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Clarke

Samuel Clarke est un philosophe  né à Norwich le 11 octobre 1675, mort le 17 mai 1729. Il fut chapelain de l'évêque de Norwich, titulaire d'une paroisse de Londres, puis chapelain de la reine Anne et recteur de Saint-James, en 1709. Il s'attira quelques difficultés par son traité de la Trinité, et publia d'excellentes éditions de divers auteurs classiques, entre autres de César et d'Homère. Il se donna pour mission de combattre les esprits forts de son temps et de maintenir les principales thèses du christianisme autre la marche progressive de la libre pensée. La Démonstration de l'existence et des attributs de Dieu, pour servir de réponse à Hobbes, à Spinoza et à leurs sectateurs (A Demonstration of the being and attributes of God) est un recueil de sermons qui parut en anglais à Londres, en 2 vol. in-8, en 1705 et 1706. C'est l'ouvrage le plus remarquable de Clarke. La principale preuve de l'existence de Dieu est, selon lui, celle qui se tire de la nécessité
« L'existence de la cause première est nécessaire, nécessaire, dis-je, absolument et en elle-même. Cette nécessité par conséquent est, a priori et dans l'ordre de nature, le fondement et la raison de son existence. - L'idée d'un être qui existe nécessairement s'empare de nos esprits, malgré que nous en ayons, et, lors même que nous nous efforçons de supposer qu'il n'y a point d'être qui subsiste de cette manière [...]. Et si on me demande quelle espèce d'idée c'est que celle d'un être dont on ne saurait nier l'existence sans tomber dans une manifeste contradiction, je réponds que c'est la première et la plus simple de toutes nos idées, une idée qu'il ne nous est pas possible d'arracher de notre âme, et à laquelle nous ne saurions renoncer sans renoncer tout à fait à la faculté de penser.» 


Le Traité de l'existence de Dieu développe cette argumentation; Samuel Clarke y vise la démonstration des propositions suivantes, exprimées et enchaînées en manière de théorèmes

1 ° quelque chose a existé de toute éternité, puisque quelque chose existe aujourd'hui; 

2° un être indépendant et immobile a existé de toute éternité, car le monde étant un assemblage de choses contingentes, qui n'a pas en soi la raison de son existence, il faut que cette raison se trouve ailleurs, dans un être distingué de l'ensemble des choses produites, par conséquent immuable; 

3° cet être indépendant et immuable qui a existé de toute éternité, existe aussi par lui-même; car il ne peut être sorti du néant, et il n'a été produit par aucune cause externe.

Samuel Clarke a de plus défendu le libre arbitre contre Collins : Philosophical inquiry concerning human liberty (Londres, 1751, in-8) et l'immortalité de l'âme contre Dodwell : A Letter to Mr Dodwell wherein all the arguments in his epistolary discourse against the immortality of soul are particulary answered, etc. (Londres, 1706, in-8). Samuel Clarke a encore soutenu une célèbre polémique avec Leibniz sur la nature de l'espace et du temps. A la suite de Newton, Clarke faisait de l'espace et du temps les attributs réels de Dieu; Leibniz ne voulait y voir que de pures abstractions. Cette polémique se trouve dans toutes les éditions des oeuvres de Leibniz.
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Samuel Clarke.
Samuel Clarke, par Th. Gibson.

Samuel Clarke a aussi écrit un livre intéressant sur la morale où il soutient l'immutabilité de la loi morale et voit le fondement des devoirs dans la convenance : Discourse concerning the unchangeable obligations of natural religion (Londres, 1708, in-8). Les oeuvres de Clarke ont été éditées à Londres en 4 vol. in-fol. (1738-1742). - Sa vie a été écrite par Hoadley. Le Traité de l'existence de Dieu et le Discours de morale ont été traduits en français par Ricottier (Amsterdam, 1744, 2 vol. in-18; Paris, 1843, in-12). (G. Fonsegrive).
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Preuve de l'existence de Dieu
par les idées de l'espace et du temps

« Nous avons des idées, comme celles de l'éternité et de l'immensité, qu'il nous est absolument impossible d'anéantir ou de bannir de notre esprit; idées qui doivent être par conséquent les attributs d'un être nécessaire actuellement existant [...].

L'espace est une propriété de la substance qui existe par elle-même, et non pas une propriété de toute autre substance. Toutes les autres substances sont dans l'espace, et l'espace les pénètre, mais la substance qui existe par elle-même n'est pas dans l'espace et n'en est pas pénétrée. Elle est, si je puis m'exprimer ainsi, le substratum de l'espace; elle est le fondement de l'existence et de l'espace et de la durée elle-même. Or, l'espace et la durée étaient évidemment nécessaires, et n'étant pourtant point des substances, mais des propriétés, il est clair que la substance, sans qui ces propriétés ne sauraient exister, est elle-même encore plus nécessaire s'il était possible. Et comme l'espace et la durée, en tant qu'ils sont des conditions sine qua non, sont nécessaires à l'existence de toute autre chose, ainsi la substance à qui ces propriétés appartiennent est de même nécessaire, de la manière particulière dont j'ai fait mention ci-dessus [*]. » (S. Clarke, Traité de l'existence et des attributs de Dieu, ch. V).

[*]On sait que Leibniz rejetait cette preuve et considérait comme une représentation anthropomorphique l'idée d'un Dieu substratum de l'espace ou du temps. Voir les Lettres de Clarke et de Leibniz.

Henry Clarke est un mathématicien  né à Sallord, près de Manchester (Angleterre), en avril (?) 1743, mort à Islington (Middlesex) le 30 avril 1848. Il fonda à Salford vers 1775 une école commerciale et fut nommé en 1783 répétiteur de mathématiques et de physique au collège de Manchester, puis en 1802 professeur de physique et de géographie à l'école militaire de Marlow. On lui doit un grand nombre d'articles scientifiques insérés dans le Ladie's Diary (1772 à 1782) et une douzaine d'ouvrages publiés à part, parmi lesquels il convient de mentionner : Practical Perspective (Londres, 1776); the Rationale of circulating numbers (Londres, 1777); the Summation of séries (Londres, 4780, in-4); Tabula linguarum (Londres, 1793); the Seaman's desiderata (Londres, 1800).
George Rogers)Clarke est un pionnier américain, l'un des premiers trappeurs du Kentucky et de l'Ohio avec Henderson et Boone. Il s'était établi quelque temps avant la guerre de l'indépendance entre les rivières Cumberland et Kentucky, territoire érigé en 1776 par l'assemblée de Virginie en comté de Kentucky. La lutte était incessante entre les Blancs établis au sud de l'Ohio et les tribus indiennes maîtresses de la rive septentrionale. Après la rupture entre les colons anglais et la métropole, les Amérindiens furent encore excités contre les rebelles américains par Hamilton, le commandant de la garnison britannique du fort de Détroit (Lac Érié).

Tandis que le Congrès continental préparait une expédition contre cet officier anglais, Rogers Clarke, avec l'assentiment des hommes les plus influents de la Virginie, Patrick Henry, gouverneur, Georges Whyte, Georges Mason, Thomas Jefferson, et investi d'une commission régulière de l'État, réunit quelques volontaires en avant-garde, partit en janvier 1778, descendit l'Ohio, établit un noyau de colonie près des Chutes (plus tard Louisville), puis, s'éloignant de la rivière vers le Nord, réussit à s'emparer, par un hardi coup de main (juillet 1778), des anciens établissements français de Kaskaskia et Kahokia, près du Mississippi (État de l'Illinois) et de Vincennes, sur le Wabash (Indiana). 

Les habitants, instruits de l'alliance conclue entre la France et les ÉtatsUnis, prétèrent volontiers le serment d'allégeance à la Virginie. Hamilton reprit bientôt après possession de Vincennes, mais Clarke, par une marche hardie, l'y surprit (février 1779) et l'envoya, prisonnier, en Virginie. L'assemblée de Virginie lui érigea immédiatement tout le territoire au Nord de l'Ohio en comté d'Illinois et récompensa les services de Clarke par le don, pour lui et ses compagnons, de 150 000 acres de terre sur la rive droite de l'Ohio en face des Chutes (anc. comté de Clarke); il fut en outre nommé chef militaire de la région avec le titre de brigadier général. 

Rogers Clarke était un hardi chef de bandes, plutôt qu'un général et un administrateur. Il ne sut pas toujours protéger le Kentucky contre de nouvelles incursions indiennes et échoua misérablement en 1786 dans une expédition contre les tribus du Wabash. Il tomba on disgrâce et son commandement dans l'Ouest lui fut retiré. L'histoire dès lors le perd de vue. (A. Moireau).

Edward Daniel Clarke est un minéralogiste et voyageur  né à Willington (Sussex) le 5 juin 1769, mort à Cambridge (Angleterre) le 9 mars 1822. Il fit d'abord des études de théologie. Il entreprit en 1799 un voyage dans le nord de l'Europe et la Russie, puis lors de l'expédition des Anglais en Égypte, visita le Levant et revint en 1802. En 1807, il commença à Cambridge un cours sur la minéralogie, et l'année suivante fut nommé professeur de cette science à l'université. 

En 1812, il parcourut la Bulgarie, la Valachie et la Hongrie. II devint, en1817 conservateur de la bibliothèque de Cambridge et enrichit le musée qui en dépend de plusieurs marbres remarquables, entre autres de la statue colossale de Déméter d'Eleusis; l'Angleterre lui doit, en outre, le célèbre sarcophage dit d'Alexandre avec inscription trilingue. L'orientaliste De Hammer conteste à Clarke d'avoir découvert les ruines de Saïs et l'accuse même de lui avoir dérobé la statue d'Isis qui se voit au musée de Carnbridge. Après sa mort, l'université d'Oxford acheta ses manuscrits grecs et orientaux, entre autres le célèbre manuscrit de Platon découvert par Clarke dans l'île de Pathmos. 

La relation complète des voyages de Clarke a été publiée sous le titre Travels in various countries of Europe, Asia and Africa (Londres, 1849-21, 6 vol. in-4, et 11 in-8, et nombr. édit. et traduct. partielles en français); il a publié encore divers ouvrages et mémoires sur l'archéologie et surtout la minéralogie. (Dr L. Hn.).

William Clarke est un officier né en Virginie 1er août 1770, mort à Saint-Louis (Missouri) le 1er septembre 1838. Il passa la plus grande partie de sa jeunesse dans le Kentucky, prit part de bonne heure aux luttes continuelles des trappeurs et des pionniers contre les Indiens, puis entra dans l'armée régulière en 1788, où il devint lieutenant en 1792. Quatre ans plus tard sa santé lui fit quitter le service, et il alla s'établir à Saint-Louis. C'est là qu'il reçut en 1803 du président de l'Union, Thomas Jefferson, la mission de commander en qualité de lieutenant d'artillerie l'expédition confiée au capitaine Meriwether Lewis pour l'exploration du Far-West américain depuis la versant oriental des Montagnes Rocheuses jusqu'à l'embouchure du Columbia (Les États-Unis, l'Exploration de l'amérique du Nord). L'expédition dut principalement son succès à la connaissance profonde qu'avait Clarke des habitudes indiennes. A son retour (1806), il fut nommé premier lieutenant. Plus tard il devint agent du gouvernement pour les relations avec les Indiens, puis général brigadier pour le territoire de la Haute Louisiane. Il fut nommé par Madison gouverneur du Missouri en 1813 et garda ce poste jusqu'à l'admission du territoire comme État en 1821. Il redevint alors et resta jusqu'à sa mort agent supérieur pour les affaires indiennes. (A. M.).
Alexander Ross Clarke, né à Readings (Berks) le 16 décembre 1828, de la Royal Society (1862), est un officier ingénieur de l'Ordnance Survey Office, à Southampton, et a participé à ce titre à la jonction des triangulations entre la France et l'Angleterre. Parmi ses écrits, citons un ouvrage (1858) et des mémoires (1856, 1861, 1866) sur la figure de la Terre.
T.-F. de Schubert avait émis l'idée que la Terre a la forme d'un ellipsoïde à trois axes inégaux. Clarke a calculé en 1858 les éléments de cet ellipsoïde; mais il reconnaît que les données sont insuffisantes pour résoudre définitivement le problème. 
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Dictionnaire biographique
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