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Thomas Jefferson

Thomas Jefferson est le troisième président des États-Unis, né à Shadwell (Virginie) le 2 avril 1743, mort à Monticello (Virginie) le 4 juillet 1826. Fils du colonel Peter Jefferson, riche planteur, et de Jane Randolph, il perdit son père en 1757. Il fit de fortes études classiques et prit une grande influence sur ses camarades. Il exerça à partir de 1767 le profession d'avocat avec un rapide succès et, dès 1769, fut élu pour représenter son comté dans la Chambre de la colonie. Il devint aussitôt un des chefs de l'opposition. A cette époque, il construisit sa résidence de Monticello et épousa Martha Skelton, belle et riche veuve. 

En 1774, Thomas Jefferson accentua le conflit contre la métropole et le gouverneur. Après la seconde dissolution du parlement virginien, il joua un rôle prépondérant à la convention libre, formée par les députés spontanément réunis. Il rédigea sous le titre de Summary View of the rights of British America un énoncé des revendications américaines, qui fut le prélude de la déclaration d'indépendance. Il parut alors trop avancé et ne fut pas adopté par le congrès des délégués des colonies. Jefferson fut considéré en Amérique et en Angleterre, où son manifeste eut un grand retentissement, comme un des chefs du parti national américain. Il fut élu au congrès de 1775 comme suppléant de Randolph, retenu en Virginie par ses fonctions de président de la Chambre. Il rédigea la riposte des Virginiens aux propositions de lord North, laquelle fut accueillie avec enthousiasme au congrès qui en adopta les termes. En mai 1776, il reçut de la Virginie mandat de proposer la déclaration d'indépendance. Il fut nommé président de la commission chargée de rédiger cet acte, et son texte fut adopté, sauf de légères modifications (4 juillet 1776).

Thomas Jefferson consacra les années suivantes à la réforme radicale des institutions de la Virginie : suppression des substitutions; abolition du droit d'aînesse remplacé par le partage égal entre les enfants; liberté religieuse; suppression de la rémunération officielle de l'Église. Il fallut une lutte de plusieurs années pour faire accepter à l'aristocratie virginienne ces principes, par là Jefferson fit prévaloir aux États-Unis un esprit tout à fait différent de celui de l'Angleterre et conforme aux principes philosophiques qu'allait promulguer la Révolution française. Il fit également passer un bill prohibant toute importation d'esclaves. Il eut moins de succès lorsque, élu gouverneur de son État (1779-81), il dut résister à l'attaque des armées anglaises, mais ce fut parce qu'il avait mis toutes ses ressources au service de l'armée fédérale. Malgré de vives attaques, l'assemblée locale lui vota des remerciements. Il rentra au congrès, y fut rapporteur de la paix définitive avec l'Angleterre, fit adopter le système de monnaie, remplaçant la livre sterling par le dollar, fit régler l'organisation des vastes territoires de l'Ouest, cédés par la Virginie à la Confédération. En mai 1784, il fut envoyé en Europe pour négocier avec John Adams et Benjamin Franklin les traités de commerce. En 1785, le congrès le nomma ministre plénipotentiaire en France, à la place de Franklin, démissionnaire. Il vécut à Paris très heureux, dans l'intimité de ses amis d'Alembert, Condorcet, Destutt de Tracy, etc.
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Thomas Jefferson.
Thomas Jefferson (1743-1826).

Rentré en Amérique en 1789, il reçut le poste de secrétaire d'État dans le cabinet de Washington (mars 1790). Il y fut l'adversaire résolu d'Al. Hamilton et devint contre le chef des fédéralistes le champion des républicains. Les premiers étaient unitaires, les autres décentralisateurs. Adversaire résolu du système anglais, Jefferson défendit l'autonomie des États contre son rival qu'il accusait de velléités monarchiques. Il ne put empêcher Hamilton de prévaloir dans l'organisation des finances, de la Banque des États-Unis, etc. Partisan de la France, tandis que Hamilton l'était de l'Angleterre, Thomas Jefferson voulait autoriser l'armement de croiseurs américains donnant la chasse aux navires anglais. Washington imposa une stricte neutralité, mais Jefferson obtint la reconnaissance officielle de la République française. Le ministre français Genest fit armer des navires privés contre l'Angleterre; il s'ensuivit un violent débat entre Jefferson et Hamilton auquel le président donna raison. Genest fut rappelé et bientôt Jefferson donna sa démission. Quand Washington se retira, la lutte électorale des deux grands partis se concentra entre Adam, candidat des fédéralistes, et Jefferson, candidat des républicains. Le premier eut la majorité; le second, avant obtenu le plus de voix après lui, fut élu vice-président. Il combattit la rupture avec la France en 1798 et fit déclarer par la Virginie et le Kentucky qu'ils s'y opposeraient par la force. 

En 1800, les républicains l'emportèrent dans l'État de New-York, grâce à l'habileté d'Aaron Burr. Celui-ci fut porté par eux aux élections présidentielles de 1801 pour le poste de vice-président, Thomas Jefferson l'étant pour celui de président. Ils eurent la majorité, mais obtinrent le même nombre de suffrages; de sorte que, comme on n'avait pas spécifié pour quel poste les votants désignaient chacun d'eux, Burr revendiqua la présidence. Le congrès des représentants dut statuer, et Jefferson ne fut élu qu'au trente-sixième tour de scrutin, son compétiteur demeurant vice-président. Il administra avec sagesse, changea peu de fonctionnaires, substitua au cérémonial de Washington une simplicité démocratique qui accrut sa popularité. Il obtint de la France la cession de la Louisiane (1803), fit explorer ses nouvelles acquisitions par Lewis et Clarke (1803-06), mit à la raison les Marocains et les Tripolitains. Il fut réélu président, avec G. Clinton pour vice-président, par 148 voix sur 176 (1805). L'acharnement qu'il déploya contre Burr, inculpé de trahison (1800), excita une vive opposition. Jefferson revendiqua énergiquement les droits des États-Unis dans le conflit anglo-français. Le blocus général, proclamé par les deux adversaires, privait l'Amérique des bénéfices que lui avait jusqu'alors procuré sa neutralité.
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Thomas Jefferson (statue, à Paris). 
© Photo : Serge Jodra, 2010.

En 1807, après l'incident du Chesapeake, il interdit aux navires de guerre britannique les eaux américaines, puis il mit l'embargo sur les navires nationaux (décembre 1807), afin d'éviter les conséquences des blocus européens. En février 1809, on adoucit cette prohibition, se contentant d'interdire l'intercourse entre les belligérants. Jefferson refusa un troisième mandat présidentiel et se retira à Monticello où il acheva sa vie. Thomas Jefferson s'occupa de la création de l'université de Virginie. Ruiné par sa fastueuse hospitalité, il fut autorisé par la législature à mettre ses biens en loterie (1826). Ce projet ne fut pas exécuté; l'ancien président mourut peu après, le même jour que John Adams.

Thomas Jefferson est un des fondateurs des États-Unis, le représentant le plus marquant de ses tendances démocratiques. Cet homme à cheveux roux, aux larges yeux gris, à l'aspect rude, au tempérament ardent, imbu de la culture française, fut un logicien disciple des philosophes parisiens et représentant leur esprit en face de l'esprit anglais de tradition. Rationaliste décidé, il niait la divinité de Jésus, proclamait le droit naturel, n'admettant pas que l'antiquité d'un droit suppléât à sa justice. Après dix ans de luttes contre les autoritaires qui marquèrent la constitution fédérale à leur empreinte, Jefferson eut à son tour le dessus. Il fit passer dans les moeurs ses habitudes de simplicité et délivra la jeune république de tout le cérémonial européen. Il ne fut pas seulement le théoricien de la démocratie, il en fut le modèle. Il n'a jamais parlé en public, mais il entretint une correspondance étendue et jusqu'à sa mort exerça ainsi, de Monticello, une influence considérable.

Son prestige fut durable et ses écrits  feront longtemps autorité. Les principaux sont : le code virginien (1779), Notes on Virginia (1781, rééd. avec notes originales en 1853), un projet de constitution (1783), un manuel de pratique parlementaire. On a publié ses oeuvres complètes aux frais du congrès : The Writings of Th. Jefferson, being his autobiography, correspondence, reports, messages, addresses and other writings official and private (Washington, 1853-55, 9 vol. in-8). (A.-M. B.).

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Dictionnaire biographique
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