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Châlons-en-Champagne
Châlons-en-Champagne (Châlons-sur-Marne, jusqu'en 1998), Catalauni, Duro-Catalaunum est une ville de France, le chef-lieu du département de la Marne et de la région Grand-Est, comme elle a été la capitale de la l'ancienne province de Champagne (à partir de 1589), sur la rive droite de la Marne, à 156 kilomètres à l'Est de Paris; population : 47 300 habitants. 

Trois petits cours d'eau, navigables, traversent la ville : le canal latéral, le Mau et le Nau. Le canal latéral, où coule la Moivre dérivée, occupe l'ancien lit de la Marne, dont le cours a été rectifié en 1771, pour éviter de fréquentes inondations. Les larges bassins établis sur ce canal, à droite et à gauche de la porte de Marne, forment le port de Châlons, dont le commerce consiste en briques et pierres, bois et planches, charbon, etc. Un barrage établi en 1865 permet de maintenir en tout temps un niveau d'eau suffisant.

Belle cathédrale, bel hôtel de ville, jardin botanique, belle promenade du Jard, beau pont de pierre. Lieu de naissance de Perrot d'Ablancourt, de Claude d'Espence, etc. Il s'y tint plusieurs conciles. Saint Bernard y prêcha la croisade en 1147. Au Petit-Fagnières, dans le sol crayeux du mont Saint-Michel ou mont Chaillot, sont creusées d'immenses caves, établies dans la première moitié du XIXe siècle par un grand propriétaire de vignes, Jacquesson. 

Les armes de Châlons sont  : d'azur à la croix d'or cantonnée de quatre fleurs de
lis d'or.

Histoire.
Comprise dans la seconde Belgique, sous la domination romaine, Châlons était déjà une cité de quelque importance lorsque saint Memmie, vers le IIIe siècle, y vint prêcher le christianisme et s'en fit le premier évêque. La position de Châlons sur la route de Gaule en Germanie attira souvent des armées étrangères sous ses murailles, et les plaines qui l'entourent furent plusieurs fois le théâtre de sanglants combats. En 273, Aurélien y défit Tétricus, son compétiteur à l'Empire; en 394, Jovin, général de Valentinien, y tailla en pièces une armée germaine; enfin, une tradition persistante, mais contestée, place aux environs de Châlons, sur le territoire de la Cheppe, la rencontre décisive dans laquelle les forces réunies d'Aétius, de Mérovée et de Théodoric triomphèrent, en 451, de l'invasion d'Attila ( Les Champs Catalauniques). 

Dès le règne de Lothaire, l'indépendance de Châlons fut reconnue et sa garde confiée aux évêques (963), qui jouirent dès lors des plus hautes prérogatives. Au titre de comtes, ils joignirent plus tard la dignité de pairs du royaume. L'évêque de Châlons était le cinquième des pairs ecclésiastiques et le second des évêques-comtes; dans la cérémonie du sacre, il portait l'anneau royal. Le comté de Châlons fut rattaché ait domaine de la couronne par le roi Jean, en 1360. 

Cette ville, où saint Bernard avait prêché la croisade en 1147, devant Louis VII et le pape Eugène III, venu pour la consécration solennelle de la nouvelle cathédrale, soumise d'abord à la domination étrangère en 1422, repoussa ensuite victorieusement, par deux forts, l'attaque des Anglais, en 1429 et 1431. Au siècle suivant, lors des troubles de la Ligue, Châlons demeura toujours fidèle à la cause royale et fut reconnue, par l'édit du 27 mars 1589, comme « la principale cité de la Champagne ». Peu de temps après, Henri III y transférait coup sur coup la monnaie de Troyes, le présidial et le grenier à sel de Vitry, et une chambre du parlement de Paris ayant pour ressort le Vermandois, la Brie, la Champagne et la Picardie. La création des intendants de provinces, en mai 1635, acheva de faire de Châlons le centre administratif de la généralité de Champagne.

Dans cette ville s'accomplirent, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs mariages princiers : le 16 novembre 1671, celui de Philippe d'Orléans, frère du roi, avec Charlotte-Elisabeth de Bavière, princesse palatine; le 8 mars 1680, celui du grand Dauphin avec la princesse  Marie-Anne-Christine de Bavière, célébré en présence de Louis XIV; le 18 juillet 1724, celui de Louis d'Orléans, fils du Régent, avec Auguste-Marie-Jeanne, princesse de Bade; enfin, le 23 juin 1728, celui de Louis-Henri de Bourbon-Condé avec Charlotte, princesse de Hesse-Rheinfels : ces deux dernières unions furent bénies à Sarry, maison de campagne de l'évêque, située aux portes de la ville.

En 1790, l'Assemblée constituante établit à Châlons l'administration centrale du département de la Marne, et ce fut dans ce chef-lieu qu'affluèrent, pendant la campagne de 1792, les volontaires accourus de tous les points de la France pour la défense des frontières. Napoléon, en 1814, y fixa également son quartier général; la ville fut bombardée et livrée au pillage par les troupes alliées. L'évêché de Châlons, supprimé en 1790, fut rétabli en 1822 et rendu à la métropole de Reims. Sous le second Empire, la création d'un vaste camp de manoeuvres à Mourmelon contribua puissamment à donner une animation nouvelle à la ville, qui a beaucoup prospéré depuis.
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Ils sont nés à Châlons...

Parmi les personnalités remarquables auxquels Châlons a donné naissance, on peut citer : les deux Martin Akakia, père et fils, savants humanistes, médecins de François Ier et de Henri III, morts en 1551 et 1588; le peintre-verrier Claude Henriet, 1540-1603; les ingénieurs topographes Claude de Chastillon, 1547-1616 et Nicolas de Chastillon, 1551-1620; le graveur Hugues Picart, 1587-1653; l'architecte Edme Moreau, 1580-1660; le théologien protestant David Blondel, 1591-1655; les médecins Richer de Belval, 1588-1629 et Sébastien Rainssant, 1598-1663; les bénédictins Pierre du Molinet, 1618-1700, Claude du Molinet, 1620-1687 et Claude de l'Hospital, 1641-1699; les académiciens Perrot d'Ablancourt, 1606-1664 et Lefèvre de Caumartin, 1668-1735; l'historien Baugier, sieur de Breuvery, auteur des Mémoires historiques sur la province de Champagne, 1644-1728; le peintre et botaniste Claude Aubryet, 1665-1742; le chimiste Pierre Bayen, 1725-1798, Papillon de la Ferté, intendant des menus-plaisirs du roi, 1727-1794; les graveurs Joseph Varin, 1740-1800 et Charles Varin, 1741-1812; les généraux Camus, 1760-1813, Collet, 1751-1805, Compère, 1774-1812, Féry, 1757-1809, Herbillon, 1794-1866, et Lochet, tué à Eylau en 1807; le chansonnier populaire Joseph Hermant, dit Mitaine, 1815-1858, etc.

Monuments.
Châlons possède un certain nombre de monuments intéressants, et notamment cinq églises, toutes remarquables au point de vue archéologique. 

La cathédrale Saint-Etienne.
Cette église, placée sous l'invocation de Saint-Étienne, martyr, fut consacrée en 1147, après sept années de travaux, par le pape Eugène III, et saint Bernard prononça un discours dans cette solennité. Incendiée par la foudre en 1230, il n'en resta que quelques parties, faciles à reconnaître encore aujourd'hui. L'édifice fut bientôt reconstruit. Puis, afin de l'agrandir, on fit disparaître le grand portail, qui était parfaitement en rapport avec le reste du monument, et qu'on remplaça, en 1628, par la façade actuelle de style gréco-romain, lourde et disgracieuse. Le portail nord du transept (XIIIe siècle) présente un porche profond peuplé de statuettes avec tympan sculpté; le portail sud a été reconstruit dans le même style, en 1850, par l'architecte municipal, Granrut. 

Une belle flèche en bois, qui surmontait la tour du Nord, fut incendiée en 1668; un ouragan, en 1769, bouleversa la rosace du portail méridional : en 1821, il fallut détruire les deux clochers, pour prévenir quelque grand accident. Les flèches eu pierre, élevées depuis cette époque, ne méritent pas leur réputation de légèreté et d'élégance; on y voit un mélange de formes antiques et de formes gothiques, et une ornementation grossière. La cathédrale de Châlons, si rudement éprouvée, n'offre donc pas au dehors, malgré un certain air de grandeur, un aspect satisfaisant : les contreforts n'ont pas la hardiesse, la symétrie que présentent beaucoup d'autres monuments gothiques; le portail septentrional a été cruellement mutilé en 1793, et ne se distingue plus guère que par la richesse de sa rosace et par la tour romano-byzantine qui en est voisine. 
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La cathédrale Saint-Etienne, à Châlons-en-Champagne.

Le plan de l'édifice est en forme de croix latine, à trois nefs, avec déambulatoires. Comme à Reims et à Metz, le transept est plus rapproché de l'abside que dans les autres églises gothiques; en sorte que l'abside est entièrement occupée par le sanctuaire, et que le choeur s'étend sur la croisée et même sur la grande nef. Le maître-autel, un des plus beaux de France, a été exécuté sur les dessins de Mansard : six colonnes de marbre supportent le baldaquin. La grille, qui entoure le choeur ne date que de 1827. La Révolution a détruit un très beau jubé. Autour de l'ab side, on remarque trois magnifiques chapelles du XIVe siècle. 

Les chapelles des collatéraux, au contraire, sont petites, mal disposées, et portent l'empreinte d'un art en déclin. La grande nef, formée de 10 travées, est majestueuse : une particularité des 18 piliers ronds qui la soutiennent, c'est que leur base appendiculée indique un âge plus reculé que leur chapiteau à crochets ou à feuilles découpées; leur partie supérieure aura été refaite après l'une des catastrophes dont le monument fut victime. Les verrières de la cathédrale de Châlons ont péri pour la plupart; il en reste cependant de belles qui datent des XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. On note aussi de nombreuses et magnifiques dalles tumulaires des XIIIe et XIVe siècles, en partie relevées le long des murs, ainsi qu'un curieux tableau du XVe siècle, malheureusement retouché, figurant la consécration de l'église primitive, en 1147, par le pape Eugène III.

Voici les dimensions de l'édifice : longueur, 90,40 m; largeur des nefs, 28,60 m; largeur au transept, 40,70 m; hauteur de la grande nef sous clef de voûte, 27,8 m; hauteur des collatéraux, 16,23 m; hauteur des flèches, 63 m. 

L'église Notre-Dame-en-Vaux.
L'église N.-D.-en-Vaux (mon, hist.), bâtie en bois par saint Alpin au Ve siècle, reconstruite de 1158 à 1322, a été complètement restaurée au XIXe s. par l'architecte Lassus. Elle est flanquée de quatre tours romanes et gothiques, dont les deux principales sont surmontées de flèches de 65,30 m de hauteur, l'une du XIVe siècle, l'autre moderne. Le transept et l'abside sont richement décorés de sculptures à l'extérieur, et la façade principale offre un grand portail roman à triple entrée; mais l'on pénètre dans l'église par le portail sud (XIIIe siècle) dont l'abondante ornementation a été affreusement mutilée en 1793. L'intérieur a 67,60 m de long sur 20,75 m de hauteur. Le choeur, le transept, les chapelles et le déambulatoire remontent au XIIe siècle. La grande nef date du XIIIe, ainsi que les bas côtés, dont les fenêtres ont été refaites au XIVe. Tout autour de l'édifice règne un élégant triforium, à arcades en tiers-point dans la nef, à arcades trilobées dans le choeur. Notre-Dame a conservé de magnifiques verrières des XIIe, XVe et XVIe siècles et de nombreuses dalles tumulaires à personnages (XIIIe, XIVe et XVIe siècles) dont plusieurs ont été soigneusement redressées contre les parois des bas-côtés.
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Châlons en Champagne : l'église Notre-Dame.
L'église Notre-Dame-en-Vaux.

L'église Saint-Jean.
L'église St Jean (mon. hist.) a une nef romane; le choeur, restauré en 1603, date des XIIIe et XIVe siècles, sauf la chapelle des arbalétriers qui est du XVe, et la tour du clocher, élevée au siècle suivant. Elle renferme de beaux vitraux (XVe siècle) et des tombes anciennes.

L'église Saint-Loup.
L'église St-Loup, bâtie vers 1559 et fort habilement réparée au XIXe s., conserve un remarquable triptyque flamand du XVIe siècle et une curieuse statue colossale de saint Christophe, en bois peint, contemporaine de l'édifice.

L'église Saint-Alpin.
L'église St-Alpin (mon. hist.), construite d'un seul jet vers 1136, restaurée et complétée aux XVe et XVIe siècles, possède également de merveilleux vitraux de la Renaissance et un curieux pavage de tombes gravées se rapportant à une période de cinq siècles. 
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Châlons en Champagne : l'église Saint-Alpin
L'église Saint-Alpin.

La chapelle sainte-Pudentienne
La chapelle Ste-Pudentienne, dans le faubourg de Marne, a été reconstruite après la Révolution; elle est encore aujourd'hui l'objet d'un pèlerinage. 

Les autres monuments.
Les monuments modernes présentent encore quelque intérêt. Ce sont : l'hôtel de ville, construit en 1771 à la place d'un charmant édifice de la Renaissance; la préfecture, dans l'ancien hôtel de l'intendance, immense palais bâti de 1759 à 1764; le dépôt des Archives départementales, fort importantes, spécialement aménagé en 1866 ; le palais de justice; le théâtre (1771); le collège, ancien établissement des jésuites (XVIIe siècle); etc. 

Châlons compte également quelques maisons des XVIe et XVIIe siècles, ornées de tourelles, de porches et de fenêtres sculptés; nous citerons celles de la rue Grande-Etape et l'ancien Bureau des finances, rue d'Orfeuil. La plupart des maisons de la ville étaient autrefois construites en pisé et en plâtre mêlé de pierres légères, et soutenues par des poutres apparentes dessinant de bizarres configurations sur la façade, dont le premier et souvent unique étage surplombe d'ordinaire sur la rue : mode de construction a longtemps perduré dans toute la Champagne. A signaler aussi le Jard, un vaste parc créé en 1817; la place du Maréchal Foch et celle de la République, décorée d'une fontaine monumentale en fonte, dont les statues personnifient la Marne, la Seine et l'Aube.

Le Musée, logé à l'hôtel de ville dans les salles du premier étage, renferme quelques belles toiles de Van Eyck, Holbein, Rembrandt, Daubigny, etc., un portrait de Diane de Poitiers, attribué au Primatice ; les oeuvres diverses de peintres, dessinateurs et graveurs châlonnais, Barbat, Naulet, Picart et les Varin, qui comptent quatre générations d'artistes remarquables; des collections d'histoire naturelle, etc. La Bibliothèque, enrichie en 1882 par le legs Garinet (33,000 volumes), comprend notamment de précieux manuscrits historiques et littéraires, une Bible sur vélin XIIIe siècle, et le Roman de la Rose, du XIVe.

Autour de Châlons.
Aux portes de Châlons, le village de Saint-Memmie, qui forme un des faubourgs,
rappelle l'antique abbaye élevée jadis près de la sépulture du saint évêque. L'emplacement en est occupé par les bâtiments du petit séminaire diocésain et par une jolie église moderne où l'on voit, sous le tombeau moderne de saint Memmie, la pierre, tombale en relief (XIe siècle) de l'ancienne sépulture, ainsi que de superbes dalles funéraires (XIIIe siècle) provenant de l'ancienne église, notamment celle d'un cavalier en costume de chasse, le faucon au poing, accompagné de sa meute. 

Un peu plus loin, à 8 km, en direction de l'Est-Nord-Est se trouve l'église Notre-Dame de l'Epine, impressionante église gothique du XVe s., comme isolée dans un petit village de la plaine champenoise.

Plus au Nord, La Cheppe (15 km de Châlons) et l'un des sites supposés des champs Catalauniques, le cimetière du mont Frenet (où sont enterrées des victimes principalement de la Première guerre mondiale) et le camp militaire de Mourmelon. (A. Tausserat).

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Dictionnaire Villes et monuments
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