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![]() | La république est une forme de gouvernement d'un État régi par plusieurs, et dont le chef suprême, s'il y en a un, est élu. Tel n'est pas toujours le sens du mot. L'étymologie étant chose publique, J.-J. Rousseau a pu écrire : « J'appelle République tout État régi par les lois, sous quelque forme d'administration que ce puisse être: car alors l'intérêt publie domine, et la chose publique est quelque chose » (Contrat socialCette équivoque, tirée du latin, n'est plus admissible en français, et c'est à l'Esprit des lois ![]() « Lorsque, dans une république, le peuple en corps a la souveraine puissance, c'est une démocratie; lorsque la souveraine puissance est entre les mains d'une partie du peuple, cela s'appelle une aristocratie ».En pratique, les régimes politiques qui se définissent comme républicains peuvent reposer sur des bases assez diverses : ainsi, un peuple dirigé par un corps sacerdotal est constitué en république théocratique; Sparte, régie par un Sénat, fut une république aristocratique; au Moyen âge ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() La base de toute république démocratique est le suffrage universel. Cicéron signalait, dès l'Antiquité, les écueils des républiques démocratiques : « Lorsque l'ardeur du peuple s'est enflammée d'une soif intarissable d'indépendance, et que, servi par des complaisants pervers, il a bu avidement la coupe remplie de liberté sans mélange, alors si ses magistrats et ses chefs ne sont tout à fait mous et obéissants, s'ils ne lui versent à flots la liberté, il les poursuit, les incrimine, les accuse, il les appelle dominateurs, rois, tyrans. La courte durée du pouvoir, incessamment renouvelé par l'élection, encourage les ambitieux, et fait naître les flatteurs des peuples. La multitude choisit trop souvent, en haine de toutes les supériorités, des chefs nouveaux, hardis, acharnés contre tout ce qui est grand. On ne tarde pas à passer de la démocratie à la démagogie, et l'on ne sort de celle-ci que par le despotisme.En Grèce et à Rome. Dans les démocraties anciennes, grecques ![]() ![]() L'exemple de Rome Le Moyen âge et la Renaissance. Au contraire, l'Italie C'est, en somme, de la restauration des Stuarts, honteusement liés à la politique française et papiste, que date l'opposition dogmatique de l'idée monarchique et de l'idée républicaine : encore est-il bon d'ajouter que. Bossuet lui-même en veut moins à la République qu'à l'anarchie religieuse et sociale, et à « l'usurpation ». Cependant, à la monarchie qui prétendait monopoliser à son profit le droit divin, Pascal, avait déjà répondu (au dire de Mme Périer) : « Dans un Etat en république comme Venise, c'est un grand mal de contribuer à mettre un roi, et opprimer la liberté des peuples à qui Dieu l'a donnée ».Au XVIIIe siècle, la révolte des « insurgents » de l'Amérique du Nord ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Mais en attendant, à la veille de la Révolution française, l'exemple des Etats-Unis De fait, de nombreux auteurs n'ont pas hésiter, au cours des décennies précédentes, à reconnaître que la république exige des citoyens un assemblage bien rare de qualités, désintéressement, instruction, patriotisme à toute épreuve, respect absolu de la loi, obéissance aux magistrats, etc. « Il ne faut pas beaucoup de probité, disait Montesquieu, pour qu'un gouvernement monarchique ou un gouvernement despotique se maintiennent ou se soutiennent. La force des lois dans l'un, le bras du prince toujours levé dans l'autre, règlent ou contiennent tout. Mais, dans un État populaire, il faut un ressort de plus, la vertu."J.-J. Rousseau a dit à son tour : « Que de choses difficiles à réunir ne suppose pas ce gouvernement! Premièrement, un État très petit, où le peuple soit facile à rassembler, et où chaque citoyen puisse aisément connaître tous les autres; secondement, une grande simplicité de moeurs, qui prévienne la mul titude d'affaires et les discussions épineuses; ensuite, beaucoup d'égalité dans les rangs et dans les fortunes, sans quoi l'égalité ne saurait subsister longtemps dans les droits et l'autorité; enfin, peu ou point de luxe; car, ou le luxe est l'effet des richesses, ou il les rend nécessaires; il corrompt à la fois le riche et le pauvre, l'un par la possession, l'autre par la convoitise; il vend la patrie à la mollesse, à la vanité; il ôte à l'État tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l'opinion... Ajoutons qu'il n'y a pas de gouvernement si sujet aux guerres civiles et aux agitations intestines, parce qu'il n'y en a aucun qui tende si fortement et si continuellement changer de forme, ni qui demande plus de vigilance et de courage pour être maintenu dans la sienne. S'il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement; un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes » (Contrat social, III, 4).Au temps de la révolution française. Pour beaucoup, la république est un gouvernement idéal et inacessible : l'état des moeurs, la misère et l'ignorance du peuple, sa résignation et son humilité chrétienne, enfin et toujours l'étendue du territoire qu'une révolution intérieure exposerait à mille dangers sur ses frontières, voilà les objections pratiques qui longtemps rivent au trône des Bourbons les novateurs les plus hardis. Il ne s'agit donc d'abord, en 1789, que de limiter la monarchie, de la constituer, et de régénérer le royaume par la destruction des privilèges ecclésiastiques et nobiliaires. Ce fut seulement après la fuite de Varennes que la France fit, non sans effroi, l'expérience de la République. Le 23 juin 1791, le constituant Thomas Lindet écrit à son frère Robert : « La France est en état de donner l'exemple d'un peuple qui sait se passer de roi ».La foule, sur ce point, devança la timidité de ses chefs, et Paris devança la France ![]() ![]() « S'il existe des hommes qui tendent à établir une République sur les ruines de la Constitution, le glaive de la loi doit frapper sur eux comme sur les partisans de Coblentz.»La langue politique française n'est d'ailleurs pas plus claire, que les tendances qu'elle exprime : l'on peut encore se dire républicain, c.-à-d. patriote, et repousser comme impossible et antinationale la solution républicaine. C'est probablement pourquoi, dans la prudente réponse que fit Sieyès au défi que lui adressait Thomas Paine, sur la meilleure forme de gouvernement (8 juillet 1791), le célèbre théoricien désigne les républicains proprement dits sous le nom de « polycrates ». A la tribune de la Législative, il fut question de la « République universelle » (discours de Clootz, 21 avril 1792) bien avant que le moment fût venu de proclamer la République française, et la scène significative du baiser Lamourette est du 7 juillet suivant. Il y eut une seconde République de fait, depuis le 10 août jusqu'à la première séance de la Convention, qui abolit la royauté en France ![]() ![]() Le XIXe siècle. Mais la République-mère n'arriva pas à se constituer et retomba sous le pouvoir personnel, puis dynastique, de Napoléon Ier. Depuis lors et surtout de 1814 à 1848, le mot république devint, dans l'opinion des « classes dirigeantes », synonyme de terreur et d'anarchie, tandis que la classe populaire des villes en faisait son mot d'ordre, sa religion, et confondait dans le même culte la mémoire de Napoléon. La Deuxième République (24 février 1848) fut mise par ses apôtres au-dessus même du suffrage universel; or ce suffrage - celui des paysans - choisit après les journées de juin des législateurs monarchistes, et comme président de la République, un neveu de l'empereur. C'est au nom de « salut de la République » que L.-N. Bonaparte fit le coup d'Etat du 2 décembre 1851 : pendant un an encore, le titre de République subsiste, tandis que les républicains sont poursuivis et proscrits. Sous le Second Empire, l'idéal républicain ressuscite, et le parti se reforme; toutefois, les républicains ont recours ou à des complots, ou à des coalitions avec les anciens partis monarchistes, jusqu'au désastre de Sedan et à la révolution du Quatre-Septembre, origine du gouvernement de la Défense nationale et de la troisième République. A deux reprises, en 1888-1889, et en 1898-1899, un parti qui s'est surnommé boulangiste, puis nationaliste, a fait campagne contre la République constitutionnelle ou parlementaire, soit en lui opposant les élections multiples (tant qu'elles furent autorisées) d'un seul candidat dans un grand nombre de circonscriptions, soit, en prêchant une révision violente qui enlèverait l'élection du président au Congrès et la « rendrait » au suffrage universel direct; ce ne serait, à vrai dire, que la « plate-forme » d'une restauration monarchique (mot du général Fleury), ainsi que l'a montré l'expérience de 1848-1852. Et après... |
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