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Osiris (dieu
égyptien). - En raison de l'importance énorme que les
Égyptiens attachaient aux pompes de la mort,
le dieu qui y présidait Osiris, roi de la région infernale
et juge des morts, tenait par la nature de ses fonctions et leur
caractère mystérieux le premier rang parmi les divinités.
Hérodote
et Plutarque nous disent que les initiés
se faisaient scrupule de prononcer son nom; cette assertion est confirmée
par les textes, car on lit dans le Livre des Morts
(ch. XLIV, 4) :
«
le résident de l'Amenti déteste qu'on prononce son nom ».
D'après les mythes
rapportés par les Anciens, Osiris naquit de lui-même, eut
pour femme Isis, sa sœur jumelle, et pour fils
Horus
(cette tradition mythologique justifiait l'autorisation pour les pharaons
du mariage entre frère et sœur). Il eut en outre, mais sans le vouloir,
commerce avec Nephthys, qui mit alors au monde
Anubis.
Osiris représente, avec Isis et Horus, le bon principe ou l'ensemble
des influences bienfaisantes, personnifiant à la fois le Soleil
et le Nil fécondant la vallée. Tandis
qu'Isis initiait les Égyptiens à l'agriculture, Osiris, devenu
le type même du bien sous le nom d'Ounnofré, fonda Thèbes,
institua les lois et le culte, établit le mariage, fit connaître
l'écriture et les arts; puis voulant civiliser la terre entière,
il se mit en marche à la tête d'un grand cortège et,
se dirigeant vers l'est, soumit tout jusqu'à la mer Erythrée
et à l'Inde.
Après son retour et au sein de son
triomphe, Seth (devenu le type du mal) lui
tendit des pièges, le fit périr en l'enfermant par ruse dans
un coffre, et abandonna son cadavre au cours du Nil. Isis en deuil le retrouva
et l'ensevelit; mais Seth ouvrit la tombe, coupa le corps d'Osiris en 14
morceaux et les dissémina par toute l'Égypte. Isis parvint
encore à les recueillir tous, sauf un seul, et éleva pour
la sépulture de chacun deux autant de tombeaux séparés.
Selon une autre tradition, les membres épars du dieu furent recueillis
par ses soeurs, Isis et Nephthys,
et embaumés par Anubis qui devint le dieu
de l'ensevelissement. Horus, succéda à
son père, et le vengea dans un combat contre Seth : aussi est-il
appelé le « vengeur de son père ». Ce mythe est
étroitement liée au symbolisme solaire.
Quand
l'astre a disparu aux regards de l'Égyptien,
quand il est pour lui le soleil mort, il s'appelle Osiris et il renaît
à l'orient sous le nom d'Horus, Har-em-khou (Armakhis), «
l'Horus de l'horizon ». A ce moment, il a triomphé des ténèbres,
ses ennemies, que personnifie tantôt Seth, tantôt le grand
serpent Apap (Apophis). Cette nouvelle forme
de soleil ressuscité, triomphant des ténèbres,
que représente Horus, est véritablement la vengeresse de
la forme précédente de soleil disparu que représente
Osiris. Les deux déesses, Isis et Nephthys, protectrices d'Osiris,
forment un parallélisme parfait avec les deux déesses protectrices
de Ra, le soleil diurne, qui personnifient la lumière
de ses yeux et sont symbolisées tour à tour par les deux
vipères
de son diadème, les deux plumes de sa coiffure, la couronne blanche
et la couronne rouge et les deux ailes du disque.
La vie de l'humain était assimilée
à la vie du soleil : il disparaît dans la tombe, située
à l'ouest, en Égypte, comme le soleil disparaît à
l'occident; il s'appelle Osiris comme le soleil disparu et, comme lui,
il renaîtra pour de nouvelles existences. Telle est la doctrine consolante
que l'Égyptien emportait en quittant la vie. Osiris est le dieu
des morts, c'est son domaine qui est affecté au châtiment
des coupables et à la récompense des justes, récompense
ou châtiment résultant d'un jugement ( Psychostasie)
prononcé par loi et enregistré par Thot.
Le rôle d'Osiris est parfaitement expliqué par son costume
: il porte le maillot de la momie et il est coiffé
de la mitre solaire. Dans quelques anciens manuscrits, il est représenté
avec un visage noir.
De même que la mort de l'humain
est assimilée à la mort du soleil, la mort du soleil est
assimilée à la mort de l'humain, et le soleil disparu, le
soleil nocturne, est figuré dans la personne d'Osiris par un dieu
en forme de momie. La nuit
ayant précédé le jour, elle semble lui donner naissance,
et Osiris est appelé; « la demeure du soleil », c.-à-d,
son lieu d'origine; c'est là le sens du nom hiéroglyphique
de ce dieu As-Râ écrit par le siège et le disque,
nom dont un monument de Leyde nous offre la curieuse variante As-Har-Khouti,
« demeure d'Armalkhis », c.-à-d. du soleil levant. En
conséquence, Osiris prend le rang de dieu primordial comme Noun,
Ptah-Tanen,
Khnoum,
etc., et il est qualifié de dieu de la première fois.
Osiris
("momie").
C'était une idée populaire
en Égypte que l'âme d'Osiris était
passée dans un bœuf : de là la culte
rendu au bœuf Apis, qu'on croyait être Osiris
lui-même : Les villes de Busiris (Abousir )
et d'Abydos
se disputaient la gloire de posséder le véritable tombeau
d'Osiris. Le jour de la fête de ce dieu, chaque Égyptien immolait
un pourceau devant sa porte. A Philaé, on lui offrait tous les jours
360 coupes de lait. On représentait Osiris tantôt avec la
tête d'homme et coiffé du pchent,
espèce de mitre, tantôt avec une tête de bœuf, d'épervier
ou de grue; ses attributs étaient la croix ansée, le sceptre
à tête de coucoupha, le van sacré, et le bâton
augural. Les Grecs, qui récupérèrent
ce dieu, faisaient naître Osiris de Zeus
et de Niobé, ou bien de Cronos
et de Rhéa; quelquefois ils l'identifiaient
avec Dionysos. (Paul Pierret).
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En
librairie - Plutarque, Isis et
Osiris, Guy Trédaniel, 2002; Ezra Pound, Je rassemble les
membres d'Osiris, Le Seuil, 1995; Christian Jacq, Les Mystères
D'Osiris, Xo, 4 vol..
Pour
les plus jeunes : B. Bottet, Isis et Osiris, Retz (Para-scolaire),
2001; Jacques Martin, Jean Pleyers, Osiris, Casterman (BD), 2000;
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