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Jean Gaspard Félix
Ravaisson-Mollien
est un philosophe et archéologue né à Namur,
alors chef-lieu du département de Sambre-et-Meuse, le 23 octobre 1813,
mort à Paris le 18 mai 1900. Il fit de brillantes
études au collège Rollin, à Paris, et obtint en 1833 le prix d'honneur
de philosophie au concours général. Il
voyagea, fut, Ã Munich, l'auditeur de Schelling
et fut reçu agrégé en 1836. En 1837, il partagea avec le professeur
Karl
Michelet, de Berlin, le prix mis au concours
par l'Académie des sciences morales et politiques sur la Métaphysique
d'Aristote. L'ouvrage couronné, Essai sur
la métaphysique d'Aristote (Paris, 1837), est l'un des monuments les
plus importants de la philosophie française au XIXe
siècle. L'auteur ne se contentait pas d'analyser avec profondeur la doctrine
du maître péripatéticien, il en dégageait
une philosophie très moderne et très personnelle. Un second volume, paru
en 1846, étudie le développement de la métaphysique aristotélicienne
chez les successeurs du maître.
En 1838, Ravaisson conquit le doctorat,
grâce à deux thèses : Speusippi placita qualia videantur ex Aristotele
et De l'Habitude (Paris, 1839; réimpr. dans la Revue de métaphysique
et de morale; Paris, 1894). La même année, il fut nommé professeur
de philosophie à la Faculté de Rennes où
il enseigna deux ans. En 1840, il fut chargé de l'inspection générale
des bibliothèques, fonction qu'il exerça jusqu'en 1859. Il fut alors
nommé inspecteur général de l'enseignement supérieur. Cette fonction
fut supprimée par mesure budgétaire en 1888. Ravaisson reçut alors le
titre d'inspecteur général honoraire. Il est resté jusqu'à sa mort
membre du conseil supérieur de l'instruction publique. En 1870, il fut
nommé conservateur du département des antiquités au Louvre,
dont il était encore conservateur honoraire. Ravaisson a été élu membre
de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1849, à la place
de Letronne. et membre de l'Académie des sciences
morales en 1880, à la place de Peisse. Il était membre correspondant
des Académies de Caen, Bruxelles
et Berlin.
Outre les ouvrages philosophiques cités
ci-dessus, Ravaisson a écrit : les Fragments philosophiques de Hamilton
(dans Revue des Deux Mondes, nov. 1840); Rapport sur le stoïcisme
(Paris, 1851, in-4); la Philosophie en France au XIXe
siècle, rapport rédigé pour l'Exposition universelle de 1867 (Paris,
1868, in-8, 3e éd., 1889, trad. allemande de Edm. König; Eisenach, 1889);
Rapport
sur le prix V. Cousin, imprimé dans les 2e
et
3e éd. du précédent ouvrage, Morale
et Métaphysique (Revue de métaphysique et de morale; Paris,
1893). Philosophe, Ravaisson a, l'un des premiers, dénoncé la faiblesse
de l'éclectisme de V. Cousin, auquel il reproche
de séparer trop radicalement l'objet à connaître de l'esprit qui connaît.
Cependant, il est, à sa façon, un éclectique issu d'Aristote,
de Leibniz et de Schelling,
et estime que tons les systèmes convergent vers le spiritualisme.
Toute connaissance procède d'un acte de
conscience, et, par tout acte de conscience, nous saisissons en nous une
volonté, cause réelle et créatrice de notre vie spirituelle. Dispersée
dans la nature, la pensée se concentre dans l'acte de la conscience réfléchie,
et s'élève de là à l'idée du suprême intelligible
et du suprême désirable, Dieu. L'âme ne saisit Dieu ni par un procédé
discursif, ni par une intention
purement intellectuelle, mais par une intuition de l'harmonie universelle
à laquelle concourent toutes les facultés de l'âme. Dieu est personnel;
sa personnalité se reflète dans la nôtre, et la nôtre dans la nature.
La nature est une réfraction de l'esprit, qui renonce à une part de son
activité pour rendre possible l'existence d'un monde imparfait, mais susceptible
de progrès indéfini. On petit rattacher directement à l'influence des
ouvrages de Ravaisson, notamment au Rapport sur la philosophie en France,
la renaissance des préoccupations métaphysiques dans le dernier tiers
du XIXe siècle.
Ravaisson est, en outre, l'un des archéologues
français les plus éminents de ce siècle. On lui doit notamment un ouvrage
sur la Vénus de Milo
(Paris, 1871, in-8), sujet sur lequel il est fréquemment revenu à l'Académie
des inscriptions; les Monuments de Myrrhine et les bas-reliefs funéraires
des Grecs (Gazette archéologique, 1876) et un grand nombre
de mémoires ou d'articles dans les Mémoires de l'Académie des
inscriptions, la Revue archéologique, la Revue Bleue, etc.
Il s'est aussi occupé de bibliographie et de l'enseignement du dessin
: les Bibliothèques des départements de l'ouest (Paris, 1840,
in-8); Enseignement du dessin, rapport au ministre de l'instruction
publique, imprimé dans le Journal officiel (1852); Rapport adressé
à M. le Ministre de l'instruction publique sur les archives de l'Empire
et les bibliothèques impériales (Paris, 1862,in-8), etc. (Th.
Ruyssen).
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En
bibliothèque - Ravaisson-Mollien,
De
l'habitude; La philosophie en France au XIXe siècle; Rapport sur le prix
Victor Cousin (1 vol.), Fayard 1984;
Ch. Renouvier, dans l'Année philos., Paris, 1868. - Charles
Secrétan, dans la Biblioth. univ. et revue suisse, nov. 1860.
- G. Séailles. dans Rev. philos., t. VI, 1875. - L. Dauriac. Ravaisson,
philos. et critique, dans la Critiq. philos. t. II, 1885.
En
librairie - On trouve de Ravaisson
: De l'habitude : Métaphysique et morale, coll. Quadrige, PUF,
1999. - L'art et les mystères grecs (prés. Dominique Janicaud),
L'Herne, 1985. - De l'habitude, / La philosophie en France au XIXe
siècle, Fayard, 1984.
Jean-Michel
Le Lannou, Le vocabulaire de Ravaisson, Ellipses Marketing, 2002.
- Dominique Janicaud, Ravaisson et la métaphysique : Une généalogie
du spiritualisme française, Vrin, 2000. - Park Hwang Su Young, L'Habitude
dans le sopiritualisme français (Maine de Biran,
Ravaisson, Bergson); Presses universitaires du
Septentrion, 1998.
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