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Les dents
Les dents sont des organes durs qui garnissent l'entrée des voies digestives (cavité buccale) chez les animaux, les bords des mâchoires exclusivement chez les mammifères, et sont destinés à déchirer ou à broyer les aliments. Leur aspect extérieur les a fait comparer à des os, d'où le nom d'ostéoïdes sous lequel on les a connues jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Mais nous savons aujourd'hui qu'elles diffèrent tout à fait des os et qu'elles sont invariablement, au point de vue de l'anatomie générale et de l'embryogénie, une dépendance du système tégumentaire. Elles se développent conséquemment aux dépens du feuillet externe du blastoderme et font partie du dermosquelette (exosquelette), au même titre que les écailles des poissons, les cuirasses des reptiles et les os de recouvrement du crâne.

Les dents chez l'humain

Les dents sont chez l'humain adulte au nombre de trente-deux, seize à chaque mâchoire; au nombre de vingt seulement chez le jeune enfant, dix à chaque mâchoire. Elles sont plantées côte à côte dans des cavités correspondantes des mâchoires appelées alvéoles, et non pas à l'aide d'un mode d'articulation spécial auquel les anciens auteurs ont donné le nom de gomphose, mais par l'intermédiaire du périoste alvéolo-dentaire. Dans leur ensemble elles décrivent deux arcades paraboliques correspondant à celles des mâchoires : ces arcades, l'une inférieure, l'autre supérieure, sont connues sous le nom d'arcades dentaires.

Les dents sont placées verticalement et présentent une partie libre, couronne de la dent, une partie implantée dans l'alvéole, racine de la dent; une partie légèrement rétrécie à l'union des deux autres, collet de la dent. Leur différence de forme les a fait diviser en trois classes : les incisives, les canines et les molaires (molaires proprement dites ou grosses molaires et petites molaires ou prémolaires). Les incisives, au nombre de quatre à chaque mâchoire, occupent la partie moyenne des arcades dentaires; elles sont caractérisées par une couronne taillée en bec de flûte, et une racine en forme de cône aplati latéralement. Les incisives supérieures sont plus volumineuses que les inférieures, surtout les deux centrales qui portent pour cela le nom de grandes incisives.


A, grosses molaires; B, petites molaires; 
C, canine; D, incisives.

Les canines sont au nombre de quatre, deux par chaque mâchoire. Situées dans le rang en dehors des incisives, elles se font remarquer par leur longueur, leur couronne conoïde ou pointue, par leur racine effilée, longue, et unique. Les molaires, au nombre. de vingt, dix par chaque mâchoire, sont placées en arrière des canines et occupent toute la partie postérieure du bord alvéolaire. On les divise en petites et grosses molaires. Les petites molaires, prémolaires ou bicuspidées (= avec deux pointes), sont au nombre de huit, quatre par chaque mâchoire, immédiatement placées derrière les canines. Leur couronne est irrégulièrement cylindrique et garnie de deux tubercules; leur racine est généralement unique, plus rarement bifide, mais porte souvent un sillon longitudinal qui est comme une tentative de division. Les grosses molaires, multicuspidées, sont au nombre de douze, six par chaque mâchoire, trois de chaque côté de chacun des deux maxillaires. Elles occupent la partie la plus reculée des arcades alvéolaires, en arrière des prémolaires. Leur couronne est cuboïde, armée de quatre tubercules qui sont disposés à chacun des angles de la couronne. Parfois il y en a cinq, d'autres fois trois seulement. Leur racine est le plus généralement double à la mâchoire inférieure, triple à la mâchoire supérieure, exceptionnellement quadruple et même quintuple. Chez les singes anthropoïdes, elles sont en série croissante, la dernière étant la plus volumineuse. Chez l'humain celle-ci porte le nom de dent de sagesse, à cause, sans doute, de son éruption tardive, et présente un aspect non douteux de dégradation.

Structure des dents.
Les dents se composent de deux parties : une portion corticale dure, et une portion centrale molle très riche en vaisseaux et en nerfs


a, couronne; b, émail;
c, e, ivoire; d, cavité contenant
la pulpe dentaire;
f, cément.

La portion dure, la dent proprement dite, est constituée par trois substances : l'une qui forme le corps de la couronne et de la racine, c'est l'ivoire; l'autre qui forme l'écorce de la couronne, c'est l'émail; la troisième qui forme un étui à la racine, c'est le cément.
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Dents. Dents.
On a enlevé la table externe des deux mâchoires pour montrer les dents dans leurs alvéoles. On a enlevé la table externe des deux mâchoires pour montrer les dents de la première et de la seconde dentition.

L'ivoire ou dentine est une substance blanc jaunâtre, plus dure que l'os. Elle se compose essentiellement d'une substance fondamentale, homogène, de nature collagène, infiltrée de sels calcaires et parcourue par de fins canalicules (canalicules dentaires) qui s'ouvrent dans la cavité dentaire d'une part, et se terminent de l'autre sous l'émail et le cément. 

L'émail constitue une mince coque à la couronne. C'est une substance translucide d'un blanc bleuâtre et extrêmement dure. A sa surface on trouve une sorte de vernis appelé cuticule de l'émail, inattaquable presque par tous les réactifs. L'émail est une production épithéliale solidifiée, constituée par des prismes à cinq ou six pans (prismes de l'émail) solidement unis les uns aux autres et implantés perpendiculairement sur l'ivoire. 
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Dents. Dents.
Les dents des deux mâchoires sont vues en avant, et l'on distingue surtout les quatre incisives et les deux canines de chacune. On voit les dents gauches de chaque mâchoire, et surtout les canines, les petites et les grosses molaires.

Le cément revêt toute la surface des racines; par sa face profonde il adhère intimement à l'ivoire, et par sa face externe il est assez fortement uni au périoste alvéolo-dentaire (c'est là le moyen d'union des dents aux alvéoles). Par sa constitution chimique et anatomique, le cément se rapproche beaucoup du tissu osseux. Il n'acquiert une grande importance que chez les herbivores où il s'amasse entre les molaires ou mâchelières pour en faire ce que l'on a appelé des dents composées.

La portion molle des dents appelée pulpe dentaire est constituée par du tissu conjonctif jeune, riche en vaisseaux et en nerfs. Cette pulpe est renfermée dans une cavité creusée au centre de la dent (cavité dentaire) et tient aux vaisseaux et nerfs dentaires par un pédicule vasculo-nerveux qui traverse la racine des dents. A sa surface on trouve une rangée de belles cellules prismatiques, appelées cellules de la dentine ou odontoblastes qui servent à fabriquer l'ivoire et dont les queues s'enfoncent dans les canalicules dentaires. Au demeurant, la pulpe dentaire n'est autre chose que le reste de la papille ou bulbe dentaire du foetus; elle s'atrophie peu à peu avec l'âge.
Quant au périoste alvéolo-dentaire, qui unit solidement les dents aux alvéoles, il n'est que le prolongement de la couche fibreuse qui double la gencive.

Développement des dents.
Au développement des dents prennent part l'ectoderme et le mésoderme sous la forme d'un bourgeon papillaire. Le premier phénomène qui se manifeste, c'est l'enfoncement dans l'épaisseur des mâchoires primitives de l'embryon d'une sorte de mur (mur dentaire) qui provient de l'épithélium de la muqueuse buccale. Ce mur, véritable végétation de la couche de Malpighi de l'épiderme, ne tarde pas à se festonner; chacun des festons s'allonge et prend la forme d'une massue (germe de l'émail). Puis le fond de ce bourgeon est refoulé, à la façon d'un fond de bouteille, par une papille mésodermique vasculaire (papille dentaire, organe de l'ivoire) qui s'élève de la profondeur du tissu conjonctif jeune des mâchoires. Déprimé par la papille dentaire, le germe de l'émail prend la forme d'une petite cloche et passe au rang d'organe de l'émail. Cet organe reste relié au mur dentaire par un pédicule (cordon suspenseur de l'organe de l'émail). De la base de l'organe de l'ivoire se dégage un sac fibreux (sac dentaire) qui s'élève peu à peu de façon à envelopper les formations précédentes, et va se relier à la muqueuse buccale (gubernaculum dentis). L'émail de la dent prend naissance aux dépens de la calotte proximale de l'organe de l'émail, c.-à-d. aux dépens de cellules épithéliales appelées adamantoblastes (membrane adamantine), dont chacune se transforme en prismes de l'émail. 

L'ivoire dérive de la papille ou bulbe dentaire, ou plus exactement d'une couche de belles cellules rangées à sa surface et que l'on a appelées odontoblastes (membrane de l'ivoire) qui élaborent peu à peu des couches de dentine qui se superposent et réduisent successivement d'autant la cavité dentaire primitive. Les restes de la papille formatrice de l'ivoire constitueront la pulpe dentaire de l'adulte.

Le cément radiculaire naît aux dépens d'une couche d'ostéoblastes qui se développent à la face profonde du sac dentaire; le cément coronaire des ruminants et pachydermes s'ossifie, au contraire, aux dépens d'un cartilage préexistant. Après l'éruption des dents la sac dentaire est devenu le périoste alvéolo-dentaire.

Les dents permanentes ou de remplacement naissent également comme nous venons de le dire, mais aux dépens d'un « germe » détaché du collet de l'organe de l'émail de la dent provisoire.

Dentition
Le remplacement des dents a lieu chez tous les vertébrés, à part les mammifères, pendant toute la vie. Chez ces derniers il ne se produit dans la règle qu'une seule fois. Or, comme d'autre part, chez certains mammifères (cétacés, cétodontes et édentés) les dents ne sont jamais remplacées, on a divisé les mammifères en monophyodontes et diphyodontes. Lorsque les dents sont toutes semblables, comme chez les cétodontes, on dit que la dentition est homodonte; dans le cas contraire elle est hétérodonte, et on distingue, les dents en incisives, canines et molaires. Cette disposition, comme le montre l'étude des dents de lait (relativement beaucoup plus semblables entre elles que les dents permanentes), n'a été acquise que secondairement.

La première dentition de l'humain, dents provisoires; ou dents de lait, comprend vingt dents dont la formule est :

i.4/4, c.2/2, p.4/4 = 20 dents.

où i désigne les incisives, c, les canines, et p les petites molaires; les chiffres séparés par un trait de fraction correspondant au nombre de dents implantées sur les mâchoires supérieure / inférieure. L'éruption de ces dents commence d'ordinaire vers le sixième mois qui suit la naissance et est généralement achevée vers la troisième année. Leur chute est liée à l'éruption des dents permanentes.

La seconde dentition, dents permanentes, comprend vingt dents de remplacement et douze nouvelles, les trois grosses molaires (m). La formule, qui est dès lors celle de la denture humaine, est donc :

i.4/4, c.2/2, p.4/4, m.6/6 = 32 dents.

Commencée vers la sixième année, cette dentition n'est guère complète qu'à douze ou treize ans; encore faut-il attendre la vingt-troisième ou vingt-quatrième année avant de voir paraître, la dernière molaire (dent de sagesse). Elle se distingue de la première par le volume plus grand et les caractères beaucoup plus tranchés des dents. Les dents sont le moule des mâchoires; au fur et à mesure elles se forment et grandissent, les mâchoires augmentent de volume. Leur nombre est proportionnel aux dimensions des mâchoires dont il détermine l'étendue et l'allongement progressif. 


1, 2, 3, 4, 5, dents de la première dentition ou dents de lait;
1' à 8' germes des dents de la seconde dentition ou dents permanentes.

Les dents chez les vertébrés

Tous les vertébrés, à part les agnathes (lamproies, myxines)), possèdent des mâchoires. Chez les poissons téléostéens, tous les os de la cavité buccale peuvent porter des dents; il en est de même de l'hyoïde et des arcs branchiaux ou os pharyngiens. Elles sont simples, disposées en carde ou en brosse, et affectent des formes variables (coniques, pointues, en crochet, aplaties). Les sélaciens possèdent une dentition redoutable; leurs dents sont disposées sur plusieurs rangées autour de l'ouverture de la bouche. Chez les batraciens le nombre des dents est ordinairement beaucoup plus réduit; certains urodèles (Batrachoseps attenuatus) cependant ont conservé la disposition propre aux poissons. Elles sont élargies à leur base, reposent sur un socle, et présentent, tantôt une, tantôt deux pointes. Chez certains amphibiens fossiles (labyrinthodontes) la dentine dessinait des rubans onduleux élégants. 

Dans les reptiles, les dents sont plantées, soit sur le bord libre du maxillaire inférieur (sauriens acrodontes), soit dans une gouttière creusée en dedans du maxillaire (sauriens pleurodontes, lacertiliens, scinques, etc.), et soudées à l'os; ailleurs elles sont implantées dans des alvéoles comme chez les crocodiles et de nombreuses formes fossiles (thécodontes). Les os du palais portent également des dents qui, toutes, ont une seule pointe, sauf celles des lacertiliens qui en ont deux. II est digne de remarque également que, chez plusieurs formes fossiles du trias (Hatteria, etc.), on observe déjà une dentition hétérodonte, c.-à-d. une différenciation des dents en incisives, canines et molaires. Chez les serpents venimeux, un nombre variable de dents de la mâchoire supérieure se transforment en dents venimeuses (crochets). Une seule de ces dents est solidement fixée à l'os de la mâchoire; elle porte un canal venimeux (outre la cavité dentaire) qui communique à sa base avec le conduit excréteur de la glande à venin et débouche à une petite distance de sa pointe.

Les oiseaux actuels, comme du reste ceux du tertiaire, n'ont pas de dents. Mais il n'en était pas de même des oiseaux des terrains secondaires. Les oiseaux fossiles de l'Amérique (odontornithes) avaient des dents qui étaient implantées, soit dans des alvéoles (ichthyornis), soit seulement dans des sillons (hesperornis), comme chez l'ichthyosaure.

C'est dans le groupe des mammifères que la différenciation des dents est poussée plus loin. La forme des dents, en effet, comme celle de l'articulation de la mâchoire, est en rapport avec le mode d'alimentation, de préhension et de broiement des aliments. Les différentes formes de dents doivent donc être considérées, ainsi que l'a fort bien établi Cope, comme les modifications d'une dentition simple, homodonte, qui doit avoir été composée primitivement de dents coniques toutes semblables. La canine serait donc l'archétype dentaire,  bien que cela n'ait pas empêché certains auteurs (Wiedersheim,par exemple) de regarder cette dent comme une prémolaire différenciée.

Les incisives dont les supérieures sont portées par l'os intermaxillaire ont une couronne en forme de ciseau; les canines coniques, pointues et plus ou moins recourbées; les molaires, à part celles des carnivores qui ont une couronne tranchante et qui, par conséquent, en se rapprochant ne broient pas les aliments, mais les déchirent comme feraient des ciseaux mal aiguisés, ont une couronne en plate-forme et garnie de tubercules. Les formes plus complexes que le cône (canine) peuvent se réduire par analyse anatomique en un nombre variable d'unités réunies par voie de coalescence. Quand l'émail et le cément ne forment qu'un étui de revêtement simple, on dit que ce sont des dents simples; quand parfois ces substances pénètrent plus profondément et remplissent des anfractuosités ou des sillons creusés dans la dentine, on dit qu'elles sont composées.

Quelle est la cause de la diversité de formes des dents? Si l'on veut bien se rappeler que le mode primitif de mouvement des mâchoires, tel qu'on l'observe chez les poissons, les batraciens, les reptiles, et aussi encore chez de nombreux mammifères, est simplement celui d'une charnière, on comprendra qu'à cette forme de mâchoire correspondit une dentition homodonte, composée de dents coniques et toutes pareilles. Avec le changement dans le genre d'alimentation les mouvements de mastication parurent le jour où les muscles ptérygoïdiens se différencièrent, et ces mouvements accompagnèrent la formation d'une denture hétérodonte et la transformation de l'articulation de la mâchoire. Lorsque, en outre, il s'est développé des lèvres et une langue préhensibles, qui permettent à l'animal de saisir et d'arracher sa nourriture sans l'aide des incisives, on vit disparaître l'importance de ces dernières dents. La denture d'un animal révèle son régime et ses moeurs; aussi les dents ont-elles joué un grand rôle dans toutes les classifications zoologiques. L'ornithorynque aujourd'hui privé de dents doit en avoir possédé jadis, car on a retrouvé (E. Poulton) l'ébauche de dents typiques de mammifères chez de jeunes sujets. Il en est de même des baleines dans les embryons desquelles on a retrouvé l'ébauche en voie d'atrophie des dents, et chez les ruminants qui possèdent dans leur jeune âge des germes d'incisives qu'ils n'auront jamais. 

Les dents des primates.
Par la structure, la conformation générale et le nombre de ses dents, comme par d'autres caractères anatomiques et génétiques, l'humain se rapproche beaucoup des singes. La formule dentaire est la même pour l'humain, pour les singes anthropoïdes et pour les autres singes catarhiniens (ou de l'ancien continent) : 4 incisives, 2 canines, 4 prémolaires et 6 molaires à chaque mâchoire. Les singes platyrhiniens (ou du nouveau continent) ont deux molaires en plus à chaque mâchoire. L'évolution embryonnaire, l'ordre de l'éruption des dents sont les mêmes chez l'humain et chez les singes, sauf que ces processus sont plus précoces et plus hâtifs chez les derniers que chez le premier (Magitot, Deniker). Il existe néanmoins des différences assez notables dans la forme, le volume et la disposition des dents sur l'arcade alvéolaire, entre l'humain et les autres simiiformes. Le volume des dents de l'humain, considéré par rapport à celui de son corps, est plus petit que chez les singes. Laissant de côté les incisives et les canines, le volume des molaires et des prémolaires de ces derniers animaux est plus considérable eu égard à la longueur de la partie faciale du crâne.

L'indice dentaire de Flower, c. -à-d, le rapport centésimal de la longueur totale de la rangée des molaires et des prémolaires à la longueur (= 100) de la ligne naso-basilaire (de l'épine nasale au point le plus avancé du trou occipital) est toujours plus grand chez les singes anthropoïdes que chez l'humain; chez ce dernier, il ne s'élève jamais au-dessus de 47,5, tandis qu'il est de 48 chez le chimpanzé, de 58 chez l'orang-outan, de 63 chez le gorille. Quant à l'arrangement des dents sur l'arcade alvéolaire, on observe ceci : chez l'humain, les dents sont en rang serré, forment une série continue sans saillie notable de l'une d'elles au-dessus du niveau commun; tandis que chez tous les singes on remarque un intervalle (diastème) entre les canines et les incisives latérales à la mâchoire supérieure, de même qu'entre les canines et les premières prémolaires à la mâchoire inférieure. Ces vides reçoivent à chaque mâchoire la partie saillante de la canine opposée. La différence dans les dimensions des canines, très marquée entre l'humain et le gorille, même à l'état embryonnaire, se trouve atténuée quand on compare les crânes de certains singes à petites canines (semnopithèques) et quelques crânes humains, assez rares, il est vrai, où existe le diastème simien ou une légère saillie de la canine par rapport aux autres dents (Broca).

La différence dans la forme des dents, si prononcée pour les canines, est moindre pour les incisives et les molaires; aux molaires elle se réduit à l'aspect plus pointu des tubercules chez les singes et au nombre de ces tubercules; sous ce dernier rapport l'Humain a, comme les singes anthropoïdes; cinq tubercules aux molaires inférieures, tandis que les singes catarhiniens n'en ont en général que quatre. Cette règle souffre cependant de nombreuses exceptions : très souvent le cinquième tubercule postero-externe manque aux deux dernières molaires chez l'Humain, et il existe au contraire régulièrement à la dernière molaire chez certains genres de singes catarhiniens (Cynocéphales, Semnopithèques). Quant à la dent de sagesse, chez certains singes catarhiniens (Cynocéphales, Semnopithèques) elle est pentacuspidée et plus grande que les molaires antérieures qui ne sont que quadricuspidées; tandis que chez certains autres, comme les cercopithèques, cette dont, tétracuspidée, est aussi plus petite que les deux premières molaires. Chez les anthropoïdes, la dent de sagesse est égale ou un peu plus petite que les autres molaires, et il en est ainsi chez l'humain en général, sauf les cas assez fréquents d'arrêt de développement de cette dent. Notons enfin que la forme de l'arcade dentaire est autre chez l'humain que chez le singe; chez le premier elle tend vers la forme elliptique ou parabolique; tandis que chez les seconds elle affecte la forme en U. (J. Deniker).



Emile Marseillier, Les Dents humaines : Morphologie, Dunod, 2004.

Alain Lautrou, Anatomie dentaire, Editions Masson, 2004/

Michel Montaud, Nos dents, une porte vers la santé : De l'équilibre buccal à l'équilibre global, Le Souffle d'Or, 2007.

Xavier Riaud, Dentistes Heroiques de la Seconde Guerre Mondiale, L'Harmattan, 2011.




Nombreux sites web, parmi lesquels : Dentiste InfoWebDent., AbcDents, Communication dentaire, Dental Espace.

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Dictionnaire Les mots du vivant
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