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L'Espagne musulmane Al-Andalus |
Le
royaume
wisigothique |
Al-Andalus
L'Espagne musulmane |
Les
royaumes chrétiens
La Reconquista |
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Le comte Julien,
gouverneur de Ceuta, si l'on en croit les légendes,
poussa les Arabes à passer en Espagne
afin d'intervenir dans les luttes intestines auxquelles étaient alors
aux prises le pouvoir wisigothique (![]() ![]() ![]() ![]() Moûsâ, jaloux de la victoire de son lieutenant,
passa lui-même en Afrique avec une forte armée d'Arabes syriens des plus
grandes familles et donna à Tarik l'ordre de s'arrêter. Celui-ci n'en
tint pas compte; soit à l'instigation de Julien, soit par un juste sentiment
de la situation, il ne voulut pas laisser aux chrétiens le temps de se
reconnaître et, divisant son armée en trois corps, il poursuivit ses
rapides conquêtes. Ses lieutenants, en quelques semaines, prirent Ecija,
Malaga,
Cordoue
et lui-même occupa Tolède, au coeur de la péninsule, la résidence royale
des Wisigoths,
ou il trouva d'énormes richesses. Partout, ces Berbères trouvèrent peu
de résistance; des ordres formels les empêchaient de piller et rassuraient
les populations; Ã celles-ci on laissait le libre exercice de leur culte,
leurs biens, leurs magistrats, leur autonomie, moyennant un tribut qui
variait du cinquième au dixième des revenus et qui était moins lourd
que celui payé aux Goths; une garnison composée de juifs
du pays et de quelques musulmans devait suffire
à garder les villes dans la soumission. Moûsâ cependant avait débarqué
en avril 712, occupé Carmona, Séville
et bon nombre de villes entre le Guadalquivir En même temps, un fils de Moûsâ, Abd
el-Aziz, conquérait tout l'Est de la Bétique,
s'emparait de Lorca et forçait Theudemir, qui s'était retiré à Orihuela,
à se reconnaître tributaire des musulmans; au retour, il prit Baeza,
Jaen,
Antequera,
sans rencontrer de résistance. Moûsâ, qui s'était à peu près réconcilié
avec Tarik, le chargea alors de soumettre l'Est de la péninsule jusqu'Ã
l'Ebre, tandis que lui-même prenait par l'Ouest, par Salamanque et le
Duero; ils se rencontrèrent devant Saragosse,
que leurs armées réunies enlevèrent après un siège d'un mois, puis
occupèrent Huesca,
Calahorra,
Tarragone, Lérida, Barcelone, Gérone,
Rosas, Ampurias, Tortose, Murviedro. Valence,
Jativa, Denia tombèrent au pouvoir de Tarik, tandis que Moûsâ, partant
vers le centre et I'Ouest, allait jusqu'Ã Lugo, au milieu des montagnes
de la Galice. En moins d'un an, la conquête musulmane avait été ainsi
portée du détroit de Gibraltar L'épopée d'Abdérame Abd er-Rahmân,
ou Abdérame, l'un des chefs musulmans qui ramenèrent les débris de l'armée,
fut proclamé ouali par ses soldats, mais, peu après, il fut remplacé
par Amhasa, sous qui il garda d'ailleurs un commandement. Le nouveau ouali
voulut venger la défaite de Toulouse, prit d'assaut Carcassonne,
puis Lyon, dévasta les rives du Rhône et de la Saône, pilla Autun
et revint avec un riche butin; attaqué dans la retraite, il succomba Ã
ses blessures non loin de Narbonne. Quelques
chefs qui lui succédèrent furent peu habiles (Ozra ibn Abd AIlâh,
725,
Yahya ibn Salâma, 726, Hodeifa el-Keïsi,
727,
Othman ibn Aboû Neza, 727, El-Haïtham
el-Kilâbi, 728) et un envoyé extraordinaire
du calife confia le commandement à Abd er-Rahmân,
qui l'avait déjà exercé. Celui-ci, qui avait une grande réputation
de générosité et de bravoure, prépara non plus une simple course dans
la Gaule, mais une véritable conquête et fit prêcher le djihâd ou guerre
sainte dans tous les pays musulmans; de Syrie, d'Égypte,
d'Afrique accoururent à son appel et avec leurs bannières, d'innombrables
tribus; il franchit les Pyrénées, ravagea toute la Gascogne Les turbulences africaines Abd el-Malik, qui remplaça Abd
er-Rhamân, puis Oqba ibn el-Haddjadj essayèrent en vain de reprendre
l'avantage contre les Francs; il furent battus en plusieurs rencontres
et attaqués même par les chrétiens des montagnes d'Espagne, qui avaient
repris courage ( Alors éclatèrent de furieuses révoltes en Afrique, qui eurent leur répercussion en Espagne : Berbères et Arabes se livraient des combats acharnés; 20 000 de ces derniers, vaincus et misérables, passèrent de force en Espagne, mirent à mort Abd el-Malik, qui leur avait refusé des secours et proclamèrent ouali un d'entre eux, Baldj (743); un autre de leurs chefs ne voulut pas le reconnaître; les Berbères firent de même, ainsi que le gouverneur de Narbonne, Abd er-Rhamân ibn Alkama. Entre ces divers partis eut lieu une bataille sanglante à Calatrava, où Abd er-Rhamân tua Baldj de sa main et fut proclamé El-Mansoûr ( = le Victorieux) ; il se borna à rétablir l'autorité du ouali d'Afrique, tandis qu'un autre chef berbère, Tsaalaba, qui s'était séparé de Baldj, se faisait proclamer émir à Merida. Cependant les troubles d'Afrique avaient été un instant apaises et les Berbères vaincus. Le gouverneur de ce pays jugea utile de donner à ces hommes remuants et courageux un dérivatif, et il en envoya un grand nombre en Espagne avec le nouveau ouali, Aboû'l-Khatthar guerrier distingué et énergique. Aussitôt arrivé, celui-ci fit saisir
les chefs rebelles et fit tout rentrer dans l'ordre, puis ordonna de procéder
à un nouveau recensement des tribus et des terres vacantes, pour fixer
au sol ces éléments ethniques si mobiles. Les Yéménites et les Syriens
furent établis dans les villes, les autres Arabes dans l'Andalousie et
sur le littoral, les Berbères dans les régions de l'Ouest et du Nord.
Les terres données ne furent pas prises aux premiers musulmans, mais,
à ce qu'il semble, sur les Goths et sur ce royaume tributaire de Theudemir,
dont on ne trouve plus de traces depuis lors. Mais les chefs de parti,
parmi lesquels Someïl, furent mécontents, levèrent l'étendard de le
révolte et Aboû'l-Katthar fut tué en les combattant (745).
Thowâba, un des conjurés, fut ouali des provinces orientales et de Saragosse.
Leur administration fut si mauvaise que bientôt tous les chefs musulmans
se réunirent à Cordoue, décidèrent qu'ils
nommeraient un émir ayant autorité sur tous les gouverneurs et choisirent
pour remplir cette importante fonction Yoûsouf el-Fihrî, gouverneur de
la Septimanie (747).
Cet homme remarquable visita toutes les provinces, réforma les abus, fit
réparer les routes et les ponts, édifia de nombreuses
mosquées
et fit dresser des rôles de tous les peuples de l'Espagne. Le pays fut
réparti en cinq provinces : Andalos, Toleitola (Carthaginoise),
Merida (Lusitanie et Galice), Saraqosta
(Tarraconaise) , Arboûna (Septimanie). Il y avait quelques années que
Yoûsouf administrait sagement quand en Asie les Abbâssides
renversèrent les Omeyyades de Damas (750);
cette révolution eut son contrecoup en Espagne, où des guerres intestines
divisèrent et affaiblirent les Arabes; la puissance musulmane paraissait
même, en 756, menacée d'une ruine
prochaine, quand apparut Abd er-Rahmân ibn Moâwiya.
L'Espagne jusqu'alors n'avait été qu'une
province du ressort du gouverneur ou ouali d'Afrique; en fait, pourtant,
ses administrateurs, souvent élus par les soldats eux-mêmes, avaient
presque toujours agi avec une pleine indépendance; Yoûsouf ne correspondait
plus que rarement avec le calife. Un Omeyyade,
qui avait échappé au massacre de sa famille, qui avait eu de romanesques
aventures en Afrique Pendant un siècle entier, l'histoire
d'Espagne présente un retour continuel des mêmes événements : des
soulèvements de tribus ou de oualis des villes, des guerres saintes contre
les chrétiens qui ont fondé dans le Nord des royaumes chaque jour grandissants,
notamment ceux des Asturies et de Navarre
et le comté de Barcelone Le Califat de Cordoue Abd Allah, avant de mourir, avait fait
accepter pour lui succéder son petit-fils, Abd
er Rahmân III, qui montrait, quoique à peine âgé de vingt ans,
de merveilleuses qualités. Celui-ci prit peu de temps après le titre
d'imam - ![]() Monnaie d'or d'Abd er-Rahman III. En bas : Monnaie d'or d'El-Hakam. La décadence de l'Espagne musulmane On a vu que, même dans les siècles antérieurs,
au temps de la plus grande puissance des califes,
il y avait eu bien des discordes; au XIe
siècle, l'anarchie fut à son comble. Des émirs se proclamèrent
indépendants à Grenade, à Ronda,
à Algésiras, à Cazlona, à Carmona,
à Niebla, à Badajoz, à Moron, à Séville,
à Huelva, à Silves, dans l'Algarve, à Mertola, à Malaga,
à Tolède, à Almeria, Valence, Denia, Lorca, Murcie;
des révolutions de palais, des émeutes soldatesques, des batailles entre
les chefs et entre les diverses tribus, tel est le spectacle que présente
l'Espagne pendant tout ce siècle et dans le détail duquel l'histoire
générale se perd. Cependant, les chrétiens qui étaient intervenus dans
ces luttes et qui étaient eux-mêmes divisés avaient enfin résolu de
réunir leurs forces pour expulser les Arabes; Alphonse
VI, proclamé roi de Galice et de Castille, menaçait l'Andalousie;
les émirs, devant le danger commun, se rapprochèrent en 1085
et appelèrent à leur aide Yoûsouf ibn Tachfin, qui venait de conquérir
le Maroc avec ses tribus de Sahariens farouches, que l'on surnommait les
Almoravides,
les zélateurs de la foi. Il vint avec ses barbares, battit Alphonse VI
à la sanglante bataille de Zallâqa (1086)
et, rappelé par des inquiétudes au sujet de son fils, repassa le détroit
de Gibraltar Les chrétiens en son absence reprenant l'avantage, il revint en 1090, mais se vit mal soutenu par les chefs arabes, que dégoûtaient la sauvagerie et la cupidité de ses bandes; il fit alors venir des renforts d'Afrique, combattit l'un après l'autre les émirs et se rendit maître de toute l'Espagne. Yoûsouf vint encore deux fois en ce pays, en 1097 et en 1103, et fit alors reconnaître son fils Ali pour émir, acceptant toutefois la suprématie religieuse des califes abbâsides de Bagdad. Son frère Tamîm, reprit la guerre contre les chrétiens, mais ne put s'opposer aux conquêtes d'Alphonse Il, d'Aragon. Les musulmans d'Afrique étaient d'ailleurs en ce moment occupés par des dissensions intestines. La secte des Almohades menaçait au Maroc la puissance almoravide; en 1140, leurs partisans étaient déjà assez nombreux dans l'Espagne même et en 1146 leur chef, l'illustre Abd el-Moûmin, envoya une armée de ses Berbères prendre possession de ce pays; il y vint lui-même en 1160 et repoussa les chrétiens. Sous son fils, Yoûsouf (1163-1184),
les musulmans d'Espagne sont de nouveau réunis, mais ils ne peuvent arrêter
les progrès des rois de Castille et d'Aragon;
Yaqoûb el-Mansoùr, son successeur (1184-1199),
remporte sur eux la grande victoire d'Alarcos (1195)
et les force pour quelques années à renoncer à leurs entreprises. Son
fils Mohammed Aboû-Abd Allâh est moins heureux et battu à Las
Navas de Tolos Quand les Rois Catholiques, en 1481, commencèrent, ou plutôt recommencèrent la lutte contre le royaume de Grenade, celui-ci se trouvait, par suite de déplorables dissensions intestines, dans une profonde décadence. Sans doute, les émirs de Grenade affectaient-ils encore de tenir un langage fier et parfois arrogant, mais en réalité ils étaient incapables de conformer leurs actes à leurs paroles et de résister victorieusement à une attaque un peu prolongée des armées chrétiennes qui les pressaient au Nord et à l'Est. C'est ce que comprenaient parfaitement Ferdinand et Isabelle. Patiemment, méthodiquement, sous prétexte de venir en aide à Abou-Abdallah - le Boabdil des Espagnols - à qui son oncle Abdallah ez- Zagal ( = le Vaillant) disputait le trône de Grenade, ils « mangèrent la grenade grain à grain », s'emparant de toutes les villes du royaume entre 1481 et 1491; puis ils vinrent ensuite mettre le siège devant la capitale de Boabdil, que rien ne couvrait plus contre les attaques espagnoles. On sait quelle opiniâtre résistance opposèrent aux assaillants les Maures groupés autour de leur émir, qui avait proclamé le djihâd. Mais, de leur côté, les Espagnols ne voulaient plus de la présence des Maures sur le sol de la Péninsule et avaient juré d'en finir avec Grenade; la construction de la ville improvisée de Santa-Fé dans la plaine, face aux remparts de la capitale assiégée, témoigna de leur résolution, qui reçut sa récompense le jour où, après neuf mois de siège (26 avril 1491 - 2 janvier 1492), Boabdil ouvrit les portes de sa ville aux soldats d'Isabelle et leur livra en pleurant Grenade, qu'il s'était montré incapable de défendre. (G. Pawlowski / HGP). |
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