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Marie, la
Vierge Marie, ou la Sainte Vierge est un personnage du Nouveau
Testament );
c'est la mère de Jésus. Le Nouveau
Testament est très sobre en détails sur elle. Tout ce
qu'il contient se réduit à une centaine de lignes, dont la
plupart se trouvent dans les deux premiers chapitres de l'Evangile selon
saint Luc .
Par le style, par les procédés de leur composition qui, manifestement
emprunte beaucoup d'éléments à la vieille littérature
biblique ,
par le mode hymnique du langage prêté aux personnages, ces
chapitres, qu'on appelle parfois l'Evangile de l'enfance, présentent
un caractère qui les différencie profondément des
autres évangiles, et tout particulièrement
de l'évangile même auquel ils sont annexés. On ne remarque
ordinairement ce caractère que dans les livres
apocryphes.
Marie
dans la Bible.
Il y avait, dans la ville de Nazareth
en Galilée ,
une vierge appelée Marie, fiancée à un homme nommé
Joseph, de la maison de David.
Six mois après avoir promis un fils à Zacharie, l'ange'
Gabriel annonça à cette vierge,
comme il avait été fait autrefois à la mère
de Samson (Juges ,
XIII, 3), qu'elle concevrait et qu'elle enfanterait un fils, auquel elle
devait donner le nom de Jésus. Pour lui
offrir un signe certifiant le message qu'il apportait, il l'avertit que
sa cousine Elisabeth avait conçu en sa vieillesse.
Marie s'empressa d'aller dans le pays des
montagnes, en une ville de Juda, pour visiter Elisabeth. Celle-ci, lui
appliquant une parole destinée autrefois à Jabel, femme de
Héber (Juges, v, 24), la salua en lui disant qu'elle était
bénie entre toutes les femmes, et que le fruit qu'elle portait était
béni. Marie, répondant, prononça une sorte de cantique
(Magnificat) dont la contexture et les expressions principales sont
tirées du 1er Livre de Samuel
(II, 1-10) qui les met dans la bouche d'Anna, mère de ce prophète;
et amplifiant l'exclamation de Léa, au temps de Jacob
(Genèse ,
XXX, 11), elle dit : Désormais tous les âges m'appelleront
bienheureuse ( Proverbes ,
XXXI, 28; Malachie, III, 12, où il est écrit : Toutes
les nations vous diront heureux).
Après avoir demeuré trois
mois avec sa cousine, Marie s'en retourna en sa maison (Saint Luc,
I, 26-56). Mais ce fut à Bethléem ,
ville de David, qu'elle mit au monde « son fils premier-né
», un dénombrement ordonné par César-Auguste
ayant forcé Joseph et sa femme de s'y rendre, pour se faire enregistrer.
Elle accoucha dans une étable, parce qu'il n'y avait point de place
pour eux dans l'hôtellerie; et elle y reçut la visite des
bergers à qui un ange, avait annoncé la naissance de Jésus.
Quarante jours après elle était à Jérusalem,
dans le temple, pour la purification. Le vieillard Siméon reconnut
dans l'enfant qu'elle apportait le Christ du
Seigneur, le salut préparé pour être présenté
à tous les peuples; mais il prédit qu'une épée
transpercerait l'âme de sa mère ( Chandeleur).
Quand Jésus
eut atteint l'âge de douze ans, il monta à Jérusalem,
pour la fête de Pâque,
avec Joseph et Marie. Au lieu de les suivre, quand ils partirent, il resta
dans le temple, auprès des docteurs. Marie, le retrouvant après
trois jours de recherche éplorée, lui dit : Mon enfant, pourquoi
as-tu ainsi agi avec nous? Voilà ton père et moi qui te cherchions
étant fort en peine. Il leur répondit Pourquoi me cherchiez-vous?
Ne saviez-vous pas qu'il me faut être occupé aux affaires
de mon Père? Mais ils ne comprirent point ce qu'il leur disait.
Sa mère conservait toutes ces choses en son coeur (Saint Luc,
II).
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Représentations
classiques de Marie : la Vierge à l'Enfant du portail
latéral sud de l'église de Vétheuil et, à droite,
une mosaïque de Marie Reine de la paix, à Saint-Clair-sur-Epte.
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L'Evangile selon saint Mathieu
contient un récit beaucoup plus court, qui suppose que Joseph et
Marie habitaient Bethléem, et qui sur un autre point important semble
contredire celui que nous venons de résumer. Joseph
voyant sa fiancée enceinte, voulut la quitter, mais secrètement
pour ne point la diffamer. Un ange lui apparut
en songe et lui dit de ne point craindre de prendre Marie pour femme, car
ce qu'elle avait conçu était du Saint-Esprit. L'évangile
ajoute ces mots, qui désolaient Bossuet
(Elévations sur les Mystères, XVI, 2) :
«
Il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle eût enfanté
son fils premier-né. » (I, 18-25).
Jésus, étant
né à Bethléem, y reçut la visite et les dons
des mages d'Orient conduits par une étoile
( Epiphanie).
Après leur départ, Joseph emmena en Egypte
Marie et le petit enfant, parce qu'Hérode le
Grand voulait le faire mourir. Il n'en revint qu'après la mort
de ce roi. Ayant appris qu'un fils d'Hérode régnait en Judée ,
en la place de son père, il craignit d'y aller; ayant été
averti en songe, il se retira dans les quartiers de la Galilée ,
et alla demeurer à Nazareth (II). Il est fort difficile de concilier
cette fuite en Egypte et les circonstances du retour avec la présentation
au temple de Jérusalem, quarante
jours après la naissance de Jésus.
Les Evangiles selon Saint Marc
et selon Saint Jean
commencent avec la prédication de Jean-Baptiste;
ils ne rapportent absolument rien sur la conception, la naissance et l'enfance
de Jésus, ni par conséquent sur aucune des choses concernant
Marie à cet égard. Seulement, en racontant le premier miracle
opéré par Jésus, saint Jean
dit qu'il avait été invité aux noces de Cana ,
avec ses disciples et sa mère. Vers la fin du repas, elle lui dit
:
«
Ils n'ont plus de vin. »
A cette remarque, qui contenait une prière,
Jésus fit une réponse qui servirait difficilement d'argument
à ceux qui prêtent à l'intercession de Marie une puissance
souveraine :
«
Femme, qu'y a-t-il entre toi et moi? Mon heure n'est point encore venue.
» (II, 4).
On trouve dans les trois autres évangiles
des paroles prononcées du même ton :
«
Ses frères et sa mère arrivèrent, et; se tenant dehors,
ils l'envoyèrent appeler; et la multitude était assise autour
de lui. On lui dit : Voilà, ta mère et tes frères
sont dehors qui te demandent. Mais il répondit : Qui est ma mère
ou qui sont mes frères? Et jetant les yeux sur ceux qui étaient
autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères. Car
quiconque fera la volonté de Dieu,
celui-là est mon frère et ma soeur et ma mère. »
(Saint Marc, III, 31-35; Saint Mathieu, XII, 46-50, Saint
Luc, VIII, 19-21). « Comme Jésus disait ces choses, une
femme de la troupe éleva sa voix et lui dit : Heureux les flancs
qui t'ont porté et les mamelles qui t'ont allaité! Mais plutôt,
reprit Jésus, ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui
la mettent en pratique. » (Saint Luc, XI, 27-28).
Il semble bien que Marie était devenue
veuve quand Jésus commença sa prédication; car on
ne voit jamais Joseph paraître pendant
ce temps, tandis qu'on mentionne les frères de Jésus : Jacques,
Joses, Jude, Simon et ses soeurs (Saint Marc, VI, 3; Saint Mathieu,
XIII, 55). Lorsque Jésus fut crucifié, Marie se tenait près
de la croix, avec Marie, femme de Cléopas, et avec Marie-Madeleine.
Jésus, voyant sa mère et près d'elle le disciple qu'il
aimait (Jean) dit à sa mère : Femme,
voilà ton fils, puis il dit au disciple : Voilà ta mère.
Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui (Saint
Jean, XIX, 25-27). Durant les jours écoulés entre l'Ascension
et la Pentecôte, les Actes des Apôtres
(I, 44) la montrent à Jérusalem, unie, dans la prière
et l'oraison, aux disciples persévérants, avec les femmes,
et avec les frères de Jésus. Puis, un silence complet se
fait sur elle; il n'est nulle part question d'elle, ni dans le reste du
livre des Actes, ni dans les Epîtres ,
ni dans l'Apocalypse .
Ces écrits concentrent tous les objets de la religion
chrétienne sur la doctrine de Jésus, sur ses exemples
et ses miracles, sur les institutions établies
par lui, sur le mystère rédempteur
de sa mort et de sa résurrection, sur l'attente de son retour et
sur les effusions du Saint-Esprit. Marie n'est pas même nommée
parmi les personnes qui s'occupèrent de la sépulture de Jésus,
ni parmi celles à qui il apparut après sa résurrection.
Telle est la substance de tout ce que les
documents bibliques nous apprennent sur Marie.
Nous nous sommes appliqués à ne rien omettre. La sobriété
du vieil et austère évangile, commençant avec la prédication
de Jean-Baptiste et finissant avec la résurrection de Jésus-Christ,
ne pouvait satisfaire les besoins des âmes curieuses de
récits merveilleux et de manifestations
miraculeuses ( Apocryphes).
Elle devait produire un double effet : exciter le désir de savoir
davantage, et permettre à l'imagination un essor d'autant plus libre
qu'il n'avait point à craindre de se heurter aux démentis
de l'histoire, puisque l'histoire ne disait rien.
Pietà,
dans le trésor de la cathédrale
de
Saint-Bertrand-de-Comminges.
©
Photos : Serge. Jodra, 2009- 2013.
La légende
de Marie.
En ce qui concerne la première
partie de la vie de Marie, les produits les plus anciens du travail des
imaginations pieuses sont les écrits suivants : Protevangelium
Jacobi (connu d'Origène au IIIe siècle);
Evangelium pseudo-Matthaei, sive liber de ortu beatae Maria; et infantia
Salvatoris; Evangelium de nativitate Sanctae Mariae; - Historia
Josephi, fabri lignarii; - Evangelium infantiae arabicum, Au
mot Anne, nous avons résumé le récit
que le Protevangelium Jacobi fait de la naissance de Marie. D'après
cet évangile et une autre légende, ses parents la conduisirent
au temple de Jérusalem, dès
l'âge de trois ans, pour être consacrée au Seigneur,
et elle conquit l'affectueuse admiration du peuple, en dansant fort gracieusement
sur la troisième marche de l'autel,
où le grand prêtre l'avait placée. Elle demeura dans
le temple jusqu'à l'âge de douze ans (ou de quatorze), servie
par les anges et croissant chaque jour en perfection.
En ce temps-là, le grand prêtre commanda à toutes les
vierges qui étaient dans le temple de
s'en retourner dans leurs familles, pour être mariées. Marie
refusa, disant qu'elle avait voué sa virginité au Seigneur.
Le grand prêtre, fort perplexe, s'adressa à Dieu,
qui envoya un ange pour lui donner conseil. En conséquence, il rassembla
tous les veufs d'Israël et tous les hommes mariables de la maison
de David. Il avait ordonné que chacun apportât
son bâton. Joseph craignait de montrer
le sien, parce qu'il était vieux et qu'il avait des enfants. C'est
pourquoi tous les autres passèrent avant lui; mais aucun signe ne
se produisit pour eux. Quand il se présenta enfin, une colombe sortit
de son bâton et plana sur sa tête. Marie lui fut fiancée.
Il advint alors qu'on eut besoin d'un voile pour le temple. L'oeuvre fut
confiée à sept vierges désignées par le sort,
et la tâche de chacune assignée de la même manière.
Il échut à Marie d'avoir à filer la pourpre. Un jour
qu'elle était sortie avec une cruche, pour puiser de l'eau,
elle entendit une voix qui disait :
«
Le Seigneur est avec toi; tu es bénie entre les femmes. »
Effrayée, elle abandonna sa cruche,
rentra dans sa maison et reprit sa pourpre. Mais voici, pendant qu'elle
était assise, occupée à ce travail, une merveilleuse
lumière resplendit dans la chambre, et l'ange'
Gabriel, apparaissant, lui adressa les paroles que l'on sait.
Quand ils allèrent à Bethléem
pour se faire enregistrer, Marie était montée sur un âne;
près de la ville, elle pria Joseph de l'aider à descendre;
il la déposa dans une grotte et se mit à la recherche d'une
sage-femme. Il se fit alors dans toute la nature un immense silence et
un immense repos : les nuages étaient arrêtés dans
leur course, les oiseaux dans leur vol, les troupeaux dans leur marche;
les mains levées des bergers restaient immobiles; les ouvriers,
assis pour leur repas, cessaient de manger; la bouche des chevreaux touchait
l'eau, mais ils ne buvaient pas. Une sage-femme descendit de la montagne;
Joseph la conduisit à la grotte. Ils la trouvèrent enveloppée
et remplie d'un nuage brillant, qui devint bientôt une lumière
resplendissante. Quand l'éclat de cette lumière fut affaibli,
ils aperçurent un enfant sur la poitrine de Marie.
La plus ancienne légende sur la
dernière partie de la vie de Marie remonte au IIe
siècle ou, au plus tard, au IIIe.
Elle a été attribuée à Méliton, évêque
de Sardes : Sancti Metitonis, episcopi Sardensis, de Transitu Virginis
Mariae liber. Un livre portant le même titre fut réprouvé
comme apocryphe par le pape Gélase, à
la fin du Ve siècle.
La même légende est contenue,
sous une autre forme; dans, un écrit intitulé Johannis
apostoli de Transitu beatae Mariae virginis liber.
Lorsque les Apôtres
furent partis pour évangéliser le monde, Marie continua à
demeurer avec les parents de saint Jean, dans leur
maison, située près de la montagne des Oliviers; elle allait
chaque jour prier sur le Calvaire et près du Sépulcre. Les
princes des prêtres parvinrent à la faire consentir à
se retirer à Bethléem. Elle prit avec elle trois pieuses
vierges. En la vingt-deuxième année après l'Ascension,
comme elle sentait son coeur pris d'un inexprimable besoin d'être
avec son fils, un ange lui annonça qu'au
troisième jour, son âme serait retirée de son corps,
et il lui plaça dans les mains une branche de palmier, apportée
du Paradis. Elle exprima le désir de
voir les apôtres réunis auprès d'elle avant sa mort.
Il n'en restait plus que six : Jean qui en ce moment-là prêchait
à Ephèse, Pierre
qui offrait le sacrifice à Rome,
Paul qui discutait avec des juifs,
près de cette ville, Thomas qui était aux extrémités
de l'Inde ,
Mathieu et Jacques. Le Saint-Esprit réveilla
ceux qui étaient morts, Philippe et André, Luc
et Simon, Marc et Bartholomée.
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La
Vierge et l'enfant Jésus
sur
une miniature d'André Beauneveu (1400).
Ils furent tous recueillis dans un brillant
nuage et transportés à Bethléem.
Les anges et les puissances, en multitude innombrable, descendirent du
ciel et entourèrent la maison. Gabriel près
de la tête de Marie et Michel près de ses pieds l'éventaient
de leurs ailes. Les gens de Bethléem amenèrent leurs malades,
qui furent tous guéris. La nouvelle de ces choses étant parvenue
à Jérusalem, le roi envoya des cavaliers pour prendre Marie
et les disciples. Mais ils ne trouvèrent rien, Marie et les disciples
ayant été transportés à Jérusalem dans
un nuage, au-dessus de leurs têtes. Le grand prêtre et le gouverneur
voulurent faire brûler la maison où Marie avait été
déposée; mais leurs serviteurs furent consumés par
le feu qui se retourna contre eux.
Le sixième jour de la semaine, le
Saint-Esprit commanda aux apôtres de conduire Marie de Jérusalem
à Gethsémané. Juphia, un des princes des prêtres,
tenta de renverser la litière, mais un ange lui coupa les deux bras.
Pierre les lui remit, sur la demande de Marie,
que le misérable avait invoquée comme la mère du salut.
Enfin l'ange' Gabriel
annonça que Marie serait retirée du monde le premier jour
de la semaine. Dès le matin de ce jour-là, Eve,
Anne, Elisabeth vinrent embrasser Marie. Adam,
Seth, Noé, Abraham,
Isaac, Jacob, David et
tous les anciens patriarches vinrent pareillement, ainsi qu'Enoch, Elie,
Moïse et douze chariots contenant une multitude
de l'armée céleste.
Jésus lui-même,
apparaissant dans son humanité, vint la bénir. Elle lui dit
: Seigneur, prends-moi avec toi. Il lui répondit : Ton corps sera
dans le paradis au jour de la résurrection, et les anges te serviront;
mais ton âme pure brillera dans la demeure même de mon Père.
Alors les disciples invitèrent Marie à prier pour le monde
qu'elle quittait. Quand elle eut fini de prier, sa tête resplendit
de lumière et elle les bénit tous. Alors son Fils, étendant
la main, porta son âme pure dans le trésor du ciel. Les Apôtres
portèrent le corps dans la vallée de Josaphat, à la
place que le Seigneur avait indiquée, et ils la déposèrent
dans un sépulcre neuf. Mais Jésus, survenant soudainement
avec une multitude d'anges, demanda aux apôtres : Que voulez-vous
que je fasse de celle que mon Père a élue parmi les tribus
d'Israel, afin que j'habitasse en elle? Pierre et les Apôtres le
prièrent de ressusciter Marie, et de la prendre avec lui.
Le Sauveur ordonna à l'archange
Michel de descendre son âme du ciel; Gabriel roula la pierre du sépulcre,
et le Seigneur dit : Bien-aimée, lève-toi. Ton corps ne subira
point la corruption de la tombe. Aussitôt Marie se leva et, se prosternant
aux pieds de son fils, elle l'adora. Il la baisa et la donna à ses
anges, qui la portèrent dans le paradis.
Or Thomas ne se trouvait pas en ce moment avec les autres apôtres,
parce qu'il avait été appelé pour baptiser Palodius,
fils de la soeur du roi. Quand il revint, on lui raconta ce qui était
arrivé. Mais il demanda à visiter le sépulcre : Car,
dit-il, vous savez que je suis Thomas et que je ne crois que lorsque j'ai
vu. Pierre et les disciples indignés le
menèrent au sépulcre; ils y entrèrent, et ils ne trouvèrent
que les linges dans lesquels le corps avait été enseveli.
Alors Thomas confessa que, étant dans le nuage qui l'avait apporté
de l'Inde, il avait vu les anges porter en triomphe le saint corps de Marie
dans le ciel, lui avait crié de le bénir, et elle lui avait
jeté sa ceinture. Les disciples furent remplis de joie en voyant
cette précieuse ceinture. Le Calendrier
grec et le Calendrier arménien affectent le 31 août à
une fête de l'Invention de la ceinture
de la Vierge.
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La
mort de la Vierge (cathédrale de Francfort). Photo
: © Angel Latorre.
Le culte marial
Cette légende est généralement
considérée comme issue d'une source gnostique
ou collyridienne. Nous avons déjà
dit qu'elle avait été réprouvée par un décret
attribué au pape Gélase. Néanmoins
l'Eglise catholique finit par l'accepter, expurgée
de quelques détails trop compromettants, et par en faire l'objet
d'une de ses plus grande fêtes
: celle de l'Assomption, primitivement appelée
aussi Dormition (terme toujours en usage dans l'Eglise
grecque). Cette fête prit une importance
spéciale en France à partir du moment où Louis
XIII la choisit pour se mettre, avec son royaume, sous la protection
de la Vierge; Napoléon Ier
et Napoléon III y placèrent
leur propre fête, et en firent un jour de fête officiel.
L'Assomption
n'est cependant que l'un des aspects du culte rendu par les Catholiques-à
la Vierge. Ce culte est fondé sur les mêmes raisons et les
mêmes motifs que celui que l'Eglise rend
aux autres saints, avec cette différence
que le premier est plus profond et plus solennel : aussi les théologiens
le nomment-ils culte d'Hyperdulie. En effet, si tous les saints peuvent
intercéder pour les humains et si Dieu daigne
écouter leurs prières, comment la Vierge, qui a été
bénie entre toutes les femmes, qui a été exempte de
la souillure originelle et de tout péché, qui a été
élevée à un degré de gloire bien supérieur
à celui des autres saints qui, en consentant à devenir mère
de Dieu, est devenue, comme dit saint Irénée, la cause du
salut pour tout le genre humain, n'aurait elle pas un pouvoir d'intercession
plus grand encore, comment ne mériterait-elle pas un culte tout
particulier et plus solennel?
Les
rendez-vous du culte marial.
Cependant, on peut affirmer, sans craindre
de contradiction sérieuse, qu'aucun écrivain orthodoxe des
quatre premiers siècles n'assigne à Marie une place privilégiée
dans le culte des chrétiens, ni ne présente comme un moyen
de grâce la vénération ou la dévotion dont elle
serait l'objet. Dans tous leurs écrits, il est impossible de trouver
une seule ligne écrite en ce sens. Les doctrines qui attribuent
à Marie une nature et une puissance spéciales n'étaient
professées alors que dans des sectes gnostiques
ou chez les collyridiens. Cependant il
nous paraît vraisemblable que, parmi le peuple sorti du paganisme,
beaucoup de catholiques étaient
prédisposés à accepter des croyances de ce genre et
à se servir de noms qui préparaient ces croyances. Il nous
paraît vraisemblable aussi que les conducteurs des Eglises eurent
plus d'une fois à réagir contre cette inclination, et qu'ils
le firent énergiquement, tant qu'ils eurent à redouter les
entreprises des hérétiques ou l'opinion des païens.
Mais le moment vint où ils n'aperçurent plus guère
de péril de ce côté; et précisément alors
l'ardeur des luttes théologiques les excita à émettre
des opinions ou au moins à admettre des expressions qui devaient
aboutir à l'exaltation de Marie. Ce fut précisément
à l'époque du combat contre Nestorius.
Dès son élévation
au siège de Constantinople
(428), cet évêque crut devoir réprouver publiquement
la dénomination de Theotokos, Mère de Dieu,
que le peuple donnait à Marie. Il semblait à Nestorius que
ceux qui s'en servaient la comprenaient mal, et qu'elle leur faisait croire
que le Verbe doit son origine à Marie : Abstenons-nous, disait-il,
d'appeler Marie Mère de Dieu, de peur de tomber dans la tentation
d'en faire une déesse et de devenir pages. Il proposait de s'en
tenir au mot Christokos, Mère du Christ, incontestablement
conforme au langage de l'Evangile. Cette
réprobation suscita des troubles à Constantinople. Suivant
l'usage, l'évêque d'Alexandrie,
Cyrille; prit parti contre l'évêque
de Constantinople et approuva hautement la dénomination Mère
de Dieu. Il s'ensuivit un débat dans lequel Nestorius émit
des opinions, dont les adversaires prétendirent qu'elles impliquaient
non seulement deux natures, mais deux personnes en Jésus-Christ.
Les Nestoriens s'en défendaient. Quoi qu'il en soit, leur doctrine
fut condamnée au concile oecuménique d'Ephèse
(431) et le nom de Mère de Dieu fut solennellement adjugé
à Marie. L'usage de ce nom devint dès lors un témoignage
d'orthodoxie.
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La
Vierge du Pilier, dans la cathédrale de Chartres.
Photo : © OdetteJodra, 2011.
Cette décision ne visait que la
personne de Jésus-Christ et ne touchait Marie que fort indirectement.
Néanmoins elle livra un libre essor au culte que le peuple aspirait
à lui rendre. L'imagerie religieuse,
qui commençait alors à se développer, multiplia les
représentations de la Mère de Dieu et de son fils. Plus tard,
la haine contre les iconoclastes complétant la haine, contre les
Nestoriens, imprima un redoublement d'ardeur à ce mouvement, que
tant d'autres causes favorisaient, parmi lesquelles plusieurs très
poétiques, très touchantes et provenant de besoins profonds
du coeur humain. Les livres authentiques du Nouveau Testament
ne leur offrant pas des éléments suffisants, la dévotion
du peuple, l'art des peintres et des sculpteurs, la prédication
et même la liturgie de l'Eglise allèrent
chercher une grande partie de leurs aliments dans les fictions des livres
apocryphes anciennement réprouvés. D'ailleurs depuis que,
son titre a été reconnu, la Mère de Dieu intervient
ele-même, par des visions et, par des apparitions, pour suppléer
à la pénurie de la révélation biblique, pour
apporter les instruments des grâces dont elle est le canal, pour
instruire, encourager et récompenser ses serviteurs. Les miracles
accomplis par son intercession sont innombrables.
En 610, le pape Boniface
IV dédia le Panthéon à Sainte-Marie-aux-Martyrs
: Parmi les fêtes inscrites sur le Calendrier
romain, les unes sont communes à toute l'Eglise latine; les autres
sont locales, mais sanctionnées par l'autorité du Saint-siège .
Les premières sont celles de la Purification, de l'Annonciation,
des Sept-Douleurs, de la Visitation, de Sainte-Marie-du-Mont-Carmel, de
la dédicace de Sainte-Marie-aux-Neiges, de l'Assomption, de la Nativité
de la Sainte Vierge, une seconde fête des Sept-Douleurs, de la bienheureuse
Marie-de-Mercede, du Très-Saint-Rosaire, de la Présentation,
de la Conception, et plus récemment
de l'Immaculée Conception. Les fêtes locales sont celles des
Epousailles de la bienheureuse Vierge Marie, de la bienheureuse Vierge
Marie, auxiliatrice des chrétiens, du Très pur Coeur de la
bienheureuse Vierge Marie, de la Maternité de la bienheureuse Vierge
Marie, de la Pureté de la bienheureuse Vierge Marie, de la Protection
de la bienheureuse Vierge Marie, de la Translation de la sainte maison
de Lorette, de l'Attente de l'enfantement de la bienheureuse Vierge Marie.
-
La
Vierge, reine du ciel, préside une assemblée de saints et
de saintes.
Tableau
du commencement du XVe siècle (Francfort-sur-le-Mein).
Un mois dans l'année (mai),
un jour dans la semaine (samedi) ont été
réservés au culte de la Sainte Vierge. Trois fois par jour,
au matin, à midi et au soir, les cloches sonnant l'Angelus
(V. ce mot et Ave Maria )
invitent les fidèles à redire la salutation de Gabriel et
celle d'Élisabeth, et à invoquer l'intercession de Marie.
Dès le XIe siècle, un office
spécial lui fut dédié. Chacune des quinze divisions
du rosaire comprend dix Ave Maria et
seulement un Pater et un Gloria Patri, proportion qui représente
assez bien les réalités du Catholicisme
moderne. Dans leur ensemble, ces quinze divisions correspondent à
cinq mystères joyeux, cinq mystères douloureux et cinq mystères
glorieux. Le scapulaire, dont la sainte Vierge gratifia Simon Stock, général
des Carmes, préserve des flammes du purgatoire
et d'un nombre infini de dangers ceux qui le portent dévotement.
D'ailleurs, toutes les dévotions dont elle est l'objet sont comblées
d'indulgences. Les litanies de la sainte Vierge l'appellent : Arche
d'alliance, Porte du ciel, Etoile du matin, Salut des infirmes,
Refuge des pécheurs, Consolatrice des affligés, Auxiliatrice
des chrétiens, Reine des Anges, des patriarches, des prophètes,
des apôtres, des martyrs, des confesseurs,
des vierges et de tous les saints. En 1784,
saint Alphonse de Liguori publia à Venise
un livre qui a été traduit dans toutes les principales langues
et qui a eu quantité d'éditions : les Gloires de Marie.
Ce livre présente Marie comme la reine du ciel et de l'enfer,
la dispensatrice de toute grâce, la coopératrice de la justification,
la voie du salut, la porte, le médiateur, le rédempteur),
le sauveur :
«
Toutes les grâces sont dispensées par la seule Marie [...]
Les anges, les hommes et tout ce qui est sous l'empire de Dieu,
doit être également sous la domination de la Vierge.-»
La virginité
de Marie.
La virginité
de Marie avant l'enfantement de Jésus n'a
jamais été contestée par les écrivains chrétiens,
la précision des termes des l'Evangiles
interdisant toute contestation à cet égard.
Il en est autrement de la virginité
dans l'enfantement et de la virginité après. Sur le premier
de ces points; les théologiens ont soulevé une de ces questions
qu'ils se permettent sans scrupule, mais que les profanes n'exposent pas
sans embarras : si l'on s'en tient aux textes, la virginité dans
la conception n'est pas douteuse, puisque la conception a été
opérée par le Saint-Esprit; mais il a semblé que la
virginité de Marie ne serait pas restée complète,
si l'enfantement avait détruit chez elle des choses qui sont considérées
comme les conditions ou les signes de la virginité ( Hymen).
C'est pourquoi saint Ambroise et saint Grégoire
le Grand ont enseigné que Marie a enfanté Jésus,
clauso utero, comme Jésus, après sa résurrection,
est apparu à ses disciples, januis clausis, les portes étant
fermées. Au contraire, Tertullien et
Origène enseignent que Marie a enfanté
comme toutes les femmes accouchent, et qu'elle fut dit Tertullien, virgo
quantum a viro, non virgo quantum a partu. Qu'advint-il après
la naissance de Jésus? Les textes des Évangiles
que nous avons cités précédemment disent que Joseph
ne connut pas Marie jusqu'à ce qu'elle eut enfanté son fils
premier-né (Saint Mathieu ,
I, 25), que l'enfant mis au monde dans l'étable de Bethléem
était le fils premier-né de Marie (Saint Luc ,
II, 7); ils parlent à diverses reprises de frères et de soeurs
de Jésus; ils nomment même les frères. Cependant, ceux
qui, se fondant sur ces textes, dont l'interprétation serait indiscutée
s'il s'agissait de toute autre femme que Marie, soutenaient qu'elle eut
des enfants après la naissance de Jésus, furent condamnés
comme hérétiques; et la virginité perpétuelle
de Marie est devenue un article de foi chez les catholiques.
Pour justifier ce dogme, les uns ont supposé que les personnes désignées
comme frères et soeurs étaient des cousins et des cousines.
Mais la langue hébraïque,
de même que la langue grecque, dans
laquelle les Evangiles ont été écrits, possédant
un mot pour désigner les cousins et les cousines, il est vraisemblable
que si les Juifs et les auteurs des Evangiles
avaient parlé de cousins et de cousines, ils auraient employé
ce mot. On a supposé aussi que les personnes dont il s'agit étaient
nées d'un mariage de Joseph antérieur à son union
avec Marie. Mais il n'est question de ce mariage nulle part dans le Nouveau
Testament .
L'Immaculée
conception.
Tertullien
(De Carne Christi; Aduersus Marcionem), Origène
(Hom. in Luc.), saint Basile (Epist.,
260), saint Hilaire de Poitiers (in Ps.,
CXIX), saint Jean Chrysostome, saint
Cyrille d'Alexandrie considèrent
Marie comme affectée de l'imperfection humaine; ils relèvent
dans sa vie des faiblesses, des défaillances de foi, l'inintelligence
des choses des Evangiles. Saint Jean Chrysostome dit même
une excessive ambition, une folle arrogance et une vaine gloire. Saint
Hilaire déclare qu'elle sera comme les autres soumise aux sévérités
du jugement dernier. Saint
Augustin parle d'elle comme atteinte du péché originel;
elle a été conçue de carnis peccati propagine
(De Genes., I. X, c. 48); elle est en Adam mortua propter peccatum,
Adam mortuus propter peccatum (In fid., XXXIV, conc. 11); mais
en ce qui concerne le péché actuel, il concède aux
pélagiens que la Mère du Sauveur a pu en rester pure, parce
que Dieu pouvait lui donner une grâce suffisante
pour l'en préserver (De Nat. et grat., c. 42).
Par l'effet des causes que nous avons précédemment
indiquées, la croyance en la sainteté parfaite de la vie
de Marie finit par prévaloir. L'Eglise
grecque la considère comme ayant été pure de tout
péché actuel; mais elle n'a jamais enseigné la doctrine
qui a abouti au XIXe siècle au dogme
de l'Immaculée Conception, lequel exempte complètement
Marie du péché originel et la proclame conçue sans
péché. Pour trouver des indices de cette doctrine dans l'Eglise
latine, il faut remonter jusqu'à Paschase
Radbert, abbé de Corbie ,
de 844 à 851, mort après 860. Dans son traité De
Partis Virginis, il écrivait que Marie avait enfanté
clauso utero, et il ajoutait, mais sans bien préciser, qu'elle
même n'avait pas contracté le péché originel.
Il ne semble pas que cette opinion ait eu alors de nombreux adhérents,
car saint Anselme de Canterbury (1033-1109) enseignait,
sans provoquer de contradiction, que la Sainte Vierge avait été
conçue dans le péché, qu'elle était née
dans le péché, et qu'elle avait péché en Adam
(Cur Deus homo, II, 16). En 1140, les chanoines de Lyon
instituèrent une fête de la Conception
(sans qualificatif).
Saint Bernard
professait une ardente dévotion pour la Sainte Vierge, mais il savait
à quelles inclinations correspondait cette institution, et il discernait
les conséquences qu'elle pouvait amener dans une Eglise qui prétend
ne célébrer dans ses fêtes
que ce qui est vraiment saint. Il crut devoir dénoncer l'imagination
désoeuvrée des moines,
«
mère de la témérité, soeur de la superstition
et fille de la frivolité ».
Il s'empressa donc d'écrire
(Epist. 174) pour protester contre
«
cette fête que la coutume de l'Eglise ignorait et qui n'était
approuvée ni par la raison ni par l'ancienne tradition [...] Marie
ne put être sainte avant d'exister. La sainteté serait-elle
donc tellement unie à la conception, au milieu des embrassements
conjugaux, que la Vierge fût à la fois et conçue et
sanctifiée? En effet, la sainteté existerait-elle sans l'esprit
sanctificateur? »
Son opinion était que Marie, déjà
existante dans le sein maternel (in utero jam existens), reçut
la sanctification après sa conception. Les docteurs scolastiques,
Alexandre de Halles, Albert
le Grand, Bonaventure, Thomas
d'Aquin, qui adoptèrent sa protestation contre l'immaculée
conception, rapportèrent le commencement de l'existence de Marie
au moment où elle avait reçu son âme
dans le sein de la mère; de sorte que, conçue dans le péché
originel, elle était néanmoins née sans péché,
par suite d'une sanctification utérine, opérée un
peu après la formation de l'âme dans le corps, car si elle
avait été opérée en même temps, Marie
aurait été exclue du bénéfice de la Rédemption.
Innocent V disait :
«
La bienheureuse Vierge a été sanctifiée dans le sein
de sa mère, non pas avant que son âme ait été
unie à son corps, parce qu'alors elle n'était point encore
capable de grâce; ni dans le moment même de cette union, parce
que, si cela était, elle n'aurait point eu besoin de la rédemption
de Jésus-Christ, nécessaire à tous les hommes ce qui
ne se doit point dire. » (In III Sentent., dist. 3.)
Avant lui, Innocent
III avait dit :
«
Eve a été conçue sans péché, mais elle
a conçu dans le péché. Marie a été conçue
dans le péché, mais elle a conçu sans péché.
» (De Assumpt).
Cependant la fête
instituée par les chanoines de Lyon s'était
propagée d'année en année. Les franciscains
l'approuvèrent dans leur assemblée générale
de Pise
(1263), mais sans se prononcer sur le point de doctrine. Ce fut Duns Scot,
leur docteur favori, qui le fit; il professa que l'immaculée conception
était admissible, probable en soi, possible à la toute-puissance
de Dieu (Lib. III, dist. 3, q. 1 §
9). Néanmoins, il reconnaissait que cette doctrine n'était
pas généralement admise. L'opinion de Duns
Scot devint le dogme des franciscains, de même que l'opinion
de Thomas d'Aquin était le dogme des dominicains.
La mère de Dieu, apparaissant à sainte
Brigitte, prit parti pour les franciscains, mais sans résultat
décisif, car sainte Catherine
de Sienne reçut de Dieu lui-même une révélation
contraire. Naturellement, le peuple était favorable à une
doctrine qui relevait la gloire de la Sainte Vierge. Gerson
se prononça pour elle; le concile de
Bâle
en fit un dogme (1439); mais ce concile était condamné à
Rome comme schismatique. Le cardinal de Turrecremata,
chargé par les légats de combattre les tendances immaculistes
de cette assemblée, répondit à ceux qui argumentaient
du fait du culte :
«
Nous nions que l'Eglise romaine ou le Siège apostolique ait institué,
canonisé on décrété cette fête. »
(De Verit., conc. B. V.).
En 1483, Sixte IV, qui était franciscain,
défendit aux deux partis, sous peine d'excommunication, de s'accuser
réciproquement d'hérésie, à raison de leur
opinion sur l'immaculée conception (bulle Grave nimis); précédemment
il avait approuvé la messe et la fête
de la Conception. En 1496, l'université de Paris
obligea ses membres, par serment, à défendre l'immaculée
conception, et à ne rien avancer qui lui fût contraire. Le
concile de Trente déclara « que,
dans le décret qui concerne le péché originel, son
intention n'était point de comprendre la bienheureuse et immaculée
Vierge Marie, mère de Dieu ». Mais
il s'abstint de parler de sa conception, et il confirma les constitutions
de Sixte IV interdisant les querelles sur ce sujet. Les papes Pie V (1567),
Grégoire XIII (1579), Paul V (1616),
Grégoire XV (1622), Urbain VIII (1641),
Alexandre VII (1661) condamnèrent
cette proposition :
«
Que personne, excepté Jésus-Christ, n'est exempt du péché
originel. »
En 1708, Clément
XI fit de la fête de la Conception
une fête générale obligatoire. Enfin, le 8 décembre
1854, Pie IX, après avoir constaté, d'après les déclarations
de tous les évêques du monde catholique,
la croyance commune de l'Eglise, a défini
le dogme de l'immaculée conception, décrétant que
tout fidèle est tenu de croire « Que du premier moment de
sa conception, en vertu d'une grâce particulière de Dieu
tout-puissant, eu égard aux mérites de Jésus-Christ,
Marie a été préservée de toute macule du péché
originel. » (Bulle Ineffabilis Deus). Au mot Lourdes,
on verra quelle céleste approbation la Mère de Dieu a décernée
à ce dogme, avec lequel elle s'identifie, lorsqu'elle est venue
dire à Bernadette Soubirous : Je suis l'Immaculée Conception.
(E.-H. Vollet).
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Images
de la Vierge - L'historien
Nicéphore (II, 23) a tracé de la Sainte Vierge un portrait
emprunté à Saint Epiphane : d'une taille moyenne, dit-il,
elle avait le teint couleur de froment, les cheveux blonds, les yeux vifs,
la prunelle tirant sur le jaune et à peu près de la couleur
d'une olive, les sourcils d'un beau noir et bien arqués, le nez
assez long, les lèvres vermeilles, la figure ovale, les mains et
les doigts longs.
On
ne saurait dire si ce portrait est ressemblant, non plus que ceux qui ont
été peints dans les Catacombes
de Rome, où la Vierge est représentée assise,
voilée, avec les traits de la jeunesse, de la modestie et de la
pureté, tenant l'Enfant-Dieu sur ses genoux, tantôt en pied,
tantôt en demi-figure, tonjours d'une manière qui parait conforme
à.un type hiératique.
Des
sarcophages
et des verres peints nous la montrent encore dans l'attitude de la prière,
ou entre deux arbres, ou accompagnée de Saint
Pierre et de Saint Paul; souvent on voit des
colombes auprès de sa tête.
L'Église
applique à la Vierge ces paroles de l'amante du Cantique
des cantiques : nigra sum (je suis noire), paroles que l'on
entend d'ordinaire dans un sens mystique. Cependant on les a prises à
la lettre, et il est des pays où l'on vénère des Vierges
noires : la plupart de ces statues sont en bois, et en vieillissant le
bois devient naturellement très brun; quant à celles en pierre,
la couleur noire leur est commune avec un grand nombre de statues de Saints,
et elle provient de quelque vernis. Il en est qui ne sont autre chose que
des statues en basalte, rapportées d'Orient
à l'époque des Croisades . |
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En
bibliothèque - Gumppenberg,
Atlas Marianus, sive de imaginibus Deiparae, 1657, in-18; Bombelli,
Raccolta delle imagine delta beata Maria Virgine, Rome, 1792, 4
vol. in-8°; A. Égron, Le culte de la Ste Vierge dans toute
la catholicité., Paris, 1842, in-8°. |
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