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Aix-la-Chapelle

Aix-la-Chapelle (Aachen en allemand), Aquis Granum ou Aquae Grani en latin, est une ville d'Allemagne (land de Rhénanie du Nord-Westphalie), dans le bassin de la Meuse, sur le ruisseau Wurm formé par la fontaine chaude de la « vallée des Sangliers ». Population : 266,000 habitants, en 2012. Auprès de la ville sont des eaux thermales sulfureuses et ferrugineuses longtemps fort en vogue.
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Aix-la-Chapelle (Aachen).
Aix-la-Chapelle, sur une ancienne photographie.

Monuments d'Aix-la-Chapelle

 Hôtel de ville magnifique, cathédrale célèbre, plusieurs monuments modernes; tombeaux de Charlemagne et de l'empereur Othon ll. On y conserve les reliques de Charlemagne; dites les Grandes Reliques

La cathédrale.
La cathédrale (Münster) d'Aix-la-Chapelle est une superbe église bâtie par Charlemagne de 796 à 804, et beaucoup augmentée depuis, avec un mélange de tous les styles. Le portail principal, ouvrage du XVIIIe siècle, en granit gris bleu, avec des portes de bronze du VIIIe siècle, est adossé à une muraille carolingienne, que surmonte un étage de pleins cintres romans. Au-dessus de ces cintres règne un étage en style gothique du XIVe siècle, couronné enfin par une laide maçonnerie à toit d'ardoise qui ne date que du XIXe siècle. Un pilier de granit s'élève de chaque côté de la façade; celui de droite supporte une pomme de pin en bronze; celui de gauche, une louve d'airain. Mais, vue de l'extrémité opposée, la cathédrale d'Aix-la-Chapelle offre une magnifique abside gothique du XIVe siècle, à laquelle sont adossées des maisons bâties dans l'intervalle des contre-forts. Entre l'abside et le portail s'élève un dôme octogonal entouré d'une galerie à deux étages et à frontons triangulaires, que l'empereur Othon III fit construire à la fin du Xe siècle au-dessus du tombeau de Charlemagne, et qu'un joli pont sculpté, du XIVe siècle, relie à la façade. 

Ce qu'il y a de plus intéressant, ce sont les curiosités de l'intérieur : on y voit, entre huit piliers qui soutiennent la dôme byzantin, 32 colonnes de marbre, de granit et de porphyre que Charlemagne fit apporter de Ravenne et de l'Orient, et qui, enlevées par les Français en 1794, furent rendues en 1815, et replacées en 1846. Sous le dôme, qui laisse pénétrer par le haut un jour blafard, et qu'on a décoré dans le goût Pompadour, est suspendue, par une chaîne de fer de 30 m de long, une lampe à 48 becs, en cuivre et en argent doré, rappelant par sa forme une couronne impériale, et ayant environ 3 m de diamètre; c'est un don de Frédéric Barberousse
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Aix-la-Chapelle (Aachen) : la cathédrale.
La cathédrale d'Aix-la-Chapelle.

Le pavé présente au même endroit une lame de marbre noir, longue de 3 m large de 2 m, et portant cette inscription en lettres de cuivre : Carolo magno (A Charlemagne). Ce marbre ne recouvre plus le tombeau de l'empereur franc, qui fut deux fois ouvert, par Othon III en 997, et par Frédéric Barberousse en 1165. On trouva Charlemagne assis sur un trône, revêtu des ornements impériaux, et ayant un livre d'Évangiles sur les genoux et un sceptre et un bouclier aux pieds. Sa croix d'or, la couronne, le sceptre, l'épée, le globe et le livre d'Évangiles, après avoir servi au sacre des empereurs d'Allemagne, sont depuis 1795 déposés à Vienne.

Le trône est déposé dans le Hochmünster, galerie qui forme le premier étage du dôme : c'est un fauteuil bas, large, à dossier arrondi, en marbre blanc sans sculptures, avec un siège en bois de chêne recouvert d'un coussin de velours rouge, et exhaussé sur six degrés, dont deux en granit et quatre en marbre blanc. A partir de Frédéric Barberousse, tous les empereurs s'y sont assis pour être couronnés. Quant aux restes de Charlemagne, sauf le crâne et un os du bras ou de la jambe que l'on fait voir dans la sacristie avec un cor formé d'une dent d'éléphant évidée, ils ont été placés dans un très beau sarcophage romain en marbre blanc de Paros, enfermé dans une armoire, et dont la face antérieure est ornée d'un bas-relief représentant l'enlèvement de Proserpine.
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Cathédrale d'Aix la Chapelle.
Intérieur de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle.

Le choeur de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle, bâti de 1353 à 1413, est éclairé par 13 fenêtres, et a 38 m de haut, 26,66 m de long, 13,33 m de large; les vitraux peints n'existent plus, et il en est de même d'un riche tombeau d'Othon III, qui fut détruit en 1794. A un angle de ce choeur, une boiserie roussâtre recouvre et protège une chaire donnée par l'empereur Henri II, merveille de la ciselure et de l'orfèvrerie du XIe siècle, incrustée d'ivoires' byzantins

On remarque enfin une armoire, dont les battants sont couverts à l'intérieur de peintures sur fond d'or, et qui contient des reliquaires en et et en argent, ornés de pierres précieuses. Là sont conservées les petites reliques, exposées à la vénération des fidèles le jour de la Fête-Dieu, mais que les voyageurs peuvent voir en tout temps (fragments supposés de la verge d'Aaron, morceaux prétendus de la manne du désert, ceintures attrivuées à Jésus et à Marie, cordes dont Jésus aurait été fut lié, morceaux décrits comme de l'éponge qui l'aurait désaltéré et de la verge dont il aurait été frappé, cheveux et portrait de la  Vierge attribué à Saint Luc, fragment du bois et d'un clou dit de la vraie croix, cheveux donné pour ceux de Saint Jean-Baptiste et de Saint Barthélemy, ossements présentés comme ceux du grand-prêtre Siméon, de Saint Étienne et de Saint Anastase et les grandes reliques (robe dite la Vierge, langes dits deJésus, toile qui aurait ceint ses reins sur la croix, drap sur lequel Saint Jean-Baptiste aurait été décapité), enfermées dans une châsse particulière, et qu'on expose tous les sept ans à la galerie du dôme

L'Hôtel de Ville (Rathhaus). 
La façade de ce monument, toute garnie de fenêtres longues, étroites et rapprochées, date du XVIe siècle. De chaque côté est un beffroi : l'un, bas, rond, large et écrasé, n'est autre chose que la tour de Granus, général romain qui passe pour le fondateur de la ville (ci-dessous); on l'a coiffé d'un étrange clocher; l'autre, svelte et élevé, de forme quadrangulaire , est une belle construction du XIVe siècle. Cette façade est précédée d'une place, sur laquelle s'élèvent trois fontaines, dont l'une supporte une statue prétendant représenter Charlemagne en bronze, et les autres des aigles noirs.
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Aix-la-Chapelle (Aachen) : l'hotel de ville.
L'hôtel de ville et le marché d'Aix-la-Chapelle, vers 1900.

A l'étage inférieur de l'édifice, on remarque la grande salle des délibérations du conseil municipal, où se trouvent les portraits des ambassadeurs qui assistèrent au congrès de 1748, et ceux de Charlemagne, de Napoléon Ier, et de Joséphine. A l'étage supérieur, la salle impériale a 55 m de long sur 20 m de large; on y voit les statues en pierre des 37 empereurs couronnés à Aix-la-Chapelle; les murs portent leurs armoiries, et sont couverts de grandes fresques exécutées par Rethel (mort en 1859). La restauration et l'entretien de cet hôtel de ville se faisaient, jusque vers le milieu du XIXe siècle, avec le produit des jeux de hasard, que le gouvernement prussien tenait dans la ville. 

Histoire d'Aix-la-Chapelle

Aix-la-Chapelle fut fondée, selon la tradition, par le Romain Granus, sous Hadrien, vers 124 de notre ère. Le nom d'Aix-la-Chapelle n'apparaît dans l'histoire qu'au VIIIe siècle, et cependant les nombreux vestiges romains qu'on y a retrouvés, non moins que la nom latin de cette ville rendent bien vraisemblable qu'elle a bien été un centre d'habitation dès l'Antiquité. Quoi qu'il en soit, le roi Pépin y avait un palais dans la chapelle duquel il célébra la Noël en 765. Les eaux thermales décidèrent Charlemagne à y séjourner fréquemment. 
« Il aimait leur douce chaleur et y venait souvent nager; il invitait ses fils, les grands, ses amis, les soldats de sa garde à l'imiter et parfois il y avait ainsi plus de cent personnes se baignant avec lui » (Eginhard, ch. XXII). 
Plus tard, il en fit la capitale même de ses États; il en rebâtit le palais devenu fameux durant le Moyen âge dans les chansons de geste où il est l'objet de descriptions légendaires, mais surtout il reconstruisit à grands frais la chapelle, qui a valu à la ville son nom français. Charlemagne mourut à Aix-la-Chapelle le 28 janvier 814 et fut enterré dans la chapelle. 

En choisissant cette ville pour siège de son empire il avait fixé ses destinées; elle a pu cesser d'être capitale, mais elle est restée par excellence la ville impériale. Louis le Pieux y fut couronné empereur après la mort de son père et après lui tous ses successeurs jusqu'en 1558 vinrent y revêtir les insignes impériaux et y recevoir l'investiture. Pendant toute la période carolingienne Aix-la-Chapelle demeura, en théorie du moins, le capitale de l'empire, c'était là qu'on battait monnaie au nom de l'empereur et qu'avec les insignes on conservait le trésor de l'empire. 

Aix était au Moyen âge et demeura jusqu'en 1792 ville libre impériale; ses privilèges, qu'elle faisait sans raisons remonter jusqu'au grand empereur, en faisaient un asile inviolable pour ceux-là même qui étaient au ban de l'empire. Grâce à ses franchises elle put devenir le centre d'un commerce important que favorisa en 1359 l'établissement d'une foire annuelle qui y attira une foule de marchands.  L'un des rois de France, Charles V, en mémoire de Charlemagne, accorda, en 1369, des franchises commerciales dans tout le royaume de France aux négociants d'Aix-la-Chapelle. 

Au XVIe siècle, Aix-la-Chapelle souffrit beaucoup des guerres de religion. Les protestants s'en emparèrent et de 1560 à 1580 tentèrent, sans grand succès, de la convertir à la Réforme. Le marquis de Spinola en chassa les réformés en 1614 et rétablit les magistrats catholiques. En 1656 un grand incendie, qui détruisit près de 4000 maisons, fut une cause de ruine pour la ville, dont l'importance avait été sérieusement compromise par le transfert du gouvernement à Francfort en 1558. Au XVIIe siècle, la France eut momentanément le droit d'y tenir garnison (traité de Nimègue). En 1792, Dumouriez entra à Aix à la tête des troupes de la République. La ville fut reprise parles Autrichiens la même année, mais, en 1794, elle tomba de nouveau entre les mains des Français et y resta jusqu'en 1814. De 1800 à 1814, Aix-la-Chapelle fut le chef-lieu du département français de la Roer (Rhur). Les traités de 1845 la donnèrent à la Prusse.

Les traités et congrès d'Aix-la-Chapelle.
Deux traités célèbres furent signés à Aix-la-Chapelle : la paix de 1668 entre l'Espagne et Louis XIV, qui mit fin à la guerre de Dévolution et assura à la France la possession de la Flandre; la paix de 1748, qui termina la guerre de la succession d'Autriche : la France restituait ses conquêtes dans les Pays-Bas et la Savoie et obtenait pour l'infant don Philippe, gendre de Louis XV, les duchés de Parme et de Plaisance. C'est aussi là qu'eut lieu en 1818 le congrès où la Sainte-Alliance abrégea le temps de l'occupation de la France.

Traité de 1668
Philippe IV, roi d'Espagne, étant mort en 1663, Louis XIV réclama du chef de son épouse Marie-Thérèse la presque totalité des Pays-Bas espagnols en vertu du droit de dévolution et, après deux années de négociations inutiles, il se décida à soutenir ses prétentions à main armée. La triple alliance de La Haye conclue le 23 janvier 1668 entre l'Angleterre, les Provinces-Unies et la Suède, contraignit Louis XIV à mettre un terme à ses succès, sous peine d'une guerre générale. Le 15 avril suivant le traité de Saint-Germain, signé avec les alliés, stipulait qu'une partie des conquêtes du roi de France serait rendue au roi d'Espagne. Un congrès se réunit en conséquence dans la ville d'Aix-la-Chapelle. Colbert de Croissy, frère du grand Colbert, représentait Louis XIV; le baron de Bergheik, délégué du marquis de Castel-Rodrigo, représentait. Charles II; le pape était médiateur. 

Le traité de paix fut signé le 2 mai 1668. Il laissait à la France toutes les conquêtes faites pendant la campagne de Flandre de 1667, c.-à-d. les villes de Charleroi, Binch, Ath, Douai avec le fort de Scarpe, Tournai, Oudenarde, Lille, Armentières, Courtrai, Bergues et Furnes « avec toute l'étendue de leurs bailliages, châtellenies, territoires, gouvernements, prévôtés, appartenances, dépendances et annexes » (articles 3-4). Cette dernière phrase est à noter, car après la paix de Nimègue, en 1680, Louis XIV s'en autorisa pour faire occuper par ses troupes, en vertu des arrêts des Chambres de réunion, un grand nombre de villes et de bourgs qu'il prétendaii lui appartenir comme dépendances de ses acquisitions de 1668. Mais si le roi de France gardait une partie de la Flandre et du Hainaut, il dut par contre restituer à l'Espagne les villes de Cambrai, Aire et Saint-Omer, ainsi que la province de Franche-Comté (article 5) conquise par Condé et qui ne devait être définitivement cédée à la France que par le traité de Nimègue.

La paix d'Aix-laChapelle de 1668 présente cette particularité qu'il n'y est fait aucune mention des prétentions de la reine Marie-Thérèse sur les Pays-Bas, non plus que de ses renonciations à la monarchie espagnole. Elle fut garantie par la Grande-Bretagne, la Suède et les Provinces-Unies, par une convention signée à La Haye le 7 mai 1669 et à laquelle l'Espagne accéda. La France ne conserva des cessions de 1668 que Douai, Lille, Armentières et Bergues, car Charleroi, Binch, Ath, Oudenarde et Courtrai durent être rendus par la paix de Nimègue; Furnes et Tournai par celle d'Utrecht.

Traité de 1748.
La pragmatique sanction de l'empereur Charles VI n'avait pu assurer à sa fille Marie-Thérèse la paisible possession des Etats héréditaires de la maison d'Autriche. Aussitôt l'empereur mort (20 octobre 1740), une foule de prétendants se présentèrent pour recueillir sa succession. Il s'ensuivit une longue guerre devenue bien vite européenne et à laquelle la France prit part comme alliée d'abord, comme partie principale ensuite. Les hostilités ne furent arrêtées que sept ans plus tard par les préliminaires signés à Aix-la-Chapelle les 30 avril 21 mai 1748 entre la France, la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies; Marie-Thérèse, reine de Bohème et de Hongrie, les rois de Sardaigne et d'Espagne, le duc de Modène et la république de Gênes y adhérèrent successivement. Le traité définitif est du 18 octobre 1748; les négociateurs français avaient été le comte de Saint-Séverin, d'Aragon et la Porte du Theil. 

Voici les stipulations principales du traité : 

1° Les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla sont cédés à l'infant don Philippe en considération des restitutions faites par la France. 

2° La France restitue Nice et la Savoie au roi de Sardaigne; les Pays-Bas à l'Autriche et les deux provinces hollandaises occupées, Maestricht et Berg-op-Zoom, aux états généraux. 

3° L'Angleterre restitue à la France l'île Royale ou du cap Breton, en Amérique. Deux otages, les lords Sussex et Catheart, resteront aux mains de la France jusqu'à ce que cette restitution ait été effectuée. 

4° Le roi de Sardaigne reste en possession de ce qui lui a été concédé en 1743 par le traité de Worms, c.-à-d. le Viguenasque, une partie du Pavésan et du comté d'Anghiera avec le marquisat du Finad. Le cours du Tessin forma dès lors la séparation des possessions sardes et des possessions autrichiennes. 

5° Le duc de Modène et la république de Gênes sont réintégrés dans leurs Etats. 

6° La convention de l'Assiento pour la traite des esclaves signée à Paris le 26 mars 1713 est renouvelée pour quatre ans. ll en est de même du vaisseau annuel de permission. Les Anglais purent ainsi continuer à faire une vaste contrebande dans les possessions espagnoles d'Amérique. Cette clause devait d'ailleurs être abolie peu après par un traité signé à Madrid le 5 octobre 1750. 

Dunkerque pourra être fortifié du cédé de la terre, mais jamais du côté de la mer. 

8° La possession des duchés de Silésie et du comté de Glatz est garantie à la Prusse. 

9° L'article 5 du traité de la quadruple alliance de Londres (2 août 1718), relatif à la succession en ligne protestante dans la Grande-Bretagne, est renouvelé. 

10° La pragmatique de l'empereur Charles VI est également confirmée. Marie-Thérèse et son époux, François de Lorraine, se trouvaient par là reconnus légitimes héritiers de la monarchie autrichienne. 

11° Un article séparé porte que l'usage de la langue française dans la rédaction du traité ne pourra tirer à conséquence. Cette restriction fut dès lors de style, et on la retrouve encore dans l'acte final du congrès de Vienne de 1815. 

Ce traité ne procurait aucun avantage à la France, bien que ses armées eussent remporté, sous les ordres du maréchal de Saxe, de belles et nombreuses victoires, bien qu'elle se fût imposé de lourds sacrifices en hommes et en argent pour soutenir une cause qui n'était pas la sienne. Mais Louis XV avait dit qu'il ne voulait pas faire la paix en marchand, mais en roi; Mme de Pompadour avait répété aux plénipotentiaires français qui, se rendaient au congrès d'Aix-la-Chapelle : « Surtout ne revenez pas sans la paix, le roi la veut. » Quand on veut faire ainsi la paix à tout prix, on la fait mal; c'est pourquoi on négligea de traiter bien des points sut lesquels les Anglais n'avaient garde d'appeler l'attention , celui, par exemple, de la délimitation des possessions anglaises et françaises dans l'Amérique du Nord, et une nouvelle guerre devait bientôt sortir de là. Si la France était ainsi jouée, d'autres Etats acquirent par contre une suprématie qu'ils n'avaient pas eue jusque-là. La Prusse notamment prit place parmi les grandes puissances européennes et il fallut désormais compter avec elle; la supériorité maritime était acquise à l'Angleterre par le nombre et par la bonne administration navale; l'Autriche elle-même, loin d'être anéantie, ne perdait que quelques territoires assez peu importants, relativement à l'étendue de ses domaines, et avait su résister victorieusement à une coalition.

Congrès de 1818.
Le second traité de Paris du 20 novembre 1815 aggravant celui du 30 mai 1814 avait stipulé que le territoire français demeurerait occupé par une armée de 150,000 soldats étrangers. La durée de cette occupation était fixée à cinq ans. Toutefois, elle pouvait être réduite à trois ans si, au bout de ce temps, la situation politique de la France n'inspirait plus aucune inquiétude aux puissances alliées. En 1818, le gouvernement de la Restauration, se disant désormais assez fort, réclama l'évacuation du territoire français; les souverains alliés et leurs ministres se réunirent en congrès à Aix-la-Chapelle, en septembre 1818, pour examiner cette demande. Ils consentirent à retirer leurs troupes et l'évacuation fut réglée par les traités du 9 octobre suivant entre la France et chacune des puissances alliées. Le duc de Richelieu, plénipotentiaire français, qui jusque-là n'avait pu avoir accès au congrès, fut dès lors invité à prendre part à toute délibération, au nom de la France, qui se trouva ainsi rétablie dans le concert européen. La Pentarchie, ou concile des Cinq, était constituée, et jusqu'en 1830 elle allait se regarder comme un tribunal chargé d'intervenir tant dans les affaires intérieures que dans les affaires internationales de tous les autres Etats occidentaux.

Les conciles d'Aix-la-Chapelle.
Il a été tenu dans cette ville de nombreux conciles, dont la fréquence sous les Carolingiens est expliquée par le fait que les empereurs résidaient à Aix-la-Chapelle et qu'ils y convoquaient souvent les plaids : pour constituer une assemblée apte à délibérer sur les affaires de l'Eglise, il suffisait de retenir et de réunir à part les membres du clergé. Voici les dates des plus importantes de ces conciles et l'indication très sommaire des matières dont ils se sont principalement occupés : 789, réforme des moeurs du clergé. — 799, rétractation de Félix, évêque d'Urgel. —  801 et 802, examen des évêques et des clercs, réforme des moeurs des prêtres. — 809, décision relative au dogme de la Trinité, sur un point célèbre, déjà contesté entre l'Eglise d'Occident et l'Eglise d'Orient et qui est devenu l'une des causes de leur séparation définitive. Le concile admet que le Saint-Esprit procède du père et du fils. — 811 et 813, réglementations concernant les clercs, les moines et les laïques. —  816, grande assemblée réunie par Louis le Débonnaire à l'instigation de Benoît d'Aniane; dans le préambule de ses actes, elle prit le titre de concile général. De ses travaux, continués en 817, il résulta une réorganisation de la vie cléricale et de la vie monastique, constituant des chanoines et des chanoinesses, et les soumettant à un régime ordonnancé par deux règles, dont les articles avaient été compilés et rédigés par Amalaire. La règle pour les chanoines se compose de 144 points, tirés presque tous de la discipline que Chrodegang, évêque de Metz, avait établie, 60 ans auparavant, dans son diocèse. La règle pour les chanoinesses comprend 28 dispositions empruntées aux écrits de saint Cyprien, de saint Athanase, de saint Césaire et de saint Jérôme. L'empereur envoya des copies de ces règlements à tous les évêques, avec ordre d'en assurer l'exécution. — 836, rétablissement de la discipline ecclésiastique. Les règlements adoptés par ce concile sont divisés en trois titres : 1° Vertus épiscopales : 12 canons reproduisant les décisions du concile d'Aix-la-Chapelle, 816, et du concile de Paris, 829; 2° Science, moeurs et doctrine du clergé en général : 28 canons empruntés aussi à des conciles antérieurs; 3° Devoirs de l'empereur et de ses enfants, principalement en ce qui regarde les choses ecclésiastiques. Les actes de ce concile se terminent par une énergique revendication des biens de — 862, approbation de la répudiation de Teutberge et du mariage de Lothaire II avec Valdrade. Cette décision et une décision analogue d'un concile de Metz furent cassées par le pape Nicolas Ier, qui affirma et fit prévaloir en cette occasion la suprématie de sa juridiction sur celle des conciles particuliers. — 1022 différends entre l'archevêque de Cologne et l'évêque de Liège (B. / GE).

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Dictionnaire Villes et monuments
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