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Bas-relief

Un bas-relief est un ouvrage de sculpture formant saillie sur un fond auquel il tient et dont il se détache plus ou moins. Comme le nom l'indique, le relief est peu saillant; il y a demi-relief ou demi-bosse, quand les figures ressortent de la moitié de leur épaisseur; haut-relief ou plein relief, quand elles sont presque détachées du fond et qu'elles approchent de la ronde bosse, comme au fronton de l'église Notre-Dame-de-Lorette à Paris. Les Anciens donnaient le nom d'anaglyphe à toute espèce de sculpture en relief, et appelaient toreuma le bas-relief exécuté en métal. Pausanias se sert toujours du mot typos. On exécute les bas-reliefs en terre cuite, en pierre, en marbre, en ivoire, en bois, sur toutes sortes de métaux, sur des vases, bijoux, pierres fines, etc. Les bas-reliefs servent à décorer les édifices, les colonnes, les autels; les tombeaux, les arcs de triomphe, et l'on peut suivre et étudier avec eux les différents styles de l'art aux diverses époques. Ceux de l'antiquité sont précieux pour l'archéologue, en ce qu'ils nous ont conservé une foule de sujets d'histoire et de mythologie, ainsi que des représentations de monuments, de costumes, d'armes, de meubles, d'ustensiles, et même des portraits de personnages célèbres.
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Cathédrale de Tolède : bas-relief du portail principal.
Bas-reliefs du tympan d'un portail de la cathédrale de Tolède. Source : The World Factbook.

Les obélisques et les parois des temples égyptiens offrent des bas-reliefs dont les figures ont très peu de saillie. Ce mode d'exécution exige beaucoup d'art; car il est difficile de donner l'air naturel à une figure qui a très peu d'épaisseur proportionnellement à sa hauteur et à sa largeur, et plus difficile encore de former des groupes, puisqu'on ne peut avoir différents fonds éloignés les uns des autres comme dans la peinture. II fut adopté néanmoins par les Grecs : ainsi, le relief des figures de la frise du Parthénon est aplati; cette frise étant fort élevée, si l'on eût donné aux figures beaucoup de saillie, les parties les plus voisines du spectateur eussent caché les plus éloignées. Dans les bas-reliefs antiques, les figures sont séparées les unes des autres et posées sur le même plan : la raison en est simple; les ombres que portent les figures sont des ombres véritables; un bas-relief doit être vu d'un seul point, et, par conséquent, aucune partie n'en doit être cachée par une autre. Ce n'est que dans les sarcophages du style romain des derniers temps que se presse une foule confuse de figures placées sur des plans différents. 
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Dessus de boîte ou ais d'une couverture de livre.
Bas-relief repoussé en or (IXe siècle).

Pline (Hist. nat., XXXIV, 8) dit que Phidias fut le premier chez les Grecs qui exécuta des bas-reliefs avec succès, et que Polyclète perfectionna cet art. Un des plus beaux spécimens du bas-relief antique est l'Apothéose d'Homère, par Archélaüs de Priène; on le conserve au musée Pio-Clémentin, à Rome. On doit mentionner chez les Romains les bas-reliefs des colonnes Trajane et prétendue Antonine, et ceux de l'arc de Titus. Dès la plus haute antiquité, on coloria les bas-reliefs; il en existe des modèles égyptiens, étrusques et italo-grecs : telles sont les métopes découvertes à Sélinonte en 1823 et conservées à Palerme.

L'exécution de bas-reliefs sur métaux est également fort ancienne, ainsi que le prouvent la description du bouclier d'Achille  dans Homère, celle du coffre de Cypsélus dans Pausanias, et le témoignage, bien que contestable, d'Ovide (Métam., XIII, 679), qui attribue les premiers bas-reliefs ciselés sur des vases d'argent à Alcon, de Mylée en Sicile, quelques générations avant la guerre de Troie : Parmi les modèles de bas-reliefs sur métaux que le temps n'a pas détruits, il faut citer la coupe d'or du cabinet des antiques de la Bibliothèque nationale de Paris, trouvée à Rennes en 1774, et représentant le triomphe de Bacchus sur Hercule; les vases d'argent découverts près de Bernay en 1830; et le bouclier de Scipion
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Bas-Relief de l'Hôtel de Flesselles.
Bas-relief de l'ancien Hôtel de Flesselles, à Paris (rue de Sévigné, 3e arrondissement).
(Photo : © Serge. Jodra, 2009).

De savants ouvrages donnent la gravure et la description des bas-reliefs antiques conservés dans les musées de l'Europe. Tels sont le Musée Capitolin et le Musée Pio-Clémentin, par Visconti; le Musée de France, par Bouillon; la Galerie mythologique, de Millin; le Musée du Louvre, par le comte de Clarac; les Bassi rilievi antichi della villa Albani, de Zoéga, etc. 

Au Moyen âge, on a fait le même emploi du bas-relief que chez les Anciens, pour la décoration des monuments publics, des palais, des églises, des meubles, etc. Les sarcophages en marbre des premiers siècles du christianisme sont ornés de scènes empruntées à l'Ancien ou au Nouveau Testament, ou d'allégories tirées du paganisme : ces bas-reliefs sont loin de se distinguer toujours par la finesse de l'exécution. Aux XIe et XII siècles, alors qu'on exécutait déjà avec talent des feuillages ou des formes de fantaisie, les bas-reliefs représentant des personnages étaient encore d'un dessin grossier et barbare. II y a progrès au XIIIe ; du XIV au XVI siècle, on exécuta sur bois, sur pierre ou sur métal, des sujets d'une élégance et d'une délicatesse admirables. 

On ne connaît rien de préférable à certains bas-reliefs de la Renaissance, par exemple, les tombeaux des cardinaux d'Amboise dans la cathédrale de Rouen; de Louis XII, de François Ier, et de Henri II, dans la basilique de Saint-Denis; des princes de Savoie dans l'église de Brou; du duc François II dans la cathédrale de Nantes. En Italie, André de Pise (né en 1370) et surtout Ghiberti (mort en 1455) acquirent une grande célébrité dans la sculpture de bas-reliefs en bronze. Parmi les bas-reliefs modernes, ceux que Jean Goujon a exécutés dans la cour du Louvre et sur la fontaine des Innocents à Paris, ceux de la porte Saint-Denis par Girardon et Michel Anguier, et le Triomphe d'Alexandre, longue frise exécutée par Thorwaldsen à la villa Sommariva sur le lac de Côme, peuvent rivaliser avec les plus beaux restes de l'Antiquité. (B.).
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Bas-Relief d'un temple d'Angkor.
Bas-relief d'un temple d'Angkor (Cambodge). Photo : © Angel Latorre, 2008.
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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