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Arrière-plans / L'Europe
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L'Europe a vu venir sa population primitive d'Afrique, d'abord et surtout à partir de l'Est, par la route du Levant, et ensuite d'Afrique du Nord (Ibères), par le détroit de Gibraltar. L'Europe connue des Anciens comprenait au Nord les îles Britanniques, la Chersonèse cimbrique et la Scandinavie; au Nord-Est les vastes contrées désignées sous le nom de Sarmatie ou Scythie européenne; au centre la Gaule, la Germanie, la Viodélicie, la Rhétie, le Norique, la Pannonie, la Dacie et l'Illyrie; au Sud l'Hispanie, l'Italie, la Mésie, la Thrace, la Macédoine, l'Epire et la Grèce.

L'Antiquité

La Grèce antique.
Forgée au cours du premier millénaire avant l'ère commune, dans les îles de la mer Egée et les côtes de l'Asie Mineure (Ionie) et de la Grèce, la civilisation grecque a été le socle sur lequel s'est inscrite depuis l'histoire de l'Europe. Grâce aux avantages d'un territoire protégé du côté de la terre par ses montagnes et ouvert du côté de la mer par le développement de ses côtes qui a favorisé le commerce maritime et la circulation des idées, la civilisation grecque, répandue de bonne heure en Sicile, dans la Grande-Grèce et même jusque sur la côte de la Gaule, se personnifie surtout dans la république d'Athènes. 

Rome et l'Empire romain.
Rome, fondée au VIIe siècle av. J. C. (un peu plus tôt, selon la tradition légendaire), soumit successivement à sa domination l'Italie, la Sicile, l'Espagne, la Grèce dont elle recueillit l'héritage, la Gaule jusqu'au Rhin, la Bretagne jusqu'au mur d'Hadrien et jusqu'à celui d'Antonin, la Germanie supérieure jusqu'au Main et au Danube et  pendant un temps, administra la Dacie au Nord du bas Danube. Rome implanta sa langue, ses modes de vie, ses institutions dans les contrées qu'elle gouvernait; elle organisa les peuples qu'elle engloba dans le vaste Empire romain. 

Pendant les quatre premiers siècles de l'ère commune on ne connut pour ainsi dire que deux parties dans l'Europe : le monde romain qui jouissait, dans l'administration impériale, de la « Pax romana », qui était assujetti à la discipline administrative de l'Empire, où avait profondément pénétré les habitudes sociales des Romains, dont le christianisme, l'une des religions orientales qui un temps s'étaient partagé les faveurs des Romains en mal d'exotisme, enfin était devenu, dans le dernier siècle, la religion officielle, et le monde que, depuis les Grecs, on appelait barbare, composé de Germains, de Goths, de Sarmates, ainsi que de Slaves et des Finnois inconnus aux Romains et où flottaient encore des populations mal assises sur le sol.

Les grandes invasions.
La puissance romaine fut supplantée par celle des Barbares. Sous cette dénomination, on a désigné plus spécialement dans l'histoire les différents peuples qui, sortis principalement de Germanie, mais parfois aussi des steppes d'Asie, au commencement du Ve siècle, firent invasion dans l'Empire romain. Les principaux furent : les Alains, les Suèves, les Gépides, les Goths, les Vandales, les Huns, les Francs, les Bourguignons. En 405, Radagaise pénétra en Italie à la tête des Germains; en 409 Alaric, roi des Wisigoths, prit Rome, tandis que les Francs commençaient leurs établissements en Gaule; en 449, les Anglo-Saxons envahirent la Grande-Bretagne; de 451 à 453, les Huns, sous la conduite d'Attila, ravagèrent les Gaules, puis l'Italie; en 476, Odoacre, roi des Hérules, envahit l'Italie et mit fin à l'Empire romain. A partir de cette époque, les peuples barbares formèrent des établissements fixes, les Ostrogoths et les Lombards en Italie, les Francs en Gaule, les Vandales en Afrique, les Wisigoths en Espagne, et jetèrent les fondements des puissances qui deviendront les empires et États modernes.

Le Moyen âge

Les Francs. L'empire de Charlemagne.
Les Barbares élevèrent à leur profit, sur ses ruines, des royaumes en s'appliquant à conserver les formes de l'administration romaine auxquelles la population indigène était accoutumée. Les rois francs réagirent contre la Germanie d'où ils étaient issus; Charlemagne, vainqueur des Saxons, allié de l'Église, écrasa et finit par soumettre les Germains jusqu'à l'Elbe et même les Slaves jusqu'à l'Oder ; il mit sur sa tête la couronne d'empereur d'Occident (800).

A la mort de Charlemagne (814), l'empire franc, le plus puissant Etat de l'Europe, comprenait toute la Gaule, la Germanie jusqu'à l'Elbe et à la Bohème et, en outre, il avait fait reconnaître plus on moins efficacement son autorité sur les pays de l'Est jusqu'à l'Oder, sur la Bohème et sur l'ancien royaume des Avars jusqu'à la Tisza et à la Save; en Italie il s'étendait jusqu'au Sud de Rome et comptait le duché de Bénévent comme un vassal; au Sud des Pyrénées il possédait la Marché d'Espagne, c.-à-d. le revers méridional de la chaîne. 

Presque toute l'Espagne était sous la domination du califat de Cordoue; les chrétiens n'avaient conservé leur indépendance qu'au Nord-Ouest dans le petit royaume des Asturies. Au Sud-Est l'empire d'Orient se maintenait dans la Macédoine, sur une partie des côtes et des îles de la péninsule balkanique, dans le Sud de l'Italie, en Sicile; mais le reste de la péninsule avait été envahi et était occupé par des Slaves. Dans les îles Britanniques, les royaumes anglo-saxons tenaient l'Angleterre, mais les populations indigènes, Bretons, Pictes et Scots, conservaient leur autonomie dans le pays de Galles, en Ecosse et en Irlande. 

Depuis l'Elbe jusqu'à la Volga, la plaine européenne était occupée par des tribus slaves. Elles étaient pressées : à l'Est par des hordes asiatiques dont les plus puissantes étaient les Khazars, les Petchénègues, et parmi lesquels on comptait les Avars venus jusqu'au pied des Alpes avant la destruction de leur camp par Charlemagne et les Bulgares occupant les deux rives du bas Danube; au Nord par les Finnois qui descendaient jusque dans le bassin de la Volga et jusque par delà le golfe de Finlande. Dans la péninsule Scandinave, les Finnois s'avançaient jusqu'au lac Venera, pendant que les Suédois tenaient le Sud de cette péninsule et les Normands la côte occidentale.

L'empire de Charlemagne se brisa en trois morceaux, France, Italie, Allemagne, après sa mort; mais l'Europe centrale fait depuis lors partie du monde chrétien. Le système féodal devint le moule social dans lequel les populations européennes demeurèrent pressées pendant plusieurs siècles. Les Vikings, pirates arrivant de Scandinavie par mer sur les côtes de l'Europe occidentale, puis partant de la Normandie pour conquérir l'Angleterre et la Sicile, représentent le dernier ban de la curée germanique. 

A I'Est, les Finnois étaient venus d'Asie; après les Huns et les Avars, c'étaient les Hongrois qui, parla vallée du Danube, pénétrèrent jusqu'au coeur de l'Europe, Après eux, l'ère des grondes invasions fut close et les populations se trouvèrent définitivement fixées, du moins à l'Ouest de la Vistule et des Carpates. A l'Est, dans la grande plaine de Russie, le monde slave flottait encore et, pendant plusieurs siècles (de 1235 à 1481) jusqu'au temps d'Ivan III, les Moscovites subirent le joug d'envahisseurs mongols. 

Cependant, dans l'Europe centrale, la Germanie avait rapidement grandi; ses souverains étaient devenus, avec Othon le Grand, héritiers de la couronne de Charlemagne (962), régnant de la Meuse à la Vistule, de la Baltique jusqu'à Rome, disposant d'abord de la tiare à leur gré, puis luttant, depuis Hildebrand, contre la papauté qui finit par triompher dans cette grande lutte du sacerdoce et de l'Empire; le Saint-Empire germanique s'émietta dans le morcellement féodal à la mort de Frédéric II (1250). 

L'âge féodal.
L'Expansion du christianisme.
Le régime féodal, arrivé à son apogée, penchait vers son déclin, lorsque les croisades, qui furent pendant deux siècles, de 1096 à 1291, l'expression du fanatisme meurtrier qui s'était emparé de l'Europe chrétienne, en vinrent modifier l'ordre social et politique. Les souverains trouvèrent dans ce vaste mouvement les moyens d'accroître leur pouvoir.L'unité des croyances religieuses, à défaut d'unité politique, entraîna ainsi les chrétiens d'Europe à la conquête de la Palestine, désignée comme la Terre sainte (1095); la guerre avait repoussé les musulmans dans le Sud de la péninsule Ibérique et donné naissance aux royaumes de Léon, de Navarre, de Castille, d'Aragon, dont lsabelle et Ferdinand le Catholique réunirent, vers la fin du XVe siècle, les couronnes sur leur tête, et au royaume du Portugal; la conquête et la conversion avaient amené au christianisme les Slaves de l'Ouest.

Les Hongrois s'étaient fait baptiser (1000), et leur royaume, qui s'étendait des Carpates à l'Adriatique, couvrait de ce côté le monde chrétien contre de nouvelles invasions asiatiques. Guillaume de Normandie avait conquis l'Angleterre (1066), et le pape avait consacré sa conquête. 

Les trois Etats scandinaves avaient été soumis au christianisme ; l'union de Kalmar (1397) leur donna un même souverain. Une croisade avait égaré sur Constantinople les chrétiens qui avaient détrôné les empereurs grecs pour établir un empire latin qui fut éphémère (1204-1261). 

Les Russes, convertis au christianisme par des prêtres de l'Eglise grecque, virent leurs principautés se confondre en un empire qu'Ivan III affranchit complètement du joug tatare (1481). Pendant la longue et laborieuse période du Moyen âge, les principaux Etats de l'Europe moderne s'étaient donc constitués; la France, sortie victorieuse de la ruineuse guerre de Cent ans (1459), parvenait, avec Louis XI, à l'unité politique.

Mais à la même époque, un grand événement, la prise de Constantinople (1453), changeait les destinées de l'Europe orientale: les Turcs devenaient maîtres de toute la péninsule balkanique et de la plus grande partie des côtes de la mer Noire; ils ne tardèrent pas à pousser leurs conquêtes jusque par delà Ofen (Budapest).

Les Etats européens.
Au commencement du XVIe siècle, la France s'étendait de la source de l'Escaut et de la Meuse moyenne aux Pyrénées (mais elle ne possédait pas le Roussillon), de la Manche aux Alpes (mais elle ne possédait ni la Franche-Comté ni la Savoie); ses rois, Charles VII et Louis XII, avaient imprudemment porté leur ambition en Italie; ils y avaient trouvé des succès et des revers et ils en avaient rapporté la Renaissance. La péninsule Ibérique ne formait plus en réalité, malgré quelques protestatians, que les deux royaumes d'Espagne et du Portugal, et l'Espagne qui, grâce à Christophe Colomb, se rendait maîtresse du Nouveau-Monde, devenait une des grandes puissances de l'Europe. L'Italie était plus divisée; cependant les Etats de l'Eglise, le royaume de Naples, le grand-duché de Toscane, les républiques de Venise et de Gênes, le duché de Milan, l'emportaient en puissance sur les autres principautés. 

En Allemagne, la couronne impériale était fixée depuis le XIVe siècle dans la maison de Habsbourg, mais l'autorité de l'empereur, malgré le prestige qui s'attachait à sa dignité, était faible sur les très nombreux Etats, duchés, principautés, évêchés, abbayes, villes libres, etc., qui composaient l'empire germanique et parmi lesquels primaient les sept électeurs archevêques de Mayence, Trèves et Cologne, roi de Bohème, comte palatin du Rhin, électeur de Saxe, margrave de Brandebourg. Cependant, lorsqu'en 1520 la couronne impériale fut placée sur la tète d'un Habsbourg, Charles V (Charles-Quint), qui était déjà roi des Espagnes, maître des Pays-Bas et de la Franche-Comté et qui bientôt devint le dominateur de l'Italie et le vainqueur de François Ier, put prétendre à la domination politique et religieuse de l'Europe.

Au Sud-Est de l'Allemagne, le royaume de Hongrie, occupant le bassin moyen du Danube et la Transylvanie, n'opposait pas aux invasions asiatiques nue barrière toujours infranchissable; en 1244, il avait subi une terrible invasion mongole et en 1526, la défaite de Mohacs allait le placer sous le joug des Turcs.

Au Nord-Est de l'Allemagne, le royaume de Pologne s'étendait sur le bassin de la Vistule et sur une partie de celui de l'Oder; il était flanqué lui-même à l'Est du grand-duché de Lituanie qui occupait les bassins du Dniepr et du Niémen; des Khans, Cosaques ou Tatares, gouvernaient les plaines du Don et de la basse Volga; Ivan III, le vrai fondateur de la puissance moscovite, venait de mourir (1505) et le grand-duché de Moscou s'étendait sur la plaine orientale de Moscou et de Novgorod à l'océan Glacial Arctique. 

Cependant les bords de la Baltique, au Sud du golfe de Finlande, appartenaient à l'ordre des chevaliers porte-glaives, d'origine teutonique, qui avaient conquis et christianisé le pays; ils devaient, avant la fin du siècle, devenir des luthériens et des seigneurs laïques. Au Nord du golfe, la Finlande était une province suédoise. La Suède, qui supportait mal l'union de Kalmar (1897), allait définitivement s'en affranchir avec Gustave Vasa (1523) et adopter la réforme luthérienne. Le Danemark conservait la Norvège. 

Au XVIe siècle, l'Espagne, enrichie par les trésors du Nouveau-Monde, devint la puissance prépondérante de l'Europe, lorsque son roi, héritier des Habsbourg, eut été élu empereur d'Allemagne sous le nom de Charles-Quint (1519). C'est alors que, maître de l'Espagne, d'une partie de l'Italie, de l'Allemagne, de la Franche-Comté et des Pays-Bas, Charles-Quint enserrait de tous les côtés la France qui lutta pour ne pas se laisser étouffer; sa lutte et celle de Philippe Il contre François Ier et contre Henri II dura jusqu'au traité de Cateau-Cambrésis (1559), et la France ne fut complètement délivrée des ambitions de l'Espagne qu'après l'avènement de Henri IV (1598). Contre Charles-Quint qui pressait sa frontière au Sud, au Nord et à l'Est, François il, n'avait pas craint, malgré la force des idées religieuses, de s'allier au sultan des Turcs, de manière à presser, lui aussi, son adversaire entre ses armées et celles de son allié. 

La Renaissance.
La découverte de l'Amérique et de la nouvelle route vers les Indes orientales commença à faire prévaloir en Europe les intérêts matériels. La renaissance de l'étude des lettres anciennes, propagée par les Grecs expulsés de Constantinople, après la prise de cette ville par les Turcs en 1453, l'invention de l'imprimerie, furent à l'origine d'une mouvement de circulation des idées sans précédent. 

Un nouvel esprit de liberté de la pensée souffla qui s'exprime au travers de l'humanisme, à travers la révolution scientifique du XVIIe siècle, mais aussi d'une contestation du pouvoir de l'Église qui donna naissance dès XVIe siècle au protestantisme (La Réforme). Ébranlée jusque dans les fondements de son organisation sociale, l'Europe fut alors agité par des guerre religieuses entre Catholiques et Protestants.

Les Temps modernes

Le XVIIe siècle.
Cependant la Réforme, en changeant l'état des esprits, avait changé aussi les rapports politiques des peuples. Le cardinal de Richelieu se fit l'allié des protestants en Allemagne, et la guerre de Trente ans aboutit aux traités de Westphalie (1648) qui annulèrent la puissance des empereurs en Allemagne. La décadence avait commencé pour l'Espagne qui dut céder deux de ses provinces à la France par le traité des Pyrénées (1659). Richelieu avait préparé la grandeur de la France et le règnede Louis XIV qui usa d'abord et qui abusa ensuite de sa puissance (traité d'Aix-la-Chapelle, 1668; de Nimègue, 1678; de Ryswick, 1698). A la fin de la guerre de la succession d'Espagne, Louis XIV, qui avait espéré d'abord tenir dans sa main la meilleure partie de l'héritage de Charles-Quint, dut se résigner, après de pénibles revers, à signer le traité d'Utrecht (1713) qui assurait à son petit-fils la couronne d'Espagne, mais qui donnait à la maison d'Autriche les domaines possédés naguère par l'Espagne en Italie et aux Pays-Bas.

Le XVIIIe siècle.
Au XVIIIe siècle, la maison d'Autriche perdit (traité de Vienne, 1738, etc.) une partie des domaines acquis par le traité d'Utrecht, ainsi que la Lorraine. Dans le même temps, la Prusse protestante, dont l'électeur avait reçu d'elle en 1701 le titre de roi, s'organisait militairement dans le Nord de l'Allemagne, et devenait sa rivale; elle lui enlevait la Silésie (1740) et, à travers des péripéties diverses, battait, dans la guerre de Sept ans, ses armées alliées à celles de la France et de la Russie : la Prusse était dès lors une des grandes puissances de l'Europe. En Italie, le royaume de Naples avait passé de l'Autriche à la Sardaigne et ensuite à une branche des Bourbons d'Espagne (1735); la Toscane, au contraire, avait été donnée à la maison de Lorraine-Autriche (1735); les ducs de Savoie étaient devenus des rois depuis 1713.

La France, victorieuse dans la guerre que termina le traité d'Aix-la-Chapelle (1748), souvent malheureuse sur terre et plus malheureuse encore sur mer et aux colonies dans la guerre de Sept ans (1756-1763), acquit cependant, sous le règne de Louis XV, la Lorraine (traité de 1738; prise de possession, 1766) et la Corse (1768).

Des changements considérables s'étaient produits durant le XVIIe et le XVIIIe siècle dans la géographie politique de l'Europe orientale. 

La maison d'Autriche avait trouvé de ce côté des compensations aux mécomptes de sa politique en Occident; menacée jusque dans Vienne par l'armée ottomane (1683), elle avait refoulé les Turcs et recouvré la Hongrie, une partie de la Bosnie, de la Serbie et de la Valachie par les traités de Karlowitz (1699) et de Passarovitz (1718); mais, vingt ans après, elle avait rendu aux Turcs la Valachie, la Serbie et la Bosnie (traité de Belgrade, 1739). 

La Russie avait une première fois poussé ses conquêtes jusqu'à la mer Noire, mais elle avait dû les abandonner à la suite d'une campagne malheureuse sur le Pruth (1711) et elle ne les recouvra qu'en 1774 (traité de Kaidnardji); par les traités de Nystadt (1721) et d'Abo (1743), elle avait obtenu la cession de la Carélie, de la Livonie, de la moitié de la Finlande. De complicité avec la Prusse et l'Autriche, elle avait dépecé la Pologne en 1772, prenant les provinces orientales jusqu'au Dniepr, et bientôt elle allait compléter son oeuvre par un second et par un troisième partage qui portèrent sa frontière jusqu'à Bialistok (1793-1795). L'Autriche eut dans son lot, après le troisième partage, toute la Russie rouge et la Petite-Pologne; la Prusse eut la Grande-Pologne, la Prusse polonaise et la Mazovie avec Varsovie.

En 1789, la France s'étendait de Dunkerque à l'embouchure du Var et de l'Atlantique au Rhin (Alsace); le Portugal et l'Espagne avaient leurs limites actuelles; Gibraltar était occupé depuis 1703 par l'Angleterre; en Italie, les principaux Etats étaient, à peu près comme au XVIe siècle, le royaume de Naples on des Deux-Siciles où régnait un Bourbon, les Etats de l'Eglise, le grand-duché de Toscane qui appartenait à un prince de la maison d'Autriche, les deux républiques maritimes, bien déchues alors, de Venise et de Gênes, le royaume de Sardaigne; le Milanais était aux Autrichiens. Les Turcs restaient maîtres de la péninsule des Balkans.

L'Angleterre était puissante sur mer, et possédait malgré la séparation des Etats-Unis, un vaste domaine colonial. La maison d'Autriche s'étendait par la Hongrie jusqu'au. bas Danube; elle avait franchi les Carpates en prenant à la Pologne la Galicie (Russie rouge et Petite-Pologne) ; elle pe sait sur l'Italie par le Milanais et elle possédait, depuis 1713, les Pays-Bas catholiques. La Prusse, devenue une grande puissance, quoiqu'elle n'eût encore que 5,600,000 habitants, possédait la Silésie et une partie de la Pologne à laquelle elle allait encore prendre (1793-1795) plus de 2 millions d'habitants. 

La Pologne, quoique mutilée et impuissante, subsistait encore, et la Russie, devenue aussi une grande puissance, ne dépassait pas encore à l'Ouest le Dniepr, mais possédait presque tout le reste de la plaine orientale jusqu'au pied du Caucase et jusque par delà l'Oural; la Courlande (1793), ce qui restait de la Finlande (1809), une partie de la Pologne (1793-1795), la région caucasienne (1797) allaient bientôt tomber entre ses mains. La Suède conservait la moitié de la Finlande et une partie de la Poméranie. La Norvège avait le même souverain que le Danemark.

La philosophie des Lumières au XVIIIe siècle, acheva de libérer la pensée et d'ouvrir les esprits dans le sens des avancées du XVIe siècle. Mais la France ne se remettait pas du règne ruineux de Louis XIV, qui s'est achevé en 1715, alors même que la monarchie restait attachée avec arrogance à ses privilèges. Il en résultera une révolution en 1789, qui après avoir érigé en nouveau principe l'esprit de liberté, d'égalité et de fraternité, l'a aussitôt noyé dans le sang, en même temps  que l'ancien ordre social, et plongé l'Europe dans la conflagration d'une série de guerres que l'on a appelées les Guerres de la Révolution.

Le XIXe siècle

Déclenchées par les monarchies européennes qui craignaient une extension de la Révolution, les guerres de la Révolution, puis celles plus terribles encore de l'Empire ont bouleversé carte de l'Europe centrale. La France avait ainsi étendu ses conquêtes jusqu'aux Alpes et jusqu'au Rhin sous la République (traités de Campo-Formio, 1797, et de Lunéville, 1801). Et malgré le mécontentement de l'Angleterre, le temps aurait peut-être pu consacrer les frontières de 1801 si Napoléon avait été capable d'être un souverain pacifique; mais il les porta bien tôt par delà jusqu'à Terracine au Sud de Rome et jusqu'à Lübeck sur la Baltique. La Confédération du Rhin, composée de ce qui restait d'États allemands, créés pour la plupart par la volonté de Napoléon, royaumes de Saxe, de Bavière, de Württemberg, avait été placée sous son protectorat; Napoléon fut roi d'Italie (Nord-Est de l'Italie) et fit de  son frère Joseph un roi d'Espagne et de son beau-frère Murat un roi de Naples.

Le royaume de Prusse, cruellement mutilé, fut réduit, après le traité de Tilsit (1807); à 6 millions d'habitants. En Autriche, l'empereur avait changé le titre, devenu vain, d'empereur d'Allemagne contre celui d'empereur d'Autriche (1804); ses États, rognés par Napoléon, n'avaient plus que 21 millions d'habitants en 1810. D'une partie des dépouilles de la Pologne enlevées à la Prusse et à l'Autriche, Napoléon avait fait (1807-1809) le grand-duché de Varsovie

L'édifice gigantesque que Napoléon avait ainsi élevé à coup de batailles sanglantes était un paradoxe politique sans cohésion et sans raison d'être géographique, ethnographique ou traditionnelle. Il s'écroula en 1814 par la coalition de l'Angleterre, de la Prusse, de la Russie et de l'Autriche. Les traités de Paris (1814 et 1815) et les traités de Vienne refirent la carte de l'Europe en reproduisant quelques-uns des traits de la carte de 1789 et en donnant satisfaction aux ambitions des vainqueurs. La France fut ramenée dans les limites et même un peu en deçà des limites de 1790. La Prusse reçut d'amples agrandissements sur le Rhin; l'Autriche recouvra les territoires qu'elle avait perdus et reçut en Italie le royaume lombardo-vénitien. 

La Confédération germanique, dans les conseils de laquelle l'influence était partagée entre l'Autriche et la Prusse, remplaça l'ancien empire d'Allemagne; la Russie, qui avait profité de l'alliance française pour prendre le reste de la Finlande à la Suède (1809) et la Bessarabie aux Turcs (1812), reçut le duché de Varsovie qui prit le nom de royaume de Pologne et qui garda jusqu'en 1830 un gouvernement distinct.

L'équilibre européen, que le traité de 1815 constituait, n'a pas duré un demi-siècle. En 1828 (traité d'Andrinople), la Grèce s'affranchit de la Turquie (L'Agonie de l'empire ottoman); en 1830, la Belgique se sépara des Pays-Bas et s'érigea en royaume. En 1856, la Russie, après la prise de Sébastopol (La Guerre de Crimée), dut reculer sa frontière à quelque distance des bouches du Danube. En 1859, l'Italie fut affranchie de la domination autrichienne par la campagne de Napoléon III, allié du roi de Sardaigne; l'Autriche céda alors la Lombardie, et les peuples de la péninsule s'unirent aux Piémontais pour fonder leur unité et constituer le royaume d'Italie (1864), qui s'agrandit en 1866 par la cession de la Vénétie et se compléta en 1870 par l'occupation de Rome. La fondation de ce royaume, qui constituait une sixième grande puissance, aiguillonna l'ambition de la Prusse qui attaqua le Danemark de concert avec l'Autriche, puis déclara la guerre à l'Autriche, la vainquit à Sadowa (1866), supprima la Confédération germanique, s'empara du Slesvig-Holstein et d'une partie des États allemands et organisa sous son autorité la Confédération de l'Allemagne au Nord; une Confédération de l'Allemagne du Sud s'organisa parallèlement à celle du Nord.

En 1870, la guerre qui était imminente depuis quatre ans éclata entre la Prusse et la France (La Guerre de 1870). La France vaincue perdit l'Alsace-Lorraine et le rempart naturel du Rhin et des Vosges qui couvrait la vallée de la Seine. L'empire allemand fut créé (1871) avec le roi de Prusse pour empereur. Cet empire, qui a réuni toute l'Allemagne sous la même autorité suprême, dont la population était déjà plus nombreuse que celle des autres États européens, la Russie exceptée, et augmenta rapidement par l'excédent des naissances sur les décès, qui avait une organisation militaire très forte, où l'activité intellectuelle et économique était largement développée, est devenu à partir de cette époque une puissance de premier ordre.

Le gouvernement allemand, après s'être appuyé pendant plusieurs années sur l'amitié des empereurs de Russie et d'Autriche, depuis le refroidissement de la Russie, s'est attaché à former et maintenir une triple alliance, en faisant entrer dans sa politique, c.-à-d. dans la garantie de l'Alsace-Lorraine, l'Autriche, malgré le souvenir récent de Sadowa et la diversité réelle des intérêts des deux souverains en plusieurs matières, et l'Italie, mécontente de l'occupation de la Tunisie par les Français. Cette triple alliance, dont le principal motif fut le maintien de la frontière entre l'Allemagne et la France, déclarait qu'elle se proposait le maintien de la paix européenne; en réalité, par les ambitions qu'elle fit naître et par l'énormité des armements qu'elle entraînait, elle fut perçue très vite comme un danger de guerre, et fit peser une très lourde charge sur les finances et sur la vie économique des États européens.

En 1878, la Russie, pensant que le temps était venu de recueillir le bénéfice de l'amitié qu'elle avait témoignée à la Prusse pendant la guerre de 1870, déclara la guerre à la Turquie et se fit donner, par le traité de San Stefano, des avantages considérables; mais l'Europe, réunie en congrès sous la présidence du prince de  données à l'Autriche jetèrent cette puissance sur les brisées de la Russie et firent naître dans la péninsule balkanique un antagonisme qui ne déplaisait pas à la politique allemande; la Serbie, le Monténégro, la Grèce s'agrandirent et la principauté de Bulgarie, qui elle-même s'adjoignit bientôt la Roumélie orientale, fut créée aux dépens de la Turquie (La Question d'Orient). 

A la fin du XIXe siècle, la Triple alliance constituait au centre de l'Europe un faisceau puissant et menaçant, dont l'empire allemand avait formé et tenait les liens dans ses mains. Quels qu'aient été les profits que s'en promettaient ses deux alliés, le bénéfice le plus apparent était pour lui. Il n'est pas étonnant que la France menacée ait porté ses regards par delà ce faisceau jusque vers la Russie irritée et qu'une certaine similitude d'intérêts ait amené un rapprochement entre ces deux États; il ne fallait pas moins moins, jugeait-on alors, qu'un étau dont une mâchoire serait la Russie et l'autre la France, pour contenir la masse compacte et formidable de l'Allemagne, de l'Autriche-Hongrie et de l'Italie. On sait comment la montée des tensions ainsi amorcée se dénouera quelques décennies plus tard. La Première Guerre mondiale (1914-1918), ajoutée aux conséquences de la Révolution soviétique (1917) conférera à l'Europe un nouveau visage. (GE).



Jacques Le Goff, L'Europe est-elle née au Moyen-Age, Points , 2010. - D’où vient l’Europe? Comment s’est-elle construite, bien avant de devenir le Marché commun ou de se doter d’une constitution? Jacques Le Goff propose un voyage à rebours pour tenter de discerner le moment où tout s’est joué, où l’Europe est devenue une civilisation, autonome, particulière, conquérante ou décadente. C’est au Moyen Âge qu’il faut aller chercher l’Europe ; c’est à ce moment-là qu’elle s’invente et prospère.Le dessein européen de Charlemagne est certes très éloigné de l’idée contemporaine d’Union européenne, mais on observe au Moyen Âge des tendances objectives ainsi que des représentations qui portent en elles l’Europe d’aujourd’hui : circulation des idées, coupures entre le nord et le sud comme entre l’est et l’ouest, christianisme et métissage des populations, rayonnement des villes et du savoir à travers de prestigieuses universités. C’est au Moyen Age que se forment les mentalités, que se dessine un imaginaire particulier et que se forgent les oppositions (entre empire d’Orient et empire d’Occident, entre Europe et Asie, entre les langues, les politiques et les religions). (couv.).

Georges-Henri Soutou, L'Europe de 1815 à nos jours, PUF, 2009. - Cet ouvrage entend considérer l'Europe comme un tout et ne pas rester prisonnier des histoires nationales. La réflexion est menée à partir de trois points de vue : celui du système européen et de son évolution progressive, depuis le « concert européen » du XIXe siècle jusqu'à l'intégration européenne actuelle; celui d'un point de vue européen global concernant les grandes évolutions politiques, économiques, sociales et culturelles de l'Europe; celui de l'expérience historique unique d'une démocratisation progressive de tout un continent à travers drames et crises. L'auteur insiste sur les notions de structures dans les relations internationales : structures des équilibres géopolitiques, des relations diplomatiques, structures juridiques et structures de civilisation.  (couv.).
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Henri-Jean Martin, Aux sources de la civilisation européenne, Albin Michel, 2008. - Sur les traces de la connaissance de l'humain et de l'origine de l'humanité, depuis la naissance du monde, en parcourant tous les savoirs et toutes les disciplines occidentales, l'auteur expose une histoire des découvertes scientifiques. Cette immense synthèse restitue, avec rigueur, nuance et clarté, l'histoire de la connaissance de l'humain dont les enjeux philosophiques sont clairement expliqués.

Construit en cercles concentriques en même temps qu'il suit l'ordre chronologique, le livre raconte l'histoire de l'Europe, depuis le Big Bang jusqu'à disons la synthèse romaine. Dans un édifice de pensée qui est systématique, Henri-Jean Martin ne manque pas toutefois de préciser ses propres limites, ses questions et ses doutes. Intégrant dans son analyse les sciences sociales (depuis Durkheim jusqu'aux chercheurs les plus récents), mais aussi la linguistique, la sémiologie, la sémantique ou la psychanalyse, il montre comment les découvertes que l'homme fait quant à son propre fonctionnement, quant à sa propre histoire, sont en retour susceptibles de le modifier.

Les grandes questions de l'humanité sont posées au fur et à mesure, et on arrive bientôt au fait européen (où il sera traité de l'espace et du temps, la psychologie des foules, du rapport de le personne et du groupe). La transmission des savoirs humains se transmet par la culture orale, avant l'invention de l'écriture qui conduit à des régressions (des pertes dans le fonctionnement de la mémoire). Pour H.-J. Martin, l'originalité de l'Europe se trouverait dans cette articulation d'une mémoire orale et de structures transmises par l'oralité, avec cette autre mémoire qu'est l'écrit. (couv.).

Jean-Paul Demoule, L'Europe archéologique, Gallimard, 2005.

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