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Les Ostrogoths |
Aperçu | Les Ostrogoths | Les Wisigoths | L'Espagne wisigothique* |
![]() | Les Ostrogoths ( = Goths de l'Est) étaient un peuple d'origine germanique, composé d'une partie des Goths venus des bords de la mer Baltique![]() Depuis la mort d'Attila, les Ostrogoths vivaient en Pannonie Théodoric demanda l'Italie à conquérir. « Si je suis vainqueur », dit-il à l'empereur, «je posséderai l'Italie par votre bienfait; si je suis vaincu, non seulement vous ne perdrez rien, mais vous gagnerez l'argent que je vous coûte. » Faut-il s'étonner si Zénon consentit? Il lui attribua donc cette province par un acte solennel appelé Pragmatique, et le congédia en lui recommandant le Sénat et le peuple romains. Théodoric eut bientôt achevé ses préparatifs. A l'automne de 488, il partit, emmenant les femmes et les enfants dans de longues fils de chariots. On traversa les montagnes en plein hiver. Sur les bords de la Save, on trouva le chemin fermé par les Gépides; Théodoric força le passage après une sanglante bataille où il se signala par un courage héroïque. Arrivé sur les bords du Sontius (Isonzo), il donna le temps à son peuple de se reposer dans les tièdes plaines de l'Italie qu'il venait, disait-il, délivrer du joug d'Odoacre. L'entreprise fut longue et difficile; c'est au prix de beaucoup de sang et d'efforts que Théodoric put franchir l'Adige (489), puis l'Adda (490). A la fin, les deux adversaires, fatigués d'une lutte sans issue, consentirent à traiter : ils promirent de se partager le gouvernement de l'Italie et Théodoric fut reçu en grande pompe dans les murs de Ravenne (5 mars 493). Quelques jours après, Odoacre invité à un festin mourait de la main même de Théodoric et ses partisans étaient massacrés. Ce que Théodoric avait conquis par la force et par la ruse, la paix seule pouvait le lui conserver; pour cela il fallait discipliner les Goths et rallier les Italiens, assurer la sécurité des frontières contre les entreprises des autres barbares, et au besoin de l'empereur même. La double éducation qu'il avait reçue dans le camp des Goths et à la cour byzantine le préparait merveilleusement à cette oeuvre si complexe. ![]() Fibule ostrogothique (ca. 500, musée de Nuremberg). A l'égard de l'empire d'Orient, ses rapports ne furent jamais nettement définis. Légalement, il n'était que le lieutenant de l'empereur; en fait, il était indépendant. Roi des Goths, il prit aussi le titre de roi des Italiens. Il pria le successeur de Zénon, Anastase, de lui donner la pourpre et il l'obtint (498). L'empereur conservant pour lui le titre de Basileus, Théodoric dut se contenter de celui de Rex; cette fiction maintenait la suprématie de la dignité impériale. Aux yeux de la population romaine, il avait besoin de paraître subordonné à l'empereur; aussi dans ses lettres lui prodigua-t-il les expressions les plus humbles; ses monnaies gardèrent le type impérial; il laissa mettre le nom de l'empereur à côté du sien sur les monuments publics. Mais il ne souffrit pas que l'empereur portât la moindre atteinte à son indépendance royale : il refusa de reconnaître le consul annuel que l'empereur désignait pour l'Occident; il repoussa par la force une flotte impériale qui s'était montrée sur les côtes de la Calabre Théodoric avait encore plus d'intérêt à ménager Rome que Byzance Il attira auprès de lui les Romains qui avaient servi fidèlement Odoacre et ne changea rien à l'ancienne administration; la justice fut rendue par les tribunaux ordinaires; les impôts furent répartis et levés comme par le passé. Les fonctions militaires seules étaient entre les mains des Goths qui formaient comme une année de colons militaires cantonnés sur le sol romain, avec leurs comtes qui les commandaient et les jugeaient. Ainsi qu'Odoacre l'avait déjà fait, il distribua à ses soldats le tiers des terres italiennes; mais ce partage fut opéré d'une façon presque administrative, par des fonctionnaires romains. « Nous remarquons avec joie », écrivait a ce propos son ministre Cassiodore, « que Libérius, par l'opération de la Tertia, a uni les biens et les coeurs des Goths et des Romains; le voisinage des deux peuples n'amène pas de luttes, au contraire la possession commune des terres donne aux deux peuples de la considération l'un pour l'autre; la partie retranchée au Romain lui donne un défenseur dans la personne du Goth.-»Cette fiction officielle renfermait une part de vérité, et montre au moins les intentions politiques de Théodoric; il lui importait de faire croire qu'il voulait fondre en un seul peuple les vainqueurs et les vaincus. Son armée n'était composée que de Barbares, mais partout ailleurs les deux peuples eurent en apparence les mêmes droits et les mêmes charges; les Goths durent respecter les lois romaines et payer les impôts. Au milieu du fanatisme universel, il fut tolérant. Les Ariens étaient persécutés par les, empereurs, les Catholiques par les Vandales, les Juifs par tout le monde Théodoric protégea les Catholiques et les Juifs; il força les Chrétiens qui avaient brûlé des synagogues à les reconstruire à leurs frais; s'il intervint dans les élections épiscopales à Rome, ce fut pour rétablir l'ordre troublé par les factions et pour faire reconnaître l'élu de la majorité. En même temps qu'il calmait les esprits, il s'efforça de faire renaître la prospérité matérielle. Il favorisa l'agriculture. Les partages réitérés des terres avaient détruit les latifundia et reconstitué la petite propriété rurale; Théodoric fit dessécher des marais pour rendre encore plus de terres à la culture, réparer les routes et nettoyer les canaux pour faciliter les transports, creuser les ports pour assurer l'arrivée des céréales à Ravenne et à Rome. Théodoric avait aussi bien le goût des lettres que des arts. Les deux plus beaux ornements de son règne ont été deux chrétiens, Boèce et Cassiodore. Boèce (Anicius Manlius Torquatus Severus Boethius) était né à Rome vers 480; il fut consul en 510. Éloquent et savant, il devint le favori du roi goth. Il fut chargé par lui de mettre de l'ordre dans le système monétaire, de choisir une clepsydre et un cadran solaire destinés au roi des Burgondes, et des chanteurs exercés pour être envoyés au roi des Francs. Ses ouvrages ont transmis au Moyen âge Boèce est l'interprète du passé, un savant, un philosophe; Cassiodore (Magnus Aurelius Cassiodorius Senator), fils d'un ministre d'Odoacre, était avant tout un homme pratique. A vingt ans, il devint secrétaire privé de Théodoric (497), et pendant près d'un demi-siècle il fut le principal ministre des rois goths. Il mit à leur service toutes les ressources de sa science encyclopédique, tout son talent d'écrivain. Les XII livres de Lettres où il a réuni les actes de son administration sont une mine précieuse de renseignements sur les institutions romaines du Ve siècle et, dans son Histoire des Goths malheureusement perdue, il avait recueilli les traditions historiques des nouveaux maîtres l'Italie. Jordanès nous en a conservé un abrégé dans le monastère de Vivarius où il vécut après la chute de l'empire goth jusqu'à un âge très avancé, il composa ses Institutions des lettres divines et humaines où il enseignait la théologie chrétienne et les sept branches fondamentales de la science (les sept arts libéraux); elles furent la base des études pendant les premiers siècles du Moyen âge
Tranquille dans l'Italie pacifiée, prospère et embellie, Théodoric étendit son influence dans le monde barbare. Une de ses filles épousa un roi des Burgondes, Sigismond; une autre, Alaric Il, roi des Wisigoths; sa soeur, le roi des Vandales, Trasamond; lui-même il prit pour femme une soeur de Clovis, roi des Francs. Il traita avec le fils de Genséric qui lui céda la Sicile Les dernières années de Théodoric terminèrent mal un si grand règne. Quand l'empereur orthodoxe Justin Ier se mit a persécuter les Ariens, Théodoric s'irrita. On lui dénonça plusieurs sénateurs qui, disait-on, étaient en correspondance secrète avec l'empereur et songeaient à renverser le « tyran ». Il sévit contre ces tardifs amis de la liberté romaine. Boèce, qui avait pris non sans arrogance la défense de ses collègues, fut arrêté, mis à la torture et condamné à mort par un jugement irrégulier; son beau-père Symmaque, le plus illustre des Romains de son temps, subit peu après le même sort (525). Ces exécutions sanglantes ruinèrent l'oeuvre de Théodoric en rendant impossible tout rapprochement entre les Goths et les Romains. Le vieux roi lui-même ne survécut pas longtemps à ses victimes ; il mourut le 30 août 526. Les Germains racontèrent que le cheval noir d'Odin était venu le prendre au milieu d'un festin à Ravenne pour l'enlever au palais céleste; les Catholiques, qu'il avait été emporté par le diable monté, lui aussi, sur un noir coursier. Les factions déchirèrent la mémoire de celui qui avait été le prince de la paix. Le cadavre du roi fut déposé dans un vaste mausolée qui existe encore près de Ravenne, mais la tombe est vide depuis longtemps. Le roi élu par les Ostrogoths, Vitigès, vint l'y assiéger (mars 537-mars 538), mais y usa son armée; repoussé sur Ravenne, il dut s'y rendre prisonnier à Bélisaire (décembre 539). Le rappel de celui-ci et l'énergie du nouveau roi Totila (qui remplaça en 541 son oncle Ildebald assassiné) permirent, aux Ostrogoths de reconquérir l'Italie. Ils reprirent Rome; qu'assiégea vainement Bélisaire (mai 546-février 547), replacé à la tête de l'armée romaine. Après son second rappel, Totila reconquit même les îles, Sicile La flotte gothique fut détruite au large de Sinigaglia, tandis que Narsès contournait l'Adriatique La destruction de l'armée de Francs et d'Alamans amenée par Leuthairs et Buccelin (554) et enfin la capitulation de la forteresse de Campsa, dans le Samnium (555), marquent la fin du royaume de Théodoric. Des Ostrogoths survivants, les uns se soumirent et furent dispersés dans l'empire où ils s'absorbèrent; les autres se retirèrent au Nord des Alpes Les Ostrogoths avaient laissé au Nord de la mer Noire |
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