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Moyen Age > [ Europe latine / Arabes ] |
Les Sarrasins |
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Au Moyen
âge, on désignait sous le nom de Sarrasins les peuples musulmans
des bords de la mer Méditerranée![]() Lorsque les Arabes eurent conquis l'Espagne
sur les Wisigoths Narbonne devint dès lors la place d'armes des musulmans en France. Son port assurait leurs communications avec la mer, et sa forte position pouvait les rendre maîtres du pays. Alsamah se porta sur Toulouse; mais Eudes, duc d'Aquitaine, sauva sa capitale par une victoire où Alsamah fut tué. En vain les habitants du Languedoc essayèrent de reprendre Narbonne; une guerre à mort s'engagea, et elle durait encore, sans avoir amené de résultat, lorsque Ambissa, successeur d'AI-Samah, franchit les Pyrénées en 724. Carcassonne, Nîmes, tombèrent en son pouvoir, et « le vent de l'islam, dit un auteur arabe, commença dès lors à souffler de tous les côtés contre les chrétiens. »Toute la Septimanie, l'Albigeois, le Rouergue, le Gévaudan, le Velay, l'Auvergne méridionale, furent dévastés, incendiés, dépeuplés; puis de là les Sarrasins fondirent sur Lyon, qu'ils pillèrent en 732. Mâcon, Châlons, Beaune, Autun, la Franche-Comté, le Dauphiné, furent ravagés à leur tour, sans que Eudes, accablé, ou Charles Martel, en guerre avec la Germanie, opposassent la moindre résistance. Il fallait l'arrivée d'Abdérame (Abd-er-Rahman) au gouvernement de l'Espagne, et son projet de conquérir la Gaule tout entière, pour que la situation change. - ![]() La Bataille de Poitiers (25 octobre 732). Tavleau de Charles Steuben (1837). Abdérame avait rassemblé une armée (732); il prit sa route à travers l'Aragon et la Navarre, entra en France par les vallées de Bigorre et de Béarn, brûlant Oloron, Aire, Bazas, Bordeaux, Libourne, Poitiers. Il s'avançait sur Tours, attiré par les richesses de l'abbaye de Saint-Martin, lorsqu'il apprit l'arrivée de Charles Martel, accouru pour s'opposer « à cette tempête qui renversait tout, à ce glaive pour qui rien n'était sacré. »C'est entre Tours et Poitiers que se livra la bataille que l'historiographie officielle monta en épingle. Les Francs remportèrent la victoire et firent de cette victoire, qui n'avait rien de décisif - la poursuite des incursions sarrasines dans le Midi de la france pendant encore des siècle suffit à le prouver amplement -, un outil de propagande pour la monarchie franque. Quoi qu'il en soit, Abdérame avait été tué, et les Arabes s'étaient sauvés vers le Sud. Charles, satisfait de les avoir empêchés de traverser la Loire, rentra dans ses États, et joignit à son nom cette terrible épithète de Marteau, parce que « comme li martiaus débrise et froisse le fer et l'acier, et tous les autres métaux, aussi froissoit-il et brisoit-il par la bataille tous ses ennemis et toutes autres nations. »Mais en fuyant, les Sarrasins dévastèrent la Marche, le Limousin, et revinrent à Narbonne. Abdel-Malek, successeur d'Abdérame, résolut de reprendre l'offensive : « Tel qui fut vaincu hier, disait-il aux Arabes consternés, triomphe aujourd'hui. »Il attaqua les chrétiens du nord de l'Espagne, puis il rétablit la domination des Arabes dans la Septimanie et la Provence; secondé par quelques comtes goths avides de pouvoir, il prit Arles, Avignon; et, s'il n'eût éprouvé une défaite dans la Cantabrie, les Sarrasins seraient redevenus aussi redoutables qu'avant leur désastre de 732. Cependant ils prirent Valence, Vienne, Lyon, et attaquèrent la Bourgogne et le Piémont. Enfin, en 735, Charles Martel, allié avec Luitprand, roi des Lombards, envoya une armée contre eux. Childebrand son frère, qui la commandait, battit les Arabes, les chassa devant lui, et prit Avignon. Luitprand et Charles Martel s'avancèrent chacun à la tête, d'une armée. Charles marcha contre Narbonne, battit les Arabes sur les bords de la Berre; mais ne pouvant prendre Narbonne, il résolut de détruire les fortifications de toutes les villes de la Septimanie, afin de ne laisser aux Sarrasins d'autre place que Narbonne. Ce fut alors qu'on brûla les arènes de Nîmes. En 739, Charles Martel revint encore en Languedoc, fit occuper Marseille, et les Sarrasins de Narbonne n'osèrent plus s'avancer au delà du Rhône ![]() Ainsi la France était provisoirement délivrée
de la présence des Sarrasins. Ce ne fut qu'en
792
que le calife de Cordoue,
Hescham, résolut de reprendre la Septimanie, et leva une armée pour pénétrer
en France. En 793,
Charlemagne
étant occupé à faire la guerre aux Avars,
les Sarrasins passèrent les Pyrénées et se dirigèrent sur Narbonne,
impatients de reconquérir un boulevard où ils s'étaient maintenus si
longtemps. Guillaume, comte de Toulouse Après sa mort les Sarrasins recommencèrent
leurs courses. En 820, la Sardaigne
fut ravagée; vers 838, Marseille fut
livrée au pillage. La mort de Louis le Débonnaire,
et les guerres qui eurent lieu entre ses enfants, laissèrent aux Sarrasins
le champ libre; aussi les em bouchures du Rhône, puis Marseille en 848,
furent-elles dévastées; une armée partit d'Espagne s'avança en France,
et ne se retira que comblée de présents par Charles
le Chauve. En 869, les pirates
sarrasins firent une nouvelle invasion dans la Camargue. En
889,
ils s'établirent sur les côtes de Provence,
à Fraxi.et, dans le golfe de Saint-Tropez, et de ce point, leurs ravages
s'étendirent dans toute la vallée du Rhône, et jusqu'aux frontières
de l'Allemagne En 906,
les Sarrasins sortirent de ce repaire, et ravagèrent le Dauphiné et la
vallée de Suse. En 908,
des pirates africains saccagèrent les environs d'Aigues-Mortes.
En 920, les Arabes d'Espagne passèrent
les Pyrénées, et poussèrent jusqu'aux portes de Toulouse. Pendant ce
temps, les environs de Fraxinet se trouvaient entièrement dévastés;
Marseille, Aix, Sisteron, Gap,
Embrun, furent successivement pillées; la
Savoie, le Piémont
et la Suisse n'étaient pas, malgré les
Alpes En 940,
Fréjus
et Toulon furent prises : toute la contrée
fut dépeuplée. Le mal devint tel, que Hugues, comte de Provence, fit
alliance avec l'empereur grec pour prendre Fraxinet. En 942,
Hugues et les Grecs s'emparèrent, en effet,
de ce port si important; mais Hugues, apprenant que l'Italie,
qu'il convoitait, allait passer à son rival Bérenger, fit alliance avec
les Arabes et leur rendit Fraxinet pour pouvoir disposer de ses forces
contre son adversaire. Depuis lors, la puissance des Sarrasins alla toujours
croissant. Il n'entre pas dans notre sujet de parler ici de leurs invasions
en Italie; contentons-nous de dire qu'ils vinrent cent jusque sous les
murs de Grenoble, dont ils se rendirent
maîtres. Une victoire de Conrad, en 952,
fit chanceler leur puissance. En 960,
on leur enleva le mont Saint-Bernard, et les communications entre l'Italie,
l'Allemagne et la France Enfin, vint le moment de la délivrance Guillaume, comte de Provence, appela à lui tous les guerriers de la Provence, du bas Dauphiné et du comté de Nice, et résolut de prendre Fraxinet. D'abord les Sarrasins furent vaincus à Tourtour, près de Draguignan; puis, malgré leur résistance, obligés de fuir de Fraxinet. C'est vers 975 que la France fut enfin délivrée de ces terribles incursions. Ceux qui ne furent pas tués, devinrent serfs et se fondirent peu à peu dans la population. Il fallut bien que les Arabes se résignassent à regarder la France comme étant à l'abri de leurs atteintes. Ils s'en consolèrent en disant que « les Français, étant exclus d'avance du paradis, Dieu avait voulu les dédommager en ce monde par le don de pays riches et fertiles, où le figuier, le châtaignier et le pistachier étalent leurs fruits savoureux. »Il y eut bien encore depuis cette époque des attaques partielles : en 1019 ,contre Narbonne, en 1047, contre Lérins, etc.; mais ces attaques tiennent moins à l'histoire des invasions sarrasines proprement dites qu'à celle de la piraterie des Barbaresques, qui allait durer jusqu'au début du XIXe siècle. (elle furent, pour la France, l'un des motifs de la prise d'Alger en 1830). Les Sarrasins dans l'imaginaire populaire en FranceLe souvenir des Sarrasins a été longtemps, et est encore présent dans les traditions populaires; il a même absorbé le souvenir des Vikings et des Magyars (![]() ![]() Lorsque la lutte fut terminée avec les Sarrasins, elle se renouvela avec les Turcs, et ces nouveaux ennemis semblèrent devoir les rendre éternelles. Aussi, dans l'esprit des peuples, tout ennemi, tout barbare, tout pillard, fut-il du Nord ou de la Hongrie, était Sarrasin; et toute calamité était nécessairement attribuée aux Sarrasins; les romans de chevalerie ( ![]() « Il fut admis en principe que tous les exploits des paladins et des braves de l'âge héroïque de notre histoire avaient eu lieu contre les Sarrasins. Il ne s'agit plus que de multiplier les occasions où ces braves pourraient se signaler. Presque chaque ville du midi de la France fut censée avoir eu son émir et son prince sarrasin, ne fût-ce que pour ménager aux preux de la chrétienté le mérite de les déposséder. On fit même intervenir les Sarrasins dans les combats et les tournois des chrétiens, en un mot, dans tous les lieux de la terre où il y avait quelque laurier à cueillir. Il y a plus afin de relever la gloire des chevaliers chrétiens, qui naturellement finissaient par l'emporter, on rehaussa le caractère de quelques-uns des chevaliers sarrasins; on en fit des modèles de noblesse et de générosité; enfin, on ne reconnut de supérieur à leur courage, que le courage surhumain de Renaud et de Roland (Reynaud, Invasions des Sarrasins). »De façon plus générale, au Moyen âge, sarrasin, sarrasinois s'employait pour païen, romain; une tuile sarrasine était une tuile romaine; un monument sarrasinois était un tombeau antique. Castelsarrasin (Castel-Sarrazin) tirerait son nom de fortifications romaines et non arabes. (ED). |
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