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Les Chats
Felis
Le genre Chat (Felis) rassemble toutes les petites espèces de Félidés à queue longue (à l'exception du chat de l'île de Man), sans touffes de poils aux oreilles, et sans trace de crinière. Cela concerne normalement 5 espèces : le Chat sylvestre (Felis silvestris), dont le Chat sauvage d'Europe et le Chat domestique constituent des sous-espèces,  le Chat de jungle (Felis Chaus), le Chat des montagnes de Chine (Felis Bieti), le Chat à pattes noires (Felis nigripes) et le Chat des sables (Felis margarita). Tous ces chats ont la dernière molaire inférieure pourvue de deux pointes; l'oreille uniformément velue sur tout son pourtour; la queue à peu près moitié longue comme le corps; la pupille verticale et fendue longitudinalement. Seul le Chat domestique, répandu par les Humains se rencontre partout. Les espèces sauvages n'existent pas en Amérique ni en Australie, et n'habitent que l'Ancien continent. 
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Chat sauvage.
Chat sauvage (Felis silvestris silvestris).

Le Chat ordinaire (Felis silvestris) se distribue en de nombreuses sous-espèces (La systématique des Félidés). Dans le Nord-ouest de l'Inde, par exemple, on trouve le Felis silvestris ornata (ou servalina), dont le pelage est gris pâle parsemé de taches noires; il habite le désert indien, faisant la chasse aux Gerboises. Le Felis s. caudata le remplace plus au Nord dans les steppes du Turkestan; il est gris glacé de blanc et de roux avec des taches noires plus foncées sur le dos, la queue assez touffue, annelée. Une sous-espèce voisine, le Felis s. shawiana, est plus roux, avec des taches noires comme le précédent, la queue semblable, annelée dessus, blanchâtre dessous; il habite plus à l'est, le Turkestan et le Yarkand; on le rencontre comme le précédent, chassant sur la neige, etc. On rattache aussi à l'espèce silvestris les Felis (s.) cafra et F. (s.) maniculata (ou Chat ganté), que certains auteurs considèrent cependant comme formant des espèces distinctes . Le chat ganté (Felis maniculata) d'Égypte, variété du chat botté (Felis lybica), ressemble beaucoup au Chat domestique surtout à la variété à pelage rayé et marbré. C'est l'espèce que les anciens Égyptiens avaient apprivoisée et dont les momies abondent dans les nécropoles d'Égypte (Le chat dans la religion égyptienne ). 

En fait toutes les sous-espèces de Chats sylvestres sont très ressemblantes, interfécondes et finissent par composer un tableau assez confus. On se contentera donc ici, avant de dire quelque mots des autres espèces de Chats, de n'en décrire que deux : le Chat domestique et le Chat sauvage d'Europe qui constitue le type du genre.

Les Chats domestiques (Felis (s.) catus) varient beaucoup par la longueur, la couleur et la finesse de leur poil; ce sont des animaux propres, légers, adroits; ils aiment leurs aises, se plaisent à se coucher sur des coussins chauds et moelleux. Lorsque un chat veut exprimer le contentement et l'affection, il fait entendre une espèce de murmure sourd qui se renouvelle et se prolonge indéfiniment. Ils ne vivent guère en moyenne que douze à quinze ans. La femelle porte 55 à 55 jours, et met bas quatre à cinq petits.

Le Chat sauvage d'Europe (Felis (s.) silvestris), est encore présent à l'état sauvage dans les forêts de l'Europe, bien qu'il soit devenu très rare. Son pelage, d'un gris brun, avec des ondes transversales plus foncées en dessus, est d'un gris blanc en dessous. Sa queue est très velue, annelée de noir, les oreilles sont plus raides que celles du Chat domestique. Il est d'un tiers plus grand que celui-ci; et sa longueur, depuis le bout du museau jusqu'à la naissance de la queue, peut aller à 60 cm. 

Le chat domestique

De nos jours, le chat Chat domestique (Felis silvestris catus, Felis catus ou Felis domestica, comme on voudra) se trouve dans presque toutes les contrées où les humains se sont fixés. Il existe partout en Europe et il s'est considérablement répandu en Amérique, depuis la découverte de ce continent. On le rencontre assez fréquemment en Asie et en Australie; il est plus rare dans l'Afrique centrale, où il manque même complètement dans nombre de régions. 

Considérations historiques.
Le Chat domestique est le plus récemment et le moins domestiqué de nos animaux domestiques. On ne trouve pas ses débris en Europe avec ceux du Chien, du Porc, du Boeuf, etc., dans les couches paléolithiques qui renferment des traces de l'industrie humaine. Sa présence, du reste, serait étonnante puisque la Souris (Mus musculus) ne s'y trouve pas davantage. Nos trois espèces de rongeurs (la Souris, le Rat noir et le Surmulot) sont venues d'Orient dans les temps historiques, la Souris la première, et le Chat a dû être importé à sa suite. De fait, le rapprochement des Chats et des Humains est un phénomène lié au développement de l'agriculture : le stockage des grains appelant les rongeurs, eux-mêmes suivis par leur prédateur naturel, le Chat...

On trouve des Chats à Harappa (civilisation de l'Indus) à la même époque que l'on commence à en observer en Égypte, soit il y a environ quatre mille ans. On ne sait pas trop ce que les Harappéens pensaient de leurs Chats, mais il est bien connu que ces derniers étaient très en honneur chez les anciens Égyptiens, comme l'attestent les nombreuses momies que l'on trouve notamment à Beni-Hassan où de nombreuses hypogées sont remplies de cadavres embaumés de ces animaux. Certaines momies contiennent, il est vrai, à côté du véritable chat domestique, le lynx des marais, qu'on trouve encore à l'état sauvage dans ce pays. Mais presque toutes appartiennent au Chat botté (Felis lybica) et à ses variétés, c.-à-d. à une espèce qui vit encore dans le Nord de l'Afrique à l'état sauvage, se retrouve en Sardaigne, et a vécu, également à l'état sauvage, dans le Sud de l'Europe au Paléolithique (Felis catus magna Schmerling, ou Felis feras de Serres). 

Rien n'indique qu'il ait été domestique à cette époque en Europe, et les documents historiques ne parlent pas du Chat domestique, en France et dans l'Europe Occidentale, avant le milieu du Moyen Âge, bien qu'il fût connu des Grecs et des Romains dès l'époque d'Hérodote (vers 430 av. J.-C.), qui l'appelle l'Aielurus. Aristote (vers 350 av. J.-C) décrira pour sa part le Chat avec tant d'exactitude, qu'on est obligé d'admettre qu'il l'a observé lui-même. Mais en général les Grecs, ainsi que les Latins, en parlèrent très peu, même plus tard. Le Felis lybica et particulièrement sa variété égyptienne (F. maniculata), est donc généralement considéré comme le type sauvage ayant donné naissance à la plupart de nos races domestiques. Le Chat sauvage (Felis silvestris silvestris) y est resté semble-t-il totalement étranger. 
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Felis maniculata
Chat d'Égypte (Felis maniculata).

En Europe occidentale, le Chat est sans doute mentionné assez tôt par quelques auteurs, tels Isidore de Séville (début du VIIe siècle), qui y fait allusion seulement au titre de "mangeur de souris". On peut aussi mentionner des chats découverts dans des fouilles de bâtisses de l'époque mérovingienne en Bretagne. Et dans les pays du Nord, les Chats investissent même la mythologie scandinave : on les embauche ainsi pour tirer le char de la déesse Freyja. Cela n'empêche, que pendant longtemps, en Europe, on préfèrera faire protéger ses greniers par des couleuvres ou des belettes, et le Chat n'est pratiquement pas connu. Il ne fait véritable irruption sur le continent qu'à partir du milieu Xe siècle de notre ère. C'est de cette époque en tout cas que date le code du pays de Galles, qui contient une disposition introduite par Howell Dha, ou Howell le Bon, qui fixait la valeur d'un chat domestique, et des amendes dont étaient passibles ceux qui tourmentaient, blessaient ou tuaient cet animal. Elle fixait également le prix d'un jeune chat qui n'avait pas encore attrapé de souris; à partir du moment où il avait fait sa première victime, ce chat valait le double. L'acheteur avait le droit d'exiger que les oreilles, les yeux et les griffes fussent bien constitués; que l'animal fût un bon chasseur de souris; et, si c'était une femelle, qu'elle élevât bien ses petits. Lorsque le chat vendu avait quelque défaut, l'acheteur pouvait se faire rembourser un tiers du prix d'achat. Quiconque tuait ou volait un chat sur le domaine du prince, le payait d'une brebis et de son agneau, ou bien était forcé de donner la quantité de blé nécessaire pour couvrir entièrement le chat mort, suspendu par la queue, de manière à ce que son museau touchât le sol. 

Cette loi est intéressante car elle nous montre qu'à cette époque, le Chat domestique était considéré comme une chose précieuse, et qu'il ne descend pas du chat sauvage, car ce dernier existait alors en si grande quantité, en Angleterre, qu'il n'eût pas été difficile de s'en procurer de jeunes, autant qu'on aurait voulu, pour les apprivoiser. Un constat qui n'empêchera pas les Médiévaux, quelque temps plus tard de lancer justement ce débat sur l'origine du Chat domestique : Albert le Grand (XIIIe s.) optait pour l'apparentement du chat domestique du Chat sauvage d'Europe; à l'opposé, le comte de Foix, Gaston Phoebus (XIVe s.), les opposait et voyait plutôt dans le Chat sauvage un cousin du Lynx.

Caractères. 
Quelque ressemblance que le Chat domestique puisse avoir avec le Chat sauvage par sa robe, il se distingue cependant de celui-ci par un corps d'un tiers plus petit et moins vigoureux; par une queue plus longue, plus grêle, effilée en pointe; par une tête plus aplatie; et par des intestins cinq fois plus longs que le corps, au lieu de trois fois, comme chez le Chat sauvage. 

Le Chat présente trente-deux dents : douze incisives, quatre canines et quatorze molaires, dont huit à la mâchoire supérieure et six à l'inférieure. On peut remarquer que les canines sont profondément striées, sur leur face externe, au lieu d'être lisses comme chez le Chien.

Les couleurs les plus habituelles de la fourrure du Chat domestique sont : le noir uniforme avec une étoile blanche à la poitrine; le blanc absolu, le fauve pâle et le fauve rouge; le gris foncé, tigré de la même couleur; le gris-bleu uniforme; le gris clair avec rayures foncées. Il y a enfin des chats à trois couleurs avec de grandes taches blanches et fauves, ou bien fauves et noir absolu, ou bien encore tout à fait grises. Les chats à robe gris-bleu sont très rares; les chats gris clair, ou chats de Chypre, sont communs, mais pour être de race pure, ils doivent avoir le dessous des pattes noir. Les chats zébrés se distinguent par une tigrure brun-noir ou gris foncé. Ce qu'il y a de singulier c'est que les individus à trois couleurs sont tous des femelles. Dans certains endroits, on les regardait encore assez récemment comme des sorcières et on les massacrait en conséquence. Aucune couleur n'est héréditaire dans cet animal, et parfois, dans une seule portée, il se trouve autant de sujets de couleur différente, qu'il y a de petits; ces couleurs ne possèdent, en conséquence aucune valeur zoologique.

Le corps du Chat domestique  mesure, en général, 40 cm, quelquefois de 48 à 54; sa queue en a environ 32, et sa hauteur, au garrot, est de 27 cm. Quant à ses qualités physiques les plus saillantes, Scheitlin les indique à grands traits dans les termes que voici :

« Le chat, dit-il, est un animal d'une nature élevée, la structure de son corps indique déjà un être parfait. C'est un petit lion, un tigre dans des dimensions réduites. Tout est symétrique en lui, aucune partie n'est ni trop grande ni trop petite; aussi sommes-nous choqués du moindre défaut de régularité qu'il présente. Il n'a rien d'anguleux dans ses formes; sa tête surtout, comme on peut le constater sur son crâne, a des lignes gracieuses, et nul autre animal n'a cette partie aussi belle. Le front a une courbure poétique, tout le squelette est beau et dénote une mobilité extraordinaire et une adresse particulière pour tous les mouvements ondulés et gracieux. Ses flexions ne se font pas en zigzag ou à angles aigus, ses courbures sont à peine visibles. Il semblerait qu'il n'ait pas d'os, et tout son corps paraît n'être qu'une masse molle et flexible. Ses sens sont très développés et parfaitement en rapport avec ses formes corporelles. »


Domesticité.
Le Chat domestique est le seul membre de la famille des Félidés qui vive volontairement dans les maisons des humains; mais il y conserve toujours une certaine indépendance et ne se soumet à l'humain qu'autant que cela lui plaît. Si l'on s'en occupe, il aura de l'affection pour les personnes qui lui donnent des soins; si on le néglige et qu'on l'abandonne à lui-même, il restera dans la demeure où il est né, mais sans s'attacher à ceux qui l'habitent. L'humain est toujours libre de varier le degré de domestication de son chat. Lorsqu'on le néglige complètement, s'il vit à la campagne, il quitte assez souvent, en été, le logis, pour la forêt, où il mène quelquefois une vie sauvage; mais, lorsque l'hiver arrive, la chatte revient ordinairement dans la demeure qui l'a vue naître, et y amène les petits qu'elle a eus pendant la belle saison; souvent, à son retour de la forêt, l'humain lui est complètement indifférent. 

L'appel de la forêt.
Rengger cite les chats du Paraguay pour leur caractère indépendant. Dans les contrées faiblement peuplées, ils obéissent à leurs instincts sauvages, et courent toute la journée dans les bois et dans les champs; poursuivent tous les petits mammifères inoffensifs; surprennent, la nuit, les oiseaux sur les arbres, et ceux mêmes qui sont le plus attachés à la maison n'y rentrent que par des temps de pluie ou d'orage. On assure que les chats qui ont été très bien traités par leurs maîtres, dès leur enfance, obéissent, en vieillissant, à ce même instinct de liberté, et que les mâles châtrés deviennent seuls de bons chasseurs et ne quittent jamais le logis. Cependant on ne peut pas dire qu'au Paraguay le Chat domestique soit redevenu complètement sauvage, car, avec l'époque des pluies, tous ces chats se rapprochent des maisons en amenant leurs petits. Ceux-ci périssent infailliblement lorsqu'ils restent soumis aux rigueurs de l'hiver, et les vieux eux-mêmes semblent ne pas pouvoir supporter la pluie. Toujours est-il qu'on ne trouve nulle part, dans les bois, des chats redevenus sauvages, et que ceux mêmes qui ont été abandonnés dans certains pays, en ont complètement disparu.

Au XIXe siècle, au Surinam et dans les régions voisines où les chats, à cause de la prodigieuse quantité de rats qui infestaient les sucreries, étaient des plus utiles. Les colons - auxquels l'idée qu'un peu d'affection aurait eu le même effet était d'évidence étrangère - s'assuraient de la présence de leurs chats en leur coupant les oreilles à ras de la tête, pour les garder dans les habitations. Cette méthode atteignait le résultat qu'on se proposait, et cela aussi bien par le beau temps que par la pluie. Dans le premier cas, les feuilles et les branches chatouillaient l'intérieur des oreilles; dans le second, la pluie s'y introduisait; deux inconvénients auxquels le chat finissait par sacrifier sa liberté.

En Suisse, dit Tschudi,

« les chats redevenus sauvages sont loin d'être rares dans les grandes forêts et jusque dans les Alpes. Ils vivent aussi d'oiseaux et de souris, sont craintifs, sauvages et méchants. Pendant l'hiver, ils s'établissent dans des huttes abandonnées ou dans des fenils des montagnes, et font une guerre acharnée aux souris, de sorte que leur utilité l'emporte de beaucoup, sur le dommage qu'ils causent. Les montagnards, pour lesquels la diminution des souris est bien plus importante que l'abondance des oiseaux, protègent en général ces chats. A l'époque où la truite fraye, ils commettent cependant de grands dégâts dans les ruisseaux. » (Les Alpes, Berne, 1859).
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Photo d'une chatte.
« Le chat est le seul animal qui soit parvenu
à domestiquer l'homme. » (Marcel Mauss).

Le Chat chez soi.
Notre Chat domestique, étant accessible à l'observation de tous, se prête admirablement à l'étude de toute la famille; l'on peut dire que c'est une belle, propre, mignonne et gracieuse créature. Chacun de ses mouvements est charmant et son agilité est vraiment admirable. Elle marche posément et ses pattes veloutées, dont elle rentre soigneusement les griffes, appuient si doucement sur le sol, que leur action échappe complètement à notre oreille. Chacun de ses pas trahit à la fois la mobilité, la grâce et la délicatesse de tout son être. Le chat ne court que lorsqu'il est poursuivi par un autre animal, ou lorsqu'il est brusquement effrayé; sa marche se transforme alors en une série de bonds, qui le mettent rapidement hors d'atteinte. D'ailleurs, il se soustrait facilement aux poursuites en se réfugiant dans le moindre petit coin, ou en gagnant un lieu élevé. 

Grâce à ses griffes, il grimpe avec la plus grande facilité et indifféremment sur les arbres, sur des murs durs ou mous. Il peut aussi, d'un seul bond, s'élever à une hauteur de plus de deux mètres, En rase campagne; sa course n'est pas rapide, car tout chien peut l'attraper. Sa grande agilité se dénote surtout dans les sauts puissants qu'il fait volontairement ou pour échapper au danger. D'où qu'il tombe, il se trouve toujours sur les jambes en touchant le sol. Dès qu'on l'abandonne, il se retourne avec la plus grande rapidité et se retrouve tout naturellement sur ses quatre pattes. Lorsque la chute a lieu d'une certaine élévation, on peut admettre, à la rigueur, que le chat se sert de sa queue comme d'un gouvernail pour se diriger; mais expliquer comment il s'y prend lorsqu'on le fait tomber d'une très petite hauteur, est tout simplement impossible.

« Si nous portons nos regards, dit Scheitlin, sur une des principales facultés du chat, son extrême. mobilité nous frappe avant tout. Quelle agilité, lorsqu'il se retourne en l'air, pour ne pas tomber sur le dos, même lorsque la hauteur est de quelques pieds seulement! La faible résistance de l'air suffit pour lui donner, comme aux oiseaux, le pouvoir de se retourner. Avec quelle facilité ne se tient-il pas sur les branches des arbres même fortement agitées et sur les corps les plus étroits! »
Le chat sait aussi nager, toutefois il n'a recours à cette faculté que lorsqu'il se trouve dans la nécessité de se sauver à la nage. De son propre gré, il ne va jamais à l'eau, la pluie lui cause même un certain déplaisir, et il l'évite; mais quand il voit avantage à le faire, il n'hésite pas à se jeter dans des eaux même assez profondes et assez rapides. 
« J'ai vu moi-même, dit Jonathan Franklin, une chatte fendre à là nage une petite rivière pour ressaisir ses petits, qui étaient entraînés par le courant. Elle les ramena les uns après les autres sur le rivage, après les avoir saisis par le cou, avec ses dents. » (La Vie des animaux).
Le chat s'assied, comme le chien, sur le siège et s'appuie sur les deux pattes de devant. Pour dormir, il s'enroule et se couche sur le côté, et recherche toujours un lit aussi doux et aussi chaud que possible, mais il consent rarement à être couvert. Il se couche beaucoup sur le foin, probablement parce qu'il en supporte très bien les émanations, qui communiquent d'ailleurs une odeur très agréable à son pelage.

Le toucher, la vue et l'ouïe sont les sens les plus développés du chat; l'odorat est le plus imparfait, et il est facile de s'en convaincre en plaçant devant un chat, mais sans qu'il puisse s'en apercevoir, un de ses mets favoris. Lorsqu'il, est assez près pour le toucher presque, il tourne la tête de côté et d'autre comme s'il cherchait. L'on voit bien alors qu'il n'est nullement guidé par l'odorat, et que ce sont ses moustaches, organes tactiles des plus parfaits, qui fonctionnent bien plus que son nez. Il faut lui présenter de bien près une souris cachée, dans la main, avant qu'il la sente. Ses moustaches ont une telle sensibilité qu'il suffit d'en heurter un poil pour voir l'animal se rejeter brusquement en arrière. Ses pattes veloutées sont aussi sensibles au toucher, bien qu'à un degré inférieur.

Sa vue est plutôt bonne comparée à celle des autres Félidés : il peut l'exercer en plein jour aussi bien que dans les ténèbres. Sa pupille jouit de la faculté de se contracter à la vive lumière et de se dilater dans l'obscurité, de manière à laisser toujours pénétrer dans l'oeil une quantité de rayons lumineux suffisante pour bien voir. L'ouïe est chez le chat le plus aiguisé des sens.

« Il y a quelque temps, dit Lenz, je m'étais étendu pour lire sur un banc, à l'ombre des arbres de ma cour. L'un de mes petits chats arriva en miaulant et voulut, selon son habitude, grimper sur mes jambes et sur ma tête. C'était là une position gênante pour un lecteur; je posai donc délicatement mon chat sur un petit coussin placé entre mes jambes, je le pressai doucement, et dix minutes après il paraissait profondément endormi. La tête du petit animal, et par conséquent aussi ses oreilles, étaient dirigées vers le Sud. Tout à coup je le vis sauter rapidement en arrière. Fort étonné de cet acte, je suivis mon chat des yeux; une petite souris courait d'un buisson a l'autre; elle était au Nord par rapport à nous, et traversait un pavé uni sur lequel elle ne pouvait faire grand bruit. La distance à laquelle le petit chat avait ainsi entendu cette souris, derrière lui, mesurait 14 mètres. »
Les chattes ont en général deux portées dans l'année, et mettent bas une première fois vers la fin du mois d'avril ou au commencement de mai; une seconde fois dans le courant d'août. La gestation dure cinquante-cinq jours, et chaque portée est de cinq à six petits, qui naissent avec les paupières closes et ne commencent à voir que le neuvième jour. Elles ont toujours le soin de chercher à l'avance un endroit bien écarté, ordinairement un grenier à foin, un placard, ou quelque lit abandonné, et elles y cachent leurs petits le plus longtemps possible. Elles cherchent à les dérober au matou, qui les mange lorsqu'il les découvre. Les petits chats offrent toujours un spectacle attendrissant. 
« Leur première voix, dit Scheitlin, est excessivement douce et tout à fait enfantine. Ces petits êtres sont tellement remuants que, tout aveugles encore, ils quittent déjà leur couche, dans laquelle la mère est ensuite obligée de les reporter. A peine y voient-ils, qu'ils n'y tiennent plus, et rampent tout autour du nid en poussant de fréquents miaulements. Ils se mettent immédiatement à jouer avec tout ce qui roule, court, glisse ou vole; c'est déjà l'instinct de la chasse aux souris et aux oiseaux qui commence à percer. Ils jouent continuellement avec la queue de leur mère et avec la leur propre, dès qu'elle est assez longue pour qu'ils puissent la saisir avec leurs pattes; ils la mordent aussi et ne remarquent pas immédiatement qu'elle fait partie de leur corps, de même que nos enfants se mordent les doigts des pieds, qu'ils considèrent comme quelque chose qui leur est étranger. Les petits chats font les sauts les plus singuliers et les mouvements les plus gracieux. Leurs gestes et leurs jeux, auxquels ils se plaisent comme des enfants, les amusent, eux et les personnes qui les aiment, pendant des heures entières. Dès que leurs yeux sont ouverts, ils savent distinguer le bon du mauvais, l'ami de l'ennemi. Lorsqu'un chien aboie contre eux, ils font déjà leur gros dos et le reçoivent en grinçant : ce sont de petits lions. »
Quelques variétés de chats.
Les variétés de Chats domestiques sont innombrables. Elles dérivent non seulement de croisements entre chats domestiques, mais aussi avec des sous-espèces sauvages avec lesquelles ils se croisent assez volontiers, surtout lorsqu'ils retournent à l'état demi-sauvage, comme on l'observe souvent, et ces unions, généralement fécondes, donnent naissance à des variétés nouvelles qui peuvent se multiplier à l'infini. Parmi ces variétés on citera : le chat des Chartreux, qui se distingue par un pelage long, cotonneux, laineux pour ainsi dire et d'une nuance presque bleuâtre uniforme et foncée et que l'on croit issu du croisement du Chat de Pallas (Otocolobus manul) et du Chat botté (Felis lybica), le chat du  Khorassan, qui est, en Iran, l'analogue du chat des Chartreux, le chat de Koumanie, dans le Caucase, généralement moins connu, le chat rouge de Tobolsk, en Sibérie, le chat rouge et bleu du Cap de Bonne-Espérance, etc. Mentionnons pour finir deux variétés intéressantes :
Le chat angora. 
Le chat angora est un des plus beaux chats que l'on puisse imaginer, il est remarquable par sa grande taille, ainsi que par la longueur et la finesse de son poil, qui est très fourré, surtout à la région du cou, à celle du ventre et à la queue; sa couleur est tantôt d'un blanc parfait, tantôt jaunâtre ou grisâtre et rarement variée; la plante des pieds et les lèvres sont couleur de chair. 

Le chat de Man. 
Comme son nom l'indique, on trouve ce chat sur l'île de Man, dans la mer d'Irlande. Il forme une variété remarquable du chat domestique, et cela en raison de son manque presque absolu de queue. chez lui, en effet, cet organe n'est indiqué que par un simple moignon. Un chat de Man tout noir, avec ses yeux étincelants et son moignon de queue, réalise assez bien l'idéal des vieilles formes félines qui apparaissaient aux sabbats légendaires de Blocksberg...

Les Chats sauvages

Le Chat sauvage d'Europe (Felis silvestris silvestris).
Le Chat sauvage d'Europe (Felis silvestris silvestris) est notablement plus grand et plus vigoureux que notre Chat domestique. Son corps et sa tête sont plus courts et plus gros; sa queue, considérablement plus forte, est beaucoup plus courte; de plus, elle est également épaisse sur toute sa longueur, tandis que celle du Chat domestique va en s'amincissant de la racine à l'extrémité. Ce chat, lorsqu'il est adulte, atteint à peu près la taille d'un Renard, il est donc d'un tiers plus grand que le Chat domestique.

Il s'en distingue du reste, au premier aspect, par son pelage plus riche, ses moustaches plus abondantes, son regard farouche et ses dents plus fortes et plus tranchantes. Mais ses véritables caractères distinctifs sont la queue annelée de noir, et la tache d'un blanc jaunâtre de sa gorge. Le corps du Chat sauvage d'Europe  a en général 70 cm de long; sa queue mesure environ 32 cm; sa hauteur, au garrot, atteint de 38 à 44 cm, et son poids varie de 15 à 18 livres (7,5 à 8 kg). Certains matous peuvent, dans des circonstances très favorables, atteindre 98 cm longueur.
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Felis sylvestris
Chat sauvage d'Europe.

Le pelage est épais et long, gris chez le mâle, quelquefois même d'un gris noir; chez la femelle, au contraire, il est jaunâtre. Du front partent quatre bandes noires parallèles, qui passent entre les oreilles; celles du milieu se prolongent sur le dos, et forment, après s'être réunies plus loin, une bande moyenne qui suit l'épine dorsale et la partie supérieure de la queue. Des deux côtés de cette bande moyenne partent un grand nombre de bandes transversales un peu plus foncées que les autres et qui se dirigent vers le ventre. Celui-ci est jaunâtre, avec quelques taches noires; les jambes sont jaunes au voisinage des pattes, jaunâtres à la partie interne des cuisses, et portent endehors quelques bandes transversales noires. La queue est régulièrement annelée, les anneaux étant de plus en plus foncés à mesure qu'ils se rapprochent de la pointe. La face est d'un roux jaune; l'oreille est gris de rouille en dehors et jaune blanchâtre en dedans.

La Chatte sauvage porte environ neuf semaines; met bas au mois d'avril, et choisit à cet effet un creux d'arbre, une crevasse de rocher, ou le terrier abandonné d'un blaireau ou d'un renard. Ses portées sont ordinairement de cinq on six petits, qui naissent aveugles et ressemblent complètement à ceux de notre chat. Lorsqu'ils cessent de téter, la mère les pourvoit abondamment de souris, de campagnols, de mulots, de taupes et d'oiseaux. Ils ne tardent pas à savoir grimper sur les arbres, dont les branches épaisses deviennent le théâtre de leurs jeux et leur lieu de refuge, lorsqu'un danger les menace. Dans ce dernier cas, ils s'y comportent absolument comme les adultes : ils cherchent à échapper à la vue en se pressant le plus possible contre les branches. La mère ne paraît pas défendre ses petits; dans tous les cas, elle les abandonne à l'approche de l'humain, qui semble lui inspirer une grande crainte. La relation suivante de Lenz tend à le démontrer.

« En 1865, dit-il, mon charpentier traversait un fourré, à cinquante pas environ de ma maison, sur le côté méridional de l'Hermannstein, où se tiennent en grand nombre des lapins de garenne, lorsqu'il crut entendre des miaulements partant d'un terrier élargi. Cette découverte le combla de joie, car quelques jours auparavant il n'avait exprimé le désir d'avoir de petits chats sauvages. Il se mit donc à creuser le terrier et y trouva trois petits chats de la grosseur d'un rat. Les ayant mis dans son sac, il s'en allait, lorsqu'il aperçut la mère rôdant autour de lui, les oreilles dressées. Cependant elle se tint toujours à distance, et ne fit jamais mine de vouloir l'attaquer. Sa taille était celle d'un gros lièvre. Les petits, par leur couleur et par leur queue courte et épaisse, se distinguaient facilement de nos jeunes chats domestiques. Ils étaient extrêmement sauvages, griffaient, mordaient et criaient d'une manière féroce. On employa vainement tous les moyens possibles pour les apprivoiser et les soigner; ils ne voulurent ni manger ni boire et se démenèrent comme des diablotins, jusqu'à leur mort. »
Le Chat de Jungle (Felis chaus).
L'espèce Felis chaus (Gray) ou Chat de Jungle renferme quelques sous-espèces de l'ancien continent qui sont comme des formes intermédiaires entre les Chats et les Lynx, ayant la queue assez courte, les jambes longues et les oreilles souvent pénicillées de ces derniers avec le système dentaire des véritables Chats. Le Chaus, qu'il ne faut pas confondre avec le F. lybica auquel Ruppel donne aussi le nom de F. chaus, est d'un gris fauve avec un petit pinceau aux oreilles; il habite l'Égypte, l'Éthiopie et toute l'Afrique, s'étendant à l'est jusqu'en Asie Mineure, en Iran, en Inde et en Cochinchine.

Le Chat des montagnes chinoises (Felis bieti).
Aussi connu sous le nom de Chat des déserts de Chine (bien qu'on les rencontre pas dans les déserts), le Chat des montagnes chinoises (Felis bieti) habite dans les régions montagneuses et boisées entre la Mongolie et le centre de la Chine. Il se fait remarquer par sa fourrure longue et soyeuse, et par ses oreilles pendantes comme celles du Blaireau. Il sont un peu plus gros que les Chats domestiques. Aujourd'hui protégés en Chine, ils étaient jadis engraissés et mangés par les habitants du céleste Empire. Et c'était ce même animal qui était envoyé au Nord-Est de la Sibérie, dans le pays de Ghiliaques (population paléo-arctique), comme article d'échange et d'exportation. Les Mandchous, en faisaient  un commerce assez considérable : ils vendaient de jeunes matous aux Ghiliaques, sans jamais leur livrer de femelles; de cette façon, ils assuraient toujours un débouché à leurs produits. Les acheteurs échangeaient ces chats contre des fourrures de zibelines.

Le Chat à pattes noires (Felis nigripes). 
De couleur ocre, de taille comparable à celle du Chat domestique et d'un poids le plus souvent inférieur à 2 kg, le Chat à pattes noires (Felis nigripes) se rencontre dans les steppes d'Afrique australe. Il doit son nom à la couleur de la plante de ses pieds.

Le Chat des sables (Felis margarita).
Également de petite taille, mal connu, le Chat des sables, caractérisé par un pelage épais allant du jaune au gris, se rencontre dans plusieurs déserts : au Sahara, en Arabie, en Iran et en Asie centrale. Son régime alimentaire, outre les proies habituelles des petits Félidés (rongeurs, batraciens, oiseaux) comprend aussi certains serpents venimeux (vipères). (Brehm / Trouessart).

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