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Religion
et mythologie grecques
Les mystères dans la Grèce antique |
La mythologie | Le sacerdoce | Les oracles | Les mystères |
![]() L. Ménard 1863 |
Les
Grecs
désignaient sous le nom de Mystères, du mot
muein;
fermer la bouche, rester muet, certaines cérémonies
religieuses qui s'accomplissaient dans la nuit, et en silence. Un mystère
n'était pas, pour eux un dogme incompréhensible
pour la raison et imposé par l'autorité ou accepté
par la foi; cette idée est tout à fait étrangère
au polythéisme; c'était seulement un secret
qu'on ne devait pas révéler,
aporrhton,
une chose ineffable. On appelait teleth
accomplissement des cérémonies qui composaient les mystères. Ce mot,
qui signifie aussi perfectionnement, exprimait à la fois la consécration
des signes visibles du mystère; et la purification
de ceux qui y participaient; c'est ce que nous traduisons par Initiation.
Le nom d'Orgie était souvent confondu avec celui de mystères,
mais en général, on l'appliquait surtout aux fêtes Dionysiaques, soit
parce qu'elles se célébraient dans les champs, en
orgasin, soit à cause de leur
caractère enthousiaste et extatique,
orgh;
on finit par donner le nom d'orgies, à toutes les fêtes bruyantes et
désordonnées. Le nom de mystères, réservé d'abord aux fêtes des déesses
de l'agriculture, fut étendu de bonne heure aux fêtes de Dionysos,
par suite de l'association des trois grandes divinités de la production
et de la mort. Le culte de Dionysos sert de passage entre l'ancienne religion
hellénique et les religions barbares qui l'altérèrent progressivement.
Tous les dogmes nouveaux empruntés à la Phrygie, à la Perse![]() ![]() On peut expliquer
le caractère, secret des mystères par des raisons théologiques qui tiennent
aux rapports intimes du dogme et du culte dans l'Antiquité Les dieux du ciel sont invoqués à ciel ouvert; leur culte est public parce que leur action est visible au grand jour, leurs temples sont ouverts par en haut, et on ne les prend pas à témoin dans un endroit fermé. Le dieu de la lumière et de l'harmonie, le dieu prophète, n'a pas de mystères; son temple est toujours ouvert, et chacun peut l'interroger. Le dieu des transitions et des échanges, le dieu commun à tous, n'a pas de temples; mais sa statue est dans tous les carrefours, et son culte est mêlé à celui de tous les autres dieux, comme celui de la vierge Hestia, la pierre du foyer. La déesse politique de la civilisation, la vierge active, au génie pratique, règne sur les acropoles, d'où elle protège les cités. Le dompteur des monstres, le héros divin qui a conquis le ciel par son courage, est honoré par les luttes viriles et les jeux sacrés. Mais les déesses souterraines, dont l'action est cachée, ne peuvent être invoquées que dans un endroit fermé, megaron; elles font germer les plantes et les font rentrer sous terre, elles tiennent les clefs de la vie et de la mort, et comme elles gardent leur secret dans un silence éternel, les cérémonies symboliques qui représentent leur action mystérieuse doivent s'envelopper aussi d'ombre et de silence. Depuis que Prométhée a ravi le feu du ciel, les dieux ont caché les sources de la vie: « L'homme est devenu semblable à l'un de nous, disent les Elohim de ChaldéeLa vie nous est prêtée, mais en deçà comme au delà règne la nuit impénétrable; les passages sont gardés; la naissance et la mort sont le secret des dieux. Il y a certainement quelque chose de sacré dans les contradictions qui planent autour des deux portes de la vie; on se découvre devant un cercueil et on fait le contact d'un cadavre; mélange de respect et de dégoût, représenté par le Styx, redoutable témoin des serments des dieux. Si la mort est enveloppée d'une horreur mystérieuse, l'acte non moins mystérieux de la génération se couvre chez tous les peuples des voiles instinctifs de la pudeur. Pourquoi ces rougeurs involontaires s'il y a là une loi divine? Elle est la base de la famille, le chaîne sainte de la communion des êtres et on n'ose pas en parler. C'est que la pudeur est la couronne des chastes déesses, l'auréole de la vierge mère; il faut laisser à chaque dieu son empire : la lumière souillerait ce qui appartient à la nuit. Les mystères
semblent s'être développés plus tard que les autres formes de la religion
grecque. Déméter et Perséphone
sont quelquefois nommées dans l'Iliade « Si tu te trouves au milieu des sacrifices allumés, ne te moque pas des choses secrètes, car le dieu s'offense de cela. »Mais le sens de ce passage dépend du mot aidhla, dont les scholiastes donnent plusieurs explications différentes; l'allusion est donc fort incertaine. L'Hymne à Déméter ![]() ![]() ![]() Pour conserver au
culte de Déméter son caractère chaste et
féminin; on n'employa pas partout les mêmes moyens. A Hermione La religion d'Eleusis.
Ainsi, aux raisons
théologiques qui partout enveloppaient de silence et d'ombre le culte
des puissances chthoniennes, se joignaient, Ã Eleusis
en particulier, des raisons historiques et politiques plus que suffisantes
pour expliquer le secret des mystères, sans
qu'il soit besoin d'imaginer une opposition quelconque entre les cultes
mystiques et les formes publiques de la religion. Le mystère Eleusinien
n'était qu'un des symboles de la religion populaire. Comme tous les autres,
il a sa source dans les traditions de l'époque pélasgique, et il a reçu
sa forme de l'épopée. C'est ce qui résulte
des diverses légendes rapportées sur Eumolpe,
l'ancêtre vrai ou supposé des Eumolpides. Selon lstros, il était petit-fils
de Triptolème; selon Akésodore, il était
chef d'une tribu de Thraces venue au secours des Éleusiniens autochtones
dans la guerre contre Erechtheus. Androtion
rapporte l'établissement des mystères, non pas à cet ancien Eumolpe,
mais à son cinquième descendant, du même nom que lui, et fils de Musée.
Les Eumolpides appartenaient à cette famille à la fois poétique et religieuse
a laquelle les Grecs rapportaient le culte des Muses, et d'où étaient
sortis ces aèdes qui avaient civilisé la Grèce On voit par cette analyse que l'institution des mystères est directement rattachée à la légende religieuse dont ils devaient perpétuer le souvenir. Le culte, qui n'était là comme ailleurs que l'expression extérieure du dogme, reproduisait toutes les phases de cette légende, dont les personnages divins étaient représentés par des prêtres. L'enlèvement de Coré, le grand deuil de la nature, de la Mère des douleurs, puis l'allégresse du ciel et de la terre à la résurrection du printemps, formaient un véritable drame sacré, avec des alternatives de tristesse et de joie, de terreur et d'espérance. Toute proportion gardée entre les spectacles grossiers d'une époque barbare et les magnificences de l'art athénien, c'était quelque chose d'analogue aux mystères du Moyen âge, qui représentaient aussi la mort et la résurrection d'un dieu. Il y avait comme dans les drames ordinaires, qui en Grèce se rattachaient aussi à la religion, des hymnes, des chants, des processions symboliques figurant les courses de Déméter et d'Hécate, et des effets de théâtre auxquels la perfection de la scénographie grecque donnait un caractère imposant et grandiose. Des clartés splendides succédant tout à coup aux ténèbres faisaient passer les âmes d'une religieuse horreur aux consolations du réveil. L'idée de la vie éternelle jaillissait spontanément de cet enseignement muet qui pénétrait dans l'âme par les sens et la persuadait bien mieux qu'une démonstration métaphysique. L'hellénisme enveloppe
toujours dans les mêmes symboles l'homme et la nature. L'enlèvement de
Coré et son retour, ce n'est pas seulement
la graine qu'on jette en terre et qui renaît dans le plante, c'est le
réveil de l'âme au delà du tombeau. La destinée humaine n'est qu'une
forme particulière de ce dualisme éternel, de cette grande loi d'oscillations
et d'alternatives qui fait partout succéder la mort à la vie et la vie
à Ia mort. Au dernier acte de l'initiation, le grand, l'admirable, le
plus parfait objet de contemplation mystique
était l'épi de blé moissonné en silence, germe sacré de la moisson
nouvelle, gage certain des promesses divines, symbole rassurant de renaissance
et d'immortalité. Ces rapprochements qui se présentent si naturellement
à l'esprit, les Grecs « Mourir, dit Plutarque, c'est être initié aux grands mystères, et le rapport existe entre les mots comme entre les choses (Teleuth), l'accomplissement de la vie, la mort, tel est le perfectionnement de la vie, l'initiation). D'abord des circuits, des courses et des fatigues, et dans les ténèbres, des marches incertaines et sans issue; puis, en approchant du terme, le frisson et l'horreur, et la sueur et l'épouvante. Mais après tout cela une merveilleuse lumière, et dans de fraîches prairies la musique et les choeurs de danse, et les discours sacrés et les visions saintes; parfait maintenant et délivré, maître de lui-même et couronné de myrte, l'initié célèbre les orgies en compagnie des saints et des purs, et regarde d'en haut la foule non purifiée, non initiée des vivants qui s'agite et se presse dans la fange et le brouillard, attachée à ses maux par le crainte de la mort et l'ignorance du bonheur qui est au delà . »Ce passage, conservé par Stobée, me semble un de ceux qui peuvent le mieux donner une idée de l'ensemble des mystères. Quant au sens de quelques formules, comme Konx Ompax, à la nature des objets sacrés conservés dans la corbeille mystique, et à tout le détail liturgique des cérémonies, il faut nous résigner à l'ignorer; c'était en cela principalement que consistait le secret de l'initiation. Il fallait que ce secret fût bien peu de chose pour avoir été gardé par tant de gens; les Éleusinies, réservées d'abord aux citoyens d'Athènes, devinrent peu à peu accessibles à tout le monde; il suffisait d'être présenté par un Athénien. Les esclaves, exclus d'abord comme les bâtards et les étrangers, finiront par y être admis. Dans une comédie de Théophile, un domestique disait en parlant de son maître : « C'est lui qui m'a fait connaître les lois grecques, qui m'a enseigné les lettres, qui m'a initié aux mystères divins. »Les initiés ne formaient pas une aristocratie intellectuelle; rien, absolument rien ne justifie l'opinion qui les représente comme une classe de mandarins lettrés, méprisant les croyances du peuple. S'il y a eu en Grèce ![]() « L'opinion d'Aristote, dit Synésios, est que les initiés n'apprennent rien, mais qu'ils reçoivent des impressions, qu'ils sont mis dans une certaine disposition à laquelle ils ont été préparés. »Telle est, en effet, la nature de l'enseignement religieux; il ne s'adresse pas à Ia raison comme l'enseignement philosophique, mais à toutes les facultés de l'homme à la fois; il agit par les sens sur l'imagination, sur le coeur et sur l'intelligence. Les grands mystères de la nature, la lumière, le mouvement, la vie ne se prouvent pas, ils s'affirment. De même les symboles, qui sont l'expression humaine des lois divines, ne se démontrent pas, ils s'exposent, et la conviction descend d'elle-même dans les âmes préparées à la recevoir. Ce caractère se retrouve même dans les religions modernes : Jésus-Christ ne parle qu'en paraboles. Les initiés n'étaient pas seulement spectateurs dans le drame d'Eleusis; ils y jouaient un rôle comme le choeur dans les tragédies; c'est du moins ce que semble indiquer le choeur des mystes dans les Grenouilles ![]() ![]() ![]() Quand les mystes avaient reçu la nourriture divine qui les unissait aux dieux, quand ils avaient traversé toutes les épreuves, tous les degrés de l'initiation, jusqu'à l'Epoptie, c'est-à -dire à la contemplation des saints mystères, leur bonheur était assuré même dans la mort, car ils connaissaient les secrets de la vie éternelle. « Heureux, dit Pindare, celui qui, après avoir vu ces choses, descend sous la terre! Il connaît la fin de la vie, il connaît la loi divine. »ll semblait que la sanctification conférée par ce sacrement devait s'étendre jusque sur l'autre vie : « Le sort des initiés et celui des profanes sont différents même dans la mort », dit l'hymne homérique.Cette différence supposait implicitement que les mystes avaient rempli les conditions de pureté qui leur étaient imposées, autrement on aurait pu demander, comme Diogène, si un brigand initié serait plus heureux qu'Epaminondas qui ne l'était pas; les actes extérieurs de piété ne suppléaient pas plus aux bonnes oeuvres dans l'Antiquité ![]() « Vous avez été initiés, disait le rhéteur Andocide aux Athéniens, et vous avez contemplé les rites sacrés des deux déesses, afin de punir les criminels et de sauver ceux qui sont purs d'injustice. »Les symboles mystiques se transformèrent comme tous les autres dans le cours des âges. Triptolème, qui est seulement nommé dans l'hymne ![]() ![]() C'est probablement à l'époque où le culte d'lacchos s'introduisit dans la religion d'Eleusis que furent établis les petits mystères, ou mystères d'Agra, qui correspondaient aux Anthestéries, ou fêtes de Dionysos, comme les grands mystères étaient en rapport avec les Thesmophories. Car lacchos, le médiateur, l'initiateur mystique, n'est, comme Zagreus, qu'une forme de Dionysos. M. Alf. Maury le rapproche avec assez de vraisemblance, de lasios ou lasion, personnage associé à Déméter dans les légendes épiques. Rien n'est plus naturel que d'unir dans un même culte les principales divinités de l'agriculture, de la production et de la mort. L'idée du grain de blé qui meurt pour ressusciter en épi se représente sous une autre forme dans la pluie divine tombant sur la terre pour renaître dans la liqueur sacrée des libations. Le vin pouvait être pris comme le pain pour symbole de la communion des êtres. Cependant il est très difficile de savoir exactement quel était le rôle de Dionysos dans les mystères. Remplaçait-il Démophoôn comme nourrisson de Déméter? Était-il substitué à Hadès comme époux de Perséphone, où était-il le fils d'une des grandes déesses? Dès qu'il est question de Dionysos, toute la mythologie devient obscure et indécise; les distinctions des types disparaissent et s'effacent, Rhéa est identifiée avec Déméter, Coré (Perséphone), sous le nom de Brimô, avec Hécate, qui elle-même n'est pas distincte d'Artémis. Bientôt Rhéa, Déméter et Coré semblent se confondre, et toutes puissances multiples de la nature sont absorbées dans la vague unité du panthéisme. Si on possédait encore les anciens poèmes dionysiaques, on pourrait suivre dans ses transformations ce culte étrange qui sert de passage entre le polythéisme grec et les religions unitaires de l'Orient; mais les poésies orphiques que nous possédons appartiennent à une époque où déjà la confusion est complète. Le dieu qui frappe ses ennemis de vertige semble avoir traité de même ses adorateurs; l'orphisme est le délire de l'ivresse et de l'extase; la pensée humaine est entraînée comme la nature entière dans la grande orgie. L'orphisme.
Il faut remonter
assez haut pour saisir le point de départ des idées orphiques. Jusqu'Ã
Onomacrite, par exemple, contemporain de Pisistrate,
qui fabriqua sous le nom d'Orphée un poème
dionysiaque sur la passion de Zagreus, sa mort
et sa résurrection. Quoique ce poème soit perdu, on sait, par de nombreuses
indications, quel était le sens général de cette légende qui venait
probablement de la Phrygie, et qui se retrouve dans la plupart des religions
de l'Asie et de l'Égypte Toujours le principe actif de la vie est représenté par un jeune dieu qui meurt à l'automne et qui ressuscite au printemps, et la nature, par une déesse qui s'afflige de sa mort et se réjouit de son retour. Tel est le sens des mythes de Zagreus déchirée par les Titans, du troisième Cabire tué par ses frères, d'Osiris mutilé par son frère Typhon. La même idée se reproduit dans la fable de le mutilation d'Attys et dans celle de la mort d'Adonis; la seule différence entre tous ces symboles, c'est que la nature est tantôt la mère, tantôt la soeur ou l'épouse du dieu mort et ressuscité. L'analogie
de ces légendes avec celle de Déméter et
de Coré est évidente, et on comprend que
des emprunts réciproques aient été faciles. Les Orphiques se firent
les colporteurs de ces échanges que favorisait d'ailleurs le goût naturel
des Grecs Les endormeurs
de remords.
On courait chez les
endormeurs de remords, on allait des Orphéotélestes aux Métragyrtes,
des mystères d'Isis
à ceux de Mithra, on demandait le baptême par
l'eau ou le baptême par le sang, appelé
taurobole
ou criobole : le myste descendait dans une fosse au-dessus de laquelle
on immolait un taureau ou un bélier,
et le sang tombait sur lui goutte à goutte. Dans les mystères de Samothrace « Est-ce toi ou les dieux qui l'exigent? - Ce sont les dieux, dit le prêtre. - Eh bien retire-toi, reprit Lysandre; s'ils m'interrogent, je leur répondrai. »La même question fut faite à Antalcidas, qui répondit seulement : « Les dieux le savent. »Il paraît d'ailleurs qu'il y avait des crimes inexpiables, car on dit que Néron n'osa pas s'approcher d'Athènes à cause des imprécations qui éloignaient les parricides des mystères d'Eleusis. Selon Zosime, Constantin ayant voulu se faire purifier du meurtre de son fils, les prêtres lui diront qu'il n'y avait pas d'expiation pour un pareil crime; ce fut alors qu'il embrassa le christianisme, sur l'assurance qui lui fut donnée que les chrétiens savaient effacer toute espèce de péché. Ces purifications n'étaient pas nouvelles en Grèce ![]() Les cultes mystiques
furent la dernière forme de la pensée religieuse de la Grèce « L'univers règle toutes choses selon les différences. Tout sort de l'univers, et l'univers sort de tout. L'unité est tout, chaque être est une part de l'unité, tout est dans l'unité. Car, de ce qui était un, sont sorties toutes choses, et de toutes choses sortira de nouveau l'unité par la loi du temps. Toujours un est multiple, l'illimité se limite sans cesse et persiste sous tous les changements. La mort, immortelle et mortelle à la lois, enveloppe tout l'univers se détruit et meurt, et sous les apparences mobiles et les formes passagères qui voilent à tous les regards ses métamorphoses, il demeure incorruptible dans son éternelle immobilité. »De ces dogmes devait sortir une résignation austère qui convenait à la fatigue universelle des âmes : « Ô univers, s'écrie Marc-Aurèle, tout ce qui te convient me convient; rien n'est prématuré ni tardif pour moi dans tout ce qu'amènent tes heures; tous tes fruits me sont bons, ô nature! Tout sort de toi, tout est dans toi, tout rentre en toi! »A mesure que les ombres du soir s'étendaient dans le ciel du vieux monde, la vue des choses divines devenait moins distincte. Tous les types divins semblaient se confondre dans une puissance unique et sans bornes, adorée sous mille noms. « J'ai entendu tes prières, dit-elle dans Apulée, moi, la Nature, mère des choses, la maîtresse de tous les éléments, née au commencement des siècles, la somme de tous les Dieux, la reine des Mânes, la première des vertus célestes, la face uniforme des dieux et des déesses. J'équilibre par mes mouvements les hauteurs lumineuses du ciel, les souffles salutaires de la mer, le silence lugubre des enfers; divinité unique, qu'adore l'univers entier sous des aspects multiples, par des rites variés, sous des noms divers. Les Phrygiens premiers-nés m'appellent la Mère de Pessinonte, les autochtones de l'AttiqueAux approches de la nuit, le monde tendait les bras vers cette mère antique des choses, qui tire tout de son sein et y fait tout rentrer. Absorbé comme un vieillard dans la pensée de la mort, il essayait de se résigner à ce long sommeil et passait des terreurs superstitieuses aux extases de l'espérance. Et revenant pour mourir dans cette vieille Égypte ![]() |
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