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C

La lettre C a de tout temps tenu grande place dans l'histoire de la notation musicale. Dans l'écriture romaine et celle qui est dite Boétienne, le C occupe le troisième degré de la gamme diatonique, c.-à-d. qu'il représente la note ut (do) de la nomenclature guidonienne; suivant l'octave du son qu'il signifie, il était écrit, soit majuscule, soit minuscule, soit minuscule encore et surmonté d'un trait ou de deux, ex. :

Figure primitive de la clef d'ut, dans les commencements de la notation diastématique. Elle est demeurée en usage dans la notation du chant liturgique.

Lorsque vers le Xe siècle on pensa à mettre un peu d'ordre dans l'écriture si embrouillée des neumes, on voulut fixer leur place en prenant un point de départ; en tira dans le vélin une ligne après être convenu que tous les signes qui se trouveraient sur cette ligne représenteraient la même note. Ce fut la note ut qui servit de point de départ pour tracer la ligne dite d'ut, qui donna peu à peu naissance à la portée, cette ligne d'ut ou de C, qui est souvent peinte en jaune dans les manuscrits, est encore aujourd'hui celle qui sert d'origine à toute la portée théorique de onze lignes, exemple :

Les Allemands désignent encore le ton d'ut par la lettre C. Les musiciens emploient, pour indiquer la mesure à quatre temps, une sorte de C qui, à la vérité n'en est pas un. 

Lorsque vers le XIVe siècle on inventa les signes de la notation proportionnelle, on marqua la mesure en trois temps, c.-à-d. parfaite, suivant les idées symboliques de l'époque, au moyen d'un cercle, signe de la perfection; le demi-cercle, au contraire, indiquait la mesure imparfaite ou à deux et quatre temps. 

Nous avons abandonné et remplacé par des chiffres la figure du cercle; mais en revanche, nous avons gardé comme synonymes des chiffres de 2/4 ou de quatre temps (, ayant pour unité la ronde, qui se divise en 2 blanches ou en 4 noires), le demi-cercle sous la forme du signe bien connu du C ou du C barré.

Lorsqu'il est traversé d'un trait vertical, le C est dit barré et désigne la mesure alla breve, ayant pour unité la brève, aujourd'hui appelée carrée, qui se divise en 2 rondes ou 4 blanches. Mais les auteurs modernes emploient le plus souvent le C barré avec la ronde unité, entendant désigner une mesure binaire rapide, notée à 4 noires, mais battue à 2 temps. 

Placé au-dessus des neumes, le c, dans la notation du IVe au Xe le siècle, signifie cito ou celeriter. Le C est également utilisé comme abréviation, dans la musique ancienne, pour le mot Canto ou Cantus, qui indique la partie supérieure d'une composition à plusieurs voix. C. I° et C. II° signifient Canto primo et Canto secondo, équivalents des anciennes locutions françaises, premier dessus, second dessus.  C. B. est l'abréviation de Col Basso ou de contrebasse. 

Depuis l'adoption du mot soprano, pour la voix supérieure, l'abréviation C représente, dans les partitions et les catalogues modernes, le mot contralto. (H. Lavoix).

Cabalette, tiré de l'italien. - Petite pièce de chant facile à retenir, et dont l'effet repose sur le retour uniforme du même dessin rythmique, ou bien phrase musicale d'un rythme bien marqué et d'un mouvement accéléré, par laquelle on termine un air, un duo, un trio, un morceau d'ensemble, et qui se répète deux fois. On cite comme l'un de ses plus anciens exemples l'air La bella imagine, dans Paride e Elena de Gluck (1770). Vers 1820, la vogue de la cabalette, assurée par les opéras de Rossini, était assez prononcée pour sembler une « invasion  », qui excitait l'inquiétude de Simon Mayer. Le même titre fut donné un peu plus tard à la strette, ou partie finale avec ensemble, des duos d'opéras italiens, et notamment de ceux de Verdi. C'est aussi, en termes vulgaires, le coup de fouet donné au morceau et destiné à faire applaudir les exécutants. (B.).

Caccia,  en italien = chasse. - Pièce de musique vocale en usage en Italie à l'époque de la Renaissance, disposée sur un sujet de chasse, à plusieurs voix, en style canonique, de telle sorte que les parties, par leurs entrées successives, parussent se poursuivre ou se chasser l'une l'autre (Canon).

Cachucha, danse espagnole, accompagnée d'une mimique passionnée, et qui n'est pas sans analogie avec la cordax des anciens Grecs. Elle fut introduite à l'Opéra de Paris par la célèbre danseuse Fanny Elssler, en 1834, dans le ballet du Diable boiteux.

Cacophonie, terme de musique; bruit qui provient, soit d'un mélange incohérent de sons, soit de l'union de voix ou d'instruments discordants. (B.).

Cadence. - Répétition de sons ou de mouvements qui se succèdent d'une façon régulière ou mesurée. Parmi les différentes espèces de cadences, deux seulement ont un caractère de conclusion et sont proprement des cadences : ce sont la cadence parfaite, dans laquelle la basse se meut de la dominante à la tonique et la cadence plagale, ordinairement précédée de la cadence parfaite, et dans laquelle la basse se meut de la sous-dominante à la tonique. Citons encore la cadence de dominante, ou demi-cadence, dans laquelle l'accord terminal repose sur la dominante (le mouvement de la basse va, dans ce cas, souvent, mais non nécessairement, de la tonique à la dominante); la cadence imparfaite, obtenue par l'emploi d'un renversement, soit de l'accord de tonique soit de l'accord de dominante qui le précède; qui détermine un repos, une suspension du sens de la phrase sur la dominante : la cadence rompue, obtenue par la suspension d'un accord quelconque it l'accord de tonique attendu par la cadence parfaite. (On l'appelle aussi cadence évitée).

Caisse. - Coffre en bois creux formant le corps d'un instrument à cordes et servant à amplifier les vibrations des cordes qui sont tendues sur l'une de ses faces. - On nomme également caisse le cylindre en bois léger ou en métal mince fermé à ses deux extrémités par une membrane et formant le corps du tambour, et, par extension, le tambour lui-même, où ses dérivés, caisse claire, grosse caisse, etc. - Caisse est aussi le nom de la partie de l'appareil auditif qui forme le fond de l'oreille externe et que ferme la membrane du tympan.

Calando, terme italien de musique, qui indique un ralentissement de la mesure ou une diminution d'intensité dans le son. (B.).

Calandrone, instrument de musique italien. C'est une sorte de chalumeau au son rauque. Les trous sont comme ceux de la flûte. II y a, dans l'embouchure, deux ressorts qui, comprimés, donnent le vent à deux trous diamétralement opposés. Un petit roseau est introduit à l'endroit de l'embouchure. (B.).

Calascione ou Colascione, vulgairement Calachon ou Colachon, instrument de musique napolitain. C'est une espèce de mandoline, à long manche, montée ordinairement de trois cordes, quelquefois de deux seulement, et dont on tire des sons avec les doigts ou par le moyen d'une plume ou d'un petit morceau de bois. (B.).

Calichon, ancien instrument de musique, de la forme d'un luth, et monté de 5 cordes sonnant le sol de basse, 4e espace, L'ut au-dessous de la portée en clef de violon, le fa et le la du 1er et du 2e espace, et le ré 4e ligne. (B.).

Callinique, air de danse des Anciens, qui s'exécutait sur des flûtes, en l'honneur d'Héraclès, vainqueur de Cerbère. Les Grecs avaient aussi un chant appelé callinique, destiné à célébrer les triomphes des buveurs.

Calusari (danse des). - Une des danses nationales des paysans moldo-valaques. Ils s'y mêlent en brandissent des massues et des boucliers qu'ils choquent avec fracas. On voit dans ces simulacres guerriers le souvenir, soit de l'ancienne danse des prêtres Saliens, soit de l'enlèvement des Sabines. La danse des Calusari est menée par un vatof, qui rappelle le vates ou chef des danses romaines.

Canard. - Se dit, par allusion à la voix discordante de l'oiseau de ce nom, d'une note fausse tirée d'un instrument à anche, hautbois, clarinette ou tuyau d'orgue, mal accordé.

Canarie, ancienne espèce de gigue, en mesure à 6/16, et exécutée avec un peu plus de mouvement. Les danseurs s'approchaient et s'éloignaient les uns des autres en faisant des mouvements bizarres.

Canevas, nom donné, dans la composition musicale, aux mots sans suite que le musicien met sous un air, et qui servent ensuite de modèle au librettiste pour en arranger d'autres de même mesure et formant un sens. (B.).

Canon. - Morceau de musique que des
voix, en nombre indéterminé, attaquent l'une après l'autre et peuvent recommencer indéfiniment.

Cantabile, adjectif italien dont la traduction serait « chantable », mais qui s'interprète par  « chantant », et sert à caractériser un morceau où prédomine la mélodie et dans lequel l'exécutant doit s'attacher à mettre celle-ci en relief. On en a fait un titre de morceau, que César Franck a donné à l'une de ses plus belles pièces d'orgue (1878).

Cantando. - En chantant avec expression.

Cantate. - Cantate. - Poésie souvent de circonstance, faite pour être mise en musique et chantée. Musique faite pour ce poème. Au point de vue littéraire, les cantates contiennent ordinairement le récit d'une action galante ou héroïque. Elles sont composées de récits, qui exposent le sujet, et d'airs, qui expriment le sentiment que ce sujet inspire. La cantate est originaire d'Italie. Elle a été cultivée en France par J.-B. Rousseau. Au point de vue musical, la cantate est à une ou plusieurs voix, parfois avec choeurs, généralement avec accompagnement d'orchestre, et comprend des récitatifs, des airs. des duos, etc. Elle a été fort en honneur au XVIIIe siècle et sous le premier Empire. Parmi les principaux compositeurs de cantates, on peut citer : Campra, Rameau, Auber, et, en Italie, Stradella, Scarlatti. Jomelli. Pergolèse, Paisiello, Porpora, Paër, etc. A la fin du XIXe s. et au début du XXe siècle, des musiciens comme Halévy, Gounod, Saint-Saëns, Massenet, Augusta Holmès, etc., ont repris goût au genre de la cantate.

Cantilène. - Petite pièce de chant. Ce terme, emprunté au latin; s'employait au Moyen âge pour toute espèce de poésie chantée (Cantique); on le réserve actuellement, soit aux mélodies grégoriennes, soit, dans le genre profane, à des pièces vocales ou instrumentales de courtes dimensions et d'expression sentimentale.

Cantique. - Chant religieux d'actions de grâces. Le nom de cantique est donné à un certain nombre de chants de la Bible, composés presque toujours en actions de grâces (cantiques de Moïse, de Debora, d'Anne, d'Ezéchias, de Siméon, etc.), et à une trentaine de psaumes, ou psaumes de cantique. Dans le langage usuel, on appelle  cantiques des chants d'église en langue vernaculaire. Dans l'Eglise catholique, le cantique est exclu des offices liturgiques mais est admis comme accessoire du culte dans les catéchismes, réunions de confréries. Chez les Protestants, les Anglicans exceptés, il constitue l'essence même du culte. Les cantiques de Luther sont demeurés célèbres.

Canto, c.-à-d. en italien chant. Ce mot désigne la partie de dessus ou soprano. Placé sur une portée vide, il indique que l'instrument doit jouer à l'unisson avec la partie chantante. Écrit sur une partie d'instrument séparée, il marqué l'instant où, la ritournelle étant unie, la voix fait son entrée. Enfin, les mots canto 1°, 2°, 3°, etc., indiquent les diverses entrées des voix dans un canon. (B.).

Canto fermo est le nom que les musiciens italiens donnent au Plain-Chant, à cause de son caractère grave, soutenu et égal. Quand on commença d'appliquer l'harmonie au chant d'église, le cantus firmus (comme on disait aussi en latin du Moyen âge) fut la partie principale, celle sur laquelle on faisait des accords. (B.).

Cantus, n. m. lat., =  chant. - La partie la plus élevée d'une composition à plusieurs voix. Synonyme, en ce sens, de canto, dessus et superius. - Cantus coronatus, genre de mélodie ornée, et de rythme libre, appelé aussi cantinella coronata, en usage dès le XIIe s., que J. de Grocheo (XIVe s.) déclare se nommer aussi conductus et dont il donne une description analogue à celle du sirventés. - Cantus firmus, ital. canto fermo, thème liturgique ou profane choisi pour base d'une composition polyphonique. Toutes les messes des contrepointistes du XVe et du XVIe s. sont construites sur un cantus firmus que le musicien divise, développe et renouvelle par des modifications rythmiques, mais dont il maintient la formule mélodique. L'Ave verum de Josquin Després (mort en 1521) donne l'exemple d'un cantus firmus grégorien presque littéralement traduit en notation mesurée, et son Stabat mater, celui d'un cantus firmus profane traité par augmentation et qui s'étend en longues notes sous la composition tout entière.

 Canzone, n. f. ital., plur. en i, = chanson. - Pièce de poésie lyrique divisée en plusieurs stances, dont la dernière est plus courte. En musique, les canzoni se confondent avec les frottole et les strambotti, dans les recueils de compositions légères, à 3 et à 4 voix publiés avant 1530. 

Après cette date, les madrigaux et les canzonette les remplacent; on reconnaît parmi les madrigaux des stances empruntées aux canzoni de Pétrarque et des poètes de la Renaissance italienne : mais le titre de canzone passe à une forme de la musique instrumentale, évidemment dérivée des transcriptions de pièces de chant pratiquées par les luthistes, et les organistes et tout d'abord analogue au ricercar

A la fin du XVIe s. la canzone pour orgue se développe en une suite de versets ou de couplets; au, nombre de 3 jusqu'à 12, où alternent quelquefois les mesures paires et impaires, et où paraît de temps en temps une sorte de refrain ou de retour d'un motif traité en contrepoint, mais non en variations

Une canzone de André Gabrieli emprunte son thème au Chant de l'Alouette de Clément Janequin.

Canzonetta, diminutif de canzone. - Aux XVIe et XVIIe s., pièce à plusieurs voix, d'allure plus légère que le madrigal, souvent surnommée alla Napolitana. D'Italie, le genre et son nom passèrent en Angleterre, où Morley publia, à partir de 1597, plusieurs suites de Canzonets, or little short Ayres à 2, 3,.4 et 5 voix, et en France, où Mauduit, mit en musique les Chansonnettes en vers mesurés de Baïf. Quelques auteurs modernes ont donné le titre de canzonette. à des pièces instrumentales. Mendelssohn désigne ainsi l'un des morceaux de son premier Quatuor, opus 12.

Caoine, chant funèbre des paysans irlandais, contenant une description de la personne du défunt, de ses qualités, de tout ce qui le distinguait. C'est, d'ordinaire, une improvisation faite par quelque femme, et qui se répète toute une nuit, à l'arrivée de chaque parent ou ami. A la fin de chaque couplet, les assistants poussent une lamentation appelée gol ou ullaloo, suivie d'un moment de silence.

Caprice, morceau de musique dans lequel l'auteur, s'écartant des formes ordinaires, donne carrière à son imagination. Tels sont les Caprices de Locatelli pour le violon. Au XIXe siècle, les Caprices se sont multipliés; mais on ne trouve dans ces compositions aucune innovation, aucun trait saillant qui justifie leur titre.  - Toute oeuvre d'art dont l'invention ou l'exécution est bizarre, s'appelle aussi caprice.

Carillon. - Assemblage de cloches de différentes grandeurs, accordées avec précision, et qui donne parfois, en comprenant le jeu des pédales, une étendue de cinq à six octaves. Les plus grands carillons (ceux de Bruges, de Malines, Anvers, Dunkerque), se composent d'environ quatre-vingts cloches, actionnées au moyen d'un clavier manuel et d'un clavier de pédales. - Par extension, sonnerie de cloches, vive et gaie. - Série de timbres, de lames d'acier ou (le bronze, etc., de diverses longueurs, accordées et que l'on frappe avec un petit marteau ou même avec les mains pour les carillons faits de tubes suspendus.

Carillonneur. - Musicien qui joue du carillon à clavier. Cet art a atteint, depuis le XVIIe s., en Flandre et aux Pays-Bas, un niveau fort élevé. Dirk Scholl, de Delft, Jacques Potthof, d'Amsterdam, Mathias van den Gheyn, de Louvain (mort en 1785), qui gagna le pari de répéter avec ses cloches tout ce que jouerait un violoniste, rendirent leur profession célèbre. Le carillonneur, avec une oreille délicate qui lui enseigne à tirer le meilleur parti du manque fréquent d'homogénéité de son gigantesque instrument, doit posséder un degré peu commun de vigueur physique. Il joue assis, le plus souvent bras nus, les phalanges protégées par des gants épais, les pieds soutenus par de fortes chaussures, et il frappe les touches du clavier manuel à coups de poing. D'habiles musiciens exécutent ainsi de grandes pièces harmonisées à 2 ou 3 parties. Le répertoire consiste en première ligne en anciens chants populaires et religieux; on y joint des pièces empruntées à Bach et aux clavecinistes et organistes du XVIIIe s. La coutume d'élire le carillonneur à la suite d'un concours public est traditionnelle en Belgique. Elle a été appliquée en 1895 pour le poste de carillonneur de la Maison du Roi, à Bruxelles, qui fut attribué à Demette. Le concours international de Malines, en 1910, réunit 17 concurrents, et se termina, après la proclamation du premier prix donné à Van den Plas, de Louvain, par un concert où Jef Denyn exécuta des symphonies pour carillon, cors et trompettes, écoutées sur la grande place par une foule immense. (M. B.).

Carmagnole (la). - Chant révolutionnaire qui date de l'époque où Louis XVI fut enfermé au Temple, mais dont on ne connaît ni l'auteur, ni l'origine du titre. Elle eut une vogue prodigieuse, et, lors de la Terreur, elle devint l'accompagnement habituel des exécutions. Bonaparte, premier consul, l'interdit en même temps que le Ça ira.

Carnavalesques (chants). - Chants qu'on exécutait dans les anciennes mascarades de Florence (Carnaval). François Spaziani a publié en 1559 un recueil de ceux qu'écrivit à trois voix Henri Isaak, nommé en Italie Arrigho Tedeschi.

Carole, ancien nom français désignant au Moyen âge, d'une façon générale, un air à danser.  « Trestous nous lancerons et la carole icy comencerons », dit Christine de Pisan (1400). Sébastien Moreau (XVIe s.) parle des musiciens qui « faisaient bruyre leurs instruments de pavannes, danses et caroles ». Le mot s'est maintenu dans la langue anglaise comme titre de chanson. Les Christmas carols répondent à peu près aux Noëls français. Il en subsiste quelques-uns en langue normande du Moyen âge. Au XVIIIe s., les caroles sont tombés dans le bas style.

Carrée. - Figure de note, carrée, sans queue, noté commune de la notation du plain-chant. - En notation proportionnelle, elle vaut deux rondes, comme la brève de la notation ancienne. Elle est aujourd'hui rarement employée. V. d'Indy s'en est servi pour noter, dans la mesure 3/1, les grands accords qui forment l'introduction et la conclusion de son poème des Montagnes (1881).

 Carrure. - Symétrie établie entre les divisions de la phrase musicale, de manière à partager celle-ci en fragments d'une durée égale. On applique spécialement l'épithète de carrées aux formes mélodiques dont les périodes procèdent par 4 et multiples de 4 : une phrase de 8 mesures partagées en deux membres égaux de chacun 4 mesures; une phrase de 16 mesures partagée en 4 fragments de 4 mesures. Les maîtres anciens, qui écrivaient principalement pour les voix et sans couper leur notation de barres de mesure, ne s'astreignaient à la carrure que dans les pièces destinées à accompagner la danse; c'est de là qu'elle s'est imposée à la musique instrumentale, et, pendant l'époque classique, à tous les genres de compositions.

Cartelles. - Tablettes qu'on fabriquait jadis à Rome et à Naples pour l'usage des compositeurs de musique. C'étaient de grandes feuilles de peau d'âne ou de toile, préparées et vernies, sur lesquelles on traçait des portées, servant au compositeur pou rnoter ses idées. On effaçait avec une éponge. (B.).

Casazione, nom donné autrefois en Italie à une composition musicale à 4 voix ou plus, qu'on exécutait le soir dans les rues. C'était une sorte de sérénade. (Cassation).

 Cassation. - Sorte de suite ou de symphonie, sans forme régulière; pour plusieurs instruments, composée d'un nombre variable de courts morceaux, dont le premier est toujours une marche, et dont les autres offrent alternativement des mouvements vifs et lents. Très répandue en Allemagne, et surtout en Autriche, pendant le milieu du XVIIIe s., la cassation s'exécutait en plein air, en guise de sérénade, ou pendant les repas de cour ou de noces.  Son nom, que l'on trouve quelquefois orthographié gassation, était  tiré de l'allemand Gasse = rue. Dittersdorf, Mozart, Haydn ont composé des cassations. Haydn, dans sa jeunesse, s'engagea souvent dans les petits orchestres ambulants qui jouaient ce répertoire dans les rues de Vienne.

Cassuto, instrument de musique du Congo. C'est une pièce de bois creux, longue d'un mètre environ, couverte d'une planche sur laquelle on a taillé de petites tranches par intervalles. On racle dessus avec un bâton.

Castagnettes, de l'espagnol castaña = châtaigne). - Pièces de bois ou d'ivoire rondes, concaves, comme les valves du fruit du châtaignier, unies par une cordelette que l'on s'attache aux doigts et qu'on fait résonner en les frappant l'une contre l'autre.

Castor (chant de), en grec kastoreion mélos, en latin canticum castoreum, se chantait dans les armées lacédémoniennes sur un air de marche militaire. II se composait d'une invocation à Castor et de l'éloge de ses exploits. Lorsque les Spartiates étaient en présence de l'ennemi, le roi, après le sacrifice, leur ordonnait de mettre des couronnes sur  leur tête, et aux musiciens de jouer sur la flûte l'air de Castor : lui-même entonnait le chant, et c'était le signal de la charge : les soldats s'avançaient en cadence, d'un pas grave, d'un air joyeux, et les rangs serrés (Plutarque, Vie de Lycurgue, § 22, et Dialogue sur la musique, § 20; Thucydide, liv. V; § 70). Dans la 2e Pythique, V. 125-130, Pindare fait allusion à un hymne castorien qu'il avait composé.

Castor et Pollux. - Opéra en cinq actes et un prologue, poème de Gentil-Bernard, musique de Rameau (1737); oeuvre puissante et dramatique, où se trouve l'air émouvant Tristes
apprêts, pâles flambeaux, et le gracieux menuet
Dans ces doux asiles.

Castrats, chanteurs eunuques qui ont et conservent toute leur vie la voix de soprano. La beauté de leur voix était telle, qu'en Italie on appelait un castrat musico, c.-à-d. le musicien, le chanteur par excellence. Communs surtout en Italie, la vogue des castrats date du XVIe siècle; cependant Théodore Balsamone, canoniste italien, dit qu'il y'en avait déjà au XIIe siècle, et même on lit dans Socrate (VI, 7) et dans Sozomène (VIII, 8) que l'empereur Auguste avait un eunuque, nommé Brisus, chargé d'instruire les chanteurs des hymnes.  On sait qu'un castrat grec, nommé Manuel, alla, en 1136, organiser une école de chant à Smolensk. Un oratorien, Girolamo Rosini, de Pérouse, qui entra à la chapelle pontificale en 1601, paraît avoir été le premier castrat italien de quelque notoriété; c'était l'Espagne qui avait jusque-là fourni la plupart des chanteurs de ce genre. Les voix de castrats produisaient un tel effet dans la musique sacrée, qu'on ne tarda pas à les employer dans les théâtres, où l'admission des femmes sur la scène était défendue alors. Parmi les plus fameux castrats figurent Balthazar Ferri, Caffarelli, Senesino, Pacchiarotti, Farinelli, Bernacchi, Pasi, Minelli, Conti dit Gizziello, Paul Niccolini, Crescentini et Veluti. (B.).

Catachrèse. - Les musiciens pythagoriciens appelaient catachrèse une suite de sixtes entre trois parties; et quelques théoriciens modernes désignent par le même mot l'acte de sauver une dissonance d'une façon dure et inusitée.

Catch, nom anglais d'une espèce de petits canons ou fugues, qu'on chante dans les sociétés comme divertissement.

Cavalquet. - L'une des anciennes sonneries de trompettes de la cavalerie française, qui se jouait, dit Mersenne (1636), « quand l'armée approche des villes par où l'on passe en allant aux sièges ou aux lieux de combat, afin d'avertir, les habitants et de les faire participants de l'allégresse et de l'espérance que l'on a de remporter la victoire ». Le thème du cavalquet est encore reconnaissable dans la sonnerie actuelle de la marche.

Cavatine. - Pièce de chant, à voix seule, sans seconde partie ni reprise et de caractère très mélodieux. (Dans l'ancien opéra italien, on assimilait volontiers la cavatine à l'arioso, et on l'enchaînait à un récitatif. Entre les célèbres cavatines, on peut citer celles des Noces de Figaro, de Mozart (1786), Se vuol ballar; du Barbier de Séville, de Rossini (1816), Una voce poco fa; de Faust, de Gounod (1859), Salut, demeure chaste et pure. Le même titre a été donné à des pièces de musique instrumentale, de mouvement lent et de dimensions restreintes. Beethoven a intitulé cavatine l'adagio molto espressivo de son Quatuor, op. 130 (1826), dont le plan comprend, sans développements, deux strophes, un épisode et une reprise de la première strophe.

Celestino, instrument de musique inventé, à la fin du XVIIIe siècle, par un certain Walker. C'était un piano dans lequel un cordonnet de soie courait au-dessous des cordes, mis en mouvement par une pédale au moyen d'une roue. Au-dessous du cordonnet il y avait pour chaque touche une roulette en cuivre, qui l'approchait des cordes et leur faisait produire des sons soutenus, ainsi que le crescendo et le decrescendo. (B.).

 Celeusma, chant ou cri auquel les rameurs, chez les anciens Grecs et Romains, frappaient l'eau en cadence. (B.).

Cent, en anglais, =  centième. - Division proposée par Ellis pour la mesure des intervalles. Cette division consiste dans le partage en 100 cents de chaque demi-ton de la gamme tempérée. Elle est géométrique et non acoustique, puisqu'elle ne tient pas compte du nombre des vibrations, mais de la distance conventionnelle établie entre deux sons, par, le système du tempérament. Chaque demi-ton valant 100 cents, l'octave, qui contient 12 demi-tons, renferme 1200 cents.

Cercle harmonique ou cycle des quintes. - Figure tracée pour rendre sensible l'enchaînement des tonalités dans le mode majeur, lequel a lieu selon la progression des quinte justes : Fa, Ut, Sol, Ré, La, Mi, Si. En continuant la progression, on rencontre une quinte diminuée de si à la, et il devient nécessaire de hausser le fa par un dièse, ou de baisser le si par un bémol. La figure se complète donc par un second et un troisième cercle où la progression se continue à l'aide des altérations constitutives.

Cervelas. - Ancien instrument à vent, à anche, de la famille du basson, dont le tuyau, replié sur lui-même, était enfermé dans un étui cylindrique en cuir, qui en cachait la disposition. Répandu en Allemagne au XVIIe s. le Cervelas y portait le nom de Rackett.

Chaconne, en italien ciacona, danse importée d'Italie en France au XVIe siècle. On la nomma ainsi, dit-on, parce qu'elle fut inventée par un aveugle (en italien cecone). Ménage prétend, au contraire, qu'elle nous vint des Espagnols. Le nom de chaconne s'appliquait aussi aux airs qui accompagnaient cette danse : ils étaient d'un rythme lent et bien marqué, à 2 ou à 3 temps; ce dernier mouvement prévalut, et fut adopté de préférence par Lulli et Rameau. Les dernières chaconnes se trouvent dans les oeuvres de Glück. La chaconne servait de finale aux opéras et aux ballets

Chaîne, réunion de danseurs qui se tiennent par la main. Quand on tourne en rond, ou fait la grande chaîne. La figure de la contredanse où les danseurs se donnent la main pour traverser et changer successivement de place, se nomme chaîne des dames, ou encore chaîne anglaise, parce qu'elle a été empruntée aux danses qu'on nomme colonnes en Angleterre. (B.).

Chalumeau, anc. chalemiau, chalemie, chalemelle. - Instrument à vent à anche battante, dérivé de l'aulos grec et de la tibia romaine, ancêtre de la clarinette, souvent mentionné par les poètes et les chroniqueurs du Moyen âge, dans leurs descriptions de musique guerrière ou champêtre. On le construisait en plusieurs dimensions. En Allemagne, où il fut long temps populaire, on l'appelait Schalmei ou Schalmey. - On a conservé le nom de chalumeau au registre grave de la clarinette, ainsi qu'à l'un des tuyaux de la cornemuse et de la musette. - Un chalumeau est aussi un jeu d'orgues à anches, ordinairement de 8 pieds, appelé aussi musette; de sonorité douce, il imite le timbre des instruments pastoraux.

Chamade. - Batterie ou sonnerie militaire, servant de signal à une troupe ou à une ville qui annoncaient l'intention de se rendre. - Une chamade est aussi une disposition des tuyaux d'un jeu d'orgues, qui sont posés horizontalement, leur extrémité étant en montre. Cette disposition est fréquente dans les orgues espagnoles. Elle se remarquait dans l'ancien buffet de Saint-Martin, à Marseille, qui avait un jeu de trompette harmonique en chamade, au-dessus de la tourelle centrale. L'orgue de Saint-Sulpice, à Paris, contient un jeu semblable, non visible, qui est disposé sur un sommier spécial.

Chambre. - Sous l'Ancien régime, partie de l'appartement royal réservée à l'usage particulier du souverain. Par extension, ceux des serviteurs du roi dont les fonctions s'accomplissent dans la Chambre. C'est sous le règne de François ler, que, le nombre des musiciens ordinaires du roi s'étant accru et leur service ayant été divisé, quelques-uns d'entre eux reçurent le titre de «-Chantres de la Chambre », qui les différenciait des « Chantres de la Chapelle». A partir du milieu du XVIIe s., trois bandes se trouvèrent organisées et affectées à des services différents, Chambre, Chapelle et Ecurie Les musiciens de la Chambre, chanteurs et instrumentistes, exécutaient le répertoire profane, dans les concerts des appartements privés, et, participaient aux cérémonies d'apparat, dans les fêtes et à la chapelle. On prit en tous pays l'habitude de désigner sous l'appellation générale de « musique de chambre-» les compositions destinées à un petit nombre d'exécutants et spécialement celles dans lesquelles chaque partie vocale ou instrumentale ne se redouble pas.

Changement. - Passage d'un état à un autre. Le changement de clef est la substitution d'une clef à une autre, dans le cours de la même partie notée. Ces changements étaient fréquents dans l'ancienne musique vocale, où l'on évitait des lignes supplémentaires. On publie des recueils de « Solfèges à changement de clefs » destinés à familiariser les élèves avec les difficultés de la lecture musicale. - Le changement de position d'un accord, qui résulte de sa production sous forme brisée ou arpégée et qui donne lieu à des échanges de notes entre les parties, n'en modifie pas toujours la composition. - Le changement de ton s'accomplit quand on attaque une phrase musicale dans un ton dif férent de ce qui précède, sans établir de liaison ou de transition entre les accords. Il s'opère, aisément lorsque les deux accords qui se succèdent ont une note commune, permettant l'équivoque ou amphitonie.

Chanson. - Pièce de vers, souvent frivole ou satirique, divisée en couplets se terminant en général par un refrain, que l'on chante. 
 

Chansonnette , diminutif de chanson. Ce titre fut autrefois donné à des chansons à plusieurs voix, de style gracieux relativement simple,  imitées des Canzonette italiennes. Celles de Jacques Mauduit (1586) étaient composées sur les poésies de J.-A. de. Baïf,  en « vers mesurés à l'antique ». On donnait autrefois ce nom donné à la chanson pastorale, selon le Dictionnaire de l'Académie, et à la chanson tendre, selon l'Encyclopédie du XVIIIe siècle. De nos jours, le titre de chansonnette est attaché aux petites pièces comiques, qui demandent à être «-dites-» plutôt que chantées.

Chansonnier, se dit tout à la fois d'un auteur et d'un recueil de chansons. Dans les premières années de la Restauration, en France, il y eut un chansonnier, en titre, de la ville de Paris; ce fut Désaugiers, le seul qui ait occupé cette place, créée pour lui.

Chant. - Suite de sons modulés, émis par la voix. Air mis sur des paroles. - Chant figuré : musique ordinaire, par opposition au plain-chant.

Chant du départ (le). - Célèbre hymne,  paroles de M.-J. Chénier (1794), musique de Méhul, qui fut composé, et exécuté pour la première fois le 14 juillet 1794, pour célébrer le cinquième anniversaire de la prise de la Bastille. Il fit partie de toutes les fêtes patriotiques.

Chant liturgique. - On nomme ainsi toutes  les formes de chant faisant partie intégrante de la liturgie, dans les différents cultes. S'oppose au terme musique religieuse, qui désigne des oeuvres surajoutées aux offices et qui leur servent seulement d'ornement. 

Chantre. - Anciennement synonyme  de chanteur. Aujourd'hui, chanteur attaché à une église, pour l'exécution du chant liturgique. En un sens plus spécial, c'est aussi un dignitaire ecclésiastique dans les chapitres des églises cathédrales ou collégiales, présidant aux fonctions du choeur, dont la direction musicale appartient au maître de chapelle, ou maître de musique. Comme signe de son autorité, le chantre portait le bâton cantoral. Les chapitres importants ont un préchantre (praecentor) et un sous-chantre (succentor). 

Chapeau chinois. - Instrument de percussion autophone, dit aussi pavillon chinois; composé d'une perche surmontée de croissants et de cercles métalliques auxquels sont suspendus des grelots et des clochettes, que l'on fait tinter en secouant l'appareil. Cet instrument fut introduit dans les orchestres militaires lorsque le goût de la « musique turque » commença d'y régner, vers le second quart du XVIIIe s. Presque complètement abandonné en France dès 1840, il s'est  maintenu plus longtemps dans les bandes régimentaires allemandes.

Chapelle-musique

Chaperon rouge (Le Petit). - Opéra-comique en trois actes, paroles de Théaulon, musique de Boieldieu, représenté à l'Opéra-Comique le 30 juin 1818. Le livret est tiré du conte de Perrault (Le Petit chaperon rouge); mais l'auteur a transformé les personnages-: le petit Chaperon rouge devient Rose d'amour, le loup prend les traits du baron Rodolphe, et le comte Roger est l'heureux amant qui empêche la pauvrette d'être croquée par le loup. La partition abonde en mélodies fraîches et pleines de naturel. 

Chaperons blancs (Les). - Opéra-comique en trois actes, paroles de Scribe, musique d'Auber, représenté à l'Opéra-Comique, le 9 avril 1836. C'est l'un des ouvrages les moins fortunés de cette collaboration, si souvent heureuse. Le livret était peu propice à l'inspiration d'un musicien.

Charivari. - Concert grotesque produit par le mélange de bruits discordants, et donné en guise de sérénade à des personnes ayant excité la moquerie ou le mécontentement. Le Roman de Fauvel (XVIe s.) contient la description d'un charivari donné à l'occasion de noces ridicules par des individus habillés de sacs, et qui frappaient sur des ustensiles de ménage ou des toupains à bestiaux. En 1648, Louis XIV, voulait offrir à la reine et aux dames le divertissement d'une musique comique, ordonna à Dumanoir de composer quelques jolis airs en y mêlant des instruments bizarres. Le musicien prépara trois airs intitulés Les charivaris, qu'il fit jouer sur des violons, vielles, flûtes douces, castagnettes, flageolets, un petit rossignol de terre plein d'eau et une salière de bois battue avec des baguettes de tambour, « ce qui donna un grand plaisir à tous ceux qui étaient là ». La coutume des charivaris, réprimée par les règlements de police, reparaît de loin en loin dans les campagnes. Le même nom sert à qualifier une musique informe ou mal exécutée.

Chasse, terme de musique; air ou fanfare dont la mesure, le rythme, le mouvement, rappellent les airs que les trompes sonnent à la chasse. L'ouverture du Jeune Henri, de Méhul, est une véritable chasse. Il y a des airs de chasse dans la Didon de Sacchini, les Bardes de Lesueur, les Saisons de Haydn, le Freyschütz de Weber, le Guillaume Tell de Rossini, etc. Le choeur des gardes-chasse, dans le Songe d'une nuit d'été d'Ambroise Thomas, est encore un modèle de ce genre de musique. (B.). 

Chassé, pas de danse qui s'exécute en allant de côté, soit à droite, soit à gauche. Il devient chassé croisé quand il s'exécute également de face. (B.).

Chef. - Celui qui commande un groupe d'exécutants. - Chef de choeur, musicien chargé de seconder le chef d'orchestre en préparant les études des choeurs et en coopérant à leurs exécutions, dans un théâtre ou un concert. - Chef de musique, officier ou sous-officier dirigeant un corps de musique militaire; musicien civil, dirigeant une fanfare ou une « musique d'harmonie-». - Chef d'orchestre, musicien qui dirige les instrumentistes, dans un concert symphonique, ou la réunion des chanteurs et des instrumentistes dans un théâtre ou dans un concert vocal et instrumental. Le titre qu'il portait autrefois à l'Opéra était celui de « batteur de mesure », sa fonction primordiale étant de marquer par ses gestes les temps de la mesure. Jusque vers la fin du XVIIIe s., la plupart des chefs étaient en même temps exécutants et conduisaient en jouant du violon, ou en tenant au clavecin la partie de basse continue et en se levant aux moments opportuns pour gesticuler. Ceux qui se dispensaient de tenir eux-mêmes une partie frappaient le sol, ou leur pupitre, d'un, bâton, ou brandissaient, pour rendre leurs signaux plus apparents, un grand rouleau de papier blanc. Les progrès de l'art symphonique et du rôle de l'orchestre dans l'opéra, en modifiant peu à peu le rôle du chef, le firent enfin placer en dehors de la masse des exécutants, et on le vit, du violon, ne garder en main que l'archet, ou se servir d'une légère et courte baguette d'ébène ou d'ivoire, le « bâton de mesure ». Le savoir du chef, son goût, son intelligence sont de la plus haute importance dans tous les genres d'exécution. Il doit posséder une oreille sûre et délicate, avoir pénétré le sens et tous les détails de l'oeuvre qu'il est appelé à diriger, connaître la technique de chacun des instruments réunis sous son commandement, imposer son autorité par l'ascendant même de son talent. Aussi son art est-il considéré comme une des formes les plus hautes de l'exercice de la profession musicale.

Chélys (du grec khélus, tortue), genre de lyre des anciens Grecs. Sa base concave ressemblait à la carapace d'une tortue. (B.).

Chérubique (hymne). Hymne qu'on chante dans l'Église grecque pendant qu'on transporte le pain et le vin de la prothèse au grand autel. Elle est ainsi appelée de ce qu'on y parle des Chérubins qui célèbrent l'immolation de Jésus. (B.).

Chevalet. - Pièce de bois mince dressée sur la table d'harmonie d'un instrument à cordes pour maintenir les cordes à une hauteur convenable et communiquer leurs vibrations à la table. La forme, les dimensions et l'emplacement du chevalet ont une influence considérable sur la sonorité de l'instrument et sur la facilité du jeu. La forme communément adoptée pour le chevalet du violon est celle qu'a fixée Stradivarius. On obtient des effets d'un charme particulier lorsque l'archet attaque la corde contre le chevalet. Ce procédé se prescrit par les mots « sur le chevalet », en italien : sul ponticello. Beethoven l'a employé dans le choeur final de la 9e Symphonie, sur les paroles Ueber Sterne. - Dans le piano et ses congénères, le grand chevalet et le petit chevalet sont de longues pièces de bois qui soutiennent  les cordes à peu de distance de leurs deux extrémités. - Dans l'orgue, le chevalet est une pièce de bois soutenant les bascules de la soufflerie. - Dans les timbales, on nomme chevalet les rebords du bassin métallique sur lequel est tendue la peau.

Cheviller. - Extrémité du manche d'un instrument à cordes, qui reçoit les chevilles. La forme du cheviller varie selon le type de l'instrument. Les représentations figurées d'instruments du Moyen âge et de la Renaissance en présentent des modèles nombreux et quelquefois élégamment ornés. La position d'un cheviller renversé presque à angle droit est une des caractéristiques du luth. Les instruments munis de cordes supplémentaires sonnant à vide, archiluth, théorbe, ont un double cheviller. Ceux qui sont munis de cordes sympathiques, viole d'amour, baryton, ont un cheviller allongé et creusé pour recevoir, sous les cordes véritables, celles qui vibrent sans être touchées par les doigts ni l'archet. Le cheviller des beaux instruments à archet se termine par une volute souvent ornée d'une tête sculpté.

Chibalet (danse du), c.-à-d. danse du chevalet. - Danse languedocienne, dans laquelle, au milieu de 24 danseurs dont les jambes sont garnies de grelots, un jeune homme, qui paraît monté sur un cheval de carton, exécute des passes de manège, cherchant à éviter un autre danseur qui feint de lui présenter de l'avoine dans un tambour de basque. On fait remonter l'origine de cette danse au XIIIe siècle, où elle aurait été instituée à l'occasion de la réconciliation du roi Pierre d'Aragon avec sa femme Marie de Montpellier. (B.).

 Chiffrage. - Opération par laquelle on exprime en chiffres, au-dessus des notes de la basse, les accords qu'elles doivent porter. La traduction du chiffrage en notes, soit par écrit, soit dans l'exécution, est appelée réalisation. La doctrine de la basse chiffrée et de sa réalisation, qui fait partie des études d'harmonie élémentaire, a varié sensiblement d'une époque et d'une école à l'autre. Les Italiens ne l'entendaient pas de la même manière que les Français, et, même chez eux, la méthode napolitaine différait en quelques détails de la méthode romaine. Rameau entreprit d'en simplifier les termes en, se basant sur la réduction du nombre des accords à deux types principaux, comportant plusieurs faces ou renversements, et sur la position des doigts au clavier. D'une manière générale, on admet aujourd'hui que chaque chiffre représente l'intervalle déterminant qui donne son nom à l'accord. Si ce chiffre est isolé, il exprime l'accord complet à son état fondamental. Ainsi le chiffre 5 au-dessus d'une note représente l'accord parfait, tonique notée, tierce sous-entendue, et quinte. Mais l'interprète garde la faculté  d'user des diverses positions de l'accord. Un signe d'altération placé devant un chiffre affecte la note que ce chiffre remplace; tracé seul au-dessus de la basse, ce signe s'applique toujours à l'intervalle de tierce. Un trait oblique traversant un chiffre prescrit la diminution de l'intervalle représenté par ce chiffre. Un zéro désigne les notes de la basse qui ne doivent pas porter d'accord. Un zéro associé à d'autres chiffres commande l'omission de l'intervalle dont il occupe la place. Lorsque la même note de basse porte deux chiffres successifs, c'est que sa durée se partage entre deux accords. On associe aux chiffres quelques signes qui en complètent la signification. Rameau a employé le premier une petite croix + pour indiquer la note sensible. La barre de continuité ou de prolongation, qui est un trait horizontal tiré à la suite d'un chiffre, signifie que l'accord doit être soutenu aussi longtemps que cette barre a d'étendue. (Michel Brenet).

Chiffre. - Caractère qui représente les nombres. La notation musicale fait usage des chiffres arabes pour indiquer le calcul des durées, dans la mesure; le choix des doigts à employer, dans le jeu des instruments; les accords à placer au-dessus de la note fondamentale, dans la basse chiffrée. Les anciennes tabulalures  étaient des systèmes de notation instrumentale qui faisaient usage soit de chiffres, soit de lettres, pour représenter, au lieu du son à produire, la manière de l'obtenir sur le manche ou le clavier de l'instruisent. Plusieurs méthodes de notation proposées depuis Davantès (XVIe s.) reposent sur la substitution des chiffres aux figures de notes. Les sept premiers chiffres romains désignent, dans la théorie de l'harmonie, les 7 degrés de la gamme diatonique et, dans la technique instrumentale, les 7 positions du jeu du violon.

Choeur. - Composition musicale destinée à être chantée par plusieurs personnes. Les choeurs sont généralement écrits à trois, quatre, six ou huit parties, dont chacune est chantée par plusieurs voix. La construction la plus fréquente est celle qui utilise les quatre parties de soprano, contralto, ténor et basse.

Choral (chant). - Chant généralement religieux dans son caractère et que l'on exécute en choeur.

Choré. - C'est à l'aide de ce mot que les Grecs exprimaient et caractérisaient la réunion du rythme dansant et du rythme musical, ou, pour être plus précis an point de vue moderne, l'art de la danse accompagnée de musique. Il n'y a pas en français de terme d'une semblable valeur, et il manque une expression qui, en un seul mot, représente à notre esprit l'idée de la danse accompagnée musicalement.

Chorégraphie. - Au théâtre, art de la danse, de la composition des ballets. - Art de décrire les différents pas de danse au moyen de signes.

Chorion, nome de la musique grecque, inventé, dit-on, par le Phrygien Olympe, et qui se chantait en l'honneur de Cybèle.

Choriste, homme ou femme qui ne figure que dans les choeurs ou le ballet (Figurant). En Italie, on nomme choriste (corista) le diapason. Autrefois, ce choriste était un sifflet qui, au moyen d'une espèce de piston gradué, par lequel on raccourcissait ou allongeait le tuyau, à volonté, donnait toujours à peu près le même son sous la même division. 

Chorus, instrument de musique inventé par le Grec Philamne, au IIe siècle av. J.-C. II se composait d'une peau et de deux tuyaux en métal, dont l'un était l'embouchure et l'autre le pavillon. Il prit, selon les temps, différentes formes : tantôt les tuyaux furent disposés en forme de croix, au milieu, de laquelle la peau s'élargissait en cercle et servait e réservoir à air; tantôt le chorus fut une longue flûte à tuyau simple, percé de trous, terminé par un pavillon que précédait une boite sonore en métal, en bois ou en peau. Ou bien, il fut une sorte de tambour assujetti sur l'épaule de l'exécutant, et que celui-ci pouvait faire sonner à coups de tête, tout en souillant dans deux tubes percés de trous et communiquant avec le ventre du tambour. Le chorus a pu être regardé par certains auteurs comme une espèce de cornemuse ou de musette. Son nom indique la prétention qu'on avait eue de renfermer plusieurs instruments en un seul. - Dans un autre sens, faire chorus, c'est répéter en choeur, ce qui vient d'être chanté à voix seule.

Chroma ou Croma, du grec chroma = couleur. - Nom de la figure de note appelée noire, qui répond, comparativement aux notes vides (ronde, blanche), l'idée de couleur, note colorée. Le surnom de cromatico que portent certaines oeuvres des madrigalistes du XVIe s. s'entend, dans le double sens de morceaux contenant des passages chromatiques et des notes noires, ou valeurs légères.

Chromamètre, instrument inventé en 1827 par Roller, pour faciliter l'accord du piano. C'est un petit corps sonore, avec un long manche divisé par demi-tons et monté d'une corde; sur cette corde on fait glisser un sillet mobile, qui varie les intonations selon les divisions du manche. Une touche de clavier fait mouvoir un marteau qui frappe la corde et la fait résonner.

Chromatique. - Qualificatif de l'un des trois genres entre lesquels les théoriciens anciens et classiques divisent le système musical. Les acousticiens distinguent le demi-ton diatonique du demi-ton chromatique, distants l'un de l'autre d'un comma. La division de l'octave en douze demi-tons, par le tempérament égal, ne laisse pas apprécier cette différence par l'oreille; mais elle est rendue sensible à l'oeil par la notation et peut s'exprimer dans le chant solo et dans le jeu d'un instrument à cordes. Du point de vue de l'orthographe musicale, la distinction est essentielle. Un intervalle chromatique est celui qui ne peut être formé qu'à l'aide d'un signe d'altération accidentel, étranger à la tonalité du morceau. 

Chromatisme. - Emploi du genre chromatique dans la composition. 

Chrome, en italien croma, nom que les Italiens donnent à la croche, parce qu'on figure cette note de musique par une blanche colorée (du grec chroma, couleur). - On s'est également servi du mot chrome pour désigner le dièse. - Dans la rhétorique grecque, chrome signifiait toute raison spécieuse employée par un orateur.

Chrout, Crout ou Crwth. - Instrument archaïque d'origine bretonne, à cordes et, plus tard, à archet, mentionné par Venance Fortunat (VIe s.) et dont la plus ancienne représentation figurée est contenue dans un manuscrit du IXe s. de la Bibliothèque nationale. Il affectait la forme générale d'une lyre dont les trois cordes reposaient sur un manche. Le chevalet plat ne permettait pas à l'archet d'attaquer les cordes séparément, en sorte que le jeu consistait en accords semblables à ceux de la diaphonie. Le chrout, après qu'il eut disparu en France, se maintint, comme instrument populaire, en s'augmentant de trois nouvelles cordes, en Angleterre, dans le Pays de Galles, et dans les pays scandinaves, qui lui donnent improprement le nom de harpe. Son archet est recourbé en forme d'arc.

Chula, danse portugaise qui ressemble au fandango. A défaut de castagnettes on bat la mesure avec les doigts.

Chute. - Agrément, analogue à l'acciacatura, introduit dans la musique de clavecin par d'Anglebert (1689) et consistant en l'addition d'une note de passage dans un accord arpégé. On le notait par une parenthèse ou par deux virgules renversées. La double chute était une sorte de pincé précédant la note principale.

Cistre. -  Instrument à cordes pincées et à manche, connu depuis le Moyen âge et qui fut en vogue aux XVIIe XVIIIe s. Il se distinguait du luth, de la guitare, de la mandoline et de leurs dérivés par la forme de sa caisse, qui était à dos plat avec des éclisses dont la hauteur allait en décroissant de la naissance du manche à l'extrémité du cordier. - Le cistre français était ordinairement monté de 9 cordes doubles, le cistre italien, de 6 à 10 cordes doubles, que l'on griffait à l'aide d'un bec de plume. Leur accord variait selon l'époque et le lieu. On a construit au XVIIIe s. quelques cistres théorbés ou archicistres avec un double cheviller.

Cithare, du grec kithara. - Instrument de musique à cordes pincées ou frappées tout différents du type primitif, notamment à une sorte de psaltérion. Les langues modernes ont continué cette confusion en s'appropriant le même mot pour désigner le cistre et la zither. Les Anciens en attribuaient l'invention à Apollon. La forme n'en est pas exactement connue. Les auteurs du Dictionnaire de Trévoux pensent qu'elle ressemblait au delta grec (majuscule); d'autres, qu'elle avait la forme d'un croissant. Tandis que plusieurs ne voient en elle que la lyre, l'Encyclopédie la distingue de la grande lyre ou barbitos, non seulement par ses dimensions plus petites, mais encore parce qu'on la touchait avec le plectrum, et parce qu'elle n'avait pas de magas, cavité quadrangulaire où l'extrémité des cordes était fixée et qui servait à fortifier le son. Burette, au contraire, croit que la cithare avait un magas, et cependant qu'elle était différente de la lyre. Montfaucon pense que c'était une sorte de guitare ou de mandoline, et appuie son opinion sur l'étymologie (kithara). En effet, l'opinion la plus vraisemblable est que la cithare fut un perfectionnement de la chelys ou testudo. Elle consistait en un ovale, qui, diminuant un peu par une de ses extrémités, s'y terminait en en manche droit; ce manche était surmonté d'un chevillier recourbé eu dedans et légèrement incliné sur un côté; et portant à droite et à gauche les chevilles destinées à tendre les cordes. Un instrument de ce genre est figuré sur un bas relief de l'hôpital Saint-Jean-de-Latran. Suivant Fétis, la cithare était une lyre à base plate et carrée. Il parait qu'elle n'eut primitivement que 3 cordes; puis le nombre en fut successivement augmenté. (B.).

Citharède, nom que les Anciens donnaient au musicien qui joignait le chant aux sons de la cithare, tandis que le cithariste était un simple instrumentiste.

Citharistique, genre de musique et de poésie, approprié à l'accompagnement de la cithare. Ce genre prit, ensuite, le nom de lyrique.

 Citharoïde, chant qu'on accompagnait de la cithare, ou air propre à cet instrument.

Citole. - Instrument à cordes pincées, en usage au XIIIe s. et sur lequel on manque de données précises. Le Livre de la taille de Paris en 1292 mentionne quatre citoléeurs ou joueurs de citole.

Clairon. - Instrument à vent en cuivre, naturel, adopté en France à partir de 1825 pour les signaux de l'infanterie. Son tube conique est d'un diamètre relativement considérable et d'une longueur théorique de 1,475 m pour le ton de si bémol, ou de 1,314 m pour le ton d'ut, rarement employé. Le clairon en si bémol se note en ut et sonne une seconde majeure au-dessous de la notation. La note fondamentale, si bémol, et les sons 7 et 8, difficiles à obtenir, ne sont pas employés.  Le timbre du clairon est très sonore, martial, un peu rude. Il convient admirablement à son rôle militaire et presque toutes les armées modernes en font usage. Les mentions du clairon et du claronceau qu'on relève chez les écrivains du Moyen âge se rapportent à une forme primitive aujourd'hui mal connue. Le bugle et le saxhorn sont des perfectionnements, ou des transformations du clairon, opérées en vue d'un usage musical plus étendu. On désigne habituellement par le nom de l'instrument le soldat qui en joue. - On nomme parfois clairon le registre aigu de la clarinette. - Le clairon est aussi un jeu d'orgues (anches) sonnant à l'octave au-dessus de la trompette. C'est un jeu de forme conique, de 1,30 m (4 pieds), en étain fin. Il sonne une octave plus haut que la trompette, avec laquelle il a une très grande ressemblance. Comme il n'a pas toute l'étendue du clavier, on répète les octaves graves : cette répétition s'appelle reprise, et, par ce moyen, les derniers tuyaux sont à l'unisson de ceux de la trompette, auxquels ils donnent la force qui leur manque. Ce jeu ne s'emploie jamais seul. Le clairon a sa place dans le grand orgue et dans le positif; quand on l'emploie à la pédale, il prend le nom de pédale de clairon. (F. C.).

Clairval (Les), expression de théâtre par laquelle on a désigné, vers la fin du XVIIIe siècle, les premiers rôles de l'Opéra-Comique, les jeunes premiers chantants, dont l'acteur Clairval était le modèle.

Clameur. - Ensemble de cris indistincts poussés par une foule. Berlioz, dans sa Marche funèbre pour la dernière scène de Hamlet (1848), a obtenu un effet saisissant, en jetant la clameur désolée d'un choeur sans paroles au milieu du développement symphonique.

Claquebois. - Instrument de percussion, appelé au Moyen âgeéchelettes, plus tard orgue de paille, harmonica de bois, et, de nos jours, xylophone. Il est composé de lames ou de cylindres de bois, disposés par ordre de dimensions décroissantes sur des isolateurs faits de paille tressée. Le nombre des lames est égal à celui des sons que l'on veut obtenir. On les frappe avec une paire de petits maillets. de bois. Le son en est clair, sec et court. Vers 1830, Gusikow, qui avait porté son étendue à deux octaves et demie chromatiques et disposé les lames dans un ordre particulier, pour la commodité du jeu, atteignit sur cet instrument une habileté d'exécution qui passa pour prodigieuse.  Vers 1869, Ch. de Try essaya d'en renouveler le succès, en présentant le Claquebois comme de son invention, sous le nom de tryphone. Saint-Saëns, en vue d'un effet réaliste, l'a introduit dans l'orchestre de sa Danse macabre (1874). On l'entend quelquefois, comme instrument solo. dans les cirques et les music-halls.

Claquement. - Bruit sec, produit par le choc de deux corps, par la détente d'une mèche de fouet, ou par la détonation d'une arme de faible calibre. C'est par le claquement des mains que s'expriment les applaudissements des assistants, dans un théâtre ou un concert. Renouvelé en mesure, le même bruit sert à marquer le rythme de certaines danses populaires, principalement en Espagne.

Claquette. - Planchette garnie de grelots, que l'on agite dans les coulisses d'un théâtre pour simuler l'approche d'un attelage. - C'est aussi un assemblage de deux planchettes réunies par une charnière, en forme de livre, dont on claque les deux plats pour donner des signaux à courtes distances.

Clarinette. - Instrument à vent, à bec, àanche et à clefs.  La clarinette est construite
en bois, en buis, en ébène ou en grenadille. Son étendue est de trois octaves plus une quinte, et le caractère de sa sonorité se modifie selon ses registres qui, du grave à l'aigu, sont dits : chalumeau, médium, clairon, registre suraigu. Le chalumeau est le registre grave, plein, doux; tandis qu'on donne le nom de clairon au registre aigu, à cause de son éclat métallique et criard. Imaginée en 1690 par le facteur J.-Ch. Denner, de Nuremberg, elle fut introduite dans les orchestres au XVIIIe siècle, et perfectionnée par le flûtiste Boehm. Les clarinettes en usage sont, la clarinette en si bémol ou clarinette ordinaire; la clarinette en mi bémol ou petite clarinette; la clarinette basse en si bémol aux proportions beaucoup plus considérables que les deux précédentes et qui donne une octave plus bas que la clarinette ordinaire.

Clarino. - Nom ancien d'une trompette aiguë, mal connue de nos jours et dont les parties notées dans quelques ouvrages du XVIIIe s. ont pu être confondues avec des parties de clarinette. E. de Bricqueville a proposé de reconnaître le clarino dans un instrument en cuivre, à tube droit d'environ 0,60 m de longueur, avec embouchure et pavillon de trompette, mais percé de 7 trous, comme la flûte à bec et le hautbois, que Rubens a figuré dans son tableau La Régence de Marie de Médicis.

Claronceau, instrument de musique du Moyen âge. C'était une espèce de flûte ou de sifflet champêtre.

Classique. - Auteur ou ouvrage reconnu digne d'être étudié comme un modèle en un genre quelconque et d'être rangé parmi les bases de l'enseignement. - On qualifie aussi de classique  un auteur ou un ouvrage appartenant à la période historique qui embrasse partie du XVIIIe et partie du XIXe s. et pendant laquelle ont prédominé des principes de régularité et de symétrie dans les formes, et de modération dans l'emploi du matériel littéraire ou artistique. Cette période s'ouvre, en musique, avec Emmanuel Bach, et se ferme avec Beethoven.

Clavecin, du latin clavis = clavier, et cymbalum = cymbale. -  Instrument de musique à clavier et à cordes. Le clavecin, instrument à
clavier, est l'un des précurseurs du piano; il remonte au XVe siècle. Il avait à peu pràs la forme du piano à queue, mais ses cordes, au lieu d'être frappées par un marteau, étaient mises en vibration au moyen d'une tige attachée verticalement au bout de chaque touche et
octant, à son extrémité supérieure, une languette
bascule que terminait une pointe de plume de
corbeau. Avec un tel mécanisme, on ne pouvait obtenir qu'une sonorité sèche, sans modification possible. Le clavecin eut de trois à six octaves. Chaque note n'eut d'abord que deux cordes, jusqu'au jour où H. Ruckers en ajouta une troisième.

Clavicitherium ou Harpe à clavecin, ancien instrument de musique à cordes et à clavier, antérieur au clavecin. Les cordes étaient en boyau, et mises en vibration au moyen de morceaux de buffle poussés par les touches da clavier.

Clavicorde. - Clavecin du XVIe siècle.

Clavicylindre, instrument de musique inventé en 1793 par le physicien Chladni, qui le fit entendre à l'Institut de France en 1808. II avait à peu près la forme d'un piano, et l'étendue de son clavier était de 4 octaves et demie. Dans l'intérieur de la caisse, il y avait un cylindre en verre, dont on mouillait la surface avant de le faire tourner au moyen d'une manivelle à pédales; en abaissant les touches du clavier, on faisait frotter contre le cylindre des tiges de fer qui produisaient le son. Le clavicylindre avait de l'analogie, quant à la qualité et au timbre du son, avec l'harmonica. Les sons aigus rappelaient le hautbois, et les sons graves le basson. Il pouvait donner des sons filés, qu'on nuançait à volonté en pressant plus ou moins la touche.

Clavier. - Rangée des touches d'un piano, d'un jeu d'orgues, etc

Clavi-lame, instrument de musique, formé de lames d'acier analogues à celles qui composent les musiques de Genève, et qu'on touche au moyen d'un clavier. Le son en est doux et agréable, mais moins brillant que celui du piano. Le clavi-lame a été inventé par Papelard en 1848.

Clavi-lyre, instrument de musique inventé à Londres par Batteman, vers 1820. C'est une harpe à touches, dont les cordes sont disposées perpendiculairement au clavier, et pincées à l'aide d'un mécanisme ingénieux. - Un instrument du même genre, appelé Claviharpe, avait été déjà inventé à Paris par Dietz, en 1812.

Clef. - Signe qui se place au commencement de la portée pour faire connaître, par relation, le nom des notes et la place qu'elles occupent. dans l'échelle musicale : il y a trois sortes de clefs la clef de sol, la clef de fa, et la clef d'ut.

Climax (du grec klimax, degré), terme autrefois employé en musique pour désigner, soit un trait on deux parties montent ou descendent diatoniquement à la tierce, soit un trait de chant répété plusieurs fois de suite, et toujours un ton plus haut.

Cliquette. - Planchette supportant une poignée mobile en métal, qui la frappe en se rabattant à droite et à gauche dès qu'on lui imprime une saccade. Le bruit de ces chocs répétés servait autrefois d'annonce aux marchands d'oublies. - On donne aussi le nom de cliquettes à des bâtonnets réunis par une charnière de cuir ou de métal, produisant par les mêmes moyens un bruit analogue, qu'il était ordonné aux lépreux de faire entendre pour prévenir de leur approche. On a souvent confondu les noms des cliquettes et des claquettes.

Cloche. - Instrument d'airain creux, évasé, que l'on suspend et dont on tire les sons au moyen d'un battant placé au milieu.

Cloches de Corneville (les). - Opérette en trois actes, livret amusant de Clairville et Ch. Gabet, musique aimable et gaie de R. Planquette (1877). De retour, après une longue absence, le seigneur de Corneville déjoue les machinations du fermier Gaspard, qui aurait voulu s'approprier ses domaines. Les airs de la partilion (Va petit mousse; Je regardais en l'air; Voyez par-ci, voyez par-là, etc.), sont devenus populaires.

Clochette, diminutif de cloche. - Petite cloche portative, servant jadis aux signaux dans l'usage domestique. C'est par le branle de plusieurs rangées de cloche que le chapeau chinois produisait le bruit estimé autrefois.  Les orgues de Fribourg et quelques anciennes orgues de divers pays étaient décorées d'une roue déchiquetée en forme de soleil à rayons nombreux, auxquels étaient accrochées force clochettes par un mécanisme spécial, l'organiste la mettait en rotation et en ajoutait le vacarme à ses accords. On fabrique actuellement, pour le service de la messe catholique, des cloches triples ou quadruples, dites à la romaine, qui sont accordées de façon à produire des intervalles déterminés. - Jeu de clochettes, en allemand glockenspiel, instrumentà clavier en forme de piano, dans lequel les cordes sont remplacées par des clochettes ou timbres, semblables à des timbres de pendules. Mozart l'a employé dans son opéra de la Flûte enchantée. Un jeu de clochettes ou carillon a figuré jadis dans certaines orgues.

Coda, en italien = queue. - Partie terminale d'un morceau. Brossard (1703) n'applique encore ce nom qu'aux deux ou trois mesures ajoutées à la fin des canons perpétuels, ou circulaires, afin d'en arrêter le cours. Dans la fugue, on appelle coda les notes ajoutées à la fin du sujet pour amener l'entrée du contre-sujet. A l'époque classique, une coda développée, fondée sur une reprise partielle du thème principal ou sur des dessins indépendants, termine presque obligatoirement toute composition sérieuse. Les sonates de Beethoven en offrent des exemples de tous les genres.

Colachon, traduction de l'italien colascione. - Petit instrument à cordes pincées, à manche, d'origine orientale, qui fut joué aux XVIIe et XVIIIe s. par quelques virtuoses, sans pouvoir rivaliser avec le luth, dont il imitait le corps bombé. Il n'était monté que de 2 ou 3 cordes, passant sur un long manche garni de sillets. On les pinçait avec les doigts ou avec un plectre.

Colisson, instrument de musique inventé en Pologne par Maslosky, et qui ressemble à un clavecin vertical, armé de cordes de boyau. Au lieu d'un clavier, il y a, entre les cordes, de petits bâtons en bois de prunier, qu'on touche avec la main couverte d'un gant enduit de colophane. Le mouvement de vibration des bâtons se communique aux cordes, qui rendent un son semblable à celui de l'harmonica.

Colonne. - Partie de la harpe, en forme de montant rigide et creux, placé au-devant de l'instrument et réunissant le bas du corps sonore avec la console où sont passées les chevilles. Dans la harpe à pédales, la cavité de la colonne sert à abriter les tiges qui font communiquer les pédales avec le mécanisme de tension des cordes.

Colonnes anglaises, nom d'une ancienne espèce de danse. Au lieu d'être formés en quadrilles comme dans la contredanse française, les hommes formaient une ligne en face des femmes rangées de la même façon. Les danseuses étaient désignées à chaque cavalier par le maître de la maison.

Colophane. - Matière résineuse, sèche et transparente, tirée du résidu de la térébenthine, que l'on fond et que l'on fait durcir en tablettes, dont on frotte les crins de l'archet pour les rendre glissants.

Color, en latin = couleur. - Les anciens contrepointistes employaient ce mot au sens propre, pour désigner la note noire, ou colorée, par opposition à la note blanche, ou, évidée, la première étant de valeur binaire, et la seconde, de valeur ternaire, et dans le sens figuré, pour désigner l'ensemble des procédés encore rudimentaires de la répétition, de l'imitation, de la  « florification » ou variation, qui venaient orner ou  «colorer » la composition.

Comma. - Très petit intervalle, qui ne se note pas dans la pratique musicale, mais qui se fait sentir à une oreille délicate dans le jeu des instruments à intonation variable et spécialement dans le jeu du violon. Il s'exprime par le rapport 80/81. Pour un violoniste qui veut différencier, sur la corde la, en première position, le si, quinte juste de mi, du si, sixte majeure de , éloignés l'un de l'autre de 1 comma dans la gamme de Zarlino, la position de l'index sur la corde variera de 1/3 de centimètre ou 0,0356 m. La division du ton en 9 commas est enseignée par certains acousticiens et critiquée par d'autres, qui s'appuient sur la division normale du comma en 5 savarts et trouvent 10 commas au lieu de 9 dans le ton pythagoricien de 51 savarts. 

Commisura, mot latin employé dans la musique ancienne, et qui signifiait une union harmonique de sons dans laquelle, entre deux consonances, on trouvait une dissonance. Si c'était sur le temps fort, on disait commissura directa sur le temps faible, commissura cadens.

Commune, nom donné, dans l'ancienne musique, à toute note marquée d'un point d'orgue. (B.).

Comos, air de table des anciens Grecs, exécuté par la flûte. Le comos était propre au 1er service, le dicomos au 2e, le tricomos et le tetracomos aux autres services. L'hedycomos servait à exprimer l'agrément du repas, comme le gingras les applaudissements des convives, et le callinique les triomphes des buveurs.  - On appelait aussi comos le banquet des fêtes de Dionysos. (B.).

Compensateur, petit mécanisme inventé par Sax et qui s'applique aux instruments de cuivre de son système. Mû par le pouce de la main gauche, il sert tout à la fois à modifier le son par la longueur du tube pour obtenir une justesse parfaite, à faire sentir la différence du dièse au bémol, à appuyer sur une note sensible, à modifier un doigté. Si on le fait mouvoir pendant l'émission du son, on obtient encore le glissé ou partamento, comme on pourrait le faire avec la voix, les instruments à cordes ou le trombone à coulisses. (B.).

Complainte. - Chanson à nombreux couplets sur un sujet tragique ou sur une légende pieuse. La plus ancienne complainte notée qui ait été conservée a trait à la mort de Charlemagne. Le texte d'un grand nombre de complaintes populaires anciennes commence, ainsi que celui des Passions, par une annonce ou une invitation à écouter. Une des plus fameuses est celle de Jean Renaud, dont on connaît de nombreuses variantes et dans laquelle on distingue des vestiges de mélodies religieuses du Moyen âge. La complainte du Juif errant ne paraît pas remonter plus haut que le XVIIe s. La complainte de Fualdès, qui passe pour un type du genre, se chante sur un timbre du XVIIIe s., appelé Air du maréchal de Saxe.

Complément. - En musique, on appelle complément d'un intervalle la quantité qui lui manque pour arriver à l'octave. Ainsi, la seconde et la septième, la tierce et la sixte, la quarte et la quinte sont compléments l'une de l'autre. (B.).

Complexio, mot latin dont on se servait dans l'ancienne musique pour indiquer qu'à la fin d'une période on devait en répéter le commencement. (B.).

Complies, du latin completorium. - Dernière partie de l'office, dans la liturgie catholique, chantée après vêpres et formant la prière du soir. Les parties chantées, tant en musique qu'en chant grégorien, comprennent les psaumes IV, XC et CXXXIII, l'antienne' Miserere, l'hymne Te lacis ante terminum, le répons In manus, le Cantique de Siméon et une Antienne à la Vierge.

Componium, orgue a cylindre inventé en 1525 par Vinkel, mécanicien hollandais, et dont le mécanisme est resté secret. L'auteur prétendait qu'il suffisait de pointer sur le cylindre un thème quelconque, avec une bonne harmonie, pour que, par le jeu de certains rouages, le motif fût travaillé et se produisit avec toutes sortes de variations : de là le nom de l'instrument, qui signifie machine à composer. (B.).

Composé, se dit, en musique, d'un intervalle qui passe l'étendue de l'octave, et d'une mesure désignée par deux chiffres. (B.).

Composés (Jeux). - On nomme ainsi dans l'orgue les jeux formés d'une suite de tuyaux placés ordinairement sur le même registre, parlant ensemble sur chaque touche du clavier, et que l'on ne peut pas séparer. Ce sont les fournitures, les cymbales et les cornets. (F. C.).

Compositeur, musicien qui, dans son art, compose une oeuvre quelconque. Dans toute l'Europe, excepté en France, on le nomme maître de chapelle, qualification réservée en France au musicien qui s'occupe exclusivement du genre sacré ou d'église : peut-être a-t-on voulu établir en principe qu'on ne peut prendre le titre général de compositeur avant d'avoir mérité celui de maître de chapelle, et rappeler que la musique religieuse a toujours eu ou prétendu avoir l'antériorité sur les autres genres. Dans la hiérarchie musicale, le compositeur tient le premier rang : l'invention suppose certaines étincelles de génie, et ses oeuvres sont durables, tandis que l'exécution vocale ou instrumentale exige simplement du talent, et ne laisse après elle que des souvenirs fugitifs. (B.).

Composition. - Art d'inventer et d'écrire les oeuvres musicales. Cet art suppose chez celui qui l'exerce dans sa plénitude la possession complète de la technique musicale et le degré d'imagination nécessaire pour en employer le langage à l'expression de pensées et de sentiments personnels. L'opinion commune sur l'inspiration est fausse, en ce qu'elle accorde à l'intuition un rôle exagéré dans l'acte de la création artistique; le travail et la réflexion y prennent une part que l'on peut dire presque toujours prépondérante, et à plus-forte raison dans les oeuvres développées. Les biographes de Beethoven nous apprennent qu'il fut un improvisateur merveilleux : ses carnets d'esquisses nous montrent par quelles profondes méditations et quels patients tâtonnements dans le choix et la rédaction des idées musicales il préparait la mise au jour d'une oeuvre nouvelle. L'enseignement de la composition tel qu'il est donné dans les écoles et les conservatoires modernes, est préparé par une longue filière de classes de solfège, d'harmonie, de contrepoint et de fugue, qu'accompagne la pratique du chant et d'un ou plusieurs instruments et qui tendent à procurer au candidat compositeur la maîtrise des formes; pour être fécond, un tel enseignement exige encore de l'élève l'étude comparée des oeuvres anciennes  et modernes, qui développera en lui le sens critique et l'accoutumera à l'exercer sur lui-même, et l'acquisition d'une culture générale assez vaste pour élever son intelligence au-dessus des spécialités trop bornées et des habiletés de métier.

Concentus, mot latin qui désignait, dans la musique ancienne, un chant à l'unisson ou à l'octave, et qui n'a plus maintenant que le sens d'accord. (B.).

Concert. - Harmonie de voix, d'instruments ou des deux ensemble. - Séance musicale.

Concertant, se dit de tout morceau de musique dans lequel un ou plusieurs instruments récitent, ensemble ou tour à tour, avec accompagnement d'orchestre. Les repos ménagés aux instruments concertants sont remplis par l'orchestre. Tous les quatuors de Haydn, de Mozart, de Beethoven, sont concertants; il n'en est pas de même de ceux de Kreutzer et de Rode, ni des trios de Baillot, où le violon est simplement accompagné par les autres instruments. Une partie concertante est celle qui a quelque chose à réciter dans un morceau d'ensemble, ce qui la distingue des parties de choeur. On a quelquefois employé le mot concertante substantivement : « Une concertante de violons, de flûtes ».  - Les musiciens italiens appellent morceaux concertés ou concertants (pezzi concertati) ce que l'on nomme en France morceaux d'ensemble, et style concerté un style de musique d'église plus brillant que le style sévère a capella. Au XVIe siècle les psaumes concertants étaient ceux qu'on accompagnait sur le violon. (B.).

Concertina, instrument de musique, du genre de l'accordéon et du mélodium. C'est une espèce de petite boîte élastique qu'on tient horizontalement entre les deux mains. On le joue au moyen de boutons qu'on presse avec l'extrémité des doigts, et qui, soulevant une soupape, font passer sur des lames ou anches de cuivre la colonne d'air fournie par un soufflet placé entre les deux côtés de la boîte, côtés formés par deux tablettes qui portent au dehors le clavier de boutons et à l'intérieur les lames vibrantes. Le concertina qui parut à l'Exposition universelle de Paris, en 1855, était d'origine anglaise. Il a des sons à la fois mordants et doux, qui portent assez loin malgré leur faiblesse, et qui se marient aisément avec la harpe et le piano. Il forme une famille d'instruments, puisqu'il y a le concertina-basse, l'alto et le soprano. Le soprano est à peu près le seul employé son étendue est de 3 octaves et une quarte, à partir du sol de la 4e corde du violon ; deux gammes chromatiques la composent, dont l'une représente les notes de la tablette gauche, et l'autre celles de la tablette droite. On a eu la bizarre idée d'établir, dans les trois premières octaves, des intervalles enharmoniques, au lieu d'accorder l'instrument d'après la loi du tempérament, ce qui ne lui permet pas de jouer avec d'autres instruments à sons fixes. Le concertina allemand ne contient pas ces intervalles enharmoniques, et sa gamme descend dans le grave au do et au si bémol. (B.).

Concertino, nom donné en Italie à la partie du premier violon, chef d'orchestre, où se trouvent marqués tous les passages obligés des instruments. (B.).

Concerto. - Morceau de musique, fait pour un instrument avec accompagnement de l'orchestre.

Conduit. - Forme primitive de composition mesurée et souvent harmonique, décrite en termes parfois obscurs ou contradictoires par les théoriciens des XIIIe et XIVe s. Ils s'accordent à dire qu'on y admettait les consonances imparfaites, que toutes les parties se conformaient au même mètre et qu'on ne s'y servait pas d'un cantus firmus.

Conque. - Coquille univalve, en spirale, appartenant au genre triton de la famille des buccinoïdes, que l'on transforme, par le même procédé que les cornes d'animaux, en un instrument à vent unisonique. La mythologie le mettait aux mains des dieux marins. En quelques rivages, il sert aux pâtres ou aux pêcheurs, pour les signaux. Pendant la guerre dans le Roussillon (1689) un corps de miquelets fut pourvu de conques, au lieu de tambours et de fifres. Le bruit en fut jugé fort martial.

Conservatoire. - Nom donné d'abord à l'établissement fondé en 1795 à Paris (Conservatoire national de musique et de déclamation). Il est consacré à renseignement gratuit de la musique vocale et instrumentale et de la déclamation lyrique et dramatique. Des succursales du Conservatoire de Paris, aussi appelées conservatoires, on été créées dans plusieurs villes de province.

Consonance. - Accord de sons
agréable à l'oreille. L'octave est la plus simple des consonances.

Consonant. -  Qui produit une consonance, un accord de sons agréables à l'oreille. Les accords consonants sont formés de trois sons, et peuvent être entendus soit à l'état direct, ce qui a lieu quand le son fondamental (la
tonique) est à la basse, soit à l'état de renversement, quand la note de tierce ou la note de quinte sont à la basse. Les trois accords consonants comprennent : l'accord parfait majeur, qui se compose d'une tierce et d'une quinte juste; l'accord parfait mineur, qui se compose d'une tierce mineure et d'une quinte juste; l'accord de quinte diminuée, qui se compose d'une tierce mineure et d'une quinte diminuée.

Consonante. - Grand instrument de musique qui n'est plus en usage et dont on attribuait l'invention à l'abbé Dumont. Elle tenait du clavecin et de la harpe son corps était comme un grand clavecin vertical posé sur un piédestal, et sa table d'harmonie était montée des deux côtés de cordes qu'on pinçait avec les doigts. (B.).

Contra ou Contre, nom donné autrefois à la voix d'alto. On l'employait aussi pour désigner toute partie qui faisait harmonie avec une autre, auprès de laquelle ou contre laquelle elle était placée : ainsi, l'alto, qui chantait contre le dessus, s'appela contralto ou haute-contre; quand le ténor servait de basse, il était dit contra-ténor; si l'on employait une partie plus grave que la basse chantante, on la nommait contre-basse ou basse-contre; un instrument plus grave que le basson a été appelé contre-basson. Le nom de contre-chant fut donné au déchant ou contre-point. En Allemagne, le mot contra indique les sons les plus graves de la première octave.  - Dans une fugue, la partie qui accompagne le sujet est le contre-sujet; quand on renverse le sujet, on fait une contre-fugue. (B.).

Contrebasse. - Le plus grand et le plus grave des instruments de musique à archet. La contrebasse à cordes est à l'octave inférieure de celle du violoncelle et du basson. Elle n'avait autrefois que trois cordes; elle en a aujourd'hui quatre, accordées de quarte en quarte en descendant : sol, ré, la, mi; elle a une étendue de deux octaves et demie. - Instrument de cuivre dont le son est d'une octave au-dessous de la basse ordinaire. La contrebasse en cuivre est le plus volumineux des instruments de musique militaire. Il y a des contrebasses en si bémol, et des contrebasses en mi bémol. Leur étendue est celle des autres saxhorns.

Contrebasson. - Instrument à vent
en bois, à anche double, avec pavillon plus grand que le basson, et sonnant à l'octave inférieure : le contre-basson est l'instrument le plus grave de l'orchestre.

Contre-chant. - Phrase chantante, qui se
fait entendre après la phrase principale, et qui se combine harmoniquement avec elle. 

Contredanse (on dit aujourd'hui quadrille). - Danse assez vive et légère, où plusieurs personnes se font vis-à-vis. La contredanse tire son nom de la position des danseurs, placés sur deux rangs, l'un en face, de l'autre, l'un contre l'autre. -  Air qui accompagne une contredanse. 

Contre-partie, nom donné, en musique, aux parties diamétralement opposées. Ainsi le dessus et la basse sont la contre-partie l'une-de l'autre. Traiter un sujet dans un sens inverse d'un ouvrage antérieur, c'est faire la contre-partie de cet ouvrage : le Philinte de Molière par Fabre d'Églantine est la contre-partie de l'Optimiste de Collin d'Harleville. - En style de banque, la contre-partie était autrefois le registre où le contrôleur des fermes générales transcrivait les articles portés sur les registres particuliers des commis; c'était un véritable contrôle. (B.).

Contrepoint. - Art de la combinaison simultanée des mélodies. C'est du contrepoint qu'est née, au Moyen âge, la science de l'harmonie. Mais le contrepoint est tout autre chose que le préambule ou le complément des études harmoniques. L'harmonie enchaîne et combine entre eux les accords; le contrepoint associe une note à une autre note (punctum contra punctum), et n'envisage les sons qu'au point de vue de leur consonance ou de leur dissonance. Le contrepoint est soumis à des règles multiples et sévères. - On donne aussi le bom de contrepoint à un composition faite d'après les règles du contrepoint.

Contre-sujet. - Dans la fugue, partie écrite en contrepoint renversable (contrepoint double) à l'octave ou à la quinzième, différente du sujet et qui se reproduit avec lui à chacune de ses entrées. On peut donner à une fugue autant de contre-sujets différents les uns des autres, qu'il y a de voix.

Contre-temps. - Articulation d'un son sur le temps faible de la mesure, sans prolongation sur le temps fort. Le contre-temps offre un puissant moyen d'expression pathétique dans la musique vocale. - Dans la musique instrumentale, il procure des effets élégants de variété rythmique. Il sert à superposer des rythmes différents ou à rompre passagèrement la symétrie de la mesure, ainsi que Beethoven en a donné l'exemple dans les grands accords de la Symphonie héroïque, qui coupent tout à coup la mesure ternaire.

Cor. - Cor, du latin cornu = corne. -  Instrument à vent, contourne en spirale. - Le cor de chasse ou trompe est un instrument cynégétique, en ré. C'est le plus simple des cors; il donne neuf notes. - Le cor d'harmonie dérive de la trompe de chasse. Il ne donne naturellement que des sons ouverts, c'est-à-dire une gamme très incomplète, mais en introduisant la main plus ou moins profondément dans le pavillon il est possible d'obtenir toutes les notes complétant la gamme rationnelle : ce sont les sons bouchés. Le cor d'harmonie, en ut, est formé d'un tube de cuivre trois fois enroulé sur lui-même, relativement étroit près de son embouchure, et qui, arrivé à son extrémité, s'élargit graduellement jusqu'au pavillon . C'est uu instrument à embouchure, qui joue en ut. Au moyen de tuyaux mobiles ou corps de rechange, il peut changer de ton et jouer en ré, mi, fa, etc. - Le cor à pistons ou cor chromatique est ordinairement en fa; il est muni de trois pistons, qui rendent inutiles les tons de rechange et, sur trois octaves et demie, les sons bouchés; mais cet instrument n'a ni la douceur ni l'éclat du cor ordinaire. - Le cor anglais est un hautbois en fa, sonnant une quinte plus bas que le hautbois ordinaire. Il a une sonorité pénétrante, un peu criarde. - Le cor de basset ou clarinette-alto est en fa; c'est un instrument de la famille des clarinettes; dont la sonorité est onctueuse, quoique un peu sévère.

Corde. - Fil utilisé par certains instruments de musique pour produire des sons par ses vibrations. Une corde vibrante est constituée par une corde métallique ou à boyau tendue entre deux points fixes, et que l'on peut faire vibrer transversalement, soit en l'écartant de sa position d'équilibre pour l'abandonner ensuite à elle-même, soit en la frottant avec un archet perpendiculairement à sa longueur. 

Corne. - Instrument à vent, unitonique, fait d'une corne d'animal évidée, avec ou sans embouchure et servant pour les signaux. L'utilisation sonore des cornes d'animaux remonte à la plus haute antiquité; on s'en est servi en tout temps pour les appels et les signaux; les textes et les, monuments figurés du Moyen âge les montrent, en toutes dimensions, employées à la chasse, à la guerre, à la porte des villes et des châteaux, dans la domesticité des princes. Leur rôle est resté le même aujourd'hui et ne s'est à aucune époque élevé à un niveau musical. 

Cornemuse. - Instrument champêtre à vent, composé d'une outre et de deux, trois ou quatre tuyaux.

Cornet. - Petite trompe rustique. Instrument militaire de cuivre, en forme de petit cor. -
Cornet à pistons : instrument de musique, en cuivre, auquel sont adaptés des pistons. Le cornet à pistons a été imaginé pour remplacer la trompette, parce qu'il est beaucoup plus facile à jouer et qu'il donne toutes les notes chromatiques. Il a trois pistons. Son étendue, comme celle des saxhorns, est d'un peu plus de deux octaves et demie. On emploie surtout les cornets en si bémol, mais un corps de rechange permet de les mettre en la.

Coronach. - Chant funèbre improvisé par les veuves irlandaises en l'honneur de leur époux, et dont chaque strophe est interrompue par un choeur de femmes. C'est quelque chose d'analogue aux Nénies de l'Antiquité.

Corps. - Dans les grandes orgues, division conventionnelle qui distingue le grand corps ou « Corps d'en haut », comprenant le grand sommier et ses tuyaux, et le « Corps d'en bas », ordinairement placé au-dessus du clavier. « Grand Corps » a été également usité pour désigner l'ensemble du Grand Orgue, et « Petit Corps » pour le Positif. 

Corps de rechange, partie du tube d'un instrument à vent, qui se démonte et s'échange pour allonger ou raccourcir la colonne d'air et par conséquent baisser ou hausser le ton de tout l'instrument; on l'appelle, pour cette raison, souvent ton de rechange. 

Corps sonore, corps vibrant quelconque, pris pour base de calculs ou d'expériences acoustiques ou harmoniques.

Cotillon. - Sorte de danse à figures, accompagnée de jeux. Il comportait primitivement un certain nombre de figures en quelque sorte classiques, parmi les quelles : le berceau, les cercles jumeaux, le chapeau, la chasse aux mouchoirs, la corbeille, la mer agitée, etc. Ces figures ont peu à peu tendu à disparaître, pour être remplacées par des jeux avec accessoires, presque toujours accompagnés d'une distribution de souvenirs : fleurs, tambourins, etc.  Au début du XXe siècle, le cotillon se composait plus que de danses variées et de scènes mimées, par lesquelles on terminaite genéralement un grand bal. Le cotillon était conduit par un couple cavalier et dame.

Coulé. - Ornement mélodique, ou agrément consistant en l'introduction d'une note intermédiaire entre les deux termes d'un intervalle de tierce, en montant ou en descendant. La notation du coulé, chez Chambonnières, Muffat, Couperin, est figurée par une barre oblique traversant la tierce, comme dans la notation de l'acciacatura. L'Affilard, qui l'appelle coulement, l'indique par un petit signe de liaison et lui donne la signification d'une appogiature brève. Chez Bach et chez Marpurg, cet ornement se confond avec le flatté. Emmanuel Bach consacre cette réunion sous le nom de Schleifer (en anglais Slide) et se sert de petites notes, jouées avant la note principale. Dans la musique moderne, le coulé s'exprime en notes ordinaires et s'incorpore au dessin mélodique. - On donne aussi le nom de coulé au signe de liaison qui s'étend au-dessus d'un fragment noté et qui prescrit son exécution d'un seul coup d'un archet ou d'une seule respiration. L'emploi judicieux et l'observation de ce signe fixent les nuances du phrasé.

Couleur. - La musique d'un opéra, d'un ballet, a de la couleur locale, quand elle a le caractère de la musique du pays où se passe la scène. (B.).

Coup.  - Choc rapide. - Coup d'archet. Mouvement de l'archet, dont la longueur est réglée selon les exigences de la phrase musicale. On distingue trois sortes principales de coup d'archet : le lié, que Habeneck appelait suivi, et Vieuxtemps, traîné, qui sert à l'exécution des suites de notes liées sous un signe de « coulé  »; le grand détaché, qui donne un coup de tout l'archet par chaque note, en mouvement rapide; le détaché bref, qui se fait de la pointe, avec arrêt entre chaque note et par lequel on produit les sons piqués. - Coup de baguette. - Mise en vibration de la peau du tambour et des instruments similaires par le choc des baguettes. Les diverses manières de faire succéder les coups et alterner le jeu des deux mains se nommaient, au XVIIe s., le « bâton rond  », chaque main frappant un coup l'une après l'autre, le « bâton rompu », chaque main frappant deux coups; et le « bâton mêlé », l'exécutant battant alternativement un et deux coups de chaque main. De nos jours, la notation des batteries de tambour représente. chaque coup de baguette par une note, et les différents procédés d'exécution sont appelés roulement, fla et ra. - Coup de cloche. - Mise en vibration de la cloche par le choc du battant. L'action de procéder lentement, à petits coups, en ne frappant qu'un côté de la cloche, est dite copter ou tinter. Chaque son de la cloche est appelé coup : on dit « les douze coups de midi  », etc. Dans l'usage liturgique, la première volée annonçant l'office est appelée « le premier coup  » de la messe, des vêpres, etc. - Coup de glotte.  - Attaque brusque du son, dans le chant, produite par le choc de l'air, expulsé des poumons, contre les cordes vocales tendues. Garcia enseignait à ses élèves à pratiquer le coup de glotte sur la voyelle a, « comme si l'on opérait une rupture  », en retenant l'air et le chassant « par un coup sec et vigoureux ». - Coup de langue. - Procédé d'exécution permettant d'obtenir sur la flûte, la trompette, le clairon, etc., la répercussion rapide d'un même son. Sans changer la position des, lèvres, la langue, faisant office de soupape, interrompt et rétablit par une sorte de claquement le passage de l'air. Le double et le triple coup de langue sont pratiqués dans les sonneries militaires.

Coupe, en musique, disposition des parties dont se compose un morceau. On distingue la coupe binaire et la coupe ternaire, qui divisent la composition musicale en deux ou en trois parties. Dans la coupe binaire, applicable surtout aux grandes pièces de musique instrumentale, telles que le premier et le quatrième morceau d'une symphonie, d'un quatuor, d'une sonate, la première partie contient l'exposition, la seconde les développements et le retour, au sujet primitif. Dans la coupe ternaire, employée pour les morceaux de moindre dimension, tels qu'andantes, menuets et rondeaux, la troisième partie est une reproduction de la première. (B.).

Coupé, pas de danse, dans lequel le danseur se jette sur un pied et passe l'autre devant ou derrière. (B.).

Couplet. - Petite strophe d'une chanson.  Le couplet est une suite de vers dans un rythme et un arrangement de rimes déterminé, dont l'assemblage constitue l'élément de la chanson. Généralement les couplets sont égaux entre eux et finissent par un trait nommé refrain. 

Coupure. - Suppressions opérées dans une oeuvre pour en abréger la durée. Les coupures se font principalement dans les compositions destinées au théâtre; elles y exercent souvent de véritables ravages. Les drames musicaux de Richard Wagner, par leurs longs développements, sont exposés plus que d'autres au danger des coupures. On en fit de si considérables à Vienne, dans Tristan et Isolde, que le livret, au lieu de 72 pages, n'en contint plus que 58; un cinquième de son étendue et de celle de la partition se trouvait ainsi supprimé.

Courante. - Ancienne danse, d'origine italienne, interdite en France au XVIe siècle, et qui fut très en vogue à la cour de Louis XIV. La courante se dansait sur une mesure à trois-quatre, dans un mouvement assez vif. Son rythme plaisait aux clavecinistes, dont quelques-uns parmi les plus grands luth, Rameau, Corelli, etc., ont écrit des airs de courantes charmants.

Couronne, en notation musicale, trait en demi-cercle qui surmonte le point d'orgue et le point d'arrêt ou de repos. (B.).

Courtaud. - Ancien instrument à vent en bois dont le nom décrit l'aspect extérieur. Apparenté au cervelas, il servait, comme celui-ci, de basse aux chalumeaux et fut abandonné lorsqu'on eut inventé le basson. - Courtaud est aussi le nom du tuyau le plus grave de la musette.

Cracovienne, danse polonaise, originaire de Cracovie. Elle s'exécute, non en tournoyant comme dans la valse, mais en rond, par plusieurs couples qui se suivent; les cavaliers frappent l'une contre l'autre leurs bottes éperonnées. Le plus souvent, ceux qui participent à cette danse l'accompagnent d'un chant improvisé. Les vieux airs des Cracoviennes se sont conservés purs et sans mélange; un air plus moderne, intitulé le Faucheur, a servi de marche militaire aux cavaliers polonais.

Crécelle. - Instrument de percussion, en bois, composé d'une roue dentée mue par une manivelle et qui, par sa rotation, accroche à chaque dent une ou plusieurs lamelles de bois flexibles. Le bruit engendré par le déclic répété de ces lames est proportionnel aux dimensions de l'appareil. La crecelle avait fini par devenir un jouet d'enfant, populaire en Alsace et en Allemagne. Mais elle avait servi autrefois d'instrument de signaux et remplacé la cloche. La grande crécelle de Nuremberg, dont la mise en action, par un treuil exigeait le concours de deux hommes, retentissait dans cette intention, au XVIe s., avec un bruit assourdissant.

Credo. - Partie de l'ordinaire de la messe qui a pour texte le Symbole de Nicée. La liturgie romaine en admet plusieurs mélodies différentes, dont l'intonation, sur les mots « Credo in unum Deum », est réservée au prêtre célébrant et dont les versets sont chantés à deux chœurs selon les traditions de l'antiphonie. Le credo est le plus étendu des cinq morceaux d'une messe en musique.

Crembala, instrument de musique des anciens Romains. Selon les uns, il ressemblait aux castagnettes; selon les autres, c'était une guimbarde. (B.).

Crescendo, de l'italien crescere = accroître, employé comme adv. pour prescrire une augmentation graduelle de l'intensité du son, et comme n. m. pour désigner le procédé lui-même. -  Il n'est pas douteux que le crescendo n'ait été pratiqué, dans le chant, depuis une époque reculée, mais son indication dans l'écriture est relativement récente. Couperin regrette (1713) que le clavecin soit un instrument dont « on ne peut enfler ni diminuer les sons »; d'autres instruments le pouvaient donc. Tosi (1723) en parle comme d'un procédé déjà ancien. On le trouve indiqué dans les oeuvres du claveciniste Platti (1742) et figuré, ainsi que le decrescendo, par un signe spécial, dans le traité du violoniste Geminiani (1749). Gossec écrit le mot crescendo en toutes lettres dans la partie de violon de ses Trios, op. 1, publiés à Paris en 1752. La même année, il est fait mention d'un effet d'augmentation graduelle du son dans le Te Deum de Calvière, exécuté à Paris. L'emploi qu'en fit Stamitz dans l'orchestre de Mannheim, après 1755, lui, fut donc probablement suggéré par les souvenirs de son séjour en France. - L'application élémentaire du crescendo est celle qui l'associe à une progression mélodique ascendante. En 1811, le compositeur italien Mosca plaça dans un de ses opéras un effet de crescendo qui fut, peu après, reproduit fortuitement ou imité par Rossini, avec un succès éclatant. Pendant quelques années, le crescendo fut un élément infaillible de succès pour les finales d'opéras. Dans la musique instrumentale, Beethoven en avait usé avec toute l'originalité de son génie. Il n'est aucun musicien qui n'ait présent à la mémoire l'extraordinaire crescendo qui relie le scherzo au finale, dans la Symphonie en ut mineur (1808).

Cri. - Son inarticulé arraché à l'humain par la douleur ou les passions. L'effort vocal nécessaire à la production du cri outrepasse les conditions normales de l'émission de la voix chantée. Les compositeurs qui l'ont introduit en des scènes particulièrement pathétiques l'ont parfois prescrit sans le noter : ainsi fait Wagner dans Tristan et Isolde, acte II, sc. III, en écrivant, au-dessus de la portée qui contient la partie de Brangaine : « Elle pousse un cri aigu »; plus généralement, le degré sur lequel le cri doit être proféré est fixé par la notation. Dans quelques ouvrages, se remarque l'emploi d'une forme spéciale de note. Debussy figure par une note losangée le sol sur lequel Mélisande pousse un cri d'effroi, à la vue des trois pauvres assis dans la grotte (Pelléas et Mélisande, acte II, sc. III). Dukas se sert du même signe pour le cri que poussent les six femmes, lorsque Ariane brise la fenêtre du souterrain (Ariane et Barbe-Bleue, acte Il). - On nomme aussi  cris les appels vocaux où sont différenciées musicalement les inflexions de la voix, sans qu'il y ait chant proprement dit. Tels sont les cris des marchands en plein vent et des travailleurs de certains métiers, dont les compositeurs ont à diverses époques tiré un heureux parti descriptif. Déjà les contrepointistes italiens du XVe s. s'y essayaient; au XVIe, Clément Janequin fit des « cris de Paris » le tissu musical d'une de ses plus célèbres chansons à quatre voix. Quelques motifs semblables assurèrent le succès d'une scène de La Fanchonnette, de Clapisson (1856), avant de se voir enchâssés, avec un art infini, dans un tableau de Louise, de G. Charpentier (1900). - On nomme encore cri, l'émission du son propre à chaque espèce animale. Le cri, fixé par l'hérédité, constitue, un langage pour les individus de même espèce. Son élément primordial immédiatement reconnaissable réside dans le timbre, mais une construction mélodique et rythmique existe chez les espèces supérieures. Quoiqu'il soit difficile de les traduire musicalement, les cris des animaux ont été cependant notés plus ou moins approximativement par de nombreux compositeurs qui les ont introduits dans leurs oeuvres. (M. B.).

Croche. - Figure de note affectant la forme d'une noire dont la queue se termine par un crochet. Elle vaut la moitié d'une noire, le quart d'une blanche, le 8e d'une ronde. La double croche est la moitié d'une croche; la triple croche en est le quart, la quadruple croche le 8e.  Ces noms expriment le contraire de l'idée qu'on y attache; car, loin de doubler, de tripler ou de quadrupler la valeur de la croche, la double, la triple et la quadruple croche n'en sont que des fractions. L'origine de ces fausses dénominations se trouve dans le double, le triple et le quadruple crochet qui termine la queue de la note. Les musiciens allemands disent avec plus de raison demi-croche, quart de croche, huitième de croche. La durée des croches est relative, et dépend de la lenteur ou de la rapidité du mouvement. (B.).

Crochet. - Petit trait oblique ou légèrement incurvé ajouté à la queue d'une note pour en réduire la valeur.

Croisement. - Interversion de deux objets, qui échangent entre eux leurs places. Dans la composition harmonique, passage d'une partie au-dessus de celle qui lui est normalement supérieure, et réciproquement. Les croisements sont prohibés dans l'enseignement classique, sauf en des cas exceptionnels concernant la résolution des dissonances. Mais les maîtres anciens et modernes ne se croient pas tenus à toujours les éviter, et l'on en trouve dans leurs oeuvres des exemples fréquents. - Dans le jeu des instruments à clavier, un croisement est le passage de l'une des mains par-dessus l'autre. Rameau, dans ses Pièces de Clavecin (1724), s'attribue l'invention de ce procédé, aussi agréable, dit-il, à l'oeil qu'à l'oreille, ce que confirme le titre d'une pièce de L. Marchand, Le Spectacle des mains (1748). Le croisement de mains apparaît donc, à cette époque, comme un artifice de virtuosité, regardé comme propre à gagner l'admiration du public. Une fois passée la période de nouveauté où ce but accessoire perdrait son intérêt, l'on devait conserver l'usage du croisement de mains pour faciliter le transport d'un motif dans les régions extrêmes du clavier, et créer des oppositions entre les sons aigus et les sons graves. Les nombreux exemples qui en sont offerts dans les oeuvres de Domenico Scarlatti (mort en 1757) font désigner ce maître comme le véritable promoteur du croisement de mains. Beethoven et ses contemporains ont fait un usage fréquent de ce procédé, qui est d'un usage constant chez les pianistes modernes. Ceux-ci, pour éviter les changements de clef, usent souvent d'une notation à trois portées. (M. B.).

Croix. - Signe ajouté à la notation, sous la forme + ou x, pour figurer, chez les chanteurs et instrumentistes des XVIIe et XVIIIe s., un trille court à la note supérieure et, dans le chiffrage de la basse, un intervalle augmenté.

Cromorne. - Ancien instrument à vent, à anche double, appelé en allemand Krummhorn, ou cornet recourbé. Vers le commencement du XVIIe s., on le construisait en familles dont la basse était nommée quelquefois tournebout, et dont chaque type avait une étendue limitée à une octave. Plusieurs joueurs, de cromorne figuraient dans la musique de l'Écurie des rois de France. Le Musée du Conservatoire de Paris possède un grand cromorne basse; le Musée de Bruxelles, toute une famille. - Le cromorne est aussi un jeu d'orgues à anches, de sonorité douce. Il est appelé en Italie violoncello, parce que sa qualité de son a quelque rapport avec le basson et le violoncelle. C'est un jeu cylindrique, de 1,30 m (4 pieds), fait en étain fin, et qui a toute l'étendue du clavier auquel il répond. Sa place ordinaire est au positif; il sonne à l'unisson du huit-pieds ouvert, comme la trompette, qu'il remplace dans les petites orgues. Le cromorne de 65 cm. (2 pieds), sonnant 4 pieds et servant de clairon au cromorne de 4 pieds, est rarement employé; il en est de même de celui qu'un mettait autrefois à l'écho. Le son du cromorne est plein, vibrant, et a un caractère de gravité qui lui est particulier. (F. C.).

Crotales, instrument de percussion chez les Anciens; espèce de petites cymbales ou de castagnettes, faites d'un roseau coupé en deux par sa longueur et approprié de manière qu'en frappant les deux pièces l'une contre l'autre, avec divers mouvements de doigts, on produisait un son pareil à celui que fait une cigogne avec son bec. De la le surnom de crotalistria (joueuse de crotales) donné à cet oiseau. On fit des crotales avec du bois, des coquilles, des pièces de fer ou de bronze fort épaisses et un peu concaves.  Cet instrument, dont Clément d'Alexandrie attribue l'invention aux Siciliens, se voit fréquemment dans les mains des Satyres, des Ménades, des Corybantes et des Bacchantes. Les femmes s'en servaient pour accompagner des airs de danse. On a construit des fac-similés de cet instrument pour servir dans des scènes d'opéras et de ballets. Au Moyen âge, on a appelé aussi crotales : 

1° un cercle ou un triangle de métal dans lequel étaient insérés des anneaux également en métal qu'on faisait résonner en les agitant; 

2° des grelots que les danseurs faisaient sonner en sautant, et qu'on appela quelquefois cliquettes et maronnettes. (B.).

Crumata ou Crusmata, instrument de percussion chez les anciens Espagnols, particulièrement dans la Bétique. C'étaient des coquilles analogues aux castagnettes modernes. (B.).

Crupezia, instrument de percussion chez les Anciens. C'étaient des sandales de bois ou de fer, dans lesquelles étaient renfermées des crotales, et dont on se servait pour battre la mesure et régler le chant ou la déclamation. (B.).

Cruscithiros, nom d'une chanson de danse des anciens Grecs, accompagnée de flûtes.

Cuivre. - Métal rougeâtre, moins dur que le fer, choisi pour la fabrication des instruments à vent en raison de sa ductilité. Le cuivre entre pour une proportion de 70% à 80% dans la composition du métal de cloche. - On désigne souvent par abréviation sous le titre « les cuivres » le groupe des instruments à vent faits de cette matière, qui font partie de l'orchestre symphonique et qui constituent presque exclusivement l'orchestre militaire.

Cursus. - Terme de chant liturgique. Observation, dans le chant, des règles de l'accentuation grammaticale, pratiquées dans les textes latins durant les premiers siècles de l'Église, puis tombées en désuétude et de nouveau rappelées en usage au XIe s. Leurs variétés n'affectent pas la construction mélodique, mais les nuances d'accentuation du texte. - Le terme de cursus a signifié également un ensemble d'offices religieux chantés.

Cybistique (du grec kubistaô, faire la culbute), danse des anciens Grecs. Ceux qui l'exécutaient se jetaient sur les mains, et rebondissaient ensuite sur leurs pieds. Parfois ils faisaient leurs tours d'adresse au milieu d'épées plantées en terre par la poignée. (B.).

Cyclique, adjectif introduit pour caractériser le plan d'une composition qui roule tout entière, en ses divers mouvements, sur le retour et les transformations d'un thème générateur. Il semblerait que l'on en reconnaisse le principe dans les anciennes suites, où l'allemande, la courante, etc., offrent des modifications rythmiques et mélodiques d'un même motif; mais ces pièces isolées ressortissent du genre variation, tandis que la forme cyclique use du point d'appui thématique comme d'un élément fertilisant qui s'incorpore à sa substance. En ce sens, et bien que le traitement du leit-motiv, dans les oeuvres dramatiques de Richard Wagner, ait avec elle une grande analogie de fond, la création de la forme cyclique appartient en premier lieu à César Franck, qui en a donné des modèles admirables dans ses oeuvres instrumentales.

Cylindre. - Tube arrondi, d'un diamètre égal dans toute sa longueur. Les instruments à vent dits aujourd'hui à pistons, cors, trompettes, cornets, etc., dont le mécanisme spécial consiste en un ou le plus souvent trois cylindres, en chacun desquels, se meut un piston, ont été appelés « instruments à cylindres » dans les premiers temps de leur adoption. - Le cylindre (ou cylindre noté) est aussi la principale pièce du mécanisme des carillons automatiques, des sonnettes, des orgues de Barbarie; c'est un cylindre plein, à la surface duquel sont fichées des dents de métal, qui accrochent et déclenchent, pendant la rotation, les leviers des marteaux ou les lames vibrantes. Le cylindre des grands carillons est appelé tambour. - Dans le phonographe d'Edison et ses dérivés, c'était sur un cylindre rotatif, recouvert de cire ou d'une matière analogue, que venaient s'enregistrer les vibrations. Le cylindre impressionné était souvent appelé rouleau.

Cymbale. -  Jeu d'orgues, le plus aigu de tous les jeux de mutation, formé de tuyaux de petites dimensions, qui produisent dans la région suraiguë, à partir de deux octaves au-dessus de la fondamentale, des accords formés de deux octaves superposées avec la quinte intermédiaire. Ce jeu, qui se place au grand orgue et au positif, n'a pas autant de tuyaux que la fourniture, mais il a beaucoup plus de reprises à chaque rangée; car il y a dans la cymbale sept reprises, tandis qu'il n'y en a que trois dans la fourniture. Le nombre des rangées de cymbales est en proportion du nombre des rangées de fournitures employées dans l'orgue. La cymbale ne s'emploie qu'avec d'autres jeux. (F. C.).

Cymbales.  - Instrument de percussion composé d'une paire de plaques circulaires de bronze, dont le milieu, renflé en demi-sphéroïde, reçoit une poignée en cuir. La composition de l'alliage métallique est ordinairement de 80% de cuivre et 20% d'étain. La vitesse de vibration étant en raison directe de l'épaisseur et en raison inverse du carré du diamètre, plus la cymbale sera épaisse, et plus sa sonorité deviendra aiguë, plus son diamètre s'élargira, et plus elle rendra un son grave.

On met les cymbales en vibration en les frappant l'une contre l'autre, ou, lorsqu'on veut obtenir des effets plus doux, en frappant une seule cymbale avec une mailloche ou une baguette. Berlioz a réalisé, dans la scène de l'apparition de l'ombre d'Hector, de La Prise de Troie, un effet impressionnant par un frémissement des cymbales en pianissimo. Rimsky-Korsakov a réuni les cymbales, frappées avec une baguette de timbales, au triangle, au tam-tam, et à des accords tenus ou pincés par l'orchestre, pour imiter le bruit des cloches lointaines, dans l'ouverture de La grande Pâque russe

Dans les orchestres secondaires, une cymbale est attachée à la grosse caisse, et le même musicien, tenant d'une main la seconde cymbale et de l'autre la mailloche, frappe les deux instruments à la fois. (Michel Brenet).

Cymbalum ou Flagellum, nom donné, pendant le Moyen âge, à une espèce de carillon à main. Il se composait de clochettes attachées à des baguettes de fer qui tenaient toutes par une extrémité à un anneau, et qui, en se balançant dans l'air comme un éventail, produisaient une sonnerie. - Cymbalum s'employa aussi dans le sens de cloche. (B.).

Cythère assiégée est un opéra-ballet en trois actes, musique de Gluck, représenté à l'Opéra, le 1er août 1775. Ce n'était d'abord qu'un vaudeville en un acte de Favart et Fagan, qui avait été joué à l'Opéra-Comique de la foire Saint-Laurent, en 1744. Gluck eut la singulière idée d'écrire la musique de cette pièce d'un genre si étranger à ce qu'il avait fait jusque là et qui, malgré une interprétation remarquable, n'obtint aucun succès. C'est à propos de Cythère assiégée que l'abbé Arnaud, ardent admirateur de Gluck, disait, pour pallier cet insuccès, qu'« Hercule maniait mieux la massue que le fuseau». (NLI).

Czakan , sorte de flûte, d'un son très doux, qui était en vogue en Allemagne au commencement du XIXe siècle. (B.).

Czarda  (mot tchèque : prononcer tcharda; pluriel : tchardaches). - Danse populaire hongroise, tirant son nom du cabaret (csarda ou czarda) où elle s'exécutait. C'est une forme vulgaire et plus animée du palotas, où se succèdent trois mouvements, un air grave, un air gai et un air fougueux et très rapide. Deux czardas pour le piano figurent dans l'oeuvre de Liszt.

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Dictionnaire Musiques et danses
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