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L

La. - Nom de la 6e 'note de la gamme naturelle, dans la terminologie guidonienne, qui est en usage en France et en Italie. Le la correspond à la note A de la notation alphabétique. La position centrale du la au milieu de l'échelle et le fait que la seconde corde du violon est accordée sur ce la, a fait choisir le son qu'il représente pour étalon dans l'accord des instruments. Le diapason-type a été réglé officiellement sur le la de 435 vibrations doubles, ou 870 vibrations, simples. La locution « donner le la » signifie fournir aux chanteurs et aux instrumentistes, avant l'exécution, le son-type sur lequel ils doivent se régler.

Lai. - Au Moyen âge, petit poème, d'origine bretonne, en vers octosyllabiques, que récitaient les jongleurs en coupant leur déclamation de strophes chantées avec accompagnement. Le roman de Tristan (XIIe s.) parle des « bons lais de harpe » que le héros enseignait à Iseult. Plus tard, le lai devint une forme savante de composition monodique, caractérisée par le changement de l'air et même du rythme de deux en deux strophes, dans le genre de la séquence. 

Lame.-  Feuille mince de bois ou de métal, mise en vibration par le passage de l'air ou par le choc d'un corps dur. Une lame de métal recourbé en deux branches égales prend le nom de verge. Une lame droite fixée par l'une de ses extrémités forme l'anche des tuyaux d'orgue, de clarinette, de hautbois, etc. Des lames droites dont les deux bouts reposent sur des isolateurs forment les jeux de claquebois, d'harmonica, de carillon, etc.

Lamentation. - Dans la liturgie catholique, le texte des trois premières leçons de l'office de matines, pour les trois derniers jours de la semaine sainte, appelé vulgairement « Ténèbres », est tiré des Lamentations de Jérémie; ses neuf parties successives ou leçons sont distinguées par la série des lettres hébraïques, Aleph, Beth, etc.; on le chante sur une formule psalmodique spéciale. A cette lecture succède, pour chaque leçon, un répons spécial. Dès le XVe s., des pièces polyphoniques furent composées pour servir à la célébration de l'office des Ténèbres et l'imprimeur Petrucci pût en faire paraître un recueil, à Venise, en 1506. Dans celui qu'imprimèrent à Paris Le Roy et Ballard, en 1557, figurent auprès d'oeuvres d'Arcadelt, Fevin, P. de La Rue, Claudin de Sermisy, les lamentations composées vers 1515 par Elzéar Genet, dit « il Carpentrasso », pour le service de la chapelle pontificale, où elles demeurèrent en usage jusqu'à l'apparition du livre de lamentations dédié à Sixte-Quint (1588) par Palestrina. Après ce maître, le répertoire liturgique de la semaine sainte fut enrichi de lamentations et de répons par Vittoria, Ingegnieri, Allegri, Biordi, etc. Le choix des chants exécutés à  la Chapelle Sixtine fut plusieurs fois remanié, sur l'ordre des Souverains Pontifes, jusqu'à ce que, en 1815, Baini eût établi une nouvelle tradition, comportant, pour le mercredi saint, l'exécution des lamentations de Palestrina, pour le jeudi, de celles, anonymes, attribuées à ce maître, et pour le vendredi, de celles d'Allegri. Dans les célébrations de l'office des Ténèbres, instituées en 1894 à Paris par les « Chanteurs de Saint-Gervais » sur le modèle de la Chapelle Sixtine, les lamentations sont chantées en chant grégorien, et les répons avec la musique de Vittoria ou celle d'Ingegnieri, longtemps attribuée à Palestrina.  Le titre de lamentations a été donné parfois à des ouvrages non liturgiques dont le plus célèbre est sans contredit la belle cantate, semi-religieuse et semi-patriotique, de Gounod, Gallia (1871).

Lamento, en italien = plainte, lamentation. - Berlioz a placé dans Les Troyens à Carthage (1865), comme prélude d'orchestre, un morceau qu'il a intitulé Lamento et qui a le caractère d'une plainte prophétique.

Ländler. - Danse populaire en Autriche et dans l'Allemagne du Sud, en rythme ternaire, comme la valse, mais de mouvement moins rapide, ordinairement composée de deux reprises comportant chacune 8 mesures, qui se répètent chacune plusieurs fois. Mozart, Beethoven, et surtout Franz Schubert, ont écrit quelques suites de länder. Les morceaux publiés sous ce titre par les auteurs modernes s'écartent du style simple et des proportions réduites des véritables länder.

Lapithes (danse des). - Danse exécutée chez les anciens Grecs au son de la flûte à la fin des festins, pour célébrer quelque grande victoire. Elle avait été inventée, dit-on, par Pirithoüs, en mémoire du combat que les Centaures perdirent contre les Lapithes.

Larghetto, diminutif de largo, servant à prescrire un mouvement moins lent que le largo et plus lent que l'adagio. Mozart a désigné parce mot le second morceau de son fameux Quintette en la, pour clarinette et instruments à cordes, et Beethoven, le second morceau de sa 2e Symphonie en ré.

Largo, en tialien = large, largement. - Brossard (1703) traduisait ce mot par « fort lentement, comme en élargissant la mesure et marquant de grands temps souvent inégaux, ce qui arrive surtout dans le récitatif des Italiens ». Les maîtres classiques ont fait un fréquent usage de ce mot dans le sens où ceux de l'époque précédente employaient le mot «grave ». On le trouve appliqué par Beethoven aux morceaux lents de ses Sonates, op. 7, op. 10, n° 3, op. 106, de son Trio, op. 70, n° 1, de ses Quatuors.

Larigot, de l'ancien mot français arigot, nom donné au jeu d'orgue appelé nasard, lorsqu'il est construit à l'aigu et accordé à la quinte au-dessus de la doublette

Laudes. - Dans la liturgie catholique, seconde partie de l'office des heures, se chantant immédiatement après Matines.

Laudi Spirituali. - On donne, en Italie, le nom de Laudi spirituali à des cantiques pieux en langue vernaculaire ou en latin, chantés par les confréries italiennes au XVe et surtout  au XVIe siècle. Ils eurent pour lieu d'épanoussiement l'oratoire fondé à Rome en 1563 par saint Philippe de Neri et pour premier compositeur Giovanni Animuccia. Bientôt leur exécution donna lieu à des sortes de concerts religieux dans lesquels prirent naissance l'histoire sacrée et l'oratorio. Ange Politien, Bembo, Laurent de Médicis, le Pulci, Filicaja, etc., en firent les paroles : le chant fut d'abord pour une seule voix, puis à 3, 4 et 5 parties.

Laye. - Réservoir où se rend le vent des soufflets, dans le sommier de l'orgue, et où il est emmagasiné pour se répandre, selon la volonté de l'organiste, par l'ouverture des soupapes, dans les différents tuyaux. Les anciennes orgues ne contenaient qu'une, laye par sommier. Les facteurs modernes disposent leurs instruments à double laye, l'une pour les jeux de fonds et l'autre pour les jeux d'anches, ou pour le dessus et la basse; on emploie même une triple layes si la pression du vent est différente pour la basse, le médium et le dessus.

Leçon. - Instruction donnée en particulier par le maître à un élève. Division d'un ouvrage pédagogique.  Dans la liturgie catholique, péricope de la Bible ou d'un livre ecclésiastique, prescrite dans les divers offices. Les Leçons brèves sont celles des petites heures; les grandes sont celles des matines; elles sont chantées, les unes et les autres, sur des récitatifs spéciaux. Les Lamentations de Jérémie, qui servent aux leçons des trois derniers jours de la semaine sainte, ont un chant particulier (Lamentation); en beaucoup d'églises, il en est de même pour la prophétie d'Isaïe qu'on dit aux matines de Noël. Les unes et les autres, ainsi que celles du Livre de Job dans l'office des morts, ont été souvent mises en polyphonie par les anciens compositeurs des XVe-XVIe s. (Lesson).

Lecture musicale. - Perception visuelle des sons exprimés sur le papier par les signes graphiques de la notation. Tout amateur de musique qui borne ses jouissances et ses connaissances musicales à celles de l'audition, est proprement un illettré. Le véritable musicien, par une association immédiate entre l'image visuelle et l'image auditive, entend intérieurement l'oeuvre qu'il lit et peut, même sans l'interpréter par la voix ou par le jeu d'un instrument; en saisir la signification totale par le langage musical intérieur. C'est ainsi que le compositeur note, relit et corrige son oeuvre et que le praticien, le théoricien, ou l'historien, peuvent l'étudier, la connaître et l'admirer, sans que le secours effectif de l'organe de l'ouïe soit absolument nécessaire à l'effort de leur intelligence. La lecture à vue, ou à première vue, ital. a prima vista, dite souvent déchiffrage, est l'exécution d'un morceau effectuée simultanément avec sa lecture. Des épreuves spéciales de lecture à vue sont imposées, dans les écoles et conservatoires de musique, aux élèves chanteurs et instrumentistes, pour lesquels l'acquisition d'un degré au moins moyen d'habileté dans le déchiffrage est chose indispensable.

Legato, en italien = lié. - Indication fréquemment employée pour la manière d'exécuter un morceau ou un passage.

Léger. - Se dit d'une voix souple et agile, d'un jeu délicat et brillant, d'une musique enjouée, où le compositeur s'abstient des formes sérieuses ou recherchées. On appelle, au théâtre, chanteuse légère, celle qui est chargée des rôles de demi-caractère et dont la voix excelle à interpréter les morceaux vifs ou ornés.

Leit-motiv. - Motif conducteur ou caractéristique, thème revenant fréquemment dans une partition, associé il une idée. Le leitmotiv est un des procédés systématiques les plus importants des théories musicales de Richard Wagner. C'est un fragment mélodique très court, parfois un simple dessin rythmique, même un accord caractéristique, que l'auteur emploie pour préciser un personnage, une situation, un sentiment, et qu'il rappelle à l'oreille de l'auditeur  chaque fois que se représentent ce personnage, ce sentiment, etc. Wagner enchaine ses leitmotive dans un symbolisme savant, qui parfois fatigue par sa complexité ou son insistance, mais qui parfois aussi, comme pal exemple dans la fin du Crépuscule des dieux, produit une impression profonde. Les compositeurs français ont aussi employé le leitmotiv mais d'une façon plus sobre. Massenet se contente souvent pour tout un opéra d'un seul motif dominant (Manon, Werther).

Lesson, en anglais = leçon, employé par les compositeurs et les éditeurs anglais des XVIIe et XVIIIe s comme titre de suites instrumentales. On le trouve placé en 1611 en tête d'un recueil de pièces concertantes pour six instruments, de divers auteurs, rassemblées par Thomas Morley. Le livre posthume d'oeuvres de Purcell pour le clavecin, publié en 1696, porte le même titre et contient huit suites de chacune 4 ou 5 pièces. Au siècle suivant, une édition anglaise de sonates et exercices de D. Scarlatti fut intitulée Lessons for the harpsichord. L'emploi pédagogique des pièces contenues dans ces différents recueils semble expliquer l'usage de ce terme, qui fut abandonné au XVIIIe s.

Lettre. - Caractère de l'alphabet. Les huit premières lettres de l'alphabet désignent les notes de la gamme dans la notation alphabétique, et dans le vocabulaire musical qui lui a survécu en Allemagne et en Angleterre. Le titre de Fugue sur le nom de Bach qui peut paraître étrange à des Latins, s'explique donc par le fait que les lettres B-A-C-H désignent les notes appelées, dans la terminologie guidonienne usitée en France et en Italie, si bémol, la, ut (do), si naturel. Outre ce cas et quelques autres semblables, l'emploi des lettres est universel comme point de repère dans une exécution collective, ou comme signes abréviatifs. Cette dernière acception est constante depuis le Moyen âge. Déjà les manuscrits neumatiques exécutés au monastère de Saint-Gall sous l'inspiration du chantre Romanus (IXe s.), contenaient des « Lettres significatives », qui s'interprètent en général comme les initiales des mots qu'elles  représentaient : a = altius, l = levatur, c = celeriter, e = equaliter, etc. Lorsque, beaucoup plus tard, on commença de marquer sur les pièces de musique notée les nuances d'intensité et de mouvement, un emploi semblable fut fait des lettres initiales de chaque mot : f = forte, ff = fortissimo, p = piano, pp = pianissimo, mf = mezzo forte, sf = sforzando, etc. Puis vinrent les abréviations spéciales au jeu d'un instrument : t, m, p, pour le talon, le milieu, la pointe de l'archet. En ce dernier ordre d'idées, l'emploi des lettres est souvent personnel à un auteur, qui l'explique et l'applique dans sa méthode. (Michel Brenet).

Lettres significatives. - Lettres ajoutées, dès le IXe s., à la notation neumatique du chant grégorien, pour exprimer les nuances de mouvement, d'intonation, de durée, etc. (Romanien).

Levier. - Partie du mécanisme d'un instrument à clavier qui, sous l'impulsion du doigt pressant sur la touche, déclenche, dans le piano, le marteau, et dans l'orgue, le fonctionnement, de la soupape. Le levier pneumatique du facteur anglais Barker, inventé en 1830-1838 et qui consiste en un nombre de petits soufflets égal à celui des touches, a remédié à la dureté primitive des claviers de l'orgue.

Liaison. - Passage d'un son à un autre sans interruption ni secousse. L'art de lier les sons est un des principaux mérites d'un bon chanteur ou d'un bon instrumentiste.  - Le mot liaison désigne aussi une série de notes de passage ou dessin mélodique accessoire servant à faciliter un changement de ton. - La liaison est également un signe de notation réunissant deux notes semblables pour les souder l'une à l'autre, et former une tenue. Ce signe est devenu nécessaire lorsque s'est établi l'usage des barres de mesure et qu'il a fallu traduire à l'oeil le chevauchement d'un son sur deux mesures. Morley (1597) figurait la liaison par une accolade couchée à laquelle il donnait la signification de brève et longue ou de longue et brève selon que la note de moindre valeur précédait ou suivait celle de plus longue durée. Rameau (1731) se servait du signe en forme d'arc couché qui est resté en usage et auquel il donnait, comme aujourd'hui, les deux sens de prolongation d'un son et de procédé d'exécution au clavecin. Dans le premier cas, l'écriture en parties donne aux signes de laison une acception rigoureuse que les éditions modernes simplifient aux dépens de l'orthographe contre-pointique. C'est par le signe en forme d'arc ou par une suite de signes semblables répétés de mesure en mesure que se marquent les tenues et les pédales, dont l'exemple le plus prolongé est la pédale de 136 mesures à 12/8 au début du Rheingold, de Wagner. Le signe de liaison en forme d'arc étendu au-dessus d'un fragment mélodique, sans acception de prolongation d'un même son, n'est pas destiné seulement, comme le croient souvent les élèves, à prescrire une exécution d'une seule respiration, ou d'un seul coup d'archet, mais à indiquer les divisions rythmiques de la phrase musicale. Son placement est donc essentiel pour la bonne accentuation du texte musical. (M. B.).

Libretto, en italien = « petit livre  », livret, contenant les paroles d'un opéra et que l'on imprimait pour être distribué aux spectateurs. Par extension, le même mot a été adopté pour désigner le texte poétique lui-même de l'opéra.

Licence. - Dans l'enseignement de l'harmonie, infraction tolérée aux règles théoriques. Ainsi les changements de position d'un accord permettent entre deux parties deux octaves ou deux quintes parallèles; l'introduction dans les parties centrales d'une ou plusieurs notes intermédiaires autorise la production de deux octaves ou deux quintes par mouvement contraire. Dans l'opéra italien du XVIIIe s., on nommait Licenza un air ajouté facultativement et souvent par allusion à un événement récent ou à un auditeur de marque. Mozart a composé quelques morceaux de ce genre

Lié. - Mot servant à caractériser le procédé d'exécution vocale ou instrumentale consistant à passer d'un son aux sons suivants sans interruption, soit d'une seule respiration, soit d'un seul coup d'archet, soit, sans quitter une touche de clavier avant d'avoir posé le doigt sur la suivante. Dans le jeu du violon, on donne le nom de lié à un coup d'archet reliant entre elles une série de notes dans un même mouvement de bras, tiré ou poussé. Dans l'enseignement de la composition, on appelle style lié celui où domine l'écriture contre-pointique ou horizontale, qui permet aux diverses parties vocales de s'entrelacer plus aisément, par opposition à l'écriture harmonique verticale, qui oblige ordinairement les voix à marcher, du même pas.

Lied. - C'est une romance, une chanson, une sorte de ballade très cultivée en Allemagne. C'est strictement une poésie destinée à être chantée, exprimant, dans une série de strophes à mélodie identique, un sentiment unique. En fait, cependant, le lied n'est pas toujours composé en vue du chant, et le sentiment qu'il exprime est parfois complexe. Il existait déjà des lieder chez les Germains à l'époque de Tacite, qui a en vue ce genre lyrique lorsqu'il parle de carmina antique (Germ., II). Le plus ancien lied qui se soit conservé est le Hidebrandsled, fragment de la légende héroïque. Au même sujet appartiennent le Nibelungenlied, qui est en réalité un poème épique résultant de la fusion de lieder anciens; le Seyfridslied, etc. Au Moyen âge on voit aussi apparaître : des lieder religieux (geistliche lieder), qui furent suivis d'une foule d'autres composés par Luther, Klopstock, Novalis, Annette de Droste-Hülshoff, etc.; des lieder à sujet patriotique ou historique, tel le Ludwigslied, auquel Walther de la Vogelweide, Gleim, Arndt, Berner, etc., donnèrent de nombreux successeurs; des lieder ayant l'amour pour thème, dont les auteurs, depuis les Minnesinger jusqu'à l'époque contemporaine, en passant par Goethe, Lenau, Heine, etc., sont innombrables. Plus tard, apparaissent les lieder populaires (volkslieder), dont le caractère essentiel est la naïveté et l'ingénuité. Les deux recueils principaux de volkslieder sont : le Cor merveilleux de l'enfant, publié en 1806-1808 par Achim d'Arnim et Clemens Brentano et Anciens lieder populaires hauts et bas allemands, collection publiée en 1844-1845 par L. Uhland. En tant que type musical, le lied est une mélodie vocale, et ce genre de composition a produit d'innombrables chefs-d'oeuvre. Il suffit de rappeler les noms de Beethoven, de Franz Schubert, de Mendelssohn, de Kücken, de Schumann, de Robert Franz, d'Henri Proch. En ce qui concerne sa forme proprement dite, elle est volontiers de deux sortes : ou les diverses strophes de la poésie se disent toutes sur la même musique, ou bien la poésie, prise dans son ensemble, est mise en musique d'un bout à l'autre, sans qu'on en puisse détacher une partie. Dans ce dernier cas, la forme, plus élargie, suit de plus près le sens intime des paroles.

Ligature. - Dans la théorie du contrepoint, le mot ligature est l'équivalent de syncope, lorsque le contrepoint de deuxième espèce (deux notes contre une) est écrit de façon que la note de l'espèce la plus brève, se faisant entendre en même temps que l'autre, soit toujours liée à la note identique du temps précédent. - Dans l'ancienne notation du plain-chant, au Moyen âge, on appelait ligature la réunion de plusieurs notes cernées qu'on joignait de façon à ne former qu'une figure dans laquelle chaque note isolée prenait une valeur différente suivant sa forme et la place qu'elle occupait.

Ligne. - Un des traits horizontaux dont est constituée la portée musicale. - Ligne nodale :  figures qui se forme à la surface d'une membrane ou d'une plaque mise en vibration. 

Limma. - Intervalle de la gamme pythagoricienne, plus petit de 1/10 de ton que le demi-ton diatonique de la gamme tempérée. On l'explique par le rapport 256/243 ou, en savarts, par le nombre 23.

Liquescence et Liquescent. - Nuance d'exécution dans le chant grégorien, définie « un son qui coule doucement et s'efface dans la prononciation »; le son liquescent, on note l., a un rôle grammatical plutôt que musical, en ce que l'on s'en sert, comme d'une apostrophe ou d'un e muet sous-entendu, pour détacher l'une de l'autre deux consonnes successives. Dom Pothier donne pour exemple de son emploi le fragment « Ad te levavi », où, dans le cephalicus placé sur Ad, le premier son est fort, le second faible et a pour mission de porter la voix sur la syllabe te.

Litanie. - Prière en forme d'invocations et de supplications dite ou chantée alternativement par le célébrant et le peuple, celui-ci répondant par une formule répétée, Kyrie eleison, ou Ora pro nobis. Les litanies les plus répandues, dans le culte catholique, sont les Litanies des Saints et les Litanies de Notre-Dame-de-Lorette, qui tirent leur nom du sanctuaire où, elles furent tout d'abord chantées. D'autres litanies, d'un caractère local, sont en usage en certaines contrées. Les unes comme les autres accompagnaient autrefois la marche des processions, si nombreuses en tous lieux, et celle des pèlerins, cheminant par groupes vers les tombeaux des saints ou les églises votives. Le chant traditionnel des litanies de Notre-Dame-de-Lorette est resté populaire. De nombreux compositeurs, entre lesquels se remarquent les noms de Palestrina (1593), et de Mozart (1774), ont mis le même texte en musique à plusieurs voix. Les litanies furent la première prière du culte catholique que l'on traduisit en anglais à l'époque de la Réforme; son adaptation, imprimée en 1544, passe pour l'oeuvre de Cranmer; plusieurs versions à quatre ou à cinq voix en furent composées depuis 1560 par les musiciens britanniques, notamment par Byrd et par Talles.

 Liturgique. - Qui appartient à la Liturgie. Dans le culte catholique, on réserve le nom de chant liturgique aux mélodies traditionnelles dont l'Église a fixé la note musicale aussi bien que le texte et dont elle a réparti l'exécution, suivant des règles et des usages précis, entre le clergé et les fidèles. Les pièces composées sur les mêmes textes par les compositeurs anciens et modernes s'y joignent à titre facultatif et forment, en face du répertoire du chant liturgique, celui de la  musique religieuse.

Livret, adopté, dans le sens du nom italien libretto pour désigner le poème d'un opéra. - L'art d'écrire les livrets, subordonné au développement de l'art musical, tout en exerçant sur celui-ci une influence profonde, a presque toujours revêtu des formes entièrement conventionnelles et constamment variables. La fusion totale qu'on y désire entre la parole et le chant ne peut guère résulter que de sa composition par le musicien lui-même, chose réalisée seulement à l'époque moderne et par un petit nombre de maîtres, Berlioz, Wagner, V. d'Indy, Charpentier, ou bien d'une étroite collaboration du poète et du musicien, ainsi qu'il arrivait entre Quinault et Lulli, alors que, Louis XIV ayant approuvé le sujet de la tragédie lyrique projetée, les deux auteurs se mettaient à l'oeuvre ensemble, Lulli dictant à Quinault la coupe des scènes ou des vers et l'obligeant à refondre, abréger, corriger sous ses yeux le texte qui devait porter sa musique. A l'antipode de cette manière d'agir, Auber et Meyerbeer fournissaient à Scribe des « monstres », ou successions mesurées de mots et de syllabes sans suite, sur le rythme desquels il avait à fixer des versiculets quelconques. Le système des grands librettistes italiens du XVIIIe s., Metastasio, Apostolo Zeno, était encore une fois différent; sur des sujets et des plans rarement renouvelés, ils faisaient oeuvre littéraire et, avec ou sans coupures ou changements, leurs poèmes, en beau langage, servaient successivement à dix ou vingt compositeurs et quelquefois deux fois au même, chacun n'ayant d'autre souci que d'ordonner selon les coutumes reçues la suite d'airs et de récits nécessaires pour former un spectacle, séduire le public et satisfaire les acteurs. On ne saurait d'ailleurs séparer l'histoire du livret de celle de la musique dramatique. Mais il est permis de remarquer comment s'y est, pendant le XVIIIe et le XIXe s., graduellement accentuée la tendance au moindre effort, qui a porté les librettistes à chercher matière à des poèmes d'opéra dans toutes les oeuvres célèbres du théâtre et du roman, plutôt que de faire oeuvre originale et véritablement lyrique. (M. B.).

Lohengrin. - Opéra en trois actes et quatre tableaux, poème et musique de Richard Wagner, oeuvre inégale qui contient des beautés de premier ordre (1850). Lohengrin, chevalier du Graal, défend et sauve Elsa de Brabant, accusée par Frédéric de Telramund d'avoir tué son propre frère. Il l'épouse. Mais la curiosité d'Elsa ayant contraint Lohengrin à dévoiler son nom, il doit s'éloigner d'elle pour toujours. Citons, au 1er acte, le magnifique prélude, le rêve d'Elsa, l'arrivée du Cygne; au 2e, le chant d'amour d'Elsa aux étoiles et la marche religieuse; au 3e, le grand duo d'Elsa et de Lohengrin. Mais on y trouve aussi des morceaux d'une longueur exagérée : le récit de Lohengrin au 1er acte; les duos d'Ortrude et de Frédéric, d'Ortrude et d'Elsa; le récit du Graal.

Longue. - Terme emprunté à la métrique de l'Antiquité, et représentant ordinairement le double de la brève. Les métriciens l'indiquent par un trait allongé —. Dans la notation proportionnelle, à partir du XIIe siècle, figure munie d'une queue, tenant le milieu de note en forme d'une carrée entre la maxime et la brève et valant, sous le mode parfait, trois brèves, et sous le mode imparfait, deux. Elle avait disparu de l'usage à la fin du XVIIe s. et Brossard (1703) entendait par longue toute note placée au temps fort de la mesure ou prolongée par un point, une syncope ou un agrément.

Losange. - Figure de la note semi-brève, dans la notation proportionnelle noire, d'où elle fut abusivement introduite, vers le XVIe s., dans, la notation du plain-chant qui l'a conservée jusqu'à la fin du XIXe s.

Loure, danse grave dont l'air était assez lent et ordinairement marqué à six-quatre. Cet air commençait en levant, et se composait de deux reprises de 8, 12 ou 16 mesures. Quand chaque temps porte trois notes, on pointe la première, et l'on fait brève celle du milieu. Lourer, c'est marquer la première note de chaque temps plus sensiblement que la deuxième, quoique de même valeur, et en nourrir le son avec douceur : ce mode d'exécution est particulièrement en usage pour les compositions d'un caractère rustique. - On a encore appelé loure un instrument assez semblable à la musette.

Lusingando, en italien = en flattant, employé chez quelques auteurs classiques, et entre autres par Weber, dans sa sonate, op. 4, et par Chopin, dans son Rondo en fa, pour indiquer le sentiment à exprimer dans l'exécution d'un morceau.

Luth. -  Ancien instrument de musique à cordes cordes pincées, à long manche et à sillet, dont le corps convexe ne comporte pas d'éclisses. Primitivement monté de huit cordes à boyau par quatre paires, il prit ensuite douze cordes, et, au XVIIe siècle, il arriva à en posséder jusqu'à vingt. Le luth ne comporte qu'un seul chevillier, à angle droit avec le manche ; dans sa variété du XVIIe siècle appelée théorbe, qui est beaucoup plus grande, le manche porte deux chevilliers, comme l'archiluth de la même époque, souvent confondu avec lui et qui s'en distingue par la brisure et la longueur de son manche. C'est pour le luth que fut écrite la première musique instrumentale.

Lutherie. - Fabrication des instruments à cordes. Bien que l'étymologie de ce mot le fasse dériver du luth, son usage est tellement postérieur à la disparition de cet instrument, que même il n'est pas admis par la sixième  édition du Dictionnaire de l'Académie, publiée en 1835. Cependant, un document officiel de 1731 cite la corporation des luthiers. La lutherie, dont l'histoire se confond avec celle des instruments eux-mêmes, a été justement définie comme « un art délicat » dans lequel des « connaissances théoriques approfondies a doivent s'unir au « plus fin sentiment musical ».  Dès le milieu du XVIe s., elle florissait dans toutes les contrées de l'Europe, mais principalement en Italie, où Gasparo de Salé, à Brescia, et Andrea Amati, à Crémone, avaient fondé des centres de fabrication aussi actifs que renommés, et illustrés, pendant deux siècles par, les travaux de Maggini, des descendants d'Amati, de la famille des Guarneri et de Stradivarius, célèbre entre tous. En France, le tyrolien Duiffoprugcar avait ouvert à Lyon un atelier fameux au XVIe s., et la même époque avait vu se produire les premiers essais des luthiers lorrains dont l'industrie s'est largement développée. Les Tielke, de Hambourg, se distinguèrent pendant cent cinquante ans parmi les nombreux luthiers de l'Allemagne du Nord. S'il est vrai de dire que les beaux instruments des grands luthiers italiens n'ont jamais été surpassés, d'excellents instruments sortent des ateliers modernes et maintiennent à un niveau élevé l'art de la lutherie artistique, en face de laquelle les besoins du commerce à bon marché ont fait prospérer une lutherie purement industrielle, fabriquée principalement dans le Tyrol bavarois et, en France, dans la région de Mirecourt. Les expositions universelles et internationales ont été, depuis le milieu du XIXe s., un facteur important des progrès modernes de la lutherie, offrant en comparaison les spécimens d'origines les plus variées, stimulant ainsi les recherches et les travaux des fabricants d'instruments de musique. (M. B.).

Lutrin. - Grand pupitre placé dans le choeur d'une église pour supporter les livres de chant liturgique et autour duquel se groupent les chantres. Le lutrin étant parfois orné d'une figure d'aigle, symbole de l'évangéliste saint Jean, recevait en ce cas le nom même d'aigle. - Par extension, ce mot désigne aussi le personnel chantant, réuni autour du lutrin.

Lydien (mode). - Nom du 5e mode ecclésiastique, mode de fa. 

Lyre. - lyre Instrument de musique à cordes pincées, en usage chez les Anciens. La lyre est, avec la harpe, le plus ancien des instruments à cordes pincées. Connue des Egyptiens, des Assyriens, des Phéniciens et des Hébreux, elle nous est venue par les Grecs, qui en attribuaient l'invention, tantôt à Hermès, tantôt a
Apollon, tantôt encore à Lirais, Orphée ou Amnphion. La lyre se pinçait soit avec les doigts, soit a l'aide d'un plectre. Les cordes étaient de lin ou de boyaux d'animaux, et leur nombre ne dépassait pas trois à l'origine. Ce nombre s'éleva progressivement. Simonide le porta à huit, Timothée à douze. La lyre fut aussi en usage chez les Romains, et au Moyen âge. C'est de la lyre que dérivent, en Occident, tous les instruments a cordes pincées : mandolines„ guitares, etc.

Lyro-guitare. - Instrument de musique ayant la forme d'une lyre, avec un manche de guitare placé entre les deux montants de la ligne et portant les cordes.

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Dictionnaire Musiques et danses
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