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Les
premières traces d'habitation humaine en Roumanie remontent au
Paléolithique
supérieur, avec des sites archéologiques tels que ceux de Peștera cu
Oase, où des restes humains datant de plus de 40 000 ans ont été découverts.
Le Mésolithique a également laissé des
traces à travers divers outils et artefacts trouvés dans la région.
Au Néolithique (vers 5500-2600 av. JC),
les communautés agricoles se sont établies dans la région. Les cultures
néolithiques de la Roumanie, telles que la culture de Cucuteni-Trypillia
(en Moldavie et en Roumanie du Nord-Est)
et la culture de Hamangia (en Dobrogée), sont connues pour leurs établissements
sédentaires, leurs poteries décorées et leurs artefacts élaborés.
L'Âge du Bronze
(vers 2600-1200 av. JC) en Roumanie est représenté par la culture de
Wietenberg, qui a laissé des vestiges de villages fortifiés et des objets
en bronze. Cette période a vu un développement
accru des compétences artisanales et des échanges commerciaux avec les
régions voisines. Des contacts avec les civilisations voisines, notamment
avec les Thraces au sud et avec les cultures de l'Europe centrale, ont
apporté des influences culturelles et technologiques dans la région.
L'Âge du Fer (vers 1200 av. JC - 106 av. JC) est caractérisé par la
présence des Daces, un groupe ethnique indo-européen qui s'est établi
dans la région correspondant à la Roumanie actuelle.
Les Daces étaient
une branche des Thraces et occupaient une grande partie de la Dacie, une
région couvrant l'est et le centre de la Roumanie. Les Daces étaient
organisés en tribus, chacune avec ses propres structures sociales et politiques.
Ils construisaient des fortifications en montagne. Les découvertes archéologiques
montrent des artefacts en or, des armes sophistiquées
et des objets rituels. Les Daces avaient des relations variées avec leurs
voisins. Ils avaient notamment des échanges commerciaux et des conflits
avec les Grecs et les Scythes
au nord et à l'est. Bien que la région n'ait pas été directement colonisée
par les Grecs, les colonies grecques de la mer Noire, comme Tomis (aujourd'hui
Constanța) et Histria, ont eu des contacts avec les tribus locales, favorisant
des échanges commerciaux et culturels.
Vers la fin du Ier
siècle av. JC, l'expansion romaine a commencé à menacer la Dacie. Les
Daces ont tenté de résister aux incursions romaines, mais ils ont finalement
été confrontés à l'expansion continue de l'Empire
romain. La conquête romaine de la Dacie, dirigée par l'empereur Trajan,
a commencé en 101 ap. JC et s'est poursuivie jusqu'en 106 ap. JC., lorsque
la Dacie a été intégrée à l'Empire romain comme province. Les
Roumains sont issus de la fusion de colons romains amenés par Trajan avec
les populations locales.
Il est probable que,
durant les invasions des barbares en Mésie, où ils s'étaient retirés,
les Roumains se réfugièrent dans les montagnes, où ils vécurent pendant
plus de dix siècles, se dérobant ainsi à l'histoire et s'organisant
peu à peu. La Valachie
apparaît comme État en 1290; la Moldavie ,
en 1353. Les deux principautés furent fondées par des colonies roumaines,
venues de la Transylvanie .
La Transylvanie, coeur de l'ancienne province dace, n'allait pour sa part
rejoindre la Roumanie, avec d'autres territoires, plus petits, issus du
démantèlement de l'empire austro-hongrois ,
qu'au lendemain de la Première Guerre mondiale.
Auparavant, la Transylvanie, avait été, dès 1526, une principauté indépendante;
en 1867, les Autrichiens
l'avaient réunie à leurs possessions.
Histoire de la
Valachie .
On ne sait si Badou
Negrou, le fondateur de la Valachie ,
est un personnage purement légendaire. La succession des premiers princes
est assez embrouillée, et c'est seulement à partir de 1325 que l'histoire
roumaine prend quelque précision. A cette époque, le prince Alexandre
Basarab (1325-1360) lutte avec succès contre les agressions des Hongrois
en leur enlevant le district de Severin. Son fils, Ladislas Basarab (1360-1372),
continua la lutte contre les Hongrois, battit près de Tirgovichti l'armée
du roi Charles-Robert et enleva les duchés
d'Amlach et de Fagarach. Le frère et successeur de Ladislas, Radou Il
(1372-1385), affranchit complètement le pays de la suzeraineté hongroise.
Mais le vrai organisateur de la Valachie, celui des Basarab qui lui a donné
le plus d'extension, est Mirtcha ou Mircea (1382-1418), fils de Radou.
Après avoir tué son frère Dan, qui ne régna qu'un an, il s'allia aux
Serbes
contre les Turcs ,
qui menaçaient d'envahir l'Europe .
Battu à Cassovie (Kosovo) par les armées d'Amurat
et détenu comme prisonnier à Brousse ,
il fut forcé, pour obtenir sa liberté, de déclarer la Valachie tributaire
(1391) de la Turquie. Mais, aussitôt rentré dans son pays, il s'allia
aux Polonais
et peu après aux Hongrois
contre l'ennemi commun. Défait à la bataille de Nicopoli (1396), il ne
tarda pas à remporter, à Rovine, une victoire brillante sur les armées
de Bajazet et soutint des luttes héroïques
contre les frères de celui-ci. Micea avait annexé une partie de la Bulgarie
avec Silistrie
et la Dobroudja .
Sa première capitulation avec la Turquie portait que celle-ci ne pourrait
s'immiscer dans les affaires intérieures du pays ni dans les élections
des princes; mais, après sa mort, ses fils et ses petits-fils appelèrent
d'eux-mêmes les Turcs pour soutenir leurs prétentions respectives au
trône de Valachie. Ni Vlad l'Empaleur (1445-1462), ni Radou le Beau (1462-1474)
ne purent les empêcher d'envahir le pays, et, quoique battus à plusieurs
reprises par Radou d'Affoumatz (1522-1529), ils réussirent à se rendre
maîtres de la principauté. La couronne devenait un objet de vente offert
au plus fort enchérisseur, lorsque arriva au trône un autre Basarab,
Michel le Brave, le héros national de la Valachie (1593-1601). La défaite
terrible qu'il infligea, à Calougareni, aux armées de Mehemet III jeta
la terreur parmi les ottomans .
Vainqueur de Sigismond
et d'André Bathori, princes de Transylvanie ,
de Jérémie Movila, prince de Moldavie, et des troupes impériales allemandes
commandées par le général Basta, il se fit proclamer, à Karlsbourg ;
prince de Moldavie, de Valachie
et de Transylvanie ;
mais, après la victoire de Goroslau remportée sur Sigismond avec l'aide
de Basta, il fut assassiné à Tourda, sur l'ordre de celui-ci. Les successeurs
de Michel le Brave ne furent pas de taille à conserver ses conquêtes.
Le plus remarquable est sans contredit Mathieu Basarab (1633-1654) ( Les
Basarab),
qui réorganisa le pays, le dota de lois et introduisit dans l'église
et l'école le roumain au lieu du slavon, mais favorisa l'élément grec
contre lequel les principautés eurent à lutter jusqu'à 1821. Sherban
Cantacuzène
(1678-1688) et Constantin Brancovan (1688-1714), un autre Basarab, s'efforcèrent
de réagir, et le dernier risqua même d'être renversé au profit d'un
Grec ,
Nicolas Mavrocordato, qui ne tardera pas à occuper alternativement les
trônes de Moldavie et de Valachie. Les destinées des deux principautés
commencent à se confondre.
La Moldavie .
Laissant de côté
la date de la fondation du voïvodat moldave, qui change avec les chroniqueurs
(1299, 1304, 1342), et sa légende, nous débuterons au moment où Bogdan,
voïvode originaire du Maramourech, et son fils, Latzcon (1370-1374), font
des efforts pour soustraire la nouvelle principauté à la suzeraineté
hongroise. A la mort de ces princes, la dynastie des Bogdan, qui avaient
primitivement donné leur nom au pays, Bogdanie, s'étant éteinte, les
boyards demandèrent un prince à la famille régnante des Basaraba
de Valachie ,
qui leur envoya Pierre Monchate, le fondateur de la dynastie des Monchatechti.
Le plus remarquable de ces princes est Alexandre le Bon (1401-1433), qui,
tout en se reconnaissant vassal de la Pologne ,
s'efforça d'organiser son pays. Alexandre ayant laissé plusieurs fils,
tant légitimes que naturels, ceux-ci, après la mort de leur père, se
disputèrent le trône en appelant les uns contre les autres tantôt les
Polonais, tantôt les Hongrois .
Nous voyons même la Moldavie partagée entre deux et même entre trois
princes (1443-1447). La principauté allait sombrer lorsque parvint au
trône Etienne IV, surnommé Etienne le Grand (1457-1504). Pour obtenir
la couronne, il avait, avec l'aide de Vlad l'Empaleur, renversé Pierre
Avon, qui avait tué le père d'Etienne, et que, pour cette raison, il
poursuivit en Pologne d'abord, où il s'était réfugié, puis en Hongrie.
A peine de retour
en Moldavie, il bat Mathias Corvin, qui avait
passé les Carpates, repousse une invasion des Tatars ,
anéantit, à Racova, une armée de 120 000 hommes, sous les ordres de
Soliman-pacha, et, en 1457, inflige une défaite terrible au roi Albert
de Pologne. Son essai d'une ligue orientale contre les Turcs n'ayant pas
réussi, Etienne, avant sa mort, conseilla à son fils, Bogdan III, de
leur soumettre son pays. Après la mort de Bogdan III (1504-1517), l'autorité
des Turcs se fit de plus en plus sentir, surtout du jour où Soliman remplaça
de son gré Pierre Rarech (1527-1538 et 1541-1546) par Etienne Lacousta
(1538-1541). Dès lors, la Moldavie va de déchéance en déchéance, et
nous ne la voyons revivre quelque peu que sous Basile le Loup (1634-1653),
contemporain de Mathieu Basarab, et qui fut pour la Moldavie ce que celui-ci
fut pour la Valachie. L'ère des Phanariotes arrive. De 1658 à 1685, onze
princes se succèdent, dont huit grecs .
Le vrai règne des Phanariotes commence avec Nicolas Mavrocordato, de 1711
à 1716 en Moldavie, et de 1716 à 1730 en Valachie, et dure jusqu'à 1821,
quand la révolte des Roumains, sous Toudor Vladimiresco, chassa les hospodars
grecs et fit rétablir les princes nationaux : Grégoire
Ghyca (Ghica) en Moldavie et Jean Sandou Stourdza en Valachie
(1822-1828).
Histoire moderne
des principautés.
La Russie ,
ayant déclaré la guerre à la Porte
en 1828, commença par occuper les principautés et y installa un gouvernement
provisoire sous le comte Pahlen. Après la paix d'Andrinople
(1829), il était stipulé que la cour impériale russe garderait en dépôt
la Valachie
et la Moldavie jusqu'à l'acquittement de l'indemnité de guerre de 10
millions de ducats. Pendant cette occupation, qui dura six ans, les Russes
travaillèrent à la réorganisation des principautés par l'introduction
d'une constitution connue sous le nom de Règlement organique. Alexandre
Ghyca (1834-1842) et Georges Bibesco (1843-1848),
en Valachie, et Michel Stourdza (1834-1849) en Moldavie, furent appelés
à appliquer la nouvelle constitution. Mais, comme celle-ci cherchait Ã
anéantir toutes les aspirations nationales, une révolution éclata le
7 juin 1848. Réprimée facilement en Moldavie, elle s'étendit bientôt
dans toute la Valachie.
Eliade, Balcesco,
Doliac, Tell Magheron, les Golesci, C.-A. Rosetti et les frères Bratiano
soulevèrent les masses, qui entourèrent le palais du prince régnant,
Georges
Bibesco, et l'acclamèrent comme chef du mouvement révolutionnaire
contre le protectorat russe .
Le prince fut même forcé de signer un projet de constitution abolissant
le règlement organique et de nommer un ministère au soin même du comité
révolutionnaire. Le consul russe, à la suite de ce coup d'Etat, quitta
la Valachie .
Bibesco abdiqua et se retira en Transylvanie ,
laissant les révolutionnaires maîtres du pays; mais les armées turco-russes
entrèrent de nouveau en Valachie (1849), et les deux puissances s'accordèrent,
par le traité de Balta-Liman, à réinstaller le règne de sept ans Ã
supprimer les assemblées et à les remplacer par des divans nommés par
le prince. Une armée de 25000 à 30000 hommes devait occuper les principautés
jusquà leur pacification. Deux commissaires, l'un russe, l'autre turc,
devaient assister de leurs conseils les princes dans leur travail d'organisation.
Les nouveaux princes
institués en vertu de la convention de Balta-Liman furent Grégoire Ghyca
en Moldavie (1849-1856) et Barbon Stirbei en Valachie
(1845-1856). Les révolutionnaires roumains, forcés de chercher un asile
à l'étranger, gagnèrent à leur cause bon nombre d'hommes politiques,
dont l'empereur Napoléon III. Le traité
de Paris (1856) brisa le protectorat russe, et la convention de Paris
du 19 août 1858 enleva à la Porte
le droit de s'immiscer dans les élections des hospodars et du divan. C'est
alors que les Moldo-Valaques purent réaliser le rêve de l'unité nationale.
Le grand événement qui suivit la suppression du règlement organique
et des ingérences turques fut l'élection d'un seul prince (Alexandre
Couza) pour les deux principautés (1859). Deux ans plus tard, Couza proclama
l'union des principautés avec une seule Chambre siégeant à Bucarest
(1861).
Une ère de réformes
commença, dont la plus importante fut l'abolition du servage, au grand
mécontentement des boyards qui à la faveur de la situation financière
et économique, forcèrent Couza d'abdiquer (1867). Le jour même, la Chambre
confia le pouvoir à un gouvernement provisoire, composé de Golesco, Haralambic
et Lascar Catargi, et qui, aussitôt formé, proposa le trône de la Roumanie
au prince de Flandre, frère cadet du roi des Belges .
Au refus de celui-ci, les Chambres, à l'instigation de Napoléon III,
s'adressèrent au prince Charles de Hohenzollern-Sigmaringen,
qui accepta. Lorsque le prince reçut le délégué qui vint lui notifier
son élection, celui-ci, lui montra une carte des Balkans
et des régions danubiennes :
Voyez, dit-il,
tous ces pays : Transylvanie ,
Banat ,
Bukovine ,
Bessarabie ,
peuplés de Roumains. Voilà l'avenir qui vous est confié.
Le souverain s'attacha
à réaliser ce programme national, par la diplomatie et par la préparation
militaire. Lascar Catargi, chef des conservateurs, présida son premier
ministère; mais, réfractaire à toute réforme, il dut se retirer et
abandonner le pouvoir aux libéraux, dont le chef, Jean Bratiano, inaugura
l'ère réformatrice par la loi sur la construction des chemins de fer.
La guerre russe-turco-roumaine (1877) fut l'événement le plus décisif
de la Roumanie. Elle perdit la Bessarabie ,
qu'elle dut rétrocéder à la Russie
en échange des marais de la Dobroudja ,
mais son indépendance fut reconnue (1878) et, trois ans plus tard, la
principauté était érigée en royaume (1881). Par la suite, Charles Ier,
continua de préférer confier le gouvernement aux libéraux, favorables
à sa politique militaire et à l'influence allemande. Le ministère Bratiano
gouverna ainsi jusqu'en 1888; il proclama l'indépendance de l'Église
roumaine à l'égard du patriarcat grec de Constantinople.
Les conservateurs, sympathiques à l'influence russe et à l'influence
française, exercèrent le pouvoir, sauf une courte interruption de 1889
à 1906.
La Roumanie n'intervint
pas dans la guerre balkanique de 1912 mais, en 1913, elle s'allia aux Serbes
et aux Grecs
attaqués par les Bulgares .
Le traité de Bucarest
donna à la Roumanie la forteresse de Silistrie sur le Danube, et une rectification
de frontière dans la Dobroudja .
Charles Ier mourut en 1914 et le trône
passa à Ferdinand Ier qui, au cours de
la Première Guerre mondiale, rangea son pays dans le camp des Alliés
en 1916. Le conflit occasionna pour la Roumanie de lourdes pertes humaines
et territoriales.
La Roumanie depuis
la Première guerre mondiale.
A l'issue du Traité
de Saint-Germain (septembre 1919),
la Roumanie reçut de l'Autriche-Hongrie
l'ancien duché de Bukovine (Bucovine ).
Avec le Traité de Trianon (juin 1920), elle s'agrandit de la Transylvanie
et d'une partie du banat
de Tesmevar (Timisoara), puis de la Bessarabie ,
que lui attribua le traité du 28 octobre 1920, signé par la Grande-Bretagne ,
la France ,
l'Italie
et le Japon .
Le pays doubla ainsi sa superficie et sa population, se trouvant de ce
fait confronté à la contestation de ses frontières par ses voisins,
et au problème des minorités (à peu près le quart de la population)
: Allemands (750 000), Bulgares (près de 400 000), Hongrois (1,5 million),
Russes (400 000), Serbes, Ukrainiens (600 000), ainsi que Tsiganes (260
000) et Juifs (plus de 700 000), particulièrement visés par le développement
du racisme et de la xénophobie. La Roumanie parvint cependant à organiser
une vie démocratique, qui pendant quelques années sembla pouvoir s'installer
dans un fonctionnement régulier. Une nouvelle constitution fut adoptée
en 1923, qui instaura le suffrage universel masculin. Le Parti paysan et
les Libéraux alternèrent à la tête du gouvernement.
La montée de l'extrême
droite, nationaliste et antisémite, allait changer rapidement cette apparente
régularité. Elle allait bénéficier des effets dévastateurs de la crise
économique de 1929, mais déjà aussi de la crise dynastique qui commença
en 1927. Cette année-là , Ferdinand III déshérita alors son fils Charles
Ier pour donner le trône à son petit-fils
Michel ler, qui n'avait que six ans. Trois
ans plus tard, en 1930, Charles le renversa et régna sous le nom de Carol
II. Celui-ci accorda sa confiance à Cornelius Codreanu, le chef d'un mouvement
fasciste (les Gardes de fer), puis instaura, en 1937, une dictature personnelle.
Le régime ne put plus dès lors compter les alliances avec la France
et le Royaume-Uni
qui lui avaient assuré une sorte de bouclier international depuis la Grande
guerre, et qui d'ailleurs n'eurent plus de sens après les accords de Munich
(1938). Subissant les convoitises de Hitler et de la Staline, liés par
le pacte germano-soviétique, la Roumanie perdit entre juin et septembre
1940 la Bessarabie ,
la Bucovine
et la Transylvanie .
En réaction, l'armée força en septembre le roi à abdiquer en faveur
de son fils Michel, dont le règne devait être seulement formel. Le pouvoir
passa entre les mains du général Ion Antonescu, qui, en 1941, rangea
la Roumanie aux côtés de l'Allemagne
contre l'URSS ,
et organisa la déportation de Juifs et de Tsiganes en Transnistrie
(plus de 250 000 personnes qui seront tuées en majorité).
En 1944, un coup
d'État renversa la dictature d'Antonescu et rendit le pouvoir au roi Michel,
que l'occupation du pays par l'armée soviétique conduisit à abdiquer
peu de temps après que les communistes aient pris le pouvoir. La Roumanie,
placée sous la coupe de l'URSS ,
adopta alors les institutions de type soviétique. La République populaire
de Roumanie fut proclamée le 30 décembre 1947. Jusqu'à 1949, les pouvoir
communiste se consolida par des purges au sein même du Parti, dont le
chef, Gheorghe Gheorghiu-Dej, devint premier ministre de la Roumanie en
1952. En 1955, la Roumanie adhéra au Pacte de Varsovie ,
et, en 1965, après la mort de Gheorghiu-Dej, Nicolae Ceausescu devint
le nouvel homme fort du pays. La surexploitation des ressources du pays
(bois, or, pétrole, uranium) par l'URSS avait déjà décidé son prédécesseur
à prendre du champ par rapport Ã
Moscou,
en rapprochant la Roumanie de la Chine .
Ceaucescu poursuivit cette politique. On retrouvera encore cette
volonté d'autonomie avec la dénonciation, en 1968, de l'invasion de la
Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie. Le régime
de Ceaucescu, s'appuyant sur sa police secrète, la Securitate,
n'en restait pas moins hautement répressif, et tout entier construit autour
du culte de la personnalité du président roumain, qui se faisait appeler
en toute simplicité "le génie des Carpates".
En décembre 1989,
un coup d'État renversa Ceaucescu. Après une parodie de procès transformé
en macabre mise en scène télévisée, le dictateur et son épouse Elena
furent exécutés le jour de Noël. Un front de salut national, dirigé
par Ion Iliescu ( un ancien dauphin désigné de Ceaucescu tombé en disgrâce),
fut établi. Le multipartisme et une certaine démocratisation eurent lieu.
Mais le pouvoir réel ne changea pas véritablement de main lors des élections
qui se tinrent l'année suivante. Iliescu devint président du pays en
1990. Des réformes furent engagées, mais l'évolution vers l'économie
de marché, qui se voulait progressive, se heurta à une sérieuse
crise économique (à l'origine de mouvements sociaux importants) et Ã
la généralisation de la corruption. En 1996, les élections portèrent
au gouvernement une coalition de libéraux, sociaux-démocrates et démocrates
chrétiens. Emil Constantinescu fut élu président et Victor Ciorbea,
puis, en 1998, Radu Vasile, et, l'année suivante, Mugur Isarescu, devinrent
ses premier ministres. Iliescu fut de nouveau élu président en 2000.
Sous ce nouveau mandat, la Roumanie normalisa ses relations avec la Russie
et surtout se rapprocha de l'Ouest : démarches en vue de l'adhésion Ã
l'Union européenne, adhésion en 2004 à l'Otan. A la fin de la même
année, une coalition centriste remporta les élections et Traian Basescu
fut élu président. Son mandat a été notamment marqué par l'autorisation
donnée aux États-Unis
d'utiliser les installations militaires roumaines (décembre 2005) t par
l'accélération des réformes en vue de l'entrée de la Roumanie dans
l'Union européenne. Cette adhésion
a pris effet, en même temps que celle de la Bulgarie ,
le 1er janvier 2007.
Cette adhésion a
entraîné des réformes économiques et institutionnelles pour aligner
le pays sur les normes européennes. Elle a aussi ouvert de nouvelles opportunités
économiques pour la Roumanie, notamment l'accès aux fonds européens
pour le développement. L'économie roumaine a connu une croissance significative,
bien que la crise financière mondiale de 2008 ait eu un impact négatif.
Depuis, le pays a continué à se développer, bénéficiant d'une augmentation
des investissements étrangers et d'une croissance soutenue du PIB.
La Roumanie a aussi
traversé plusieurs périodes d'instabilité politique, avec de fréquents
changements de gouvernement et des conflits entre les branches exécutive
et législative du gouvernement. Des accusations de corruption et des manifestations
publiques ont été récurrentes, avec des mouvements significatifs contre
la corruption en 2017 et 2018. La lutte contre la corruption est aujourd'hui
devenue un thème central de la politique roumaine. La Direction nationale
anticorruption (DNA) a mené des enquêtes et poursuivi de nombreux hauts
responsables politiques, parmi lesquels des anciens premiers ministres
et ministres, ce qui a renforcé les institutions judiciaires et l'État
de droit.
La société roumaine
a évolué, avec des améliorations dans les infrastructures, l'éducation
et la santé, bien que des défis subsistent, notamment les disparités
régionales et la pauvreté. La diaspora roumaine, qui compte plusieurs
millions de personnes, joue également un rôle important dans le développement
économique grâce aux envois de fonds.
La Roumanie a renforcé
ses relations internationales, en particulier avec l'UE et l'OTAN. Le pays
a contribué aux missions de maintien de la paix et a été un acteur important
dans la région des Balkans et de la mer Noire. La relation avec les États-Unis
a également été un pilier de la politique étrangère roumaine, notamment
en matière de défense et de sécurité.
Les élections parlementaires
de 2020 ont marqué un tournant avec l'émergence de nouveaux partis et
une coalition gouvernementale centriste. Les débats politiques continuent
de se concentrer sur la réforme judiciaire, la lutte contre la corruption
et les réformes économiques nécessaires pour une croissance durable.
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Trajan
Sandu, Histoire
de la Roumanie, Perrin, 2008.
- L'auteur retrace la longue marche d'un pays
vers son unité nationale ainsi que son intégration au sein de l'espace
européen. Il renouvelle l'historiographie roumaine classique qui a toujours
eu tendance à faire remonter dans un passé lointain et mythifié la naissance
d'une nation qui n'existe en fait que depuis un peu plus d'un siècle.
Il écorne au passage l'idée communément partagée par les deux pays
selon laquelle la Roumanie latine a toujours été une fidèle alliée
de la France. La période post-1989 est l'objet d'un traitement approfondi,
l'éclairage étant porté sur la place de la Roumanie au sein de l'Europe. |
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