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Histoire des Pays-Bas
Les Bataves et les Frisons, peuples germaniques, peuplaient cent ans avant notre ère les contrées qui forment aujourd'hui les Pays-Bas. Les Bataves fournirent une cavalerie auxiliaire à César, et une cohorte à la garde prétorienne d'Auguste. Soumis aux Romains par Drusus, ils se soulevèrent contre Vespasien, l'an 70 de J. C., sous la conduite de Civilis. Les Bataves furent assujettis à la domination des Francs au Ve siècle, et les Frisons au VIIIe siècle par Charlemagne, sous lequel il furent contraints de se convertir à la religion chrétienne

Les pays qu'occupaient les deux peuples furent réunis à l'Allemagne par le traité de Verdun en 843. Ils étaient régis par des gouverneurs, qui se rendirent peu à peu indépendants, et devinrent les ducs de Gueldre, de Brabant, de Limbourg, les comtes de Hollande, de Zutphen et de Zélande, et les seigneurs de Frise. Utrecht forma un évêché souverain. Après Charles le Simple, les Pays-Bas sont gouvernés par des ducs ou des comtes relevant plus ou moins de l'empereur d'Allemagne. Le plus puissant de ces seigneurs est le comte de Hollande. Durant cinq siècles, de 922 à 1581, le pouvoir est successivement exercé par les maisons de Hollande, de Hainaut, de Bavière, de Bourgogne et d'Autriche. C'est une période souvent troublée par des guerres intestines. Les villes, enrichies par le commerce, s'efforcent d'étendre leurs privilèges. En 1349, la comtesse Marguerite de Hainaut ayant abandonné ses droits seigneuriaux à son fils Guillaume contre une pension qui ne fut pas payée, ce fut le signal de la guerre entre Cabillauds (Kabeljauws) et Hameçons (Hoeks). Cette lutte changea plus tard de caractère : les Cabillauds devinrent les défenseurs des franchises municipales et les Hameçons les partisans des nobles.

Les ducs de Bourgogne, étant entrés en possession du riche comté de Flandre, dont l'héritière Marguerite avait épousé Philippe le Hardi, acquirent successivement par des conquêtes, par des alliances et par des transactions, ces différents territoires. Ainsi, c'est en dépouillant sa cousine Jacqueline de Bavière que le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, devient maître des Pays-Bas. Le mouvement d'émancipation des communes est arrêté sous son fils Charles le Téméraire. A sa mort, en 1477,  sa fille, Marie de Bourgogne, ayant épousé l'archiduc Maximilien, fils de l'empereur Frédéric III, le Limbourg, le Luxembourg, la Zélande, la Hollande, la Flandre, l'Artois, le Hainaut, le Brabant, les comtés de Namur, d'Anvers et de Malines, avec la Franche-Comté, passent à la maison d'Autriche. Ce fut encore une période de guerres et d'oppression; les Hollandais et les Frisons durent s'incliner devant les reîtres allemands, mais il resta dans les coeurs des levains de haine qui ne tardèrent pas à fermenter. 

L'archiduc, devenu l'empereur Maximilien Ier, comprit ces provinces en 1512, sous le nom de cercle de Bourgogne, dans la division générale de l'empire en dix cercles. Charles-Quint y ajouta le duché de Gueldre, Over-Yssel, la Frise, Groningue et Drenthe, et, à son abdication, en 1556, les Dix-sept provinces formant le cercle de Bourgogne passeraient à la monarchie espagnole. Sous son règne déjà, la régence de Marguerite ramena la prospérité ; les provinces des Pays-Bas jouirent d'une grande liberté; mais la Réforme (Protestantisme), qui compta bientôt de nombreux sectateurs, ne pouvait être tolérée par la cour d'Espagne. En 1535, Marie, régente des Pays-Bas, rendit un édit qui condamnait à mort tous les hérétiques. Par faveur, devaient être décapités les hommes et enterrées vives les femmes qui se repentaient; les impénitents étaient réservés au feu. Charles-Quint, pour rendre plus efficace cette loi, tenta d'introduire l'Inquisition; mais il laissa à son fils Philippe II le soin de réaliser cette mesure. C'en était trop pour ce peuple, déjà écrasé d'impôts. 

Le compromis des nobles donna le signal de la révolte des gueux; Guillaume de Nassau, prince d'Orange, que Charles-Quint et Philippe II avaient nommé gouverneur des provinces de Hollande, de Zélande et d'Utrecht, et membre du conseil de régence, se met à la tête d'une ligue fédérative dite des Gueux, qui leva l'étendard de l'insurrection contre l'Espagne en 1566. Ni les mesures de rigueur ni les moyens de conciliation, successivement employés par le duc d'Albe, par Zuñiga y Requesens et par don Juan d'Autriche, ne purent réprimer ce soulèvement. Au contraire, les atrocités commises exaspèrent les courages : en 1572, les Gueux de mer s'emparent de Brielle; Guillaume prend Middelbourg et délivre Leyde. Succès et revers, tout sert à la cause de l'indépendance. 

Portrait du Duc d'Albe.
Le duc d'Albe.

La plupart des provinces adhérèrent à Gand, en 1576, à la rébellion de la Hollande et de la Zélande, et l'union de Bruxelles resserra cette alliance en 1577. L'habileté du gouverneur espagnol, Alexandre Farnèse, maintint dans la foi catholique et sous l'obéissance de l'Espagne les province méridionales, appelées Pays-Bas espagnols ou catholiques, dont Louis XIV réunira une portion à la France, et qui devinrent Pays-Bas autrichiens après le traité de Rastatt en 1714.

Les Provinces-Unies.
Mais cinq provinces septentrionales, celles de Hollande, Zélande; Utrecht, Gueldre et Frise, proclamèrent leur indépendance, le 23 janvier 1579, par l'union d'Utrecht, et les provinces d'Over-Yssel et de Groningue accédèrent à cet acte : la première en 1580 et la seconde en 1594. Dès 1581, les états avaient déclaré le roi d'Espagne déchu de toute souveraineté sur les Pays-Bas. Ainsi fut constituée la république des Sept Provinces-Unies, dont Guillaume Ier de Nassau fut reconnu le chef, sous le titre de stathouder. L'assassinat de Guillaume d'Orange en 1584 par Balthazar Gérard, à Delft, aurait pu compromettre l'oeuvre de sa vie; mais son fils Maurice, âgé de dix-sept ans, fut, grâce à l'influence de Oldenbarneveldt, avocat de Hollande, nommé aussitôt stathouder et continua la lutte contre l'Espagne. La dignité élective de stathouder procura à la république par le traité d'Anvers de 1609, fruit de ses exploits, une paix de douze ans, conclue sous les auspices de Henri IV. Elle reconnaissait l'indépendance de la Hollande, tandis que les Pays-Bas du Midi restaient à l'Espagne. A l'expiration de la trêve, la guerre recommença jusqu'au jour où enfin, au congrès de Munster, les Provinces-Unies entrèrent dans le concert des États européens et obtinrent de l'Espagne toutes les places du Brabant et la fermeture de l'Escaut, c'est-à-dire la ruine à leur profit du port d'Anvers.

Le nouvel État, appelé Hollande, du nom de la plus importante des province dont il se compose devient alors le foyer central du protestantisme et le refuge des Protestants de tous les pays. Favorisé par l'Angleterre et par la France, qui applaudissaient à l'humiliation de l'Espagne, il s'approprie la majeure partie du commerce que cette nation alors si puissante fait sur les mers, et s'élève à un haut degré de prospérité. Il est reconnu État indépendant par le traité de Westphalie en 1648, et parvient, vers le milieu du XVIIe siècle au rang de première nation maritime de l'Europe. C'est la grande et glorieuse époque de la Hollande. Ses navigateurs, ses commerçants, ses compagnies coloniales l'enrichissent; ses hommes d'État font respecter son drapeau; ses artistes proclament son génie, et, si le fanatisme religieux et politique peut y faire des victimes comme Oldenbarnevelt ou les frères de Witt, les Provinces-Unies tiennent tête à l'Angleterre avec Tromp et de Ruyter et à Louis XIV. Le roi de France échoua ainsi, après la paix d'Aix-la-Chapelle en 1668, dans le dessein de ruiner cette active république. Il fut obligé de conclure la paix de Nimègue (1678). Lorsque Guillaume III devient roi d'Angleterre tout en restant stathouder, les Provinces-Unies sont entraînées dans l'orbite de l'Angleterre. La révocation de l'édit de Nantes a d'ailleurs surexcité les esprits contre la France. Une triple alliance fut formée entre la Hollande, l'empereur et l'Angleterre, à l'occasion de la succession d'Espagne. La paix d'Utrecht (1713) marqua l'apogée de la puissance hollandaise.

Mais les luttes qu'elle avait soutenues contre la France et contre l'Angleterre, et la part qu'elle prit à la guerre de la succession d'Espagne, affaiblirent la Hollande considérablement. Deux partis, celui des adhérents de l'ambitieuse maison d'Orange, ou Orangistes, et celui des patriotes républicains, ou Anti-Orangistes, se formèrent dans son sein; et aux discordes civiles qui résultèrent de leur opposition se mêlèrent des discussions théologiques, les querelles des arminiens et des gomaristes. A partir de ce moment, le peuple et la petite bourgeoisie s'éloignèrent de l'oligarchie des grandes familles, qui se perpétuaient à la tête des municipalités et dans les États et inclinaient de plus en plus vers l'autorité des stathouders. La république, dirigée tantôt par un stathouder, tantôt par un grand pensionnaire, ne put pas arriver à l'unité de gouvernement. 

Un soulèvement populaire donna à Guillaume IV et à ses descendants des deux sexes le stathoudérat héréditaire en 1747. Les débuts du nouveau régime ne furent pas heureux; la Hollande fut battue avec ses alliés dans la guerre de la succession d'Autriche et dut demander la paix. Le traité, conclu à Aix-la-Chapelle, lui laissa tout son territoire. Guillaume V était mineur; la régence fut confiée à sa mère, une Anglaise, et le commandement des troupes au duc de Brunswick, un Allemand. Les républicains en prirent prétexte pour fomenter l'agitation. Les actes du stathouder, devenu majeur, ne les rassurèrent qu'à demi, et le mécontentement s'accrut quand les Anglais eurent pris plusieurs des colonies hollandaises. Guillaume V s'enfuit de La Haye, invoqua l'appui de son beau-frère, le roi de Prusse. L'armée envoyée par le roi de Prusse s'empara d'Amsterdam en 1787, et réprima la révolte.
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Blason des Pays-Bas.
Armoiries des Pays-Bas.

Le parti démocratique, qui n'était que comprimé, allait prêter la main en 1795 à la conquête du pays par les armes de la France républicaine. Guillaume V étant entré dans la coalition contre la France, Pichegru envahit la Hollande. La république Batave fut proclamée sur le modèle de la République française, avec un directoire et deux conseils. Elle fut divisée en 8 départements. Le régime fédératif fut rétabli en 1801, et une 8e province, formée de contrées prises au Brabant, à la Flandre, au Limbourg et à la Gueldre, fut ajoutée aux sept anciennes provinces. Cette organisation fut modifiée en 1805 : Schimmelpennink devint pensionnaire du conseil. Les Pays-Bas avaient perdu leur marine et leurs colonies, et leur commerce était détruit, lorsqu'ils furent érigés en 1806, par Napoléon Ier, en royaume de Hollande, en faveur de son frère, Louis Bonaparte. Ce prince, voyant qu'il ne pouvait pas réaliser ses intentions, abdiqua en 1810, en faveur de son fils aîné, encore enfant; mais le pays fut incorporé à l'empire français, et forma les départements de la Frise, Yssel-Supérieur, Zuiderzee, Bouches-de-la-Meuse, Bouches-de-l'Yssel, Ems-Oriental et Ems-Occidental. En 1813, après la bataille de Leipzig, les Français furent obligés de retirer leurs garnisons; le 29 novembre, Guillaume-Frédéric d'Orange, fils du dernier stathouder, aborda à Schéveningue et reprit le gouvernement du pays.

Le Royaume des Pays-Bas.
En 1815, le Congrès de Vienne réunit les Sept Provinces-Unies et les anciens Pays-Bas autrichiens et plaça le prince d'Orange à la tête du nouveau royaume des Pays-Bas. Une Constitution fut établie, qui, s'inspirant des idées françaises, substituait l'unité politique au particularisme d'autrefois. Cette juxtaposition de populations protestantes et catholiques séparées depuis des siècles avait quelque chose d'artificiel. Le mécontentement s'accrut quand la langue hollandaise fut imposée comme langue officielle et, le 25 août 1830, une révolution éclatait à Bruxelles. La conférence de Londres, où siégeaient les plénipotentiaires des cinq grandes puissances, prononça la séparation de la Belgique et de la Hollande. La France força les troupes du roi  Guillaume Ier en 1852 à rendre la citadelle d'Anvers au nouveau Royaume de Belgique , et les limites entre ce royaume et le nouveau royaume des Pays-Bas  furent définitivement réglées en 1839. L'année suivante, Guillaume Ier abdiquait en faveur de son fils Guillaume II. Sous le règne de celui-ci, la Constitution fut révisée dans un sens libéral.

Cette réforme était à peine accomplie, en 1848, que le roi mourait, laissant la couronne à son fils Guillaume III, qui régna jusqu'en 1890. Durant cette longue période, la législation coloniale fut révisée; l'enseignement public réorganisé; en 1887, on procéda à une révision de la Constitution, surtout en vue d'élargir le droit de suffrage. A la mort de Guillaume III, les deux fils issus de son premier mariage étant morts, la couronne passa à sa fille Wilhelmine, dont la mère, Emma, fut proclamée régente. Son règne fut assez paisible. Le régime parlementaire fonctionnait désormais régulièrement.

A la suite des élections de 1891, le ministère libéral Tak van Poortvliet remplaça le ministère mixte qu'avait composé le baron Mackay, alors que la première Chambre était en majorité libérale et la seconde conservatrice. Il fit voter l'impôt progressif sur la fortune et la taxe sur les revenus professionnels, mais il ne put faire aboutir le projet conférant l'électorat à tous les citoyens non assistés sachant lire et écrire. En vue de se rendre les catholiques favorables, son successeur Roëll ajourna la question de l'enseignement et celle du service obligatoire; il obtint l'extension du droit de suffrage (1895), réalisa de nouvelles réformes fiscales, organisa l'arbitrage entre patrons et ouvriers.

Les conservateurs catholiques (provinces rurales du Sud) et les calvinistes orthodoxes, ou anti-révolutionnaires, s'unirent contre les libéraux aux élections de 1897; les « chrétiens historiques » ou calvinistes dissidents de la petite et moyenne
bourgeoisie, ligués à la voix du pasteur Bronsveld, leur firent une vive opposition, et, l'abbé Schaepmann ayant déclaré que le moment était venu de gouverner la Hollande selon l'esprit de l'Église catholique, les protestants crurent l'Église nationale en danger. La masse du corps électoral se détourna de la coalition. C'est le cabinet libéral Beaufort-Pierson qui présida aux fêtes de la majorité politique de la reine (31 août 1898), dont le mariage avec le prince Henri de Mecklembourg-Schwerin fut célébré à La Haye en 1901.

Après la loi sur les assurances ouvrières, les Chambres, malgré les catholiques et les calvinistes anti-révolutionnaires, avaient adopté la loi sur l'instruction obligatoire (1900). Le pasteur Kuyper, démocrate chrétien, appelé au pouvoir après les élections de 1901, s'attacha tout particulièrement à réviser les lois sur l'enseignement public : les Universités libres furent mises sur le même pied que les établissements de l'État au point de vue de la collation des grades; les écoles privées reçurent des subventions ; les instituteurs libres se virent, quant au régime des retraites, assimilés aux instituteurs publics. Son programme de restauration de l'État tenait en ces mots : « Croyants et chrétiens contre incrédules »; tous les groupes d'opposition libérale s'unirent pour le renverser, et ils y réussirent aux élections de 1905.

C'est à Amsterdam que la deuxième Internationale tint le fameux congrès socialiste de 1904, dont le retentissement se fit sentir, tout d'abord, dans la Hollande même. Les socialistes qui, en 1897, n'avaient qu'un représentant aux États généraux, en comptèrent 4 en 1905, 7 en 1909, 18 en 1913; leurs chefs furent l'avocat Troëlstra et le pasteur Domela Nieuwenhuis. L'agitation qui s'ensuivit (manifestations en faveur de la journée de huit heures, grève générale, etc.) provoqua la réaction des partis d' «-ordre-», tandis que les socialistes refusaient d'appuyer les libéraux; mais, en somme, aucun parti ne disposait d'une majorité véritablement solide.

Malgré l'évolution des idées, il faut aussi compter, aux Pays-Bas, avec les traditions religieuses. Alliés sur le terrain politique et social, les catholiques et les anti-révolutionnaires ne pouvaient s'entendre sur le terrain confessionnel. Ces divisions politiques n'entravèrent pas le développement économique du pays, qui vit s'accroître sa population et qui connut la prospérité. La Première Guerre mondiale, déclenchée en 1914 et pendant laquelle les Pays-Bas se déclarèrent neutres, relentit notablement la progression, mais sans la compromettre. Le pays fit aussi progresser sa démocratie pendant cette période, en accordant, en 1917, le suffrage universel masculin, puis féminin en 1922.

Costumes de l'Armée des Pays-Bas vers 1900.
Uniformes de l'armée hollandaise vers 1900.
Au lendemain de la Première guerre mondiale, la vie politique engagée dans la poursuite des réformes sociales fut aussi dominée par le regain des divisions entre Protestants et  Catholiques. Les cabinets successifs furent dirigés par Ruys de Berrenbrouck, Colijn, de Geer. La crise économique mondiale des années 1930 affecta le pays et suscita une montée en puissance des partis de gauche et de centre gauche. En 1939, pour la première fois des sociaux-démocrates participèrent au gouvernement. Une nouvelle phase de la démocratie néerlandaise qui fut de très brève durée. Bien que les Pays-Bas aient déclaré leur neutralité lors du déclenchement de la Seconde guerre mondiale, dès le 10 mai 1939, ils sont attaqués par les troupes allemandes. La famille royale et le gouvernement se réfugièrent en Angleterre, et des bombardements détruisirent en quelques jours tout le centre de Rotterdam et préludèrent à la submersion de nombreux polders. L'armée néerlandaise ne put que se rendre l'année suivante. Sous l'occupation allemande, une administration nazie fut mise en place et placée sous la direction du commissaire hitlérien Seyss-Inquart. Cette occupation dura jusqu'à la capitulation de l'Allemagne, le 8 mai 1945, et fut caractérisée par une répression brutale, des déportations massives de Juifs vers les camps d'extermination (L'Holocauste), et aussi, après le débarquement allié par des combats encore très destructeurs.

L'époque contemporaine.
Durement éprouvés par le conflit, les Pays-Bas abordèrent la reconstruction avec une nouvelle souveraine (la reine Wilhelmine abdiqua en 1948, laissant le trône à la reine Juliana), et dans un relatif consensus social qui permit la participation dans un même gouvernement de Catholiques et de Socialistes. Ceux-ci reprirent les réformes sociales et tentèrent la remise en route de l'économie. Mais le pays fut encore confronté à de nouveaux drames. En 1953, la rupture d'une digue à la suite d'une tempête provoqua la mort de près de 2000 personnes. Mais auparavant, c'est la décolonisation de l'Indonésie, occupée par le Japon pendant la Seconde guerre mondiale, qui s'était s'avérée particulièrement difficile. Au terme de plusieurs années d'affrontements sanglants, les Pays-Bas avaient dû accorder l'indépendance à l'Indonésie, en 1949. La même année, le pays rejoignit l'OTAN, tandis qu'il commençait à recentrer son économie sur l'Europe. Cela allait permettre son relèvement. Les Pays-Bas, déjà membres du Bénélux depuis 1948, devinrent ainsi, dès 1952, membres fondateurs de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier), qui préfigurait la CEE (Communauté économique européenne), instaurée en 1957 par le Traité de Rome.

Les années 1960 se signalèrent par un retour de la prospérité. Le modèle néerlandais devint l'un des parangons de l'Etat-providence. Cependant les chocs pétroliers des années 1970 stoppèrent net cette croissance. Parallèlement, la colonie néerlandaise du Surinam accéda à son indépendance en 1975, et fut suivie aux Pays-Bas d'une importante vague d'immigration (des centaines de milliers de personnes), en provenance de l'ancienne colonie. Une coalition de droite revenue au pouvoir en 1977 se trouva ensuite contrainte à une politique d'austérité, dans un climat social qui ne fit qu'empirer au cours de la décennie qui suivit.

En 1980, Juliana abdiqua en faveur de la reine Beatrix. En 1985, les Pays-Bas se trouvèrent au centre de la crise des Euromissiles, en autorisant sur leur sol l'installation par les États-Unis de cinquante missiles de croisière. Cette mesure provoqua de nombreuses protestations parmi la population, mais c'est surtout la montée du chômage qui finit par provoquer la chute du gouvernement en 1989, et l'arrivée au pouvoir d'une coalition dirigée par le chrétien-démocrate Ruud Lubbers, avec une participation de socialistes. En 1994, ce fut au tour du travailliste Wim Kok de diriger un nouveau gouvernement de coalition. Il fut encore réélu en 1998. Sous ce mandat, l'euthanasie est légalisée par le Parlement, qui en définit strictement les conditions (2000), et le mariage homosexuel est légalisé (2001). Mais, en 2002, son gouvernement fut déstabilisé à la suite de la publication d'un rapport officiel sur l'inefficacité des casques bleus néerlandais en Bosnie, qui n'avaient pu empêcher le massacre de Srebenica, en 1995. Il tombera en avril 2002.

Le début des années 2000 s'est signalé par l'irruption de la violence politique sur fond de débat sur l'immigration. Il y eut, en novembre 2004, l'assassinat du cinéaste Théo Van Gogh, après qu'il ait réalisé un film dénonçant la situation des femmes dans la société islamique. Et déjà, en mai 2002,  l'assassinat du leader anti-immigration Pim Fortuyn, Peu après la mort de Pim Fortuyn, un parti qui s'était constitué sur son nom s'est placé aux élections de juillet 2002 en seconde position  et a participé, avec le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), au gouvernement de coalition de centre droit, dirigé par les chrétiens démocrates, vainqueurs du scrutin. Leur leader, Jan Peter Balkenende est devenu premier ministre. En octobre, les divisions internes ont fait tomber ce gouvernement. De nouvelles élections, celles-ci encore gagnées par les chrétiens démocrates, ont eu lieu en janvier2002, et un nouveau gouvernement de coalition, toujours dirigé par Balkenende, mais auquel ne participait plus le parti de Pim Fortuyn, a été formé en mai. En juin 2005, un référendum a conduit au rejet du traité de constitution européenne.

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