| Calife ou khalife (transcription européenne du mot khalifa = vicaire, lieutenant; de la racine arabe khalafa = laisser derrière soi comme successeur) est le titre que prirent, après la mort de Mohammed (Mahomet), les membres de sa famille qui régnèrent sur les musulmans. Mohammed ne prit jamais d'autre titre que celui d' « envoyé de Dieu » (rasoul ou mursel). Ses successeurs, pour mieux affirmer que leur autorité spirituelle était le principe de toute autorité temporelle, se contentèrent du titre de « successeur de l'envoyé d'Allah » (khalifa rasoul Allah), qui fut abrégé en khalifa. Son second successeur, Omar, reçut encore le titre d'émir-al-moumenin (chef des croyants). Les califes furent d'abord élus mais, dès la fin du Ier siècle de l'hégire, Moaviah abolit l'élection et rendit le califat héréditaire dans sa famille. Ils perdirent toute puissance temporelle depuis la création de l'Emir-al-omrah (935). Il y eut pourtant des califes jusqu'en 1516; en cette année, le sultan ottoman Sélim se fit céder le califat par le dernier abbasside, Motawakkel. Le califat. On donne le nom de califat (khalifat) à la dignité de calife ou à l'exercice de l'autorité dévolue au calife. Le califat est également le territoire soumis au calife et, partant, l'entité politique considérée dans sa durée ainsi définie. On distingue trois grands califats : 1° celui d'Orient, dont le siège fut à La Mecque jusqu'à la mort d'Ali, puis à Damas sous la famille des Omeyyades, et à Bagdad sous celle des Abbassides; il dura 626 ans (632-1258); 2° celui de Cordoue, fondé en 756 par Abdérame (Abd-el-Rahman), de la famille des Omeyyades, et démembré en 1031; 3° celui d'Égypte ou des Fatimides, qui fut fondé en 909 par Obeidollah, descendant supposé de Fatima, fille du prophète, et qui fut renversé en 1171 par Saladin. Le calife, successeur de Mahomet, était, comme lui, le chef de tous les musulmans, et il devait convertir tous les habitants de la Terre à la foi de l'islam. Tel fut, en effet, le but des efforts des premiers califes, qui eurent bientôt subjugué la plus grande partie de l'empire des Sassanides et de l'Empire byzantin. Cette brillante situation ne dura pas longtemps : au lendemain même de la mort du Prophète, la discorde éclata dans sa famille à l'occasion du choix de son successeur, et Ali protesta contre l'élection d'Abou-Bekr. Son califat (650) et celui de son fils Hassan (661) furent troublés par des révoltes de tout genre, et avec eux se termina la courte dynastie des califes orthodoxes. C'est de là que provinrent le schisme persan (Les Chiites), l'hérésie des Fatimides d'Afrique, des Ismaëliens, et tant d'autres sectes hétérodoxes, sans parler des luttes par lesquelles les descendants d'Ali cherchèrent à reconquérir le trône du califat; ainsi fut détruite, dès les premiers jours, l'unité de l'Empire musulman. De plus, il n'était pas aisé de maintenir l'ordre dans un empire qui n'avait d'autre homogénéité que celle d'une religion imposée par la force, et qui ne s'était établi qu'on broyant toutes les nationalités et en supprimant les anciennes croyances. Aussi voit-on, dès le règne de Mamoun, fils d'Haroun-al-Raschid, un général se rendre indépendant en Perse (820). Sous le règne d'El-Motamed-Billah, se fondent deux nouvelles dynasties indépendantes : celle des Saffarides en Perse (873), et celle des Toulounides en Egypte (889) (Les dynasties musulmanes au Moyen-âge). A l'époque de Radi-Billah (934), l'autorité du calife n'était plus guère reconnue qu'à Bagdad et dans son voisinage immédiat. Sous le règne de ses successeurs, les Bouides de Perse étaient plus maîtres dans la capitale que le calife. Cette dynastie fut détruite en 1055 de notre ère par le Seldjoukide Toghrul-Beg; mais le calife ne fit que changer de maître, car Toghrul le força à le couronner comme sultan. Du califat au sultanat. L'institution du sultanat est intimement liée à l'existence du califat; dans les premiers siècles de l'hégire, le calife était souverain temporel, en même temps que souverain spirituel. Par suite de révoltes, le pouvoir temporel du calife diminua de jour en jour, laissant intact son pouvoir spirituel. C'est alors que, pour cacher cette décadence, les califes imaginèrent de confier leurs intérêts temporels, dans les parties menacées de leur empire, à des hommes qui leur paraissaient propres à les défendre. Ce furent, tout naturellement, les chefs des insurrections qui reçurent l'investiture du calife, et c'est ainsi que se fondèrent les dynasties des Bouiides, des Ghaznévides, etc. Toghrul-Beg arriva à une époque où le califat était divisé outre plusieurs de ces souverains; aussi, pour bien marquer qu il en faisait leur chef, le calife Kaïm lui donna le titre de « grand sultan » (sultan el aazem), que conservèrent les Seldjoukides de Roum. A leur tour, pour se décharger d'une partie du pouvoir, les « grands sultans» de la dynastie seldjoukide déléguèrent une partie de leur autorité à des officiers, comme l'atabek Imad-ed-Din-Zangi, fils d'Ak-Sonkor, gouverneur de Bagdad, puis de la Mésopotamie. Son fils Nour-ed-Din devint prince d'Alep et nomma Saladin son lieutenant en Egypte. C'est ainsi que la dignité sultanienne passa des Seldjoukides aux Atabeks, des Atabeks aux Ayyoubites, puis aux Mamelouks. Les Seldjoukides tinrent le califat dans la plus étroite dépendance, et il n'était plus que l'ombre de lui-même quand apparurent les Mongols envoyés par Mangou à la conquête de l'Occident. Le dernier calife périt par ordre d'Houlagou, et la chute de la puissance califale fit passer an premier rang la puissance sultanienne qui en dépendait primitivement. Malgré cela, les Mamelouks d'Egypte nommèrent calife un descendant éloigné de la famille abbasside, mais, comme dit Makrizi « il n'avait aucune autorité, et n'avait le droit doedire son avis sur rien. » (NLI). Liste des califes : Califes d'Orient Aboubekr, 632 Omar, 634 Othman, 644 Ali, 656 Hassan, 661 Moawiah I, tige des Omeyyades, 661 Yézid I, 680 Moawiah II, 683 Merwan I, 684 Abdel-Malek, 685 Walid I, 705 Soleïman, 715 Omar II, 717 Yézid II, 720 Hescham, 724 Walid II, 743 Yézid III, 744 Ibrahim, 744 Merwan II, 744 Aboul-Abbas, tige des Abbassides, 750 Abou Djafar al-Manzor, 754 Mohammed-Mahdi, 775 Hadi, 785 Haroun-ar-Raschid, 786 Amyn, 809 Al-Mamoun, 813 Motassem, 833 Vatek-Billah, 842 Motawakkel, 847 Mostanser, 861 Mostain-Billah 862 Motazz, 866 Motadi-Billah, 869 Motammed-Billah, 870 Motaded-Billah, 892 Moctafi-Billah, 902 Moctader-Billah, 908 Kaher, 932 Rhadi, 934 Motaki, 940 Mostalefi, 944 Mothi, 946 Thaï, 974 Kader-Billah; 991 Kaiem-Biamrillah, 1031 | Moctadi-Biamrillah,1075 Mostadher 1094 Mostarched, 1118 Rasched, 1135 Moctafi, 1136 Mostandjed, 1160 Mosthadi, 1170 Nasser, 1180 Daher, 1225 Mostanser, 1226 Mostasem, 1243-1258 Califes de Cordoue Abdérame I, 756 Hescham I, 787 AI-Hakem I, 796 Abdérame Il, 822 Mohammed I, 852 Almoundhir, 885 Abdallah, 889 Abdérame III, 912 Al-Hakem II, 961 Hescham II, 976 déposé, 1006 Mohammed al-Mahadi, 1006 déposé, 1009 Soliman, 1009 Mohammed de nouveau, 1010 Hescham de nouveau, 1012 Hamonda, 1015 Kasim ou Kacem, 1017 Yayah, 1018 Hescham III, 1027-1031 Califes fatimides Obeidallah, 909 Kaiem-Aboul-Kacem, 936 Almanzor, 945 Moëz-Ledinillah, 953 Aziz, 975 Hakem-Biamrillah, 996 Daher, 1021 Abou Tamin Mostanser, 1036 Aboul Kacem Mostalli, 1094 Aboul-Mansor-Amer, 1101 Haphed-Ledinillah, 1130 Dafer-Biamrillah, 1149 Fayez-ben-Nasrillah, 1155 Adhed-Ledinillah, 1160-71 | | |