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Eustathe,
archevêque de Thessalonique, grammairien
et rhéteur byzantin du XIIe
siècle. Il commença sa carrière à Constantinople,
où il fut diacre à Sainte-Sophie et professeur public d'éloquence;
nommé en 1175 au siège archiépiscopal de Thessalonique,
il déploya dans cette période active de sa vie une énergie,
un zèle, un dévouement incomparables. Il mourut entre 1192
et 1194.
Grammairien érudit,
philologue remarquable, admirateur passionné de l'antiquité
classique, Eustathe est autre chose pourtant qu'un savant de cabinet; mêlé
aux grands événements politiques et religieux de l'époque,
réformateur audacieux de la corruption monastique, homme d'Etat
habile, il nous a laissé dans ses écrits un vivant portrait
des moeurs de son temps et il apparaît comme l'un des hommes les
plus remarquables du XIIe siècle
byzantin.
Ses ouvrages se partagent
en deux groupes : les oeuvres philologiques, les écrits historiques
ou politiques, qui datent pour la plupart de son épiscopat. Dans
la première section, il faut nommer tout d'abord les Commentaires
sur l'Iliade
et l'Odyssée
d'Homère, dont la valeur consiste moins
dans l'originalité des vues que dans la multitude des renseignements
empruntés aux sources aujourd'hui perdues de l'Antiquité
classique; il faut citer encore la paraphrase de l'euvre géographique
de Denys le Périégète, et le Commentaire de
Pindare,
plein d'informations précieuses, qui en font un des plus remarquables
travaux de l'érudition byzantine.
Dans le second groupe
on rangera, à côté et bien au-dessus des oeuvres purement
théologiques (sermons, dialogues), le traité historique sur
la prise de Thessalonique par les Normands (1185), récit
précieux d'un témoin oculaire, les discours adressés
à l'empereur Manuel (1174) et à l'empereur Isaac l'Ange (1180),
la correspondance d'Eustathe (74 lettres) et surtout les nombreux écrits
de circonstance qu'inspira à l'archevêque son ardent désir
de réformer le monachisme byzantin. Le plus célèbre
est l'Episkepsis Bion monachikou. D'une époque un peu postérieure
date le traité Sur l'Hypocrisie, un des meilleurs ouvrages
de la littérature byzantine. (Ch. Diehl). |
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