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L'histoire de l'Iran
Aperçu La Perse ancienne Les premiers siècles de l'Islam
Le temps des Qadjars L'Iran au XXe siècle La civilisation iranienne*
Il a existé très tôt en Iran plusieurs civilisations, en Elam ou au Laristan, contemporaines de celles de Mésopotamie ou de la Vallée de l'Indus. Mais l'histoire de ce pays ne commence à être bien connue qu'à partir du moment où se constitue le royaume Mède (vers le milieu du VIIIe siècle av.  J.-C), et surtout celui où les Perses de Cyrus, au VIe s. av. J.-C., fondent sur tout le plateau iranien un vaste empire. Avant cette époque, les annales de la Perse racontent une série d'événements qui donnent à la nation persane une antiquité exagérée; on y place la dynastie fabuleuse des Pichdadiens ou Kaiomariens, à laquelle succéda celle des Kaianiens ou Achéménides, d'où sortit Cyrus. Ce qu'il y a de certain, c'est que, pendant les bouleversements des empires d'Assyrie et de Médie, les Perses, restreints alors à la Perside (le Fars actuel), se maintinrent indépendants. Le mariage de Mandane, fille d'Astyage, roi des Mèdes, avec Cambyse roi des Perses, qui fut le père de Cyrus, prépara la réunion de la Perside et de la Médie, qui eut lieu après la mort de Cyaxare II (636); les victoires de Cyrus et ses conquêtes en Lydie, en Asie-Mineure, en Assyrie, créèrent le vaste empire des Perses. 

De 530 à 330 av. J.-C., cet empire grandit encore, s'augmente de l'Égypte, achève la conquête de l'Asie-Mineure, puis il entre en lutte avec la Grèce. Dans le Ve s. av. J.-C., les Guerres médiques commencent à l'ébranler; s'affaissant sous le poids de sa puissance même, l'empire médo-persan s'épuise à comprimer des révoltes, et finit par tomber sous les coups d'Alexandre. Après le règne éphémère de ce dernier (330-323), l'empire est démembré pour être partagé entre ses lieutenants; il devient en grande partie la possession des Séleucides. Mais presque aussitôt les rois parthes le leur disputent : profitant des guerres que se faisaient Antiochus Théos et Ptolémée Philadelphe, Arsace s'empara de la Parthie et y fonda l'empire des Arsacides, 256 av. J.-C. Finalement, après la ruine totale des Séleucides, dont les débris grossirent l'empire romain (64 av. J.-C.), l'ancien empire des Achéménides se trouva divisé en provinces romaines (à l'Ouest de l'Euphrate), royaume des Parthes ou des Arsacides (à l'Est), Arménie (vassale de Rome, et provinces au Nord des monts Paropamises (indépendantes ou soumises à des hordes sauvages souvent hostiles aux Romains).

En 226 après J.-C. commence la dynastie des Sassanides, qui renverse celle des Arsacides, réunit les possessions de l'ancien empire des Perses dans la Haute-Asie, et forme un second empire perse. Les Sassanides portent des coups terribles aux Romains, mais ils sont eux-mêmes renversés par les Arabes (652). Pendant la période du califat (652-1258), l'empire arabe englobe toute la Perse et le nom même de Perse disparaît pratiquement. Mais à partir du VIIIe s., cet empire perd successivement de ses provinces, non seulement à l'Ouest, mais aussi à l'Est. Les Tahérides, les Soffarides, les Samanides, les Bouides, les Ghaznévides (Les dynasties musulmanes au Moyen-âge). créent sur divers points  du territoire de la Perse, aux dépens des califes, des États indépendants; les Gourides (Les dynasties musulmanes au Moyen âge), les Seldjoukides (1037), puis Gengis-Khan (1235), assujettissent les califes à leur tutelle, jusqu'à ce qu'enfin Houlagou, héritier de Gengis-Khan, les renverse tout à fait et mette fin au califat (1258). 

La Perse ou Iran est alors soumise à des khans mongols ou turco-mongols issus les uns de Houlagou, les autres de Tamerlan; pendant le même temps, les Ilkhaniens (1336-1390) les Turkmènes du Mouton Noir (1407-1468), et enfin les Turkmènes du Mouton-Blanc (1468-1499) règnent sur divers points de l'Iran; mais nulle de ces maisons ne fonde une puissance vraiment durable. Vers 1500 apparaissent les Séfévides d'abord faibles. Ils sont forcés de céder, aux Turcs tout le pays à l'Est du Kerkah; mais, en 1587, Abbas le Grand, l'un d'eux, rétablit la monarchie : il bat les Turcs, leur reprend Tabriz, s'empare de la Géorgie et enlève Ormuz aux Portugais.

A partir du XVIIe siècle, une série d'invasions et d'usurpations, parmi lesquelles celle des Afghans en 1722 et du fameux Nadir, 1736-47, viennent déchirer le pays, qui finit par être démembré (1779). En 1794, Agha-Mohammed shah, prince Qadjar, met un terme à l'anarchie, et bientôt son fils Feth-Ali-shah reconstruit dans la partie occidentale de l'ancienne Perse l'empire d'Iran (1797); mais les guerres de ce prince avec la Russie ont encore fait perdre à la Perse une partie de son territoire : par le traité de Tourkmantchaï (1828), elle fut forcée de céder aux Russes les khanats d'Erivan et de Nakhitchevan. Néanmoins la dynastie des Qadjars, qui devait accepter en 1907 le partage de l'Iran entre la Russie et l'Angleterre, réussit à se maintenir sur le trône. Elle s'y maintient jusqu'en 1925, quand, un chef cosaque, Rhezâ Khan, déjà détenteur du pouvoir réel depuis 1921, s'empare officiellement du pouvoir et règne sous le nom de Rezâ Shah Pahlavi.

Rezâ Shah installe un pouvoir autoritaire et brutal, mais ménage à la fois les religieux et les Britanniques impliqués dans l'exploitation des ressources pétrolières, du moins jusqu'en 1941, quand, après s'être tourné vers l'Allemagne nazie, il est déposé à la suite de l'invasion du pays par des troupes soviéto-britanniques. Son fils, Mohammed Rezâh Pahlavi lui succède. Tout aussi répressif et sanguinaire que son père, mais plus habile, il parvient à se concilier le soutient des Occidentaux. En 1951, la nationalisation du secteur pétrolier par son premier ministre Mossadegh ouvre une période de crises, qui se dénouera par deux coups d'État organisés par la CIA en 1953. A partir de cette époque, l'influence du Royaume-Uni cède la place à celle des États-Unis, qui voient dans le régime du Shah un rempart contre l'Union Soviétique pendant la Guerre froide. Dans les années 1960, celui-ci engage une politique d'occidentalisation de l'Iran qui se heurtera vite, dans les campagnes, à une réaction des religieux conservateurs, parmi lesquels Ruhollah Khomeyni, d'abord emprisonné, puis expulsé d'Iran en 1964. 

La République islamique.
Le régime de Mohammed Rézâ finit par s'effondrer en 1978. Khomeyni revient de son exil et transforme, avec le clergé chiite, l'Iran en République islamique (1979). Pralallèlement, les relations américano-iraniennes se tendent lorsqu'un groupe d'étudiants iraniens s'emparent de l'ambassade des États-Unis à Téhéran en novembre 1979 et retiennent en otage le personnel de l'ambassade jusqu'à la mi-janvier 1981. Les États-Unis rompent leurs relations diplomatiques avec l'Iran en avril 1980.

En 1980 le pays est attaqué par l'Irak de Saddam Hussein et se trouve engagé dans une guerre qui ne s'achève qu'en 1988, un million de morts plus tard. Khomeyni, le Guide de la Révolution, meurt l'année suivante laissant un pays enlisé durablement dans l'immobilisme. 

Suite à l'élection du réformateur Hojjat al-Eslam Mohammad Khatami à la présidence en 1997 et d'un parlement réformiste en 2000, une campagne visant à favoriser la réforme politique en réponse au mécontentement populaire a été lancée. Le mouvement a échoué quand les politiciens conservateurs, soutenus par le guide suprême, des institutions d'autorité non élues comme le Conseil des gardiens, et les services de sécurité ont annulé et bloqué les mesures de réforme tout en augmentant la répression sécuritaire. En commençant par les élections municipales nationales en 2003 et en poursuivant jusqu'aux élections de parlement en 2004, les conservateurs ont rétabli leur contrôle sur les institutions gouvernementales élues de l'Iran. L'opération de reprise en main du pays par les conservateurs  a culminé avec l'investiture en août 2005 de l'extrémiste Mahmud Ahmadinejad à la présidence. A défaut d'apporter des solutions aux problèmes socio-économiques, celui-ci sait habilement exacerber les sentiments nationalistes de ses concitoyens (menaces à l'encontre d'Israël, programme d'enrichissement nucléaire). Sa réélection controversée en juin 2009 a déclenché dans tout le pays des protestations qui ont été rapidement réprimées. 

La détérioration des conditions économiques due principalement à la mauvaise gestion du gouvernement et aux sanctions internationales a provoqué au moins deux grandes manifestations en juillet et octobre 2012, mais la situation de la sécurité intérieure de l'Iran est restée stable. Les velléités d'indépendance du président Mahmud Ahmadinejad ont irrité les personnalités les plus haut placées du régime, à commencer par le guide suprême. Il s'est dès lors heurté à une opposition conservatrice pendant la dernière année de sa présidence et à une aliénation de ses partisans politiques. 

En juin 2013, les Iraniens ont élu à la présidence un religieux centriste, le Dr Hasan Fereidun Ruhani. Ce membre de longue date du régime a fait des promesses de réforme de la société et de la politique étrangère du pays. 

Désigné de longue date comme État parrain du terrorisme, l'Iran a fait l'objet de sanctions économiques et de contrôles des exportations par les États-Unis, l'ONU et l'Union Européenne. Par ailleurs, les inquiétudes internationales concernant d'éventuelles dimensions militaires du programme nucléaire iranien ont conduit à la négociation d'un accord sur le nucléaire iranien. Cet accord, conclu entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, plus l'Allemagne (P5+1) a été signé à Vienne le 14 juillet 2015, et prévoyait que l'Iran acceptait des restrictions sur son programme nucléaire en échange d'un allègement des sanctions. Cependant, lors de la présidence de Donald Trump, les États-Unis se sont retirés de l'accord (2018) et ont commencé à réimposer progressivement des sanctions à l'Iran, portant ainsi un coup à l'héritage de Ruhani et à l'économie iranienne. Les négociations pour rétablir l'accord ont commencé en 2021.
En février 2020, l'Iran a organisé des élections législatives et, en juin 2021, des élections présidentielles, dont est sorti vainqueur Ebrahim Raïsi, un religieux intransigeant avec une carrière de plusieurs décennies dans le système judiciaire iranien, mais avec une expérience en politique étrangère et en économie limitées

Au final, ces deux scrutins, ont abouti à une mainmise des conservateurs purs et durs sur toutes les institutions élues et non élues du régime.



François Heisbourg, Iran, le choix des armes?, Stock, 2007. - L’Iran va-t-il ou non gagner la partie de bras de fer avec l’Occident, en se dotant de l’arme nucléaire? La question est de première importance, non seulement en raison des déclarations du président Ahmaninejad et de l’idée d’une croisade anti-occidentale, mais aussi parce que ce serait l’avènement d’un monde nouveau où la possession de l’arme atomique serait la règle et non plus l’exception. Le livre s'articule ne plusieurs parties avec tout d'abord un état des lieux : - origine et motivations de la décision iranienne; - état actuel du programme balistique et atomique iranien; - poids des acteurs extérieurs et leurs intérêts, États-Unis, Israël, Chine Russie, Inde, Europe; - situation intérieure de l’Iran et luttes pour le pouvoir; - contexte stratégique régional, voisins arabes de l’Iran. Puis François Heisbourg examine les scénarios possibles : coopération, coercition ou confrontation, et si confrontation, de quelle nature? avec quelles conséquences prévisibles ou possibles?

Le livre a été écrit à mesure du déroulement des événements et paraît au moment où l’Assemblée des Nations Unies se réunit pour débattre de la question iranienne. (couv).

Yves Porter, Les Iraniens, histoire d'un peuple, Armand Colin, 2006. - On connaît la question posée par Montesquieu : "Comment peut-on être persan?" C'est pour y répondre que l'on tente ici de retracer "l'histoire d'un peuple", en écho au titre de la collection. Mais peut-on d'ailleurs parler d'"un" peuple? Si l'Iran est, étymologiquement, le "pays des Aryens", il constitue en réalité une mosaïque qui s'est formée sur une très longue durée, mêlant des religions et des groupes ethnolinguistiques différents. 

Ainsi, ceux qu'on appelle les Iraniens ne sont probablement pas apparus avant la fin du IIe ou le début du Ier millénaire avant J.-C. De même, le chiisme duodécimain, aujourd'hui à la base de la Constitution de la République islamique, ne s'est établi comme religion d'Etat qu'à partir du début du XVIe siècle. 

Après un rapide survol de la configuration physique du territoire, l'auteur retrace les principales étapes historiques de ce monde iranien aux multiples facettes. Parallèlement à l'histoire événementielle, quelques détours mettent en lumière des sites ou des monuments remarquables, des personnalités de l'art et de la culture des différentes époques. (couv.).

Shirin Ebadi, Iranienne et libre, La Découverte, 2006. - Avocate (elle fut la première femme iranienne à devenir avocate en 1975) et militante des droits de l'homme, Shirin Ebadi incarne aujourd'hui la résistance des femmes iraniennes au pouvoir autocratique du régime islamique de Téhéran. À ce titre, son action fut distinguée en 2003 par le comité d'Oslo qui, pour la première fois, attribua son prestigieux prix Nobel de la paix à une femme musulmane. Ce livre raconte une vie tout entière consacrée à la justice. C'est aussi le récit des combats d'une femme exceptionnelle contre l'obscurantisme religieux et l'oppression des femmes. (couv.).

 
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