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La préhistoire de l'Afrique
Premiers hominidés
et Paléolithique.
L'Afrique
est le lieu de naissance des premiers hominidés. Toumaï (Sahelanthropus
tchadensis), découvert au Tchad, est l'un
des plus anciens hominidés connus. Il remonte
à 7 millions d'années. Des fossiles d'australopithèques, comme ceux
de Lucy (Australopithecus afarensis), qui ont été découverts en Afrique
de l'Est (Éthiopie, Tanzanie),
ont vécu il y a environ 4 à 2 millions d'années. L'Homo habilis, apparu
il y a environ 2,5 millions d'années, est souvent associé à l'usage
des premiers outils de pierre. Ses restes ont été retrouvés principalement
en Afrique de l'Est.
Homo erectus a vécu
entre 1,9 million et 200 000 ans avant notre ère, il est le premier Ă
avoir quitté l'Afrique pour coloniser l'Asie et l'Europe.
Les premières industries lithiques (outils de pierre taillée) comme l'Oldowayen
et l'Acheuléen sont apparues en Afrique. Ces outils étaient utilisés
pour la chasse, la coupe de la viande et la transformation des matériaux.
La maîtrise du feu, attribuée à Homo erectus, est une avancée majeure
qui s'est probablement produite il y a environ 1 million d'années.
L'Afrique est aussi
le foyer originel de l'Homo sapiens, l'humain moderne. Celui-ci est apparu
il y a environ 300 000 ans. Les plus anciens fossiles ont été découverts
Ă Jebel Irhoud au Maroc. Les premiers Homo
sapiens ont commencé à développer des cultures plus sophistiquées,
avec des outils plus diversifiés, des objets d'art et des pratiques funéraires.
Entre 50 000 et 10
000 ans avant notre ère, l'Homo sapiens a développé des cultures plus
complexes. Le Paléolithique supérieur
est marquée par l'apparition de l'art rupestre en Afrique du Nord
(Sahara) et en Afrique australe (art des San), ainsi que par des migrations
massives hors d'Afrique, colonisant l'Eurasie et au-delĂ . L'Afrique a
également vu l'apparition de nombreuses cultures locales avec des différences
régionales.
Le NĂ©olithique
et la révolution agricole.
Vers 10 000 ans
avant notre ère, certaines régions d'Afrique ont connu une transition
vers l'agriculture et l'élevage. Cette révolution néolithique
a transformé les sociétés. Dans la vallée du
Nil ,
en Afrique du Nord et dans certaines parties de l'Afrique de l'Ouest, les
premières cultures agricoles se sont développées. Le Sahara ,
alors plus fertile, abritait des communautés pastorales. Lorsque le désert
s'est progressivement asséché, ces populations ont migré vers le sud.
À la fin de la période
néolithique, les premiers villages permanents sont apparus, marquant le
début de la sédentarisation et des sociétés plus organisées. En Égypte,
les bases de la civilisation pharaonique se sont développées. En
Afrique de l'Ouest, les premières populations agricoles ont jeté les
bases de ce qui deviendront plus tard les grands empires ouest-africains.
Les premières civilisations
L'Égypte antique
(3100 av. JC. - 332 av. JC).
Située dans la
vallée du Nil, l'Égypte antique
est l'une des civilisations les plus célèbres de l'histoire. Elle a prospéré
grâce à son agriculture basée sur l'inondation du Nil et a atteint des
sommets en matière d'architecture, avec les pyramides de Gizeh
et le Sphinx. Les pharaons, considérés
comme des dieux-rois, ont dirigé des empires puissants pendant des millénaires.
L'Égypte a également développé une écriture complexe, les hiéroglyphes,
ainsi qu'une religion polythéiste
importante. L'Égypte a eu des interactions culturelles, commerciales et
militaires avec d'autres civilisations africaines, comme la Nubie,
et des puissances extérieures, notamment la Grèce
et Rome.
Le royaume de
Koush (Nubie) (1070 av. JC. - 350 ap. JC).
Situé au sud de
l'Égypte, le royaume de Koush, dont la capitale était Napata
puis Méroé, a été un centre de pouvoir
et de culture dans l'Afrique ancienne. Koush a parfois dominé l'Égypte,
notamment sous la 25e dynastie, lorsque
les pharaons koushites ont régné sur les deux royaumes. Le royaume de
Méroé, célèbre pour ses pyramides et son artisanat du fer, a été
un centre de commerce reliant l'Afrique subsaharienne, l'Égypte et le
monde méditerranéen.
Le royaume d'Aksoum
(100 av. JC. - 940 ap. JC).
Situé dans l'actuelle
Éthiopie
et Érythrée,
Aksoum
a été une grande puissance commerciale reliant l'Afrique, l'Arabie, l'Inde
et l'Empire romain. Ce royaume est connu pour son adoption précoce du
christianisme au IVe siècle et pour ses
monuments impressionnants, comme les stèles d'Aksoum. Aksoum a également
été un centre de diffusion de la culture et de l'écriture éthiopienne,
l'alphasyllabaire guèze.
L'Afrique du Nord
jusqu'au XIXe siècle
L'Antiquité.
Avant l'arrivée
des Phéniciens et des Romains, l'Afrique
du Nord était habitée par des populations berbères, qui ont développé
des cultures pastorales et agricoles. On trouve des traces d'art rupestre
dans le Sahara qui témoignent de cette époque où la région était plus
humide.
Les
Phéniciens et Carthage (vers 1100 - 146 av. JC).
Les Phéniciens,
grands navigateurs originaires de l'actuel Liban,
fondent Carthage (environ 814 av. JC) sur
la côte nord-africaine, près de l'actuelle Tunis.
Carthage devient une puissance commerciale et militaire majeure. Cependant,
elle entre en conflit avec Rome lors des guerres
puniques (264-146 av. JC). Après la troisième guerre punique, Carthage
est détruite en 146 av. JC et devient une province romaine.
La
domination romaine (146 av. J.-C. - Ve
siècle ap. JC).
Après la chute
de Carthage, l'Afrique du Nord est intégrée à l'Empire
romain. La région devient un grenier à blé pour Rome, avec des villes
florissantes comme Carthage, Leptis Magna et Timgad. Les Romains construisent
des routes, des aqueducs et d'autres infrastructures. La culture romaine
se mélange avec les traditions locales berbères. Au IVe
siècle, le christianisme se répand et devient dominant.
Les
invasions vandales et byzantines (Ve
- VIIe siècles).
Au Ve
siècle, les Vandales, un peuple germanique,
traversent l'Europe et s'installent en Afrique du Nord, prenant Carthage
en 439. Leur règne est marqué par des tensions religieuses et des conflits
avec les populations locales. En 533-534, l'empereur byzantin Justinien
reconquiert la région et la réintègre à l'Empire romain d'Orient. Cependant,
cette domination byzantine reste fragile.
La période musulmane.
La
conquĂŞte arabe et l'islamisation (VIIe
- VIIIe siècles).
Ă€ partir de 647,
les Arabes commencent Ă envahir l'Afrique
du Nord. Au début du VIIIe siècle, ils
contrôlent la majeure partie de la région, qui adopte progressivement
l'islam et la langue arabe. Le califat
omeyyade,
puis abbasside, supervise cette transformation.
Toutefois, la résistance berbère est forte, avec des figures comme la
reine Kahina, qui lutte contre l'expansion arabe.
Les
dynasties berbères (VIIIe
- XIVe siècles).
Après la domination
arabe, plusieurs dynasties berbères prennent le contrôle de l'Afrique
du Nord. Les Idrissides (VIIIe
- Xe siècles) fondent le premier État
musulman marocain. Les Fatimides (Xe
siècle) contrôlent une grande partie de l'Afrique du Nord avant de fonder
Le
Caire et de se concentrer sur l'Égypte. Les Almoravides
et les Almohades (XIe
- XIIIe siècles) unifient le Maghreb
et l'Andalousie sous une autorité commune.
Les MĂ©rinides, Zianides et Hafsides
prennent le relais à partir du XIIIe siècle,
divisant la région en plusieurs entités politiques.
La
période ottomane (XVIe
- XIXe siècles).
Ă€ partir du XVIe
siècle, les Ottomans s'installent en
Afrique du Nord, notamment en Algérie,
en Tunisie et en Libye.
Ils établissent des régences semi-autonomes (régence d'Alger, régence
de Tunis, etc.) dirigées par des beys ou des dey. Le Maroc, quant à lui,
reste indépendant sous la dynastie des Saadiens
puis des Alaouites. La présence ottomane stabilise la région face aux
incursions européennes, mais la piraterie en Méditerranée
devient une source de conflit avec les puissances européennes.
Etats de l'Afrique
subsaharienne
Les empires ouest-africains.
La région de l'Afrique
de l'Ouest a vu l'ascension de plusieurs empires puissants, dont la richesse
reposait sur le commerce de l'or, du sel et d'autres marchandises.
L'expansion
de l'Islam en Afrique (VIIe - XVIe
siècles). - L'arrivée de l'Islam en Afrique, à partir du VIIe
siècle,
a eu un impact profond sur la culture, la politique et l'Ă©conomie du continent.
Après la conquête arabe en 647, l'Islam s'est rapidement répandu en
Afrique du Nord. Des dynasties comme les Omeyyades et les Fatimides ont
établi leur domination dans cette région. L'Islam s'est ensuite diffusé
via les marchands arabes et berbères à travers le commerce transsaharien.
Les routes commerciales ont facilité l'introduction de la religion dans
des régions comme l'actuel Mali, Niger
et Sénégal. L'Islam a été adopté par
les Ă©lites, notamment par les dirigeants des grands empires (comme l'empire
du Mali), ce qui a favorisé son expansion dans les zones rurales. L'Islam
a apporté des systèmes de gouvernance, une nouvelle culture écrite (l'arabe)
et un lien avec le monde musulman plus large.
L'empire
du Ghana (300 - 1200 ap. JC).
Situé dans l'actuel
Mali et Mauritanie, l'empire
du Ghana, avec Kumbi Saleh comme capitale, a été le premier grand
empire ouest-africain. Il a prospéré grâce au commerce de l'or et du
sel. Le royaume contrĂ´lait les routes commerciales reliant l'Afrique du
Nord Ă l'Afrique subsaharienne.
L'empire
du Mali (1235 - 1600 ap. JC).
Fondé par Soundiata
Keïta après la bataille de Kirina (1235), l'empire
du Mali est devenu un centre de richesse et de culture sous Mansa Moussa,
célèbre pour son pèlerinage à La Mecque
en 1324 et sa distribution d'or. Tombouctou
et Djenné étaient des centres de commerce et d'apprentissage et de culture
musulmane.
L'empire
songhaĂŻ (1430 - 1591 ap. JC).
Remplaçant le Mali
comme puissance dominante, l'empire songhaĂŻ,
avec Gao comme capitale, a atteint son apogée sous le règne d'Askia Mohamed.
L'empire, dont Gao était la capitale, a contrôlé
une vaste région allant de l'actuel Niger au Sénégal, avec une administration
centralisée et un commerce florissant.
Le
califat de Sokoto (1804 - 1903).
Apparu bien apprès
la disparition des grands empires de l'Afrique de l'Ouest, le califat de
Sokoto,
fondé par Ousmane dan Fodio au début du XIXe
siècle, est issu d'un mouvement de réforme islamique (djihad)
en Afrique de l'Ouest. Il devient Ă cette Ă©poque l'un des plus grands
États d'Afrique de l'Ouest, couvrant une partie du Nigeria
actuel. Le califat repose sur une organisation théocratique et une économie
agricole, combinée à un commerce actif.
Les royaumes chrétiens
d'Éthiopie (Dynastie Zagoué et Salomonides)
Après l'effondrement
du royaume d'Aksoum, la dynastie Zagoué a pris le pouvoir en Éthiopie
au XIIe siècle, avant d'être remplacée
par les Salomonides au XIIIe siècle. Sous
ces dynasties, l'Éthiopie est restée un bastion du christianisme en Afrique.
Les églises creusées dans la roche de Lalibela, construites par la dynastie
Zagoué, sont parmi les monuments les plus célèbres. Les Salomonides
ont résisté aux invasions musulmanes et maintenu l'indépendance de l'Éthiopie,
malgré les pressions extérieures.
Les cités-États
swahili (VIIIe - XVIe
siècles)
Situées le long
de la cĂ´te orientale de l'Afrique, de la Somalie
à la Tanzanie actuelle, ces cités-États
(comme Kilwa, Mombasa,
Sofala
et Zanzibar )
étaient des centres commerciaux prospères grâce au commerce de l'or,
de l'ivoire des Ă©pices et des esclaves avec
le Moyen-Orient, l'Inde et la Chine
(Zanzibar, en particulier, deviendra un centre majeur du commerce des esclaves
et du clou de girofle sous le contrĂ´le du sultanat d'Oman
à partir du XVIIIe siècle). La culture
swahili, un mélange d'influences africaines, arabes et perses, est née
de ces interactions. L'islam s'est largement répandu dans cette région,
influençant la culture, l'architecture et les pratiques commerciales.
Etats d'Afrique
australe.
Le
Grand Zimbabwe (XIe
- XVe siècles)..
Situé dans l'actuel
Zimbabwe,
le Grand Zimbabwe (Monomotapa) est célèbre pour ses ruines monumentales,
notamment une citadelle en pierre sans mortier qui témoignent d'une civilisation
avancée. Ce royaume a été un centre de commerce reliant l'Afrique intérieure
à la côte orientale et au-delà , via l'océan Indien .
Il a prospéré grâce au commerce de l'or et de l'ivoire avec les
cités-États
swahili de la cĂ´te orientale.
Le
royaume zoulou (début XIXe
siècle).
Sous la direction
de Shaka Zulu au début du XIXe siècle,
le royaume zoulou en Afrique australe devient une puissance militaire redoutable.
Shaka introduit des innovations dans les tactiques de guerre et centralise
l'autorité. L'expansion zouloue a provoqué une série de migrations et
de conflits connus sous le nom de Mfecane, qui ont affecté toute
l'Afrique australe.
Les royaumes de
la forĂŞt d'Afrique de l'Ouest.
En Afrique de l'Ouest,
au sud des grands empires sahéliens ,
des royaumes puissants se sont développés dans la région des forêts.
Le
royaume du Dahomey (XVIIe - XIXe siècles).
Le Dahomey,
situé dans l'actuel Bénin, est un autre royaume influent qui tire sa
puissance du commerce des esclaves. Le royaume est connu pour son armée
redoutable, notamment son corps de guerrières appelé "Amazones du Dahomey".
Le Dahomey participe activement Ă la traite des esclaves, capturant et
vendant des prisonniers de guerre aux marchands européens.
La
traite transatlantique des esclaves (XVIIe
- XIXe siècles).
À partir du XVIIe siècle, le commerce
des esclaves africains devient une composante majeure de l'Ă©conomie mondiale,
alimentée par la demande croissante en main-d'oeuvre dans les plantations
des Amériques (surtout dans les Caraïbes,
le Brésil et le sud des États-Unis).
Environ 12 à 15 millions d'Africains sont capturés et déportés vers
les Amériques entre le XVIe et le XIXe
siècles. Ce commerce est organisé par des réseaux complexes impliquant
des royaumes africains, des marchands européens et des négociants locaux.
Les zones les plus affectées par la traite sontl'Afrique de l'Ouest (Golfe
de Guinée), l'Afrique centrale (le royaume du Kongo) et la côte orientale
de l'Afrique, avec des impacts dévastateurs sur les sociétés locales
: dépopulation, violences, instabilité politique et fragmentation des
structures sociales.
Le
royaume d'Oyo (XVe
- XIXe siècles).
Situé dans l'actuel
Nigeria, Oyo Ă©tait un puissant empire yorouba, contrĂ´lant le commerce
et exerçant une influence politique sur ses voisins. Il a dominé la région
grâce à son organisation militaire et sa puissance commerciale.
Le
royaume d'Ashanti (XVIe
siècle - XIXe siècle).
Situé dans l'actuel
Ghana,
le royaume Ashanti a ét l'un des États les plus puissants d'Afrique de
l'Ouest. Sa prospérité repose sur le commerce de l'or et des esclaves.
Les Ashanti entrent en conflit avec les Britanniques, qui cherchent Ă
contrôler la région, déclenchant une série de guerres au XIXe
siècle.
L'empire
du Kongo (XVe - XIXe
siècles).
Situé dans l'actuelleRépublique
démocratique du Congo et l'Angola,
l'empire du Kongo est profondément affecté par la traite des esclaves.
Les conflits internes, exacerbés par les rivalités pour le contrôle
du commerce des esclaves, affaiblissent progressivement l'empire, qui finit
par se désintégrer.
L'arrivée des
Européens.
Ă€ partir du XVIIe
siècle, les Européens établissent des comptoirs commerciaux le long
des cĂ´tes africaines, surtout sur la cĂ´te ouest. Les Portugais, les Britanniques,
les Français, les Néerlandais et les Espagnols se disputent le contrôle
des routes commerciales et des territoires. En Afrique du Sud, les NĂ©erlandais
s'installent au Cap en 1652, créant une colonie qui devient un point de
départ pour la colonisation de l'intérieur des terres. Cette colonisation
entraîne des conflits avec les populations autochtones (Khoïsan)
et, plus tard, avec les Zoulous.
Face aux pressions
de la traite des esclaves et à l'arrivée des Européens, plusieurs royaumes
africains se réorganisent. Certains se lancent dans des guerres d'expansion
pour contrĂ´ler les routes commerciales ou capturer des esclaves, tandis
que d'autres cherchent à résister à l'influence étrangère. Des sociétés
comme les Igbos du Nigeria ou certaines populations de la vallée du Rift
en Afrique de l'Est mettent en place des formes de résistance ou choisissent
de rester à l'écart des grands échanges commerciaux pour préserver
leur autonomie.
Ă€ la fin du XVIIIe
siècle, les idées abolitionnistes
commencent à se répandre en Europe et en Amérique. La Grande-Bretagne
abolit la traite des esclaves en 1807 et fait pression pour mettre fin
Ă ce commerce sur la cĂ´te ouest-africaine. Cependant, le commerce des
esclaves persiste, en particulier sur la cĂ´te orientale, jusqu'Ă la fin
du XIXe siècle.
La colonisation européenne
de l'Afrique
L'Afrique Ă la veille
de la colonisation (1850-1880).
Avant 1850, les
Européens étaient surtout présents sur les côtes africaines pour le
commerce, notamment dans le cadre de la traite transatlantique des esclaves.
Cependant, après l'abolition de la traite des esclaves au début du XIXe
siècle, les Européens cherchent de nouvelles sources de richesse en Afrique,
notamment des matières premières comme l'or, le caoutchouc, l'ivoire,
et plus tard, le pétrole. Cette période voit l'intensification des explorations
européennes à l'intérieur du continent par des figures telles que David
Livingstone, Henry Morton Stanley, et John
Speke. Leurs expéditions ouvrent la voie à la conquête et à la
colonisation. Les grandes puissances européennes, notamment la France,
la Grande-Bretagne, la Belgique, le Portugal
et l'Allemagne, commencent à s'intéresser
de plus en plus aux territoires africains, préparant ainsi la phase dite
de la Ruée vers l'Afrique.
La colonisation
et la partition de l'Afrique (1880-1914).
La conférence de
Berlin (1884-1885), organisée par Otto von Bismarck,
marque le début officiel du partage de l'Afrique entre les puissances
européennes. Les règles de la colonisation y sont définies, notamment
l'occupation effective des territoires pour les revendiquer. En une trentaine
d'années, presque tout le continent africain est colonisé par les puissances
européennes. La Grande-Bretagne s'empare de l'Égypte,
du Soudan, du Kenya,
du Nigeria, et de l'Afrique australe. La
France prend l'Algérie, l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique équatoriale,
et Madagascar. L'Allemagne occupe le
Cameroun,
le Togo, le Tanganyika (actuelle Tanzanie)
et le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie).
La Belgique s'installe au Congo, tandis que
le Portugal garde l'Angola et le Mozambique.
La colonisation entraîne la restructuration des sociétés africaines,
la redéfinition des frontières, et l'imposition de nouvelles administrations.
L'exploitation des ressources africaines est systématisée pour répondre
aux besoins des économies européennes. Les cultures commerciales (café,
cacao, coton) tendent à remplacer les cultures vivrières, créant des
tensions et des crises alimentaires.
Les résistances
africaines Ă la colonisation (1880-1930).
Partout sur le continent,
les Africains résistent à la conquête coloniale. En Afrique de l'Ouest,
Samory Touré mène une lutte acharnée contre les Français. En Afrique
australe, les Zoulous résistent aux Britanniques lors de la bataille d'Isandhlwana
(1879). Au Soudan, les Mahdistes combattent l'invasion britannique jusqu'Ă
la bataille d'Omdurman (1898). Au-delà des résistances armées, des formes
de résistance culturelles se développent. Des leaders religieux comme
Cheikh Ahmadou Bamba au Sénégal mènent
des mouvements pacifiques. Des intellectuels africains, souvent éduqués
dans les écoles coloniales, commencent à développer des idées nationalistes.
L'Afrique sous
la domination coloniale (1914-1945).
Les deux guerres
mondiales ont un impact majeur sur l'Afrique. Les Africains sont massivement
recrutés comme soldats et travailleurs pour soutenir les efforts de guerre
des puissances coloniales. Les contributions africaines ne sont cependant
pas reconnues, ce qui alimente les mouvements de revendications politiques
après les conflits. L'administration coloniale impose des taxes, du travail
forcé, et des cultures de rente. Les infrastructures construites (chemins
de fer, ports) servent principalement Ă l'exportation des ressources africaines
vers l'Europe. Après la Première Guerre mondiale,
des mouvements politiques nationalistes commencent à prendre forme, portés
par des figures comme Marcus Garvey, Blaise Diagne, et W.E.B. Du Bois.
Ces mouvements, influencĂ©s par la montĂ©e du panafricanisme, visent Ă
défendre les droits des Africains et à réclamer plus d'autonomie.
Les luttes pour
l'indépendance (1945-1960).
Après 1945, les
puissances européennes sont affaiblies et les revendications nationalistes
se multiplient en Afrique. Le mouvement de décolonisation prend de l'ampleur,
soutenu par des leaders africains comme Kwame Nkrumah au Ghana, Ahmed SĂ©kou
Touré en Guinée, et Patrice Lumumba au
Congo. Le Ghana devient en 1957 le premier pays d'Afrique subsaharienne
à obtenir son indépendance. La plupart des colonies françaises en Afrique
de l'Ouest et du Nord accèdent à l'indépendance en 1960. L'Algérie,
après une guerre sanglante (1954-1962), obtient son indépendance en 1962.
Le Congo belge devient indépendant en 1960, mais plonge immédiatement
dans une crise politique. En Afrique de l'Est et australe, les processus
d'indépendance sont plus longs et souvent violents, en raison de la présence
de populations européennes importantes (comme au Kenya, en Afrique
du Sud, et en Rhodésie). Dans des pays comme l'Angola, le Mozambique,
la Namibie, et l'Afrique du Sud, les luttes pour l'indépendance se poursuivent
au-delà des années 1970, souvent en raison de la résistance des colons
blancs et du soutien international qu'ils reçoivent.
L'Afrique post-coloniale
L'histoire de l'Afrique
depuis 1960 est marquée par l'indépendance de la plupart des pays africains,
suivie de défis complexes tels que la construction des États-nations,
les guerres civiles, les coups d'État, les luttes pour la démocratie,
et les transformations Ă©conomiques.
Les indépendances
et l'euphorie post-coloniale (1960-1970)
En 1960, la majorité
des colonies africaines accèdent à l'indépendance, surtout en Afrique
subsaharienne francophone. Ce mouvement, amorcé par le Ghana en 1957,
atteint son apogée cette année-là , avec 17 pays accédant à l'indépendance.
Le sentiment d'euphorie accompagne l'indépendance, avec des espoirs d'un
développement rapide, d'une unité panafricaine, et de l'émancipation
économique. Des figures emblématiques comme Kwame Nkrumah (Ghana), Léopold
Sédar Senghor (Sénégal), Ahmed Sékou Touré (Guinée), et Julius Nyerere
(Tanzanie) apparaissent. Les nouveaux États font face à d'importants
défis : la construction nationale dans un contexte de diversité ethnique,
la dépendance économique vis-à -vis des anciennes métropoles, et la
faiblesse des infrastructures et des institutions. Très vite, les tensions
politiques internes émergent, menant à des coups d'État et à des conflits
ethniques.
Les régimes autoritaires
et le militarisme (1970-1990).
Dès les années
1960 et 1970, de nombreux pays africains basculent dans des régimes autoritaires,
souvent sous la forme de dictatures militaires. Les coups d'État deviennent
fréquents, avec des leaders comme Mobutu Sese Seko (Congo, aujourd'hui
RDC),
Idi Amin Dada (Ouganda), et Jean-Bedel
Bokassa (Centrafrique) qui incarnent
cette période. Dans plusieurs États, les dirigeants adoptent le système
du parti unique pour consolider leur pouvoir, arguant que la diversité
politique serait une source de division. Des idéologies comme le socialisme
africain, notamment en Tanzanie (Julius Nyerere) et au Ghana, influencent
la politique de développement. Cette période également est marquée
par des guerres civiles dévastatrices, comme celle du Biafra au Nigeria
(1967-1970), et des conflits armés en Angola, au Mozambique, au Tchad,
et en Éthiopie. Le soutien des puissances extérieures dans le contexte
de la Guerre froide exacerbe ces conflits,
chaque bloc soutenant des régimes ou des mouvements armés en fonction
de ses intérêts stratégiques.
La fin de la Guerre
froide et les transitions démocratiques (1990-2000)
Avec la fin de la
Guerre froide, le contexte international change. Les régimes autoritaires,
qui étaient soutenus pour des raisons géopolitiques, perdent leur soutien
extérieur. Les institutions internationales comme la Banque mondiale et
le FMI conditionnent leur aide à la mise en place de réformes démocratiques
et de libéralisations économiques. Dans les années 1990, plusieurs pays
africains organisent des conférences nationales pour discuter des réformes
politiques, souvent sous la pression populaire. C'est le début des transitions
vers le multipartisme dans des pays comme le Bénin, le Mali, le Sénégal,
et l'Afrique du Sud. Après des décennies de lutte contre le régime de
ségrégation raciale (apartheid), l'Afrique du Sud organise ses
premières élections démocratiques en 1994. Nelson Mandela, libéré
après 27 ans d'emprisonnement, devient le premier président noir du pays,
marquant une Ă©tape majeure dans l'histoire africaine.
Les défis de
la démocratie et la persistance des conflits (2000-2010)
Si les années 1990
voient un retour au multipartisme, les défis de la consolidation démocratique
restent importants. Dans plusieurs pays, les élections sont marquées
par des fraudes, des violences post-Ă©lectorales, et des transitions chaotiques.
Des conflits violents Ă©clatent en CĂ´te d'Ivoire (2002-2011), en RDC (Guerres
du Congo, 1996-2003), et au Darfour au Soudan.
Des conflits prolongés comme la guerre civile en Sierra
Leone, au Libéria, et en Somalie attirent
aussi l'attention internationale. Des missions de maintien de la paix de
l'ONU et de l'Union africaine interviennent, souvent avec des résultats
mitigés. Le début des années 2000 voit l'essor des groupes djihadistes
en Afrique de l'Ouest et au Sahel (Al-QaĂŻda au Maghreb islamique, Boko
Haram), créant de nouveaux défis sécuritaires pour les États africains.
Croissance Ă©conomique
et Ă©mergence de nouvelles puissances africaines.
Au cours des années
2010, l'Afrique a connu un croissance Ă©conomique soutenue dans plusieurs
régions, notamment en Afrique de l'Est et en Afrique de l'Ouest. Des pays
comme le Nigeria, l'Éthiopie, le Kenya, et l'Afrique du Sud deviennent
des pôles économiques régionaux. Les villes africaines connaissent une
urbanisation rapide, accompagnée de l'essor des technologies de l'information.
Le développement du mobile banking, comme au Kenya avec M-Pesa,
est un exemple de l'innovation africaine. Malgré la croissance, les inégalités,
le chômage des jeunes, la corruption, et la pauvreté restent des problèmes
persistants. Les conflits, notamment au Sahel et dans la
région
des Grands Lacs, continuent de déstabiliser des régions entières.
Les enjeux contemporains.
La
gouvernance et la démocratie.
La question de la
gouvernance reste au centre des préoccupations africaines. Si certains
pays ont consolidé leurs systèmes démocratiques (Ghana, Botswana,
Sénégal), d'autres continuent de lutter contre des régimes autoritaires
ou des transitions politiques chaotiques (Mali, Guinée, Tchad).
Le
changement climatique.
Le continent africain
est l'un des plus vulnérables au changement
climatique, avec des impacts directs sur
l'agriculture, les ressources en eau, et les déplacements de populations.
L'intégration
régionale.
L'Union africaine
et les organisations sous-régionales (CEDEAO, SADC, etc.) jouent un rôle
croissant dans la gestion des crises et la promotion de l'intégration
Ă©conomique. Le lancement de la Zone de libre-Ă©change continentale africaine
(ZLECA) en 2021 est une étape importante vers l'intégration économique. |
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