 |
Jupiter
est un dieu romain. Initialement, c'est
le dieu des éléments naturels, et plus particulièrement
du ciel, de la foudre
et du tonnerre, associé à Mars et
à Quirinus à l'intérieur
d'une triade en un certain sens égalitaire.
Il deviendra progressivement le dieu central,
le grand souverain, du panthéon, associé à partir
du VIe s. av. notre ère, à
Junon
et à
Minerve (reléguées,
dans cette nouvelle triade, au second plan). Il a été assimilé
au Zeus des Grecs. On trouve dans le nom de Jupiter
la racine di, div, qui correspond à l'idée
d'éclat, de lumière céleste.
-
Jupiter
Victor, tenant la Victoire
dans
sa main. Monnaie de Domitien.
Le Jupiter étrusque,
qui s'appelle Tinia, a pour fonction d'avertir les humains et de les punir
à l'occasion; à cet effet, il possède trois foudres.
Il peut lancer le premier de son plein gré, en guise d'avertissement;
mais pour lancer le second, qui est aussi prémonitoire, il lui faut
obtenir le consentement des douze dieux consentes ou complices. Le troisième
foudre est la punition : celui-là ne peut être déchargé
qu'avec l'assentiment des dieux supérieurs ou cachés, dii
superiores, involuti. De ce Jupiter primitif, on peut rapprocher Summanus,
autre dieu étrusque de la foudre, qui présidait au ciel nocturne.
Le Jupiter latin
est d'abord le dieu de la lumière - Soleil et Lune - et des phénomènes
célestes : vent, pluie, tonnerre, tempête, éclairs.
Son rôle est donc important auprès des populations agricoles.
Plusieurs surnoms correspondent à ses diverses attributions : Jupiter
Lucetius est le dieu de la lumière; Jupiter Elicius (elicere = faire
sortir, tirer de) fait descendre la pluie; Jupiter Liber est la divinité
de la force créatrice; Jupiter Dapalis préside aux semailles;
Jupiter Terminus veille aux bornes, dans les champs.
-
Le clou de
la cella Jovis
Comme
ce clou, d'après une antique prescription, était tous les
ans fiché dans le temple de Jupiter, aux ides de septembre, l'anniversaire
de la fondation du culte et le jour le plus sacré des jeux romains,
par le plus haut personnage de l'État (qui praetor maximus sit),
il est impossible qu'il n'eût pas d'autre destination que celle de
marquer les années; il avait évidemment une valeur religieuse.
Nous trouvons l'idée première de cette institution chez les
Étrusques.
Ainsi, à Volsinies, on portait chaque année un clou au temple
de Nortia, la déesse du destin : on sait que ce clou avait pour
valeur symbolique de représenter la décision arrêtée
et irrévocable du Destin. De là vient, avec mille légendes,
l'usage proverbial du clou pour désigner une affaire arrangée
et définitivement conclue.
Jupiter
lui-même était invoqué souvent sous le nom de Tigillus,
comme soutien et base du ciel. Ce clou des ides de septembre avait sans
doute une valeur analogue : peut-être désignait-il le caractère
inébranlable de ses décisions célestes; peut-être
aussi ne servait-il qu'à marquer les ides de septembre, qui avaient
un rôle important dans l'année officielle.
Il
y eut souvent des interruptions dans cette coutume religieuse, et à
une période relativement moderne du culte romain, on ne l'appliqua
plus qu'exceptionnellement. On désigna chaque fois, à cet
effet, un dictator clavi figendi causa. Ainsi, en 391 V. C., à
l'occasion d'une peste, et en 423, à l'occasion d'empoisonnements
qui furent dénoncés et semblèrent devoir provoquer
cette mesure extraordinaire. Auguste décida
que les censeurs sortant de charge auraient à porter un clou au
temple de Mars Ultor.
L'usage
de ces clous sacrés était d'ailleurs fort répandu
aussi dans la vie privée; on s'en servait pour détourner
de soi et fixer ailleurs les maladies et les mauvaises influences (L. P.). |
Jupiter perdit rapidement
ses fonctions rustiques et devint le grand protecteur de la cité
et de l'État. Il fut un dieu guerrier (Jupiter Stator, Feretrius,
Victor); il symbolisait les grandes vertus de justice, de bonne foi, d'honneur;
il protégeait la jeunesse.
Il était
en somme, au dedans comme au dehors, la grande puissance tutélaire
de l'Empire (Jupiter Optimus Maximus). De solennels surnoms lui étaient
réservés : Conservator orbis, Conservator Augustorum, Propugnator,
Sospitator, Tutator, Custos. Un surnom plus prosaïque, Pistor (boulanger),
rappelle que Jupiter conseilla aux Romains assiégés dans
le Capitole par les Gaulois de jeter du pain par-dessus les murailles,
afin de montrer aux ennemis qu'ils ne craignaient pas la famine.
Jupiter était
adoré dans toute l'Italie. Il possédait sur le Quirinal un
temple très ancien, le Capitolium vetus, où il formait une
triade avec Junon et Minerve. Ce temple fut reconstruit au Capitole sous
les Tarquins, et les trois dieux y formèrent la triade Capitoline.
Jupiter y portait le nom d'Optimus Maximus.
C'était sous
l'égide de Jupiter Capitolin que les sénateurs s'assemblaient
pour déclarer la guerre; les généraux se présentaient
devant lui avant de partir et venaient après la victoire lui offrir
une couronne d'or et une partie du butin.
On célébrait
en son honneur, au cirque, des jeux annuels, les ludi romani, dont la fondation
était attribuée à Tarquin l'Ancien. Ils comportaient
des concours athlétiques et surtout des courses de chars.
A côté
des ludi romani, figuraient les ludi plebeii, qui comportaient des courses
à pied et des jeux scéniques.
Les Romains firent
plusieurs statues colossales de ce dieu : tels furent le Jupiter Toscan,
élevé par Sp. Curvilius, l'an 482 de Rome, avec l'airain
enlevé aux Samnites, et le Jupiter que l'empereur Hadrien
fit ériger à Athènes. De façon générale
les repérsentations de de Jupiter sont presque toutes traduites
de l'art grec. Cependant le Jupiter Volsque présente cette particularité
curieuse d'être imberbe et d'être figuré sous les apparences
d'un jeune homme. (F. Guirand, A.V. Pierre / GE) |
|