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Stuart (Stewart)

Stuart ou Stewart. - Ancienne famille d'Ecosse, détachée des Fitzalan et qui a fourni à l'Ecosse et à l'Angleterre un grand nombre de rois, de princes, de personnages remarquables. Ce nom de Stuart lui vient de la dignité de grand intendant ou de majordome d'Ecosse (Steward) qu'elle avait obtenue, à titre héréditaire.
Walter Stewart avait épousé en 1315 la fille de Robert ler Bruce, Marjory, qui transmit à son fils Robert la couronne d'Ecosse en 1370.
Quant aux princes et princesses de la maison de Stuart, qui ont formé des branches nombreuses et reçu des titres divers, de manière que la généalogie de la famille est une des plus embrouillées qui soit, nous mentionnerons seulement les principaux :
David, duc de Rothesay, né vers 1378, mort en 1402, fils de Robert III d'Ecosse, régent du royaume en 1399, eut des démêlés avec son oncle, le duc d'Albany, qui finit par le faire enfermer dans un donjon où il mourut, assassiné, dit-on.
Les comtes d'Atholl dérivent de John Stewart de Balveny, né vers 1440, mort en 1512, fils de la reine douairière Jeanne et du chevalier noir de Lorne. Il fut un des chefs qui combattirent les lords rebelles en 1480 et, comme le futur roi Jacques IV était à leur tête, il fut emprisonné à Dunbar à son avènement. Il avait épousé Marguerite de Douglas qu'on appelait la belle-fille de Galloway. 
Un de ses fils, John, quatrième comte d'Atholl, mort en 1578, appuya la reine régente dans ses démêlés avec les lords de la congrégation (1559), fit partie du conseil privé de Marie Stuart en 1561, devint le leader des nobles catholiques et, avec Riccio, le principal conseiller de la reine. Après l'assassinat de Riccio, il fut supplanté par Bothwell. Il continua la lutte contre le parti protestant et il réussit avec Argyll à renverser le régent Morton (1577-1578); puis il se réconcilia avec lui et il revenait d'un splendide banquet donné à Surling pour fêter cette réconciliation lorsqu'il mourut subitement. La rumeur publique accusa Morton de l'avoir fait empoisonner. Le comté d'Atholl revint à la couronne en 1595 à la mort de John, fils du précédent.
Les ducs d'Albany descendent d'Alexander Stewart, fils de Jacques II d'Ecosse.

Les comtes de Buchan viennent d'Alexander Stewart, fils de Robert II.

Les comtes de Mar viennent d'Alexander Stewart, fils naturel du comte de Buchan, né vers 1375, mort en 1435, un des partisans les plus actifs du duc d'Albany et un grand favori de Jacques Ier.  Cette ligne s'étant éteinte, le comte de Mar fut, au XVIe siècle, le fameux James Stewart, demi-frère de Marie Stuart, plus connu sous le nom du régent Moray.

Les ducs de Ross dérivent de James Stewart, né vers 1476, mort en 1504, fils de Jacques III.

James Stewart, comte d'Arras, descend des ducs d'Albany. Très ambitieux, grand chercheur d'aventures, il servit comme soldat de fortune dans les armées hollandaises. Revenu en Ecosse en 1580 et nommé capitaine de la garde, il dénonça Morton comme meurtrier de Darnley, service qui lui valut son entrée au Conseil privé et la reconnaissance de ses droits à l'héritage des Hamilton qui portaient le titre de comtes d'Arras. Il combattit ensuite Lennox et leur inimitié fut la cause du raid de Ruthven (1581). Arran, venu au secours du roi fait prisonnier par les lords protestants, fut pris lui-même, et mis sous la garde du comte de Gowrie. Remis en liberté, il devint gouverneur du château de Stirling, où il eut la joie de faire exécuter son ennemi Gowrie en 1584. Chargé encore du commandement de la citadelle d'Edimbourg, il s'engagea dans des négociations suivies avec la reine Elisabeth et obtint qu'elle n'intervint pas en faveur du rappel des lords protestants bannis. Il se mit ensuite à persécuter ses ennemis avec un acharnement cruel. Mais il fut trahi par le maître de Gray, son agent auprès d'Elisabeth qui, profitant de l'assassinat de lord Russell, se plaignit que le comte d'Arras y avait contribué. Arran fut emprisonné à Saint-André. Les lords bannis furent rappelés (1585), Arran s'enfuit. Il fut banni en Irlande et ne s'appela plus que le capitaine Stewart. Il fut assassiné en 1596 par un neveu de Morton qui vengeait ainsi la mort de son oncle.
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James Stuart.
James Stuart, par Antoon van Dyck.

Henry Stuart, lord Darnley, fils du comte de Lennox et de Marguerite Douglas, né le 7 décembre 1545, mort en 1567, fin lettré, gentilhomme accompli, fit sensation à la cour de France en 1559, et l'on résolut de le pousser au trône d'Ecosse : il n'avait pourtant que quinze ans. Son ambitieuse mère noua des intrigues à ce sujet avec l'Espagne, avec la France jusqu'à effrayer Elisabeth d'Angleterre, qui ne permit au jeune homme de venir en Ecosse qu'en 1565. Marie Stuart le trouva, comme homme, fort à son goût : elle le soigna pendant une maladie qu'il fit et elle tomba amoureuse de lui. Quant à Darnley, il se montra plus que réservé, froid. Marie n'en fut que plus enflammée et, dès mai, des bruits de mariage secret coururent. Quant à l'union religieuse, elle eut lieu le 29 juillet 1565 dans la chapelle d'Holyrood. Darnley, vain à l'excès, commit imprudence sur imprudence, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention d'Elisabeth. Riccio, qui voulait tirer toutes les conséquences politiques de ce mariage, devint l'objet de la jalousie de Darnley qui l'assassina de sa main. Il réussit d'abord à cacher à sa femme sa participation à ce meurtre et l'aida à s'enfuir à Dunbar; puis découvert. par elle et, tombé en disgrâce, il erra de ville en ville, se plaignit, intrigua, si bien que Marie décida sa perte. 

« Tant qu'on ne m'aura pas débarrassée de cet homme, dit-elle, je ne pourrai pas vivre tranquille. » 
Puis, comme il était tombé malade de débauches et de misère, elle feignit de le prendre en pitié, l'emmena à Edimbourg et le logea dans une maison délabrée qui un beau jour (10 février 1567) sauta. On découvrit des traces de poudre sous la chambre de Darnley dont le corps fut retrouvé gisant près des ruines et sans la moindre trace de brûlure. On supposa qu'il avait été étranglé avant l'explosion. Ce meurtre, qui est resté enveloppé de mystère, fut sans doute l'oeuvre de Bothwell qui, peu après, épousait Marie Stuart.

Francis Stuart, comte de Bothwell.

Arabella Stuart, née en 1575, morte le 25 septembre 1645. Nièce de Darnley, cousine de Jacques et ayant les mêmes droits que lui au trône d'Angleterre, elle fut, par ordre d'Elisabeth et quelques jours avant la mort de cette reine, arrêtée simplement parce qu'il était question d'un mariage entre elle et William Seymour, descendant de Catherine Grey. L'avènement de Jacques la délivra de ces tracas; elle devait bientôt, d'ailleurs, éprouver de nouveaux ennuis et toujours pour ce malheureux projet de mariage avec Seymour qui revenait de temps à autre sur le tapis. Arabella finit par épouser secrètement Seymour en juillet 1610. Naturellement le secret ne fut pas gardé et Arabella fut confiée à la garde de l'évêque de Durham. Elle réussit à s'échapper sous un déguisement masculin et à s'embarquer pour la France. Mais elle fut prise dans les passes de Douvres et jetée à la Tour de Londres où elle mourut.

Ludovic Stuart, duc de Lennox et de Richmond, fils d'Esmé, seigneur d'Aubigny et de Catherine de Balzac d'Entragues, né le 29 septembre 1574, mort le 16 février 1624. Grand amiral d'Ecosse à la place de Bothwell (1591), il fut chargé de pacifier le Nord en 1594, il accompagna le roi à Perth en 1600 et assista au triste guet-apens où périrent le comte de Gowrie et le maître de Ruthven. Envoyé en ambassade en France en 1604, il fut comblé de faveurs lors de l'avènement de Jacques au trône d'Angleterre. Encore ambassadeur à paris en 1604-1605, comte de Richmond en 1643, comte maréchal en 1614, grand intendant en 1616, il appuya énergiquement la politique religieuse du roi en Ecosse et vota les fameux articles de Perth (1621). Il fut créé comte de Newcastle et duc de Richmond en 1623.

Son neveu James, duc de Lennox et de Richmond, né en 1612, mort en 1655, conseiller privé en 1633, accompagna Charles ler en Ecosse, devint duc de Richmond en 1641. Fidèle au roi pendant la guerre civile, il sut pourtant se concilier tous les partis - ce qui était difficile à cette époque troublée - et, notamment, les covenantaires qui parlent de lui avec éloges.

Charles, troisième duc de Richmond, né à Londres le 7 mai 1640, mort le 12 décembre 1672, fils de George Stuart, sieur d'Aubigny, petit-fils lui-même de Ludovic ( ci-dessus), fut créé en 1645 baron Newbury et comte de Lichfield, habita longtemps en France. Il revint en Angleterre avec Charles ll, devint duc de Richmond en 1660, grand chambellan et grand amiral d'Ecosse et se montra insatiable dans la recherche et le cumul de toutes les sinécures dont pouvait disposer la Couronne. Il offensa gravement Charles II en épousant, en 1667, la maîtresse préférée du roi, Frances-Teresa Stuart, si connue, sous le nom de « la belle Stuart », par les Mémoires d'Hamilton, qui conte avec humour toutes ses escapades. Mais tout finit par s'arranger, Charles s'étant débarrassé du mari gênant en l'envoyant d'abord en Écosse (1670), puis en ambassade au Danemark où il mourut. La duchesse de Richmond, dont le joli visage a été gravé sur de nombreuses médailles et monnaies en 1667 et 1672, mourut en 1702. Un remarquable portrait d'elle par Lely est à Windsor.

Henry Benedict Maria Clement Stuart, cardinal d'York, né en 1725, mort en 1507, fils du chevalier de Saint-Georges et de la princesse Sobieska. Ordonné fort jeune, à Rome, il participa aux entreprises du prétendant Charles-Edouard, devint évêque d'Ostie, Velletro et Frascati, préfet de la fabrique de Saint-Pierre, etc., et enfin, fut créé cardinal le 3 juillet 1747, archevêque de Corinthe (1759), évêque de Tusculum (1761). Grand seigneur accompli, il avait formé une splendide collection d'objets d'art et une très riche bibliothèque. Sa mort mit fin à la ligne royale issue de Jacques Il. (R. S.).

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Dictionnaire biographique
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