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François
Viète, Vietus, est un mathématicien
né à Fontenay-le-Comte en 1540, mort à Paris
le 13 décembre 1603. On sait peu de chose de sa vie privée.
D'abord avocat dans sa ville natale, il devint, en 1567, conseiller au
parlement de Bretagne, fut nommé
en 1580 maître des requêtes de l'hôtel du roi et, tenu
quelque temps éloigné de la cour dans les dernières
années du règne de Henri III,
revint à Paris avec Henri IV, qui le fit
entrer dans son conseil privé.
L'exercice de ces diverses fonctions ne
le détourna, du reste, à aucune époque, de sa passion,
conçue très jeune, pour les mathématiques.
Il mettait à leur étude une telle application qu'on le vit
souvent, raconte son intime ami, le président de
Thou, passer de suite trois jours et trois nuits sans lever les yeux
de son travail, si ce n'est pour prendre la nourriture strictement nécessaire,
et il arriva ainsi, en un temps relativement court, à laisser loin
derrière lui la plupart des mathématiciens qui l'avaient
précédé.
Si, en effet, il n'inventa pas l'algèbre,
du moins il la transforma complètement, d'abord en établissant
l'usage des lettres pour représenter aussi bien les quantités
connues que les inconnues, puis en réalisant, dans la résolution
des équations, une série de simplifications,
qui, tout en ne touchant pas aux hautes questions de l'analyse,
devaient, du moins, ouvrir la voie aux travaux des Descartes,
des Newton, des Euler,
des Lagrange. C'est à lui également,
et non à Descartes, comme on l'a prétendu à tort,
qu'on doit les premières applications de l'algèbre à
la géométrie.
«
Il résolvait, dit Fourier, les questions
de géométrie par l'analyse algébrique et déduisait
des solutions les questions géométriques. Ces recherches
le conduisirent à la théorie des sections angulaires et il
formula les expressions générales qui expriment les valeurs
des cordes. »
A lui encore revient le mérite d'avoir
trouvé le sixième théorème
des triangles sphériques rectangles. Sa sagacité s'exerçait,
d'ailleurs, à l'occasion sur les objets les plus variés.
C'est ainsi qu'au temps des guerres de la Ligue, on le chargea de déchiffrer
des correspondances secrètes que s'adressaient les Espagnols
et qu'on était parvenu à intercepter. Il en indiqua presque
tout de suite la clef et fut, pour ce fait, traduit comme « nécromant
et sorcier » devant le Sacré collège, ce dont
il se hâta, tout le premier, de rire.
Cet illustre mathématicien n'a laissé
que peu d'écrits et les éditions originales en sont presque
toutes perdues : Canon mathematicus (Paris, 1579); Isagoge in
artem analyticum (Tours, 1591); Supplementum geometriae (Tours,
1593); Variorum de rebus mathematicis responsorum liber octavus
(Tours, 1593); De numerosa protestatum purarum atque adfectarum resolutione
tractatus (Paris, 1600); De aequationum recognitione et emendatione
libri duo (Paris, 1615); Theoremata ad sections angulares (Paris,
1615). Ils ont été réunis, avec une dizaine d'autres
opuscules, par F. van Schooten, J. Galius et le P.
Mersenne sous le titre : Opera mathematica (Leyde, 1646, in-fol.).
(L. S.). |
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