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Le Protestantisme

On désigne sous le nom général de Protestantisme l'ensemble des doctrines et des sectes religieuses chrétiennes issues de la Réforme du XVIe siècle (La Renaissance). Nous ne pouvons qu'indiquer ici les points essentiels de doctrine et de discipline sur lesquels s'accordent toutes les branches du protestantisme et qui constituent, en quelque sorte, sa caractéristique vis-à-vis du catholicisme. Au surplus, malgré leur multiplicité, les Églises protestantes rentrent dans quelques types, qui sont assez peu nombreux : le type luthérien,  le type calviniste (églises réformées et presbytériennes) et le type anglican, dont se sont séparés ou dérivent (avec parfois des influences calvinistes) les types méthodiste et congrégationniste. L'unité protestante se manifeste, en dépit de ces diversités, soit par des groupements à peu près universels, comme l'Alliance évangélique, soit par des oeuvres pratiques, que la plupart de ces Églises et sectes, dans chaque pays, entretiennent en commun.

Les divergences essentielles entre protestants et catholiques peuvent se grouper sous trois chefs principaux 1° définition de la foi ; 2° caractères internes de la doctrine; 3° discipline et forme extérieure du culte :

1° A la différence de l'Église catholique, qui se considère comme seule juge et gardienne de la vérité révélée, contenue dans la Bible, conservée par la tradition, interprétée et définie par l'autorité suprême des conciles et des papes infaillibles, le protestantisme place le critérium de la foi dans l'Écriture, consultée et interprétée par la raison individuelle.
« Dans les choses qui regardent l'honneur de Dieu et le salut des âmes, chacun n'est responsable que de lui-même. »
Il est bien entendu que cet appel à la raison contre la tradition a, dans chaque branche du protestantisme, une portée différente. De l'enseignement traditionnel catholique, l'anglicanisme et le luthéranisme ont conservé plus que le calvinisme, le zwinglianisme, le méthodisme. De même, en ce qui concerne l'interprétation de la Biblepar la raison, l'autorité de celle-ci a été plus ou moins étendue, selon les Églises. Médiocre dans le luthéranisme, plus considérable dans les sectes calvinistes, elle est devenue à peu près absolue pour certaines Églises de protestants libéraux ou rationalistes, héritiers des syncrétistes du commencement du XIXe siècle, et contre lesquels réagissent les fractions plus conservatrices du protestantisme orthodoxe.

2° Au point de vue doctrinal, l'opposition capitale entre protestants et catholiquesporte sur la question du péché. Tandis que les catholiques considèrent que les fruits de la Rédemption divine sont applicables à tous les humains par les sacrements, et que la grâce, moyen décisif de salut, n'est refusée à aucun, les protestants (et particulièrement les calvinistes) reprennent dans toute sa rigueur le dogme du péché originel et de la prédestination. La foi, « confiance vivante en la grâce de Dieu », devient, au lieu des oeuvres, le principal moyen pour l'humain d'échapper à la damnation. Le nombre des sacrements est limité au baptême et à l'Eucharistie. Dans certaines Églises (Zwingli). ces sacrements ne sont plus que de purs symboles; dans toutes, la croyance au purgatoire, celle à la présence réelle sont niées. Le culte des images, le culte des saints, toutes les formes en quelque sorte matérielles et extérieures de la dévotion (pèlerinages, reliques, chapelet, etc.), le culte de la Vierge sont proscrits.

3° Au point de vue de la discipline et du culte, il faut noter d'abord le fractionnement de l'autorité dans le corps des pasteurs, et la part plus grande prise par les fidèles dans le gouvernement de l'Église; toutes les branches de la famille protestante sont organisées sous une forme plus ou moins représentative (élection des pasteurs, consistoires, etc.). Le célibat ecclésiastique est supprimé; les Églises protestantes des différents États sont indépendantes les unes des autres et ne concluent aucun accord avec le pouvoir civil. Mais, ici encore, il faut tenir compte des conditions d'existence particulières à chaque Église. 

Le domaine géographique du protestantisme comprend en Europe, d'une manière générale, les pays septentrionaux, de culture germanique : l'Allemagne du Nord, le Danemark, la Suède et Norvège, l'Angleterre, la Hollande; en Amérique, les États-Unis. Ce domaine s'est étendu soit par colonisation (l'Afrique du Sud, l'Australie orientale), soit par l'action des missions protestantes, qui ont pris à partir du XIXe siècle une importance nouvelle : missions des Frères moraves sur les côtes du Dominion (Canada) et du Groenland; missions protestantes anglaises et américaines dans les îles de l'Océanie, en Inde, à Sri-Lanka, Madagascar; dans l'Afrique centrale, en Chine, etc. A partir des dernières décennies du XXe siècle, les églises protestantes originaires des États-Unis (Évangélistes, notamment) ont également commencé à s'implanter en force en Amérique du Sud, jusque-là terre d'élection des Catholiques.

Les confessions de foi protestantes.
On appelle confessions de foi, ou symboles, ou livres symboliques, les formulaires contenant les principaux articles de foi d'une Eglise. Dans les premiers siècles, la foi de l'Eglise a été formulée dans les symboles apostoliques de Nicée, d'Athanase, généralement désignés sous le nom de symboles oecuméniques. Lorsque la Réforme eut scindé l'Église et qu'il se forma des Eglises séparées de Rome, celles-ci se virent dans la nécessité de faire connaître et de justifier leurs doctrines par des confessions de foi officielles. En effet, on leur attribuait les doctrines les plus étranges, on les accusait de s'être séparées, non seulement de Rome, mais encore de Jésus-Christ et de son Evangile. Les protestants s'appliquèrent donc à montrer dans leurs symboles qu'ils n'étaient pas devenus infidèles à la vraie tradition chrétienne, ou encore, qu'eux seuls étaient véritablement fidèles aux enseignements du Christ et des apôtres. Ces confessions de foi ont été quelquefois l'oeuvre des réformateurs eux-mêmes, souvent aussi rédigées d'après leurs instructions et comme sous leurs yeux; généralement elles portent le cachet de leur génie, le caractère de leur système religieux; c'est ce qui permet de les ranger en deux classes les confessions de foi luthériennes et les confessions reformées (calvinistes).

Les deux types de la Réforme ont des principes communs; les deux proclament la justification ou le salut par grâce, par la foi, sans aucun mérite de notre part, en opposition au mérite des oeuvres, enseigné par l'Eglise catholique; c'est ce qu'on a appelé le principe matériel; puis, l'autorité souveraine de la parole de Dieu, seule source de la foi, opposée à la tradition; c'est le principe formel. Mais les deux entendent ces principes d'une manière sensiblement différente. Dans la doctrine du salut par grâce, par la foi, Zwingle et Calvin mettent l'accent sur la grâce et disent : Dieu a prédestiné une quantité déterminée d'humains au salut; ceux donc qui sont sauvés par la foi le sont uniquement en vertu de cette grâce prédestinante  (Calvinisme). Luther, au contraire, met l'accent sur la foi : Dieu déclare juste quiconque a saisi la grâce par la foi (Luthéranisme). Cette différence parait n'être, au premier abord, qu'une nuance subtile; elle imprime cependant aux deux types d'Eglises leur caractère différent. 

Les Calvinistes, au lieu de prendre pour point de départ le salut de l'humain, ont mis à la base de leur édifice doctrinal la gloire de Dieu et établi la prédestination absolue de Dieu qui fait grâce aux uns et rejette les autres; dès lors, les sacrements perdent pour eux leur importance. De plus, prétendant remonter, en faisant abstraction des siècles intermédiaires, jusqu'aux apôtres, ils font de l'Ecriture sainte ou parole de Dieu un code unique et absolu, une loi dont chaque mot, chaque lettre a une valeur matérielle, absolue. Ils rejettent donc, en matière religieuse, tout ce qui n'est pas implicitement prescrit et enseigné dans la parole de Dieu. C'est ce qui donne aux symboles réformés un caractère systématique, dogmatique, plutôt que religieux.  Les Luthériens ont a suivi une voie différente; Luther n'a pas condamné purement et simplement l'Eglise catholique, effaçant d'un trait de plume quinze siècles de vie de l'Eglise pour remonter d'un bond jusqu'aux apôtres, il a voulu réformer et non reformer; il a rejeté ce qui lui semblait contraire à l'Ecriture, en conservant tout ce qui pouvait s'accorder avec son principe fondamental, la justification par la foi. Aussi a-t-il toujours conservé une certaine liberté à l'égard des livres saints et du canon, et les symboles luthériens (la Formule de concorde exceptée) ont un caractère plutôt religieux que systématique. (NLI / Ch.Pfender). 

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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