1980, ce qui semble le plus proche de cette marginalité recherchée,
c'est le mouvement punk. D'où ce suffixe accolé, assez
artificiellement, aux noms des nouvelles thématiques abordées
désormais par la science-fiction aux velléités underground,
et qui presque tout entières relèvent de l'émergence
des nouvelles technologies (cyberpunk, biopunk, etc.). Programme
de marginalisation sans issue : nous sommes, plus que jamais et massivement,
entrés dans l'âge des technologies de l'information et des
biotechnologies.
Le
cyberpunk.
Le terme de cyberpunk
a été introduit par Bruce Bethke (né en 1955) avec
une nouvelle parue dans le numéro de novembre 1983 d'Amazing
Science Fiction et portant ce titre. On lui donne souvent une acception
assez large, et il sert alors à qualifier indistinctement toutes
les oeuvres dans lequelles apparaît la thématique des théories
de l'information, de l'intelligence artificielle, de la réalité
virtuelle et des réseaux informatiques. Au fond, ce n'est qu'une
des formes prises par la hard science fiction à partir des
années 1980, et l'on trouve parfois les mêmes noms attachés
à l'un ou l'autre sous-genre (Greg Egan, Vernon Vinge, Rudy Rucker,
etc.). Dans un sens plus restreint, le genre cyberpunk et le courant
dans lequel il s'inscrit renvoient à un imaginaire très sombre.
Dans l'univers cyberpunk, la société, concentrée dans
des mégalopoles obscures, passé sous le contrôle de
la technologie et de grandes firmes, est entièrement livrée
à la sauvagerie capitaliste. Seuls les marginaux, les déclassés
semblent pouvoir y faire briller un peu d'espoir. Mais les cyberpunks ont-ils
inventé quelque chose? Un peu à la manière dont les
féministes de l'époque précédente décorticaient
les tensions entre le féminin et le masculin, les cyberpunks s'interrogent
sur la sexualisation des machines. Et quand ils explorent les tensions
entre l'humain et la machine, entre le réel et du virtuel, ils ne
font que reprendre les problématiques centrales des oeuvres de Philip
K. Dick ou de Brunner. Après tout, eux aussi agitaient les visions
d'un futur proche qui serait parti à la dérive en même
temps que la démocratie.
+ William Gibson
(né en 1948) a inscrit une partie importante de son oeuvre sous
la rubrique cyberpunk. Citons de lui : Johnny Mnemonic (1981),
que Robert Longo adaptera au cinéma en 1995, et surtout Neuromancien
(Neuromancer, 1984), plusieurs fois primé et qui a fait de
Gibson la principale tête d'affiche du cyberpunk , auprès
des lecteurs. Mentionnons encore : Comte Zéro (Count Zero,
1986); Gravé sur le chrome (Burning Chrome, 1986,
nouvelles); Mona Lisa s'éclate (Mona Lisa Overdrive,
1988); la trilogie formée par Lumière virtuelle (Virtual
Light, 1993), Idoru (1996) et All Tomorrow's Parties,
1999; et, enfin, Identification des schémas (Pattern Recognition,
2003);
+ Bruce Sterling
(né en 1954) est souvent considéré comme le théoricien
du cyberpunk. Son anthologie cyberpunk Mozart en verres miroirs
(Mirrorshades: The Cyberpunk Anthology , 1986), qui présente
des textes de William Gibson, Pat Cadigan, Marc Laidlaw, Rudy Rucker, Greg
Bear et de Bruce Sterling lui-même, fixe en quelque sorte le genre.
Parmi ses romans on peut citer : la Schismatrice (Schismatrix,
1985);
La
Baleine des sables (1977); Les mailles du réseau
(Islands in the Net, 1988); Gros temps (1994); Distraction
(1998).
+ Pat Cadigan
(née en 1953) brouille les lignes entre le réel et ce qui
en est perçu. Cette ancienne élève de James Gunn se
présente comme une exploratrice des rapports entre l'esprit humain
et la technologie. Mindplayers (1987); Les Synthérétiques
(Synners, 1991); Tea from an Empty Cup (1998) et sa suite
Dervish
is Digital (2000) relèvent du cyberpunk. Elle a aussi
écrit dans le genre fantastique et pour la jeunesse..
+ Rudy Rucker
(né en 1946), informaticien de profession, a construit une oeuvre
romanesque tout entière tournée vers la robotique et les
nanotechnologies. Citons :: Maître de l'espace et du temps
(Master of Space and Time, 1984), dans lequel le héros se
taille un univers sur mesure; le Secret de la vie (The Secret
of Life, 1985); Transreal Cyberpunk (2016), anthologie
avec Bruce sterling; et enfin la tétralogie du ware ( Realware
(2000);
Freeware (1997); Wetware (1988); Software
(1982), où l'on voit des robots qui gagnent leur libre
arbitre après avoir réussi à enfreindre la lois
de la robotique d'Asimov.
+ Joël Houssin
(né en 1953 en France), également scénariste de cinéma
(Ma vie est un enfer, Dobermann) et de télévision,
est l'auteur de plusieurs romans de SF, dont deux ont été
rapprochés du courant cyberpunk : Argentine
(1989); le Temps du Twist (1990).
Des
machines en quête d'humanité au cinéma : Question
d'espèce, question de genre.
 |
|
|
Blade
runner (1992),
film
de Ridley Scott. |
Ghost
in the shell (1995), film d'animation de Mamoru Oshii. |
Ex_Machina
(2015),
film
d'Alex Garland. |
Le cinéma lui non plus n'a pas été
avare d'oeuvres auxquelles on peut accoler l'étiquette de cyberpunk.
Signalons, en premier lieu, Blade Runner (1982),
de Ridley Scott, d'après le roman de Philip K. Dick, et qui est
sans doute le film le plus marquant dans le genre; Total Recall
(1990, également d'après Dick) et Robocop (1997),
de Paul Verhoeven;
Strange Days (1995), de Kathryn Bigelow; Dark
city (1998) d'Alex Proyas; New Rose Hotel (1998), d'Abel Ferrara,
d'après une nouvelle de William Gibson; eXistenZ (1999) de
David Cronenberg et que Christopher Priest a repris sous forme de roman;
Matrix
(1999) des soeurs Wachowski;
Minority Report (2002), de Steven Spielberg,
encore d'après Dick.
A la télévision,
on mentionnera des séries telles que : Äkta människor
(Real humans, début en 2012) créé par Lars
Lundström;
Almost Human (2013), de J. H. Wyman; et aussi certains
épisodes de l'anthologie
Black Mirror, créée
par Charlie Brooker en 2011.
Enfin, notons
que la série Mr Robot (début en 2015) de Sam Esmail,
peut se comprendre comme une expression du courant cyberpunk, bien
qu'elle se situe hors du domaine de la SF.Bien qu'on s'y interroge sur
le statut de la réalité, c'est davantage ici à la
manière de Fight Club (David Fincher, 1999), de Shutter
Island (Martin Scorsese, 2010) ou de Sucker Punch (Zack Snyder,
2011) que de l'oeuvre de Dick.
Le
biopunk.
Le biopunk s'est développé
parallèlement au cyberpunk. Cette fois les technologies qui
servent de pivot à l'action sont en relation avec les progès
de la biologie, et plus spécialement de la génétique
: ingéniérie biologique, clonage, etc.. Ici encore, et d'une
façon peut-être encore plus critique, c'est notre humanité
qui est questionnée.
Parmi les romans que l'on rattache au biopunk,
on peut mentionner : Holy Fire (1996) de Bruce Sterling; la trilogie
Winterlong
(1990-1993) d'Elizabeth Hand, la trilogie de Xenogenesis (Lilith's
Brood, 1987-1989) d'Octavia Butler, plusieurs oeuvres de Paolo Bacigalupi;
La
musique du sang (Blood Music, 1985), l'Echelle de Darwin
(Darwin's Radio, 1999) de Greg Bear, et Notre vie dans les forêts
(2017) de Marie Darrieussecq.
Au cinéma, on mentionnera, par exemple
:
Bienvenue à Gattaca (Gattaca, 1997) d'Andrew Niccol;
Code
46 (2003), de Michael Winterbottom,
The Island (2005), de Michael
Bay.
Enfin, parmi les séries TV, citons
:
Dark Angel (2000-2002) créée par James Cameron et
Charles H. Eglee, The Eleventh Hour, créée
en 2008 par Stephen Gallagher;Orphan Black (début
en 2013) de Graeme Manson et John Fawcett.
Quand la
réalité est mise en abyme
La
SF a abordé depuis longtemps le thème de la télé-réalité
et de ses dérives. Celui-ci apparaît dès 1958 avec
Le
Prix du danger (The Prize of Peril, 1958) de Robert Sheckley,
qui sera adapté au cinéma par Yves Boisset en 1983. En 1982,
sous le pseudonyme de Richard Bachman, Stephen King, dans Running Man
(porté à l'écran par Paul Michael Glaser, en 1987),
reprendra le même sujet. Dans ces oeuvres, comme dans les anciens
jeux du cirque, le jeu télévisé, simple divertissement
pour le spectateur, devient, pour le participant, une question de
vie ou de mort. Le spectacle et la réalité entrent en collision,
mais il s'agit moins de dénoncer la télé-réalité,
que d'en héroïser les participants, et à cette fin des
enjeux politiques (plus ou moins légitimes) sont parfois invoqués.
C'est le cas, par exemple, dans la Guerre Olympique (1994) de Pierre
Pelot, ou dans la trilogie des romans pour adolescents Hunger games
(2008-210) de Suzanne Collins, adaptée au cinéma (2012-2015).
Une
vision plus glaçante est offerte par O. G Compton, dans L'Incurable
(1974), devenu à l'écran La Mort en direct (1980),
de Bertrand Tavernier : le voyeurisme télévisé s'exerce
ici à l'insu même de la participante au "jeu", qui ignore
que ses derniers jours sont filmés et donnés en pature à
un public de décérébrés. Le cinéma américain
a traité (mais de manière très différente)
un sujet analogue avec The Truman Show
(1998) de Peter Weir. Dans
ce cas, c'est toute la vie du protagoniste principal, qui est donnée
en spectacle : depuis sa naissance, il vit, sans le savoir, dans un immense
studio de télévision qu'on lui a fait prendre pour le monde.
L'idée était déjà présente dans le roman
de Dick, le Temps désarticulé (Time Out of Joint,
1959). Dans le Voile de l'espace (Beyond the Veil of Stars
1994), Robert Reed la reprendra aussi en lui donnant une dimension cosmique,
mais sans vraiment l'exploiter.
-
Le
bord du monde, dans The Truman show (1998).
La
question de notre rapport au réel n'est bien sûr pas nouvelle.
Il suffit de penser au mythe de la Caverne de Platon
( Le livre VII de la République )
ou, dans un autre genre, à la Vie est un songe ,
de Calderon de la Barca . Mais cette question
a pris de nouvelles formes et une acuité sans précédent,
depuis le milieu du XXe siècle, et désormais à un
rythme qui s'accélère. Qu'est-ce qui est réel dans
ce que nous rapportent la télévision et les médias
en général? Ou est la vérité? Qui peut-on croire?
La
SF est entrée dans cette problématique avec Dick et Galouye,
qui ont ouvert le thème des réalités simulées.
Le cinéma, qui un jeu de simulacres par excellence, se devait de
leur emboîter le pas. On peut en multiplier les exemples : De Total
Recall (1990), de Paul Verhoeven et adaptation de la nouvelle Souvenirs
à vendre (We can remember it for you wholesale, 1966,
de Ph. K. Dick justement) à Inception (2010), de Christopher
Nolan, en passant par Matrix, Tron (1982) de Steven Lisberger,
eXistenZ
(1999), de David Cronenberg,
Source Code (2011) de Duncan Jones,
Oblivion
(2013), de Joseph Kosinski, The Frame (2014) de Jamin Winans , etc.
On peut aussi ajouter sous cette rubrique la série de jeu vidéos
Assassin's
Creed proposée depuis 2007 par Patrice Désilets et Jade
Raymond, et le film qui en a été tiré en 2016 par
Justin Kurzel.
Tous
ces simulacres ne sont, au final, que le visage actuel de ce vieux filon
de la SF qu'est l'uchronie. Réalité simulée, univers
parallèles, histoire alternative, etc., fournissent une matière
première de choix pour la fiction. Elles offrent un moyen de diversion
face à l'âpreté du réel, une issue de secours
pour l'imaginaire, ou bien, au contraire, elles permettent de prendre un
recul critique indispensable pour mieux comprendre le monde actuel; il
s'agit alors d'un positionnement de l'intelligence. Dans tous les cas,
on a affaire à une mise en abyme de la réalité : la
fiction met en scène une fiction qui se donne pour la réalité.
Mais il suffit que le premier terme disparaisse, que d'emblée l'imagination
se donne pour réalité, que soit donc franchi le rubicon entre
fiction et mesonge pour qu'on accède à un autre champ de
concepts : télé-réalité, révisionnisme,
négationisme, pseudo-histoire, théories du complot, post-vérité,
fake
news...
Aucun
risque que la science-fiction bascule dans ce travers - son nom même
lui vaut l'immunité! Ce n'est pas toujours le cas des auteurs de
SF, qui ont pu exploiter l'inculture et l'abdication de l'esprit critique
pour prendre (ou faire prendre) leurs rêves pour la réalité.
Ainsi, un auteur du temps des pulps, L. Ron Hubbard (1911-1986),
a-t-il été le fondateur d'une secte lucrative qui a réussi
à embobiner, notamment, Campbell lui-même (qui n'était
pas un petit exploit), et Van Vogt (qui, lui, ne demandait sans doute que
ça!). En France, plus inoffensive aura été, par exemple,
la propagande soucoupiste de Jimmy Guieu (1926-2000), un des pilliers (avec
ses romans sans prétention et plutôt plaisants par ailleurs)
de la collection Anticipation du Fleuve Noir.
Dans
quelques cas, donc, les inventions de la science-fiction se sont laissées
détourner pour le pire. On en est arrivé au point où
un gros beauf milliardaire, ancien producteur d'une émission de
télé-réalité, conspirationniste et promoteur
déclaré de la notion de "faits alternatifs" (des faits venus
d'un univers parallèle?), a pu se faire élire président
des Etats-Unis. La réalité n'a pas dépassé
la fiction; c'est juste que notre époque sans repères a fini
par confondre l'une et l'autre, au point de se donner au premier obscurantisme
venu. Au moins la SF nous avait-elle appris qu'on n'est jamais à
l'abri de rien. |
Postcyberpunk.
De la même
façon qu'un renouveau de la hard science fiction était
venu contrebalancer le développement de la soft science fiction,
il a existé à partir des années 1990, un courant prenant
le contrepied du cyberpunk (et du biopunk), le postcybertpunk.
Il s'agit d'une approche généralement plus positive du progrès
technologique. La rébellion et la marginalité ne sont plus
au coeur des intrigues. En tout cas, il n'est plus question de détruire
l'ordre social, on veut seulement en corriger les dérives ou les
dysfonctionnements. Le premier roman rangé dans cette catégorie
est Le Samouraï virtuel (Snow Crash, 1992) de Neal Stephenson.
Autres exemples relevant du postcyberpunk :
L'une rêve
et l'autre pas (Beggars in Spain, 1993), qui appartient au cycle
tendance biopunk
Sleepless de Nancy Kress; Teranesia (2001)
et d'autres romans de Greg Egan (Distress, 1995; Quarantine,
1992); le cycle d'Otherland (6 romans entre 1996 et 2013) de Tad
Williams; plusieurs titres de Charles Stross, de Richard K. Morgan,
etc. Au cinéma, on peut relever : I, Robot (2004) d'Alex
Proyas, d'après l'univers d'Isaac Asimov; Clones (The
Surrogates, 2009) de Jonathan Mostow, Elysium (2013) de Neill
Blomkamp.
Le rétrofuturisme.
Le rétrofuturisme
correspond à une catégorie d'oeuvres qui englobe tout un
ensemble de sous-genres "-punk", fondés sur l'introduction
d'anachronismes technologiques : un laser au Moye âge, un smartphone
dans les années soixante, etc.
Le
steampunk.
Le steampunk
place ses histoires à l'époque de la révolution industrielle,
quand les machines fonctionnaient à vapeur (steam); les auteurs
prisent à particulier l'Angleterre victorienne. Le principe de la
SF steampunk consiste ainsi à introduire dans cette époque
des élément futuristes, pour recréer ainsi une esthétique
qui rappelle celle de Jules Verne ou de H. G. Wells.
D'ailleurs le terme
a d'abord été appliqué à Morlock Night
(1979) de K. W. Jeter (né en 1950), qui est une suite de la
Machine
à voyager dans le Temps de Wells. Jeter a aussi publié
: Instruments de mort (Infernal devices, 1987) et à
sa suite Fiendish Schemes (2013), deux autres romans qui relèvent
aussi du steampunk. (En revanche, Dr Adder (1972), du même
auteur, qui décrit des Etats-Unis sous l'emprise de seigneurs de
la guerre et sa suite le Marteau de verre (The Glass Hammer,
1985), ainsi que Noir (1998), et une suite de Blade Runner,
appartiennent plutôt au cyberpunk).
Sterling a co-signé
avec William Gibson la Machine à différences (The
Difference Engine, 1991), un roman dans lequel on voit une passerelle
entre le cyberpunk et la tendance steampunk.
Des romans tels que
le cycle du Leviathan de Scott Westerfeld, le cycle des
Bas-Lag
de China Miéville relèvent aussi du steampunk.
Au cinéma,
le troisième volet de la trilogie Retour vers le futur (1990)
de Robert Zemeckis peut se ranger dans la catégorie steampunk.
On y agrège aussi parfois le film Brazil (1985), réalisé
par Terry Gilliam, bien que cette dystopie ne consiste pas réellement
en un retour à l'époque qui sert a définir le steampunk
(mais il y a bien des tuyaux et de la vapeur...).
Le
dieselpunk.
Le dieselpunk
est analogue au steampunk. Il correspond à des histoires
qui comportent des éléments propres à la SF et qui
se situent entre la Première Guerre
mondiale et le Second conflit mondial, époque considérée
comme l'âge d'or des moteurs diesel, et qui est d'ailleurs aussi
l'âge d'or de la pulp SF. Beaucoup des récits parus
dans les pulps appartiennent donc au sous-genre dieselpunk.
On peut citer parmi les oeuvres plus récentes : Pirate
Utopia, (2016), de Bruce Sterling; The City Darkens (2013),
de Sophia Martin; Storming (2015) de K.M. Weiland;
Hellboy,
série de
comics initiée en 1994 par Mike Mignola ,
et dont certains épisodes ont été adaptés au
cinéma. Au cinéma, où l'on peut aussi mentionner des
films tels que Capitaine Sky et le Monde de demain (Sky Captain
and the World of Tomorrow, 2004) de Kerry Conran, ou Batman
(1989), de Tim Burton, qui relèvent du dieselpunk.
Punkeries
à gogo.
Il existe d'autres dénominations
construites sur le même mode, sans que l'intérêt de
cette multiplication de mots soit évident. Au-delà de la
SF, elle peuvent avoir un usage dans le monde des arts et du design. Citons
simplement pour mémoire :
• Le décopunk est
un sous-sous-genre dérivé du dieselpunk, et se veut
un
revival du style art déco;
• Le stonepunk correspond à
des histoires situées pendant la préhistoire comme dans l'anthologie
publiée dans la collection Folio Junior de Christian Grenier, Le
Brouillard du 26 octobre et autres récits sur la préhistoire
(1981), dans Les Innommables (1979) de Claude Klotz (ici ce n'est
pas la technologie, mais le langage qui est transporté dans le passé).
• Le clockpunk situe son action
entre la Renaissance et le XVIIe siècle;
exemple : Les Conjurés de Florence (Pasquale's Angel,
1994), de Paul McAuley;
• L'Atomicpunk définit
des histoires situées pendant la Guerre froide : Dr Folamour;
After
the atom (1953), de Leonard G. Fish; Ce n'est pas pour cette année
(Not This August , 1955) de Cyril Kornbluth; etc.
• Le Nowpunk : quand les éléments
appartenant à une autre époque sont introduits dans le monde
d'aujourd'hui, comme, par exemple, les dinosaures dans Jurassik Park
ou l'Homo erectus dans Jane reloaded (2011) de Charlotte Kerner.
La
culture SF revisitée par l'art urbain : le pochoir Je suis ton
père, de
Banksy
et, ci-dessous, une mosaïque Space Invader, d'Invader
dans
une rue de Katmandou. (Photo ©Serge
Jodra, 2011).
Repères sur
la route
Le tableau suivant répertorie
quelques-uns des principaux auteurs (avec indication de leur pays de naissance
quand il ne s'agit pas des Etats-Unis) et oeuvres depuis les années
1980. On a également mentionné quelques oeuvres plus anciennes
non signalées dans l'article.
--
Franz
Werfel (Autriche, 1890-1945) : l'Etoile de ceux qui ne sont pas
nés (Stern der Ungeborenen, 1946).
Virgilio
Martini (Italie, 1903-1986) : le monde sans femmes (Il mondo
senza donne, 1954).
Günther
Krupkat (1905-1990), publié en Allemagne de l'Est : Nabou(1968).
Jack
Finney (1911-1995) : L'Invasion des profanateurs (1955), qui
a été l'objet de plusieurs adaptations au cinéma;
Le
Voyage de Simon Morley (Time and Again, 1970); le Balancier
du temps (From time to time, 1995).
Adolfo
Bioy Casares (Argentine, 1914-1999) : El sueño de los héroes
(1954); l'Invention de Morel (1940), qui a inspiré le film
d'Alain Resnais,
l'Année dernière à Marienbad
(1961), celui des frères Quay, L'Accordeur de tremblements de
terre (2005), ainsi que la série télévisée
Lost
(2004-2010).
Robert
Young (1915-1986) : Baleinier de la nuit (1980); le Dernier
Yggdrasill (1982).
Mohammed
Dib (né en Algérie en 1920-2003) : Qui se souvient
de la mer? (1962).
Carol
Emshwiller (née en 1921) : Carmen Dog (1988), The
Mount (2002), Mister Boots (2005).
Stanislaw
Lem (né en Pologne en 1921-2006) : Feu Vénus (Astronauci,
1951); Eden (1959); Terminus (1961); L'Invincible
(1964); Septième voyage (1964); Quatrième expédition
(1965); Prawda (1964); Le prince Ferrycyet la princesse Cristal
(O królewiczu Ferrycym i królewnie Krystali, 1965);
Solaris
(1966) adapté deux fois au cinéma; Glos Pana (1968);
Opowiesci
o pilocie Pirxie (1968);
Ciberiada (1976).
Carl
Amery (Allemagne de l'Est, 1922-2005) : Das Königsprojekt
(1974); Der Untergang der Stadt Passau (1975); An den Feuern
der Leyermark (1979); Im Namen Allahs des Allbarmherzigen (1981).
Lloyd
Biggle (1923-2002) : The Angry Espers (1961); Quelles sont
les couleurs des ténèbres (All the Colors of Darkness,
1963, premier roman de la série de Jan Darzek qui en compte
cinq jusqu'en 1979); Monument (1971).
Keith
Laumer (1925-1993) : Série des Bolo (4 romans entre 1976
et 1990) au sujet de tanks dotés de conscience; série des
Retief
(7 romans et une dizaine de nouvelles entre 1963 et 1993), la vie
drolâtique d'un diplomate interplanétaire. l'Ordinateur
désordonné (The Great Time Machine Hoax, 1964);
Galactic
Odyssey (paru en feuilleton dans le magazine IF, 1967); série
de l'Imperium (5 romans, entre 1962 et 1990), où des mondes
parallèles sont régis par une structure nommée...
l'Imperium.
Harry
Harrison (1925-2012) : Make room! Make room! (1966), adapté
au cinéma par Richard Fleisher sous le titre de Soleil vert
(1973); le Problème de Turing (The Turing Option,
1992, en collaboration avec Marvin Minsky).
Lino
Aldani (Italie, 1926-2009) : Quand les racines (1976); Eclipse
2000 (1979); La Maison-femme (1987).
John
Middleton Murry Jr. (pseudo : Richard Cowper, né en 1926, GB)
: auteur du cycle de Corlay (The White Bird of Kinship, 3
romans de 1978 à 1982); le crépuscule de Briarée
(The Twilight of Briareus,1974).
Herbert
Franke (né en Autriche en 1927) : La Cage aux orchidées
(Der Orchideenkäfig,1961); Zone zéro (Zone
Null, 1970); Le centre de la Voie lactée (Zentrum
der Milchstraße, 1990); Sphinx_2 (2004); Cyber City
Süd (2005); Flucht zum Mars (2007).
Walter
Tevis (1928-1984) : l'Homme tombé du ciel (The Man
Who Fell to Earth, 1963, adapté au cinéma par Nicolas
Roeg (l'Homme qui venait d'ailleurs); l'Oiseau d'Amérique
(Mockingbird, 1980); Le Soleil pas à pas (The
Steps of the Sun, 1983).
Georges
J. Arnaud (né en 1928) : cycle de La Compagnie des
glaces, série d'une soixantaine de romans entre 1980-1992, puis
de 24 romans supplémentaires de 2001-2005, - un monde post-apocalyptique
glacé gouverné par des compagnies ferroviaires totalitaires.
Arnaud a également écrit de très nombreux polars.
Ira
Levin (1929-2007) : Un bonheur insoutenable (This Perfect
Day, 1970); scénariste du film réalisé par Franklin
Schaffner, Ces garçons qui venaient du Brésil (The
Boys from Brazil, 1976), sur le thème du clonage d'Hitler.
Len
Deighton (GB, né en 1929) : SS-GB, - Nazi Occupied
Britain (1978), une histoire alternative dans laquelle les
Allemands ont envahi l'Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale.
Deighton est aussi l'auteur de nombreux romans d'espionnage.
Sheri
S. Tepper (1929-2016) : Un monde de femmes (The Gate to Women's
Country, 1988); The Visitor (2002); The Margarets
(2007). Trilogie de Marjorie Westriding : Rituel de chasse
(Grass; 1989); Raising the Stones (1990); Sideshow (1992).
Algis
Budrys (1931-2008) : Qui? (Who?, 1958); S.O.S. Terre
(The Falling Torch, 1959); Lune fourbe (Rogue Moon,
1960); Le Prophète perdu (Some Will Not Die, 1976);
L'Epine
de fer (3 parties, The Iron Thorn, 1967).
Bob
Shaw (Irlande du Nord, 1931-1996) : The Palace of Eternity (1969);
Orbitsville
(série de 3 romans, 1975, 1983, 1990); Medusa's Children
(1977); The Ceres Solution (1981); Conversion (1981);
série de Slow Glass (4 romans de 1970 à 1972 et un
cinquième avec Donald William Heiney (1979).
Thomas
J. Bass (1932-2011) : Humanité et demie (Half
Past Human, 1971); le Dieu Baleine (The Godwhale, 1974).
Michael
Coney (GB) (1932-2005) : l'Image au miroir (Mirror image,
1972); les Crocs et les griffes (The jaws that bite, the claws
that catch, 1975); Rax (1975); Charisme (Charisma,
1975); cycle du Chant de la Terre (5 romans entre 1980 et 1989);
Foul
Play at Duffy’s Marina (2005); Remember Palahaxi (2007 publication
posthume), suite de Hello Summer, Goodbye (1975).
Bob
Shaw (1931-1996, Irlande du Nord). Orbitsville (1975); Lumière
des jours enfuis (Light of Other Days, 1966); les Yeux du
temps (Other Days, Other Eyes, 1972); Qui va là?
(Who Goes Here?, 1977). Une longue marche dans la nuit (Night
Walk, 1967); L'autre présent (The Two-Timers,
1968); Le jour où la guerre s'arrêta (Ground Zero
Man, 1971)
Daniel
Walther (né en France en 1940). Romans-:
Happy
end : ou la nouvelle cité du soleil (1982); Apollo XXV
(1983); La pugnace révolution de Phagor (1984); Morbidezza,
Inc. (2008). Recueils de nouvelles : Requiem pour demain (1976);
L'Hôpital
et autres fables cliniques (1982). Séries : Le Livre de Swa
(3 romans, 1982); saga de Synge Tarzaniak et Brenn de Dijkal (nouvelles
d'heroic fantasy, 1972-2007).
Ian
Watson (né en 1943 en GB) : l'Enchâssement (The
Embedding, 1973); le modèle Jonas (The Jonah Kit,
1975); L'Ambassade de l'espace (Alien embassy, 1977); l'Inca
de Mars (The Martian Inca, 1977); les Visiteurs du miracle
(Miracle Visitors, 1978); la mort en cage (Deathhunter,
(1981); Le Voyage de Tchekov (Chekhov's Journey, 1983); les
Oiseaux lents (Slow Birds and Other Stories, 1985, nouvelles);
Orgasmachine
(2010).
Robert
Anton Wilson (1932-2007) : Cosmic Trigger (3 volumes, 1977-1995);
Schrödinger's
Cat (3 vol., 1979-1981); Illuminatus (trilogie co-écrite
avec Robert Shea (1933-1994), 1975).
Wolfgang
Jeschke (Allemagne, 1936-2015) : Der letzte Tag der Schöpfung
(1981); Midas oder die Auferstehung des Fleisches (1989); Le
jeu de Cuse (Das Cusanus-Spiel, 2005); Dschiheads (2013).
Janusz
A. Zajdel (Pologne,1938-1985) : Cylinder van Troffa (1980);
Limes
inferior (1982); Cala prawda o planecie Ksi (1983);
Wyjscie
z cienia (1983); Paradyzja (1984).
Suzy
McKee Charnas (née en 1939) : série des Holdfast Chronicles
(quatre romans de 1974 à 1999, dont, The Conqueror's Child
(1999).
Margaret
Atwood (née en 1939) : la Servante écarlate (The
Handmaid's Tale, 1985).
Garry
Kilworth (né en GB en 1941) : The Night of Kadar, 1978;
Roche-nuée
(Cloudrock, 1988); Abandonati (1988). Série des Rois
navigateurs : Le Manteau des étoiles (The Roof of
Voyaging, 1996); Le Temps des guerriers (The Princely Flower,
1997); La Terre de brumes (Land of Mists, 1998).
Angela
Steinmüller (née en 1941) et Karlheinz Steinmüller
(né en 1950), auteurs publiées en Allemagne de l'Est : Andymon
(1982);
Pulaster (1986), Der Traummeister (1990).
Michael
Crichton (1942-2008) : la Variété Andromède
(1969), porté à l'écran par Robert Wise (The Andromeda
strain, 1970) et à la télévision par Mikael Salomon
(2008); l'Homme terminal (1972); Sphère (1987);
Jurassik
park (1990) adapté au cinéma par David Spielberg (1993);
réalisateur de Mondwest (1973) et de Runaway (l'Evadé
du futur, 1984).
Carolyn
J. Cherryh (née en 1942) : Les portes d'Ivrel (Gate
of Ivrel, 1976); la Forteresse des étoiles (Downbelow
Station, 1981); l'Opéra de l'espace (Merchanter's
Luck, 1982); Chanur (The Pride of Chanur, 1982); Les
Oubliés de Gehenna (Forty Thousand in Gehenna, 1983);
Cyteen,
1988, Volte-face (Rimrunners, 1989); Temps fort (Heavy
Time, 1991); Hellburner (1992); Chanur's Legacy (1992);
Tripoint
(1994). Série l'Univers Etranger : Le Paidhi (Foreigner,1994);
Le
Retour du phoenix (Invader,1995);
Inheritor (1996);
Finity's
End (1997);
Precursor (1999);
Hammerfall (2001); Defender
(2001);
Explorer (2002);
Forge of Heaven (2004); Destroyer
(2005); Pretender (2006); Deliverer (2007); Regenesis
(2009); Conspirator (2009); Deceiver (2010); Betrayer
(2011); Intruder (2012); Protector (2013); Peacemaker
(2014); Tracker (2015); Visitor (2016).
Mike
Resnick (né au Kenya en 1942) : Ivoire (Ivory,
1988); série de l'Infernale comédie (Paradis,
1989; Purgatoire, 1993; Enfer, 1993), une réflexion
post-coloniale; cycle de nouvelles Kirinyaga (1998) et Sous d'autres
soleils (An Alien Land, 1998); l'Avant-Poste (The
Outpost, 2007). Autres séries du même auteur : Tales
of the Galactic Midway (1982-1983); Tales of the Velvet Comet
(1984-1986); Santiago (1982-1987); Le Faiseur de veuves (1995-2005);
Starship
(2005-2009), etc.
Joe
Haldeman (né en 1943) : la Guerre éternelle (Forever
war, 1974); Forever peace (1997), Forever Free (1999);
Camouflage
(2004).
Lucius
Shepard (1943-2014) : la Vie en temps de guerre (Life During
Wartime, 1987); les Yeux électriques (Green Eyes,
1984); Kalimantan (1990).
Gianluigi
Zuddas (Italie, né en 1943) : I computer dell'Apocalisse
(2007).
Vernor
Vinge (né en 1944) : Les Traquenards de Giri (The
Witling, 1976); La Captive du temps perdu (Marooned in Realtime,
1986), roman qui développe le concept de singularité technologique
(moment à partir duquel l'intelligence artificielle prend le pas
sur l'intelligence humaine), déjà présent, au cinéma,dans
la série des Terminator initiée en 1982 par James
Cameron, qui est aussi le fond de la série TV Person of Interest
(2011-2016)
de Jonathan Nolan, et qu'ont encore repris d'autres auteurs, tels Rudy
Rucker (Postsingular, (2007, et Hylozoïc, 2009); The
Cookie Monster (2003);
Rainbows End (2006). Série de
Zone
of Thought : Un feu sur l'abîme (A Fire Upon the Deep,
1992); Au tréfonds du ciel (A Deepness in the Sky,
1999); Les Enfants du ciel (The Children of the Sky, 2011).
Dean
Koontz (né en 1945) : Le Monstre et l'enfant (Beastchild,
1970); la Semence du démon (1973), adapté au cinéma
sous le titre Génération Protéus.
Gordon
Eklund (né en 1945) : le Silence de l'aube (Eclipse
of dawn, 1971); les Aires du réel (If the Stars Are
Gods, 1974; A Thunder on Neptune (1989). Il a aussi écrit
de romans situés dans l'univers de Star Trek.
M[ichael].
John Harrison (né en Angleterre en 1945) : The Committed
Men (1971); La Mécanique du centaure (The Centauri
device, 1975); Signs of Life (1997); Suicide Coast (1999);
L'Ombre
du Shrander (Light, 2002); Nova Swing (2006);
Empty
Space (2012).
Michael
Bishop (né en 1945) : le Bassin des coeurs indigo (A
Funeral for the Eyes of Fire, 1975); Transfigurations
(1979);
No ennemy but time (1982); Requiem pour Philip K. Dick
(1987);
Brittle Innings (1994); et, pour les plus jeunes : Joel-Brock
the Brave and the Valorous Smalls (2016).
Connie
Willis (née en 1945) : Le Grand Livre (1992); Remake
(1995);
Les Veilleurs de feu (1985); Aux confins de l'étrange
(1993); Bellwether (1996); Sans parler du chien (To
Say Nothing of the Dog, 1997); Passage (2001), Tous assis
par terre (All Seated on the Ground, 2007), Blackout et All
Clear
(2010); Crosstalk (2016).
Patrice
Duvic (né en France, 1946-2007) : Poisson-pilote (1979);
Naissez,
nous ferons le reste (1979), Terminus (1986); Végállomás
(1989); Autant en emporte le divan (1996).
Eileen
Gunn (née en 1945) auteure de nouvelles de SF réunies
dans plusieurs anthologies : Stable Strategies
and Others (2004); Steampunk Quartet (2011); Questionable
Practices (2014).
Scott
Baker (né en 1947) : L'Idiot-roi (Symbiote's Crown
1978).
John
Varley (né en 1947) : Dans le palais des rois martiens
(nouvelles, 1978); Persistance de la vision (nouvelles, 1978); Millenium
(1983); Slow Apocalypse, 2012; Dark Lightning, 2014
Trilogie
de Gaïa : Titan (1979); Sorcière (Wizard,
1980); Demon (1984).
Série
des Huit Mondes : Le Canal Ophite (The Ophiuchi Hotline,
1977); Gens de la Lune (Steel Beach, 1992); Le Système
Valentine (The Golden Globe, 1998)
Série
de Thunder and Lightning : Red Thunder, 2003; Red Lightning,
2006; Rolling Thunder, 2008.
Élisabeth
Vonarburg (née en 1947 en France) : Janus (1980);
L'oiseau
de cendres (1982); Oneïros (1984);
Band ohne Ende
(1984); La maison au bord de la mer (1985);
Le dormeur dans le
cristal (1986); La carte du Tendre (1986);
Cogito (1988);
...
Suspends ton vol (1992); La course de Kathryn (2003);
Les
villes invisibles (2008).
James
Morrow (né en 1947) : le Vin de la violence (The Wine
of Violence, 1981); l'Arbre à rêves (The Continent
of Lies, 1984); Ainsi finit le monde (This Is the Way the
World Ends, 1986); Notre mère qui êtes aux cieux
(Only Begotten Daughter, 1990); Cité de vérité
(City of Truth, 1990), etc.
Stephen
King (né en 1947) : The Running Man (1982); les Tommyknockers
(1987); le Fléau (The Stand, 1978-1990); Dreamcatcher
(2001).
Stefano
Benni
(né en Italie en 1947) : Terra! (1983); Baol (1990).
Terry
Pratchett (né en Grande-Bretagne, 1948-2015) : il a surtout
écrit de la fantasy pour ados (on peut retenir sa série
du
Disque-Monde, plus d'une quarantaine de romans et une douzaine
d'ouvrages périphériques). A la SF proprement dite appartiennent
:
The Dark Side of the Sun (1976), un space opera, et quatre
romans écrits avec Stephen Baxter : The Long Earth
(2012), The Long War (2013); The Long Mars (2014);
The
Long Utopia (2015).
George
R. R. Martin (né en 1948) : l'Agonie de la lumière
(1977); Armageddon Rag (1983). Il est également l'auteur
de romans de fantasy, dont la série le Trône de
fer (à partir de 1997) a été adaptée pour
la TV sous le titre Game of Thrones.
Joan
Vinge (née en 1948) a écrit un grand planet opera
(La Reine des neiges, 1980; Finismonde, 1985; la Reine
de l'été, 1991).
Pamela
Sargent (anthologiste et auteure née en 1948) : l'Etoile
blanche (The Sudden star,1979); la trilogie de Seed (pour
les adolescents, 1983-2010); L'épreuve de Daiya (Watchstar,
1980) Vénus des rêves, 1986; Le rivage de femmes
(The Shore of Women, 1986); Season of the Cats (2016); nombreux
romans et nouvelles dans l'univers de Star Trek (depuis 1982).
Dan
Simmons (né en 1948) : l'Homme nu (The Hollow
Man, 1992);
Muse of Fire (2007); les larmes d'Icare (Phases
of Gravity, 1989); Flashback (2011). Cycle d'Hypérion
(Hyperion Cantos) : Hyperion (1989); la chute d'Hypérion
(The Fall of Hyperion, 1990); Endymion (1996); l'Eveil
d'Endymion (The Rise of Endymion, 1997). Cycle d'Ilium
/ Olympos : Ilium (2003); Olympos (2005).
Haruki
Murakami (né au Japon en 1949) : La fin des temps
(Sekai no owari to hâdo boirudo wandârando, 1985); Kafka
sur le rivage (Umibe no Kafuka, 2003), entre fantastique et
slipstream.
Lois
McMaster Bujold (née en 1949) écrit des space operas
(ex. le cycle de Barrayar, 1991-1995).
Antoine
Volodine (né en France en 1950) : Biographie comparée
de Jorian Murgrave (1985); Un navire de nulle part (1986); Rituel
du mépris (1986); Des enfers fabuleux (1988); Nuit
blanche en Balkhyrie (1997); Terminus radieux (prix Médicis,
2014).
Karen
Joy Fowler (née en 1950) : recueils de nouvelles : Black
Glass (1988); What I Didn't See, and Other Stories (2010).
Mary
Doria Russell (née en 1950) : Le Moineau de Dieu (The
Sparrow, 1996) et sa suite Children of God (1998). |
Michael
Swanwick (né en 1950) : Stations des profondeurs (Stations
of the Tide, 1991); le Baiser du masque (In the Drift,
1985); les Fleurs du vide (Vacuum Flowers, 1987; Jack
Faust (1997); Bones of the Earth is a 2002. Des romans qui se
situent entre cyberpunk et steampunk. The Dog Said Bow-Wow
(nouvelle postcyberpunk, 2001); The Periodic Table of Science Fiction
(118 brèves nouvelles, 2005).
L.
Timmel Duchamp (née en 1950) : The Red Rose Rages
(2005); The Waterdancer's World (2016); le cycle de Marq'ssan
: Alanya to Alanya (2005); Renegade (2006); Tsunami
(2007); Blood in the Fruit (2008); Stretto (2008).
Orson
Scott Card (né en 1951), auteur d'un cycle de romans, répartis
dans deux groupes dont les actions se déroulent en parallèle,
la série d'Ender (6 romans, 1985-2008, dont le premier a
été adapté en 2013 par Gavin Hood) et la saga
de l'Ombre (5 romans, 1999-2012), On doit encore à cet auteur
plusieurs autres cycles : Les Chroniques d'Alvin le Faiseur (depuis
1987), une uchronie dont l'action se situe aux Etats-Unis au XIXe siècle;
Le
Cycle de la Terre des origines (depuis 1992), qui place dans un très
lointain futur; etc.
Serge
Brussolo (né en 1951) : les Semeurs d'abîme (1983);
Portrait
du diable en chapeau melon (1982); Vue en coupe d'une ville malade
(1981); Sommeil de sang (1982); Procédure d'évacuation
immédiate des musées fantômes (1987); La nuit
du bombardier (1989); Le Syndrome du scaphandrier (1992).
A.
A. Attanasio (né en 1951), un auteur plutôt tourné
vers la fantasy : cycle de Radix (Radix; 1981; In
Other Worlds, 1984; Arc of the Dream, 1986; The Last Legends
of Earth, 1989).
Zafar
Iqbal (né au Bangladesh en 1952) : Kopotrônic Shukh
Dukkho (1976 en bengali); Môhakashe Môhatrash (1977
en bengali).
Douglas
Adams (GB) (1952-2001) : Le Guide du voyageur galactique (cinq
romans entre 1979 et 1992 : The Hitchhiker's Guide to the Galaxy;
le
Dernier restaurant avant la fin du monde (The Restaurant at the End of
the Universe, 1980); La Vie, l'univers et le reste (Life,
the Universe and Everything, 1982); Salut, et encore merci pour
le poisson (So Long, and Thanks For All the Fish, 1984); Globalement
inoffensive (Mostly Harmless, 1992). D. Adams a aussi été
le scénariste de plusieurs épisodes de la série TV
Dr.
Who.
Somtow
Sucharitkul (pseudonyme : S. P. Somtow; né en Thaïlande
en 1952) : Mallworld graffiti (nouvelles, 1981); Lumière
sur le détroit (1982); le Trône de folie (1983);
le
Vent des ténèbres (1985).
Kim
Stanley Robinson (né en 1952) : Les Menhirs de glace
(Icehenge, 1984); S.O.S. Antarctica (Antarctica, Inc.,
1997);
Le
Rêve de Galilée (Galileo's Dream, 2009).
Série
du comté d'Orange : Le Rivage oublié (The
Wild Shore, 1984); La Côte dorée (The Gold Coast,
1988); Pacific Edge, 1992.
Cycle
de Mars (sur le thème du terraforming) : Mars la
rouge (Red Mars, 1992); Mars la verte (Green Mars,
1993); Mars la bleue (Blue Mars, 1996); Les Martiens
(The Martians, nouvelles 1999).
Trilogie
climatique : Les Quarante Signes de la pluie (Forty signs of
rain, 2004); Cinquante degrés au-dessous de zéro
(Fifty degrees below, 2005); Soixante jours et après
(Sixty days and Counting, 2007).
Tim
Powers (né en 1952) : le Palais du déviant (Dinner
at Deviant's Palace, 1985); le poids de son regard (The Stress
of Her Regard, 1989) et sa suite Hide Me Among the Graves (2012);
Poker
d'âmes (Last Call, 1992); Date d'expiration (Expiration
Date, 1996, appartient à une trilogie); les Voies d'Anubis
(The Anubis Gates, 1983).
Candas
Jane Dorsey (née au Canada en 1952) : Black Wine
(1997); A Paradigm of Earth (2001).
Valerio
Evangelisti (Italie, né en 1952) : Sepultura (1998);
cycle de
l'Inquisiteur Nicolas Eymerich (9 romans, 1994-2010).
David
Weber (né en 1952), auteur de plusieurs cycles de space operas,
le plus important étant celui de l'Univers de Honor Harrington,
qui compte ue quarantaine de romans entre 1998 et 2015, certains écrits
en collaboration, et plusieurs recueils de nouvelles.
Andrea
Hairston (née en 1952) : Mindscape (2006); Redwood
and Wildfire (2011); Will Do Magic for Small Change (2016).
Walter
Jon Williams (né en 1953) : Aristoï (1992); The
New Jedi Order: Destiny's Way (2002); Implied Spaces (2008).
Série
de Câblé : Câblé (Hardwired,
1986); Solip:System (1989, nouvelle); Le Souffle du cyclone
(Voice of the Whirlwind, 1987); Angel Station (1989).
Série
du Plasma : Plasma (Metropolitan, 1995); La Guerre
du plasma (City on fire, 1997).
Série
de La Chute de l'empire Shaa (Dread Empire's Fall) : Mélancolie
des immortels (The Praxis, 2002); The Sundering, (2003);
Conventions
of War (2005); Investments ( 2008); Impersonations (2016).
Série
Privateers
and Gentlemen (sous le pseudonyme de Jon Williams) :
To Glory Arise,
1981; The Tern Schooner, 1981; Brig of War, 1981; The
Macedonian, 1981; Cat Island, 1981.
Série
de Drake Maijstral : Les Joyaux de la couronne (Jewels
of the crown, 1987); House of Shards (1988); Rock of Ages
(1995). Série de Dagmar Shaw : This Is Not a Game
(2009); Deep State (2011); The Fourth Wall (2012); Diamonds
from Tequila (2014).
Lisa
Goldstein (née en 1953) : Sombres cités souterraines(Dark
Cities Underground, 1999); The Uncertain Places (2011).
Robert
Charles Wilson (né en 1953) : Les Chronolithes (The
Chronoliths, 2001)); Blind Lake (2003); Spin (2005);
Axis
(2007); L'o10ssée (Utriusque Cosmi, 2009);
Vortex
(2011). Sur le thème des univers parallèles : Darwinia
(1998);
Last Year (2016).
Claude
Ecken (né en France en 1954) : La mémoire totale
(1985); L'univers en pièce (1986); De silence et de feu(1989);
Les
enfants du silence (1989); L'autre Cécile (1989);
Le
cri du corps (1990); Petites vertus virtuelles (1999);
Le
monde tous droits réservés (2005). Il écrit aussi
des polars.
Iain
M. Banks (1954-2013) : ENtreFER (The Bridge, 1986); La
Plage de verre (Against a Dark Background, 1993); Feersum
Endjinn (1994); L'Algébriste (The Algebraist,
2004). L'Essence de l'art (The State of the Art, nouvelles,
1991).
Série
de la Culture (1988-2012) : Une forme de guerre (Consider
Phlebas, 1987), L'Homme des jeux (The Player of Games,
1988); L'État des arts (The State of the Art, 1989);
L'Usage
des armes (Use of Weapons, 1990); Excession (1996); Inversions
(1998); Le Sens du vent (Look to Windward, 2000); Trames
(Matter, 2008); Les Enfers virtuels (Surface Detail,
2010); La Sonate Hydrogène (The Hydrogen Sonata, 2012).
Pat
Murphy (née en 1955) : La Cité des ombres (The
Falling Woman, 1986); The City, Not Long After (1989); There
and Back Again (1999); Adventures in Time and Space with Max Merriwell
(2001).
Pierre
Bordage (né en France en 1955) : Les Guerriers du silence
(space-opera en trois romans, 1993-1995); Les Portes d'occident,
1996 et Les Aigles d'orient, 1997; Abzalon, 1998 et Orchéron,
2000; etc. Qui-vient-du-bruit, 2002 et Le Dragon aux plumes
de sang, 2003; La Fraternité du Panca (space opera
en 5 romans, 2007-2012).
Catherine
Asaro (née en 1955, souvent dans la veine de la hard
science fiction) : Série de l'empire Skolian : Primary
Inversion (1995); Catch the Lightning (1996); The Last Hawk
(1997);
The Radiant Seas (1999); The Quantum Rose (2000);
Ascendant
Sun (2000); Spherical Harmonic (2001);
The Moon's Shadow
(2003);
Skyfall (2003); Schism (2004);The Final Key
(2005);
Alpha (2006); The Ruby Dice (2008);
Diamond Star
(2009);
Carnelians (2011). Undercity (2014) inaugure un nouveau
cycle, mais toujours dans l'univers Skolian.
Jack
Womack (né en 1956) : De l'avenir faisons table rase
(Let's put the future behind us, 1996. Série Dryco
: Journal de nuit (Random acts of senseless violence, 1993);
Heathern
(1990); Ambient (1987); Terraplane (1988);
L'Elvissée
(Elvissey, 1993); Going, Going, Gone (2000).
Robert
Reed (né en 1956) : La Voie terrestre (Down the Bright
Way, 1991); Le Voile dans l'espace (Beyond the veil of stars,
1994) et Béantes portes du ciel (Beneath the Gated Sky,
1997); Le Grand Vaisseau (Marrow, 2000) et Un puits dans
les étoiles (The Well of Stars, 2005); Sister Alice
(2003).
Jean-Claude
Dunyach (né en France en 1957); Le Jeu des sabliers
(2 vol. 1987);
Étoiles mortes (2 vol., 1991); Voleurs
de Silence (1992);
Roll
over, Amundsen (1993); La Guerre des cercles (1995); Étoiles
mourantes (co-écrit avec Yal Ayerdhal, 1999).
Frank
Schätzing (né en Allemagne en 1957) : L'Essaim
(Der Schwarm, 2004); Limit (2009).
Michel
Honaker (né en France en 1958) : un des auteurs dans la collection
Anticipation
du Fleuve Noir : Deux séries : Le Commandeur (9 romans, 1989-1991),
LeVorkull
(3 romans, 1986-1987) et plusieurs autres romans : Planeta non grata
(1982); Le semeur d'ombres (1985); Lumière d'abîme
(1985); Building (1987); Le fouilleur d'âmes (1988);
Enfer
et purgatoire (1989); L'oreille absolue (1992)
Neal
Stephenson (né en 1959) : Zodiac (1988); Cryptonomicon
(1999);
Anathem (2008); Seveneves (2015). Stephenson, on
l'a vu, a été l'initiateur du courant post-cyberpunk
avec
Le Samouraï virtuel (Snow Crash, 1992). D'autres
ouvrages appartiennent au courant steampunk : L'Âge de
diamant ou Le Manuel illustré d'éducation pour jeunes fille
(The diamond Age or, a young lady's illustrated primer, 1995); Quicksilver
(2003); The Confusion (2004);
The System of the World (2004).
Yal
Ayerdhal (né en France en 1959-2015) : Demain, une oasis
(1992); Étoiles mourantes (co-écrit avec Jean-Claude
Dunyach, 1999).
Maurice
Dantec (né en France, 1959 - 2016) : les Racines du mal
(1995); Babylon Babies (1999); Villa Vortex (2003); Cosmos
Incorporated (2005) et sa suite Grande Jonction (2006); Artefact
: Machines à écrire 1.0 (2007); Comme le fantôme
d'un jazzman dans la station Mir en déroute (2009); Métacortex
(2010); Satellite Sisters (2012).
Andreas
Eschbach (né en Allemagne en 1959) : Des milliards de tapis
de cheveux (Die Haarteppichknüpfer, 1995); Station solaire
(Solarstation, 1996); Die Wunder des Universums (1997); Kelwitts
Stern (1999); Kwest (Quest, 2001); Exponentialdrift
(2002); Le dernier de son espèce (Der Letzte seiner Art,
2003); Quantenmüll (2004); Maître de la matière
(Herr aller Dinge, 2011); Aquamarin (2015).
Ian
McDonald (né en 1960 en Irlande du Nord); : Desolation road
(1988, série de 3 romans entre 1988 et 2001); série India
in 2047 (9 romans, 2004-2009); Brasyl (2007), The Dervish
House (2010), Luna (trilogie, 2014-2015). etc.
Nicola
Griffith (née en 1960 au Royaume-Uni) : Mirrors
and Burnstone (1988) et Ammonite (1993); Slow River,
1995; Hild (2013)
Peter
F. Hamilton (né au Royaume-Uni en 1960), auteur de space
operas qui se répartissent entre plusieurs cycles : Greg
Mandel (The Greg Mandel Books, 1993-1995); L'Aube de la nuit
(The Night's Dawn Trilogy, 1996-2000); La Saga du Commonwealth
(The Commonwealth Saga, 2004-2005) et Les Naufragés du
Commonwealth (The Chronicle of the Fallers, 2014-2016); La Trilogie
du Vide (Void Trilogy, 2007-2010).
Linda
Nagata (née en 1960) : Aux marges de la vision (Limit
of vision, 2001); Memory (2003); plusieurs cycles : Nanotech
Succession (4 romans, 1995, 2010); Stories of the Puzzle Lands
(2 romans, 2011, 2012); The Red (3 romans, 2013-2014).
Robert
J. Sawyer (né en 1960) : Calculating God (2000); Rollback
(2007); Wake (2009); Triggers (2012); Red Planet Blues (2013);
QuantumNight
(2016). Flashforward (1999), a inspiré une série TV
(2009-2010) du même titre.
Bernard
Werber (né en France en 1961) : les Fourmis (1991) et
ses suites (1992, 1996); Le papillon des étoiles (2006);
Cycle de la Troisième Humanité (2012-2014).
Giampietro
Stocco (Italie, né en 1961), auteur de plusieurs uchronies :
Nero
italiano (2003), au temps de Mussolini; La corona perduta
(2013), au temps de la Campagne d'Italie de Bonaparte;
Nuovo mondo
(2010) où Vinci accompagne Colomb en Amérique.
Suzanne
Collins (née en 1962) : série des Underland Chronicles
(5 romans de 2003 à 2007); série des Hunger Games
(trilogie, 2008-2010), adaptée au cinéma.
Michael
Chabon (né en 1963) : The Martian Agent, A Planetary Romance
(2003), steampunk; The Yiddish Policemen's Union (2007).
Cixin
Liu (né en 1963 en Chine) : Trilogie The Remembrance
of
Earth's : The Three-Body Problem (2007); The Dark Forest
(2008); Death's End (2010).
Serge
Lehman (né en France en 1964) : série de F.A.U.S.T
(F.A.U.S.T. (1996), Les défenseurs (1996); Tonnerre
lointain (1997) ); L'ange des profondeurs (1997); Aucune
étoile aussi lointaine (1998).
Caitlin
R. Kiernan (en en Irlande en 1964) : La Fille qui se noie (The
Drowning Girl, 2012)
Jo
Walton (née en 1964) : Farthing (2006); Ha'penny
(2007); Half a Crown (2008); Sleeper (2014).
Joanne
K. Rowling (née en 1965) : Harry Potter (1997-2007) appartient
à la fantasy, mais un des romans, Harry Potter et le Prisonnier
d'Azkaban (1999), aborde un thème SF, le voyage dans le temps.
Ann
Leckie (née en 1966) : Série des Chroniques du Radch
(space opera) : La Justice de l'ancillaire, (Ancillary Justice,
2013); L'Épée de l'ancillaire (Ancillary Sword,
2014); La Miséricorde de l'ancillaire (Ancillary Mercy,
2015); Night's Slow Poison (nouvelles, 2014); She Commands Me
and I Obey (nouvelles, 2014).
Jean-Louis
Trudel (né au Canada en 1967) : auteur de plusieurs cycles
: Les mystères de Serendib (1995-1996); Les saisons de
Nigelle (1997); Les îles du Zodiaque (2001-2006), etc.
Laurent
Genefort (né en France en 1968) : auteur notamment d'une série,
le Cycle d'Omale : Omale (2001); Les Conquérants
d'Omale (2002); La Muraille Sainte d'Omale (2004); L'Affaire
du Rochile (nouvelle, 2008); Les Omaliens (recueil, 2012); Les
Vaisseaux d’Omale (2014); Ethfrag (nouvelle, 2015).
Alain
Damasio (né en France en 1969) : La zone du dehors (2001);
La
horde du Contrevent (2004).
John
Scalzi (né en 1969) : Cycle du Vieil homme et la guerre
: Le Vieil Homme et la Guerre (Old Man's War, 2005), space
opera; Les Brigades fantômes (The Ghost Brigades, 2006);
La
Dernière Colonie (The Last Colony, 2007); Zoé
(Zoe's Tale, 2008); Humanité divisée (The
Human Division, 2013); La Fin de tout (The End of All Things,
2015). Autres romans : Imprésario du 3e type (Agent to
the Stars, 2005); The Android’s Dream (2006); Deus in machina
(The God Engines, 2009); Fuzzy Nation, 2011; Au mépris
du danger (Redshirts, 2012); Les Enfermés (Lock
In, 2014) et Libération (Unlocked: An Oral History
of Haden's Syndrome, nouvelle).
Vandana
Singh (née en Inde) : The Woman Who Thought She Was a Planet
and Other Stories (nouvelles, 2008).
Anil
Menon (né en Inde) : The Beast with Nine Billion Feet
(2009).
Paolo
Bacigalupi (né en 1972) : The Tamarisk Hunter (2006);
The
Bangler (2008); Ship Breaker (2010); The Drowned Cities
(2012); The Doubt Factory (2014); The Water Knife
(2015); A Hot Day's Night (2015).
China
Miéville (né au Royaume-Uni en 1972) . Plusieurs romans
relèvent du steampunk : Perdido Street Station (2000);
The
Scar (2002); Iron Council (2004). Il est également l'auteur
de
Embassytown (2011), un space opera et de Railsea
(2012), une dystopie.
Sarah
Hall (née en 1974) : The Carhullan Army (2007).
Jacek
Dukaj (né en Pologne en 1974) : Glace (Lód
, 2007), steampunk.
Hugh
Howey (né en 1975) : série de Silo (trilogie,
2011-2012, dystopie); The Shell Collector (2014); Phare 23 (Beacon
23, 2015)
Masimba
Musodza, (né au Zimbabwe en 1976) : MunaHacha Maive Nei?
(2011) en Shona); When the Trees Were Enchanted (2016).
Samit
Basu (né en Inde en 1979). Il écrit notamment des
histoires de superhéros : Turbulence (2012); Resistance
(2013).
Nael
Gharzeddine (né au Liban) : triologie des Prophecies of Karma
: The Warning (2011); The Black Year (2012); The
New World (2013).
Nathan
M. Farrugia (né en 1983), auteur de thrillers biopunk
: Helix (2016) et série de la Fifth Column : The
Chimera Vector (2012); The Seraphim Sequence (2013); The
Phoenix Variant (2014). |
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