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Anne

Anne, Anna (c.-à-d. gracieuse, en hébreu et en phénicien), soeur de Pygmalion, roi de Tyr, abandonna sa cité en même temps que Didon, sa soeur, et vint avec elle fonder Carthage. Après la mort de Didon, elle se retira en Italie pour se soustraire aux poursuites d'larbas, roi gétule, et y reçut l'hospitalité d'Enée; mais, ayant excité la jalousie de Lavinie, elle se noya de désespoir dans le Numicus.
Anne (Sainte). - Femme de Joachim et mère de la vierge Marie. Chez les pères des trois premiers siècles, on ne trouve aucune mention des parents de la sainte Vierge. Epiphane, qui était évêque de Salamine (île de Chypre), dès 368, est le premier qui en parle, disant que Marie est fille d'Anne et de Joachim. L'histoire de ces époux et la naissance miraculeuse de leur fille sont racontées dans les évangiles apocryphes : Evangelium de nativitate sanctae Mariae; - Evangelium de nativitate Mariae et infantia Salvatoris; - Protevangelium Jacobi. Ces diverses légendes, qui diffèrent entre elles par les détails, ont pour caractère commun l'imitation évidente des récits bibliques sur la naissance d'Isaac, de Samson, de Samuel et particulièrement de Jean-Baptiste. 

Voici le résumé très sommaire et très dépoétisé de ce qui est conté dans le Protevangelium Jacobi : Joachim était riche; mais Dieu lui avait refusé des enfants. Pour fléchir le Seigneur, il donnait au culte le double de tout ce qui est prescrit par la loi et il y ajoutait d'abondantes aumônes. Un jour que le peuple présentait ses offrandes à l'Eternel, le grand prêtre Ruben refusa celles de Joachim, disant qu'il ne lui était pas permis de recevoir les offrandes d'un homme qui n'avait point donné de postérité a Israël. Joachim désespéré s'enfuit au désert, parmi les bergers; il y dressa une tente et jeûna pendant quarante jours et pendant quarante nuits. Cependant Anne, en sa maison, gémissait sur son veuvage et sur se stérilité.
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Sainte Anne enseignant à la Vierge (art populaire).
Anne et enseignant à Marie (église St-Pierre, Chartres).
© Photo : Serge Jodra, 2011.

Un jour, désolée par les paroles de sa servante Judith, qui lui reprochait, comme une malédiction, de n'être pas mère en Israël, elle se retira dans son jardin, elle s'assit sous un laurier et elle pleura, suppliant Dieu de lui accorder la grâce qu'il avait faite à Sara. Apercevant un nid de moineaux dans les branches du laurier, elle déplora de nouveau sa stérilité, qui la mettait au-dessous des oiseaux, au-dessous des eaux de la mer, au-dessous même de la terre, qui ont leur fécondité. Alors un ange du Seigneur lui apparut et lui dit que sa prière était exaucée : elle aurait un enfant, dont le nom serait grand dans tout l'univers. Et Anne voua à Dieu l'enfant qui naîtrait d'elle, quel qu'il fût, garçon ou fille. Aussitôt deux anges survinrent, annonçant que Joachim approchait avec les bergers. Anne courut vers lui et, le serrant dans ses bras, remercia Dieu. Joachim demeura la première journée et la nuit dans sa maison; mais le lendemain il partit, pour porter ses offrandes un temple du Seigneur. Quand le temps où elle devait accoucher arriva, Anne mit au monde une fille et lui donna le nom de Marie.

Le culte de cette sainte commença par l'Eglise d'Orient, où elle est restée en grande vénération et où sa fête est célébrée le 9 septembre. Vers 550, d'après Procope, Justinien aurait fait construire à Constantinople une église en son nom. Cette dévotion ne paraît avoir été introduite en Occident qu'à l'époque de Charlemagne. Elle fleurit surtout en Espagne, où sainte Anne a été choisie pour patronne de beaucoup d'églises. En Bretagne, sainte Anne d'Auray est l'objet d'un pèlerinage depuis longtemps célèbre. Depuis longtemps aussi, plusieurs églises se disputent l'honneur de posséder la tête et des reliques précieuses de cette sainte. Cependant la célébration de sa fête (26 juillet) n'a été officiellement ordonnancée, dans l'Église latine, qu'en 1584, par une bulle de Grégoire XIII. Un théologien napolitain, Impériali, couronna l'oeuvre en enseignant que sainte Anne avait été mère, sans cesser d'être vierge. Cette opinion, qui était pourtant une heureuse préparation au dogme de l'Immaculée conception, fut condamnée en 1677.

Une version qui diffère singulièrement des légendes précédemment mentionnées, se trouve résumée en cinq vers latins, rapportés par Gerson, dans un sermon sur la nativité de la sainte Vierge :

Anna tribus nupsit Joachim, Cléophoe, Salomoeque, 
Ex quihus ipsa viris peperit tres Anna Marias, 
Quas duxerre Joseph, Alphaeus, Zebedaeusque.
Prima Jesum; Jacobum, Joseph cum Simone Judam
Altera dat; Jacobum dat tertia, datque Joannem.
Ces vers prêtent à sainte Anne trois époux : Joachim, Cléophas et Salomé, auxquels elle donna trois filles, toutes pareillement appelées Marie. La première épousa Joseph et fut la mère de Jésus; l'autre, Alphée et la troisième Zébédée. Cette généalogie fut adoptée et énergiquement détendue par la Sorbonne, qui accusait d'hérésie quiconque n'admettait pas Anna trinuba et tripara, et les trois Marie, ses filles; elle fournit matière à des disputationes et à des livres qui passionnèrent les théologiens, à l'époque qui précéda immédiatement la Réforme : Le Fèvre, d'Etaples, De una ex tribus Maria; Paris, 1518, in-4; Agrippa, De B. Annae trigamia et unico puerperio, 1619; Beda, De nepotibus B. Annae; Paris, 1529, in-4. Combattue par les bollandistes (Acta sanctorum, 26 Jul. VI), cette opinion est complètement abandonnée aujourd'hui par l'Eglise. (E. H. Vollet).
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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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