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Marbre

Le mot latin marmor, dérivé du grec marmaros (= blanc), s'appliquait particulièrement, à l'origine, au seul marbre statuaire. Le premier marbre, et le plus célèbre qui ait été employé par les Anciens, était tiré de l'île de Paros; la Vénus de Médicis et la Diane chasseresse musée du Louvre en sont faites. Le marbre du Pentélique, en Attique, plus fin et plus serré, mais d'une teinte moins unie, se recourrait dans plusieurs statues antiques du même musée. Dans la suite, les statuaires grecs adoptèrent Ie marbre de Luni (prés de Carrare), dont est fait l'Apollon du Belvédère. Ce sont aussi les marbres de Carrare qu'ont préféré les Modernes, à cause de leur finesse et de leur netteté.

Les marbres d'ornement sont nombreux et variés. Les Anciens en employaient de plusieurs sortes, dont les carrières sont perdues pour nous, et qu'on ne trouve plus que dans les ruines. Ce sont : le noir antique, surnommé marbre de Lucullus, parce que ce Romain le fit connaître en Italie, et tiré de Milet et d'Alabanda en Carie le rouge antique ou d'Égypte, devenu plus rare encore que le précédent; le vert antique, exploité dans la Thessalie, et dont on voit quatre belles colonnes dans la salle de Pallas au Louvre; le bleu antique, d'un blanc rosé avec taches d'un bleu ardoise, en zigzags interrompus; Ie bleus turquin antique, dont les carrières se trouvaient en Maurétanie; le petit antique, d'un grain très fin, veiné de blanc et de gris d'ardoise, tiré de Staremma en Étrurie; le jaune antique, exploité en Macédoine, et dont est faite la grecque qui entoure les deux tables de lapis-lazuli de la galerie d'Apollon au Louvre; le grand antique, composé de fragments et de linéaments d'un noir foncé, mélangés de fragments du plus beau blanc; le cipolin antique, dans lequel le talc forme des veines, et qu'on croit avoir été tiré de l'île d'Elbe; la brèche violette antique, appelée on ne sait pourquoi brèche d'Alep (elle s'exploitait dans les environs de Carrare), offrant des couleurs très variées, le plus souvent des fragments anguleux de couleur lilas sur un fond d'un brun violâtre; la brèche africaine antique, aux fragments rouges, gris, violets, etc., sur un fond noir; la brèche rose antique, composée de petits fragments rosâtres sur un fond rouge clair; la brèche jaune antique, d'un jaune clair, avec des taches plus foncées; la brèche arlequine, présentant des taches rondes de diverses couleurs; la brèche rouge et blanche, dans laquelle ces deux couleurs dominent; la brèche vierge, composée de fragments anguleux blancs, bruns, rouges et jaunâtres; la brèche fleur de pêcher, qui offre de grandes taches violettes ou lie de vin sur un fond blanc, etc.

Les Modernes possèdent aussi beaucoup d'espèces de marbres. Parmi les marbres noirs, nous citerons : le noir antique ou drap mortuaire, dont a couleur est uniforme, et qu'on emploie surtout dans les monuments funèbres; le petit granit, dont le fond noir est parsemé régulièrement de parties claires, et dont les ébénistes se servent fréquemment pour les dessus de meubles; le marbre Sainte-Anne, à veines blanches se croisant en tous sens, et dont sont faits les dessus de tables dans la plupart des cafés de Paris; le petit antique, offrant un mélange de taches noires et blanches, à peu près égales, et anguleuses; le portor (porte-or), présentant des veines d'un jaune doré. Les marbres rouges les plus connus sont : le marbre griotte, dont le fond, d'un rouge brun, est régulièrement parsemé de taches d'un rouge plus clair; le marbre de Sarancolin (Pyrénées), d'un rouge foncé, mêlé de gris et de jaune, avec des parties transparentes; le marbre incarnat ou du Languedoc, d'un rouge assez clair, irrégulièrement mêlé de parties plus claires. Le département de l'Aude fournit des marbres rouges et blancs, dont on peut prendre une idée par les colonnes de l'arc du Carrousel, à Paris. II y en a, dans le Pas-de-Calais, qui ont la couleur café au lait veinée d'un peu de blanc : on l'appelle marbre Napoléon, parce que la colonne de Boulogne en a été  faite tout entière. On en voit plusieurs dessus de tables dans les deux Trianons; le piédestal de la statue de Louis XIV à Caen en est également fait. 

Les marbres jaunes de Sienne et de Vérone sont d'une belle teinte rouge, sur laquelle se détachent des ammonites. Florence, Prato, Bergame et Segusio ont leur marbre vert, plus ou moins tacheté de blanc ou de gris. On trouve aussi à Florence le marbre ruiniforme, présentant des dessins d'un brun jaunâtre sur un fond gris, qui simulent l'apparence de ruines. On appelle lumachelles (de l'italien lumacha = limaçon) les marbres qui contiennent des coquilles fossiles dans leur intérieur : les lumachelles les plus estimées sont celles dites d'Astrakhan, à reflets jaunes sur fond brun, et la lumachelle opaline, à reflets de couleur rouge ou orangée, rouge de feu et gorge de pigeon. Les marbres tirent leurs couleurs des différents oxydes, surtout des oxydes de fer, qui sont mêlés au calcaire. Il en est qui se décolorent sous l'action alternative de la pluie et des rayons solaires; ce sont ceux principalement qui renferment des parties d'argile, du schiste, de la magnésie ou des matières talcqueuses : on doit ne les employer que dans les intérieurs. Tels sont les marbres de Campan (Pyrénées), tantôt rouges, tantôt verts, ou rose tendre, qui ont servi à la décoration des châteaux de Versailles et de Trianon. (B.).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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