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Histoire de la Bourgogne
La Bourgogne pendant l'Antiquité 
et le Haut-Moyen âge
Antiquité et Haut-Moyen âge
De 1032 à 1361 De 1361 à 1477
De 1477 à la Révolution
La période celtique

Les principaux peuples celtes (gaulois) qui occupaient le territoire devenu plus tard la Bourgogne proprement dite étaient les Eduens, les Mandubiens, les Lingons et les Séquanes. Les Eduens reçurent, dès l'an 120 av. J.-C., le titre d'alliés du peuple romain; forts de l'appui de Rome, ils abusèrent de leur pouvoir pour opprimer les Arvernes et les Séquanes. Ces deux peuples jetèrent sur les Eduens quinze mille Suèves, commandés par Arioviste; les Eduens furent battus, mais Arioviste réclama une partie du territoire séquanais pour ses guerriers. La crainte des Suèves rapprocha les Eduens et les Séquanes, mais ils furent vaincus; ils n'avaient plus qu'une ressource : c'était d'invoquer l'appui du peuple romain. Aussi bien, un autre péril menaçait la Gaule; les Helvètes s'apprêtaient à sortir de leur pays pour aller s'établir sur les bords de l'Océan Atlantique. Ce fut César, proconsul dans la Narbonnaise, qui fut chargé de repousser l'invasion. D'abord il s'assura de la neutralité d'Arioviste, qui s'engagea à ne pas seconder les Helvètes; puis en mars de l'année 58 av. J.-C. il se rendit à Genève avec son armée. Il arrêta les Helvètes, qui reprirent la route du Jura et cherchèrent à traverser la Saône. César les défit complètement et les obligea à reprendre le chemin de leur pays. Il autorisa cependant les Boiens, population alliée des Helvètes, à s'établir sur la frontière du Sud-Ouest des Eduens, dans la contrée qui fut plus tard le Beaujolais.

La guerre des Helvètes terminée, César se trouva en face d'Arioviste, qui devenait de plus en plus menaçant. Il se dirigea  à marches forcées dans la direction de Besançon, puis de là descendit dans la vallée du Rhin où campait l'armée des Suèves. Arioviste fut vaincu; les Suèves repassèrent le Rhin et s'enfoncèrent dans leurs forêts (58 av. J.-C). Délivrés d'Arioviste par les armes romaines, les Eduens restèrent les fidèles alliés de César; lors du soulèvement de la Gaule, en 54, ils ne prirent pas les armes. Mais quand les Gaulois s'unirent sous la direction de Vercingétorix pour repousser César (52 av. J.-C), un parti se forma chez les Eduens contre l'alliance romaine. Après avoir échoué devant Gergovie, César se dirigea sur le pays des Eduens et chercha à se rapprocher de Labiénus. Les Eduens le voyant battre en retraite jugèrent sa cause perdue et changèrent de camp; tous les Romains qui séjournaient sur leur territoire furent massacrés. La ville de Nevers, où se trouvaient les provisions, les bagages et le trésor de l'armée romaine, fut détruite. César rencontra Vercingétorix sur les bords de la Saône et mit en fuite l'armée gauloise, qui ne s'arrêta que sous les murs  d'Alésia (aujourd'hui, pense-t-on, Alise-Sainte-Reine, dans le département de la Côte-d'Or), ville assise sur le plateau d'une colline escarpée, le mont Auxois. Après un siège de plusieurs semaines, les Gaulois durent capituler. Ce fut là qu'expira l'idépendance des Gaules (52 av. J.-C).

La période gallo-romaine

Lors de l'organisation de la Gaule sous Auguste, les territoires des Eduens, des Sénonais, des Lingons et des Séquanes furent compris dans la Lyonnaise. Plus tard, sous Dioclétien, la Lyonnaise fut divisée en deux provinces : les cités de Lyon, d'Autun, de Sens et de Langres, furent attribuées à la première Lyonnaise. Le territoire des Séquanes fut démembré de la Lyonnaise et forma la Séquanaise ou Maxima Sequanorum. Enfin, par suite d'un dernier partage, opéré à la fin du IVe siècle, chacune des deux Lyonnaises fut partagée en deux provinces, de sorte que la cité de Sens passa de la première Lyonnaise dans la  quatrième. Auguste avait fait ouvrir quatre grandes voies qui partaient de Lyon pour se diriger sur l'Océan Atlantique et la Méditerranée; l'une d'elles traversait la région qui deviendra la Bourgogne; elle passait à Mâcon, Tournus et ChaIon, où elle se partageait en deux branches, dont l'une aboutissait à Langres et l'autre gagnait Auxerre par Autun, Saulieu et Avallon. C'est en reconnaissance des édifices qu'Auguste avait fait construire à Bibracte, capitale des Eduens, que cette ville prit le nom d'Augustodunum. 

Sous le règne de Tibère, un trévire, Florus, et l'Eduen Sacrovir, prenant prétexte du poids des tributs et de la dureté des gouverneurs, cherchèrent à soulever les Gaules; mais une seule cohorte suffit à réprimer le mouvement chez les Andécaves et les Turons; Florus, cerné dans les Ardennes, dut se donner la mort; quant à Sacrovir, il fut plus difficile à abattre; à la tête des Eduens et des Séquanes, il prit Autun, mais deux légions massacrèrent son armée; ses amis et lui se réfugièrent dans une villa où ils s'entretuèrent (21 ap. J.-C.). L'arc d'Orange consacra le souvenir de ce succès des armes romaines. Les Eduens et les Séquanes entrèrent plus tard dans le complot que l'Aquitain Julius Vindex, gouverneur de la Lyonnaise, forma contre Néron (68). La ville de Lyon resta fidèle à l'empereur. Menacée par les troupes de Vindex, elle appela à son secours les légions de la Haute-Germanie, qui, commandées par Virginius Rufus, pénétrèrent dans la Séquanaise et menacèrent Besançon. Vindex accourut défendre cette ville. Pendant qu'il se mettait d'accord avec Virginius, pour une restauration républicaine, les légionnaires se jetèrent sur les milices gauloises dont vingt mille hommes périrent. Vindex, désespéré, se tua. La mort de Vitellius (69) fut l'occasion d'un soulèvement dirigé par les druides. Les Lingons mirent à leur tête Julius Sabinus. Ils furent vaincus par les Eduens, qui avaient pris la défense de l'Empire romain. Sous Marc-Aurèle on signale quelques soulèvements chez les Séquanes.

Vers ce temps, le christianisme pénétrait en Bourgogne, apporté par des missionnaires de l'église d'Orient. Saint Andoche, saint Bénigne et saint Thyrse, vinrent les premiers prêcher la religion nouvelle à Autun. Un de leurs disciples, Symphorien, fut martyrisé. Andoche et Thyrse trouvèrent le martyre à Saulieu, Bénigne à Dijon, sous Marc-Aurèle. Saint Marcel évangélisa Chalon. Besançon eut pour apôtres Ferréol et Fergeux, envoyés par saint Irénée; Tournus eut Valérien, Auxerre saint Pélerin.

Au milieu du IIIe siècle, Crocus, roi des Alamans et des Vandales, vint piller les Gaules; il prit Langres dont les habitants furent passés au fil de l'épée; il alla périr à Arles en 260. Posthume, établi par Valérien gouverneur des Gaules, y fut proclamé empereur (257). Il se défendit dans Autun contre Gallien. Autun, fidèle à Claude ll, soutint un siège contre son compétiteur Tétricus. La place fut emportée en 270. Elle ne se releva que sous Constantin. Aurélien, charmé, lors d'un voyage en Gaule, de la situation de Dijon, fit fortifier cette ville. On rapporte au règne du même empereur le martyre de saint Prisque Toucy (Yonne), celui de sainte Colombe à Sens, celui de saint Reverien en Nivernais.

Galère Maximin dut défendre la gaule contre les Germains (305). Il fut surpris par eux à Langres, mais il les battit: ceux qui ne furent pas tués s'enfuirent au delà du Rhin, où ils furent faits prisonniers, puis dispersés sur les territoires d'Amiens, de Troyes et de Langres. Il établit les Attuariens sur les rivières de la Bèze et de la Vingeanne. Sous Constance, une armée d'Alamans vint fondre sur Autun. Les vétérans de Julien accoururent sauver la ville en 356. Mais les Barbares devenaient de plus en plus menaçants; leurs flots ne pouvaient plus être arrêtés.

Le premier royaume bourguignon (407-534)

En l'année 407 les Burgondes, unis aux Vandales et aux Alains, passèrent le Rhin près de Mayence et pillèrent les Gaules. Ils s'établirent dans la première Germanie. Le patrice Constance, général d'Honorius, leur donna des terres et le titre d'hôtes et confédérés de l'empire, à charge pour eux de défendre le territoire qu'on leur cédait contre de nouvelles invasions. Gibika était chef des Burgondes quand ils traversèrent le Rhin. Il eut pour successeur Gondicaire, le Gunther des Nibelungen, qui, en 412, proclama à Mayence l'usurpateur Jovinus.

Vers 430 les Burgondes eurent à subir une première fois le choc des Huns. Puis ils cherchèrent à s'étendre sur la rive gauche du Rhin. Mais Aétius leur infligea une défaite en 436. Les survivants s'établirent en Savoie (Sapaudia) en 443. Le gouvernement impérial les autorisa à partager les terres avec les anciens habitants. On entendait par Sapaudia la cité de Genève. Mais il est probable que les Burgondes ne reçurent pas toute la Savoie, car, comme l'a remarqué Longnon, Yverdun, que la Notitia dignitatum désigne sous le nom d'Ebrudunum Sapaudiae, et qui par conséquent faisait partie de la Savoie, était encore soumise aux Alamans quand déjà Genève était occupée par les Burgondes. De plus, le partage des terres ne porta que sur un certain nombre de propriétés foncières, dites sortes, parce qu'on tira au sort les lots de terres auxquels devait s'appliquer le partage. Les Burgondes, établis sur les terres des propriétaires romains, furent désignés par le nom de Faramanni. Le Burgonde et le Romain devenus par ce partage co-propriétaires se trouvèrent l'un vis-à-vis de l'autre dans des rapports d'égalité mutuelle. La terre cultivée dans chaque lot fut partagée par moitié entre le Burgonde et le Romain; les bois et les prairies restèrent indivis. Nous devons mentionner ici le second partage des terres qui eut lieu sous Gondebaud (473-516); les premiers lots étant devenus insuffisants, on porta la part de terre cultivée, assignée aux Burgondes, de la moitié aux deux tiers; les bois et prairies furent partagés par moitié; enfin, les Burgondes prirent le tiers des esclaves de leurs co-propriétaires romains. Kaufmann a prétendu qu'il était peu vraisemblable que les parts des Burgondes eussent été augmentées sous Gondebaud, car ce roi, d'après Grégoire de Tours, prit des mesures propres à empêcher l'oppression des Romains par les Burgondes. Mais, comme l'a remarqué Monod, Gondebaud n'a dû songer à protéger les Romains contre les exigences des Burgondes qu'après que Clovis lui eut, avec l'aide des armes romaines, infligé une défaite. C'est alors que Gondebaud rendit les lois qui donnaient la préférence au co-propriétaire romain au cas où un Burgonde voudrait vendre son lot de terre, qui  interdisaient au Burgonde co-propriétaire de se mêler des querelles de deux propriétaires romains, qui tendaient à faire de la loi romaine la loi générale.

Le roi Gondicaire, dont nous avons parlé plus haut, périt à la bataille des Champs catalauniques en 451. Il eut pour successeur Gondioc, qui prit part, en 456, avec son fils Chilpéric à l'expédition dirigée par les Wisigothscontre les Suèves d'Espagne. C'est à la suite de cette guerre couronnée de succès que les Burgondes étendirent leur domination sur la rive droite du Rhône. En 457, ils s'avancèrent jusqu'à Ambérieux. Le roi Gondioc vivait encore en l'année 463, comme nous l'apprend une lettre du pape Hilaire, écrite à cette date, et ou il est qualifié de maître de la milice. Ce même document prouve que les Burgondes dominèrent dès cette époque au delà de l'Isère, car le roi Gondioc avait dénoncé au pape la conduite de l'évêque de Vienne qui avait conféré l'évêché de Die à saint Marcel, au mépris des droits du métropolitain d'Arles

Gondioc laissa quatre fils qui se partagèrent ses Etats : Chilpéric, Gondebaud, Godégésile et Gondemar. C'est sous le règne de Gondebaud et de ses frères que la puissance des Burgondes atteignit son apogée. En 470 Lyon tombe en leurs mains; vers le même temps ils s'emparèrent de Vienne. En 474, l'autorité de Chilpéric était reconnue jusqu'à Vaison. Langres vint aussi à cette époque au pouvoir des Burgondes. Enfin, on constate qu'en 493 Chalon-sur-Saône était au nombre des villes du royaume de Bourgogne. Du reste, la puissance des Bourguignons était telle qu'en 490 Gondebaud put faire une expédition en Ligurie à la faveur de la guerre qui sévissait alors entre Théodoric, roi des Ostrogoths, et Odoacre. Gondebaud soutint ce dernier; il passa les Alpes, mais les exploits de son armée se bornèrent à piller les contrées qu'elle traversa et à ramener des esclaves. Cette expédition au delà des Alpes a fait penser que les Burgondes occupaient une partie de la Provence, Mais ce n'est pas l'opinion de Longnon : car, comme il l'a remarqué, il n'était pas nécessaire que les Burgondes occupassent la Provence pour pouvoir passer facilement en Ligurie, puisqu'ils étaient établis dans les cités de Sion, de Genève, de Tarentaise, de Grenoble et de Gap, toutes cités qui touchaient à la région désignée alors sous le nom de Ligurie. Cependant, en l'année 499, Arles et Marseille faisaient partie du royaume bourguignon; dès l'année 506 elles étaient retombées au pouvoir des Wisigoths.

Gondebaud fit périr ses frères Chilpéric et Gondomar ainsi que la femme et les deux fils du premier. Les deux filles de Chilpéric furent seules épargnées; l'une prit le voile, l'autre était Clotilde, qui épousa Clovis. Godégésile mit à profit la vengeance que ce roi des Francs désirait tirer du meurtrier de son beau-père et conclut avec lui une alliance contre Gondebaud, qui, vaincu par les Francs près de Dijon (500), chercha un refuge jusqu'à Avignon. Godégésile s'était enfermé dans Vienne; son frère l'y poursuivit et le fit mettre à mort. De cette façon, Gondebaud resta seul maître du royaume des Burgondes; mais son peuple était devenu tributaire des Francs à la suite de la bataille de Dijon. Gondebaud publia deux codes; le second porte le nom de loi Gombette; il nous est parvenu mais modifié et complété par le roi Sigismond. Gondebaud mourut en 516.

Quelque temps avant sa mort, il avait transmis la couronne à son fils Sigismond. Celui-ci convoqua à Epaone, en 517, un concile composé de tous les évêques de son royaume. La liste en a été conservée, de sorte qu'on peut savoir par là les cités qui, à cette époque, composaient le royaume de Bourgogne. C'étaient Lyon, Mâcon, Bellay, Chalon, Langres, Autun, Nevers, Besançon, Avenches, Windisch (Constance), Sion, Tarentaise, Vienne, Vaison, Valence, Grenoble, Genève, Die, Carpentras, Orange, Trois-Châteaux, Cavaillon, Aps (Viviers), Avignon, Sisteron, Apt, Gap et Embrun. Peut-être doit-on ajouter la cité de Bâle. En 523, les fils de Clovis, Clodomir, Childebert et Clotaire, marchèrent contre la Bourgogne. L'armée des Burgondes fut complètement battue; elle était commandée par le roi Sigismond et son frère Godemar. Le premier voulut se réfugier à l'abbaye de Saint-Maurice en Valais, qu'il avait comblée de biens; mais il tomba aux mains des soldats de Clodomir; celui-ci l'emmena dans l'Orléanais avec sa femme et ses enfants et plus tard le fit mettre à mort. Godemar prit possession d'une partie du royaume de son frère. Mais, dès 524, la roi Clodomir, aidé de son frère Thierry, livra bataille à Godemar à Vézeronce en Viennois; il trouva la mort dans ce combat. Les Francs poursuivirent Godemar et écrasèrent son armée. Childebertet Clotaire conçurent, en 532, le projet d'achever la conquête de la Bourgogne. Ils s'emparèrent d'Autun. Godemar fut mis en fuite. En 534, les deux rois francs et leur neveu Théodebert, fils de Thierry, roi d'Austrasie, partagèrent le royaume de Bourgogne. Les cités de Langres, Besançon, Windisch (Constance), Avenches, Nevers, Autun, Chalon, Vienne et Viviers furent assignées à Théodebert, Childebert et Clotaire eurent le reste de la Bourgogne, sans qu'on puisse déterminer la part de chacun d'eux.

La Bourgogne sous les rois Francs (534-843)

Après la mort de Clotaire (561), la monarchie franque, concentrée quelques années dans ses mains, fut partagée entre ses fils. Gontran eut la Bourgogne. Il fit résidence tantôt à Chalon-sur-Saône, tantôt à Lyon. L'an 565, Sigebert s'empara de la ville d'Arles; Gontran envoya une armée qui prit Avignon et entra dans Arles. Quelques années après (571), Gontran dut résister aux Lombards qui avaient envahi la Provence. Le patrice Mummole les défit à plusieurs reprises. Mais ses succès l'enflèrent d'orgueil. Il passa à la cour de Childebert et chercha à établir sur le trône de Bourgogne, Gondovald, prétendu fils de Clotaire. Ses projets échouèrent. Gondovald, enfermé dans Comminges, trahi même par Mummole, fut livré à ses ennemis, les rois Gontran et Childebert, qui le mirent à mort. Ceux-ci s'allièrent encore pour venger Ingonde, soeur du second, morte dans l'exil où Léovigilde, roi des Wisigoths, son beau-père, l'avait envoyée après avoir fait périr son mari. Mais Léovigilde fut vainqueur de l'armée que les rois francs avaient envoyée contre lui. Deux ans après, il vint même ravager la province d'Arles. Gontran mourut le 28 mars 593.

Dès l'année 577, il avait adopté son neveu Childebert, fils de Sigebert, roi d'Austrasie. Childebert devint donc roi de Bourgogne en 593; il était roi d'Austrasie depuis 515. Il mourut en 596, laissant deux fils, dont l'un, Théodebert, eut l'Austrasie, et l'autre, Thierry, la Bourgogne. Dans le même temps, le territoire de Marseille fut démembré de la Bourgogne au profit de Théodebert. Thierry II, qui, n'avait pas dix ans quand il succéda à son père, régna sous la tutelle de sa mère Brunehaut. Il mourut en 613.
La monarchie franque vint alors tout entière aux mains du roi Clotaire Il qui régnait sur la Neustrie depuis 584, malgré les efforts que fit Brunehaut pour placer sur le trône de Bourgogne, Sigebert, fils aîné de Thierry. Cependant la Bourgogne conserva son autonomie, car le roi Clotaire en confia le gouvernement à un maire du palais, Garnier. Clotaire mourut en 628. Son fils Dagobert lui succéda. En 629, il fit un voyage en Bourgogne et y rétablit l'ordre. Après la mort de Dagobert, survenue en 638, la Bourgogne fut réunie à la Neustrie et échut à Clovis Il. Dés lors commença le gouvernement des maires du palais. Cette période fut marquée en Bourgogne par l'administration bienfaisante de saint Léger, évêque d'Autun, et par la tyrannie d'Ebroïn.

En 687, Thierry III, roi de Neustrie et de Bourgogne, fut vaincu par Pépin d'Héristal, maire du palais d'Austrasie, à Testry. La Bourgogne perdit son indépendance : Pépin et Charles Martel la traitèrent en pays conquis. En 737, cette province eut à souffrir d'une invasion des Sarrasins qui pillèrent Mâcon, Chalon-sur-Saône, Autun, Beaune, Dijon et Auxerre. Le pays entre Autun et Chalon-sur-Saône subit encore en 761 les ravages de Waifer, duc d'Aquitaine.

Pendant la période carolingienne, la Bourgogne, telle que l'entendent les annalistes du VIIe au IXe siècle, comprenait Orléans et Blois; Etampes et Paris y étaient également compris. Le partage de l'empire franc tel que Charlemagne le régla en 806, montre que la Bourgogne ne s'étendait pas au midi au delà du Lyonnais, de la Savoie, de la Maurienne et du Val de Suse. Le partage de 837 désigne d'autre part le Toulois, l'Ornois, le pagus Bedensis, le Blaisais, le Perthois, le Barrois de Bar-le-Duc et celui de Bar-sur-Aube, le Briennois, le pays de Troyes, l'Auxerrois, le Sénonais, le Gâtinais, le Melunois, I'Etampois, le Châtrais (pays d'Arpajon) et le Parisis, comme les pays les plus septentrionaux de la Bourgogne. C'est sur le territoire de la Bourgogne, à Fontenoy, près d'Auxerre, que fut livrée en 841 entre les fils de Louis le Pieux, Lothaire, d'une part, Louis le Germanique et Charles le Chauve, d'autre part, la grande bataille qui amena le traité de Verdun (843) et le démembrement définitif de l'empire franc. Lothaire eut la partie de la Bourgogne située à l'Est de la Saône et du Rhône, et qui devint le comté de Bourgogne ou Franche-Comté; à Charles le Chauve échut la partie de l'ancien royaume de Bourgogne située à l'Ouest de la Saône et qui forma le duché de Bourgogne.

Les royaumes de Bourgogne et le royaume d'Arles

Mais avant d'esquisser l'histoire du duché, nous devons parler de quelques autres Etats qui ont également porté le nom de Bourgogne.

La Bourgogne cisjurane.
En 855, Lothaire partagea ses Etats entre ses trois fils; le plus jeune Charles eut la Provence avec le titre de roi. Après sa mort le royaume disparut; ses deux frères Louis et Lothaire partagèrent ses Etats; mais aucun d'eux ne s'intitula roi de Provence. Ce fut Boson qui, en 879, releva le titre de roi de Provence. Il étendit même sa domination sur tout le pays compris entre le Rhône, les Alpes et la Méditerranée et comprit la Franche-Comté, le sud de la Bourgogne, le Dauphiné,  la Provence et le Vivarais. Il constitua le royaume de Bourgogne cisjurane.

La Bourgogne transjurane.
En 888, Rodolphe, fils de Conrad, comte d'Auxerre, profita des troubles qui suivirent la mort de l'empereur Charles le Gros pour se faire proclamer roi par les grands et les prélats de la Bourgogne transjurane, assemblés dans l'abbaye de Saint-Maurice en Valais. Ce royaume ne comprit guère que la Suisse en-deçà de la Reuss, le Valais et une partie incertaine de la Franche-Comté. Rodolphe dut soutenir une lutte contre Arnulf, roi de Germanie; il en sortit victorieux après quoi il se fit sacrer par l'évêque de Toul. Mais en 894, Arnulf, revenant d'Italie, essaya encore inutilement de soumettre le Roi Rodolphe. Ce dernier mourut le 25 octobre 912. Il eut pour successeur son fils Rodolphe Il. D'un caractère ambitieux, ce prince accepta avec empressement la couronne d'Italie que lui offraient Adalbert, marquis d'Ivrée, son beau-frère et quelques autres seigneurs ligués contre le roi Béranger. Rodolphe II gagna l'Italie vers la fin de l'année 921, et le 29 juillet 923 défit le roi dans une bataille livrée près de Fiorenzula. L'année suivante, la mort de Bérenger consolida la puissance de Rodolphe en Italie. Mais dès 926 le roi bourguignon fut obligé de se retirer devant un autre compétiteur à la couronne d'Italie, Hugues, duc de Provence. En 929, Henri l'Oiseleur céda à Rodolphe Il la région comprise entre la Reuss et le Rhin. Les seigneurs lombards, mécontents de leur nouveau roi, rappelèrent Rodolphe II; mais celui-ci ne se rendit pas à leurs instances et renonça à ses prétentions sur le royaume d'Italie, moyennant l'abandon que Hugues lui fit en 933 de ses états transalpins qui comprenaient alors la Provence et peut-être le Dauphiné et Lyon.

Le royaume d'Arles.
Les deux royaumes de Bourgogne transjurane et de Bourgogne cisjurane  furent alors réunis sous le nom de royaume d'Arles, que l'on donnait déjà à la Bourgogne cisjurane. En 1033, après la mort de Rodolphe III, le royaume d'Arles devant revenir par héritage à Conrad II, empereur d'Allemagne, de nombreux prétendants se disputèrent cette proie, qui finit par se diviser et par former une foule de seigneuries laïques ou ecclésiastiques.

Le duché de Bourgogne sous les ducs bénéficiaires (843-1032)

Nous avons dit plus haut que lors du traité de Verdun (843), la partie du royaume de Bourgogne située à l'Ouest de la Saône avait été assignée à Charles le Chauve. Celui-ci y établit comme duc Richard le Justicier, comte d'Autun, son beau-frère. Après la mort de Louis le Bègue, Richard s'allia aux rois Louis et Carloman pour combattre son frère, Boson, qui s'était fait couronner roi de Provence. Plus tard, il favorisa l'élévation d'Eudes au trône de France; mais en 898 il abandonna le parti de ce prince pour passer dans celui de Charles le Simple. En 897, il s'empara de la ville de Sens. Le plus grand titre de gloire du duc Richard c'est d'avoir combattu vaillamment et avec succès les Vikings qui avaient ravagé la Bourgogne jusqu'à Bèze. Il mourut en 921 et fut enterré dans l'abbaye de Sainte-Colombe de Sens dont il avait été abbé. Richard avait épousé, en 888, Adélaïde, soeur de Rodolphe Ier, roi de la Bourgogne transjurane ; dont il eut trois fils et une fille; Raoul, qui lui succéda; Hugues le Noir; Boson, et Ermengarde, mariée à Gislebert. Ce fut pendant le gouvernement de Richard, en 910, que Guillaume, duc d'Aquitaine, fonda le monastère de Cluny sur les terres qu'il possédait au comté de Mâcon. Bernon en fut le premier abbé; ses successeurs, saint Odon, saint Odilon et saint Mayeul portèrent cette abbaye à un haut degré de puissance et de gloire.

Raoul, fils de Richard, ne retint que peu de temps le duché de Bourgogne, car en 923 il fut élu roi de France.

Il céda alors le duché de Bourgogne à son beau-frère Gislebert, fils de Manassès de Vergy. Mais celui-ci, oubliant le bienfait du roi, prit les armes pour le détrôner; Raoul vint en Bourgogne, s'empara de Dijon et contraignit Gislebert à lui demander grâce. Tant que vécut Raoul, Gislebert jouit paisiblement de son duché; mais après la mort du roi, arrivée en 936, Hugues le Noir, fils de Richard le Justicier, et Hugues le Grand lui en disputèrent la possession. Les trois prétendants finirent par s'accorder et signèrent à Langres, en 938, un traité par lequel ils partagèrent le duché en trois portions égales et prirent chacun le titre de duc. Mais en 943, Hugues le Noir abandonna sa part à Hugues le Grand, qui la même année reçut du roi Louis d'Outremer tout le duché de Bourgogne. Quant à Gislebert, il est probable qu'il se retira alors dans le comté de Bourgogne, où il avait des possessions considérables. Hugues le grand étant mort en 956, son fils Otton lui succéda au duché de Bourgogne; il avait épousé la fille aînée de Gislebert; mais Robert, comte de Troyes, qui avait épousé la seconde fille du même Gislebert, prétendit avoir sa part dans la succession de son beau-père. Le roi Lothaire soutint Otton ; il mit même des troupes dans Dijon; mais elles en furent chassées par Robert, en 959. Lothaire, aidé de Brunon, duc de Lorraine, rentra dans Dijon, et, en menaçant de s'emparer de Troyes, obligea le comte Robert à sa soumettre. Une seconde expédition du roi fut encore nécessaire pour mettre fin aux entreprises de Robert contre la Bourgogne. Le duc Otton mourut le 3 février 963. Il eut pour successeur son frère Henri le Grand, qui mourut le 15 octobre 1002 à Pouilly-sur-Saône.

A cette époque le duché de Bourgogne comprenait les diocèses de Langres, Chalon, Mâcon, Autun, Nevers, Auxerre, Troyes et les archidiaconés de Sens et de Provins. Le duc de Bourgogne Henri n'avait pas seulement la suzeraineté sur tous ces territoires; il possédait aussi dans l'intérieur du duché des comtés qui dépendaient directement de lui : c'étaient ceux d'Auxerre, d'Autun et de Nevers.

A peine Henri était-il mort que son beau-fils Otte-Guilhaume, comte de Mâcon, mit la main sur le duché et sur les comtés d'Auxerre et d'Autun que le duc Henri lui avait d'ailleurs assignés. Mais Robert, roi de France, s'apprêta à lui disputer cette succession non seulement comme roi de France, mais aussi parce qu'il était le parent le plus rapproché du duc Henri, son oncle. En 1003, Robert vint faire le siège d'Auxerre; il échoua; mais pour se venger il ravagea la Bourgogne jusqu'à la Saône. La chronologie des diverses expéditions du roi Robert en Bourgogne est mal connue. Cependant on sait qu'en 1005 il s'empara d'Avallon. On ne connaît pas davantage l'époque à laquelle Otte-Guillaume fit sa soumission. En 1006, l'autorité du roi de France était déjà reconnue en Bourgogne; mais elle n'était pas encore solidement établie. En 1015, il prit la ville de Sens et vint mettre le siège devant Dijon. L'évêque de Langres, Brunon, beau-frère d'Otte-Guillaume et l'un des adversaires les plus redoutables du roi en Bourgogne, étant mort le 31 janvier 1016, le roi fit élire à l'évêché de Langres un personnage qui était à sa dévotion et qui renonça en faveur du roi à sa suzeraineté sur Dijon. Dijon une fois acquise à Robert, la conquête de la Bourgogne était achevée. Le roi confia le gouvernement du duché à son fils Henri, probablement en 1017. Dix ans après, Henri fut sacré roi de France. Dès lors il cessa de gouverner la Bourgogne. Le roi Robert n'ayant pas voulu donner à son second fils, Robert, le titre de duc, celui-ci se révolta contre son père, s'empara de Beaune et d'Avallon. La paix fut signée en 1030. En 1032 le roi Henri dut concéder à son frère Robert le duché de Bourgogne. (M. Prou).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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