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Héraclès
est une des personnalités fabuleuses les plus complexes et les plus
intéressantes de la mythologie grecque,
celle qui ayant défrayé le plus, en divers lieux, l'imagination
populaire, finit par résumer tout le mouvement des esprits divinisant
les forces de la nature physique pour les déterminer peu à
peu, les agrandir et les idéaliser en les ornant de tous les traits
que suggère l'observation-morale
et la spéculation-
philosophique.
Il n'y en a pas, même parmi les plus éminents, qui ait occupé
plus que lui la poésie et les arts plastiques : et quand le polythéisme
gréco-romain se répandit sur l'Occident, il n'y en a pas
qui se soit mieux prêté à une identification, toute
abusive qu'elle ait été, avec les divinités des peuples
celtiques (Ogmios) ou germaniques
(Thor). Les Romains l'ont adopté parmi les
personnages de leur propre littérature mythologique sous le nom
d'Hercule ( Religion
romaine).
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Héraclès
enfant étouffant les serpents. Musée du Capitole, Rome.
Les armes de prédilection
sont l'arc et la massue; Héraclès est, avec Eurytus,
l'archer fameux de la primitive Antiquité. Dans les représentations
plastiques des premiers temps de l'art, il manie à la fois
l'arc et la massue. La difficulté de concilier les deux armes élimine
peu à peu la première et les attributs caractéristiques
du héros restent définitivement
la massue avec la peau du lion; la tête de
l'animal est d'abord ramenée en guise
de coiffure sur le front, donnant au dieu
un aspect thériomorphique; elle est ensuite drapée sur ses
épaules ou sur le bras gauche comme une sorte de bouclier.
Les Grecs ont
cru retrouver leur Héraclès dans tous les pays qu'ils ont
parcourus : ils l'ont vu sous les traits du Bel ou Baal
de Syrie, du Melqart de Tyr
( Religion
phénicienne), qu'ils associaient à la diffusion de leur
royauté commerciale par la navigation sur les mers méditerranéennes
jusqu'au détroit de Gadès, du Djom égyptien, du Rama
,hindou.
Ils le reconnaissait encore en Assyrie sous le nom de Sandes ou de
Sandon, chef d'une dynastie qui par Ninus règne
pendant cinq cents ans sur Sardes. Surtout, point de peuple grec qui n'ait
trouvé moyen de la mêler à l'histoire de ses origines
: ainsi les Argiens par Eurysthée,
les Thébains par Alcmène,
les Athéniens par Thésée,
les Étoliens par Achéloüs,
les Lydiens par Omphale,
etc. Il figurera plus tard dans la légende primitive de Rome
( Religion
romaine) avec Evandre; il fournit enfin
aux Romains un moyen de rattacher leurs croyances à celles des barbares
de l'extrême Occident et du Nord, vaincus par eux.
Satuette
en ivoire
de
mammouth d'un homme-lion vieille de 30 000 ans découverte dans la
grotte de Hohlenstein-Stadel (Sud de l'Allemagne). Ce serait, selon certains
auteurs, un ancêtre d'Héraclès. D'autres y voient plutôt
une représentation féminine...
(Musée
d'Ulm). |
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Le point de départ
de sa geste mythologique est à chercher à Argos ,
dans l'idée très ancienne qui met aux prises Zeus
et Héra, les divinités les plus éminentes
de l'Olympe. Héraclès est un fils
de Zeus, mais issu d'une femme mortelle, et pour cela odieux à l'épouse
légitime; celle-ci, dès avant sa naissance, s'acharne contre
lui et lui impose ensuite une série de combats et d'épreuves
dont il triomphe par son courage, avec l'assistance des dieux amis de Zeus,
c'est-à-dire d'Athéna et d'Hermès
:
Né à
Thèbes ou à Tirynthe de
Zeus et d'Alcmène, qui le mit au monde
en même temps qu'Iphiclès, Héraclès
fut privé par Héra de la puissance souveraine à laquelle
il était destiné. Zeus, ne pouvant remédier à
ce qui était accompli, se contenta d'obtenir de son épouse,
que le fils d'Alcmène, après sa vie périlleuse, serait
admis au nombre des dieux. A cette condition, il laissa la royauté
à Eurysthée. Mais la rage d'Héra
n'était pas apaisée, et elle envoya deux serpents
auprès du berceau de l'enfant qui n'avait encore que huit mois.
Héraclès se leva de son berceau, et tua les serpents en les
étouffant chacun d'une main. Phérécyde
dit que ce fut Amphitryon lui-même
qui mit ces deux serpents dans le berceau de ses enfants pour savoir lequel
des deux était le sien; qu'Iphiclès s'enfuit, et qu'Héraclès
attendit les serpents : ce qui lui fit connaître qu'lphiclès
était son fils. Dans ses Néméennes ( Epinicies ),
Pindare fait apparaître Tirésias,
qui, à la vue des serpents étouffés, prédit
à Héraclès les travaux et la gloire qui l'attendent,
et comment il sera admis dans l'Olympe, après
sa mort.
Héraclès
fut élevé à Thèbes. Diodore
rapporte qu'Alcmène, effrayée des menaces d'Héra,
l'ayant déposé dans un champ, il y fut recueilli par Athéna
et Héra, qui voulurent l'allaiter, et finirent par le rendre à
sa mère. Suivant Ératosthène,
Hermès porta le nouveau-né dans
l'Olympe, et le déposa sur le sein de la reine des dieux, qui, irritée,
à son réveil, arracha violemment l'en font de son giron :
le lait, en s'échappant, forma la Voie lactée .
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Héra
et l'origine de la Voie lactée, par Tintoret
(1575).
Héraclès
est arraché par Zeus du sein d'Héra.
Héraclès
apprit d'Amphitryon à conduire un
char; d'Autolycus ou d'Harpalycus, l'art de
la lutte; Eurytus, d'autres disent le scythe
Teutaros, lui enseigna à tirer de l'arc; Castor,
à combattre armé de toutes pièces; Linus
et Eumolpe, la musique et les sciences. Rhadamanthe,
Chiron et Thestiade figurent aussi au nombre
de ses précepteurs. Frappé par Linus, Ie jeune héros
le tua d'un coup de lyre. Étant poursuivi, devant les tribunaux
pour ce meurtre, Il se défendit en citant la loi de Rhadamanthe,
qui absout celui qui en tue un autre en repoussant la force par la force.
En conséquence de cette loi, il fut acquitté. Mais Amphitryon,
craignant qu'il ne fit encore quelque chose de pareil, l'envoya vers ses
troupeaux de boeufs
Héraclès
devint bientôt d'une grandeur et d'une force extraordinaires; Il
avait quatre coudées de haut (environ 2,4 m), suivant Apollodore.
Pindare le fait petit de taille, mais d'un courage
indomptable. Le feu sortait de ses yeux; il ne manquait jamais son but,
soit à l'arc, soit à la lance. N'ayant que dix-huit ans,
et étant encore avec les troupeaux, Il tua le lion
du mont Cithéron .
Cet animal sortait de la montagne pour ravager les troupeaux d'Amphitryon
et ceux de Thestius, roi des Thespiens, dont les cinquante filles eurent
toutes des enfants du héros. Après avoir tué le lion,
Héraclès se revêtit de sa peau, et se servit de sa
tête en place de casque. Cette tradition n'est, du reste, qu'une
copie de celle qui a rapport au lion de Némée .
C'est ici le lieu,
au début de la glorieuse carrière d'Héraclès,
de parler de l'allégorie de Prodicus,
qui n'appartient proprement pas à la mythologie, mais qui est si
connue, qu'on ne saurait la passer sous silence :
" Héraclès,
étant devenu grand, sortit, dit Xénophon,
en un lieu à l'écart, pour penser à quel genre de
vie Il se donnerait : alors lui apparurent deux femmes de grande stature,
dont l'une, fort belle, qui était la Vertu, avait un visage majestueux
et plein de dignité, la pudeur dans les yeux, la modestie dans tous
ses gestes, et la robe blanche; l'autre, qu'on appelle la Mollesse ou la
Volupté, était dans un grand embonpoint, et d'une couleur
plus relevée : ses regards libres et ses habits magnifiques la faisaient
remarquer. Elle essaya d'attirer Héraclès à elle;
mais il se décida à embrasser le parti de la Vertu. "
Au retour de sa chasse,
Héraclès rencontra les hérauts qu'Erginus envoyait
à Thèbes recevoir le tribut;
les mutila, leur coupa le nez et les oreilles, et, ayant attaché
leurs mains à leur cou, leur dit que c'était le tribut qu'il
donnerait à Erginus et aux Minyens. Erginus marcha contre Thèbes;
Héraclès, ayant reçu une armure d'Athéna,
tua son adversaire, mit les Myniens en fuite, et leur imposa un tribut
double du premier. Amphitryon périt dans ce combat, qui valut au
héros la main de Mégare, fille
de Créon. Euripide
dit cependant qu'il vivait encore longtemps après.
Suivant Diodore,
Amphitryon avait voulu livrer Héraclès à Erginus;
mais le héros, exhortant la jeunesse thébaine à mourir
pour la cité, l'avait revêtue des armes consacrées
dans les temples, et, avec son aide, s'empara d'Orchomène.
Erginus ne fut pas tué dans le combat, dit Pausanias;
Il lit alliance avec son ennemi. Diodore rapporte encore qu'Héraclès
ayant intercepté le cours du Céphise ,
au moyen d'énormes quartiers de rochers, fit ainsi refluer les eaux
dans les terres, et empêcha par là l'effet de la cavalerie
des Orchoméniens.
Après son
expédition contre les Minyens, Héra,
jalouse de lui, le rendit furieux, et, dans un accès de délire,
il jeta au feu les enfants qu'il avait eus de Mégare et deux de
ceux d'lphiclès. S'étant condamné
à l'exil pour cette action, Il fut purifié par Thestius.
Il alla à Delphes consulter l'oracle,
pour savoir quel lieu il habiterait; et ce fut là qu'il reçut
pour la première fois, de la pythie, dit Apollodore,
le nom d'Héraclès. La prêtresse lui dit d'habiter Tirynthe,
d'y servir pendant douze ans Eurysthée,
d'exécuter les travaux qu'il lui ordonnerait, et qu'après
les avoir terminés, il obtiendrait l'immortalité.
Les mythologues sont
loin d'être d'accord sur cette période de la vie du héros,
qui précède son service chez Eurysthée. Ils diffèrent
sur l'époque et la cause de la folie d'Héraclès. Suivant
Euripide, c'est à son retour des Enfers
que le délire le saisit. Il tua Mégare
et ses enfants, et allait égorger Amphitryon,
si Athéna ne lui eût lancé
une énorme pierre qui le renversa. On voyait cette pierre sous l'autel
d'Apollon lsménien à Thèbes.
Le scoliaste de Pindare s'accorde avec Euripide
pour faire périr les enfants d'Héraclès sous les traits
de son arc redoutable. Selon Diodore, Héra
inspira la folie au fils d'Alcmène, comme
il s'attristait de sa vie aventureuse, après avoir entendu la réponse
de l'oracle. Ou bien, de mandant à Apollon comment il pourrait se
purifier du meurtre de ses enfants, et n'en recevant pas de réponse,
il vola le trépied sacré et ne le rendit que sur l'ordre
de Zeus. C'est pour cela qu'Hermès
le vendit à Omphale. Voy. plus loin.
Les auteurs ne s'accordent
pas davantage sur la cause de la subordination d'Héraclès
à Eurysthée. La tradition homérique
en donne pour raison le serment de Zeus et la ruse d'Héra; un autre
mythe rapporte que, voulant expier le meurtre de ses enfants, il suivit
l'ordre d'Apollon, et de même que le dieu avait accepté un
rôle inférieur pour expier la mort de Python,
se soumit à Eurysthée.
Enfin, une troisième
version dit que ce dernier rappela Héraclès auprès
de lui, jaloux qu'il était de sa gloire; Zeus ordonna au héros
d'obéir à son ennemi, et lui promit en récompense
l'immortalité.
Obéissant
à l'ordre de l'oracle, Héraclès
se rendit à Tirynthe pour y recevoir les ordres d'Eurysthée.
La tradition la plus générale est qu'il exécuta douze
travaux célèbres qui l'immortalisérent; mais ni Homère
ni les anciens poètes grecs ne parlent de ce nombre déterminé,
imaginé par les Alexandrins, par suite de l'identification de l'Héraclès
grec avec l'Héraclès égyptien, qui, en sa qualité
de dieu-soleil, passe par les douze signes du zodiaque.
Une fois cette remarque faite, nous nous conformerons à l'usage
habituel des mythologues, avertissant encore que l'ordre des douze travaux
n'est pas le même chez tous, et que le temps du servage d'Héraclès
est fixé tantôt à douze ans, tantôt à
huit ans et un mois.
Confiant dans sa
force et dans son courage, Héraclès pouvait affronter le
mauvais vouloir d'Eurysthée, et sortir
triomphant de ses épreuves, grâce au secours que lui donnèrent
les dieux; il reçut d'Hermès
une épée, d'Apollon des flèches,
d'Héphaistos une cuirasse d'or, d'Athéna
un manteau, et il coupa lui-même une massue dans la forêt
de Némée
(Apollodore). On peut remarquer à ce
sujet que les traditions présentent l'Héraclès combattant
sous deux aspects. L'Héraclès essentiellement grec porte
des armes toutes grecques, des jambières données par Héphaistos,
une cuirasse d'or, présent d'Athéna, l'épée,
le carquois, l'arc, les flèches, la lance : son bouclier est l'oeuvre
d'Héphaistos. Il est d'une adresse remarquable à tirer de
l'arc, et court les aventures sur un char que conduit lolas. L'un de ses
chevaux s'appelle Arion (Hésiode, Homère).
Une fois la période posthomérique arrivée, I'Héraclès
naturalisé, c'est-à-dire égyptien de naissance, porte
la massue et la peau de lion. Pisandre et Stésichore paraissent
être les premiers, parmi les poètes
grecs, qui l'aient représénté ainsi. Suivant Apollonius,
cette massue, faite d'airain, était un don d'Héphaistos;
selon d'autres, c'était un tronc d'olivier sauvage. Pausanias
ajoute que le héros l'ayant un jour appuyée
contre la colonne d'Hermès Polygios à Trézène ,
elle prit racine, et reverdit.
-
Héraclès
combattant une Amazone. Métope de Sélinonte.
Musée
de Palerme.
Les Douze travaux.
Dans le mythe d'Argos,
le héros accomplit au service d'Eurysthée
une série d'exploits connus sous le nom des Douze Travaux,
qui furent pour la poésie et pour les arts une matière inépuisable.
Pour les auteurs qui ont vu dans Héraclès un personnage allégorique,
et le confondaient avec le Soleil
: ses douze travaux représenteraient les douze mois
ou les douze signes du zodiaque. Mais ce nombre
paraît n'avoir été fixé que tardivement, par
le poète Pisandre : ils étaient représentés
ainsi au temple de Zeus à Olympie;
mais en les récapitulant d'après les mythes locaux qui les
ont chantés, on constate que leur nombre était variable et
bien plus grand : ils dérivent tous de la conception d'un héros
solaire, traversant le monde en bienfaiteur de la nature et en civilisateur
des peuples.
Il nous suffira de
résumer dans le tableau ci-dessous les exploits célèbres
d'Héraclès, en renvoyant pour chacun d'eux à un article
spécial.
-
Le
lion de Némée. - Le premier monstre qu'Héraclès
dut tuer fut le lion de Némée ,
dont Eurysthée lui avait enjoint de rapporter la peau. Héraclès,
après avoir vainement essayé ses flèches sur le fauve,
engagea avec lui un corps à corps et finit par l'étrangler
de sa main puissante. Il le dépouilla de sa peau, dont il se fit
un vêtement qui le rendait invulnérable, puis il rentra à
Tyrinthe avec son trophée.
L'hydre de Lerne.
- Monstre né de Typhaon et d'Échidna, cette hydre
était un énorme serpent à neuf têtes. Elle avait
pour repaire un marais, près de Lerne, dans le Péloponnèse.
Elle en sortait pour ravager les troupeaux et les moissons; de plus, il
suffisait de respirer son souffle empoisonné pour tomber mort. Héraclès,
accompagné d'Iolaos (ou Iolas), fils d'Iphiclès, arrive à
Lerne, poursuit l'hydre près de la source Amymone, et la fait sortir
du marais au moyen de flèches enflammées. Mais vainement
il tente de l'abattre à coups de massue. Chaque fois qu'il coupe
une des têtes du monstre, il en repousse deux. Alors Iolaos met le
feu à la forêt voisine, et, à l'aide de tisons ardents,
brûle les têtes de l'hydre. Héraclès coupe la
dernière et l'enterre, puis il trempe ses flèches dans le
sang de l'hydre, afin de les empoisonner.
Le sanglier d'Érymanthe.
- Descendu de l'Érymanthe ,
montagne qui se trouve aux confins de l'Arcadie et de l'Achaïe, cet
animal dévastait le territoire de Psophis. Héraclès
parvint à le capturer et l'amena à Tyrinthe. Eurysthée
fut si épouvanté à la vue de ce monstre, qu'il courut
se cacher dans un vaisseau d'airain.
En se rendant à
l'Érymanthe, Héraclès avait reçu l'hospitalité
du Centaure Pholos, qui, en son honneur, ouvrit
un tonneau d'un vin délicieux, présent de Dionysos. Les autres
Centaures, attirés par le parfum du vin, accoururent chez Pholos
et réclamèrent leur part, armés de pierres et de sapins
déracinés. Héraclès les pourchassa de ses traits;
les Centaures, décimés, se réfugièrent près
du cap Malée.
Les oiseaux du
lac Stymphale.
- Le marais de Stymphalis, en Arcadie, était peuplé d'oiseaux
monstrueux ( Les Stymphalides),
dont les ailes, le bec et les ongles étaient de fer; ils se nourrissaient
de chair humaine, et étaient si nombreux que, lorsqu'ils prenaient
leur volée, la clarté du soleil en était obscurcie.
Héraclès les épouvanta avec des cymbales d'airain
et les extermina à coups de flèches.
La biche du mont
Cérynée. - Eurysthée avait enjoint à Héraclès
de lui ramener vivante cette biche aux cornes
d'or, aux pieds d'airain, symbole de la Lune ,
qui habitait les monts de l'Arcadie .
Héraclès la poursuivit une année entière et
parvint enfin à l'atteindre sur les bords du Ladon.
Les écuries
d'Augias. - Augias, roi d'Élis, possédait
d'innombrables troupeaux, parmi lesquels douze taureaux blancs consacrés
à Hélios. L'un d'eux, nommé Phaéthon, possédait
même le privilège de briller comme une étoile. Ces
magnifiques animaux habitaient malheureusement des étables infectes,
où le fumier s'amoncelait. Héraclès se chargea de
les nettoyer en un jour, à condition que le roi lui donnerait la
dixième partie de son troupeau. Pour cela, il perça dans
le mur de l'étable une vaste brèche, par laquelle il fit
passer les deux fleuves Alphée et Pénée, dont il avait
détourné le cours. Le travail fini, Augias, sous prétexte
qu'Héraclès exécutait les ordres d'Eurysthée,
refusa de tenir ses engagements. Le héros devait tirer plus tard
vengeance de cette malhonnêteté.
Le taureau de
Crète. - Poseidon avait donné à Minos un taureau,
pensant que celui-ci le lui offrirait en sacrifice. Comme le roi ne s'exécutait
pas, Poseidon rendit l'animal furieux. Minos, voyant le pays terrorisé,
eut recours à Héraclès, qui se trouvait en ce moment
en Crète .
Le héros parvint à capturer l'animal et l'emporta sur son
dos, à travers la mer, Jusqu'en Argolide.
Les chevaux de
Diomède. - Diomède, fils d'Arès
et roi des Bistones, possédait des chevaux
qu'il nourrissait de chair humaine Héraclès, accompagné
de quelques volontaires, aborda en Thrace et captura les terribles chevaux,
après avoir tué leurs gardiens. |
L'alerte
ayant été donnée, les Bistones accoururent, le combat
s'engagea; finalement Héraclès l'emporta et donna Diomède
en pâture à ses chevaux.
On place généralement
à cette époque la délivranre d'Alceste. Admète,
roi de Phères, avait obtenu des Parque, par l'entremise d'Apollon,
qu'il serait soustrait à la mort, si quelqu'un consentait à
mourir à sa place. L'heure fatale arrivée, son épouse,
Alceste, se dévoua pour lui, On allait ensevelir la malheureusee
femme quand Héracles, qui passait par là, engagea un combat
terrible contre Thanatos, la Mort, et parvint à lui râvir
Alceste qui fut rendue à son époux.
La ceinture d'Hippolyte.
- Hippolyte, que d'autres appellent Melanippé, était reine
des Amazones, en Cappadoce, et possédait.
comme insigne de souveraineté, une magnifique ceinture. présent
d'Arès. Admète, fille d'Eurysthée, convoitait fort
cette merveille. Il n'en fallut pas davantage pour qu'Héraclès
reçût l'ordre de se mettre en campagne. Accompagné
de plusieurs héros célèbres : Thésée,
Télamon, Pélée, il s'embarque. La première
escale est Paros. où il se bat avec les fils de Minos. Avant abordé
ensuite chez les Mariandyniens, il aide le roi Lvcos à vaincre les
Brébyces. Par reconnaissance, Lycos fit bâtir la ville d'Héraclée
du Pont. Parvenu enfin chez les Amazones. Héraclès ne rencontre
d'abord nul obstacle : Hippolyte consent à lui donner sa ceinture.
Mais Héra, furieuse, se déguise en Amazone et raconte partout
qu'Héraclès veut enlever la reine. Les Amazones prennent
les armes. Héraclès, se croyant trahi, massacre les Amazones
et leur reine. dont il prend la ceinture. Il se dirige ensuite vers Troie.
Les boeufs de Géryon.
- Géryon, monstre à trois corps,
qui régnait sur la côte occidentale de l'Ibérie ou
selon d'autres, sur l'Epire, possédait un troupeau de boeufs
rouges, confiés à la garde du berger Eurytion et du chien
Orthros. Héraclès, sur l'ordre d'Eurysthée, se rendit
maitre du troupeau, en tuant Eurytion, Orthros et enfin Geryon. Au retour,
il eut diverses aventures : il tua les
fils de Poseidon
qui avaient tenté de lui voler des bêtes, et dut aller chez
Eryx, roi d'Erycie, en Sicile, pour rattraper un boeuf qui s'était
échappé et qu'Eryx avait recueilli dans ses étables.
Eryx, n'ayant consenti à rendre l'animal qu'à condition qu'Héraclès
le vainquît au pugilat, fut abattu et tué par le héros.
Sur les cotes de Thrace, un taon, envoyé par Héra, rendit
les boeufs furieux : ils se dispersèrent dans la montagne, et Héraclès
eut bien du mal à les rassembler. Il y parvint néanmoins,
et amena le troupeau à Eurysthée, qui le sacrifia à
Héra.
Les pommes d'or
des Hespérides. - Chargé par Eurysthée d'aller
chercher les pommes d'or que les Hespérides,
filles d'Atlas et d'Hespéris, gardaient dans un jardin fabuleux,
aux extrémités du monde occidental, Héraclès
se dirigea vers le nord. Sur les bords de l'Éridan, les nymphes
du fleuve lui conseillèrent de se renseigner auprès de Nérée.
Héraclès parvint à capturer le dieu prophétique,
qui lui indiqua la demeure des Hespérides. On conte aussi qu'Héraclès
fut aidé dans son entreprise par Atlas. Il avait obtenu d'Atlas
que celui-ci irait cueillir les pommes, tandis que lui-même se chargerait
pendant ce temps de supporter à sa place le monde sur ses épaules.
Atlas à son retour fit bien quelque difficulté pour reprendre
son fardeau, mais Héraclès l'y décida par une ruse
habile.
Le voyage aux
Enfers d'Héraclès. - Eurysthée, désespérant
d'avoir raison d'Héraclès, lui commanda, comme dernier travail,
de lui amener Cerbère. Après s'être
fait initier, à Éleusis. aux mystères infernaux, le
héros s'engagea avec Hermès dans le souterrain du cap Ténare.
Tout s'enfuit devant lui, sauf Méléagre et la Gorgone. Plus
loin, Thésée et Pirithoos, qui s'étaient aventurés
imprudemment aux Enfers, implorèrent son
aide. Héraclès délivra Thésée, mais
il fut empêché par un tremblement de terre de rendre le même
service à Pirithoüs.
Enfin, après avoir débarrassé Ascalaphos du rocher
qui l'écrasait. terrassé Ménoetios, le bouvier d'Hadès,
et blessé Hadès lui-même, il obtient du dieu l'autorisation
d'emmener Cerbère, si toutefois il peut combattre victorieusement
le monstre sans autres armes que ses mains. Héraclès se précipite
sur Cerbère et finit par s'en rendre maître en l'étranglant.
Puis il remonte sur la terre, en le traînant par la peau du cou,
et, après l'avoir montré à Eurysthée, le renvoie
aux Enfers. |
L'"odyssée"
d'Héraclès.
L'enlèvement
des boeufs de Géryon et la conquête
des pommes des Hespérides, ont donné
l'occasion de nombreux développements remplis de combats et d'aventures.
Ainsi, après sa lutte contre Géryon, Héraclès,
qui avait levé une armée, s'embarqua avec ses troupes, passa
dans l'île de Crète ,
qu'il purgea à tout jamais des bêtes sauvages qui la ravageaient;
relâcha en Afrique ,
où il tua le géant
,Antée,
qui faisait périr les étrangers en luttant avec eux; pénétra
en Egypte ,
où il tua Busiris; traversa la Libye,
ou il fonda la ville d'Hécatonpyle; parvint au détroit de
Gadès, où il éleva deux colonnes sur les bords de
l'un et l'autre continent, et pénétra enfin en Espagne .
Il marcha contre les enfants de Chrysaor, les appela eu combat singulier,
les vainquit et les mit à mort. Il conquit ensuite toute l'Espagne
et emmena ces fameux troupeaux de vaches qu'il cherchait. Il en donna une
partie à un pieux roi du pays, qui les conserva précieusement,
les consacra au héros comme à un dieu, el, tous les ans,
lui sacrifiait le plus beau taureau qui en provenait.
C'est sans doute
à l'expédition qu'il faut rapporter la plupart des voyages
d'Héraclès. Nous avons vu qu'en se rendant en Espagne il
avait pénétré jusqu'à l'Océan, et là,
il aurait exécuté un travail gigantesque, bien plus considérable
que ses Douze travaux. Au dire de quelques-uns, les deux continents étaient
autrefois fort éloignés l'un de l'autre; il résolut
de les rapprocher, jusqu'à ne laisser entre eux qu'un étroit
passage, qui ne permît plus aux monstres de l'Océan
de pénétrer dans la Méditerranée .
D'autres prétendent au contraire que les deux continents étaient
réunis, qu'Héraclès coupa l'isthme, et fit communiquer
les deux mers.
Il avait déjà
mis à fin des travaux du même genre; il avait, par le moyen
d'un canal, mis à sec la délicieuse vallée de Tempé,
qui antérieurement était tout inondée; dans la Béotie ,
au contraire, il avait créé un grand lac en détruisant
les rivages de la rivière qui coulait auprès de la ville
de Minye. Après avoir conquis l'Espagne, Héraclès
en confia le gouvernement aux princes les plus vertueux, et passa dans
la Celtique, parcourut toute cette contrée et y abolit plusieurs
coutumes barbares, entre autres celle de faire mourir les étrangers.
Comme il y avait dans son armée quantité de gens qui l'étaient
venus trouver de leur plein gré, il bâtit une ville qu'il
nomma Alésie ou Alexie, nom tiré des longues courses qu'il
avait faites; ce serait aujourd'hui Alise ( Alésia)
en Bourgogne .
Voulant ensuite passer en Italie, il prit le chemin des Alpes ;
de rudes et difficiles qu'étaient les routes de ce pays, il les
rendit si douces et si aisées, qu'une armée pouvait y passer
sans peine avec tout son bagage. Les habitants de ces montagnes avaient
coutume de tailler en pièces et de voler toutes les troupes qui
les traversaient. Héraclès dompta cette nation, en fit punir
les chefs, et rétablit la sûreté des chemins.
Ici notre héros
traverse la Ligurie
et arrive sur le mont Palatin. Il y avait alors en cet endroit une petite
ville habitée par les aborigènes. Potitius et Pinarius, les
plus considérables d'entre eux, le reçurent d'une mamère
très généreuse et lui firent des présents magnifiques.
Héraclès quitta ensuite les rives du Tibre
et parcourut les côtes maritimes de l'Italie ;
il entra sur le territoire de Cumes ,
dans lequel on dit qu'il y avait des hommes très forts, mais très
scélérats : on les nommait les Géants.
Cette contrée s'appelait aussi Champs Phlégréens ,
à cause d'une montagne de ce pays-là qui jetait des flammes;
c'est le mont Vésuve .
Les Géants, sur la nouvelle qu'Héraclès
était entré dans leur pays, s'assemblèrent et marchèrent
contre lui en ordre de bataille. Le combat fut très rude; mais Héraclès
remporta la victoire avec l'aide des dieux, tua plusieurs de ses ennemis,
et rétablit la tranquillité dans la contrée. Il continua
son chemin, et exécuta plusieurs travaux sur le lac Averne ,
qui était consacré à Proserpine
/ Perséphone. Les eaux de ce lac se
déchargeaient autrefois dans la mer; Héraclès ferma
le canal de communication, et pratiqua une route le long des côtes
de la mer. Etant arrivé sur les confins du pays de Rhège
et de la Locride ,
la fatigue d'une longue course le contraignit de se reposer; mais, incommodé
par une grande quantité de cigales qui troublaient son repos, on
dit qu'il pria les dieux de l'en délivrer; sa prière eut
un plein suces, et jamais depuis les cigales ne reparurent dans ce pays.
Il passa ensuite eu Sicile ,
et y vainquit à la lutte Eryx, fils d'Aphrodite
et du roi Buta. Arrivé à Syracuse, il institua des fêtes
et des assemblées solennelles en l'honneur de Proserpine /
Perséphone. A Agyre, il consacra un bois à Iolas, son compagnon
d'armes. Il fit ensuite à pied le tour de la mer Adriatique ,
et rentra dans le Péloponnèse
par l'Epire .
Les Parerga.
On peut encore mentionner des travaux
secondaires du héros, appelés Parerga, qui n'ont été
subordonnés aux premiers qu'à une époque assez peu
reculée.
--
Le
combat contre les Centaures. - Héraclès, se rendant dans
la Psophide pour combattre le sanglier d'Érymanthe, traversa le
pays de Pholoé, et y fut reçu par le centaure Pholus, qui
lui offrit un repas, dont l'odeur attira les Centaures. Ceux-ci se présentèrent
à la caverne de Pholus armés de pierres et de sapins. Héraclès
mit d'abord en fuite Anchius et Agrius; il poursuivit ensuite les autres
à coups de flèche jusqu'à Malée, et blesse
par mégarde le bienveillant Chiron. Le reste des Centaures se dispersa
ce côté et d'autre; quelques-uns se retirèrent sur
le mont Malée. Eurytion se réfugia à Pholoé;
Nessus, vers le fleuve Événus; et Poséidon cacha les
autres dans la montagne Éleusine. Déméter établit
les petits mystères, pour purifier Héraclès de ce
massacre (Diodore).
L'Expédition
à Paros. - En se rendant dans le pays des Amazones, Héraclès
aborda à l'île de Paros, où demeuraient Eurymédon,
Chrysès, Néphalion et Philolaüs, fils de Minos, qui
firent périr deux de ses compagnons. Le héros, affligé
de cette perte, les tua sur-le-champ et emmena prisonniers Alcée
et Sthénélus, fils d'An drogée. Il se rendit ensuite
en Mysie, où il fut reçu par Lycus, qu'il défendit
contre les Bébryces. (En revenant de son expédition contre
Hippolyte, Heraclès aborda à Troie, où il délivra
Hésione, ce qui n'empêcha pas Laomédon de lui refuser
son salaire. Héraclès le menaça de se venger plus
tard, et alla aborder à Aenos, où il fut reçu par |
Poltys,
dont il tua le frère, Sarpédon, à coups de flèche.
De là il vint à Thasos, soumit les Thraces qui habitaient
cette île, et la donna aux fils d'Androgée. De Thasos, il
alla à Toroné, où il tua, à la lutte, Polygone
et Télégone, fils de Protée. Il revint ensuite à
Mycènes.
Le Bouvier de
Thermydre. - Cet épisode, peu important en lui-même,
se rattache à l'une des faces du caractère du héros.
Héraclès, ayant tué Busiris, aborda à Thermydre,
port de l'île de Rhodes; il y rencontra un bouvier qui conduisait
son char attelé de deux taureaux; il en détela un, le sacrifia,
et le mangea. Le bouvier, furieux, l'accabla d'imprératlons, et
les Rhodiens gardèrent cette coutume de sacrifier à Héraclès
en l'accablant d'imprécations. On voit encore Héraclès
manger un beuf entier chez Théiodamas, dans le pays des Driopes,
et de même chez le roi Coronus. Aussi en garda-t-il les surnoms de
dévorant (Bouphagos, Bouthaonas, Adephagos). Sa réputation
de buveur n'était pas moindre; admis à la table de Pholus,
il avale d'un trait une coupe tenant trois conges; il engage aussi avec
Léprée une lutte à qui boira le plus, et en sort victorieux.
Les Anciens avaient symbolisé cette avidité par l'usage de
vider complètement la coupe dans les sacrifices qu'ils offraient
à Héraclès. Plus tard, les poètes saisirent
ce côté faible de la grande figure du fils d'Alcmène,
et firent de lui une sorte de Falstaff, comme dans l'Alceste d'Euripide. |
Les autres aventures.
Les douze travaux
étant terminés, Héraclès revint à Thèbes ,
et donna Mégare en mariage à Iolas,
regardant son union avec la fille de Créon
comme désapprouvée par les dieux. Suivant d'autres, Mégare
était morte; elle avait péri de la main d'Héraclès,
ainsi que ses enfants, dont Tzetzès place
la mort à l'époque seulement où le héros revint
des enfers. Voulant ensuite se remarier, il apprit qu'Eurytus,
roi d'Oechalie, avait proposé la main d'Iole, sa fille, à
celui qui le vaincrait, lui et ses fils, au combat de l'arc, iI se présenta,
et remporta la victoire; mais le monarque lui refusa sa fille (Apollodore
). Une autre tradition dit qu'il était déjà
marié à Déjanire lorsqu'il
rechercha Iole (Sophocle ).
Quelque temps après,
Eurytus, réclamant à Héraclès
des boeufs volés par Autolycus, ou des
juments, envoya auprès de lui son fils Iphitus, qui le trouva à
Pharès, comme il venait d'arracher Alceste
à la mort. Tous deux se mirent en route pour chercher les bestiaux
volés; mais le héros, saisi d'un accès de fureur,
précipita son compagnon du haut des murs de Tirynthe. Il erra ensuite
quelque temps sans trouver personne qui voulût le purifier; Déiphobe,
fils d'Hippolyte, lui rendit enfin ce service
à Amyclée .
Il n'en fut pas moins atta qué d'une maladie très grave,
en punition de son crime, et alla consulter l'oracle
de Delphes pour savoir comment il guérirait.
-
Héraclès
combattant.
(Temple
d'Athéna à Egine).
La pythie
Xénoclée ayant refusé de lui répondre, il emporta
le trépied, et se fit un oracle particulier. Apollon en vint alors
aux mains avec lui; mais Zeus, lançant la
foudre au milieu d'eux, les sépara. L'oracle se prononça
enfin, et dit à Héraclès que sa maladie cesserait
lorsqu'après avoir été vendu comme esclave,
et avoir donné à Eurytus le produit
de cette vente, en indémnité de son fils, il aurait servi
trois ans entiers. D'après cet oracle, Hermès
le vendit trois talents à Omphale, reine
de Lydie .
Sophocle dit que le héros fut vendu,
non pas d'après un oracle, mais d'après
l'oracle de Zeus, et que le temps de son esclavage ne dura qu'un an; quoi
qu'il en soit, cette période de sa vie ne le dit pas inactif. C'est
seulement par suite d'une confusion entre l'Héraclès grec
et le Sandon lydien, qu'on représente le héros, amolli par
les plaisirs de l'amour, filant la laine, et revêtu de la longue
sandyx. Il eut d'une esclave d'Omphale, CIéolas, et de se maîtresse
elle-même, Lamus ou Tyrrhenus ou Agelaus. Il est bon de remarquer
que tout ceci ne repose que sur des tradi tions peu anciennes, rapportées
par Apollodore et Apollonius.
Ce fut pendant son
esclavage qu'Héraclès prit et enchaîna les Cercopes.
Sylée, à Aulis, forçait les passants à travailler
à la terre; le héros déracina sa vigne, et le tua
avec sa fille Xénodicé. D'autres font résider Sylée
sur le Pétion en Thessalie ,
et disent que son frère Dicaeos donna sa fille en mariage au héros.
La jeune épouse mourut bientôt, et le désespoir d'Héraclès
fut tel, qu'il se serait jeté dans les flammes du bûcher,
si les assistants ne l'avalent retenu. Ayant abordé à l'île
Doliché, il y trouva le corps d'Icare, l'ensevelit, et donna le
nom d'Icaria à l'île. Dédale,
reconnaissant, lui érigea une statue à Pise; Héraclès,
ayant passé durant la nuit auprès de cette statue, ne la
reconnut pas, et lui jeta une pierre, croyant que c'était un corps
animé.
Les Itones dépouillaient
les voyageurs; Héraclès les battit, et ruina leur ville.
Un serpent dévastateur qu'il tua sur les bords du Sangaris le fit
placer par Zeus, sous le nom de Serpentaire (Ophiuchus ),
au nombre des constellations .
Lytierse, fils de Midas, qui massacrait ses hôtes,
périt aussi sous les coups d'Héraclès, auquel son
esclavage n'avait nullement enlevé ses instincts généreux.
Suivant Apollodore,
qui le nomme cependant parmi les Argonautes,
Héraclès ne prit aucune part à l'expédition
de Colchide .
D'autres traditions recueillies par le scoliaste d'Apollonius
lui font jouer un rôle important dans ce mythe mémorable.
a. Héraclès
bâtit le vaisseau Argo sur d'Ossa, et l'appela
Argo, du nom d'Argos, fils de Jason, qu'il aimait.
b. Les Argonautes
choisirent Héraclès pour chef; mais celui-ci déclina
cet honneur, sachent bien qu'Héra le destinait
à Jason.
c. Heraclès
fut le fut chef de l'expédition, et les Argonautes l'aidèrent
à triompher des Amazones.
d. Héraclès
fut déposé à terre par les Argonautes, parce qu'Il
avait brisé le gouvernail, ou parce que son poids menaçait
de faire submerger le vaisseau. D'autres traditions disent que le vaisseau
s'éloigna pendant que le héros était descendu pour
chercher son amant Hylas.
e. Délaissé
par les Argonautes, Héraclès gagna la Colchide par l'intérieur.
Son esclavage fini,
et sa maladie ayant cessé, Héraclès entreprit une
expédition contre Troie avec dix-huit vaisseaux
à cinquante rames, ou six vaisseaux seulement, et une armée
de héros qui le suivirent volontairement. Après avoir pris
terre, il laissa la garde des vaisseaux à Oïclée, et
marcha contre la ville. Laomédon, qui
avait tenté une attaque contre la flotte, et tué Oiclée,
qu'une autre tradition fait mourir à Mégalopolis, n'en dut
pas moins se retirer dans Troie. Le siège ayant duré quelque
temps, Télamon ouvrit une brèche
dans le rempart, et s'élança le premier, ce qui lui occasionna
un différent avec le héros.
Diodore dit qu'il
avait été envoyé en parlementaire avec Iphiclus auprès
de Laomédon, et que jetés en prison ces deux héros
se frayèrent un chemin hors de la ville à grands coups d'épée.
Maître de la ville, Héraclès fit périr à
coups de flèche le roi et ses fils, excepté Podarque, et
donna Hésiode en mariage à Télamon.
A son retour de cette expédition, II fut assailli parque violente
tempête excitée par Héra, et
voulut débarquer à Cos, dont les habitants l'assaillirent
à coups de pierre. Il se vengea en s'emparant de l'île et
en tuant Eurypyle, de la file duquel il eut Thessalus. Il fut blessé
dans le combat; mais Zeus le guérit. Après avoir ravagé
Cos, il alla, sur l'invitation d'Athéna,
à Phlégra, et y combattit avec les dieux contre les géant.
Aidé des Molionides, il dépouilla Augias de ses États.
Au retour, il institua
les jeux olympiques, éleva un autel à Pélops,
et douze autels aux douze dieux. Son premier exploit tut ensuite la prise
de Pylos. Dans ce lieu, Périclymènes, Nélée
et ses fils, tombèrent sous ses coups. Il blesse même Hadès,
qui était venu au secours des Pyliens. De Pylos il marcha contre
Lacédémune, pour se venger du fils d'Hippocoon, et s'adjoignit
Céphée et ses vingt fils, qui périrent
tous en combattant. Ayant tué Hippocoon et ses enfants, Héraclès
prit la ville, et y ramena Tyndare, à
qui il rendit la couronne. Il passa ensuite par Tégée, où
il eut Télèphe d'Augé.
Puis il se rendit à Calydon, et y demanda
en mariage Déjanire, la fille de Oeneus,
qu'Achéloüs lui dispute en vain.
Les Calydoniens
marchèrent ensuite avec lui contre les Thesprotes; ayant pris Éphyre,
dont Phylas ou Phyleus était roi, il eut Tlépolème
de la fille de ce prince, qu'on nomme Astyoché, Astydamie, Astygénie,
ou Antigone. Thespius reçut de lui l'ordre de garder sept de ses
fils, d'en envoyer trois à Thèbes, et les quatre autres en
Sardaigne .
Coupable du meurtre d'Eunomus, Héraclès se soumit à
l'exil, et résolut de se retirer à Trachine, chez Céyx.
Ce fut en s'y rendant que Déjanire eut à supporter l'insolence
du centaure Nessus, qui se vengea du héros par le don du philtre
fatal.
Son séjour
en Trachine ne le laissa pas oisif; il s'empara du pays des Dryopes, protégea
Aegimius, que les Lapithes avalent détrôné,
et ayant rendu la couronne à ce prince, tua Laogoras, roi des Dryopes.
et tous ses fils, pour les punirr d'avoir donné du secours aux Lapithes.
A son passage à Itone, Il fut provoqué à un combat
singulier par Cycnus, fils d'Arès et de Pélopie, et donna
la mort à son audacieux rival, qui, suivant Stésichore, égorgeait
les voyageur pour élever un temple à Arès
avec leurs crânes.
Héraclès
se rendit ensuite à Orménium : Amyntor, qui en était
roi, ayant voulu s'opposer à son passage, périt aussi Diodore
rapporte qu'Amyntor fut tué par le héros pour lui avoir refusé
sa fille Astydamie.
Suivant Diodore et
Apollodore, Héraclès revenu à Trachine, et voulant
se venger d'Eurytus, rassembla une armée
pour marcher contre Oechalie, que les uns placent en Eubée, et d'autres
en Thessalie .
Les Arcadiens, les Méliens de Trachine,
et les Locriens Épiménidiens, l'assistèrent dans cette
expédition; avec leur secours, il tua Eurytus, et ses fils Toxeus,
Mollon et Pytius, et s'empara de leur ville. Après avoir donné
la sépulture à Hippasus, fils de Céyx, à Argius
et à Mélas, qui avaient péri en combattant, il mit
la ville au pillage et emmena lole captive.
La tradition rapportée
par Sophocle (les Trachiniennes) diffère
beaucoup de celle-ci : Héraclès est absent de Trachine depuis
quinze mois, sans que Déjanire connaisse le lieu de son séjour.
Le héros servait alors la reine Omphale,
et part directement de la Lydie pour assiéger Oechalie, dont il
se rend maître.
Ayant abordé
au cap Cénée en Eubée, Héraclès y éleva
un autel à Zeus Cénéen. Voulant offrir un sacrifice,
il envoya un héraut à Trachine lui chercher une robe de fête.
Déjanire, apprenant de Lichas que Iole
était captive, et redoutant L'influence de cette jeune fille sur
son époux, frotta le vêtement avec le philtre qu'elle avait
reçu de Nessus. Héraclès
s'en étant revêtu offrit son sacrifice; mais lorsque la robe
se fût échauffée, le venin de l'hydre
pénétra la chair, et la fit tomber en pourriture. Héraclès,
alors, ayant saisi Lichas par les pieds, le lança dans la mer; il
voulut arracher la tunique qui tenait à son corps, et les chairs
se détachèrent avec l'étoffe. Il se fit alors porter
à Trachine. Déjanire se tua en apprenant ce qui s'était
passé. Héraclès ordonna à Hyllus d'épouser
Iole lorsqu'elle serait nubile.
C'est sur le mont
Oeta que se dénoue logiquement l'existence héroïque
d'Héraclès et que s'accomplit son apothéose,
c.-à-d. sa transformation en dieu olympique, que rappelle dans le
ciel sa constellation
(Hercule ).
Il y fit élever un bûcher, et ordonna d'y mettre le feu lorsqu'il
y serait monté, obéissant ainsi à l'ordre de l'oracle
auquel il s'était adressé dans ses souffrances. Personne
ne voulait enflammer le bûcher; Paeas, qui était venu là
pour chercher ses troupeaux, s'y décida, et reçut les fameuses
flèches du héros pour récompense. D'autres disent
que ce fut Morsimus de Trachine qui remplit cette triste fonction. Philoctète,
son ami, reçut son arc et ses flèches et recueillit ses cendres.
Tandis que le bûcher
brûlait, le fleuve Dyras sortit de terre pour apporter quelque soulagement
aux souffrances du héros, qui fut enveloppé d'un nuage, et
transporté au ciel au milieu de grands éclats de tonnerre:
ce furent Athéna ou Zeus
lui-même qui l'introdusirent dans l'Olympe.
Il y reçut l'immortalité, et s'y réconcilia avec Héra,
qui lui donna en mariage Hébé, sa
fille, dont il eut deux fils, Alexiarès et Anicétos.
Une tradition rapportée
par Eustathe, et suivant laquelle Héraclès,
soumis à la loi de la mortalité, avant son apothéose,
aurait été rappelé à la vie en flairant une
caille présentée par Iolas, est
purement tyrienne, et se rapporte à l'Héraclès que
Cicéron fait fils de Jupiter
et d'Astérie.
Héraclès
dans les arts.
Une telle variété
d'aventures se ramène, dans le culte, à un petit nombre d'idées
générales, que l'art a précisées en les idéalisant.
Il y a d'abord le type d'Héraclès combattant et peinant,
depuis le berceau où il étrangle les serpents
envoyés pour l'étouffer, jusqu'au bûcher du mont Oeta
qui met fin à ses épreuves. Sous sa forme la plus expressive,
le dieu nous apparaît, non seulement armé,
mais animé d'un mouvement impétueux : ainsi nous le montre
un bronze où il tient l'arc de la main
gauche et qui brandit la massue de la droite; puis un nombre vases
peints où le dieu est en lutte avec Apollon
pour la possession du trépied sacré de Delphes.
Parmi les représentations variées, suggérées
aux artistes par les divers " travaux " du dieu, il faut citer l'Héraclès
combattant l'hydre, oeuvre de Polyclète
qu'on a cru retrouver dans un bronze de la Société des archéologues
de Poitiers.
-
Héraclès
et le taureau de Crète.
Coupe
grecque. Louvre.
La sculpture
du temps d'Alexandre le Grand a affectionné
le type d'Héraclès au repos; elle l'a représenté
tantôt assis, avec une expression mélancolique de lassitude,
ou avec celle du courage satisfait de lui-même; tantôt debout,
appuyé sur la massue, la peau du lion drapée
sur le bras gauche. Le premier cas était celui de la célèbre
statue de Lysippe,
statue aux proportions colossales que Fabius Cunctator
apporta de Tarente
à Rome; ce dernier type a reçu
une consécration presque populaire dans l'Hercule Farnèse
et, avec une variante de grâce élégante, dans la statue
de bronze dorée trouvée au théâtre
de Pompée à Rome. Dans ces diverses
oeuvres, la tête du dieu est ou barbue avec une expression de virilité
forte et même sauvage, ou imberbe avec un air de résolution
tranquille ou de méditative mélancolie : on peut citer comme
le spécimen le plus curieux de ce dernier genre une tête en
marbre du British Museum qui semble correspondre
à l'idéal de Praxitèle.
Par une épuration graduelle des idées que la légende
et l'art ont mises dans la personnalité d'Héraclès,
après avoir été surtout le modèle et le protecteur
des athlètes et des combattants de tout ordre, il est devenu pour
la foule le dieu qui détourne le mal sous toutes ses formes et pour
les philosophes l'image parfaite de l'âme supérieure
à toutes les épreuves, victorieuse par la vertu des assauts
du destin. L'élément comique a place
dans son histoire grâce à sa prodigieuse voracité,
qui se lie au souvenir de ses séjours fameux chez Pholos, Cepheus,
Ceyx, etc., et par sa sensualité, caractéristique dans les
épisodes d'Omphale, des filles de Thespius.
etc. On peut voir par l'Alceste d'Euripide
comment la comédie attique et celle
de Sicile
ont exploité ce trait. (E.
Jacobi, Th. Bernard / J. A. Hild). |
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