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Le Soleil dans les mythes et le symbolisme

Le Soleil a occupé une place symbolique chez de nombreux peuples (tout en n'étant que rarement associé au dieu suprême) sous des divers noms : chez les Égyptiens, c'était Osiris et ; Chez les Chaldéens, Bel ou Baal; chez les Phéniciens et les Syriens, Tammuz ou Adonis; chez les Perses, Mithra; chez les Grecs et les Romains, Titan, Phébus et Apollon; chez les Péruviens, Pachacamac, qu'on donnait pour père aux Incas. Il existait en Perse un ordre honorifique du Soleil, créé en 1808 par Feth-Ali-Chah : l'insigne représentait le Soleil se levant sur le dos d'un lion.
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Photo d'un tombeau des Adorateurs du Soleil.
Un tombeau des anciens adorateurs du Soleil en Iran.

Le Soleil dans la Bible.
1° Nature et rôle du soleil.
Le soleil n'est qu'une créature de Dieu. Au quatrième jour de la création, Dieu fit deux grands luminaires dont le principal fut destiné à présider au jour. Gen., I, 16. Si l'on ne reconnaît qu'un caractère purement idéaliste au récit de Moïse, la place assignée à la création du Soleil importe peu en elle-même. Il faut remarquer néanmoins que cette place est secondaire. L'auteur sacré a voulu sans doute enseigner par là que le Soleil n'est nullement le principe des choses, comme le pensaient la plupart des humains qui adoraient en lui le dieu générateur de l'univers, mais une simple créature qui a reçu du Dieu Créateur sa mission spéciale et vient à son rang, au même titre que les autres êtres. C'est Dieu qui a fait le Soleil. Ps. LXXIV (LXXIII), 16. Dieu lui commande, Job, IX, 7, et il obéit, Bar., VI, 59, il connaît l'heure de son coucher, c'est-à-dire se couche à l'heure que Dieu lui marque. Ps. CIV (CIII), 19. La Bible parle du cours du Soleil d'après les apparences, selon le langage habituel aux humains. Elle parledonc  du lever du Soleil, Gen., XIX, 23; XXXII, 31; Exod., XXIII, 3; Ps. CIV (CIII), 22; Eccli., XXVI, 21; etc., et de son coucher. Gen., XV, 12; Exod., XXII, 26; etc.

Le soleil se lève, le soleil se couche, Et il se hâte de retourner à sa demeure, D'où il se lève de nouveau. Eccle., I, 5. On avait remarqué les « retours périodiques » du soleil, c'est-à-dire probablement les solstices, qui servaient à régler les « vicissitudes des temps » et le cours des années. Sap., VII, 18. Le Soleil a un splendide aspect. Eccli., XLII, 16. Sa clarté n'est pas la même que celle de la Lune. I Cor, XV, 41. Il préside au jour, qu'il constitue par sa présence au-dessus de l'horizon. Ps. CXXXVI (CXXXV), 8; Eccli., XXXIII, 7; Jer., XXXI, 35. En Orient, l'action du Soleil se manifeste plus sensiblement encore par sa chaleur que par sa lumière. Cette chaleur se fait sentir dès son lever, Jud., v, 31; I Reg., XI, 9; Il Reg., XXIII, 4; II Esd., VII, 3; Sap., XVI, 27, et S'accroît â mesure que le Soleil monte dans le ciel, Exod., XVI, 21, dissipant les nuées, Sap., II, 3; mûrissant les fruits, Deut., XXXIII, 14; brunissant les visages, Cant., I, 5, et faisant parfois souffrir gravement les humains et les plantes. Eccli., XLIII, 4; Is., XLIX, 10; Bar., II, 25; Jon., IV, 8; Matth., XIII, 6; Marc., IV, 6; Jacob., I, 11; Apoc. VII, 16. Il s'obscurcit miraculeusement à la mort de Jésus. Luc,, XXIII, 45. Pendant les tempêtes, les nuages le dérobent complètement à la vue durant un temps variable. Act., XXVI, 20. En remplissant ainsi son rôle, le Soleil loue Dieu à sa manière. Ps. CXLVIII, 3; Eccli., XLIII, 2; Dan., III, 62.

2° Locutions diverses. 
Le lever et le coucher du Soleil désignent les points de l'horizon où le Soleil paraît et disparaît, le levant, orient ou est, Jos., I, 15; XII, 1 ; Is., XLI, 25; XLV, 6; Ezech., XI, 1; etc., le couchant, occident ou ouest. Deut., XI, 30; Jos., I, 4; etc. 

« Du levant au couchant » indique toute la surface de la Terre. Ps. L (XLIX), 1; CVII (CVI), 3; CXIII (CXII), 3; Mal., I, 11; etc. 

« Sous le soleil » est une expression fréquemment employée par l'Ecclésiaste, I, 3, 10, 13, 14, etc., pour désigner le séjour des humains, la terre. 

Ceux qui voient le Soleil sont les vivants. Eccle., VII, 12. Il est doux de voir le Soleil, c'est-à-dire de vivre. Eccle., XI, 7. Ne pas voir le Soleil, c'est ne pas naître, Ps. LVIII (LVII), 9; Eccle., VI, 5, ou seulement être aveugle. Act., XIII, 11. Le Soleil s'obscurcit pour le vieillard dont la vue s'affaiblit. Eccle., XII, 1. Il se couche pour celui qui meurt, Jer., XV, 9, ou qui n'a plus l'assistance de Dieu. Mich., III, 6. 

« A la face du soleil », en plein soleil, marque qu'une action s'accomplit à la vue de tous. Num., XXV, 4;

« Tant que subsistera le Soleil » signifie toujours, Ps. LXXII (LXXI), 5, 17; LXXXIX (LXXXVIII), 38; Eccli,, XXVII, 12. 

Dieu « fait lever son Soleil sur les méchants et sur les bons » c'est-à-dire accorde à tous les humains sans exception les dons de la nature. Matth., V, 45. - Il ne faut pas que le Soleil se couche sur la colère, c'est-à-dire la colère doit être apaisée avant la fin du jour. Eph., IV, 26.

3° Comparaisons. 
Dans un songe, Joseph voit le Soleil, la Lune et onze étoiles se prosterner devant lui, et Jacob reconnaît qu'il est lui-même ici représenté par le soleil. Gen,, XXXVII, 9, 10. 

Dieu a sa tente dans le Soleil, par conséquent au sein de la gloire. Ps. XIX (XVIII), 6. Ses yeux sont plus brillants que le Soleil. Eccli., XXIII, 28. Lui-même est le Soleil des justes, Is., LX, 19, 20; le Soleil de justice, Mich., IV, 2, Jésus-Christ transfiguré, Matth., XVII, 2, et glorieux, Apoc., I, 16, brille comme le Soleil. Dans le ciel, il, sert de Soleil aux bienheureux. Apoc., XXI, 23; XXII, 5. 

L'épouse du Cantique, VI, 9, est belle comme le Soleil; la sagesse est plus belle que lui. Sap., VII, 29.

Au soleil sont encore comparés le grand-prêtre Simon,. Eccli., L, 7; les justes, Matth., XIII, 43; les bonnes oeuvres. Eccli., XVII, 16. Les idoles n'ont rien de commun avec cette ressemblance. Bar., VI, 66. 

Le Soleil de l'intelligence est la lumière de la sagesse. Sap., VI, 6. Dans le songe de Mardochée, le soleil représente la sécurité et la prospérité rendues aux Juifs. Esth., X, 6; XI, 11. Saint Paul voit sur le chemin de Damas une lumière plus éclatante que le Soleil. Act., XXVI, 13. Dans ses visions, saint Jean voit un ange dont le visage brille comme le Soleil, Apoc., X, 1; un autre ange debout dans le Soleil, Apoc., XIX, 17, et une femme revêtue du Soleil. Apoc., XII, 1. Ces images donnent l'idée de la gloire divine dont ces personnages sont environnés.

Dans les grandes manifestations de la justice divine, le Soleil, figure de la bonté et de la grâce de Dieu, est obscurci et voilé. Is., XIII, 10; XXIV, 23; Ezech., XXXII, 7; Jo., II, 10, 31; III, 15;. Am., VIII, 9; Hab., III, 11; Matth., XXIV, 29; Marc., XIII, 24; Luc., XXI, 25; Act., II, 20; Apoc., VI, 12, VIII, 12; IX, 2; XVI, 8. Pour annoncer le salut, au contraire, le Soleil devient plus éclatant que jamais. Is., XXX, 26.

Les cultes du Soleil, d'après la Bible.
1° La défense. 
Yahveh interdit à son peuple de se tailler des images, afin de n'être pas entraîné à rendre un culte au Soleil et aux astres du ciel. Deut., IV, 16.19. Il ordonne de lapider ceux qui se livreront aux pratiques d'un pareil culte. Deut., XVII, 3-5. Cette prohibition vient de ce que de Chaldée, les ancêtres des Hébreux avaient rapporté le souvenir du dieu Schamasch, le Soleil, qui verse sur la Terre non seulement la lumière, mais aussi la vérité et la justice. Il est appelé bel di-nim, « seigneur du jugement », on le consulte et on lui offre des sacrifices. En Egypte, les Hébreux avaient vu aussi adorer sous le nom de Râ le Soleil, représenté sous douze formes différentes d'épervier, de veau, d'humain, etc., suivant les heures de la journée,. et identifié soit avec Horus, le ciel lui-même, soit avec l'oeil d'Horus. Dans le pays de Chanaan, où le culte du Soleil était en vigueur, la tentation de la séduction existait aussi. Il y avait donc à prémunir les Hébreux. La peine de mort portée contre la pratique de ce culte idolâtrique indiquait la gravité de la transgression. - Job, XXXI, 26-28, dans sa confession,. se défend d'avoir commis cette faute :

Si, en voyant le Soleil jeter ses feux,
Et la Lune s'avancer dans sa splendeur,
Mon coeur s'est laissé séduire en secret,
Si ma main s'est portée à ma bouche
C'est là encore un crime que punit le juge, 
J'aurais renié le Dieu très haut.
D'après Baudissin, le culte du Soleil n'aurait pas existé chez les anciens Hébreux; son introduction chez eux serait due à des influences étrangères. Les grands propagateurs de ce culte sont les Araméens, qui l'ont eux-mêmes probablement emprunté aux Baby Ioniens. Le Shamash de Sippar serait le type de tous, les dieux solaires sémitiques.

2° La transgression. 
Sous certains rois de Juda, particulièrement Manassé et Amon, le culte du Soleil fut établi à Jérusalem même et aux environs. On offrait des parfums à Baal et au Soleil. A l'entrée du Temple, des chevaux étaient dédiés au Soleil et il y avait des chars du soleil. Josias chassa les prêtres qui pratiquaient ce culte, fit disparaître les chevaux et brûla les chars. IV Reg., XXIII, 5, 11. On sait que les Perses offraient des sacrifices au Soleil, Hérodole, I, 131, que les mages lui immolaient parfois des chevaux blancs, Hérodote, VII, 113, et que ces mêmes Perses consacraient au Soleil un char et des chevaux. Xénophon, Cyropédie, VIII, 3, 12. Les chars de Jérusalem étaient sans doute destinés à promener l'idole solaire, et les chevaux étaient gardés vivants pour traîner ces chars et ensuite servir de victimes en l'honneur du dieu. Mais il n'est guère probable que le culte pratiqué à Jérusalem à l'époque de Manassé ait pu dériver de celui des Perses. Il n'y a entre les deux formes de culte qu'une simple analogie. Les honneurs divins rendus au soleil étaient d'ailleurs si répandus dans l'ancien monde qu'on ne peut s'étonner d'en constater l'usage en Palestine. La forme qu'ils y prennent s'inspirait vraisemblablement d'exemples plus voisins que ceux des Perses.

L'auteur de la Sagesse, XIII, 2, se moque de ceux qui, prenant les créatures pour des dieux, ont honoré en conséquence les « flambeaux du ciel ». D'après Josèphe, Bell. jud., II, VIII, 5, 9, les Esséniens, sans adorer le Soleil, lui rendaient cependant une sorte de culte; ils « lui adressaient des voeux traditionnels, comme pour le prier de se lever »,  et ils dérobaient à sa lumière tout ce qui aurait pu offenser les rayons du dieu.

Au commencement de l'ère chrétienne, le culte du Soleil se perpétuait encore à Ascalon, à Gaza, à Damas et dans le Hauran. (H. Lesètre).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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