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Roumélie

Roumélie, Roum' ili, en turc. - Nom donné avant le traité de Berlin (1878) à la partie de la Turquie qui correspondait aux provinces de Thrace et de Macédoine dans l'Antiquité (bassins de la Maritza, du Vardar et de la Vistritza, massif du Rhodope, montagnes et plaine de la région de Monastir). Après le traité de Berlin, les vallées supérieures et moyennes de la Maritza et de la Toundja sont devenues provinces autonomes sous le nom de Roumélie orientale (rattachée après le coup d'Etat de Philippopoli (Plovdiv) en 1883 à la principauté de Bulgarie); le reste de l'ancienne Roumélie resta à la Turquie sous le nom de Roumélie occidentale, et le gouvernement ottoman la divisa en trois vilayets (Andrinople, Salonique et Monastir), réservant un territoire spécial administré par les autorités d'Istanbul, qui comprenait l'extrémité de la presqu'île terminée au Bosphore que l'Europe projette vers l'Asie. En réalité, la Roumélie occidentale était à peine une expression géographique.
Roumélie orientale. - Pays de l'ancienne Turquie d'Europe dont la situation en droit était absolument différente de la situation en fait : en droit, la Roumélie orientale était, de par le traité de Berlin (1878), une principauté autonome, sous la suzeraineté du sultan d'Istanbul; en fait, et après la révolution du 18 septembre 1885, à la suite de ce coup d'Etat, naturellement inspiré par le parti « Grand-Bulgare », elle devint tout simplement part intégrante de la Bulgarie. Des divers gouvernements de l'Europe, aucun ne reconnut officiellement ce nouvel ordre de choses : il n'en exista pas moins jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale.

La Bulgarie, telle que l'avait constituée ce même traité de Berlin en 1878, comme royaume sous la suzeraineté de la Turquie, comprenait 63 160 km². La Roumélie orientale l'augmenta soudainement de plus de moitié, de 33 500 km² (35 900 d'après un autre document) et lui ajouta près d'un million d'hommes : exactement 975 030, suivant le dénombrement du 13 janvier 1885.

Comme coordonnées géographiques, la Roumélie, orientale allait de 41°31' à 42°59' de latitude Nord et de 21°13' à 25°36' de longitude Est. Longueur maxima, de à l'Est-Nord-Est « des sommets glacés du Rhodope » ou Despoto-Dagh à la côte au Nord du golfe de Bourgas, 360 kilomètres; du Nord au Sud la largeur variant entre 80 et 140 kilomètres, avec moyenne de 100, plus ou moins. On comptait 375 kilomètres de son chef-lieu, Plovdiv (Philippopoli), à la capitale de l'empire, Istanbul. Comme limites : à l'Est, la mer Noire; au Nord, la Bulgarie proprement dite; au Sud, les vilayets on provinces d'Andrinople et de Salonique, portions de ce qui fut jadis Thrace et Macédoine. Pourtour, à très grands traits, sans l'infinité des sinuosités et sous-sinuosités secondaires : 1000 kilomètres .

A qui regarde une carte de la péninsule des Balkans au début du XXe siècle, il ne peut échapper que cette carte ne contient pas de pays appelé Roumélie occidentale. Pourquoi donc une Roumélie orientale? Parce que s'il n'y a plus alors de Roumélie occidentale, il y avait avant le traité de Berlin une Roumélie, une Grande Roumélie soumise aux Turcs et comprenant à peu près dans ses limites ce qui avait formé de tout temps les contrées portant les deux noms de Thrace (à l'Est) et de Macédoine (à l'Ouest). Le susdit traité de Berlin ayant détruit cette Roumélie majeure en en distrayant ce qu'il appella « province autonome » et ce qui devint sept ans plus tard un complément de la Bulgarie, on nomma cette province autonome : Roumélie orientale, parce que c'était bien, en effet, bordant la mer Noire, la portion orientale de ce qui venait de cesser d'être la Roumélie tout court et dont le reste (le plus grand reste) avait été partagé en trois vilayets ou provinces : Andrinople, Salonique et Monastir ou Bitolia.

La Roumélie orientale confrontait à la rive occidentale de la mer Noire, mais bien peu, par une côte qui n'avait pas 70 kilomètres à vol d'oiseau, du Nord au Sud; en revanche, le golfe de Bourgas indente très profondément ce littoral, découpé en une foule de baies, d'anses, avec petits ports, dont plusieurs excellents; il pénètre dans les terres à une quarantaine de kilomètres jusqu'à la ville de Bourgas, port florissant, dont la population  tripla ou quadrupla en peu d'années, et qui était, après Varna, le principal emporium des Bulgares sur la mer Noire. Malheureusement, les navires n'y trouvaient pas un abri bien sûr.

La Maritza, fleuve de 450 kilomètres à peu près de développement  traverse l'ancienne Roumélie de Ouest-Nord-Ouest à l'Est-Sud-Est, et elle y arrose une vallée qui est plutôt, en amont commue en aval de Philippoli, sur 100 kilomètres de longueur, une magnifique plaine de 15 kilomètres de largeur, alluvions merveilleusement fécondes qui ont fini par combler un antique lac; c'est bien là le meilleur de toute la Roumélie orientale.  C'est le centre de l'ancienne Thrace chantée par les poètes antiques; les innombrables tumulus, presque tous inexplorés, que l'on y rencontre encore, témoignent de l'importance qu'eut cette région aux premiers temps de l'histoire européenne.  La Maritza est la rivière des jadis fameux champs de rosiers de Kazanlik; elle rejoint la Maritza hors des limites de la Roumélie orientale, dans la province, dans la ville même d'Edirne (l'ancienne Andrinople).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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