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F

La lettre F est la sixième lettre de l'alphabet. C'est l'une des lettres les plus importantes de l'alphabet musical. Elle représente dans la notation dite boétienne, ainsi que dans celle attribuée à saint Grégoire, le fa, sixième degré de l'échelle dont le premier était le le la (A) et le quatrième de la solmisation de Guy d'Arezzo dont le point de départ était ut. 

Dans l'écriture de saint Grégoire, le fa grave s'écrivait par F majuscule, le fa aigu par f minuscule. Le fa fut, avec l'ut, un des degrés qui servirent de premiers points de départ aux clefs et à l'écriture sur les portées, dite de Guy d'Arezzo; après avoir marqué la ligne d'ut en jaune en la faisant précéder de la lettre c, on marque celle de fa, couleur rouge, en vert, précédée de la lettre F.

Telle fut l'origine des clefs d'ut et de fa; celle de sol vint la dernière. En Allemagne et en Angleterre, le ton de fa est indiqué par la lettre F.

Le f sert aussi d'abréviation, dans la musique notée, pour le mot forte, dans les catalogues gradués, pour le mot facile. Deux ff signifient fortissimo.

Fa. - Nom du 4e degré de la gamme d'ut, gamme-type du système modal moderne. Cette note et les tonalités qui en dérivent ou dont elle fait partie tiennent une place importante dans la théorie et dans l'histoire de la musique. Dans la tonalité moderne elle marque simplement le quatrième degré du ton d'ut majeur, mais dans la musique du Moyen âge son rôle est considérable. Cette note occupait le sixième degré dans l'écriture grégorienne et le quatrième dans la solmisation de Guy d'Arezzo; sa rencontre avec la note du septième degré si donnait naissance au triton ou intervalle ou quarte augmentée que le Moyen âge évitait avec soin. C'est de cette horreur du triton, et afin d'en éviter la fausse relation, que vint la solmisation par muances, dans laquelle on nommait ce quatrième degré de la gamme, tantôt fa, tantôt ut, suivant qu'il devait former, ou non, l'intervalle de triton avec la note si. On appelait ce procédé solfier en F. fa-ut, ce qui signifiait que cette note fa était nommée, tantôt fa, tantôt ut, suivant que la solmisation par les muances se faisait par l'hexacorde de nature ou par l'hexacorde de bémol. Dans le symbolisme du Moyen âge, le ton qui débutait par fa jouait un rôle des plus importants. (GE).

Facilité. - Passage simplifié d'un morceau de musique, noté au-dessus ou au-dessous de la notation originale, pour laisser à l'exécutant le choix entre deux versions. Les exemples de facilités sont peu fréquents dans la musique moderne, à peu près inconnus chez les classiques. Il ne faut pas les confondre avec les éditions facilitées, offertes aux amateurs, et qui sont autant d'offenses aux maîtres dont elles dénaturent les créations.

Facteur. - Fabriquant d'instruments de musique.

Facture. - Fabrication d'instruments de musique.  - Couplet de facture : couplet qui présente de grandes difficultés vaincues. Morceau de facture : morceau de musique d'une exécution difficile. 

 Fa fictum. - Dans l'ancien système de la solmisation par les muances, nom du mi ou si, qui, étant bémolisés, se trouvent à la distance d'un demi-ton de la note inférieure et d'un ton de la note supérieure et jouent par conséquent le rôle du fa de la gamme naturelle : d'où la désignation de fa feint, fa fictum.

 Fa la. - Petite composition vocale polyphonique du genre du madrigal, dont la vogue fut grande en Angleterre, sur la fin du XVIe et le commencement du XVIIe s. Son origine était italienne. La Falalella était une chanson populaire, que Fr. Bendusi traita à 4 parties dans l'une des pièces de son recueil de Ballets pour les voix ou les instruments (1553); elle servit probablement de modèle, à des textes poétiques dans lesquels le second et le quatrième vers, et la fin de chaque strophe, ne comportaient que la répétition des syllabes fa la; Gastoldi les mit à la mode en les disposant à 5 voix dans ses Balletti (1591), que Thomas Morley imita, sur des paroles anglaises (1595). De là vint l'usage de donner aux morceaux eux-mêmes le titre de Fa las. Ceux de John Hilton, à 3 voix (1627), furent particulièrement estimés. Un Fa la à 4 voix, de Jeremiah Saville, imprimé en 1673 dans le Musical companion de Playford, est resté traditionnel dans les sociétés de chant britanniques.

Falcon. - Nom d'une célèbre cantatrice, pris substantivement pour désigner un genre d'emploi, le soprano dramatique, dans les troupes d'opéra.

Falsa musica. - Terme employé par les théoriciens des XIIIe et XIVe s., pour désigner l'emploi de l'altération accidentelle dans la notation. (Feinte).

Famille. - Groupement des instruments de musique basé sur leurs analogies. La constitution de familles instrumentales a caractérisé les premiers développements du matériel orchestral. Presque tous les types principaux d'instruments se sont organisés d'abord par familles, dont les individus différaient entre eux par les dimensions seulement. Ainsi ont existé et disparu la famille des cornets, celle des vièles à archet, qui a précédé celle des violes, laquelle est remplacée aujourd'hui par la famille du violon. Le classement par familles, chez les auteurs anciens ou modernes, est variable. On se contente fréquemment de distinguer, d'après la matière qui sert à leur fabrication, une famille des cuivres et une famille des bois; mais une méthode plus judicieuse rattache à la famille des bois (clarinettes, hautbois et bassons) les sarrussophones et les saxophones, qui se font en cuivre, parce que le principe de leur construction est semblable à celui d'après lequel se fabriquent ces divers instruments en bois.

Fandango. - Danse espagnole dérivée de la séquidille, d'un caractère voluptueux et même lascif, qui se danse sur un rythme lent, sur une mesure ,six-huit, avec accompagnement de castagnettes. Le fandango est exécuté par deux personnes, homme et femme : il séduit par sa mimique tendre et abandonnée au début, passionnée à la fin; Il n'a pris toute sa grâce que lorsqu'il est devenu une danse populaire, affranchie de la correction sévère que lui maintenait la bonne société. -  Air de cette danse. 

Fanfare. - Air militaire, court et cadencé, de trompettes, de clairons, etc. - Air pour lancer le cerf.  En vénerie, les fanfares sont des sonneries de trompes de chasse, tenant les veneurs au courant des diverses péripéties du laisser-courre, et leur indiquant le genre de la bête de meute. On appelle aussi fanfares certaines sonneries de fantaisie, comme la Condé, la Chantilly, la Dampierre, etc. - Société musicale, qui ne se sert que d'instruments de cuivre. Les instruments qui composent une fanfare sont les suivants; bugles et petits bugles, trompettes, cornets, cors, altos, barytons, trombones, basses et contrebasses, tambour (caisse claire et caisse roulante), auxquels on joint parfois la famille des saxophones. La grosse caisse et les cymbales ne font pas partie intégrante d'une fanfare, mais elles en complètent heureusement l'instrumentation.

Fantaisie. - Pièce musicale dans laquelle le compositeur, se soustrayant à toute espèce de forme arrêtée, se laisse simplement entraîner à toute la fantaisie de son imagination.

Farandole, et mieux Farandoule, danse de la Provence et du Languedoc, dans laquelle un grand nombre de personnes forment une chaîne en se tenant par la main ou avec des mouchoirs, et en se plaçant, autant que possible, une de chaque sexe alternativement. La chaîne parcourt la ville ou la campagne, se grossit de tous ceux qu'elle rencontre, et, chacun sautant et dansant de son mieux en cadence, exécute diverses figures, qui consistent à former le cercle ou la spirale, à passer sous les bras de plusieurs danseurs, etc. L'air de la farandoule est un allegro à six-huit. On prétend que cette danse n'est autre que celle dite de la grue, inventée par Thésée, et qui aurait été importée à Marseille par les Phocéens. 

Farciture. - Introduction de tropes dans le chant religieux

Farza. - Titre donné, au  commencement du XIXe siècle à des opéras bouffes, italiens en un seul acte. L'ouvrage de début de Rossini fut une farza intitulée La Cambiale di Matrimonio (1810).

Fausse note. - Erreur d'intonation, produite par l'ignorance ou la maladresse d'un exécutant.

Fausse quinte. - Nom donné par Rameau à l'intervalle de quinte diminuée et à l'accord qui en est formé, premier renversement de l'accord de 7e de dominante

Fausse relation. - Rencontre, dans deux parties d'une composition harmonique, de deux notes de même nom, se succédant immédiatement, dans un état différent : il y a fausse relation d'octaves lorsque, la basse montant de ut à mi, le dessus descend de mi à ut dièse. Il y a fausse relation de triton lorsque le 4e degré, mis dans une partie, est immédiatement précédé ou suivi du 7e degré, mis dans une autre partie, soit, à la basse, en descendant, fa, mi, et au-dessus, en montant, la, si, ou bien à la basse en descendant, sol, fa, et au-dessus, en montant, si-ut. Pour étayer la défense qu'ils faisaient de cette fausse relation, les théoriciens ont cherché à l'expliquer par le sentiment de l'oreille, sans décider dans quels cas celle-ci s'en trouvait ou non choquée. Les compositeurs ne se préoccupent plus d'éviter un heurt sonore moins âpre que beaucoup de ceux qu'ils emploient.

Fausset. - Voix artificielle correspondant chez l'homme à la voix de tête chez la femme, qu'elle imite. Ce timbre spécial s'obtient par une disposition particulière de la fente glottique qui se trouve, pendant l'acte du chant en fausset, étroitement fermée dans sa partie postérieure. Les limites de la voix de fauset changent avec les individus. C'est en fausset que les voix masculines interprètent, presque tout entière, la partie d'alto ou de contra-ténor, dans les anciennes compositions religieuses.

Faux-bourdon. - Une des plus anciennes formes de la polyphonie vocale, en usage dans les chants d'église, surtout à partir du XVIe siècle. Le faux-bourdon est une sorte de contrepoint note centre note, généralement à trois parties marchant diatoniquement. Il se compose d'un chant confié au ténor, puis d'une seconde partie marchant parallèlement à la tierce supérieure de ce chant et qui commence et finit sur la quinte; enfin d'une troisième partie à la tierce inférieure de ce même chant, commençant et finissant sur l'unisson. Ainsi Comme cette troisième partie est toujours confiée au soprano, elle sonne une octave plus haut qu'elle n'est écrite. Cette troisième partie, étant la plus aigué, fait en réalité le chant; la partie intermédiaire (le ténor) accompagne à la quarte, et la partie grave à la sixte, La conclusion, en consonance parfaite, se compose de l'octave et de la quinte. Quelquefois, l'une des parties est fleurie d'une ligature accusant la cadence. La suite de tierces et de quartes qu'engendre cette harmonie la rend assez barbare. L'usage des faux-bourdons est maintenu dans les maîtrises jusqu'à nos jours pour l'accomplissement de la psalmodie : mais les innovations harmoniques l'ont considerablement modifié.

Feinte. - Ancien nom des altérations accidentelles. Par extension, ancien nom des touches du clavier correspondant aux notes altérées, soit diésées, soit bémolisées. - On nomme aussi feinte un agrément de l'ancien chant français, analogue à l'accent et marqué, comme ce dernier, par une virgule renversée.

Femme sensible. - La romance, si connue sous le nom de Femme sensible est tirée, d'un opéra de Méhul, Ariodant. Placée dans la bouche d'un barde, elle ouvrait le second acte de l'ouvrage, où elle formait comme une sorte de horsd'oeuvre épisodique, sans lien avec l'action proprement dite. Chantée par un artiste de grand talent, Batiste, elle fit pendant un demi-siècle la fortune des concerts et des salons, pour prendre place ensuite dans toutes les anthologies musicales.

Fermata. - Pause finale d'un morceau, préparée par une formule de cadence plus ou moins ornée. On la représente, dans la notation, par le signe appelé corona, qui est en forme d'accent circonflexe surmontant un point et que l'on trace au-dessus de la double barre terminant la portée.

Festival. - Grande fête musicale durant plusieurs jours et dont l'origine est à chercher dans les pays anglo-saxons et germaniques. 

 Fifre. - Modèle ancien de petite flûte traversière, à tube cylindrique percé de 6 trous; on lui assigne une origine allemande, et c'est par les troupes suisses au service de la France qu'il semble avoir été introduit dans les armées, où il s'unissait au tambour. Les comptes du règne de François ler accusent la présence parmi ses musiciens de trois fifres et trois tambourins, et les bas-reliefs du tombeau de ce prince figurent en effet ces instruments dans la représentation de la bataille de Cerisoles. En Angleterre, la plus ancienne mention d'un joueur de fifres, dans le personnel attaché à la maison de Henry VIII, date de 1547; au couronnement de la reine Élisabeth (1558) sont présents deux fifres et deux tambourins. D'après l'Orchésographie (1588) les airs que jouaient les fifres n'étaient pas notés-

« Ceux qui en sonnent jouent à plaisir et leur suffit de tomber en cadence avec le son du tambour. »
L'usage du fifre aux armées s'est maintenu jusqu'au seuil du XXe siècle en Allemagne, en Angleterre et dans quelques autres pays, où il était souvent d'usage de le faire sonner par des enfants; mais le défaut de justesse engendré par sa perce cylindrique l'a fait remplacer, sous le même nom, par un modèle spécial de petite flûte. En France, le fifre a figuré exceptionnellement dans la garde impériale, sous Napoléon ler et Napoléon III. Les troupes d'infanterie lui avaient substitué, dès le règne de Louis XIV, le hautbois et, à partir de 1825, le clairon, qui est devenu avec le tambour l'instrument militaire par excellence. (M. B.).

Figure. - Signe de la notation musicale, communément appelé note. De cet ancien nom est venue la qualification de chant figuré, donnée à la composition mesurée et contrepointique, par opposition au plain-chant. - Quelquefois en français, et couramment en anglais et en allemand, le  nom de figure s'applique à tout groupe de notes formant partie constitutive d'un motif ou duquel est issu tout le motif. Les exemples les plus clairs abondent chez les maîtres classiques. Tel est le dessin initial de la Symphonie en ut mineur, de Beethoven, qui est une figure rythmique et mélodique à la fois : `
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Pour exprimer plus fortement le rôle de la figure dans la construction d'un thème et de son développement, V. d'Indy l'a désignée par le nom de cellule, heureusement emprunté à la physiologie.

Filer. - « Filer un son », exercice de chant consistant à émettre et soutenir un son, sur une seule respiration, en le faisant passer graduellement par toutes les nuances d'intensité, du piano au forte et inversement. C'est l'exercice que les anciens professeurs italiens appelaient messa di voce, mise ou pose de la voix, et qu'ils recommandaient en première ligne. - « Filer une corde » signifie revêtir une corde de boyau d'un fil très fin de cuivre ou d'argent, enroulé. Les cordes filées servent pour le sol du violon, le sol et l'ut du violoncelle, les cordes graves du piano, de la zither.

Finale. - Morceau d'ensemble qui termine une symphonie, une sonate, un acte d'opéra. Tous les actes d'opéra, s'ils se terminent par un morceau, ne se terminent pas par un finale, lequel doit présenter, au point de vue scénique, une importance et un caractère particuliers. C'est donc une scène capitale, à laquelle s'adapte une musique qui utilise toutes les ressources des voix et de l'orchestre. Le finale d'opéra a son origine dans les opéras bouffes italiens du XVIIIe siècle. Rossini surtout a donné à ses finales une ampleur et un éclat inconnus jusqu'à lui (Guillaume Tell). Le finale du dernier acte de Fidelio (Beethoven) est une page pleine à la fois de grandeur et de tendresse. Dans les symphonies, on donne le nom de finale au dernier mouvement; dans le finale (avec choeurs) de la IXe Symphonie, Beethoven a atteint les sommets de l'art musical.

Fioriture. - Nom sous lequel on désigne parfois en général les ornements mélodiques, introduits par l'exécutant, que le Moyen âge appelait Florificatio vocis, et les auteurs français du XVe au XVIIIe s., fleuretis ou feurtis, dont sont issues les locutions de « contrepoint fleuri » et  « style fleuri ». 

Fixe. - Qui ne change pas de place. On appelle « instruments à sons fixes » ceux dont l'exécutant ne peut pas varier l'intonation; et notamment les instruments à clavier, orgue, piano, etc., par opposition aux instruments à cordes à manche, violon, guitare, etc., où la détermination exacte du son dépend de la position du doigt sur le manche.

Fla. - Double coup de baguettes frappé sur le tambour, en commençant faiblement par la main droite et en appuyant fortement de la main gauche. On distingue, dans le jeu du tambour, le ra et le fla

Le fla se note : .
Flageolet, anciennement flajol, flajolet. - Instrument à vent, en bois, pratiquement délaissé aujourd'hui ainsi que toute la famille des flûtes à bec, dont il est le dernier survivant. On cite quelques cas de son emploi chez Haendel (Acis et Galathée, 1709), Gluck (Les Pèlerins de la Mecque, 1764), Mozart (L'Enlèvement au Sérail, 1782); ces deux derniers cas sont relatifs à des scènes de musique pseudo-turque, et l'instrument y figure vraisemblablement pour imiter les sons aigres des petites flûtes droites employées dans les bandes militaires dites en Allemagne « musique des janissaires-».  Il est ordinairement construit en sol et comporte, à la suite du porte-vent, un tuyau d'environ 20 cm de longueur, percé de six trous. En y ajoutant quelques clefs, on lui donne une étendue de 2 octaves, analogue à celle de la petite flûte, mais moins perçante, qu'on écrit :
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mais qui sonne à la douzième supérieure. - On donne aussi le nom de flageolet à un jeu d'orgues en tuyaux ouverts, en étain, d'une sonorité aiguë. - Flageolet est encore le nom allemand. des sons harmoniques obtenus sur le violon, l'alto, etc., et dont l'emploi se prescrit par les mots durch flageolet hervorzubringen (à produire en flageolet).

Flûte. - Instrument à vent, formé d'un tube creux percé de plusieurs trous et muni de clefs, pour varier les sons.

Flûte de Pan. - Instrument en usage chéz les Anciens, composé de roseaux d'inégale longueur accolés par rang de taille.

Flûte enchantée (La) [die Zauberflöte]. - Opéra en deux actes, paroles d' Emmanuel Schikaneder, musique de Mozart, représenté à Vienne, sur le théâtre Auf der Wieden, le 30 septembre 1791. Tamino, jeune prince, égyptien, s'est fiancé, à la jeune Pamina; mais la reine de la Nuit se met à l'encontre de leurs voeux. D'autre part, un oiseleur, nommé Papageno, poursuit la gentille Papagena, qui lui échappe et se trouve partager le sort du prince. Mais trois fées bienfaisantes s'intéressent aux deux amants et leur font présent d'une flûte et d'une sonnette magiques, qui leur serviront de talismans pour déjouer les desseins de la reine de la Nuit. Cependant, ces talismans eux-mêmes resteraient impuissants pour délivrer Pamina, enlevée par le farouche Nubien Monostatos, si le grand prêtre Sarastro et les trois fées n'unissaient leurs efforts pour triompher des méchancetés de Monostatos et de la reine de la Nuit. Enfin, les deux couples d'amoureux se trouvent réunis. Sur ce canevas, Mozart a brodé un de ses plus beaux chefs-d'euvre. L'ouverture de la Flûte enchantée, le trio des fées, la chanson délicieuse de Papageno, l'air charmant de la reine de la Nuit, l'invocation de Sarastro, le choeur des prêtres d'Isis, le duo bouffe de Papageno et de Papagena, tous ces morceaux, si variés de ton, d'allure, de couleur, mais unis par un style d'une incomparable splendeur, sont, du premier jusqu'au dernier dignes de Mozart. On donna à l'Opéra, le 23 août 1801, sous ce titre : les Mystères d'Isis, une prétendue traduction de la Flûte enchantée, qui obtint que le public parisien fut mis à même de connaître vraiment la Flûte enchantée, par la bonne traduction qu'en donnèrent Nuitter et Beaumont au Théâtre-Lyrique.

Folies d'Espagne, ancien air de danse en usage en Espagne. II était à 3 temps, d'un mouvement modéré, d'une mélodie fort simple, et s'accompagnait avec des castagnettes. Corelli a composé des variations sur cet air (Follia).

Follia. - Ancienne danse à laquelle on assigne une origine portugaise et dont le nom, dans cette langue et en espagnol, désigne encore une « danse fort gaie ». Don Pedro ler qui régna sur le Portugal de 1357 à 1367, passe pour l'avoir aimée « avec passion ». On la dansait à deux personnages ou en solo. C'est de cette façon qu'elle est encore mentionnée, en 1689, par Mme de Sévigné. Un ancien air de Follia se trouve dans un manuscrit italien de 1613 et a été publié par L. Torchi. Son rythme ternaire avec note tenue remplissant les mesures paires est reconnaissable dans une Partita sopra follia de Frescobaldi (1614) et dans des pièces de Colonna (1627) et de Schmelzer (1667). Mais sa célébrité est due aux variations composées par Michel Farinel et par Corelli. Les premières, connues sous le nom de Farinel's Ground, furent insérées dans The Division Violin, de Playford (1685). Celles de Corelli terminent son cinquième oeuvre de Sonates. Le titre de Folies d'Espagne reste attaché au thème traité par ces deux violonistes et conservé longtemps comme timbre de cantique populaire qu'ont employé accessoirement d'Anglebert et J.-S. Bach; Cherubini l'a rappelé dans l'ouverture de son opéra-comique Hôtellerie portugaise (1798), et Liszt, dans sa Rhapsodie espagnole, pour piano (op. 48). Mais ce titre ne préjuge pas une provenance espagnole, et il est bon de remarquer que Farinel avait également composé ou varié un air Folie d'Angleterre, qui n'a pas été conservé.

Fonction. - Rôle dévolu à un degré de la gamme dans la constitution d'une tonalité ou d'un accord. Le premier degré fait fonction de fondamentale dans l'accord de tonique, de quinté dans l'accord du 4e degré, de tierce dans l'accord du 6e degré. D'après le système de Hugo Riemann, tout accord se ramène à l'une des trois fonctions tonales de tonique, de dominante ou de sous-dominante. Cette doctrine, appliquée à l'analyse harmonique des oeuvres modernes, y décèle le lien constant qui maintient, au milieu des développements les plus hardis ou les plus compliqués, la logique tonale du discours musical. Les partitions de Tristan et Isolde, de Wagner (1865), et de L'Étranger, de V. d'Indy (1898), se prêtent particulièrement à cette étude.

Fond. - Terme de lutherie. Surface plane ou courbée formant le dessous de la caisse dans les instruments à cordes à manche. Le fond des luths, archiluths, théorbes, mandolines, fortement bombé, est à côtes; les luths à neuf côtes étaient de type habituel. Le fond des instruments de la famille des violes et du violon est généralement plat ou légèrement incliné vers le manche. Quelques instruments précieux offrent une table de fond ornée de marqueterie

Fond d'orgue. - Réunion, de tous les jeux à bouches, tant ouverts que fermés, hormis les doublettes  et les fournitures.

Fondamental. - Se dit du son le plus grave que puisse émettre un corps sonore vibrant dans toute  son étendue; - du son servant de base à un accord (Basse fondamentale) ou à une échelle modale (Mode).

Forlane. - Danse originaire du Frioul, qui était, selon la plus ancienne mention connue, populaire dans les bals publics de Venise, au début du XVIIe s. A la fin du même siècle, elle était, selon le Mercure, « la plus jolie » des danses qu'on y exécutait (1683). Introduite en France vers cette époque, elle figure dans le Recueil de contredanses de Pécour, publié par Feuillet (1700), et dans la Méthode d'écrire les danses de Jean Rameau (1725). Des forlanes figurent dans les airs de ballet de L'Europe galante, de Campra (1697), La Vénitienne, de La Barre (1705), Les Festes vénitiennes, de Campra (1710). Les Sybarites (3e entrée du balletLLes Surprises de l'Amour), de Rameau (1757). En 1914, pour concurrencer le tango, qui obtenait dans les salons une grande vogue, on imagina de ressusciter la forlane. Les personnes qui essayaient de « lancer » cette danse n'imaginèrent rien moins que de la mettre sous le patronage du Pape Pie X, qui en aurait approuvé ou suggéré, disaient-ils, l'adoption. Aucune des versions proposées à cette époque ne paraît d'ailleurs avoir visé ni atteint le caractère d'une reconstitution historique.

Forme

Formule. - Dans le chant liturgique, dessin de quelques notes appliqué uniformément en des cas déterminés, pour marquer le début, la médiation et la terminaison d'un récitatif, d'un répons graduel, etc. Les formules primitives du récitatif liturgique romain furent déduites de celles qui étaient en usage chez les Juifs. En se développant, elles eurent une influence décisive sur la constitution des modes et sur la construction des mélodies. - Dans la musique moderne, on nomme formule un procédé de composition passé à l'état de « lieu commun ». Les cadences terminales sont des formules conclusives d'un morceau ou de ses divisions. Les anciens agréments du chant étaient des formules ornementales, tellement stéréotypées qu'elles s'exprimaient par des signes convenus. Les formules abondent dans les parties d'accompagnement des compositions de l'époque classique, et constituent toujours le fonds de la réalisation de la basse chiffrée. On dit d'une oeuvre qu'elle est formulaire, ou pleine de formules quand il y  est fait un usage exagéré de procédés d'école et de coupes mélodiques banales.

Forte, en italien = fort. - Locution employée pour proscrire une nuance d'intensité. On l'exprime souvent par l'abréviation f, avec le superlatif ff ou même fff, pour fortissimo, très fort.

Fourniture. - Jeu d'orgue, de la série des jeux de mutation, dans lequel chaque touche est mise en relation avec une série de tuyaux qu'elle fait parler simultanément et qui donnent, avec la fondamentale, les premiers sons harmoniques, ou partiels. On ne met plus de fourniture dans les orgues de peu d'importance, qui ne dépassent pas une dizaine de jeux, et l'on proportionne en général la composition de la fourniture à la richesse de l'instrument. La fourniture comprend d'ordinaire l'octave, deux fois redoublée, avec les quintes intermédiaires. Pour en augmenter la plénitude, on y fait entrer la tierce. Dans la facture allemande, on nomme Acuta, la fourniture quintuple qui, sur un do, donne sol-do-mi-sol-do, et jeu mixte, ou mixture, ou sesquialtera, celle qui fait entendre avec la quinte, la tierce au-dessus de l'octave, ou dixième, ut-sol-mi. La facture de ces jeux, qui sont composés de tuyaux d'étain ou d'étoffe, réclame une justesse absolue, sans laquelle, les sons harmoniques n'étant pas absorbés complètement par le son fondamental, « tout leur effet est détruit ». A une certaine époque, il a été de mode de les qualifier de barbares, et plus d'un a disparu dans des réfections d'anciennes orgues exécutées vers le milieu du XIXe s. Gevaert n'a pas eu de peine à démontrer qu'en construisant les jeux de fournitures les organiers des siècles anciens avaient au contraire fait preuve d'une singulière perspicacité musicale : leur travail consistait à renforcer les harmoniques, qui existent dans la nature, et contribuent à notre insu à la beauté du timbre; ils en avaient, avant les acousticiens, deviné l'existence et compris la nécessité.  (M. B.).

Fragment. - Partie détachée d'un tout. Pendant le XVIIIe s. la coutume régna, à l'Opéra de Paris, de donner des spectacles coupés formés d'actes ou d'épisodes empruntés à des ouvrages différents. On donnait à ces spectacles le titre de fragments, fragments nouveaux, fragments héroïques, etc.

Française (chanson à la), ou canzon alla Francese, forme de composition usitée du XVe au XVIIe s. (Canzone, Suite, Toccata).

Frapper. - Marquer par l'abaissement de la main les temps appuyés de la mesure.  Frapper signifie aussi mettre un corps sonore en vibration par le choc. C'est le mode d'attaque de tous les instruments de percussion et des instruments dits à cordes frappées, piano, tympanon et leurs variétés.

Fredon. - Ornement mélodique sans forme rigoureusement déterminée et sans signe spécial de notation. J.-J. Rousseau (1753) en fait le synonyme de roulade. Mais le sens du mot est plus général et s'applique même à des motifs d'allure ornée et légère.

Fredonner. - Ajouter des fredons à une mélodie. Cette acception du mot a disparu avec l'usage même des petits ornements auxquels elle se rapportait. On a conservé celle qui est synonyme de chantonner, chanter un motif à demi-voix, et sans paroles.

 Fricassée. - L'un des noms anciens du quolibet, ou chanson en coq-à-l'âne, formée de fragments sans suite. - On nomme aussi fricassée une ancienne batterie de tambour, faite de coups précipités et servant à commander le rassemblement.

Frottement. - Action de l'archet sur la corde. Un frottement est aussi la rencontre passagère de deux sons, produisant une dissonance inattendue. Un exemple célèbre est celui de la Sonate de Beethoven, Les Adieux, l'absence et le retour, où la superposition fragmentaire de l'accord de tonique et de l'accord de dominante produisent un frottement, que Fétis déclarait n'être pas de la musique. Le célèbre passage de l'entrée du cor, dans le premier morceau de la Symphonie héroïque, qui a été « corrigé » dans plusieurs éditions, produit un frottement semblable.

Frottole. - Ancienne forme de composition vocale profane; à la mode vers la fin du XVe s. et le commencement du XVIe s., en Italie, où elle précéda, le madrigal. On l'écrivait à 3 ou 4 voix sur de petites poésies en vers octosyllabiques, disposées en couplets de 4, 6 ou 8 vers à « rime plane » c'est-à-dire portant l'accent sur l'avant-dernière syllabe, avec refrain. Les sujets sont de genre érotique ou satirique, rarement grave, souvent grossier. Par une disposition nouvelle à cette époque, et qui a fait croire à l'origine populaire de la frottole, la mélodie est placée, non au ténor, comme l'exigeait alors l'art contrepointique, mais à la voix supérieure. En même temps, une grande simplicité dans la conduite des parties rendait son exécution facile à toutes les catégories de chanteurs. L'imprimeur Petrucci a publié, dans les premières années du XVIe s., dix recueils de frottoles, dont neuf ont été conservés et ne contiennent pas moins de 579 morceaux de 36 compositeurs italiens, dont les plus fréquemment représentés sont Marco Cara, Bartolomeo Tromboncino, Philippe de Lurano, Antonio Capreoli et Micha.

Fugue. - Morceau où les différentes parties se succèdent en répétant le même motif, avec des variations adaptées à -la nature de chaque instrument ou de chaque voix.
La fugue est une composition musicale qui consiste essentiellement en un développement par imitation et combinaison d'un thème unique, d'après des lois précises. Le mot fugue vient de ce que les parties ou voix du morceau répètent successivement le thème, qui a l'air ainsi de fuir de partie en partie. La fugue est conçue au moins à deux voies, vocales ou instrumentales. Les divisions constitutives d'une fugue
véritable sont : le sujet, la réponse, le contre-sujet, l'épisode, la strette et la queue (coda) ou conclusion. Le sujet, c'est le thème qui sert de base à la fugue; il expose, avec ou sans partie accompagnante. On l'appelle aussi thème, motif ou antécédent. La réponse est l'imitation du sujet, c'est-à-dire la reproduction du sujet en partant du nouveau degré de l'échelle tonale, le plus souvent de la quinte ou de la quarte supérieures ou inférieures. On l'appelle aussi conséquent. La présentation du sujet et de la réponse nomme exposition ou répercussion. Le contre-sujet est une figure accompagnante du sujet ou de la réponse, d'après les règles du contrepoint. L'épisode ou divertissement est la partie de la fugue où le sujet, la réponse, le contre-sujet sont l'objet d'imitations nouvelles. La sirette est la partie dans laquelle sujet et réponse sont aussi rapprochés que possible l'un de l'autre, et se poursuivent toujours de plus en plus près pour augmenter l'intérêt, pour que l'effet atteigne son maximum d'intensité. La queue (coda) ou conclusion est l'épisode final de la fugue. Elle repose toujours sur un retour du sujet ou de ses éléments principaux. - La fugue est dite double ou à deux sujets lorsque le contre-sujet, traité comme le sujet principal. devient un deuxième sujet; s'il y a deux contre-sujets de ce genre, la fugue est triple ou à trois sujets.

Furianta. - Danse tchèque où alternent deux mesures ternaires syncopées et deux mesures ordinaires de valse. Smetana s'est servi de ce rythme dans son opéra' La Fiancée vendue (1866).

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Dictionnaire Musiques et danses
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