.
-

Histoire de l'Europe > La France > Géographie historique de la France
L'Histoire de la Bourgogne
Aperçu

Jalons chronologiques
L'Antiquité et le haut Moyen âge
Les Burgondes
Le Royaume d'Arles
Le duché de Bourgogne de 1032 à 1361

Le duché de Bourgogne de 1361 à 1477
La Bourgogne de 1477 à la Révolution

Civilisation
Le dialecte bourguignon
Les lettres et les sciences
Les beaux-arts en Bourgogne

-
Le nom de Bourgogne (Burgundia) a été donné à trois royaumes, à un duché féodal,  à un cercle de l'empire germanique, à une ancienne province, et aujourd'hui à une région française. L' ancienne province était bornée au Nord par la Champagne, à l'Est par la Franche-Comté, à l'Ouest par le Bourbonnais et le Nivernais, au Sud par le Lyonnais et au Sud-Est par la Savoie

Elle se divisait en duché de Bourgogne, comprenant 5 parties : le Dijonnais, le Châlonnais, l'Autunois, l'Auxois et le pays de la Montagne; et en 4 comtés : Charolais, Mâcon, Auxerre et Bar-sur-Seine; elle avait pour capitale générale Dijon

La Bourgogne a formé, en 1790, les départements de la Côte-d'Or et de Saône-et-Loire, en totalité, et les département de l'Ain et de l'Yonne en partie et à de petites fractions de ceux de l'Aube et de la Nièvre. La Côte-d'Or, la Saône-et-Loire, l'Yonne et la Nièvre ont formé la région Bourgogne, intégrée à la région Bourgogne-France-Comté en 2015.

Jalons chronologiques

De nombreuses fouilles, qui ont amené la découverte soit de pierres taillées soit même d'ossements humains, témoignent de l'existence dès le Paléolithique supérieur d'humains dans la partie de la Gaule qui, plus tard, est devenue la Bourgogne. C'est ainsi que Vibraye et Cotteau ont découvert à Arcy-sur-Cure (Yonne), dans la Grotte des Fées, une mâchoire et des os humains, des silex taillés, mêlés à des débris de grands mammifères, comme le renne, le grand ours et le mammouth. Les silex des grottes d'Arcy sont de petites dimensions, en forme de couteaux allongés, plats ou légèrement convexes d'un côté et triangulaires de l'autre, sans aucune trace de poli, mais simplement taillés par éclats. 

On a encore trouvé des aiguilles, des pointes de flèches et quelques petites haches. Près d'Arcy, à Saint-Moré, d'autres grottes ont été explorées; mais elles n'ont livré que des vestiges plus tardifs. De nombreux silex taillés, des débris de cuisine, des bois de renne travaillés, des ossements humains, des os de renne et de mammouth et surtout un amas considérable d'os de chevaux, ont été découverts à Solutré, dans le Mâconnais, au pied d'un rocher escarpé. Les silex trouvés dans cette station ont la forme d'une feuille de laurier et sont taillés sur les deux faces. 

Citons encore les gisements de Balot, près Châtillon-sur-Seine, de Genay en Auxois, de Gilly-sur-Loire, de la Charbonnière près de Mâcon, de Mellecey en Chalonnais. Les grottes de Gigny et Santenay renferment des restes de la période Néolithique. On voit encore des monuments mégalithiques à la Rochepot, près de Nolay.

Plus tard, la Bourgogne a été occupée par les Celtes (Éduens, Mandubiens et  Ambares), et conquise, en 52 av. J.-C, par César après une rude résistance (Alésia). Elle fut comprise par les Romains dans la Lyonnaise Première. Plus tard on la divisa en Auxois, pays de Montagne, Autunois, Dijonnais, Bugey, pays de Gex et principauté des Dombes. Elle doit son nom aux Burgondes ou Bourguignons, peuple germanique qui s'établit en Gaule en 406, et y fonda, sous la conduite de Gondicaire (411), le premier royaume de Bourgogne. 

Royaumes de Bourgogne.
Le premier royaume eut pour noyau la partie Sud de la Germanie Première et la Grande Séquanaise, c.-à-d. une partie de l'Alsace et de la Suisse; puis il descendit au Sud atteignit la Loire à l'Ouest, et s'étendit dans tout le bassin du Rhône, moins la portion comprise entre la Durance et la mer. Il eut 8 rois : Gondicaire, 411-436; Gondioc, 463; Gondemar I, 476; Chilpéric, 491; Godégisile, 507; Gondebaud 516; Sigismond, 524; Gondemar II, 534. Déjà Clovis avait soumis les Bourguignons à un tribut : ses fils expulsèrent Gondemar et réunirent la Bourgogne à l'empire des Francs. Sous les Mérovingiens, elle fut tour à tour soumise aux rois de Neustrie ou d'Austrasie, ou au roi unique des Francs; ou bien elle fut presque indépendante sous un maire particulier. Charlemagne l'érigea en duché et en donna le gouvernement, d'abord à un seigneur nommé Sanson, qui fut tué à la bataille de Roncevaux, puis à Hugues son fils naturel.

Lors du partage de l'empire de Charlemagne, en 843, la Bourgogne entra dans le lot de Charles le Chauve; mais elle ne tarda pas à se scinder en diverses parties; elle formait au Nord un duché de Bourgogne, composé de presque toute la Bourgogne propre, et compris entre le Rhône, le Jura et le Rhin; au Sud un Second royaume de Bourgogne, qui d'abord se partagea en deux royaumes distincts, nommés Bourgogne cisjurane et Bourgogne transjurane :

Bourgogne cisjurane formée par Boson, comte d'Autun et  beau-frère de Charles le Chauve. Boson se fit élire roi de la Bourgogne cisjurane en 879 : son royaume comprenait la Provence, le Vivarais, le comté d'Uzès, le Lyonnais, le Comtat, la Dauphiné, le Bugey et la Bresse, la partie du Languedoc entre la Loire et le Rhône, et de petites portions de la Bourgogne propre. Boson eut pour successeurs Louis l'Aveugle (889-923), et Hugues de Provence (923-933). 

Bourgogne transjurane, au Nord de la précédente, comprenant la Suisse jusqu'à la Reuss et à la Savoie., le Valais, le pays de Genève, le Chablais et le Bugey. Ce royaume, formé en 888, par le duc Rodolphe, comte d'Auxerre lors de la déposition de Charles le Gros, s'agrandit, en 933, de la Bourgogne cisjurane, qu'acheta à Hugues Rodolphe II, fils et successeur du fondateur de la dynastie.

Ces deux états réunis prirent alors le nom de Royaume d'Arles et passèrent, à la mort de Rodolphe III (1033), à Conrad le Salique, roi de Germanie. Après la mort de Rodolphe III (1032), Conrad le Salique réunit le royaume d'Arles à l'empire germanique. Toutefois un grand nombre de fiefs puissants s'en détachèrent et se déclarèrent indépendants. Tels furent les comtés et le marquisat de Provence, le Dauphiné, la Savoie, le comté palatin de Bourgogne ou Franche-Comté, le Comtat Venaissin, etc. 

Duché de Bourgogne. 
La partie Nord-Ouest de l'ancienne Bourgogne, qui ne s'était pas séparée du royaume des Francs ne releva jamais de l'empire germanique, bien que le comté palatin de Bourgogne, possédé par les ducs, fit partie du royaume d'Arles.  La formation du duché de Bourgogne remonte à 887. Le premier duc en fut Richard le Justicier, comte d'Autun, beau-frère de Charles le Chauve, qui gouverna de 843 à 921, date de sa mort. Raoul, fils de Richard, ayant été proclamé en 923 roi de France, céda le duché de Bourgogne à son beau-frère Gislebert, fils de Manassés de Vergy. En 1002, le duc Henri le Grand étant mort sans enfants, Robert II le Pieux, roi de France, prétendit à la couronne de Bourgogne comme l'héritier le plus proche, et dirigea sur le pays plusieurs expéditions. 

En 1032, le roi de France Henri Ier, fils de Robert le Pieux, se vit obligé de céder à son frère Robert le duché de Bourgogne. De ce Robert sortit la première dynastie des ducs de Bourgogne capétiens. La dynastie capétienne régna en Bourgogne pendant 330 ans avec une autorité presque independante. Elle acquit  une grande puissances s'empara de la Franche-Comté, d'un fragment du royaume d'Arles et, pendant un moment, posséda des principautés en Orient (Les Croisades). Elle a fourni douze ducs, à savoir :
-

Robert Ier, 1032
Hugues Ier, 1075
Eudes Ier, 1078
Hugues II Pacifque, 1102
Eudes II, 1142
Hugues III, 1162
Eudes III, 1193
Hugues IV, 1218
Robert Il, 1272
Hugues V; 1305
Eudes IV, 1315
Philippe de Rouvres, 1350

La première dynastie des ducs de Bourgogne s'éteignit en 1361, en la personne de Philippe de Rouvres,  fils de Jeanne de Boulogne, qui avait épousé en secondes noces le roi de France Jean II le Bon. Il mourut à l'âge de treize ans. 

Le roi de France Jean le Bon réclama le duché, et en confia l'administration au comte de Tancarville, jusqu'en 1363, date où le roi Jean le Bon donna la Bourgogne en apanage a son quatrième fils Philippe le Hardi, duc de Touraine. De Philippe le Hardi sortit la deuxième maison capétienne, dite maison de Valois; elle vit se succéder seulement quatre ducs : Philippe le Hardi, 1363 (qui  épousa en 1369, Marguerite, héritière des Flandres); Jean sans Peur, 1404; Philippe le Bon, 1419, et Charles le Téméraire, 1467-1477.

Philippe le Bon  et Charles le Téméraire  possédaient des droits régaliens; leurs états comprenaient la Belgique et la Hollande modernes, le duché de Lorraine et le Vicariat impérial d'Alsace; ils humilièrent plusieurs fois les rois de France, cultivèrent les beaux-arts et les lettres, protégèrent le commerce et l'industrie et amenèrent leurs sujets à un degré de bien-être et de civilisation auquel on ne pouvait rien comparer dans les autres pays.

A la mort de Charles le Téméraire (1477), qui fut l'un des princes les plus puissants de l'Europe, son vaste domaine fut démembré. Sa seule héritière, sa fille, Marie, épouse de Maximilien d'Autriche, eut les duchés de Brabant, Limbourg et Luxembourg, la Franche-Comté, le comté palatin, les comtés de Flandre, Hainaut, Namur, Artois, Hollande, Zélande, le marquisat d'Anvers et la seigneurie de Malines. Toutes ces provinces, avec quelques autres qu'y joignit Charles-Quint, composeront le cercle de Bourgogne, qui fut incorporé à l'Empire, en 1548.

Pour sa part, Louis XI saisit la Franche-Comté, la Picardie, Artois et le duché de Bourgogne, comme fief tombé en quenouille; il fut ensuite obligé d'abandonner la Franche-Comté. De ce moment, l'histoire du duché de Bourgogne se confond avec l'histoire de France, dans laquelle le parlement Bourgogne, fondé par Louis XI, occupe une place brillante par le mérite scientifique et littéraire des magistrats qui y siégèrent. Il suffit de citer les noms du président Bouhier du président De Brosses pour évoquer ces souvenirs.

Les héritiers de Marie, se considérant comme injustement dépouillés par les rois de France, entreprirent une longue lutte pour reconquérir ce qui avait appartenu au duché de Bourgogne. Charles-Quint, petit-fils de Marie, obtint même de François Ier, par le traité de Madrid, l'abandon de tout l'ancien duché. Mais les états de Bourgogne décidèrent que le roi n'avait pas eu le droit de disposer de leur pays; et l'empereur dut renoncer à ses prétentions par le traité de Cambrai (1529). L'union d'Utrecht diminua le cercle de sept provinces, qui formèrent les sept Provinces-Unies, reconnues par la paix de Westphalie (1648); la paix de Nimègue (1678) donna la Franche-Comté à la France, qui l'avait déjà conquise, et qui l'avait rendue ensuite par le traité d'Aix-la-Chapelle

Le Cercle de Bourgogne appartenait d'abord à la ligne espagnole de la maison d'Autriche : après la guerre de la succession d'Espagne il passa à la ligne autrichienne, qui ne l'a perdu que par les traités de paix de Campo-Formio et de Lunéville (1801). Mais à cette époque, le Cercle de Bourgogne était déjà fort amoindri :  peu à peu, il n'avait plus comprit que le Brabant, le Limbourg, le Luxembourg et une portion de la Flandre, du Hainaut, de Namur et de la Gueldre. L'expression géographique Cercle de Bourgogne avait même cessé d'être employée lorsque la maison d'Autriche avait abandonné ses prétentions sur l'héritage de Charles le Téméraire.

Les institutions et l'administration sous l'Ancien régime

Le gouvernement de Bourgogne comprenait la province de ce nom et quatre annexes qui étaient la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex. La province proprement dite était divisée en duché et comtés dépendants du duché. Le duché était formé par : 

le Dijonnais, comprenant les bailliages de Dijon, Beaune, Nuits, Saint-Jean-de-Losne et Auxonne

l'Autunois, comprenant les bailliages d'Autun, Montcenis, Semur-en-Brionnais et Bourbon-Lancy

le Chalonnais et la Bresse chalonnaise ne formant qu'un seul bailliage; 

l'Auxois, comprenant les bailliages de Semur, Avallon, Arnay-le-Duc et Saulieu; 

le pays de la Montagne ou bailliage de Châtillon-sur-Seine. Les comtés étaient le Charolais, le Mâconnais, l'Auxerrois et le comté de Bar-sur-Seine.

Au XVIIIe siècle, le gouverneur de la province était en même temps gouverneur particulier de la ville et château de Dijon, et des villes de Saint-Jean-de-Losne et de Seurre. Sous le gouvernement étaient six lieutenances générales dont cinq seulement dans la province. Ces lieutenances étaient : 
1° celle de Dijon, à laquelle la capitainerie de Talant était unie et où étaient les gouvernements particuliers de la ville et du château de Dijon, de Beaune, de Nuits, de Saint-Jean-de-Losne, de la ville et château d'Auxonne, de Châtillon-sur-Seine et de Bar-sur-Seine

2° celle d'Autun, où étaient les gouvernements particuliers d'Autun, de la ville et château de Bourbon-Lancy, de Semur-en-Brionnais, de Semur-en-Auxois, de Flavigny, d'Avallon, d'Arnay-le-Duc, de Saulieu, d'Auxerre et de Cravant; 

3° celle de Chalon, où étaient les gouvernements de la ville et citadelle de Chalon et de Seurre; 

4° celle de Charolais, où était le gouvernement particulier de Charolles

5° celle de Mâcon, où était le gouvernement particulier de Mâcon et la Tour-du-Pont;

6° la lieutenance de la Bresse, qui était en dehors de la province.

La Bourgogne était un pays d'Etats. Les Etats du duché ne devinrent une institution régulière qu'au XIVe siècle. Leur histoire est étroitement liée à celle des principaux événements dont la Bourgogne fut le théâtre. La convocation était faite aux XIVe et XVe siècles par le duc.

Après la réunion du duché à la couronne, la convocation fut faite par le gouverneur. La noblesse, le clergé et les bonnes villes étaient seuls représentés aux Etats. Les nobles, les prieurs et les abbés étaient convoqués individuellement, les chapitres et les villes choisissaient à leur gré leurs représentants. Les personnes du clergé qui, aux derniers siècles de l'Ancien régime, avaient droit d'assister aux Etats, étaient les évêques d'Autun, de Chalon, de Mâcon et d'Auxerre; les abbés réguliers, titulaires et commendataires; les doyens des églises cathédrales et de la plupart des collégiales; les députés des chapitres; les prieurs titulaires, commendataires et claustraux; les députés des abbayes et prieurésoù il y avait conventualité; les députés du clergé des comtés de Charolais et de Mâconnais. L'évêque d'Autun présidait la Chambre du clergé, et en son absence celui de Chalon. 

Les nobles qui avaient entrée aux Etats étaient ceux qui possédaient fief ou arrière-fief; le président de la Chambre de la noblesse était son élu. Le tiers état était représenté par les députés des villes. Dijon en avait trois; Autun, Beaune, Chalon, Nuits, Semur-en-Auxois, Avallon, Montbard, Châtillon-sur-Seine, Auxonne, Seurre, Auxerre, Arnay-le-Duc, Noyers, Saulieu, Flavigny, Talant, Montréal, Mirebeau et Viteaux en avaient chacune deux; Marcigny-sur-Loire (Marcigny-lès-Nonains), Bourbon-Lancy, Semur-en-Brionnais et Moncenis en avaient chacune un; les villes de Cuiseaux, Saint-Laurent-les-Chalon, Louhans, Cuisery et Verdun avaient alternativement un député; il en était de même de Seignelay, Cravant, Vermanton et Saint-Bris; le comté de Charolais avait deux députés, dont l'un était alternativement des villes et bourgs de Charolles, de Paray, de Mont-Saint-Vincent, de Toulon et de Perrey, et l'autre était officier des Etats particuliers du Charolais; le comté de Mâcon avait deux députés, dont l'un était alternativement des villes de Mâcon, de Tournus, de Cluny et de Saint-Gengoux, et l'autre était officier en l'élection de Mâcon; le comté de Bar-sur-Seine avait deux députés.

Le maire de Dijon était président du tiers état. Le gouverneur de Bourgogne présidait les Etats au nom du roi. En 1650 Louis XIV les présida lui-même. Sous les ducs il n'y avait aucune règle fixe sur le nombre et la durée des tenues d'Etats ni sur le lieu de leur réunion. Mais à partir du règne de Louis XI les Etats furent convoqués tous les trois ans. Généralement ils se tenaient à Dijon; cependant en 1576 ils se réunirent à Beaune, en 1593 à Semur-en-Auxois, en 1596 à Semur et à Châtillon-sur-Seine, en 1659 à Noyers, en 1763 à Autun.

Les Etats avaient pour attribution principale le vote des aides. Quand Louis Xl eut réuni le duché de Bourgogne au domaine royal, il s'engagea à ne lever ni aides ni subsides d'aucune sorte que du consentement des Etats. C'étaient encore les Etats qui choisissaient les représentants de la Bourgogne aux Etats généraux. Ils adressaient des requêtes au duc, et, plus tard des remontrances au roi. Les Etats nommaient une délégation permanente composée des élus. Les élus avaient pour mission de répartir les aides et d'en surveiller la perception. L'élu de la noblesse était désigné à l'élection; le clergé nommait alternativement un évêque, un abbé et un doyen. L'élu du tiers état était alternativement le maire d'une des quatorze villes dont les noms suivent : Autun, Beaune, Nuits, Saint-Jean-de-Losne. Chalon, Semur-en-Auxois, Montbard, Avallon, Châtillon-sur-Seine, Auxonne, Seurre, Bar-sur-Seine et Charolles. 

Le tiers état, outre son élu alternatif, avait toujours, pour le représenter dans la chambre des élus, le maire de Dijon, président-né de cet ordre. Chaque Chambre des États nommait aussi des alcades qui formaient un conseil chargé d'examiner l'administration des élus à la fin de chaque triennalité et d'en rendre compte aux Etats. Le clergé et la noblesse avaient chacun deux alcades; les alcades du clergé étaient pris au-dessous des évêques, des abbés et des doyens. Le trésorier général des Etats résidait à Dijon; il faisait percevoir les impositions par des receveurs particuliers établis à Dijon, à Nuits, Beaune, Chalon, Autun, Semur-en-Brionnais, Semur-en-Auxois, Avallon, Arnay-le-Duc, Châtillon-sur-Seine, Auxonne, Saint-Laurent-les-Chalon, Auxerre, Charolles, Mâcon et Bar-sur-Seine. Le trésorier général et les receveurs rendaient annuellement leurs comptes à la Chambre des comptes.

Le comté d'Auxonne et les terres d'outre-Seine tenaient aussi leurs Etats particuliers qui furent soumis aux Etats de la province en 1639. Les Etats du comté d'Auxerre furent également réunis à ceux de la province en 1668. Il ne resta plus en Bourgogne d'autres Etats particuliers que ceux du Charolais et du Mâconnais.

Le gouvernement de Bourgogne était du ressort de deux parlements, celui de Dijon pour la Bourgogne proprement dite, le Charolais, la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex, et celui de Paris, pour les comtés d'Auxerre, de Bar-sur-Seine et de Mâcon. A partir de 1771 le Mâconnais ressortit au conseil supérieur de Lyon. La cour supérieure de justice s'appelait sous les ducs de la première dynastie : jours généraux. Les privilège de cette cour furent confirmés par le roi Jean après qu'il eut pris possession de la Bourgogne. Ce parlement était ambulatoire; il siégeait à Beaune pour le duché; à Dôle, pour le comté de Bourgogne, à Saint-Laurent-les-Chalon pour le comté d'Auxonne et les terres d'outre-Saône. La durée des sessions variait entre quinze jours et deux mois. Les officiers étaient désignés à chaque session par le duc.

Louis XI, sur la demande des Etats, établit par lettres patentes données à Arras le 18 mars 1477 « une cour et juridiction souveraine pour y être tenue doresnavant et à tous jours, dite, censée et intitulée parlement et tour souveraine, ayant tout droit de souveraineté au lieu des dits grands jours ». En même temps, il ordonna « que les parlements de Dôle et de Saint-Laurent seraient doresnavant entretenus souverains selon que ci-devant ils avaient esté de toute ancienneté  » Ces parlements ne devaient former qu'une cour avec le Parlement de Bourgogne dont les séances se tiendraient alternativement à Dijon et à Dôle. Les troubles empêchèrent l'exécution de cette ordonnance. Ce fut seulement le 24 octobre 1480 que Louis d'Amboise, en exécution de lettres patentes du 9 août 1480, institua les officiers du Parlement et décida que cette cour tiendrait ses séances à Dijon le lendemain de la Saint-Martin d'hiver et à Salins le lundi après Quasimodo.

Charles VIII réunit le Parlement de Dijon à celui de Paris; mais, à la prière des Etats, il fut rétabli en 1486. Après la cession de la Franche-Comté à Maximilien, le ressort du Parlement fut restreint au duché de Bourgogne par lettres du 29 août 1489 et rendu sédentaire à Dijon. En 1523 François Ier divisa la cour en deux chambres; une Tournelle fut créée en 1537; une Chambre des requêtes, établie en décembre 1543, fut supprimée trois ans après, rétablie en 1575, supprimée à nouveau en 1771 et enfin rétablie en 1775. Henri II institua en 1554 la Chambre des vacations pour vaquer aux procès des hérétiques et des criminels. En 1589, le Parlement fut transféré à Semur en Auxois et on créa une Chambre des enquêtes. Enfin, en 1630, la juridiction des aides fut unie au Parlement. Plus d'une fois la peste contraignit le Parlement à quitter Dijon; en 1521 il siégea à Arnay-le-Duc, en 1564 à Saint-Jean-de-Losne et à Is-sur-Tille, en 1576 à Beaune, en 1631 à Châtillon-sur-Seine. De juin à octobre 1637 le Parlement fut exilé à Semur pour avoir défendu les droits de la province. Il fut encore interdit par déclaration du 28 décembre 1658, puis rétabli quelques mois après.

Le palais du Parlement, devenu le palais de justice de Dijon, fut construit vers 1510 par Louis XII. François Ier donna des vitraux peints en 1521. Henri II bâtit la grande salle. Ce palais fut achevé sous Charles IX.

Nous avons indiqué plus haut les baillages de la Bourgogne, dont les uns ressortissaient au Parlement de Dijon, les autres à celui de Paris. L'institution des baillis remontait aux ducs de la première dynastie. Le présidial d'Auxerre fut le seul créé en Bourgogne par l'édit de 1551. Celui de Bourg fut institué en 1601. Quant aux présidiaux de Dijon, Autun, Chaton, Châtillon-sur-Seine, Semur-en-Auxois, ils ne furent établis que par un édit de janvier 1696. Parmi les autres tribunaux, nous citerons la table de marbre de Dijon, créée en 1554 pour les Eaux et Forêts.

Il y avait en Bourgogne, dès le temps des ducs de la première dynastie, une juridiction spéciale nommée Chancellerie aux contrats, qui connaissait en première instance de l'exécution des actes passés sous le scel royal, sauf l'appel au Parlement. Les baillis royaux cherchèrent à la faire supprimer. Mais François Ier confirma cette institution. Les officiers de la chancellerie procédaient à la réception des notaires royaux. Cette chancellerie jugeait en dernier ressort les causes qui n'excédaient point les sommes fixées par le premier chapitre de l'édit des présidiaux de janvier 1551. Dans ce cas, le tribunal s'intitulait chancellerie présidiale.

La Chambre des comptes, qui existait sous les derniers ducs de la première dynastie, fut confirmée par le roi Jean. Philippe le Hardi l'organisa sur le modèle de celle de Paris. En l'année 1400 cette chambre comprenait quatre maîtres ou conseillers, quatre auditeurs et quatre clercs. Au XVIIIe siècle, elle était composée d'un premier président, de six présidents, trois chevaliers d'honneur, vingt-huit maîtres, neuf correcteurs, treize auditeurs, deux avocats généraux, un procureur général, six substituts, un greffier en chef et divers officiers inférieurs.

La généralité de Bourgogne comprenait trente-deux villes. On connaît le nom des intendants depuis 1629.

Au point de vue ecclésiastique, la Bourgogne s'étendait au XVIIIe siècle dans trois provinces, celles de Lyon, de Sens et de Besançon. L'église de Lyon n'avait sous sa dépendance immédiate que quelques paroisses dans le bailliage de Chalon, dans les archiprêtrés de Colligny et de Bagé. Les évêques d'Autun, de Langres, de Chalon et de Mâcon étaient suffragants de l'archevêque de Lyon. L'église métropolitaine de Sens n'avait aucune paroisse en Bourgogne sous sa dépendance immédiate; mais une partie du diocèse d'Auxerre, qui ressortissait à l'archevêché de Sens, était en Bourgogne; deux paroisses de Bourgogne étaient dans le diocèse de Nevers. Un assez grand nombre de paroisses relevaient directement de l'archevêché de Besançon.

.


Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2006 - 2010. - Reproduction interdite.