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Les anthestéries
étaient des fêtes en l'honneur de
Dionysos,
célébrées à Athènes
et chez tous les peuples d'origine ionienne, dans le mois d'Anthestorion.
A Athènes elles duraient trois jours, du 11 au 13; ailleurs un seul,
qui tombait généralement le 12. Le premier jour, qui portait
le nom de
Pithoïgies, avait pour objet de fêter la fin
de la fermentation du vin nouveau; on mettait en perce les tonneaux de
la récolte et on les soutirait dans les cruches où le vin
devait être conservé. Le second jour était celui des
libations (Choës); on s'y livrait à de joyeux repas,
vidant en l'honneur du dieu des coupes nombreuses, se rendant les uns chez
les autres, revêtus d'habits de fête ou dans des travestissements
empruntés à la légende de Dionysos. C'est au son des
trompettes que l'on buvait à qui mieux mieux, avec invocation spéciale
au Bon Démon. Il y avait une fête
particulière pour les enfants à partir de trois ans, et on
les couronnait de fleurs. Comme la légende
représentait Coré, fille de
Déméter,
sortant du fond des enfers et épousant
Dionysos, image ingénieuse du printemps qui fait renaître
la nature après l'engourdissement de l'hiver, la femme de l'archonte-roi,
accompagnée de quatorze femmes les plus vénérables
de la ville, offrait à Dionysos un sacrifice dans son sanctuaire,
le Lenoeon du Marais (Limnae); puis elle épousait le dieu
par une sorte de mariage mystique, comme celui de Dionysos et d'Ariane
dans l'île de Naxos ,
ou plus récemment celui du Doge et de la mer à Venise.
Les idées touchant le réveil
de la nature étant inséparables chez les Grecs comme chez
les Latins, de la pensée de la mort, le jour des Libations et la
fête des Anthestéries en général étaient
aussi une fête funèbre. On se rendait près des tombeaux
et on y offrait des libations de vin. Les trois jours comptaient parmi
les jours funestes, où les temples sont fermés et des purifications
prescrites en vue de se garder de tout accident. Le troisième jour
était celui des Marmites (Chytres), ainsi nommé parce
qu'on offrait à Hermès souterrain
des fruits cuits dans des pots en terre : les morts seuls devaient y goûter.
Suivant la légende, cette journée avait pour objet de rappeler
le souvenir des humains qui avaient péri dans le déluge
de Deucalion. En réalité, il
s'agissait de célébrer la fin de l'hiver qui, après
avoir enseveli la végétation sous un linceul funèbre,
cède au printemps et fait place à une vie nouvelle. A ce
titre, les hommages rendus aux morts durant ces
fêtes n'ont rien de triste; outre les réjouissances dont nous
avons parlé, il était d'usage aux Anthestéries de
préluder par une sorte de répétition aux représentations
dramatiques qui devaient avoir lieu aux grandes Dionysiaques.
Il s'organisait également des concours de lutte; les écoliers
payaient leurs honoraires à leurs maîtres et étaient
invités par eux, coutume établie pour le carnaval
dans certaines universités allemandes. Pendant les trois jours,
les esclaves étaient traités sur un pied d'égalité
avec leurs maîtres, comme aux Saturnales
de Rome. (J.-A. Hild). |
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