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Pendant
l'Antiquité, l'histoire de la contrée
qui allait devenir l'Ukraine
se déroule principalement le long des rives de la Mer Noire
et en Crimée (l'ancienne Chersonèse
Taurique) avec les nombreuses colonies
qu'y fondent les Grecs, venus de Milet
et de Phocée, telles sont, notamment Feodosia
(Kaffa), Cherson
ou Panticapée. Au Ve siècle
av. J.-C., il se constitua autour de ces centres un premier État, le royaume
du Bosphore, qui sera absorbé par le Royaume
du Pont, sous Mithridate.
Les Romains Ă©tabliront ensuite leur domination
sur ces rivages, en 47 av. J.-C. Puis ce sera le tour des Huns,
les
Alains, les Goths,
de prendre possession de ces territoires.
Enfin, les Khazars
(Les Turkmènes)
créèrent un vaste État qui englobait l'Ukraine actuelle et s'étendait
jusqu'Ă la Mer Caspienne.
Ce sont eux qui fondèrent Kiev, vers 450 de
notre ère. La partie méridionale de leur État leur fut enlevé par les
Byzantins
en 640, et Kiev leur fut enlevé en 882 par les Russo-Varègues,
conduits par Oleg, fils de Rurik, roi de Novgorod.
Kiev devient alors la résidence des grands-princes de Russie, et
le restera jusqu'en 1457. Le grand-duc Iaroslav en fait la capitale de
toute la Russie en 1037, et, à cette époque, l'État de Kiev, devient
le premier centre de la civilisation russe et de la diffusion des influences
byzantines en Russie. Il est mĂŞme,
au Xe et au XIe
siècle, l'État le plus grand et le plus puissant d'Europe.
Fronton décoré d'icônes de la cathédrale de la Dormition, à Kiev (Ukraine). Images : The World Factbook. Affaibli par des querelles intestines, l'État de Kiev subit les invasions mongoles et fit partie, au XIIIe siècle, de l'Empire du Kiptchak (La Horde d'Or); par la suite, des portions de cette contrée, dans les régions de Poltava et de Kharkov, ont appartenu à ce que l'on appelé la Petite-Tartarie. Ce pays passa ensuite sous la domination du Grand-Duché de Lituanie et de la Pologne, tandis que les khans de Crimée s'établissaient solidement dans la presqu'île. A partir du milieu XVe siècle de nouveaux acteurs font leur apparition, les Cosaques, peuple guerrier formé du mélange des Russes et des Turco-Mongols. Les Cosaques de la Petite-Russie, se composent de trois groupes : les Cosaques de Tchougouïef, les Cosaques du Boug et - ceux qui nous intéressent ici -, les Cosaques de l'Ukraine. Ces derniers sont subdivisés en Cosaques Zaporogues [ainsi nommés de ce qu'ils habitaient d'abord près (za) des cataractes (porogie) du Dniepr], Cosaques de la mer Noire et Slobodes. A partir de 1516,
les Cosaques de l'Ukraine, réunis en corps divers, formèrent pour l'Europe
un cordon militaire contre les Mongols et les Turcs : ils se mirent d'abord
au service des Polonais. Le nom d'Ukraine,
qui signifie en polonais pays de la
frontière, date de cette époque et montre quel était alors la perception
que l'on avait de ce territoire. Mais, mécontents de la domination polonaise,
les Cosaques se révoltèrent en 1638, sous l'ataman (hetman)
Powluck, et en 1647 sous Chmielnicki. Vaincus à Berestek, ils furent traités
durement par les Polonais; un grand nombre d'entre eux passèrent alors
aux
Russes (1654-1657), et pendant près
d'un un siècle, il réussirent à maintenir en Ukraine une puissance relativement
autonome.
Au moment de la RĂ©volution
soviétique, en 1917, l'Ukraine déclara sont indépendance et parvint
à former un État souverain jusqu'en 1920, date à laquelle elle retomba
sous la domination de Moscou pour devenir bientôt une république de l'URSS.
Sous ce nouveau régime, le pays connut deux grandes famines (1921-1922
et 1932 -1933), conçues par les Soviétiques comme une arme de coercition
et au cours desquelles seraient mortes plus de 8 millions de personnes.
On a qualifié de génocide la famine de 1932-1933,
et connue sous le nom d'holodomor. Au cours des combats de la Seconde
Guerre mondiale, 7 Ă 8 millions de personnes trouveront encore la mort.
Le monument de la Mère-Patrie (aussi dit de la Dame de Fer), à Kiev. Cette statue haute de 62 mètres est un héritage de l'époque soviétique. Les armoiries de l'URSS figurent toujours sur le bouclier. Source : The World Factbook. L'Ukraine indépendante.
De nouvelles élections parlementaires ont lieu en octobre 2012, qui confortent le pouvoir de Yanukovych. Mais elles sont largement critiquées par es observateurs occidentaux qui dénoncent l'utilisation des ressources gouvernementales pour favoriser les candidats du parti au pouvoir, des limitation à l'accès aux médias et le harcèlement des candidats de l'opposition. En novembre 2013, Yanukovych dénonce un accord de commerce et de coopération avec l'Union européenne et donne sa en faveur à des liens économiques plus étroits avec la Russie. Cela provoque trois mois de protestations (étudiants, militants de la société civile etc.). La place Maidan (la place centrale de Kiev) est occupée, et le pouvoir répond en février 2014 par l'utilisation de la force. Des batailles rangées ont lieu qui font des dizaines de morts et une condamnation internationale. Après l'échec d'un accord politique raté, le président se réfugie en Russie. De nouvelles élections au printemps permettent au président pro-occidental Petro Poroshenko d'entrer en fonction en juin 2014. Peu de temps après le départ de Yanukovych fin février 2014, le président russe Vladimir Poutine a ordonné l'invasion de la Crimée, sous le prétexte fallacieux de protéger la population d'origine russe qui y vivait. Deux semaines plus tard, un référendum a eu lieu concernant l'intégration de la Crimée dans la Fédération de Russie. Le scrutin a été condamné comme illégitime par le gouvernement ukrainien, l'Union européenne, les États-Unis et l'Assemblée générale des Nations Unies. En réponse à l'annexion illégale de la Crimée par la Russie, 100 membres de l'ONU ont adopté un résolution (68-262) rejetant le référendum comme étant sans fondement et invalide et confirmant la souveraineté, l'indépendance politique, l'unité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Vers le milieu de 2014, la Russie a commencé à fournir des moyens en personnes, en matériels et en fonds les séparatistes du Donbass (provinces orientales (russophones) de l'Ukraine). Deux républiques se proclament indépendantes (républiques autoproclamées de Donetsk et de Lugansk). Commence alors un conflit armé avec le gouvernement ukrainien. En septembre 2014, des représentants de l'Ukraine, de la Russie et des républiques sécessionnistes non reconnues signent le protocole et le mémorandum de Minsk (accords de Minsk) destinés à mettre fin au conflit. Cependant, du fait de la mauvaise volonté aussi bien des sécessionnistes que de Kiev, cet accord n'a pas permis d'arrêter les combats ni de trouver une solution politique. En février 2015, dans une nouvelle tentative d'atténuer les affrontements en cours, les dirigeants de l'Ukraine, de la Russie, de la France et de l'Allemagne ont négocié un ensemble de mesures visant à la mise en oeuvre les accords de Minsk. Des représentants de l'Ukraine, de la Russie, des républiques sécessionnistes russophones non reconnues et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se réuniront par la suite régulièrement pour faciliter la mise en oeuvre de l'accord de paix, mais sans obtenir de résultat. Début 2022, plus de 14 000 civils avaient été tués ou blessés à la suite de l'intervention russe dans l'Est de l'Ukraine. De nouvelles élections, en mai 2019; font succéder, à la présidence de l'Ukraine, à Poroshenko, Volodymyr Zelensky, un ancien humoriste et acteur de télévision, qui s'est fait élire sur la double promesse de la récupération des républiques séparatistes et la lutte contre la corruption qui ne cesse de gangrener le pays. Ni l'un ni l'autre objectif ne sera rempli. Vers la guerre.
Le 17 janvier 2022,
la Russie et la Biélorussie annoncent la tenue, dès le mois suivant,
de grandes manoeuvres militaires conjointes le territoire biélorusse.
Dans les semaines qui suivent, on assiste Ă une escalade de la tension
dans les provinces séparatistes du Donbass de l'Est de l'Ukraine. Les
combats qui s'accentuent font parler, à Moscou, d'un génocide des russophones
par les troupes de Kiev (15 février). A ce moment, de 150 000 à 200 000
russes sont massés le long des frontières ukrainiennes. Les États-Unis
alertent sur l'imminence d'une invasion russe de l'Ukraine. Des personnels
militaires américains, australien et canadiens (quelques centaines d'hommes
seulement) Ă©vacuent l'Ukraine, mais la plupart des gouvernement occidentaux
pensent encore que seul le Donbass est est dans la ligne de mire de Moscou.
De fait, le 21 février, la Russie reconnaît formellement les républiques
populaires de Donetsk et de Lugansk (le territoire proclamé recouvrant
la totalité du Donbass, y compris donc la partie encore contrôlée par
l'Ukraine). Sous prétexte d'y maintenir la paix, des forces russes occupent
ces prétendues républiques indépendantes. L'Union
Européenne et les États-Unis annoncent un premier (et, à ce stade,
encore timide) train de sanctions financières contre les oligarques et
les dĂ©putĂ©s russes, l’Allemagne suspend le projet de gazoduc Nord
Stream 2 devant acheminer en Allemagne en provenance de la Russie.
Le Japon et le
Canada
annoncent aussi des sanctions. Au total, des formes de protestation de
peu de portée.
A ce stade, les buts de guerre, affichés par la Russie, ou tels qu'on peut les comprendre, sont, outre la reconnaissance officielle de l'annexion du Donbass et de la Crimée, le désarmement et la neutralisation de l'Ukraine, ainsi que ce que le Kremlin appelle sa « dénazification » (entendre par là la chute du pouvoir pro-occidental et démocratique en place et la mise en place d'un pouvoir totalitaire à sa botte, à l'image de celui qui existe en Biélorussie). Le nom d'« opération militaire spéciale
» donné par la Russie à son invasion laisse penser que les dirigeants
russes s'attendaient à une guerre brève. Dès les premiers jours, il
apparu que les Ukrainiens allaient opposer une résistance vigoureuse.
Le président Zelinsky, décevant en temps de paix, se révèle un efficace
chef de guerre. Dans le mĂŞme temps, les Occidentaux (Etats-Unis, Union
Européenne et leurs alliés) décident, en plus de livraisons d'armes
à l'Ukraine (notamment anti-chars et antiaériennes), d'un nouveau paquet
de sanctions - celui-ci sans précédent par son ampleur - contre la Russie
et la Biérussie, et dont il est attendu qu'elles conduisent, à terme,
Ă une asphyxie de l'Ă©conomie russe. En attendant sur le terrain, les
combats se poursuivent, des hôpitaux et d'autre cibles civiles sont bombardés,
des crimes de guerre sont perpétrés. Plus de 10 millions de personnes
déplacées. Aucun élément, donc, aux premières semaines de guerre,
qui rende optimiste, tant le le pouvoir russe, qui chaque jour ressemble
un peu plus à un enfant dans un monde d'adultes, paraît s'être enferré
dans une spirale mortifère.
Intervention en visioconfĂ©rence du prĂ©sident Zelensky devant le Parlement europĂ©en, le 1er mars 2022 : « L’Europe sera beaucoup plus forte avec l’Ukraine en son sein […]. Sans vous, l’Ukraine sera seule. » |
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